Bourses au mérite

Des bacheliers avec mention "très bien" refusent la bourse au mérite promise par Laurent Wauquiez

Ils ont eu mention "très bien" au bac et devraient donc recevoir de la part de la région Auvergne-Rhône-Alpes une "bourse au mérite" de 500 euros. Ces quatre jeunes diplômés s'engagent à la reverser à des associations pour protester contre la politique de Laurent Wauquiez.

Des lycéens devant les résultats du bac

Des lycéens devant les résultats du bac (Sipa)

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Mardi soir, à la veille des résultats du baccalauréat 2017, Emma, Jules, Lola et Robin publient une tribune sur Médiacités Lyon, site d’enquête et d’investigation local, en annonçant qu'ils refusent la "bourse au mérite" prévue par la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour les bacheliers ayant obtenu la mention "très bien". Ils souhaitent reverser le montant de cette bourse, de 500 euros, à des associations, dont les subventions régionales ont été réduites depuis 2016 et l’arrivée à la tête de l’exécutif local de Laurent Wauquiez.

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Contacté mercredi, Robin annonce que les quatre membres du collectif ont obtenu la mention "très bien", et que des dizaines d'autres bacheliers dans le même cas se joindraient à leur démarche. L'initiative, partie de ces quatre lycéens, a généré de nombreuses réactions et soutiens de la part d'autres bacheliers de la région. Ces jeunes critiquent le "mérite" que prétend récompenser cette bourse, considérant qu’il ne peut se mesurer à partir d'un résultat et d'une mention, qui ne suffisent pas à refléter le "travail, le sérieux et l'investissement d'un élève".

Ils sont contre le "mérite" vanté par la Région

C'est un acte politique pour ces lycéens. Ils estiment que cette bourse est injuste et que son coût à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, estimé à 3 millions d'euros, pourrait être utilisé autrement afin de venir en aide aux associations locales défendant des "missions d'intérêt général" dont les subventions régionales ont subi d'importantes diminutions depuis l'élection de Laurent Wauquiez à la présidence de la région. L'opposition au sein du conseil régional estime que ces coupes s'évaluent à hauteur de 50 à 75% des subventions initiales et qu'elles auraient donné lieu à près de 580 licenciements au sein du milieu associatif. Parmi les associations concernées par ces baisses de subvention, on trouve le Graine Rhône-Alpes (Réseau régional pour l'éducation à l'environnement), le Transfo (Agence régionale de développement culturel en Auvergne), la MRIE (Maison régionale d'information sur l'exclusion), SOS Racisme, les MJC (Maisons des jeunes et de la culture).

C'est plus particulièrement à ces MJC que les lycéens entendent reverser leurs bourses, la Fédération des MJC Rhône-Alpes ayant été liquidée en 2016, après la baisse des subventions publiques. Robin, mention "très bien" en poche, entend, avec ses camarades, dénoncer cette "politique préjudiciable" et soutenir les associations qui luttent en faveur de l'environnement, de la culture et de l'inclusion sociale. Il déclare ne pas avoir un "besoin vital" de cette bourse et regrette que, dans sa région, les bourses au "mérite" ne soient pas versées en fonction de critères sociaux. C'est ce qui se fait par exemple dans la Région Ile-de-France, dont la "bourse au mérite" de 900 euros est prévue pour les bacheliers qui obtiennent la mention "très bien",  à condition qu'ils soient boursiers.

Certains membres du collectif de lycéens ont un contact direct avec les associations régionales concernées par cette baisse des subventions publiques, par des membres de leurs familles notamment. Ils ont été sensibles aux manifestations qui se sont tenues devant le siège du Conseil Régional en avril dernier, à l’initiative du Collectif associatif Vent d’Assos (cité dans la tribune), contestant la politique de son président, Laurent Wauquiez. "Nous n'avons reçu aucune réaction" de ce dernier, souligne Robin, mais cela importe peu pour le collectif de lycéens, dont la démarche a eu un large écho en l'espace de seulement 24 heures. Il s'agit, selon leurs mots, d'agir dans une "optique de renforcement du lien social et de la solidarité par la rencontre et l'insertion sociale". "On a bien conscience que notre contribution ne parviendra pas à venir en aide à toutes les associations concernées, estime Robin, et que les montants versés ne seront pas très conséquents", mais le message de fond porté par ces nouveaux bacheliers est, lui, largement entendu.

Par Salomé Revault-d'Allonnes

 

 

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