Musique à l'école

 

Je vais travailler l'écoute musicale avec mes prochains élèves.

Je ne sais pas chanter, j'ai une voix très "limitée" mais je peux leur apprendre à écouter...

Les musiques répétitives représentent un espace musical très intéressant pour travailler l'audition, la concentration, la différenciation, la capacité à s'extraire d'un son pour en percevoir un autre, plus discret, en arrière-plan...La répétition permet ce travail. L'absence de paroles aussi. D'ailleurs, pour moi, la musique et le chant sont deux espaces différents. Sans aucune hiérarchie. Il ne s'agit pas de savoir si l'un est mieux que l'autre ou s'ils sont indiossociables ou quoi que ce soit d'autre. C'est juste que selon moi, pour apprendre à écouter de la musique, il ne doit pas y avoir de paroles parce que les mots captent considérablement l'attention. Je ne parle pas bien évidemment des "bouses" anglo saxonnes que les enfants écoutent sur leurs ordinateurs, smartphones et autres high tech. 

Je leur ferai certainement écouter du Ferré, Barbara, Brassens ou Brel.

Là, je parle de musique, d'instruments, de mélodie. 

Je cherche également à travers la concentration à les amener progressivement vers la méditation. 

Au début, il s'agira simplement "d'absorber" les notes de piano... Elles ne sont pas nombreuses... Rien d'autre...Et dans l'espace entre chaque note, observer en soi le silence, c'est à dire, la "non-pensée"... Et le fait de se concentrer sur le piano et d'attendre la touche suivante, l'enfant écoutera l'espace intérieur, le vide en soi, la respiration, l'immobilité. 

Oh, bien sûr, la première séance sera chaotique. Peu importe.

Je n'ai pas appris à écouter ces musiques du lundi au mardi.

Et puis, ensuite, on passera à la rythmique.

Et puis ensuite au synthétiseur.

Ou aux quelques notes de guitare basse.

Et puis à ces quelques voix, très lointaines, qu'on devine parfois...

Et puis, on reviendra au piano...

Et on recommencera...

Et lorsque, après dix ou vingt ou trente écoutes, ils auront "absorbé" le morceau, ils le "chanteront".

Certains joueront le piano, non pas en essayant de trouver l'instant exact de la note mais en la répétant, en essayant d'être le plus "juste" possible, d'autres tiendront la rythmique, (tchictchitchitchic...tchictchitchitchic....d'autres les vagues longues du synthétiseur (mmmmmmm........ohohohohoh.... mumumumumum.....) 

Juste pour le plaisir.

Puis ensuite, on "agrandira" l'espace et on cherchera en quoi cette musique porte une certaine similarité avec l'existence...

Ces sons répétitifs comme des situations qui reviennent sans cesse, à intervalles réguliers ou pas, ces vagues sonores qu'on devine à peine mais qui existent pourtant, toutes ces petites notes joyeuses, lumineuses qui nous échappent si on n'y prend pas garde, si on ne parvient pas à s'extraire de la mélodie la plus vaste... Il est dans chaque journée des moments auxquels il faut accorder une attention particulière pour qu'ils ne tombent pas dans l'oubli, pour qu'ils ne dépérissent pas. Il est dans chaque journée des bruits entêtants qui couvrent les notes les plus pures. 

Il faut apprendre à écouter... L'ensemble. 

Pour être. 

Le sourire d'un ami est une note de piano.

La parole bienveillante en est une autre.

Tout doit être entendu même quand le vacarme existe.

Il faut apprendre à écouter ce qui ne s'entend pas au premier abord. 

Un oiseau qui chante dans le tumulte de la ville.

Un moment de silence dans le brouhaha de la cour de récréation.

Un nuage blanc solitaire au-dessus des montagnes.

Comme des notes de piano dans les vagues sonores qui s'étendent. 

Et comprendre enfin que les notes de piano, toutes seules, n'auraient pas la même douceur.

 

 

 

 

 

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