Le glyphosate et la SNCF

Un sacré problème et qui doit être résolu. Entre sécurité, économie et écologie, le dilemme est de taille. Et où on voit, encore une fois, combien la technologie supplante l'idée même de créations d'emploi...Former des équipes chargées de l'entretien des voies au regard de la végétation...Non, impossible ? Pas les finances... Bon, alors, on va mettre des robots...

https://www.sudouest.fr/2018/09/14/38-tonnes-par-an-la-sncf-est-le-plus-gros-consommateur-de-glyphosate-5390968-706.php?fbclid=IwAR14oAHYwir9NIyyrcOFus7GS0KluxqtIRjqMo3h5655Y_YlhRsCPAQ8gE4

38 tonnes par an : la SNCF est le plus gros consommateur de glyphosate
La SNCF pourrait faire appel à Vitirover, un petit robot venu de Saint-Emilion, pour désherber ses voies. 

PHILIPPE HUGUEN AFP

La SNCF utilise beaucoup de glyphosate pour désherber ses voies, et espère trouver des alternatives avant que ce puissant herbicide ne soit interdit en France. 

Grande utilisatrice de glyphosate pour désherber ses voies et leurs abords immédiats, la SNCF espère trouver des alternatives avant que ce puissant herbicide ne soit interdit en France, faute de quoi la facture risque d’être très salée. "On a un standard aujourd’hui, qui est zéro végétation sur les voies et sur les pistes", explique Michel Morin, le responsable des voies ferrées chez SNCF Réseau.

C’est un impératif de sécurité pour la circulation des trains : la végétation pourrait retenir l’eau et déformer la plateforme (et donc les rails). Les touffes d’herbe pourraient en outre gêner les rayons laser vérifiant l’écartement des voies ou perturber les tournées d’inspection des cheminots. Quant aux pistes longeant les voies, elles doivent impérativement être dégagées pour que les agents puissent se déplacer rapidement et le cas échéant évacuer les voyageurs en cas de problème.

"Pour l’instant, on n’a pas encore trouvé la solution"

Pour occire cette végétation indésirable, des "trains désherbeurs" passent au printemps. Ils aspergent les voies et les pistes d’une solution à base de glyphosate, produit accusé de provoquer des cancers. La SNCF en utilise entre 35 à 38 tonnes par an. "Cela représente 0,4% de la consommation française", relativise Michel Morin. Mais cela fait aussi de la SNCF le premier consommateur du pays, selon une étude de la Fondation Concorde.

Que faire si le glyphosate est bien interdit en France d’ici 2021, comme l’a annoncé l’exécutif ? "Pour l’instant, on n’a pas encore trouvé la solution, donc on fait plein d’expérimentations", répond brièvement le patron de SNCF Réseau, Patrick Jeantet. "D’ici là, on espère trouver des choses ! " 

Le groupe public s’est vraiment lancé dans la recherche d’alternatives au glyphosate quand la Commission européenne a provisoirement prolongé son autorisation pour dix-huit mois, en juin 2016 (ladite autorisation a depuis été prolongée pour cinq ans, délai que le président Emmanuel Macron s’est engagé à réduire à trois ans en France).

Robots et ondes électromagnétiques

Il y a urgence, car le coût du traitement des voies et des pistes sans glyphosate atteindrait environ 500 millions d’euros par an, avec les moyens actuellement à disposition. Certes, cette facture pourrait, selon Michel Morin, être réduite à 350 millions "si on dégradait (les) standards", mais la note serait particulièrement douloureuse par rapport aux 30 millions actuels… La perspective est peu enthousiasmante alors que SNCF Réseau, déjà lourdement endetté, manque de moyens pour entretenir le réseau.

L’entreprise étudie actuellement la faisabilité de toute une série de solutions après avoir lancé l’an dernier un "marathon de l’innovation" et consulté tous azimuts, y compris dans les pays voisins qui ont le même problème. Le groupe teste notamment des herbicides alternatifs, et en particulier des produits de biocontrôle (des désherbants naturels), qui n’ont pas encore fait leurs preuves… et ne sont pas homologués. Idem pour d’autres produits de synthèseproposés par les fournisseurs, qui pourraient au final être plus dangereux que le glyphosate.

Vitirover est désormais une véritable machine agricole autonome et tout-terrain.
Vitirover est désormais une véritable machine agricole autonome et tout-terrain. 

CRÉDIT PHOTO : KLEIN STÉPHANE

Un certain nombre de robots ont aussi été mis à contribution, comme Vitirover, un petit coupeur d’herbe autonome venu de Saint-Emilion essayé sur les pistes qui longent le TGV Nord. Les premiers tests sont "prometteurs", juge Michel Morin. Toujours pour les pistes, la pose de géotextiles (des matériaux synthétiques) pourrait aussi être une solution, ajoute-t-il.

 

blog

Ajouter un commentaire