Création littéraire

Rien ne nous appartient dans la création littéraire.

Ni l’inspiration, ni le talent, ni la maîtrise, ni l’euphorie, ni le moindre mot.

Il n’y a pas de liberté quand on s’aventure dans ce territoire.

C’est lui qui dicte ses lois.

Nous sommes les jouets de son humeur et de son immensité.
 

Qu’il devienne indifférent à notre présence et nous nous égarerons, comme des âmes littéraires en peine, qu’il devienne attentionné et nous nous envolerons dans les hautes sphères.

J’ai longtemps cogné contre les murs de la geôle quand « l’encrier » s’asséchait. Je ne le fais plus.

Maintenant, je sais que les mots continuent à manigancer des histoires en secret, dans ma tête, sans se faire entendre, je sais qu’ils attendent d’être prêts pour jaillir. Je les laisse monter leur spectacle. J’attends que le rideau s’ouvre. Il finit toujours par s’ouvrir. L'inconscient est un faiseur d'histoires, un ajusteur de mots, c'est dans ce gouffre insondable que tout se crée.

L'écrivain prend forme lorsque son humilité laisse l'inconscient remonter à la surface. On ne doit pas "vouloir écrire" mais juste "aimer écrire".

La volonté est un étouffoir de l'inconscient littéraire. L'amour en est le tuteur.

Quand on aime vraiment, on ne s'octroie pas la liberté de l'être aimé. Il en est de même avec les mots. Ils ne nous appartiennent pas. Ils sont comme ces chats de la maison qui passent près de vous sans vous accorder le moindre intérêt et qui parfois viendront se blottir sur vos genoux. On n'oblige pas un chat à s'asseoir sur ses genoux. On n'oblige pas les mots à se coucher sur une feuille.

Ils n'auraient rien de beau à dire.

 

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