"Cachez cette mort que je ne saurais voir"

Cette histoire a été partagée des dizaines de fois sur Facebook. Beaucoup de gens qui étaient choqués que les bisons soient abattus.  

Je n'ai pas les compétences pour juger de la dangerosité de l'animal pour des riverains ou des randonneurs. Je ne sais pas non plus si l'enclos était suffisamment entretenu ou efficace pour empêcher cette évasion. Puisque ça n'est pas la première fois que ça se produit, j'aurais tendance à dire que le propriétaire aurait dû agir...

Mais ça n'est pas le problème à mes yeux. Ce qui m'interpelle davantage, c'est que les gens s'offusquent de cet abattage alors que ce sont justement des animaux élevés pour être abattus et mangés. La seule différence, c'est que cette fois, ils ont été tués à l'extérieur et non dans un abattoir. De la même façon, j'aimerais savoir si tous ces gens s'offusquent de l'élevage en batterie des poulets ou des lapins qu'ils vont manger, si la souffrance animale  des espèces moins "exotiques" les touche également et s'ils s'offusquent autant sur les réseaux sociaux. Il y a une profonde hypocrisie dans ces réactions. 

J'en viens même à penser de plus en plus que les mangeurs de viande devraient être obligatoirement chasseurs et non consommateurs de grandes surfaces ou de boucheries de quartier.  Le retour à une vie réelle, c'est à dire la confrontation avec le fait de tuer et de dépecer un animal. Il y a des chasseurs que je respecte bien davantage que les mangeurs de poulets du dimanche midi qui s'offusquent quand des bisons sont abattus. 

 

"Je vais prendre une entrecôte saignante avec une assiette de frites.

-Oui, très bien, alors, voilà le fusil et le couteau. Quand vous aurez fini, vous nous amenez la viande et on vous la cuira."

 

 

Un bison peut peser entre 300 et 600 kg. (Image d'illustration)
Un bison peut peser entre 300 et 600 kg. (Image d'illustration) © Daniel SLIM / AFP

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Ce troupeau s'était échappé mercredi dans des conditions non élucidées du domaine où il était élevé. Face au risque pour les riverais, et devant l'impossibilité de rabattre les bêtes vers leur enclos, les autorités se sont résignée à les tuer.

Dix-neuf bisons qui divaguaient depuis mercredi près de Megève, en Haute-Savoie, ont été abattus vendredi matin par sécurité, leur retour à leur domaine d'élevage n'ayant pas été possible, a rapporté la préfecture. Le troupeau avait été évalué dans un premier temps jeudi à vingt animaux.

"Le troupeau, inamovible, a été abattu sans incidents ni blessés parmi les personnes mobilisées", a indiqué peu avant 10 heures Aurélie Lebourgeois, directrice de cabinet du préfet. Les bisons avaient assez peu bougé dans la nuit. L'opération s'est déroulée à 9 heures sur le secteur du Mont-Joux, avec la participation de "trois agents de l'office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), de quatre lieutenants de louveterie et de 25 personnels de gendarmerie pour sécuriser la zone", a précisé la préfecture dans un communiqué.

Les agents ont utilisé des modérateurs pour atténuer le bruit des tirs. "Ce n'était certainement pas une opération agréable pour ces professionnels, mais elle était nécessaire", a ajouté Mme Lebourgeois.
Un peu plus tard, le préfet Pierre Lambert a "salué le sang-froid et le professionnalisme (des personnels) qui ont permis de mettre fin à la situation de danger engendrée par la présence de ces animaux sauvages".

L'éleveur devra payer

Les bisons, pesant entre 300 et 600 kg, dont deux bisonneaux, s'étaient échappés dans des conditions non élucidées du domaine où ils étaient élevés. La préfecture a d'abord tenté de les rabattre vers leur enclos avec l'aide des agents de l'ONCFS. Mais "des bisons ne se manœuvrent pas comme un troupeau de vaches", avait expliqué Aurélie Lebourgeois jeudi soir. Même si le troupeau est resté loin des zones habitées, la préfecture ne pouvait exclure que des randonneurs les croisent et soient éventuellement chargés. L'option d'un endormissement a été étudiée mais abandonnée. Il fallait en effet prévoir de très fortes quantités de produit anesthésique, avec le risque de ne pas toucher une zone du corps où il se serait diffusé rapidement, a expliqué Aurélie Lebourgeois.

La préfecture s'est donc résolue jeudi soir à mettre en place leur abattage. Le troupeau abattu représentait la quasi-totalité des bêtes de l'éleveur Dominique Muffat-Méridol, du domaine de la Sasse. Il les élève, les abat, et sert leur viande dans le restaurant du domaine. Les bisons n'avaient "jamais causé aucun problème" en plus d'un quart de siècle de présence au domaine, "alors qu'ils se sont échappés plus d'une fois", a-t-il déclaré sur RTL

Pour lui, cette affaire est "une honte, on est dans l'absurdité de la réglementation [...] on marche sur la tête". L'éleveur a assuré avoir "beaucoup de souffrance, car on m'enlève mon outil de travail". D'autant, a confirmé la préfecture, que la viande des bisons abattus ne pourra être consommée, étant donné que l'abattage a eu lieu "hors abattoir et sans contrôle sanitaire préalable". En outre, a-t-on ajouté, "le propriétaire est redevable de leur fuite et [...] ainsi des frais engagés pour les opérations" de la matinée.

 

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