Syndrome de Stockholm

 

 

Syndrome de Stockholm

 

Rémy C. Martin-Du-Pan

https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2009/revue-medicale-suisse-201/syndrome-de-stockholm

Il désigne la propension des otages ayant partagé longtemps la vie de leur geôlier à sympathiser avec eux et à adopter leur point de vue. L’histoire du syndrome remonte à un hold-up dans une banque commis à Stockholm en 1973 par deux évadés de prison qui prennent en otage quatre employés. Après six jours de négociation, ils libèrent les otages qui vont s’interposer entre les forces de l’ordre et leurs ravisseurs, qu’ils iront visiter par la suite en prison.

Le syndrome est caractérisé par: 1) le développement d’un sentiment de confiance des otages vis-à-vis de leurs ravisseurs, dans la mesure où ces derniers arrivent à justifier leur acte; 2) la naissance d’un sentiment positif des ravisseurs envers leurs otages et 3) l’apparition d’une hostilité des victimes envers les forces de l’ordre.

Il s’agit d’un phénomène paradoxal de fraternisation entre agresseurs et agressés, comme on l’a rencontré lors de la Première Guerre mondiale entre soldats français et allemands, justifiant le dicton qu’à la guerre on «devrait toujours tuer les gens avant de les connaître».

 

Je réfléchis à quelque chose depuis quelque temps, c'est encore chaotique dans ma tête mais ça commence à prendre forme. Certains vont penser à la lecture de la suite que tout ça relève d'un pur délire mais tant pis.

Il convient tout d'abord d'identifier les différents protagonistes.

1) Nous sommes les otages, tous autant que nous sommes.

2) Il n'y a pas de preneurs d'otages à proprement parler.

3) Il convient de s'intéresser à la notion d'égrégore pour identifier « le preneur d'otages. »


 

Wikipedia : Un égrégore (ou eggrégore) est un concept désignant un esprit de groupe constitué par l'agrégation des intentions, des énergies et des désirs de plusieurs individus unis dans un but bien défini.

Dans le management, l'égrégore d'équipe est perceptible dans l'atmosphère d'équipe (ou la dynamique de groupe), qui peut être pesante ou enthousiasmante, étouffante ou inspirante. Il est affecté par l'état des relations et par l'adhésion profonde ou non de chacun dans le projet commun. Il résulte des moments vécus et constitue une dimension de la dynamique de groupe dont l'équipe peut prendre soin1,2.

Dans l'ésotérisme, il s'agirait d'une force qui aurait besoin d'être constamment alimentée par ses membres au travers de rituels établis et définis.

Le terme, apparu dans la tradition hermétiste, a été repris par les métaphysiciens, qui l'ont chargé d'un fort potentiel subversif.


 

Autant cet égrégore peut avoir un effet positif lorsqu'il est associé à une élévation spirituelle, autant il peut devenir la source d'un conditionnement lorsque des intentions perverses le sous-tendent.

Voilà le « preneur d'otages »

Gurdjieff l'avait évoqué. « La plus dangereuse mécanisation consiste à être soi-même une machine. »
 

Il me semble que la cassure entre l'humain et la nature est absolue, qu'il existe désormais une négation complète de l'univers du vivant et je ne vois pas la nature comme responsable de quoi que ce soit.

C'est la mécanisation de l'existence qui porte en elle les causes de ce désastre. Une certaine forme de folie, d'aveuglement qui consiste à penser que l'homme est au-dessus de tout, qu'il possède le pouvoir, jusqu'à en oublier les lois naturelles.

Les individus ( et j'en fais partie) sont mécanisés, extraits de leur lien avec la nature, ignorant des réalités, envoûtés par une idée de croissance agissant comme un aimant. Non seulement, la nature est ignorée mais la vie humaine elle-même est bafouée. Rien ne compte en dehors de cette course à la croissance.

On joue avec des allumettes parce qu'on a construit des camions de pompiers. 

Les humains sont donc de véritables machines travaillant seulement sous la pression d'influences extérieures.

Les gouvernants, eux-mêmes, sont des machines. Ils ne sont pas des conducteurs de machines. Ils vivent eux aussi sous les influences d'égrégores qui les dépassent.
 

Les connaissances qui sont développées depuis la révolution industrielle ne sont pas attachées à une voie spirituelle mais à une mécanisation des individus. La croissance est l'intention première.

La médecine, par exemple, est de la mécanique. L'aspect holistique de l'homme est ignoré.

La psychologie qui ne fonctionnerait pas en systémique est de la mécanique.

L'environnement est d'ailleurs un mot très révélateur dans l'usage qu'on en fait actuellement. On considère à travers ce terme que la nature nous environne, ce qui revient à dire que nous n'en faisons pas partie, que nous nous en sommes extraits, que nous sommes des entités à part. L'environnement est ce qui est extérieur à nous. Consternant.

Nous sommes d'ailleurs devenus nous-mêmes notre environnement étant donné que nous sommes autour de nous-mêmes et non dans une exploration de l'intérieur. Nous vivons hors de nous comme nous vivons hors sol, hors de la nature, hors de la réalité de la vie. 

Nous sommes notre propre environnement parce que nous vivons dans une agitation mécaniste qui nous a privé de notre propre centre. Nous ignorons jusqu'à l'existence du noyau.


Là où l'expression écologiste est encore plus absurde, c'est lorsque nous prenons en considération le fait que chacun de nos actes a un effet sur nous-mêmes en portant atteinte à cet "environnement".  Lorsque nous comprendrons que la disparition des orangs-outans est une atteinte à nous-mêmes, nous comprendrons qu'il n'y a pas d'environnement mais une unité absolue.

 

Les scientifiques dénoncent l'acidité de plus en plus forte des océans et des dangers immenses que cela fait courir à toute la chaîne alimentaire. Comment est-il possible que les humains en viennent à ignorer la source de toute la vie ? 

Sommes-nous donc condamnés à être des assassins jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien ?

Oui, c'est bien de cela dont il s'agit. Nous sommes devenus des machines assassines parce que nous sommes les otages d'un égrégore que nous adorons.

Le syndrome de Stockholm est d'une puissance redoutable. Il n'y a pas de rébellion mais une adhésion séculaire qui se transmet de génération en génération. La plus grande partie des otages refuse de rejeter l'égrégore. D'autant plus que la conscience d'être un otage n'existe pas. Tout le problème est là. Et lorsque cette conscience émerge, la puissance de la machine engendrée par l'égrégore réduit considérablement la possibilité de s'échapper. Les rebelles risquent même d'être confrontés à la vindicte des autres otages qui considèrent que cette rébellion est absurde, injustifiée, voire même qu'elle risque de les mettre en danger. Chaque otage est un rouage et ne doit pas s'extraire de la machine.


 

Il me suffit de lire les commentaires d'articles concernant l'état de la planète sur les réseaux sociaux pour voir à quel point l'adhésion à l'égrégore archaïque est d'une puissance infernale.

« En ce monde, nous marchons sur le toit et nous regardons les fleurs. » Kobayashi Issa.

La coupe du monde de football est un élément de l'égrégore. Tous otages, tous complices, des rouages de la machine.

Tout ce qui contribue à renforcer l'hégémonie de l'égrégore, sa pérennité, l'adhésion des petits d'hommes, l'éducation scolaire, la futilité et l'ignorance, le transfert de savoirs mécanistes, les désirs matériels, la puissance de l'avoir, tout cela relève de l'égrégore.

Nous sommes des otages consentants.

 

blog

Commentaires

  • Thierry LEDRU
    • 1. Thierry LEDRU Le 18/01/2023
    Bonjour Koyolite, merci pour ce commentaire, ça me fait très plaisir de te voir passer là-haut :)
    Oui, il est clair que ce syndrome est surprenant et peut donner de sacrées histoires. Les trois jours du condor, Dunaway et Redford, ils ne pouvaient pas faire autrement que de tomber amoureux :) Qui pourrait ne pas en faire autant ! :)
    Il n'en reste pas moins que ce phénomène, dans la dimension que je lui donne, me semble contenir une voie très néfaste.
    Il faut que je replonge dans les écrits de Jung...
  • Koyolite Tseila
    Article très intéressant, merci. J'ai lu le livre autobiographique de Natascha Kampusch, qui avait apparemment développé ce syndrome envers son kidnappeur. J'ai également vu dernièrement le film "Les trois jours du Condor", dans lequel l'actrice Faye Dunaway incarne un personnage qui développe le même syndrome envers l'homme qui la séquestre chez elle. Vu de l'extérieur, je dois dire que c'est difficile à s'imaginer la chose, à la comprendre... Il faut croire qu'en cas de situations insolites, voire dangereuses, le cerveau est capable de développer des mécanismes étonnants...

Ajouter un commentaire