Un autre témoignage...

http://rue89.nouvelobs.com/2013/10/09/rythmes-scolaires-lecole-grand-e-cest-fini-246448

Les enseignants souffrent, nous souffrons tous.
Violence inouïe dans le sens où les élèves (et nous-mêmes !) vivent (vivons) dans les cris, le brouhaha, les
hurlements, et les insultes, à partir de 15h. Les aînés en « profitent », se battent, courent, lors de cette
passation entre école et périscolaire lorsqu’ils se rassemblent dans la cour et le préau avant d’aller dans leurs
ateliers respectifs. Tous n’en ont toujours pas à ce jour d’ailleurs.
Les élèves sont heureux de se déplacer à la piscine. « C’est bien avec les animateurs, on peut crier dans la rue
! » Les règles ne sont pas les mêmes. Ils s’y perdent. Et nous sommes désavoués.
Atelier slam
(avec droit « de dire des insultes ! ») et hip-hop dans les salles de classe, alors que l’on
demande d’être calme dans ces mêmes locaux, est incompatible.
La vie est devenue beaucoup plus difficile pour nous enseignants, avec ces changements perpétuels de règles
et d’autorité. Même si l’on sait que les règles sont soi-disant les mêmes, elles ne peuvent pas être respectées
de la même façon, les exigences diffèrent, ils sont au centre, au périscolaire, un animateur dans ce cadre n’est
pas un enseignant dans le cadre scolaire, lui il plaisante avec les élèves, son langage est incorrect, tant au
niveau syntaxique que vocabulaire, donc ces mêmes règles ne sont pas appliquées de la même façon.
Fatigue et énervement excessifs. De la part de tout le monde. Neuf dictionnaires neufs déchirés lors de
l’atelier « initiation à l’espagnol » dans la classe de CM2. Les enseignants replacent leurs
chaises d’élèves tous les matins, parce que oui, ils sont pointilleux : on ne commence pas une journée dans le
désordre. Sans parler des tableaux souillés bien que lavés la veille, des outils utilisés.
Manque 2 animateurs quotidiennement. Toujours pas d’individus physique pour les postes de PPS alors qu’il
y a le budget pour ce faire. REV en arrêt maladie depuis le début, un animateur qui a été déchargé a pris cette
charge deux semaines après la rentrée. Il n’a rien pu préparer, arrive
dans l’école, ne me prévient pas lorsqu’il n’est pas là, j’ai tout assumé ou j’assume tout, ou presque. Je ne
peux même plus faire mon travail d’école, réfléchir sur les programmes...
Les élèves sont 50 heures par semaine à l’école dans nos quartiers, moi aussi, on est épuisés, équipe tendue,
tous dans le même état qu’une fin
juin, c’est anormal. Nous crions, ce qui est anormal en septembre.
Les plus jeunes sont perdus (CP). Ils quittent l’école le mercredi à 18h avec le cartable sur le dos,
symboliquement c’est trop dur ! Pour eux, ils sont à l’école, puisque dans le lieu école, et désormais à l’école
ils ont ces droits qu’ils n’avaient pas (règles différentes), la vie est devenue trop difficile
pour
nous tous, enseignants. Les enseignants perdent ½ heure par jour avec ce périscolaire, ces listes qui
changent tout le temps, les mots sur les cahiers de correspondances. Confusion, amalgame entre école et
périscolaire.
L’école n’est plus un lieu d’apprentissage, l’école est « mangée » par le périscolaire : "les problème du périscolaire" sont les
seules questions qui ont été posées aux enseignants lors des réunions de parents les quinze
premiers jours d’école, rien sur l’apprentissage de la lecture, la méthode, les évaluations, la natation, le
programme, les devoirs, que du périscolaire !
L’école a perdu son âme. Le hall est envahi par les affiches indiquant les inscrits aux 18 ateliers du mardi et
du vendredi, on ne voit plus les dessins d’enfants, on n’accède plus aux armoires. Idem
pour les tableaux dans la rue : les tableaux « école » et « parents » sont envahis par le périscolaire, cela ne
choque personne, seul le périscolaire Est !
NOUS SOUFFRONS.
Agnès Thill

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