Héritage de la guerre

Faire confiance aux hommes ?

Mais, oui, bien sûr...

Je n'arrive pas à comprendre que des hommes, placés à des postes "élevés", puissent signer des autorisations de rejets en mer de munitions qui inévitablement, un jour, déverseront leurs poisons dans l'océan et contamineront toute la vie. 

Je n'arrive pas à comprendre comment il est possible qu'un tel "secret défense" puisse continuer à être exercé alors que ce secret fait courir un risque majeur à des millions de personnes et à toute la vie océanique. 

Et pendant ce temps-là, on essaie de faire en sorte d'arriver à la fin du mois avec de quoi acheter des pâtes et mettre du carburant dans le réservoir de la voiture pour aller "gagner" de quoi tenir le mois suivant.

Ce monde humain est totalement dingue. 

 

 

 

Munitions en mer. Des bombes à retardement

 

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Didier Deniel

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Photo Stéphane Jézéquel
Photo Stéphane Jézéquel

Pendant des décennies, les armées française et britannique se sont débarrassées de milliers de tonnes d'explosifs déclassés en les jetant à l'eau. La Bretagne, notamment la mer d'Iroise et les environs de Groix, n'a pas été épargnée. Selon l'association Robin des Bois, la situation est critique, car ces bombes, mines, grenades et autres munitions, en se dégradant, rejettent quantité de polluants.
L'inventaire des dépôts d'explosifs

Depuis des décennies sommeillent, sous les eaux de la Manche et de l'Atlantique, des milliers et des milliers de tonnes d'explosifs et de munitions perdues lors des combats. Ou immergées volontairement par les armées au lieu d'être pétardées. Selon la commission internationale Ospar, de préservation du nord-est Atlantique, qui mène un programme visant à déterminer l'ampleur de ces immersions, 148 sites ont été recensés en Europe de l'Ouest. De 2004 à 2010, 1.879 découvertes de munitions ont été signalées. 58 % ont été retrouvées par des marins-pêcheurs et 29 % sur le littoral. En France, les immersions planifiées ont, officiellement, pris fin au début des années 90. Pour autant, en 1997, le 30 avril exactement, la gabare La Fidèle explosait au large de Cherbourg, faisant 5 morts et 17 blessés. Ce jour-là, le bateau transportait 1.400 grenades sous-marines déclassées pour le compte de DCN qui devaient exploser en immersion. Ce drame a lourdement marqué les esprits.

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La Bretagne, qui concentre, à elle seule, de nombreux sites, est considérée comme une zone à risques. Notamment, entre Saint-Malo et les côtes anglaises, où 74 dépôts de munitions conventionnelles mais aussi chimiques (gaz moutarde ou ypérite) ont été recensés. À proximité d'Ouessant et de Groix, aussi, l'armée a jeté, de longues années durant, quantité d'explosifs. Nombreux sont ces engins, mais aussi ceux largués sur la poche de Lorient pendant la Seconde Guerre mondiale, qui reviennent à la surface dans les chaluts des bateaux de pêche. Ainsi, en 2007, un chalutier lorientais, l'Alcatraz, avait remonté trois gros obus de 280 mm, de 50 cm de long et pesant chacun 100 kg. Plus près de nous, on peut se demander quelle est l'origine de la munition qui a explosé début septembre sur une plage de Groix tuant un jeune homme qui bivouaquait. « C'est fréquent, commente un marin-pêcheur morbihannais. Quand je pêche à la coquille, j'en trouve régulièrement. Particulièrement dans la baie de Quiberon, en face du port. Pour moi, il s'agit de munitions que rejettent à la mer des collègues en rentrant à terre, au lieu de les déclarer comme on nous demande de le faire. Ce qui est long et fastidieux. »

Pas d'inventaire des sites

 
 

Pour mettre un terme à ces pratiques, l'association écologiste Robin des Bois, qui travaille depuis longtemps sur ce dossier, demande que les professionnels soient systématiquement indemnisés pour les inciter à collaborer avec les services de déminage. Robin des Bois plaide aussi pour que soit réalisé un inventaire synthétique des sites. « On se heurte à beaucoup d'obstacles, à une profonde inertie quand on demande des informations », commente Jacky Bonnemain, président de l'association.

Dilution des polluants

 
 

Les immersions volontaires ont souvent été effectuées à faible profondeur de 6 à 10 mètres. Selon Jacky Bonnemain, la pire fosse serait celle des Casquets, dans la Manche, où les marines française et britannique ont déversé quantité de choses, à plus de 100 mètres de profondeur. « Nous avons demandé à consulter les archives militaires à Cherbourg. On nous a répondu qu'il n'y avait plus rien. Que tout avait disparu. » Selon l'association, ce dépôt, comme bien d'autres, n'a jamais eu d'existence administrative. On y jetait des quantités de choses, d'une manière empirique. « Ce faisant, les militaires ont voulu préserver ces explosifs des vols et de leur possible utilisation clandestine. À l'époque, on pensait, naïvement, que l'eau allait faire barrière ». Plus le temps passe et plus ce dossier devient chaud. Car la situation ne peut qu'empirer. Les obus, grenades et autres explosifs se dégradent de plus en plus. Favorisant la dilution et la migration des polluants. Lors du Grenelle de la Mer, en 2008, devant toutes les parties prenantes, dont les ministères de la Défense et de l'Écologie, les autorités françaises s'étaient engagées à ce que des prélèvements soient effectués et des études menées sur les sites les plus importants. Et ce, pour voir dans quelle mesure l'environnement biologique et géologique en subissait les conséquences. Un engagement qui, malheureusement, n'a jamais été suivi d'effets...

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BretagneMarine nationaleEnvironnementRobin des Boisdépôts de munitionsEN COMPLÉMENTDes opérations de nettoyage régulières

Régulièrement, les démineurs de la Marine nationale interviennent sur les côtes atlantiques pour récupérer et désactiver des explosifs et munitions. Lors des tempêtes de l'hiver dernier, qui avaient considérablement remué les fonds marins, leur activité a été très soutenue : plus de 300 explosifs, échoués sur les plages, leur avaient été confiés. Rien qu'en rade de Brest, d'octobre 2012 à mars 2013, plus de 500 munitions ont été ramenées dans les dragues des bateaux qui pêchent la coquille ! La plupart de ces engins, qui ont été contre-minés, étaient des petits obus de 15 à 20 cm datant des deux guerres mondiales. En cas de découverte d'une munition sur l'estran, la préfecture maritime conseille de signaler, sans délai, la découverte au Cross ou au sémaphore concerné, voire la capitainerie d'un port. Il est recommandé de toujours considérer l'engin comme dangereux, de ne pas le manipuler, de ne pas donner de choc sur l'enveloppe, de faire un balisage résistant aux marées, de prendre des photos avec un objet pour en donner l'échelle. Et enfin de prendre un point GPS. En mer, il est demandé de se tenir éloigné des autres bateaux en cas de découverte et de ne pas pénétrer dans un port. Si l'engin est immergé, relever les coordonnées géographiques et baliser le point par une bouée. Régulièrement aussi, la Marine nationale organise des opérations de déminage dans les eaux françaises. La dernière en date a eu lieu du 30 octobre au 12 novembre. Elle a été menée par la force de guerre des mines de l'Otan, au large de Dieppe et de Saint-Valéry-en-Caux (76). Huit bâtiments chasseurs de mines (néerlandais, allemand, polonais, belge...), armés par 400 marins, dont le Pégase basé à Brest, ont pris part à cette opération placée sous le commandement d'un officier lituanien. Malgré des conditions météo peu favorables à l'utilisation des sonars, les plongeurs-démineurs ont repéré plusieurs centaines de munitions immergées. Dont sept mines très puissantes représentant l'équivalent de cinq tonnes de TNT. Des opérations de ce type ne pourraient pas être menées sur la Fosse des Casquets où, par une centaine de mètres de fond, Anglais et Belges ont immergé, jusque dans les années soixante, quantité de déchets radioactifs sur une décharge d'explosifs et de fûts de pesticide.


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