L'amour fou

 

Je n'aime pas que l'amour se retrouve à devoir porter les dérives humaines. Je n'aime pas cette expression de "l'amour fou" car si folie il y a alors l'amour n'est pas à sa place. Il conviendrait plutôt de parler de folie amoureuse. La folie est le moteur, l'amour est son véhicule. Et un véhicule fou ne va pas bien loin.

C'est comme de de dire que parfois "l'amour fait mal."

Non, les humains font du mal à l'amour.

Je ne considère pas l'amour comme une possession humaine mais comme un phénomène associé à la création toute entière. Il ne s'agit donc pas d'humains usant de l'amour mais de l'amour emplissant les humains. Mais comme les humains sont des êtres complexes, l'amour peut se retrouver opposé à bien d'autres phénomènes existentiels et la folie en est un. C'est donc aux humains à ne pas pervertir l'amour en l'ensevelissant sous des monceaux de dérives.

Le mari qui tue sa femme par amour ne l'aime pas. Il est juste fou d'amour mais c'est le premier terme qui importe. Il est fou. L'amour n'est qu'un prétexte. Pas une réalité. C'est impossible. Il n'y a pas de malheur dans l'amour.

Être fou d'amour ou éprouver un amour fou, ça n'est absolument pas la même chose. Les deux expressions sont à l'opposé mais il n'en reste pas moins que la folie y est associée et même dans l'amour fou, il s'agira d'en être toujours conscient.

L'amour n'a pas besoin de folie ajoutée, il en contient déjà, intrinsèquement, fondamentalement. Il demande juste à être vécu totalement pour être ce qu'il est. 

 

 

Psycho : l’amour peut-il encore rendre fou ?

 

Publié le 27/01/2018 à 04:56 | Mis à jour le 27/01/2018 à 11:56

 

FRANCE


© Photo NR

Notre époque aime l’émotionnellement correct, déteste la souffrance. Malgré des sites de rencontres pour localiser l’objet de son désir, l’amour continue de défier les lois de la raison.

"Le romantisme, qui a sacralisé l’amour fou, ne se limite pas à l’époque dite romantique, résume l’écrivaine Ariane Charton (1). Il la précède et lui survivra longtemps. Cette soif d’absolu appartient à la nature humaine. Notre société cadrée et consumériste n’est pas venue à bout de cette folie."

L’amour « fou » est une révélation, une évidence. Même si l’autre n’est absolument pas « notre genre », même s’il est exactement l’inverse de ce qui serait « bon » pour nous, on le « reconnaît ». En revanche, on ne se reconnaît plus, soi. Incapable de résister, dépossédé soudain de toute volonté. Il n’y a pas de mot pour décrire cette impression à la fois délicieuse et nauséeuse de s’échapper à soi-même. D’être soudain capable du pire comme du meilleur. Transcendé.

Oui, l’amour peut rendre fou

Mais quel plus joli risque à courir ? "Être fou d’amour, c’est ce que nous avons de plus merveilleux à expérimenter", explique la psychanalyste Catherine Vanier. Oui, tant que l’on reste dans la folie douce, « la névrose banale », comme résume le psychiatre et addictologue Michel Reynaud. "On parle de folie parce qu’on perd la raison", précise-t- il en souriant.

De fait, biologiquement, l’état cérébral change, on est en surrégime : on observe alors, dans le cerveau, un hyperfonctionnement des zones de la recherche du plaisir et un hypofonctionnement des zones de l’analyse critique… L’envahissement est total.

C’est un état d’obnubilation autour d’un objet unique, qui n’est pas sans rappeler les mécanismes de l’addiction : un plaisir (un être) unique a pris toute la place, il est devenu indispensable à notre stabilité intérieure, responsable de tout notre bonheur et toute notre souffrance.

L'amour dure 3 ans

Il faut bien un brin de folie pour vaincre son inquiétude de l’autre et s’attacher aveuglément à un être. Au moins le temps d’avoir ensemble une progéniture et de la rendre capable de se tenir debout. Environ trois ans, calibrent les scientifiques. Souvent moins, rarement plus, au grand désespoir des passion addicts. "Le prototype de cet amour, poursuit Michel Reynaud, est sans doute celui du nourrisson et de sa mère : un échange corps à corps sans limites, fait de dépendance et de satisfaction absolue. C’est peut-être cet état primordial que l’on recherche, et que l’on retrouve, dans l’amour fou." Notre premier lien. Vital. Être deux mais ne faire qu’un.

Pari risqué, car les psys nous ont mis en garde contre la fusion… "Quand l’autre doit vous appartenir et vous à lui, l’amour peut basculer dans le mortifère, révéler la haine (harcèlement, possession, jalousie…), explique encore Catherine Vanier. C’est tellement puissant que si on va jusqu’au bout, on en meurt."

Tout dépend de ce que nous faisons de l’emballement passionnel. En général, il s’apaise de lui-même (parfois avant les fameux trois ans). Fin de l’histoire pour les uns. Passage à l’amour pour les autres. La folie amoureuse n’a qu’un temps.

Il faut plonger

Sauf pour les personnalités borderline, chez qui l’amour peut faire sauter tous les verrous. Mais il n’est alors qu’un déclencheur. Nul ne devient « fou » qui ne l’était déjà, de manière latente, invisible parfois. Ce qui n’est guère rassurant, car comment savoir, avant de plonger, l’ampleur de notre fragilité ? "Il n’existe pas de diagnostic pour évaluer les risques, confirme Catherine Vanier. Pas de test pour nous garantir qu’on peut y aller, sans risque. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas essayer !"

(1) « Alain-Fournier » (Gallimard, “ Folio”) et « Marie d’Agoult, une sublime amoureuse » (Kirographaires).

En partenariat avec Psychologies

folies psychiatriques

Le psychiatre et addictologue Michel Reynaud (*) assure que si, dans une relation, il est une folie que l’on espère, il y a aussi celle que l’on redoute, qui peut pousser au crime ou au suicide.
> Y a-t-il des pathologies de l’amour ? « Oui. L’amour procure des émotions si puissantes qu’il peut servir de révélateur des fragilités, des failles d’une personnalité. Être le déclencheur de pathologies psychiatriques. Le sentiment amoureux se transforme alors en « délires chroniques » : conviction délirante d’être trompé par sa ou son partenaire, dans le délire de jalousie (plus souvent masculin) ; conviction délirante d’être aimé par quelqu’un qui n’a en réalité pas de sentiments pour vous, dans l’érotomanie (plutôt féminine).
> Quels symptômes doivent nous alerter ? D’abord, la répétition. Certains ne peuvent pas construire une relation durable. Ils courent après cet état exceptionnel et transcendant, au sens religieux du terme : l’amour absolu. Allant de passion malheureuse en passion destructrice. Seul le nom du malheur change. Autre symptôme suspect : lorsqu’on utilise la passion amoureuse comme un calmant, qui nous guérit un temps de nos souffrances. Dès que la période de shoot massif diminue, la souffrance réapparaît. Et le sujet se conforte dans l’idée qu’il est prédestiné au malheur.
> Sommes-nous tous susceptibles de sombrer dans l’une de ces pathologies ? Non, l’amour n’est qu’un révélateur. Mais il est très difficile d’évaluer les risques au préalable. On peut toujours, après un suicide par exemple, retrouver des éléments qui auraient permis d’anticiper. Mais qui aurait pu « prédire » ? Nos capacités de résistance et d’éclatement sont variables à l’infini. Et la psychiatrie n’est pas une science exacte ».
(*) « L’amour est une drogue douce… en général » (Éd. Flammarion).

 

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