"La théorie du ruissellement"

 

Théorie du ruissellement

 


 

Définition de théorie du ruissellement


La locution "théorie du ruissellement" est la traduction de l'anglais trickle down economics. C'est une théorie économique d'inspiration 
libérale qui affirme que, hors destruction ou thésaurisation, les revenus des personnes les plus riches sont, en fin de compte, réinjectés dans l'économie au moyen de la consommation et de l'investissement. Elle affirme que les revenus des plus riches contribuent à la croissance de l'activité économique et à la création d'emplois, dont profite l'ensemble de la société.

Si la théorie du ruissellement apparait au cours du XXe siècle, c'est dans les années 1980 avec les politiques économiques très libérales mises en oeuvre par Ronald Reagan aux Etats-Unis et par Margaret Thatcher au Royaume-Uni qu'elle fait son apparition dans le 
débat public. Elle permet de justifier une politique de baisse d'impôts et de réduction des moyens de l'Etat, en assurant une hausse des revenus des particuliers. Par le biais de la consommation et des investissements, ces revenus servent à rémunérer différents prestataires sous forme de salaires et à soutenir l'économie, se substituant ainsi aux dépenses de la collectivité (salaires de fonctionnaires, indemnités aux chômeurs, grands travaux, etc.) qu'assurait l'Etat.


"Donner les réductions d'impôts aux tranches supérieures, aux individus les plus riches et aux plus grandes entreprises, et laisser les bons effets "ruisseler" à travers l'économie pour atteindre tout le monde."

David Stockman, Directeur du budget de Ronald Reagan - interview à The Atlantic - 1981


En 2017, la politique fiscale du 
gouvernement français, notamment la suppression de l'ISF et l'instauration du prélèvement forfaitaire unique (PFU) dit "flat tax" pour les revenus du capital, est dénoncée par la France Insoumise comme s'appuyant sur la "théorie du ruissellement", ce que conteste le ministre de l'économie Bruno Lemaire. Le président de la République Emmanuel Macron, quant à lui, défend sa politique en utilisant la métaphore des "premiers de cordée". 

À l’automne, lors d’une interview télévisée, le président avait déclaré que "Si l'on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée, c'est toute la cordée qui dégringole", comme le rappelle le Huffington Post. Des propos qui avaient fait bondir l’opposition, et qu’il clarifie aujourd’hui:

"Ce n’est pas le premier de cordée qui tire les autres sur la corde. Chacun doit aller, aspérité après aspérité, prendre sa propre prise. Mais quelqu’un a ouvert la voie", a déclaré le président.



Pour certains économistes, la théorie du ruissellement n'est défendue par personne et ne serait utilisée que de manière péjorative par les opposants aux politiques libérales. Pour d'autres, elle n'est qu'une 
utopie, une fable, ... un moyen de justifier des politiques en faveur des plus riches et des grandes entreprises, avec pour conséquence l'accroissement des inégalités.

 

>>> Thème : Economie

>>> Bibliographie : 
Le mythe de la "théorie du ruissellement" (Arnaud Parienty, Ed. La Découverte, 2018)

 

Théorie du ruissellement

 

La théorie du ruissellement ou théorie du ruissèlement (en anglais, trickle down economics) est une théorie économique non démontrée et critiquée par une majorité d'économistes selon laquelle l'État doit permettre l'enrichissement des personnes les plus riches afin que celles-ci réinjectent dans le système économique — par le biais de l'épargne (investissement) ou de la consommation — les revenus engrangés. Cela contribuerait à augmenter l'activité économique et l'emploi du reste de la société, davantage que si les revenus ainsi investis avaient été prélevés et redistribués via les impôts et les prélèvements sociaux.

Sommaire

1Concept

2Histoire de l'expression

2.1En économie

2.2Dans la culture populaire

2.3En politique

3Critiques et limites

3.1Déficit d'arguments

3.2Propension marginale à consommer décroissante

3.3Thésaurisation

3.4Accroissement des déficits et de la dette

3.5Accroissement des inégalités et ralentissement de la croissance

3.6Effets sur l'emploi

4Notes et références

5Voir aussi

5.1Bibliographie

5.2Articles connexes

Concept[modifier | modifier le code]

La théorie du ruissellement estime qu'une politique favorisant les revenus des plus riches, notamment par une réduction de leurs impôts, profite à toute l'économie. Cette réduction d'impôts permettrait de dégager des revenus auparavant ponctionnés par l’État, qui seraient réinvestis par les plus riches dans l'économie. Ce réinvestissement « ruissellerait » ainsi jusqu'aux classes populaires1.

Arnaud Parienty distingue en 2018 trois types de ruissellement. Le ruissellement « naïf » consiste à affirmer que la redistribution vers les plus favorisés est consommée par ces derniers et améliore le sort des plus pauvres. Le ruissellement « faible » consiste à affirmer que les sommes redistribuées aux plus favorisés permettront de mettre en branle des mécanismes favorables à la croissance, améliorant les salaires des plus pauvres ; l'épargne des plus riches serait canalisée sous forme d'investissement. Le ruissellement « fort », enfin, serait un ruissellement où le gain de richesses permis par les dépenses et investissements des plus riches permettrait non seulement de générer de la croissance, mais en plus, d'augmenter les recettes fiscales de l'État2.

Selon Nicholas Kaldor, lorsqu'une économie se trouve en situation de sous-investissement, l’État peut essayer de provoquer une hausse de l'investissement des plus riches par le biais d'une redistribution des richesses vers le haut3.

Histoire de l'expression[modifier | modifier le code]

En économie[modifier | modifier le code]

Le terme de « ruissellement » est employé par Arthur Okun afin de désigner les bienfaits de la diffusion large de l'innovation dans une économie. Ces bienfaits profitent à tous en partant du haut au fur et à mesure que l'innovation est vendue au grand public4. Or, l'innovation affecte la distribution des revenus, puisque le surplus de l'innovation prend notamment la forme d'augmentations des salaires réels, qui se diffusent dans toute l'économie, selon le prix Nobel d'économie Paul Romer5. L'économiste William Baumol remarque que « l'augmentation générale sans précédent du niveau de vie du monde développé depuis la Révolution industrielle n'aurait pu avoir lieu, pour sa plus grande part, sans les innovations de cette révolution »6.

Le dictionnaire Merriam-Webster note que le premier usage du mot « ruissellement » dans le sens économique remonte à 19447, et celui de « théorie du ruissellement » à 19548.

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

William Jennings Bryan critique la théorie du ruissellement lors du discours de la Croix d'or de 1896.

En 1896, William Jennings Bryan, candidat démocrate à l'élection présidentielle, utilise le premier la métaphore du ruissellement, sans utiliser ce terme, lors du discours de la Croix d'or :

« Il y a deux conceptions du gouvernement. Il y a ceux qui croient que si on légifère simplement pour laisser prospérer les plus riches, leur prospérité retombera sur ceux en-dessous. La conception démocrate veut que si on légifère pour rendre les masses prospères, leur prospérité remontera à travers toutes les classes qui se reposent sur elle »9,10.

L'humoriste Will Rogers plaisante dans un journal de 1932, pendant la Grande Dépression11 :

« Cette élection a été perdue il y a quatre et six ans, non pas cette année. Ils [les Républicains] n'ont commencé à penser au commun des mortels qu'au début de la campagne électorale. L'argent a été attribué en totalité aux classes supérieures en espérant qu'il parviendrait aux nécessiteux. M. Hoover était ingénieur. Il savait que l'eau ruisselle. Mettez-la en haut d'un versant et laissez-la partir, elle atteindra le point le plus sec. Mais il ne savait pas que l'argent remonte. Donnez-le aux gens au bas de l'échelle, les gens en haut l'auront avant la nuit, d'une façon ou d'une autre. Mais au moins, il sera passé entre les mains des pauvres. Ils ont sauvé les grandes banques, mais les petites sont parties en fumée. »12

En politique[modifier | modifier le code]

La théorie du ruissellement apparaît dans le débat public dans les années 1980 avec Ronald Reagan et Margaret Thatcher13.

Ronald Reagan présente son plan de baisse d'impôts en 1981.

Ronald Reagan, président des États-Unis de 1981 à 1989, met en pratique les Reaganomics. Le taux marginal d'imposition passe de 70% en 1980 à 28% en 1987. Les inégalités et la dette augmentent, et la croissance est plus faible14.

Interrogé en 2017, Emmanuel Macron, président de la République française, défend quant à lui la métaphore des « premiers de cordée »15.

Critiques et limites[modifier | modifier le code]

Déficit d'arguments[modifier | modifier le code]

La théorie du ruissellement n'est soutenue par presque aucun économiste. Il est quasiment impossible de trouver un économiste qui, depuis les années 1990, ait pu prouver l'existence d'effets bénéfiques d'une baisse d'impôts sur les plus riches sur la croissance16. Cela conduit le journaliste économique Jean-Marc Vittori à écrire que si la théorie économique du ruissellement n'existe pas dans le monde académique, elle continue d'être proposée politiquement17,18.

Le sociologue et historien Richard Sennett considère que la théorie du ruissellement est efficace car elle permet de faire rêver d'une économie et donc d'une vie meilleure aux pauvres, de manière analogue à la promesse du paradis de la Bible19.

Propension marginale à consommer décroissante[modifier | modifier le code]

Un argument utilisé à l'encontre de la théorie du ruissellement est que la propension marginale à consommer décroît en fonction des revenus. Le sociologue Jean Ziegler remarque ainsi que les besoins n'étant pas illimités, il est peu probable que quelqu'un qui gagne 150 000 € par mois dépense, comme celui qui gagne 1 500 €, 20 % de son revenu dans l'alimentation19.

Thésaurisation[modifier | modifier le code]

La théorie du ruissellement se fonde sur l'hypothèse selon laquelle un gain de revenus des plus riches serait immédiatement et en grande partie réinvesti dans l'économie. Cela n'est pas démontré. Une étude de 2012 du Tax Justice Network tend à montrer que l'épargne des très riches, plutôt que de ruisseler vers le bas, ruissellerait vers les paradis fiscaux où elle n'est pas taxée20.

Accroissement des déficits et de la dette[modifier | modifier le code]

Ziegler remarque que l'échec des politiques de ruissellement se traduit par la perte de revenus de l’État, due à ce que les baisses d'impôts sur les plus riches ne sont pas compensées par un accroissement des revenus suffisant pour accroître la base d'imposition. Cela entraîne des déficits budgétaires importants. La baisse des revenus mène également au démantèlement des services publics, qui a été à la source de la paupérisation croissante des couches inférieures des sociétés occidentales21.

Accroissement des inégalités et ralentissement de la croissance[modifier | modifier le code]

Les années après la crise économique mondiale de 2008 voient la publication de plusieurs recherches tendant à montrer que l'accroissement des inégalités ralentit la croissance économique et fait augmenter le chômage22,23. Certaines études régionales ou nationales, comme aux Philippines, montrent que les baisses d'impôts sur les plus riches n'ont ruisselé qu'en infime partie sur les classes non-aisées, qu'elles n'ont pas stimulé l'investissement, et qu'elles ont mené à une augmentation des inégalités24.

Le papier du FMI conclut que « si la part du revenu des 20 % les plus riches augmente, la croissance du PIB diminue sur le moyen terme, ce qui suggère que les bénéfices ne ruissellent pas. A contrario, une augmentation de la part des 20 % les plus pauvres est associée avec une augmentation du PIB »25. Les canaux de l'épargne, de l'investissement, du crédit et de la consommation sont moins efficaces pour générer de la croissance lorsque les inégalités sont fortes26.

Effets sur l'emploi[modifier | modifier le code]

Une étude de 2019 du Journal of Political Economy analysant des données de différents pays montre que les baisses d'impôts sur les plus riches n'ont aucun effet ou seulement une faible influence sur le niveau d'emploi. L'étude montre une relation importante entre la baisse d'impôts sur les plus pauvres et la création d'emplois27.

Une étude de 2020 menée par des chercheurs de la London School of Economics analyse les conséquences de baisses d'impôts sur les plus riches dans dix-huit pays membres de l'OCDE. Les résultats indiquent que ces baisses d'impôts n'ont eu aucun effet significatif sur l'emploi, ainsi que sur la croissance. Elles ont toutefois fait augmenter les inégalités28.

 

 

 

On voit ici ce que ça donne chez les ultra riches. Quant au "ruissellement", on l'attend toujours. Et à propos des premiers de cordée, ça fait longtemps qu'ils ont coupé la corde. 

 

Publié le 29/01/2022 06:54Mis à jour le 29/01/2022 17:36

 Temps de lecture : 6 min.

De gauche à droite : Françoise Bettencourt-Meyer, Gérard Wertheimer, François Pinault, Alain Wertheimer et Bernard Arnault, les cinq Français les plus riches. (PHOTOS : AFP, GETTY – MONTAGE : PIERRE-ALBERT JOSSERAND / FRANCEINFO)

De gauche à droite : Françoise Bettencourt-Meyer, Gérard Wertheimer, François Pinault, Alain Wertheimer et Bernard Arnault, les cinq Français les plus riches. (PHOTOS : AFP, GETTY – MONTAGE : PIERRE-ALBERT JOSSERAND / FRANCEINFO)

La fortune des Français les plus riches a davantage augmenté pendant la pandémie que ces dix dernières années, selon un récent rapport d'Oxfam.

Ils sont deux fois plus riches qu'avant la crise. Entre le début de la pandémie en mars 2020 et la fin de l'année 2021, la fortune des cinq Français les plus riches a augmenté de 173 milliards d'euros, selon Oxfam (PDF). C'est plus que ce qu'a coûté la crise sanitaire et économique liée au Covid-19 en 2021. Cet enrichissement massif concerne d'ailleurs la quarantaine de milliardaires que compte la France. Sur cette période de dix-neuf mois, "les richesses des grandes fortunes françaises ont bondi de 86%, soit un gain de 236 milliards d'euros", écrit Oxfam. A titre de comparaison, "elles avaient augmenté de 231 milliards d'euros en dix ans, entre 2009 et 2019". Une augmentation fulgurante qui interroge, alors que la crise sanitaire a dans le même temps fragilisé les plus précaires.

Comment expliquer cet enrichissement d'une poignée de personnes ? Cette situation française est-elle exceptionnelle ? Franceinfo répond, graphiques à l'appui, aux questions que soulève cette augmentation des grandes fortunes.

Cette hausse est-elle exceptionnelle ?

C'est du jamais vu pour Bernard Arnault, le dirigeant de LVMH, numéro 1 mondial du luxe avec des marques comme Louis Vuitton ou Dior, Françoise Bettencourt-Meyer, actionnaire majoritaire de L'Oréal, François Pinault à la tête de Kering, dont font partie les marques Gucci ou Yves Saint Laurent, et les frères Alain et Gérard Wertheimer qui se partagent la propriété de Chanel. La fortune de ces cinq milliardaires, les plus riches de France, a plus que doublé en un an et demi. Le champion incontesté est Bernard Arnault, avec une hausse de presque 100 milliards entre mars 2020 et octobre 2021.

"Il faut garder à l'esprit que mars 2020, c'est le point bas. C'est le moment où la Bourse a beaucoup chuté au début de l'épidémie de Covid, et donc la comparaison avec mars 2020 rend les écarts particulièrement impressionnants", précise Catherine Lubochinsky, économiste à l'université Paris 2 et spécialiste de la finance, auprès de franceinfo.

Le classement de Challenges, qui fait le point en septembre de chaque année sur les grandes fortunes françaises, permet d'observer l'évolution sur dix ans. Ce palmarès est légèrement différent puisqu'il est calculé par famille. Ces cinq milliardaires sont bien présents, mais les frères Wertheimer sont comptés ensemble, ce qui fait entrer la famille Hermès dans le top 5.

Le constat reste le même que celui d'Oxfam : l'augmentation de 2021 est la plus importante jamais constatée. Leur fortune cumulée était déjà en hausse presque permanente depuis dix ans et ce phénomène s'était déjà accéléré depuis 2016. Ces dix dernières années, la fortune des cinq familles les plus riches de France a ainsi été multipliée par 6,5.

Comment se sont-ils enrichis ?

"Leur fortune est principalement composée d'actions. La valeur de ces actions a augmenté", explique à franceinfo Pierre-Noël Giraud, économiste spécialiste des inégalités. Si les Bourses mondiales ont chuté lourdement en février et mars 2020, elles sont rapidement reparties à la hausse. En France, le CAC40 a retrouvé son niveau d'avant-crise dès le mois de mars 2021 et a même atteint un nouveau record historique au début du mois de janvier 2022.

En Europe, la BCE a créé un programme d'achats d'urgence face à la pandémie. En tout, 1 850 milliards d'euros ont été injectés par la BCE pour acheter aux banques des titres de dettes, privées ou publiques, dans une logique de "quoi qu'il en coûte" financier. Cet argent n'a pas directement servi à acheter des actions, mais à rassurer les investisseurs et à faire baisser les taux d'intérêts, ce qui a profité in fine aux marchés boursiers et fait monter le prix des actions. Des programmes similaires existaient déjà depuis 2007, mais la somme dépensée lors de la crise sanitaire est sans commune mesure.

"Le but de la Banque centrale, quand elle mène sa politique d'achat, n'est pas d'enrichir les plus riches, détaille Pierre-Noël Giraud. Elle le fait pour éviter une crise financière qui se répercuterait sur l'économie réelle. L'enrichissement des grandes fortunes financières en est une conséquence mécanique connue depuis le début." Quentin Parrinello, responsable du plaidoyer chez Oxfam France, souligne de son côté que "l'enrichissement des ultrariches pendant la crise n'est pas dû à leurs bonnes décisions, mais à l'intervention publique".

Y a-t-il une exception française ?

Des programmes similaires à celui de la BCE ont été mis en place un peu partout dans le monde et le rebond rapide des marchés financiers a donc été observé à l'échelle mondiale. De nombreuses places boursières ont enregistré des niveaux records ces derniers mois, selon Capital.

"La hausse des grandes fortunes est un phénomène mondial, mais les fortunes françaises ont particulièrement progressé. Bernard Arnault est le deuxième homme qui s'est le plus enrichi au monde depuis le début de la crise, derrière Elon Musk", fondateur de Tesla et Space X, précise Quentin Parrinello. En Asie, la palme de l'enrichissement revient à l'industriel indien Gautam Adani, spécialisé dans la production d'énergie fossile, dont la fortune a été multipliée par huit pendant la crise sanitaire.

Les grandes fortunes françaises profitent de la bonne santé du secteur du luxe. "Comme les riches s'enrichissent globalement malgré la crise, ils continuent à consommer du luxe", explique Catherine Lubochinsky. Par exemple, le groupe LVMH de Bernard Arnault a vu son chiffre d'affaires baisser en 2020 à cause des confinements stricts partout dans le monde. Mais le rebond ne s'est pas fait attendre puisque le chiffre d'affaires en 2021 a dépassé de près de 20% celui de 2019, avant l'épidémie de Covid-19.

C'est surtout au niveau boursier que la comparaison avec les niveaux d'avant-crise est la plus impressionnante. Entre janvier 2020 et janvier 2022 la hausse de LVMH au CAC40 est de plus de 70%. Il a profité de l'augmentation globale des marchés financiers et de la chute d'autres secteurs plus fragilisés par la crise du Covid-19, comme le tourisme, pour devenir plus attractif auprès des investisseurs.

Les milliardaires français sont-ils mis à contribution pour rembourser la "dette covid" ?

Pour Oxfam, l'équation est simple : "Puisque c'est l'intervention publique de la BCE qui a aidé ces ultrariches à accroître leur fortune, ce serait normal que soit à eux de contribuer pour rembourser la dette covid." Les près de 2 000 milliards d'euros dépensés par la BCE ne sont pas de l'argent public issu de taxes ou d'emprunts d'Etat, mais de la création monétaire, ce qui peut notamment créer de l'inflation. Cette dernière est justement en hausse mais l'augmentation des prix de l'énergie, liée à la reprise économique, semble en être davantage responsable que l'argent injecté sur les marchés par la BCE.

Pour faire contribuer les plus fortunés, Catherine Lubochinsky estime qu'il est difficile de taxer la hausse de valeur d'une action, car il s'agit de plus-value potentielle. "La plus grande valorisation d'une action ne crée directement de l'argent pour son propriétaire que lorsqu'elle est vendue, explique l'économiste. C'est comme quand la valeur de votre logement augmente : si vous ne le vendez pas, cette augmentation ne vous rend pas plus riche en réalité. En plus, cette hausse de valeur est temporaire et peut très bien repartir à la baisse ensuite. Mais au moment de la vente, là il y a possibilité d'une taxation." Cette taxation des revenus du capital a précisément été allégée par Emmanuel Macron en 2018, via la "flat tax".

"Il pourrait également y avoir une vraie politique de taxation sur les très hauts revenus, car aujourd'hui ils arrivent largement à échapper à l'impôt et c'est vraiment un problème", ajoute l'économiste. Selon Quentin Parrinello, d'Oxfam, ce n'est cependant pas la piste privilégiée par la France : "Le gouvernement est en train de réfléchir aux solutions pour payer la facture de la crise et pour l'instant les milliardaires ne semblent pas devoir être mis à contribution."

 

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