De la lecture de romans
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/12/2020
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J'étais adolescent lorsque j'ai lu ces romans :
"Sa majesté des mouches" de William Golding
puis
"L'île" de Robert Merle.
Ces deux romans ont été adaptés au cinéma et je les ai vus également.
Peut-être est-ce que ça a nourri mon peu d'optimisme quant au comportement humain. Et qu'ensduite d'autres lectures ont conforté cette sombre vision.
D'ailleurs, depuis que j'ai décidé de parler de ces deux romans, au regard de l'état du monde, j'ai également cherché des romans qui à l'opposé, présenteraient le groupe humain sous un jour favorable, dans une situation similaire de rupture avec le cadre quotidien. Et je n'en trouve pas...
La fin du roman "Ravages" de René Barjavel contenait pourtant l'émergence d'un monde meilleur mais la "machine" réapparaît.
Cette pulsion de mort est systématiquement la plus forte. Est-elle ancrée dans l'humain de façon irréversible ?
William Golding
Lola Tranec-Dubled (Autre)
EAN : 9782070374809
245 pages
Éditeur : GALLIMARD (14/06/1983)
Note moyenne : 3.78/5 (sur 2421 notes)
Résumé :
Soit un groupe d'enfants, de six à treize ans, que l'on isole sur une île déserte. Qu'advient-il d'eux après quelques mois ? William Golding tente l'expérience. Après les excitantes excursions et parties de baignade, il faut s'organiser pour survivre. C'est au moins la réflexion de Ralph, celui qui fut élu chef au temps heureux des commencements, et du fidèle Piggy. Mais c'est ce que refusent de comprendre Jack, le second aspirant au "trône", et les siens. Cette première division clanique n'est pas loin de reproduire un schéma social ancestral. S'ensuivent des comportements qui boudent peu à peu la civilisation et à travers lesquels les rituels immémoriaux le disputent à une sauvagerie d'une violence sans limite.
Dès "Sa Majesté des Mouches" (1954), porté à l'écran par Peter Brook (1963), apparaît l'obsession de William Golding : l'homme est foncièrement mauvais. Le monde est porteur d'une cruauté sans faille dans laquelle chacun se fourvoie et finit par périr, comme il l'illustre plus tard dans "Les Héritiers" ou "Parade sauvage". L'écrivain reçut le prix Nobel de littérature en 1983. "--Laure Anciel--
Après un accident d'avion, des collégiens britanniques se retrouvent seuls, sans adultes, sur une île du Pacifique. Obéissant à Ralph, le chef qu'ils ont élu, ils s'organisent pour survivre. Mais, la nuit, leur sommeil se peuple de rêves terrifiants. Et s'il y avait vraiment une étrange créature tapie dans la jungle ? Sous la conduite de Jack, la chasse au monstre est lancée. Les clans de Jack et de Ralph ne vont pas tarder à s'affronter cruellement.
A travers les aventures d'un groupe d'enfants livrés à eux-mêmes, William Golding nous raconte la terrifiante évolution de la civilisation vers la sauvagerie.
EAN : 9782070365838
696 pages
Éditeur : GALLIMARD (04/04/1974)
Note moyenne : 4.14/5 (sur 438 notes)
Résumé :
Quatrième de couverture : Le soleil brillait à perte de vue sur la houle longue du Pacifique et le Blossom, ses trois mâts penchés à bâbord, recevait par le travers une brise Sud-Sud-Est... Purcell prêta l'oreille. Bien qu'une île fût proche, il n'entendit pas de cri d'oiseau. Sauf quand une lame déferlait, l'océan était silencieux. Mais il y avait autour de Purcell ces bruits qui, par jolie brise, lui faisaient toujours plaisir : le choc des énormes poulies de bois, la vibration des haubans, et au-dessous de lui, derrière son dos, le passage de l'étrave dans l'eau, doux et continu comme une pièce de soie qu'on déchire.
Nowowak 16 août 2020
★★★★★
★★★★★
Robert Merle est le plus grand romancier contemporain de littérature populaire en France. "Week-end à Zuydcoote" a légitimement obtenu le prix Goncourt en 1949. En 1952, il écrit l'admirable : "La mort est mon métier", roman historique inspiré de la biographie de Rudolf Höß, commandant du camp de concentration d'Auschwitz. En 1967 est publié : "Un animal doué de raison" : roman de science/politique-fiction sur ce qui sépare l'homme de l'animal. En 1972, paraît l'immense "Malevil" qui conte l'histoire d'une communauté de survivants retranchée dans un château après une guerre nucléaire. Par la suite seront posés sur les rayons d'autres ouvrages tout aussi puissants. C'est un auteur à découvrir de toute urgence.
En 2008, Pierre Merle a publié une volumineuse biographie illustrée d'une vingtaine de photos consacrée à son père. "Une vie de passions" (Éditions de l'Aube). L'ouvrage débute par une question : « Par quelle alchimie de hasard et de nécessité, Robert Merle, ce gosse courant dans les rues d'Alger, est-il devenu un écrivain ? »
Connaissant moins l'auteur que son fiston, ma question sera plus candide : "comment un auteur peut-il mener une carrière aussi variée et écrire des livres aussi passionnants et compétents ?" Robert Merle est un spécialiste de l'Histoire mais également de tout ce qui le guide avec une curiosité débordante. Ici je désire en dire tout le bien que je pense alors que j'ai lu à peine 100 pages sur 700. Sur Babelio et sur mon blog, je n'analyse pas, je n'écris pas des critiques n'ayant pas les connaissances et la prétention pour exercer ce rôle. Je n'y vais jamais avec le dos de la cuillère mais au fond je me contente de livrer un ressenti, une ambiance. N'appartenant pas au genre Homo Patientus, pourquoi attendre la fin ?
Dans "L'île", mon intérêt est éveillé à chaque ligne. Ce roman d'aventures (pas un style que j'affectionne d'habitude, c'est dire) parle de mon quotidien : comment vivre avec le toxique, comment l'éliminer, comment rester léger en toutes circonstances, ignorer la bêtise ? Comment agir comme Purcell, vivre avec les cons (sans les flinguer). Certains en tiennent une sévère couche. Supporter Simon, Mason, Burt ? Quelle belle preuve de tolérance voire de bienveillance. La jeune Ivoa et les Tahitiens appellent joliment les étrangers : "Peritani". Ils sont fatalistes, ils vivent le moment présent, n'aiment pas les conflits. Ils n'ont pas d'orgueil et de goût pour cultiver la rancoeur. Ils représentent la dernière chance d'innocence de l'humanité alors que Mason et ses sbires incarnent l'homme dans son incommensurable et stupide soif de pouvoir, de propriété et d'ego.
Il est impossible de ne pas associer dans ce livre maritime deux chefs d'oeuvre du genre romanesque qui avant lui ont creusé de tels personnages, ont décortiqué leur psychologie. Ces naufragés érigent un monde social dont l'auteur n'exagère ni les travers ni les espoirs. L'humanité dans sa sauvagerie devient vite plus crétine que la morne existence d'un troupeau de buffles (pardonnez-moi les buffles). Je parle bien sûr du livre de Jules Verne : "Les Révoltés de la Bounty" et du livre de William Golding : "Sa Majesté des Mouches".
Ce livre parle admirablement de la mer et de la vie des marins à bord d'un navire. Il est également un rappel à méditer sur le fait que dans une situation de crise et dans un contexte particulier, la violence et la perte de contrôle peuvent surgir à tout moment. Ce "syndrome de la face noire" (terme que j'invente en l'occasion) peut se déclencher chez n'importe quel individu lorsque la convention sociale explose. Sa mauvaise conscience, son génie du mal tapi au fond de lui se réveille. Diable drogué au stress et à l'appétit des pulsions qui fomente de sales coups. Une voix ténébreuse s'empare de votre cerveau, le commande et lui ordonne d'agir en dépit du bon sens. L'instant peut durer deux secondes mais c'est fait, l'acte est commis, irréparable. Cela peut être une gifle donnée par un parent, un simple croche-pied, un mot de trop ou un coup de couteau. Trop tard, le mal est fait.
Nowowak
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