Le grand cafouillage

Charente: le grand cafouillage des rythmes scolaires

Les nouveaux rythmes scolaires sont entrés en vigueur dans toutes les écoles à la rentrée dernière. Une réforme accompagnée de temps d’activités périscolaires (TAP). Qui sentent le cafouillage par endroits.

"Payer un euro par jour par enfant pour qu'il fasse des jeux de société, c'est un peu cher." A Rouillac, Nathalie Pinsé, la présidente des parents d'élèves, est amère quand elle évoque les TAP. Les TAP ce sont ces trois heures de temps d'activités périscolaires que la nouvelle organisation des rythmes scolaires a libérées.
En théorie facultatifs, payants ou non selon les communes, ils cristallisent dans certaines communes les tensions autour de la réforme des rythmes scolaires. Une réforme initiée lors de la rentrée 2013 (35 communes s'y étaient mises) puis généralisée en septembre dernier, qui avait été accueillie dans la colère par les collectifs de parents d'élèves.
Le mouvement improvisé des gilets jaunes menait la fronde à la rentrée dernière, craignant que le retour de l'école le mercredi matin ne perturbe les petits bouts. Une grogne qui s'est prolongée quelques semaines, comme à Brigneuil où des parents faisaient boycotter l'école du mercredi à leurs bambins, mais qui s'est apaisée.

Une mise en œuvre disparate

Ces nouveaux rythmes semblent finalement avoir été bien intégrés. Par les enfants, leurs parents et les enseignants. La FCPE ( Fédération des conseils de parents d'élèves) parle d'un "rythme plus équilibré. On constate une meilleure répartition des temps scolaires, une meilleure acquisition des savoirs."
Mais c'est le deuxième volet de la réforme, les fameux TAP, qui est le plus contesté. Parce que les parents n'ont pas envie qu'ils se transforment en garderies géantes, qu'ils souhaitent que leurs enfants goûtent à des activités enrichissantes. Mais tout cela a un coût.
Parce que leur mise en œuvre dépend de l'énergie, des moyens mis par les communes pour l'appliquer. Que les communes ont fait le choix ou non de reporter sur les familles.

A Rouillac, un euro par jour et par enfant

Si les TAP sont majoritairement gratuits, certaines communes ont décidé de les rendre payants. A Angoulême, les tarifs s'échelonnent ainsi de 1,60€ à 4,80€ par semaine selon les revenus des parents.
Mais le plus souvent, la participation demandée est symbolique. Comme à La Couronne (1€ à l'année) ou dans la communauté des communes Charente-Boème-Charraud: un euro à l'année plus six euros d'adhésion obligatoire au centre de loisirs pour les "900 enfants inscrits, soit 85% des élèves. On aurait souhaité faire tout gratuit, mais la CAF, comme elle verse une participation dans le cadre de ses actions jeunesse, nous a fait comprendre qu'il serait important que les familles participent."
A Rouillac c'est un euro par jour pour des TAP coincés entre la fin de la classe et le début de la garderie. "C'est la confusion: les enfants sont dans les mêmes locaux que la garderie, encadrés par le même personnel communal, avec une personne très motivée, mais qui fait ce qu'elle peut. Le maire nous répond: " Si ça ne vous plaît pas, ce n'est pas obligatoire". Mais les parents qui ne peuvent pas venir chercher leurs enfants à la sortie de l'école sont contraints de les laisser en TAP", souligne Nathalie Pinsé.
Le maire, Michel Trainaud, reconnaît que "le projet éducatif ne plaît pas trop aux enseignants", mais dénonce d'abord le fait que les TAP soient à la charge des communes: " C'est une usine à gaz qui va coûter une fortune aux collectivités", qu'il estime entre "300 et 500€ par an et par enfant"(1) quand l'Etat n'alloue que 50 euros. Il assume donc faire payer les parents.

"Un coin dans l'égalité de l'enseignement"

Embêtant? Oui parce que cela "met un coin dans l'égalité de l'enseignement censée être garantie par l'école laïque, républicaine et obligatoire. Parce que cela s'accompagne d'une inégalité territoriale: impossible de garantir la même qualité d'activités entre les grandes villes et les petites communes rurales", souligne Benoît Savy, maire de Montrollet et représentant des parents d'élèves à Brigueuil.
Et certaines communes rencontrent une autre difficulté: recruter le personnel adéquat pour faire encadrer les TAP. Illustration à Bourg-Charente où un animateur a ainsi dû être muté aux espaces verts après avoir connu quelques difficultés relationnelles. "On s'est aperçu que cette personne n'avait pas forcément le registre vocabulaire adéquat avec les enfants, et manquait de recul", relate le maire, Jérôme Sourisseau.

Pétition en faveur de la gratuité

Horaires mal pensés, activités à l'intérêt pédagogique discutables mais payantes, animateurs pas à la hauteur: le tableau pourrait paraître sombre mais c'est cependant à relativiser. Dans la plupart des communes, les TAP se passent bien, affirme-t-on à la FCPE. Où on reconnaît cependant qu'"il y a une sélection dès lors que c'est payant. Les TAP devraient permettre l'accès de tous les enfants aux activités périscolaires. Mais ce n'est pas toujours le cas et on le déplore", analysent Lilette Brunier et Michel Cousin.
La Fédération de parents d'élèves, à l'origine de la pétition en faveur de la gratuité préconise la mise en place de ces activités "après la pause de midi. Des choses simples, un temps de relaxation, quelques jeux de société, avant de pouvoir tranquillement retourner en classe." Et si parfois "ça ne marche pas, c'est qu'on a privilégié le confort des adultes à celui des enfants."
(1) soit bien au-delà de l'estimation de "150 à 200€ par enfant" faite par Jean-Michel Boivin, le président de l'association des maires de Charente.
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Quand les maires jouent les taxis

La réforme des rythmes scolaires a parfois pris des allures de bricolage total. Elle a même contraint des maires dévoués de communes rurales à effectuer eux-mêmes le ramassage scolaire au volant de leur propre voiture. Ce fut le cas de Gilbert Quesne, le maire d' Hiesse (d'ailleurs nommé parmi les Charentais de l'année).
Chaque mercredi midi, il conduisait Mathis, Yoann, Jade et Maël, scolarisés à Confolens, de la sortie de l'école à leur domicile. Cela s'est résolu début décembre quand le Département a alloué un mini-bus.
A Sigogne, Jean-Philippe Roy, le maire, joue aussi les taxis pour conduire les enfants au centre de loisirs de Jarnac, le mercredi après la classe. Le maire et son équipe ont du coup choisi d'acheter un véhicule d'occasion. Adjoints et conseillers à la retraite se relaieront pour conduire les élèves.

06h00 par Julien PRIGENT | Mis à jour il y a 4 heures
2 réactions

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Je les entends encore ceux et celles qui disaient que ça serait bien, que tout se règlerait en quelques jours ou semaines....Que les inégalités disparaîtraient rapidement, que les Communes feraient tout leur possible, que l'Etat les accompagnerait, qu'il était temps de faire bouger le "mastodonte"....
Ah, pour ça, il bouge le mastodonte, il vacille même, il tremble, il ne tient plus debout...
Du dégoût. 
"Éducation nationale".....Mais, oui, bien sûr....Elle n'existe plus la grande maison. Enfin, si mais c'est un sacré Bordel. 

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