Face à une possible attaque terroriste, les centrales nucléaires sont très mal protégées, soulignent les experts mandatés par l'ONG qui n'ont rendu publique qu'une version "light" de leurs travaux.
La sécurité des centrales nucléaires est une préoccupation permanente. Le sujet revient régulièrement dans l'actualité, mais pour la première fois, des experts mandatés par l'ONG Greenpeace - experts en terrorisme et chercheurs, docteurs en physique, ingénieurs - se sont penchés pendant un an et demi sur la question et ont établi un rapport que le Parisien a pu se procurer. Leur objectif était d'identifier les failles pour alerter EDF et les pouvoirs publics. Et la conclusion se révèle accablante.
"Des parois de trente centimètres". La situation est telle que les sept experts ont choisi de ne rendre publique qu'une version allégée de ce rapport pour ne pas donner, disent-ils, "des idées à des personnes mal intentionnées". Ces experts expliquent ainsi que les piscines utilisées pour refroidir le combustible sont très peu protégées, moins que les réacteurs, avec des parois très fines de seulement trente centimètres d'épaisseur, dont deux centimètres de tôle métallique. "Les piscines de refroidissement tiennent plus du hangar agricole que de l'édifice nucléaire", résume Greenpeace.
Graves rejets radioactifs. Par ailleurs, à La Hague, près de Cherbourg, dans la Manche, on trouve par exemple plus de 9.000 tonnes de combustible usé entreposées dans les piscines, soit autant que dans l'ensemble des réacteurs nucléaires. Ce combustible usé est toujours hautement radioactif et il n'y a pas de dispositif de sécurité particulier, disent les experts. Le rapport précise que si le bâtiment était endommagé par une attaque, il y aurait en quelques heures de graves rejets radioactifs. A Fukushima, explique l'un des experts français à titre de comparaison, si les piscines avaient été touchées, 14 millions d'habitants de la ville de Tokyo située à 200 kilomètres de la centrale auraient dû être évacués.