"Débille"

C'est l'annotation d'un professeur sur un devoir de littérature d'un élève de lycée.

"Débille" avec DEUX L.

 

Au-delà de l'incommensurable bêtise de ce "professeur", je me demande surtout ce qu'il attend de cette remarque, de ce jugement, de cette insulte portée à un adolescent.

Des cas comme celui-là, il s'en produit des centaines par jour, des milliers peut-être dans toutes les classes de France.

Je hais considérablement ces enseignants. Je sais le mal qu'ils font, je sais quel est le traumatisme vécu par ces jeunes individus qui subissent quotidiennement l'ire névrotique de ces personnes censées les accompagner dans leur développement.

Je pense que ce milieu enseignant est peuplé de gens malades. Psychologiquement malades. C'est sans doute le pire scandale qui soit au coeur de la fonction publique.

Ils sont malades parce qu'ils n'ont aucune connaissance d'eux-mêmes et que cette absence d'observation des phénomènes internes qui les dirigent les empoisonnent continuellement. La raison en est très simple : ILS ONT PEUR.

 

Un enseignant n'ayant jamais oeuvré à sa propre connaissance agira de façon à recevoir la re-connaissance dont il a besoin pour exister. Il ne vit pas, il existe à travers sa profession et tous les éléments venant parasiter ou même s'opposer à cette re-connaissance dont il se nourrit seront des ennemis qu'il faudra soumettre, contraindre, humilier si nécessaire. C'est sa survie qui est en jeu. Les élèves ne seront jamais rien d'autre que des sujets devant apporter la considération sociale qui contiendra l'estime de soi dont cet adulte a besoin.

En l'absence de CONNAISSANCE DE SOI, on met en place des systèmes oeuvrant à la RE-CONNAISSANCE DE SOI.

C'est là que les conflits prennent forme. Des conflits externes parce que l'individu n'est rien en lui-même qu'un vaste chaos.

Cette estime de soi, au lieu de prendre forme à travers un travail spirituel, se forgera dans une posture frontale, une confrontation dont le professeur doit sortir vainqueur pour exister. Tout est bon pour y parvenir, la sanction, l'humiliation, les arrangements pervers à l'intérieur du groupe, la manipulation des esprits les plus soumis pour contraindre les plus retors.

 

"Ah, mais moi, je ne sais pas faire avec un garçon comme le vôtre, il faut l'emmener voir un psy."

Une phrase prononcée par une enseignante à une mère décontenancée.

L'institution protège ces enseignants-là, l'enfant est l'élément perturbateur, la famille est la source des perturbations. L'institution n'est pas responsable, les éléments qui constituent l'institution se soutiennent, cet enfant doit quitter le cycle "normal"...

 "NORMAL" ????

Mais cette institution est remplie de gens qui se conduisent de façon irresponsable. Est-ce cela la "normalité" ?

 

Monsieur Peillon (ni aucun Minsitre) ne changera rien parce qu'il ne s'attaque pas au problème majeur.

Il veut réformer la formation ? Qu'il commence donc par limiter le droit à se présenter uniquement pour des étudiants ayant mené des études de psychologie. UNIQUEMENT. Pas des masters d'économie ou d'archietcure ou de biologie moléculaire...Il faut une connaissance du développement de l'individu.

Qu'ensuite, il mette en place des suivis d'analyse de la pratique. Les conférences pédagogiques, formation continue et autres inspections, c'est un gachis de temps et d'énergie. Trois heures à écouter blablater un intervenant qui n'a sans doute jamais mis les pieds dans une classe. Chacun rentre chez soi et met les documents reçus à la poubelle. En 30 ans d'enseignement, je ne me souviens pas d'une seule séance de formation continue m'ayant apporté quelque chose d'indispensable.

L'analyse de la pratique consisterait à être observé en classe par des personnes ayant le cursus professionnel à même d'apporter une aide psychologique, existentielle, philosophique, relationnelle, affective, humaine...Des choses indispensables en quelque sorte...Toutes celles qui sont ignorées par l'institution.

Pourquoi est-ce que les techniques de "communication non violente" ne sont pas enseignées. Qui dans le milieu a entendu parler des travaux de Marshall Rosenberg ? 

Je connais des enseignants qui ont détruit des dizaines d'enfants, traumatisés, dégoûtés, saccagés, humiliés, et qui sont très bien notés par la hiérarchie, considérés même, portés aux nues... L'institution trouve dans ces enseignants-là la validation du système, évaluations, remédiations, graphiques, statistiques, projet d'école, travail d'équipe... Tous ces paramètres n'ont aucune valeur étant donné qu'ils sont au service d'un système destructeur. 

Qu'on demande aux Français quelle image première ils ont gardé de leur parcours scolaire ?

Est-ce que la souffrance, l'ennui, la peur, le dégoût, la colère, la révolte, l'absence, la soumission sont des réponses honorables ?

L'école est un service public.

Est-ce qu'un service public a le droit d'exclure, de détruire, de rejeter, d'humilier, d'abrutir, de soumettre ?

Quelle est la mission de l'école ?

Quelle est la mission des enseignants ?

Quels sont les moyens mis en oeuvre?

Est-ce qu'ils sont pertinents ?

Qui est habilité à juger du bon fonctionnement du système ?

Et bien, c'est la dernière question qui fait tout s'écrouler. Dès lors que les instigateurs d'un système sont les seuls à juger de sa pertinence ou de son efficacité, les résultats sont faussés. Toutes les structures chargées d'étudier les résultats des élèves ne tiennent compte que de l'aspect cognitif des résultats. Est-ce qu'un organisme indépendant au système s'est déjà interrogé sur le bien-être des élèves, leur développement spirituel ?

Rien que le terme "spirituel" est une aberration dans l'institution. Alors, comment pourrait-on espérer voir un jour une enquête sur le bonheur des élèves.

Un Inspecteur m'a reproché d'utiliser le terme de "méditation" et tenait à ce que je parle de "relaxation". Pourquoi ? 

 

A l'inverse de la méditation et de la dimension spirituelle, on voit aujourd'hui les enfants de maternelle qui sont ÉVALUÉS. Ils ont trois ou quatre ans et ils sont déjà étiquetés par l'institution. Le dossier va passer de main en main, le renforcement identitaire va s'imposer, peu à peu, tout le système oeuvrant à une reconnaissance du système...L'enfant catalogué devient une statistique.

"Il est en échec, il est en décalage, il est agité, il perturbe, il n'écoute rien, il est bête, il est "DÉBILLE."

 

LES PARENTS SONT BEAUCOUP TROP TOLÉRANTS. Cette peur de l'école, cette peur de s'opposer à l'enseignant, elle est extrêmement révélatrice de l'image générée par l'institution. L'école est un tribunal. Les parents y sont jugés. 

Le gouvernement veut s'occuper des élèves en difficulté...

Qu'il commence déjà par virer tout les enseignants qui détruisent ce métier, tous ceux et celles qui ont fait de l'école un centre de détention. 

Après, on pourra peut-être avancer.


 

 

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