Coronavirus : le savoir-faire français. (1)

Cette crise sanitaire a un aspect positif : elle met en avant la capacité d'innovation et de fabrication de la France.

Le maillage industriel a beau avoir été saccagé par des décennies d'abandon de la part de nos gouvernants, il reste des entrepreneurs déterminés.

On va me dire qu'ils sont "intéressés". Oui, évidemment. Il ne s'agit pas de mécénat. Tout a un coût.

Mais cela montre à quel point les délocalisations, les désintégrations du maillage industriel, de notre savoir-faire, de notre ingéniosité, de nos capacités de fabrication, tout cela existe, a toujours existé et mérite d'être amplifié désormais, soutenu, accompagné financièrement.

Entre les fabricants de masques dans des entreprises de couture, des respirateurs inventés par des "géo-trouvetous" ingénieux, de gel hydroalcoolique, les exemples sont nombreux...

Il faut rajouter les laboratoires français, des start-up, qui se financent difficilement, pour des études très coûteuses, et qui travaillent jour et nuit pour trouver une parade efficace.

Il faudrait rajouter la recherche scientifique qui dispose de moyens archaïques et qui voit ses budgets réduire année après année. 
Est-ce que ce gouvernement et les suivants réaliseront enfin la richesse économique que cela représente, la souveraineté indispensable dans ce domaine, est-ce qu'ils seront capables d'élargir enfin leur vision à court terme de "rentabilité" pour oeuvrer au déploiement des qualités immenses de tous ces gens inventifs, prêts à s'engager ? 

Est-ce qu'ils seront capables aussi d'identifier tous les autres secteurs qui doivent absolument revenir sur notre territoire ? 

Est-ce qu'ils seront capables de comprendre qu'il existe désormais une occasion inespérée de faire de cette épidémie un tremplin pour exploiter au mieux toute la richesse humaine du pays ? 

 

 

Coronavirus : en Auvergne-Rhône-Alpes, Michelin va participer à la production de 5 millions de masques, d'ici fin juin

Appelé « OCOV® », entièrement développé et produit dans la région Auvergne-Rhône-Alpes en un temps record, ce masque est économique, durable et peut être fabriqué en grande quantité dans le cadre de la lutte contre le coronavirus COVID 19. / © Ouvry Appelé « OCOV® », entièrement développé et produit dans la région Auvergne-Rhône-Alpes en un temps record, ce masque est économique, durable et peut être fabriqué en grande quantité dans le cadre de la lutte contre le coronavirus COVID 19. / © Ouvry

PARTAGES

Mardi 7 avril, des acteurs économiques de la région Auvergne-Rhône-Alpes, dont Michelin, ont annoncé être mobilisés afin de produire un masque de protection réutilisable dans le cadre de la lutte contre le coronavirus COVID 19. L'objectif est de produire 5 millions de pièces d'ici fin juin.
 

Par C. L avec communiqué

Depuis le 16 mars dernier, un écosystème collaboratif travaille à la conception et au déploiement à grande échelle d’un masque réutilisable dans le cadre de la lutte contre le coronavirus COVID 19. Cet écosystème est composé du CEA de Grenoble, de grandes entreprises telles que Michelin, dont le siège est à Clermont-Ferrand, ARaymond, Schneider, des PME comme Ouvry, APA, Sofileta mais aussi des institutions et des collectivités comme la mairie de Grenoble, la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’Agence Régionale de Santé, le CHU GA, la préfecture de l’Isère, l’ordre des médecins et la Société Française de Médecine de Catastrophe, sous l’impulsion et la coordination du collectif grenoblois VOC-COV.

Une industrialisation en moins de 3 semaines

Dans un communiqué, l’écosystème précise : « Appelé « OCOV® », entièrement développé et produit dans la région Auvergne-Rhône-Alpes en un temps record, ce masque est économique, durable et peut être fabriqué en grande quantité. Pour mettre en œuvre ce projet, le CEA Grenoble a mis à disposition ses infrastructures et ses moyens de recherche et d’essais. S’appuyant sur son savoir-faire qui a permis la réalisation très rapide d’un premier prototype, les équipes de Michelin et du CEA ont été très vite mobilisées ainsi que celles d’autres partenaires industriels régionaux. Cette réactivité a permis d’initier l’industrialisation du masque en moins de trois semaines ».

Une PME lyonnaise en première ligne

Selon Carole Dougnac, chef produit chez Ouvry : « Ouvry, PME lyonnaise spécialisée dans les équipements de protection biologique et chimique, a été choisie pour assurer l’industrialisation et la mise sur le marché du masque. Habituellement nous produisons des équipements de protection NRDC : Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique. Notre entreprise est en charge de l’industrialisation, de la mise sur le marché et de la commercialisation du produit ».

Objectif 5 millions de masques d'ici fin juin

Une pré-série de 5 000 unités de cette première version est aujourd’hui en cours de fabrication. L’objectif de capacité de production est d’un million de masques par semaine courant mai, soit une production dépassant 5 millions d’ici fin juin (l’équivalent de 500 millions de masques jetables actuels). Quelque 130 000 masques sont déjà aujourd’hui réservés. Michelin offrira une partie des masques commandés aux Agences Régionales de Santé d'Auvergne-Rhône-Alpes.

 


"Ça protège une personne pendant un mois" : face au coronavirus, les Tissages de Charlieu fabriquent 250 000 masques lavables par jour

Ils sont spécialisés dans les tissus jacquard, mais depuis le début de la crise du coronavirus, l'entreprise les Tissages de Charlieu, dans la Loire, a décidé de mobiliser ses moyens de production pour fabriquer des masques en tissus réutilisables.

Les machines de l\'entreprise Les tissages de Charlieu (Loire) ont été adaptées pour fabriquer des masques de protection contre le coronavirus
Les machines de l'entreprise Les tissages de Charlieu (Loire) ont été adaptées pour fabriquer des masques de protection contre le coronavirus (FABIEN GOSSET / RADIO FRANCE)

Sous la verrière centenaire, les métiers à tisser tourne à plein régime. En quelques jours, grâce à la technologie de l’impression 3D, l'entreprise Les Tissages de Charlieu, située près de Roanne, s'est lancé dans la fabrication de masques à usage non sanitaire, en pleine épidémie de coronavirus. Et ça n'a pas été simple. "On a eu toutes les peines du monde à trouver des élastiques, les seuls qu'on arrive à trouver sont en Chine", affirme Eric Boël, le directeur de la société. "On n'a rien contre les Chinois évidemment, mais on s'est débrouillé pour trouver des élastiques qu'on fait fabriquer à 100 km d'ici."

>> Suivez toutes les dernières informations dans notre direct 

Ici, on fabrique local afin de soutenir l'effort national face à la pénurie. "Je peux vous dire que s'il y a des Américains qui viennent ici, qui nous disent 'on vous achète en bifetons vos masques', ils vont repartir avec un coup de pied au derrière, ça c'est clair !", lâche Eric Boël. 

Eric Boël, directeur de l\'entreprise Les tissages de Charlieu, le 6 avril 2020
Eric Boël, directeur de l'entreprise Les tissages de Charlieu, le 6 avril 2020 (FABIEN GOSSET / RADIO FRANCE)

Près de 250 000 masques sont désormais fabriqués par jour, et tout le monde en veut. Pierre-Edouard Forissier, associé des tissages, a reçu 2 500 commandes. "Les premiers jours, c'était essentiellement des hôpitaux, des pompiers, des Ehpad, explique-t-il, et puis au fur et à mesure des semaines, on est passé aux industries agroalimentaires, et puis de plus en plus de gens du BTP, de la grande distribution aussi qui ont besoin de masques, qu'on est en train de fournir."

Des masques lavables et réutilisables

Composés de trois couches, ces masques sont lavables et donc réutilisables. Pour Eric Boël, il faut aussi lutter contre le gaspillage. "Les masques jetables, comme ceux que vous portez, au bout de 4 heures vous les mettez à la poubelle. Les nôtres, vous pouvez les mettre dans un sac en plastique, vous les lavez à 60 degrés pendant 30 minutes, ça protège une personne pendant un mois", assure le patron.

Les 70 salariés se relaient sept jours sur sept, ils ont tous accepté de revenir travailler plus, sans hésiter. "C'est pour sauver des vies ! Ça ne me serait pas venu à l'idée de rester chez moi si on faisait des masques", affirme cette salariée. Dehors, Guy Pegon, qui travaille dans le BTP, charge sa commande. "Cela nous a permis de remettre nos personnels sur les chantiers, dans les camions etc, car on ne trouvait pas de masques ailleurs qu'ici", reconnaît-il. Les tissages de Charlieu contribuant ainsi, à son échelle, au redémarrage de l'économie.

 


 

 

 

Ajouter un commentaire