Le Soi et les actes

C'est en repensant à une séance de natation avec mes anciens élèves que j'ai pris conscience de ce que je fais en méditation...


"Un enfant n'arrive pas en crawl à garder les deux jambes dans l'axe, son genou gauche part en diagonale, comme s'il faisait une demi-brasse. Je peux toujours répéter inlassablement la même consigne, ça sera inutile si l'enfant ne parvient pas lui-même à "observer" ce qu'il fait. Il doit parvenir à ressentir cette jambe en observant simultanément en lui la conscience de cet acte. 

"Tu n'es pas un nageur, tu es un corps qui tente de réaliser un geste technique destiné à te faire nager. Mais si tu restes juste enfermé dans ce corps, tu ne peux pas voir ce qu'il fait, tu te contentes de reproduire des gestes que tu ne "vois" pas et donc, tu ne peux pas les corriger. Tu ne dois donc pas rester à l'état de nageur mais devenir celui qui observe ce nageur. Tu dois prendre conscience de tes actes afin de ne pas être simplement un corps qui agit mais devenir pleinement celui qui œuvre à la maîtrise parfaite de ces gestes de nageur. Le fait de nager n'est pas une fin en soi, ça n'est pas un objectif, ce qui importe, c'est que tu apprennes à observer ce que tu fais. À partir de là, tu ne seras pas qu'un nageur mais le maître du nageur, le maître de ton corps. Je sais bien que tu ne peux pas voir réellement tes jambes derrière toi quand tu nages mais tu peux les voir par l'intérieur. Apprends à te concentrer sur cet endroit précis, défais-toi de tout le reste."



Lorsque je médite, j'observe en moi les phénomènes mais je reste conscient d'être un observateur. Je ne m'identifie pas avec les actes eux-mêmes sinon, il est impossible d'aller vers la maîtrise. Il s'agit de rester le Superviseur et non de se concentrer simplement sur les postures ou la respiration. 

Si je ne parviens pas à extraire de moi les pensées récurrentes et que je m'efforce de les rejeter, je leur donne automatiquement l'énergie nécessaire pour se maintenir. C'est comme nourrir celui qu'on aimerait voir mourir de faim...

"Ne t'invente pas des armées d'ennemis pour excuser tes propres faiblesses."

Il n'y a que l'observation de celui qui observe qui puisse créer la plénitude. Sinon, ça n'est pas le Soi que j'éveille mais la prétention du Moi qui entretient les combats, juste pour se glorifier et exister. 

En même temps, je bénis ce Moi qui cherche à maintenir ses prérogatives car sans lui, je n'aurais pas de miroir dans lequel retrouver cette Conscience réelle. 

C'est parce que j'observe en pleine conscience les tourments du Moi que le Soi apparaît. Le "Je" sert de passerelle...

 

 

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