Le vrai du faux.

 

L'exemple type du pataques habituel de l'ultra communication.

D'un côté une condamnation pour inaction et de l'autre, un gouvernement qui se félicite d'avoir atteint son objectif. (objectif qu'il avait baissé au préalable) .

Le problème de cette concurrence médiatique, de ce verbiage constant, de cette volonté d'occuper le terrain, c'est le renforcement de ce brouhaha dans la tête des lecteurs, auditeurs, spectateurs.

Dans quelques jours, une autre information sortira, dans un sens ou dans l'autre, et ça fera les gros titres pendant une journée. Et par lassitude, par habitude, par dépit, la plupart des gens ne chercheront plus à extraire le vrai du faux ou le faux du vrai. 

 

 

 

vrai ou fake

 

La France a-t-elle vraiment diminué ses émissions de gaz à effet de serre au-delà de ses objectifs, comme l'affirme Emmanuel Macron ?

 

La France a bien dépassé son objectif de réduction pour 2019, comme l'ont souligné dimanche Emmanuel Macron et Barbara Pompili. Mais le plafond fixé pour cette année-là avait été relevé. La baisse doit, en outre, s'accentuer dans les années à venir si le gouvernement veut tenir ses engagements.

Article rédigé par

Benoît Zagdoun

France Télévisions

Publié le 09/02/2021 14:09Mis à jour le 09/02/2021 15:27

 Temps de lecture : 5 min.

Emmanuel Macron, le 14 décembre 2020 à Paris, lors d'une rencontre avec les membres de la Convention citoyenne pour le climat. (THIBAULT CAMUS / AFP)

Emmanuel Macron, le 14 décembre 2020 à Paris, lors d'une rencontre avec les membres de la Convention citoyenne pour le climat. (THIBAULT CAMUS / AFP)

Un cocorico en règle. "La France a baissé ses émissions de gaz à effet de serre en 2019 de 1,7%. C’est au-delà de notre objectif !", se félicite Emmanuel Macron dans un tweet dimanche 7 février. Même satisfecit quelques heures plus tôt de la part de la ministre de la Transition écologique. "En 2019, la France a tenu ses engagements climatiques et c'est une excellente nouvelle", s'enthousiasme Barbara Pompili dans un entretien au Journal du dimanche. La membre du gouvernement se réjouit d'annoncer que "nous avons, en 2019, baissé nos émissions de gaz à effet de serre de 1,7%, contre 1,5% fixé dans notre stratégie !" 

Barbara Pompili juge aussi que "cela veut dire que les mesures que nous avons prises – le remplacement des chaudières au fioul par exemple – fonctionnent". Ces affirmations ont fait bondir l'opposition de gauche et les militants écologistes, qui dénoncent un coup de com' à l'approche de la présentation, mercredi en Conseil des ministres, du projet de loi climat issu des propositions de la Convention citoyenne. Alors, le chef de l'Etat et la ministre disent-ils vrai ou non ?

Une baisse légère et conjoncturelle

Le ministère de la Transition écologique a précisé, lundi dans un communiqué, que la France avait émis 437 millions de tonnes d'équivalent CO2 (Mt CO2e) de gaz à effet de serre en 2019, selon l'estimation actualisée du Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (Citepa). Cette association, dont les travaux servent de référence, a calculé qu'en 2018 les émissions françaises s'élevaient à 444,8 Mt CO2e. Avec 7,8 Mt CO2e d'émissions en moins en un an, la baisse est donc bien de 1,7%, et même un peu plus (1,75% précisément). 

Toutefois, cette légère inflexion des émissions de gaz à effet de serre constatée en 2019 apparaît bien davantage liée à la conjoncture qu'aux mesures prises par le gouvernement. Le Citepa note ainsi qu'elle est due à 55% à une moindre consommation énergétique des bâtiments. L'hiver ayant été doux, les Français ont fait marcher leur chauffage moins fort.

Quant à l'autre principale baisse mesurée, elle est liée à la désindustrialisation de la France. La diminution de la production d’acier, de ciment ou de verre a entraîné une diminution de la consommation de gaz naturel et de charbon de l'industrie chimique et métallurgique, relève le Citepa. Le Citepa note toutefois un ralentissement de cette réduction des émissions puisqu'elle avait été de 4% entre 2017 et 2018 (18,7 Mt CO2e d'émissions en moins).

L'objectif 2019 a été modifié début 2020

Avec 437 Mt CO2e émises en 2019, la France est certes en dessous (de 6 Mt CO2e) de l'objectif de 443 Mt CO2e qu'elle s'était imposé. Mais c'est oublier que le gouvernement l'a revu à la baisse, le rendant "plus facile à atteindre", dénonce sur Twitter Anne Bringault, coordinatrice des opérations pour le Réseau action climat. "L'objectif initial était une baisse de 2,3%", rappelle-t-elle, jugeant que "reporter les baisses à plus tard n'est pas responsable".

Cet objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre est inscrit noir sur blanc dans la Stratégie nationale bas carbone. Cette SNBC, née en 2015 avec la loi sur la transition énergétique, sert de "feuille de route" à la France dans la lutte contre le réchauffement climatique, comme l'explique le ministère de la Transition écologique. Celle-ci détermine des budgets carbone, c'est-à-dire les plafonds d'émissions de gaz à effet de serre à ne pas dépasser, exprimés en millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2e). Ces objectifs à court et moyen termes tracent une trajectoire jusqu'à 2050. Avec la neutralité carbone comme but ultime à cette date.

Le premier budget carbone, entre 2015 et 2018, n'a pas été tenu, souligne le Citepa. Les 442 Mt CO2e annuelles moyennes visées ont en réalité atteint 456 Mt CO2e. Le tribunal administratif de Paris vient d'ailleurs de condamner l'Etat pour "carence" dans le non-respect de ses engagements sur cette période. 

Une baisse qui doit s'accélérer pour respecter les budgets carbone

Pour le deuxième budget carbone, qui couvre la période 2019-2023, le plafond annuel moyen d'émissions a d'abord été fixé à 398 Mt CO2e, puis à 421 Mt CO2e. Mais la SNBC a été revue. Dans sa version de mars 2020, le plafond annuel moyen des émissions a encore été relevé à 422 Mt CO2e. A partir de 2020 et jusqu'en 2023, il est prévu qu'il soit raboté de 13 Mt CO2e chaque année. Mais pour 2019, le seuil était ainsi encore de 443 Mt CO2e. Cela tombe bien car dans une pré-estimation provisoire, le Citepa tablait sur 441 Mt CO2e d'émissions en 2019. Juste en dessous de la barre fatidique.

Pour autant, même si ces 437 Mt CO2e d'émissions permettent de respecter l'objectif pour 2019, ce chiffre reste inférieur à la moyenne de 422 Mt CO2 à atteindre sur la période 2019-2023. Afin que les objectifs des années suivantes soient atteints, il faudra que la baisse soit de 3% par an en moyenne à partir de 2020, et non de 1,7% seulement.

La pandémie de Covid-19 pourrait avoir aidé le gouvernement à atteindre son objectif pour l'année écoulée. Le Citepa fait remarquer que le confinement, le coup de frein donné au secteur des transports et la crise économique ont provoqué une "forte baisse" des émissions de gaz à effet de serre, au moins pendant une partie de l'année. Le Haut Conseil pour le climat (HCC) estimait dans un rapport rendu en avril que la pandémie pourrait avoir entraîné une chute des émissions de l'ordre de 5 à 15%.

Le gros de l'effort est en réalité reporté à plus tard. Le troisième budget carbone (pour la période 2024-2028) prévoit une réduction des émissions de l'ordre de 15%, avec un plafond fixé à 359 Mt CO2e par an en moyenne. Puis le quatrième budget carbone (2029 à 2033) table sur 300 Mt CO2e émises par an en moyenne, soit plus de 16% de baisse.

 

"Affaire du siècle" : l’État condamné à verser un euro symbolique à quatre associations en réparation de leur préjudice moral

 

Le tribunal donne deux mois au gouvernement avant de se prononcer sur l’injonction à agir demandée par les associations. "L'inaction climatique de l'État est jugée illégale", se réjouit Greenpeace.

Article rédigé par

Etienne Monin

Radio France

Publié le 03/02/2021 10:34Mis à jour le 03/02/2021 14:41

 Temps de lecture : 1 min.

Des militants contre le changement climatique participent à un happening, le 14 janvier 2021, avant une audience au tribunal administratif de Paris dans "L'Affaire du siècle". (THOMAS SAMSON / AFP)

Des militants contre le changement climatique participent à un happening, le 14 janvier 2021, avant une audience au tribunal administratif de Paris dans "L'Affaire du siècle". (THOMAS SAMSON / AFP)

Le tribunal administratif de Paris a condamné l’État à verser un euro symbolique à quatre associations, pour ne pas avoir tenu ses engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre. Les juges ont rendu leur décision mercredi 3 février, près de trois semaines après l’audience de "l’Affaire du siècle". "À hauteur des engagements qu'il avait pris et qu'il n'a pas respectés dans le cadre du premier budget carbone, l'État doit être regardé comme responsable (...) d'une partie du préjudice écologique constaté", ont tranché les juges.

La Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace, Oxfam et l’association Notre Affaire à tous poursuivaient l’État pour inaction climatique. Les ONG obtiennent chacune un euro symbolique en réparation du préjudice moral. En revanche, elles ne peuvent pas se prévaloir du préjudice écologique.

Deux mois de sursis

Les juges ont globalement suivi les préconisations de la rapporteure publique lors de l'audience mi-janvier, qui avait proposé de reconnaître la "carence fautive" de l'État et suggéré de surseoir à la demande d'enjoindre l'État à prendre des mesures supplémentaires contre le réchauffement. Le tribunal a ainsi donné deux mois au gouvernement avant de se prononcer. Les juges attendent les observations des ministres compétents avant de décider s’ils ordonnent à l’État de prendre toutes les mesures permettant d’atteindre les objectifs que la France s’est fixés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Dans un communiqué publié à la mi-journée, le gouvernement a indiqué qu'il prenait "acte" de la décision du tribunal, tout en soulignant qu'il restait "pleinement engagé pour relever le défi climatique, en ne laissant personne au bord du chemin de cette indispensable transition".

C’est le premier grand procès sur le climat en France. L’action avait été lancée il y a un peu plus de deux ans, soutenue par une pétition qui avait recueilli plus de deux millions de signatures.

 

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