A propos du coronavirus (1)


"Les hommes sont comme les pommes ; quand on les entasse, ils pourrissent"
Michel de Montaigne

 

Il ne s'agit pas d'un problème de santé publique.

Il s'agit d'un problème économique. 

Le gouvernement chinois, dans la crise sanitaire liée au SRAS, avait été fortement critiqué par la communauté internationale car la gestion calamiteuse du virus avait plongé la Chine dans un fort ralentissement économique et bien évidemment, en tant que moteur mondial de la croissance, tous les pays de la planète en avaient subi le contrecoup. 

Cette fois, le gouvernement chinois a mis le paquet... Cinquante millions de personnes en quarantaine...Une bagatelle...

Pour quelle raisons ? L'équilibre financier de la planète est sur le fil du rasoir et depuis la crise des subprimes, aucune leçon n'a été tirée. Les risques systémiques sur les marchés financiers sont toujours aussi importants et un ralentissement planétaire de la croissance pourrait avoir des conséquences dévastatrices.

Pour l'épidémie de SRAS : L’impact économique fut estimé à plus de 3.8 milliards d’euros de pertes.

Il suffit de faire quelques recherches. Tout est enregistré.

Maintenant, ça n'a pas empêché la croissance de repartir...Même si elle n'est plus du même niveau. Mais ce qui est clair, c'est que la santé publique et les quelques milliers de morts éventuels, ou même centaines de milliers, n'ont strictement aucune importance pour le gouvernement chinois.

Pour moi non plus d'ailleurs.

Je n'ai strictement aucune empathie pour le peuple chinois. Il pourrait perdre des centaines de milliers d'individus que ça me laisserait froid. Pour ceux qui ne comprendraient pas une telle indifférence, je les laisse chercher les raisons. Ici, ça prendrait trop de place. 

Par contre, vu les effets mortels du comportement des consommateurs chinois avec la faune sauvage, il me plaît parfois d'imaginer le même phénomène avec les consommateurs français qui se contrefichent que les poussins soient broyés vivants et que les porcelets soient castrés à vif. Comme une espèce de retour de bâton...

 

"Même si l'épidémie de coronavirus est maîtrisée plus rapidement que le SRAS en 2003, l'impact économique semble maintenant être au moins d'une ampleur similaire", a écrit Mark Williams, économiste en chef pour l'Asie chez Capital Economics dans une note lundi.

Selon une estimation de Capital Economics, le SRAS a ralenti la croissance de la Chine de trois points de pourcentage au cours de son trimestre le plus touché. Dans l'ensemble, la croissance a ralenti de 8% en glissement annuel à 5% au cours de cette épidémie.

"Les données très limitées disponibles jusqu'à présent suggèrent que l'impact actuel n'est pas encore aussi grave, mais il pourrait finir par être similaire", a déclaré Williams. "Mais il est désormais certain que l'épidémie aura un impact significatif sur le PIB chinois ce trimestre".

https://news-24.fr/les-cas-de-coronavirus-en-chine-depassent-le-sras-et-limpact-pourrait-etre-plus-grave/

 

Focus Santé & Société - Le SRAS, dix ans après (10/11/2013)

 

https://hongkong.consulfrance.org/Focus-no1-Le-SRAS-dix-ans-apres

Article rédigé le 09/11/2013

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Le SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère) a été la première maladie grave et transmissible à émerger au début du 21ème siècle. Transmise depuis la province de Guangdong (Chine) fin 2002, le coronavirus responsable de l’infection a contaminé 8096 personnes (dont 774 décès) autour du globe en quelques mois. La pandémie s’est avérée particulièrement sévère à Hong Kong qui dénombra 1755 cas dont 299 décès. Entraînant une désorganisation économique et sociale majeure au sein de la ville, l’épidémie fut finalement confinée, notamment grâce à des mises en quarantaine exceptionnelles, mais laissa une trace indélébile dans l’esprit des habitants et des services de santé hongkongais.

Un peu plus de dix ans après l’apparition du SRAS à Hong Kong, l’expérience acquise en termes de santé publique et les mesures mises en place depuis devraient permettre aux autorités hongkongaises d’affronter toute nouvelle émergence de maladie infectieuse. L’objectif de ce rapport est de faire le bilan de cette crise et des enseignements tirés.

1. Historique de la propagation du SRAS à Hong Kong

Le SRAS fit sa première apparition en novembre 2002 à Foshan, dans la province du Guangdong, avant de s’étendre dans d’autres localités du delta de la rivière des perles pendant plus de 3 mois. Le ministre chinois de la santé alerta mi-février de l’occurrence de 305 cas de "pneumopathie atypique", tout en stipulant que l’épidémie était "sous contrôle". Du fait que le monde ait été tenu au secret pendant plus de 3 mois de la dangerosité et du sérieux de l’épidémie frappant la province du Guangdong, les autorités hongkongaises furent prises au dépourvu lorsque les premiers cas de SRAS apparurent fin février. C’est la visite, le 21 février 2003, d’un médecin de la province du Guangdong ayant traité auparavant des patients atteints de "pneumopathie atypique" qui déclencha le début d’épidémie dans la ville. Durant sa nuitée au Metropole Hotel de Kowloon, il infecta 10 autres clients, tous séjournant au même étage. Parmi eux, neuf étaient des visiteurs étrangers qui déclenchèrent des débuts d’épidémie au Vietnam, à Singapour et à Toronto, et un était résident hongkongais. Le résident hongkongais fut admis au Prince of Wales Hospital de ShaTin où il infecta par la suite plus de 100 personnes (patients, personnel hospitalier et visiteurs). Pour le grand public, le rideau se leva le 12 mars 2003, lorsque l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) lança une alerte mondiale portant sur une épidémie de "pneumopathie atypique" baptisée Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS) dont l’origine se situe en Chine. Cependant le facteur étiologique du SRAS était toujours inconnu. Mi-mars, les hongkongais furent informés que l’épidémie était confinée aux hôpitaux et que la chaîne de transmission inter-humaine avait été rompue. Cependant, entre le 29 Mars et le 31 Mars, 100 nouveaux patients furent hospitalisés pour des cas de SRAS. Parmi ces 100 personnes, 58 venaient de la même résidence (Amoy Gardens) et tous vivaient dans des appartements situés les uns au-dessus autres, démontrant que le virus ne se répandait pas uniquement par contact direct entre personnes. Il s’avéra que le virus circulait verticalement dans les canalisations des salles de bain (à cause d’un système d’évacuation des eaux usées défectueux), se disséminant à une vitesse prodigieuse d’un appartement à l’autre. Le département de santé de Hong-Kong développa un avis de mise en quarantaine immédiat et exceptionnel imposant aux habitants de Amoy Gardens de rester confinés dans leurs appartements pour une durée de 10 jours. Quand la police et les services de Santé arrivèrent à la résidence, ils ne trouvèrent que la moitié des résidents, nombre d’habitants ayant fui en apprenant la nouvelle via les médias. L’épidémie de SRAS était bien en train de s’étendre dans la ville. La peur du SRAS s’imbriqua alors dans la vie des hongkongais. Les places publiques étaient désinfectées plusieurs fois par jour, les masques de protection respiratoire portés en toutes circonstances, les restaurants et cinémas désertés et les écoles fermées afin de limiter la dispersion du virus. La pandémie fut finalement jugulée, selon l’OMS, en juillet 2003 soit 8 mois après le premier cas observé.

Au final, Hong Kong compta un total cumulé de 1755 cas de SRAS (dont 386 travailleurs de santé et 321 résidents d’Amoy Gardens) comptant pour 20.8% du total cumulé mondial.

L’impact économique fut estimé à plus de 3.8 milliards d’euros de pertes.

2. Leçons à tirer de l’épidémie de SRAS de 2002-2003

Plus qu’un veritable challenge de santé publique, l’épidémie de SRAS a été une tragédie pour Hong Kong, pour ses citoyens, son système de santé ainsi que son économie. Elle souligna l’urgent besoin de revoir les capacités du système de santé afin d’être prêt dans le cas de l’émergence de nouveaux virus. Bien que l’épidémie ait été globalement bien maîtrisée, il y eut cependant des dysfonctionnements importants lors des premiers jours de l’épidémie, alors que la maladie et sa cause n’étaient pas encore ou peu connus.

L’absence de déclaration de la présence d’un foyer infectieux dans le Guangdong fut en grande partie responsable de la dissémination du virus. Ce manque de communication mis en exergue que, dans un monde globalisé, les frontières nationales sont poreuses aux défis microbiens ; soulignant pour l’intérêt général que les pays partagent le plus rapidement possible les informations dont ils disposent.

Le SRAS souligna également que l’anxiété publique est capable de se répandre plus vite que le virus lui-même. Dans le cas de la résurgence d’une nouvelle épidémie, il faudra en particulier améliorer la communication publique. A l’heure où les réseaux sociaux sont capables de véhiculer des rumeurs infondées à grande échelle et en un temps record, il est du ressort des services de santé de ne plus se contenter des voies de communications traditionnelles (télévision, journaux...). Il sera également de la responsabilité de tous (systèmes de santé, gouvernements, médias...) de ne pas dissimuler et minimiser les informations comme le firent un premier temps les autorités chinoises portant un lourd préjudice au contrôle de l’épidémie.

Le SRAS a également mis en exergue les graves répercussions qu’un problème de santé peut avoir sur l’économie et la stabilité sociale. Les alertes mondiales de l’OMS et la forte exposition médiatique durant l’épisode SRAS ont suscité une prise de conscience générale par rapport aux maladies émergentes.

3. Conséquences à Hong Kong de l’épidémie de SRAS de 2002-2003

Même si la region de Hong Kong n’était pas totalement prête à faire face à une pandémie en 2003, tout laisse à penser que les mesures sanitaires prises depuis permettront à la ville d’être mieux préparée en cas de nouvelle épidémie.

La refonte du système hospitalier, la meilleure formation du personnel de santé en termes de protection sanitaire et une sensibilisation accrue de la population hongkongaise par rapport aux règles d’hygiène de base font partie de l’actif que le SRAS a laissé en héritage. C’est dans ce contexte qu’a été crée le Center for Health Protection (CHP) en Juin 2004. Ce centre renforce le système de santé publique hongkongais en mettant en place et en gérant des systèmes de surveillance, de notifications et d’éducation, en mettant en place les plans de lute anti-infectieuse et en coordonnant des collaborations dans le domaine de la recherche médicale. L’expérience SRAS a également souligné l’extraordinaire coopération scientifique mise en place afin de trouver l’agent étiologique de la maladie. Les scientifiques et cliniciens du monde entier ont été capables d’oublier leurs rivalités professionnelles pour oeuvrer ensemble dans l’intérêt de la santé publique. Un mois seulement après la directive de l’OMS de créer une coopération internationale rassemblant 11 laboratoires afin de trouver l’agent pathogène responsable, les scientifiques annoncèrent de manière collective la découverte d’un virus (SRAS-Coronavirus) de la famille des Coronaviridae, responsable de la pathologie.

4. Après le SRAS, une nouvelle menace international par un nouveau coronavirus

L’OMS a appelé le 16 février 2013 à la vigilance après la découverte d’un 12ème cas de contamination par un nouveau coronavirus (cousin éloigné du SRAS coronavirus de 2003). Identifié en septembre 2012 sur un patient décédé d’une grave infection respiratoire au Moyen-Orient, il est pour l’instant responsable de 130 infections et a entraîné la mort de 58 personnes. Ce nouveau coronavirus (baptisé MERS-Coronavirus) inquiète la communauté internationale de par son fort caractère pathogène, mais également par le fait qu’il est capable d’infecter plusieurs hôtes (homme, porc, chauve-souris) soulignant que la barrière d’espèce est faible.

A l’heure actuelle, la manière dont les humains ont été contaminés par ce nouveau coronavirus reste floue. En 2003, le travail mené par la communauté virologique mondiale avait permis de déterminer que les civettes d’élevage constituaient le réservoir du SRAS-coronavirus. L’hypothèse la plus plausible était qu’un élevage de civettes naturellement sauvages ait été infecté par un virus présent chez les chauves-souris du genre Coronaviridae, conduisant en plusieurs étapes à l’émergence d’un virus hautement pathogène pour l’homme. Concernant le MERS-Coronavirus, les premières analyses phylogénétiques ont montré que son plus proche parent est un coronavirus présent chez la chauve-souris. Ainsi comme pour le SRAS-Coronavirus, un hôte intermédiaire pourrait avoir contracté le virus avant de le transmettre lui-même à l’homme. Dans les deux cas, il semblerait que le MERS-Coronavirus et le SRAS-Coronavirus aient comme réservoir naturel les chauves-souris. Les coronavirus sont présents depuis plusieurs millions d’années chez les chauves-souris. La forte diversité (plus de 900 espèces), la longue vie du mammifère (entre 10 et 15 ans) et le fait que de nombreuses espèces partagent un habitat commun font que les coronavirus sont à même de subir un brassage génétique important. Ces recombinaisons génétiques permettent parfois aux coronavirus de s’adapter à de nouveaux hôtes, et de manière ponctuelle de les infecter (comme ce fut le cas en 2003 avec la civette). Le mode de contamination est directement lié au mode de vie de la chauve-souris. Le régime alimentaire des chauves-souris, influencé par son mode de déplacement (vol), font qu’elles ne peuvent ingérer de grandes quantités de nourriture. Ainsi, les chauves-souris frugivores mâchent sans les avaler les fruits (afin d’en extraire les sucres) puis les régurgitent au sol. D’autres espèces animales peuvent par la suite consommer ces fruits partiellement digérés et être infectés par les particules virales contenues dans les résidus salivaires.

Il semble illusoire de croire pouvoir se débarrasser des coronavirus, ces derniers étant implantés de manière pérenne chez la chauve-souris depuis des millions d’années. Cependant il est de la responsabilité scientifique de mieux comprendre l’écologie des chauves-souris ainsi que de définir les déterminants impliqués dans la transmission et l’adaptation des Coronavirus de chiroptères à leurs nouveaux hôtes, afin de prévenir l’émergence d’infections virales chez les humains.

5. Conclusion : Hong Kong 10 ans après le SRAS

Bien que les récents cas d’infection par un proche parent du SRAS coronavirus de 2003 au Moyen-Orient mettent en garde la communauté mondiale contre la possible résurgence d’une nouvelle épidémie, l’expérience dont bénéficie Hong Kong vis à vis des maladies émergentes laisse à penser que la ville sera prête à faire face à prochain challenge. Les scénarios de développement d’épidémies dépendant d’un grand nombre de variables, il est impossible de prédire où, quand et comment apparaîtra la prochaine maladie émergente. Néanmoins les avancées technologiques en termes de santé publique apporté par l’épisode SRAS à Hong Kong ont façonné les stratégies qui seront appliquées à l’avenir pour lutter contre les épidémies de maladies infectieuses.

 

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