Articles de la-haut

    • Thierry LEDRU
    • Presle
  • Return to life

     

    J'ai d'abord recommencé à marcher.

    Puis j'ai repris la course. Pas trop parce que les douleurs sont toujours là.

    Pas encore le vélo. 

    Mais la musique est toujours là.

    Même à la piscine, je pars avec une musique en tête et je la tourne en boucle.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Pourquoi ?

     

     

    Terre europe

    Pourquoi les états n'agissent-ils pas drastiquement contre le déréglement climatique anthropique ? Pourquoi condamnent-ils par leurs discours mensongers des millions d'individus dans les décennies à venir ?

    Parce que cela n'impacte pas encore la croissance, l'économie, le PIB, le fonctionnement marchand. On peut même envisager que les dégâts occasionnés par les cyclones, les tempêtes, les inondations sont de précieuses occasions pour les entreprises chargées de la reconstruction.

    Non, je ne suis pas en train d'envisager un complot issu des hautes sphères. Je considère qu'il s'agit juste d'un fait. Les gouvernants et les financiers n'ont encore, pour l'instant, aucune raison de s'inquiéter pour la sacro-sainte croissance. Ils savent très bien que les dégâts sont importants, ils n'ont pas décidé de les ignorer, ils peuvent même être compatissants, déclencher des mesures de catastrophe naturelle, des ministres peuvent même aller serrer les mains des survivants ou des sauveteurs... C'est bon pour l'image...

    Si je reprends les réactions des états au regard de l'épidémie de covid, leurs réactions ont été très fortes parce que cette épidémie empêchait le fonctionnement des marchés, parce qu'elle impactait l'économie, parce qu'elle immobilisait une partie consdiérable de la masse travailleuse. Il ne s'agissait pas de limiter le nombre de morts mais de limiter le ralentissement économique en limitant le nombre de personnes atteintes. 

    Le réchauffement climatique ou son déréglement n'ont pas encore ces effets. Il y a bien des phénomènes surpuissants et des dégâts considérables mais ils sont réparables... Et les vies perdues ne ralentissent pas le rouleau compresseur des marchés. Croire que les états vont se soucier si fortement des vies perdues qu'ils vont se décider à agir est utopique et très naïf...

    Le réchauffement climatique sera pris en compte par les gouvernants le jour où la croissance sera impactée. Pas avant. Mais ça sera trop tard.

    Alors, que faire ? Je ne vois qu'une solution : que les peuples eux-mêmes optent pour la décroissance, avant même que les états ne la jugent nécessaire. Et c'est là que, de nouveau, je sais que c'est utopique. Parce que les populations disposant déjà d'un confort de vie honorable ne l'abandonneront jamais et que les populations des pays en voie de développement rêvent d'une vie plus douce et confortable. Et que cette imagerie populaire d'une vie douce passe par l'accession au confort le plus vaste possible. Je ne parle pas des besoins vitaux mais de tout ce qui apporte le supplément. Les Américains n'abandonneront jamais leurs 4X4 et les Chinois continueront à alimenter leurs climatiseurs avec une électricité produite par le charbon et les Européens continueront à voyager en avion pour aller passer les saisons froides sous les tropiques et la mondialisation continuera à lancer sur les océans des milliers de cargos chaque jour et les croisièristes continueront à construire des paquebots de plus en plus gigantesques et les gens à consommer de la viande d'élevage etc etc etc. Quelques exemples. Il y en a d'autres, des milliers.

     

     

    Un degré, deux degrés, quatre degrés… Au cours du siècle à venir, la température de la planète va continuer de monter. Plus l’humanité émettra de gaz à effet de serre, plus le réchauffement climatique sera important.

    Les rapports du GIEC alertent sur cette situation et les conférences internationales comme la COP26 promettent des solutions.

    Mais en quoi ce dérèglement du climat est-il un problème ? Pourquoi doit-on se soucier de quelques degrés de plus ?

    Naturellement, la hausse des températures va avant tout entraîner des canicules de plus en plus fréquentes et meurtrières. Et ces épisodes de chaleur s’accompagneront de sécheresses très problématiques pour l’agriculture.

    Mais ce n’est pas tout. Un autre mécanisme risque d’être mis à rude épreuve : le cycle de l’eau. Entre la fonte des glaciers, la montée des eaux et les inondations, les conséquences pourraient bien être meurtrières pour les humains, mais aussi pour l’ensemble de la biodiversité.

    Cette vidéo, conçue en collaboration avec Rodolphe Meyer (de la chaîne Le Réveilleur : https://bit.ly/3k2eoIA), présente certaines des conséquences les plus problématiques du changement climatique et permet de comprendre pourquoi c'est un défi majeur du XXIe siècle.

  • La guerre

    445165428 1500052664223297 7648407194539196207 nRien à ajouter

  • La beauté et la mort

     

    LES ÉGARÉS

     

    Ce livre-là n'est pas un roman, c'est une autobiographie.

    La nuit dernière, j'ai rêvé d'un grand cèdre. C'était doux, apaisant, il était immense, ses branches me surplombaient et je m'y sentais en sécurité. Et puis, ça s'est arrêté.

    Je savais avec certitude que je l'avais déjà vu. Et le souvenir m'est revenu. C'était à l'hôpital. Je veillais mon frère. 

    J'ai retrouvé le passage.

    Pourquoi est-ce que j'ai rêvé de cet arbre ? Est-ce dû à mon état actuel, à ces flots de questions sur le fonctionnement mortifère de l'humanité ?

    Mortifère... La mort. Ce que j'ai vécu là-bas s'est ancré en moi. Et, plus tard, les hernies discales qui me tuaient ont nourri cette présence de la mort. J'ai connu des périodes où je n'étais plus conscient de rien, sinon de la douleur physique et de la soufrance morale. Comme un condamné qui creuse son trou.

    Mais la beauté de la nature a toujours été l'élément salvateur. La beauté des arbres, la beauté du ciel, la beauté des femmes, quelques-unes. 

    Celle que j'ai croisée sur un trottoir de Brest, je pourrais la croiser aujourd'hui et la reconnaître. 

    J'espère que le cèdre est toujours debout.

     

     

    LES ÉGARÉS

     

    27 août. Le jour de son anniversaire, dans la chambre d’hôpital, au chevet de son frère.

    Ses parents lui avaient donné de quoi acheter un disque. Keith Jarret. The Köln Concert. Il en rêvait depuis longtemps.

    « Vas-y mon chéri, prends ton temps, promène-toi, écoute des disques, ça fait si longtemps que tu es là. »

    Cette voix adorée.

    « Merci Maman. »

    Il avait glissé le billet dans sa poche. Il avait embrassé ses parents.

    « À tout à l’heure Christian, avait-il dit en se tournant vers son frère. Je vais chercher Keith Jarret. »

    Il espérait qu’intérieurement l’évocation du piano cristallin le réjouisse, que la pureté des notes l’investisse, adoucisse ses luttes.

    « T’inquiète, je te le prêterai ! »

    Deux mois qu’il n’avait pas quitté son frère, deux mois qu’il n’était pas sorti de l’hôpital. Il avait veillé son frère comme on surveille une bougie et il avait fait de son amour pour lui une réserve de cire, l’interdiction de l’usure des forces, l’interdiction de l’affaiblissement de la flamme. Il ne savait pas si cela avait contribué au maintien de la lumière dans l’âme de Christian mais il percevait dans son propre espace intérieur l’émergence d’une force qui le bouleversait, une révélation dont il ne pouvait encore mesurer l’importance.

    En quittant le couloir des urgences, il avait réalisé qu’il allait sortir de l’enceinte de l’hôpital. Depuis combien de jours, depuis combien de semaines, était-il là ?

    Il s’était arrêté, le cœur battant. Il avait réalisé alors que cet espace ne se mesurait pas en temps mais en émotions. Combien d'émotions s'étaient-elles fossilisées en lui ? Voilà l'exploration qu'il aurait dû entreprendre. Mais il n'en avait aucunement conscience.

    Une autre vie.

    Un autre monde.

    Des gens heureux, affairés, perturbés, inquiets, amoureux, insouciants, des voitures, des vitrines, le bruit de la ville, les couleurs, des odeurs.

    Plus de murs aux peintures délavées, les effluves écœurants des désinfectants, les blouses des infirmières, les visages abattus des visiteurs, les voix mesurées ou les pleurs, le roulement des chariots, les appels dans les chambres, les sonneries sur le panneau lumineux des salles de veille, les émanations rebutantes des nourritures industrielles, les fenêtres closes, les horizons limités, le silence interminable des nuits, l’ombre invisible de la mort.

    Une nuit, il avait imaginé être dans la mort elle-même. La vie luttait à l'intérieur pour survivre, se reproduire et s'étendre... La vie était comme un cancer pour la mort. Elle la rongeait. Il était fier de participer à cette lutte, à cette multiplication acharnée des cellules vivantes dans le corps de la mort.

    Il avait traversé le parc de l'hôpital puis l’immense parking. Son trouble avait enflé conjointement à la rumeur des rues. Il avait pensé au prisonnier qu’on lâche dans la ville après des années d’enfermement.

    Premier trottoir.

    Il s’était dirigé vers le centre-ville.

    Un autre monde.

    Tous ces gens pressés qui ne savaient rien de l’hôpital, qui ne voulaient sûrement pas en entendre parler, qui géraient leurs existences agitées comme si tout devait durer.

    Un groupe de jeunes croisés sur un passage-piétons. Ils riaient. Il suffisait pourtant d’un chauffard pour que certaines vies s’arrêtent, que d’autres soient projetées dans un monde de douleurs, d’opérations, de rééducations, de médicaments, de dépendance, de dépressions. Ils ne savaient rien de la vie. Parce qu’ils ignoraient que la mort les guettait. Et pire que la mort encore : la souffrance.

    Il avait senti avec une force immense qu’il n’appartenait plus à ces groupes humains, à cette frivolité juvénile, qu’il ne pouvait plus supporter cet aveuglement entretenu, il avait eu envie de crier, de leur dire de se taire, de penser à tous les corps brisés qui luttaient jours et nuits sans connaître l’issue du combat, qui s’accrochaient désespérément au goutte à goutte suspendu au-dessus du lit, l’attente d’une opération de la dernière chance, le corps qui se morcelle, la lucidité de l’esprit qui enregistre chaque dégradation, chaque symptôme, la moindre douleur autopsiée, les médecins qui défilent avec leurs contingents d’adorateurs, leurs dossiers et leur suffisance, leur inhumanité diplômée.

    Il n’était plus de ce monde.

    C'est de ce jour qu'il avait toujours marché en ville les yeux baissés et les yeux levés dans la nature.

    Tous ces gens mourraient un jour, demain ou dans vingt ans, quelle importance. La mort était déjà dans leurs cellules, elle les dévorait, insidieusement. Nous n’étions jamais seul. La mort, en nous, était une compagne fidèle.

    À moins, comme il l'avait imaginé, que nous naissions au cœur de la mort et que nous devions apprendre à y survivre. Certains ne tenaient pas longtemps et nourrissaient très vite le terreau des cimetières. D'autres s'acharnaient. Par défi. Vivre de toutes ses forces et épuiser la mort de l'intérieur.

    Centre-ville, rue de Siam. Il descendait vers le port militaire. Des parfums iodés. Le cri d’un goéland par-dessus les toits.

    C’est là qu’il l’avait vue.

    Elle marchait vers lui. Une tenue, une grâce, une fluidité qui l’avait bouleversé. Un choc inattendu, inespéré, comme si elle évoluait au cœur du monde sans en être aucunement atteinte, comme si le monde n’avait aucune emprise sur elle. Toutes les pensées avaient jailli comme un éclair, une fulgurance qui avait effacé en lui deux mois de cauchemar.

    Une longue robe blanche, une chemisette bleu ciel, froissée comme du papier crépon, elle marchait les yeux baissés, de longs cheveux blonds flottant sur ses épaules, le balancement mélodieux de ses bras, la rondeur de ses seins sous le tissu, pieds nus dans des sandales à lanières qui remontaient sur ses chevilles, dix mètres, il allait la croiser, il s’était arrêté pour retarder l’échéance, le souffle coupé, plus de bruits, plus de mouvements, la ville avait disparu, il ne restait qu’une bulle protectrice, un espace protégé, elle avait levé le visage, elle l’avait regardé, la profondeur d’océan de ses yeux, immenses, bleus, lumineux, il n’avait plus bougé, catalepsie contemplative, elle avait souri, un soleil sur la peau lisse de ses joues, une fleur épanouie, le galbe rosé de ses lèvres, toute la beauté du monde, une envie immense de pleurer, de tomber dans ses bras et de pleurer, de vider toute cette horreur accumulée auprès de son frère, là, sur l’épaule de cette jeune fille, sans bouger, respirer le parfum de sa peau, s’enivrer de douceur, laisser couler les douleurs et s’abandonner à la quiétude, aucun désir, juste la paix, tout oublier.

    « Bonjour. »

    Elle était passée en l’enlaçant de sa voix.

    Le miel de ses notes avait ruisselé en lui et s’était lové au creux de sa mémoire.

    Il pourrait la retrouver aujourd’hui au milieu d’une foule, juste sa voix, deux notes comme une mélodie soyeuse, une caresse indicible, au-delà des choses connues.

    Il s’était adossé à une vitrine, les jambes tremblantes, il ne savait même pas s’il avait répondu, il l’avait regardée s’éloigner, elle flottait au milieu des arabesques de sa robe, suspendue par la grâce, intouchable, intemporelle, une fée.

    Un cadeau d’ange.

     

    Retour.

    Il avait acheté le disque tant désiré. Il avait demandé à en écouter les premières notes dans le magasin.

    Dom… dom… dom, dom, dom…

    Cristallin.

    Les bâtiments de l’hôpital. Si grands.

    Il s’était arrêté dans la traversée du parking. Il avait levé les yeux.

    Combien d’âmes en souffrance, combien de corps brisés, de vies sur le départ ? Certains en sortaient, aussitôt remplacés, certains y restaient, on les descendait à la morgue, la famille venait chercher le corps, une camionnette noire, le cimetière, des fleurs, des prières, le trou dans la terre, les proches qui pleurent.

    Évaluer le nombre de fenêtres. Le nombre de patients. Deux par chambre, le plus souvent.

    Combien allait mourir avant la fin de la journée ?

    Il avait repris son avancée vers la ligne de front, le couloir d’entrée des urgences puis l’escalier vers le service de neurochirurgie.

    Les cris, les pleurs, les drames, les horreurs, tout était contenu dans les murs blancs, il le sentait, rien ne disparaîtrait jamais.

    Il faudrait raser et brûler chaque pierre, tout réduire en poussière puis tout disperser dans l’océan. Et puis planter des arbres et que les oiseaux viennent y chanter.

    Il marcha dans les couloirs. La jeune fille flottait dans son âme.

    Elle dansait sur les notes de piano.

    La grâce d’un ange.

    Septicémie.

    La broche qui consolidait le fémur. Infection nosocomiale. Les chirurgiens avaient décidé de recommencer. Nouvelle anesthésie. Combien Christian en avait-il eue ? Sept, huit, dix ? Il ne savait plus. Nouvelle attente, les poings serrés. Cette concentration des forces.

    Il savait désormais parfaitement s’y prendre.

    Aucune déperdition d’énergie, une limitation des pensées, juste le maintien du contact avec Christian, il était avec lui, en lui, au cœur de sa survie, dans le courant de son sang, chaque pulsation de son âme, une sollicitation constante de son esprit, ne pas le laisser partir.  

    « Je suis là Christian, je suis là, avec toi, je t’attends. »

    Il avait imaginé se glisser dans une artère et remonter au cerveau, murmurer au cœur des cellules la nécessité de tenir, de ne rien lâcher, il était là, à l’intérieur, sa vie comme un don, son énergie comme une réserve inépuisable, une offrande, enlacer la vie éreintée de Christian, la réconforter, lui prodiguer tout son amour, toute sa force, établir un barrage contre la Mort, dresser des murailles, consolider les brèches, être à l’intérieur comme un guerrier farouche. Le sabre de l’amour prêt à trancher les armées de la Faucheuse.

    Il s’était installé dans le parc, sur un banc. Face à un cèdre majestueux. Adossé, les jambes étendues, il avait basculé la tête en arrière, les yeux fixés sur l’horizon vertical, une échappée par-delà les murs immenses des bâtiments, le ciel translucide semblait imiter les espaces océaniques, quelques risées écumeuses, des courants résistants à la dilution dans le corps immense, des chapelets de récifs cotonneux, la rumeur de la ville montait comme une houle indocile, quelques éclats parfois comme des vagues à l’assaut des écueils, des oiseaux blancs dérivaient sur les grands fonds, leurs arabesques lentes suivaient les vents solaires, des chemins invisibles qu’ils savaient deviner, tant de paix, cette douceur du monde par-delà les enceintes.

    Christian ne pouvait pas partir, il devait replonger dans cet amour, goûter encore aux bonheurs simples, à la vie câline, sans intention, juste la contemplation, l’abandon, la quiétude des émotions originelles, la connivence, l’osmose.

    « Ne pars pas Christian, je t’en prie. La vie a besoin de toi.»

    Toutes ces prières, cette force diffusée, cet attachement fraternel qu’il maintenait.

    Le cèdre lançait vers la lumière son sommet tabulaire, enivrant l’espace de senteurs résinées, des peuples de branches s’étalaient sur des plages de vide, dominaient la pesanteur comme des tapis suspendus, les aiguilles avides captaient les jus nourriciers, le tronc fiché dans la terre jaillissait telle une aiguille rocheuse, une colonne végétale, massive, compacte, dressée contre le temps, des arrondis de racines couraient sous la surface, étendant leurs ancrages, tellement de forces, tellement de vie. Née d’une graine infime. Il avait pensé au germe de vie que ses parents avaient créé, Christian unifié dans le secret intime de sa mère, la fusion émotionnelle de deux amours au service de la vie. Il était impossible que ça s’arrête. Pas maintenant.

    Christian était remonté du bloc. Placé immédiatement dans une chambre stérile. Ils ne pouvaient aller le voir que deux heures par jour. Ils enfilaient une longue blouse, des chaussons en papier, ils cachaient leurs cheveux sous un fichu, portaient un masque devant la bouche. Tout devait être jeté à chaque fois. Christian ne réagissait à aucune sollicitation, il maigrissait, cinquante kilos pour un mètre quatre-vingt-seize. Branché sur des perfusions aux aiguilles épaisses.

    Charlotte passait prendre des nouvelles.

    « Ne désespérez pas, il est bien suivi. On sait traiter ce genre de problème désormais. Mes collègues m’ont dit que les médicaments étaient efficaces. »

    Ils ne la croyaient pas vraiment.

    Ils regrettaient les crises de folie. Christian y était plus vivant que dans ce sommeil mortuaire.

    L’épuisement de ses parents. Tous ces allers-retours, leur travail, les heures d’angoisse, l’inquiétude d’une sonnerie téléphonique, un appel qu’ils avaient sûrement imaginé. Ils les avaient vus vieillir, perdre le sourire, le goût de la vie.

    La masse solide de son père fléchissait, les épaules tombaient, le visage sombre, abattu.

    Sa mère semblait tendue à se rompre, aux aguets, comme un filament fragile, juste préservé par la vie suspendue de Christian.

    Comme un cordon ombilical restauré et le refus de la lame qui le tranche.

    Tenir, tenir. Ne pas couler en entraînant les autres, ne pas être celui qui perd pied, tenir, tenir, pas de faiblesse, l’interdiction de sombrer. On ne coule pas devant un rescapé. On le veille, on lui transmet son énergie, on résiste à tous les courants sombres, on lutte, on se bat, on le maintient à la surface.

    Cette impression de flotter au milieu d’un océan d’incertitudes et de ne pas avoir le droit de s’enfoncer. Penser constamment à celui qui reste, à la détresse de sa solitude intérieure, à cette lutte viscérale contre l’invasion morbide.

     

     

  • Acidification des océans

     

    Environnement

    Tout comprendre sur : l'acidification des océans

    L'excès de dioxyde de carbone a des effets profonds dans l'eau, et met notamment en danger les animaux à coquille.

     

    De Alejandra Borunda

    https://www.nationalgeographic.fr/environnement/tout-comprendre-sur-lacidification-des-oceans

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    L'acidification de l'océan entraîne un stress supplémentaire pour les créatures marines.

    PHOTOGRAPHIE DE Cassie Jensen, National Geographic Your Shot

    Les océans deviennent de plus en plus acides et le changement se produit plus rapidement qu'à tout autre moment de l'histoire géologique.

    C'est une mauvaise nouvelle pour la plupart des créatures qui vivent dans l'océan, dont beaucoup sont sensibles aux changements subtils de l'acidité de leur habitat aquatique.

    C'est particulièrement problématique pour les coraux, les huîtres et d'autres créatures dont la coquille ou le squelette carboné est délicat, et qui sont fragilisés par des changements, même minimes, de l'équilibre acide de l'océan, un peu comme les pluies acides corrodent les gargouilles de pierre et les bâtiments en calcaire.

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    Environnement 101 : les océans

    Environnement 101 : les océans

    Le coupable de l'acidification est le dioxyde de carbone supplémentaire que l'Homme a fait s'accumuler dans l'atmosphère en brûlant des combustibles fossiles, en abattant des forêts... entre autres.

    LE COUPABLE, C'EST LE CARBONE

    Les océans ont toujours absorbé et rejeté du dioxyde de carbone, faisant la navette entre l'atmosphère et l'eau. Mais l'échange se fait lentement, généralement sur des milliers voire des dizaines de milliers d'années.

    L'Homme a perturbé ce lent échange. Depuis le début de la révolution industrielle, au milieu du 18e siècle, les humains ont ajouté quelque 400 milliards de tonnes de carbone dans l'atmosphère. C'est un sous-produit des grandes quantités de combustibles fossiles que nous avons brûlées pour produire de l'énergie, des arbres qui ont été abattus, du ciment que nous avons produit, etc.

    La majeure partie de ce carbone, sous forme gazeuse de dioxyde de carbone (CO2), reste dans l'atmosphère, où il piège la chaleur et contribue au réchauffement planétaire. Mais chaque année, l'océan absorbe environ 25 % de tout le CO2 supplémentaire émis. Au cours des dernières centaines d'années, environ 30 % de tout le dioxyde de carbone supplémentaire que les humains ont ajouté à l'atmosphère se sont infiltrés dans les océans.

    C'est une bonne chose pour l'atmosphère. Sans cette réduction supplémentaire de dioxyde de carbone, la planète se serait réchauffée encore plus qu'elle ne l'a déjà fait. Mais c'est une mauvaise nouvelle pour les océans.

    UN CLIN D'ŒIL À L'ÉCHELLE DES TEMPS GÉOLOGIQUES

    À la fin des années 1700, les océans s'étaient équilibrés pour être légèrement alcalins, avec un pH d'environ 8,1 – à peu près le même niveau d'acidité qu'un blanc d'œuf. (Les choses plus acides se situent plus bas sur l'échelle du pH. L'eau parfaitement distillée a un pH d'environ 7 ; le jus de citron et le vinaigre ont un pH de 2 à 3).

    Des lions de mer d'Australie jouent dans des herbiers marins, non loin des îles Hopkins du ...

    Diaporama

    Le pH de l'océan a changé à l'échelle du temps géologique. Pendant les phases froides de l'histoire de notre planète, le pH a augmenté (est devenu plus alcalin) d'environ 0,2 unité, et il a diminué (est devenu plus acide) d'environ la même quantité lorsque la planète s'est réchauffée. Mais il a fallu des dizaines de milliers d'années pour que ces changements se produisent - beaucoup de temps pour que les créatures vivant dans les mers s'adaptent au changement.

    Les eaux de surface des océans ont enregistré une baisse d'environ 0,1 unité de pH depuis le début de la révolution industrielle - un clin d'œil dans les temps géologiques ou évolutifs. Même si 0,1 unité ne semble pas être un grand changement, c'est significatif : l'échelle de pH étant logarithmique (comme l'échelle de Richter pour les tremblements de terre), ce petit changement signifie en fait que l'eau est environ 28 % plus acide qu'auparavant.

    UN AVENIR SOMBRE

    Ce changement rapide est un véritable stress pour tout ce qui vit dans la mer. Il ramollit les coquilles des coquilles Saint-Jacques. Il ralentit la mue des crabes et des homards. Il affaiblit les coraux. Il trouble les poissons, perturbant leur sens de l'odorat. Il peut même modifier la façon dont les sons se transmettent dans l'eau, rendant les environnements sous-marins légèrement plus bruyants.

    L'avenir nous réserve encore plus de défis. D'ici 2050, les scientifiques prévoient que 86 % de l'océan mondial sera plus chaud et plus acide que jamais dans l'histoire moderne. D'ici 2100, le pH de l'océan de surface pourrait chuter à moins de 7,8, soit plus de 150 % par rapport à l'état déjà corrosif d'aujourd'hui, et potentiellement encore plus, dans certaines parties particulièrement sensibles de la planète, comme l'océan Arctique.

  • Réchauffement des océans

     

    Climat

    Dans les océans, les records de chaleur menacent la vie marine

     

    Dans les océans, les records de chaleur menacent la vie marine

    https://reporterre.net/Dans-les-oceans-les-records-de-chaleur-menacent-la-vie-marine?

    Les eaux de surface des océans du globe atteignent sans interruption, depuis mars 2023, des températures jamais enregistrées auparavant.

    Voilà maintenant un an que l’océan global ondule en terrain inconnu. Depuis le 13 mars 2023, la température moyenne à la surface des océans bat quotidiennement des records, selon les données de l’Agence atmosphérique et océanique américaine (NOAA), traduites en courbes sur la plateforme Climate Reanalyzer de l’Université du Maine (États-Unis). Le 10 mars 2024, les eaux de surface mondiales atteignaient, toujours selon la NOAA, 21,2 °C. Du jamais-vu à cette période de l’année.

    Les services météorologiques européens tirent eux aussi la sonnette d’alarme. Dans un communiqué publié jeudi 7 mars, l’observatoire Copernicus constate que la température moyenne de surface des eaux, au mois de février, s’est élevée à 21,06 °C. Un niveau supérieur au précédent record mensuel (20,98 °C), établi en août 2023.

    Un coup d’œil à la carte mise au point par les experts donne une idée de la gravité de la situation : du Pacifique à l’océan Indien, en passant par la Méditerranée et la mer des Caraïbes, l’immense majorité des eaux tirent vers l’orange, traduisant une température moyenne supérieure, voire « très supérieure », à celle habituellement enregistrée en février au cours de la période 1991-2020. De très larges zones sont couvertes de rouge, indiquant le dépassement d’un record de chaleur.

    Les écarts de température de la surface des océans en février 2024 par rapport à la moyenne de 1991-2020. climate.copernicus.eu

    L’Atlantique nord, en particulier, a connu une année hors norme. À la fin du mois d’août, ses eaux de surface dépassaient les 25 °C, avec des anomalies de température supérieures de 1,3 °C à la moyenne 1982-2011. Les eaux irlandaises et britanniques ont été frappées par des canicules marines stupéfiantes, les températures pouvant dépasser de 5 °C les normales estivales.

    « Une année complète comme ça, avec des records journaliers, c’est exceptionnel », note Thibault Guinaldo, chercheur en océanographie spatiale au Centre national de recherches météorologiques (CNRS-Météo France). Le changement climatique en est le principal responsable, explique-t-il : « Les océans absorbent une très grande partie de l’excès de chaleur dans l’atmosphère, ce qui se traduit par leur réchauffement constant d’une année sur l’autre. »

    L’évolution quotidienne de la température mondiale à la surface des océans, de 1981 à 2024. climatereanalyzer.org

    À ce dérèglement d’origine humaine s’est superposée, en 2023, la perturbation naturelle El Niño. Ce phénomène climatique, qui réapparaît tous les trois à sept ans, s’est traduit par un réchauffement du Pacifique tropical. El Niño devrait normalement s’éclipser à la mi-2024, faisant légèrement redescendre le thermomètre. Du moins à court terme. « Tant qu’on émettra des gaz à effet de serre, l’océan continuera de se réchauffer » , dit Laurent Bopp, océanographe et chercheur au Laboratoire de météorologie dynamique.

    « On perturbe le fonctionnement du système climatique »

    Le réchauffement des océans a des conséquences majeures sur les sociétés humaines, le système climatique et la biodiversité. Il est notamment parmi les principaux responsables de l’élévation du niveau des mers, souligne Thibault Guinaldo : « Lorsqu’un fluide se réchauffe, il prend davantage de volume. Et donc, plus l’océan se réchauffe, plus son niveau augmente. »

    « Lorsque l’eau est plus chaude, il y a davantage d’évaporation, dit également Laurent Bopp. Il y a un lien entre la température de l’eau de mer, l’abondance de l’eau dans l’atmosphère et donc, les épisodes de précipitations extrêmes sur les continents. » Ce phénomène est notamment documenté en Méditerranée. La hausse des températures modifie également les grands courants océaniques, qui redistribuent l’énergie entre l’Équateur et les pôles. « On perturbe le fonctionnement du système climatique », note-t-il.

    La vie marine paie elle aussi un lourd tribut. Plus l’eau est chaude, moins elle peut contenir d’oxygène. Cela peut durement affecter le développement des poissons. Lorsque la température des eaux de surface augmente, elles deviennent par ailleurs moins denses, et se mélangent donc plus difficilement avec les eaux plus froides et lourdes situées en profondeur. Ce phénomène, appelé « stratification de l’océan », freine les échanges de chaleur, de carbone et d’oxygène entre les différentes couches d’eau salée. « Plus l’océan est stratifié, moins les éléments nutritifs de l’océan profond peuvent être amenés en surface et fertiliser le plancton », alerte le chercheur.

    « Peut-être les prémices d’un bouleversement de l’habitabilité de l’océan »

    À cela s’ajoutent les épisodes de blanchiment massif des coraux. Dans une étude publiée l’été dernier dans la revue scientifique Global Change Biology, une équipe d’une soixantaine de chercheurs internationaux a montré que les canicules marines qui ont frappé la région entre 2015 et 2019 avaient provoqué des « mortalités massives » chez une cinquantaine d’espèces de poissons, d’éponges, d’algues ou encore de mollusques, jusqu’à 40 mètres sous la surface de l’eau. « C’est comme si l’on se trouvait en face d’une forêt cramée », expliquait en juin 2023 à Reporterre Joaquim Garrabou, chercheur à l’Institut des sciences de la mer de Barcelone et co-auteur de cette étude.

    Lorsque les eaux de surface deviennent trop chaudes pour eux, les organismes qui y vivent peuvent être contraints de migrer vers les pôles. Ce phénomène pourrait n’être « que la partie émergée de l’iceberg », selon le chercheur Météo-France au Centre national de recherches météorologiques Roland Séférian. Une étude à laquelle il a contribué, publiée en 2022 dans la revue scientifique Nature Climate Change, suggère que les écosystèmes situés à plus de 50 mètres de profondeur pourraient eux aussi être bouleversés par l’accumulation de chaleur dans l’océan.« Ce qu’on voit aujourd’hui, ce sont peut-être les prémices d’un bouleversement complet de l’habitabilité de l’océan. »

    Seul espoir de mettre au pas ce phénomène meurtrier : « couper nos émissions de gaz à effet de serre », rappelle Thibault Guinaldo. « C’est la principale cause du réchauffement, et celle sur laquelle on peut jouer. »

    Océan de surface, océan profond, quelle différence ?

    L’océan est divisé en plusieurs couches. En surface, sa température peut être suivie de manière très précise et régulière grâce aux satellites. Ces derniers sont cependant incapables de mesurer la température de l’eau au-delà d’une certaine profondeur. Pour étudier le réchauffement de la zone située à plus de 200 mètres de fond, les scientifiques ont recours à un réseau de bouées autonomes. Leurs données suggèrent que l’océan profond se réchauffe lui aussi, quoique moins vite et de manière plus hétérogène que l’océan de surface, décrit Laurent Bopp.

  • THÈME : le climat (18)

    Terre europe

     

    Un thème que je devais créer pour retrouver les articles. De tout archiver dans ce thème-là est vraiment essentiel. Il faut compiler les données, les études, les écrits pour pouvoir dans dix ans, vingt ans, trente ans relire ce qui avait annoncé.

     

    Changement climatique : depuis 30 ans

    Chronologie du changement climatique d'origine humaine

    Dérèglement climatique

    Claude Lorius : glaciologue.

    Climat : dernier rappel.

    Climat : l'heure du constat

    Climat : l'heure du constat (2)

    Climat : l'heure du constat (3)

    Climat : Le problème de l'eau.

    Climat : toujours plus chaud

    Climat : un constat de plus.

    Climat et apprentis sorciers.

    Climat et pauvreté

    Climatiseurs et dissonance cognitive

    Climato-sceptique : arguments et objections

    Changements climatiques et épisodes méditerranéens

    Changement climatique et phénomènes météorologiques

    Changement climatique : un aperçu.

    Changement climatique à l'école

    Sciences et vie : le climat en France

    Sciences étonnantes : réchauffement climatique

    Méthane et climat

    Le changement climatique dans les Alpes

    Face à l'urgence climatique, les "J'accuse"...

    Réfugiés climatiques

    Réchauffement climatique : mécanisme et évolution

    "Je suis le climat"

    Réchauffement climatique

    Réchauffement climatique (2)

    "Si le climat était une banque..."

    Un climat de guerre

    Un climato-sceptique

    Un climato-sceptique (2)

    Incendies et climat.

    Jean Jouzel, climatologue

    Pour les climato-sceptiques

    Dépression climatologique

    "Les criminels du climat" (Nature)

    "La bataille du climat"

    Le piège climatique

    Le réchauffement climatique, un mythe ?

    Urgence climatique et croissance

    Zoonoses et dérèglement climatique

    Michael Shellenberger et la peur climatique

    Le catastrophisme climatique

    Enjeux philosophiques du changement climatique 

    Philosophie et réchauffement climatique

    Analyse des arguments climato-sceptiques

    Biodiversité et changement climatique

    Planète-info : climat

    Assurance et menaces climatiques

    Réchauffement climatique en graphiques

    Viande et réchauffement climatique

    Viande et réchauffement

    Vignobles et changement climatique

    Inondations : est-ce la faute du changement climatique ?

    Réchauffement des océans

    Acidification des océans

     

     

     

     

     

  • Global warning et climatosceptiques

     

     

    Tribune — Climat

    Déni de réalité : pourquoi le climatoscepticisme progresse

     

    Déni de réalité : pourquoi le climatoscepticisme progresse

    Les discours niant le dérèglement climatique foisonnent. À force d’outils efficaces, les climatosceptiques prospèrent et sont loin de vouloir s’arrêter, explique le chercheur Albin Wagener.

    Albin Wagener est chercheur associé à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco, Plidam) et au laboratoire Prefics de l’université Rennes 2.

    C’est un paradoxe de notre époque : alors que les effets du changement climatique sont de plus en plus couverts par les médias et n’ont jamais été aussi saillants pour les populations, le climatoscepticisme reprend lui des forces au gré de l’actualité climatique. D’après un sondage mené par Ipsos et le Cevipof en 2023, ce sont 43 % de Français qui refusent de « croire » au réchauffement du climat.

    Plusieurs fois annoncé comme dépassé ou cantonné à des sphères complotistes, le climatoscepticisme n’en finit pas de se régénérer. Si les origines de ce courant remontent aux États-Unis, il prospère chez nous aujourd’hui via des incarnations bien françaises, comme l’a montré le récent documentaire La Fabrique du mensonge sur le sujet. Tâchons donc de revenir un peu en arrière pour comprendre le succès actuel de ces discours niant le dérèglement climatique.

    Une narration efficace

    Dans les années 1980, aux États-Unis, l’émergence et la propagation d’une « contre-science » du climat ont résulté de la mobilisation de think tanks liés au parti républicain et au lobbying de grandes entreprises, principalement dans le secteur de la production pétrolière, en s’inspirant par ailleurs des pratiques de l’industrie du tabac.

    Le terme de « climatoscepticisme » est, à cet égard, lui-même aussi trompeur que révélateur : en liant « climat » et « scepticisme », le terme donne l’impression d’une posture philosophique vertueuse (notamment la remise en question critique et informée), et induit en erreur. Car il s’agit ici bien moins de scepticisme que de déni, voire de cécité absolue vis-à-vis de faits scientifiques et de leurs conséquences, comme le rappelle le philosophe Gilles Barroux.

    Mais qu’importe : au moment de l’Accord de Paris et du consensus de plus en plus large sur le climat, le climatoscepticisme semblait réduit à portion congrue : en France, en 2019, la Convention citoyenne pour le climat montrait que le sujet pouvait être pris au sérieux tout en donnant lieu à des expérimentations démocratiques. Puis en août 2021, la loi Climat et Résilience semblait ancrer un acte politique symbolique important, bien qu’insuffisant.

    « Je ne crois pas au changement climatique », a écrit l’artiste Banksy sur une façade d’un immeuble de Londres, près d’une eau stagnante rappelant une inondation. Flickr/CC BY-NC 2.0 Deed/Dunk

    Pourtant, malgré ces évolutions politiques, le climatoscepticisme prospère aujourd’hui en s’éloignant de son incarnation et champ originel, puisqu’il constitue désormais une forme de discours, avec ses codes, ses représentations et ses récits. C’est précisément en cela qu’il est si dangereux : du point de vue linguistique, narratif et sémantique, il utilise des ressorts hélas efficaces, qui ont pour objectif d’instiller le doute (a minima) ou l’inaction (a maxima).

    « Préserver la domination de l’Homme sur ce que l’on appelle abusivement la « Nature » »

    Plus clairement, les sphères climatosceptiques vont par exemple utiliser des termes aux charges sémantiques équivoques (climatorassurisme, climatoréalisme, etc.), remettre en question la véracité des travaux du Giec [1], mettre en exergue les variations du climat à l’échelle du temps géologique (la Terre ayant toujours connu des périodes plus ou moins chaudes ou froides), ou bien encore expliquer que toute action mise en œuvre pour lutter contre le changement climatique relèverait en fait de l’autoritarisme liberticide. En d’autres termes, le doute est jeté sur tous les domaines, sans distinction.

    De ce point de vue, il est important de noter que le climatoscepticisme peut prendre plusieurs formes : déni de l’origine anthropique du réchauffement, mise en exergue de prétendus cycles climatiques, remise en cause du rôle du CO2 ou technosolutionnisme chevronné sont autant de variables qui donnent sa redoutable vitalité au climatoscepticisme.

    Lire aussi : Christophe Cassou : « Le climatoscepticisme a la couleur de l’extrême droite »

    Mais que cachent les discours climatosceptiques ? Outre les intérêts économiques, on retrouve également la préservation d’un ordre social et de systèmes de domination spécifiques : domination de l’Homme sur ce que l’on appelle abusivement la « Nature » (incluant les autres espèces, l’intégralité de la biodiversité et les ressources), exploitation des ressources nécessaires à l’activité industrielle et économique, mais aussi domination de certaines communautés sur d’autres — notamment parce que les femmes ou les populations indigènes sont plus vulnérables au changement climatique, tout en représentant également les populations les plus promptes à proposer des innovations pour contrer ses impacts.

    Des cibles et intérêts marqués

    Au-delà de sa pérennité, les recherches ont montré à quel point le climatoscepticisme restait efficace pour retarder l’action politique. Il ne s’agit pas ici de dire que la classe politique est climatosceptique, mais qu’un certain nombre d’acteurs climatosceptiques finissent par diffuser des discours qui font hésiter les décideurs, retardent leurs actions ou font douter quant aux solutions ou alternatives à mettre en place.

    La France n’échappe pas à cette tendance : entre les coups médiatiques de Claude Allègre, l’accueil de Greta Thunberg à l’Assemblée nationale ou encore les incursions de divers acteurs climatosceptiques (se désignant eux-mêmes comme climatoréalistes ou climatorassuristes), le paysage médiatique, politique et citoyen se retrouve régulièrement pollué par ce type de discours.

    Doté de solides ressources financières, ce mouvement a pu contester les résultats scientifiques dans la sphère publique, afin de maintenir ses objectifs économiques et financiers.

    Le Giec en a, par ailleurs, fait les frais de manière assez importante — et encore aujourd’hui ; régulièrement en effet, des scientifiques du Giec comme Jean Jouzel ou Valérie Masson-Delmotte, qui se sont engagés pour porter de manière pédagogique les travaux collectifs dans l’espace médiatique, se sont retrouvés la cible de critiques, notamment sur la véracité des données traitées, ou la raison d’être financière du groupement scientifique mondial. Cela est notamment régulièrement le cas sur les réseaux sociaux, comme le montrent les travaux de David Chavalarias.

    Prôner les certitudes d’un « vieux monde inadapté »

    Au-delà de ces constats informatifs, une question émerge : pourquoi sommes-nous si prompts à embrasser, de près ou de loin, certaines thèses climatosceptiques ? Pourquoi cette forme de déni, souvent mâtinée de relents complotistes, parvient-elle à se frayer un chemin dans les sphères médiatiques et politiques ?

    Pour mieux comprendre cet impact, il faut prendre en considération les enjeux sociaux liés au réchauffement climatique. En effet, cette dimension sociale, voire anthropologique est capitale pour comprendre les freins de résistance au changement ; si la réaction au changement climatique n’était qu’affaire de chiffres et de solutions techniques, il y a longtemps que certaines décisions auraient été prises.

    En réalité, nous avons ici affaire à une difficulté d’ordre culturel, puisque c’est toute notre vie qui doit être réorganisée : habitudes de consommation ou pratiques quotidiennes sont concernées dans leur grande diversité, qu’il s’agisse de l’utilisation du plastique, de la production de gaz à effet de serre, du transport, du logement ou de l’alimentation, pour ne citer que ces exemples.

    « Il est le symptôme d’autodéfense d’un vieux monde qui refuse de mourir »

    Le changement est immense, et nous n’avons pas toujours les ressources collectives pour pouvoir y répondre. De plus, comme le rappelle le philosophe Paul B. Preciado, nous sommes dans une situation d’addiction vis-à-vis du système économique et industriel qui alimente le changement climatique ; et pour faire une analogie avec l’addiction au tabac, ce ne sont jamais la conscience des chiffres qui mettent fin à une addiction, mais des expériences ou des récits qui font prendre conscience de la nécessité d’arrêter, pour aller vite. Cela étant, le problème est ici beaucoup plus structurel : s’il est aisé de se passer du tabac à titre individuel, il est beaucoup plus compliqué de faire une croix sur le pétrole, à tous les niveaux.

    Paradoxalement, c’est au moment où les effets du changement climatique sont de plus en plus couverts par les médias que le climatoscepticisme reprend des forces, avec une population de plus en plus dubitative. Ce qui paraît paradoxal pourrait en réalité être assez compréhensible : c’est peut-être précisément parce que les effets sont de plus en plus visibles, et que l’ensemble paraît de plus en plus insurmontable, que le déni devient une valeur refuge de plus en plus commode. Il s’agirait alors d’une forme d’instinct de protection, qui permettrait d’éviter de regarder les choses en face et de préserver un mode de vie que l’on refuse de perdre.

    Si le climatoscepticisme nous informe sur nos propres peurs et fragilités, il est aussi symptomatique du manque de récits alternatifs qui permettraient d’envisager l’avenir d’une tout autre manière. En effet, pour le moment, nous semblons penser la question du changement climatique avec le logiciel politique et économique du XXe siècle. Résultat : des récits comme le climatoscepticisme, le greenwashing, le technosolutionnisme (le fait de croire que le progrès technique règlera le problème climatique), la collapsologie ou encore le colibrisme (le fait de tout faire reposer sur l’individu) nous piègent dans un archipel narratif confus, qui repose plus sur nos croyances et notre besoin d’être rassurés, que sur un avenir à bâtir.

    De fait, le climatoscepticisme prospère encore, car il est le symptôme d’autodéfense d’un vieux monde qui refuse de mourir. Sans alternative désirable ou réaliste, alors que nos sociétés et nos économies sont pieds et poings liés par la dépendance aux énergies fossiles, nos récits sont condamnés à tourner en rond entre déni, faux espoirs et évidences trompeuses.

    C’est bien là tout le problème : si les chiffres sont importants pour se rendre compte de l’importance du changement et de ses conséquences (y compris pour mesurer les fameux franchissements des limites planétaires), ce n’est pas avec des chiffres seuls que l’on met en mouvement les sociétés et les politiques. Les tenants du climatoscepticisme ont parfaitement compris cette limite, en nous proposant les certitudes confortables d’un vieux monde inadapté, face aux incertitudes paralysantes d’un avenir qui sera radicalement différent du monde que nous connaissons, mais que nous avons le choix de pouvoir écrire.

    Cette tribune a été initialement publiée sur le site The Conversation.

     

     

    The Conversation

  • Solastalgie

    Non, je ne suis pas anxieux, je ne suis pas dépressif, je n'ai peur de rien au regard des années à venir. Pour une seule raison : je n'y peux rien.

    La haute montagne m'a enseigné le contrôle. Si je décide d'aller risquer ma vie sur un sommet, je dois être dans le contrôle. Il n'y a pas d'anxiété car je suis dans l'action. 

    Dans le cas de la dégradation continuelle du Vivant, je pourrais être anxieux puisque je ne peux pas agir sur le réchauffement climatique planétaire. Oui, mais je peux agir dans mes choix de vie. Et c'est ce qui me maintient dans un état d'esprit qui ne laisse pas de place à l'éco-anxiété ou à la solastalgie. Il m'arrive par contre d'être en colère ou d'être triste mais ça ne dure pas. Ma colère contre certains, elle ne les changera pas et ma tristesse envers le Vivant ne le soignera pas. Ce sont des émotions qui n'ont pas d'intérêt et par conséquent, je les laisse s'éteindre en ne leur accordant pas mon attention. Elles passent doucement et s'éteignent.

    Il n'empêche que lorsque j'avais 17 ans, je n'aurais jamais imaginé que des années plus tard, je sois en train de m'interroger sur la pérénnité du Vivant.

    J'étais insousciant et surtout considérablement naïf au regard de la confiance que j'accordais a priori à l'espèce humaine.

    Mais, ça, c'est  fini. 

    PC230091

     

    Qu’est-ce que la solastalgie ?

     

    Le terme solastalgie, ou « dépression verte », provient du mot latin solacium qui signifie « réconfort » et du suffixe grec algia relatif à la douleur. La solastalgie renvoie à la douleur liée à la perte de ce qui nous réconforte, en l'occurrence, notre environnement.

     

    En effet, les personnes atteintes de solastalgie sont dans un processus de prise de conscience par rapport à l’état de la planète en raison de différents maux :

    dérèglement climatique ;

    migration de populations ;

    perte de la biodiversité ;

    coût d’extraction grandissant des énergies fossiles ;

    système interdépendant ;

    effondrement ;

    etc.

    La solastalgie est une expérience immédiate s’illustrant par des émotions négatives intenses telles que :

    la tristesse ;

    l’impuissance ;

    la dépression.

    À l’inverse, l’éco-anxiété est une peur par anticipation qui renvoie à une réaction émotionnelle et ne peut pas donner lieu à une pathologie telle que la solastalgie. Ainsi, toute personne ayant conscience de l’ampleur de l’enjeu écologique actuel, présente de l’inquiétude quant à l’état de la planète et souffre donc d’éco-anxiété. L’incertitude, c’est-à-dire le fait de ne pas réussir à se projeter, ni à imaginer son avenir, fait également partie des symptômes de l’éco-anxiété.

    Quels sont les symptômes de la solastalgie ?

    La solastalgie, qui touche des millions de gens, impacte psychologiquement et physiquement les personnes qui en sont atteintes.

    Différentes émotions, troubles et questionnements sont rattachés à l’état de solastalgie, tels que :

    le sentiment d’impuissance ;

    le sentiment de perte de contrôle ;

    le sentiment de perte de sens ;

    le sentiment d’injustice ;

    le sentiment de frustration ;

    la colère ;

    la peur de l’avenir ;

    la tristesse ;

    le regret ;

    l’anorexie ;

    l’angoisse ;

    le pessimisme ;

    les troubles anxieux allant d’une anxiété chronique à des attaques de panique ;

    l’insomnie ;

    le questionnement autour du projet d’enfant ;

    la dépression.

    Cette multitude d’émotions et de questionnements peuvent apparaître de façon progressive ou soudaine. Le développement des symptômes de la solastalgie sont liés à un stress dit pré-traumatique.

    Qui est touché par la solastalgie ?

    La solastalgie peut concerner tout un chacun. Néanmoins, certaines personnes sont plus susceptibles d’être touchées, telles que :

    les personnes ayant été directement exposées aux répercussions du réchauffement climatique : inondation, incendie, canicule, etc. ;

    les personnes ayant vécu un choc tel qu’un paysage complètement différent comparé à ses souvenirs ;

    les climatologues, qui côtoient quotidiennement les catastrophes écologiques et qui sont à l’origine d’un vaste mouvement sur Twitter avec le hashtag #solastalgie en vue de sensibiliser la population ;

    la jeune génération qui se montre particulièrement inquiète quant à son avenir.

    Il apparaît aujourd’hui que 85 % des Français sont inquiets face au réchauffement climatique et, parmi eux,  29 % se montrent très inquiets. Un chiffre qui monte à 93 % parmi les jeunes âgés de 18 à 24 ans.

    Comment faire face à la solastalgie ?

    Dans tous les cas, la solastalgie n'est pas à minimiser. Si le besoin s'en fait sentir, elle peut faire l'objet d'un suivi psychologique.

    Voici quelques conseils pour faire face à la solastalgie :

    Prendre du recul sur la situation

    La première chose à faire lorsque les symptômes de la solastalgie se font ressentir est de prendre du recul sur cette situation que nous ne maîtrisons pas. Il est essentiel de ne pas tout prendre à cœur et d’accepter le fait qu’il est impossible d’endosser l’entière responsabilité de la lutte contre le réchauffement climatique. Agir à son échelle constitue déjà un premier pas de taille que ce soit par des actions concrètes ou en sensibilisant son entourage.

    S’engager pour l’environnement

    Chaque individu préoccupé par la situation climatique peut s’engager en rejoignant une ONG environnementale par exemple. Cette solution permet, non seulement de sensibiliser le plus grand nombre pour faire avancer la cause environnementale, mais aussi de vivre en cohérence avec ses valeurs.

    Adopter des écogestes

    Que ce soit au sein de sa vie quotidienne, comme sur son lieu de travail. Par exemple : se déplacer via des transports vertueux tels que le bus, le train, le vélo, la trottinette, la marche à pied ou encore le covoiturage ; réduire le gaspillage et diminuer la production de déchets ; maîtriser son impact numérique ; consommer mieux et moins en refusant, réduisant, réutilisant, recyclant et rendant à la terre, c'est-à-dire en compostant ; changer sa manière de voyager notamment en réduisant les vols en avion.

    Réduire son empreinte carbone

    En s’informant sur les causes du réchauffement climatique, à savoir une trop forte émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, afin de mieux les limiter en adoptant notamment les écogestes précédemment évoqués.

    Valérie Dollé

    Valérie Dollé
    Journaliste scientifique

  • Anticipation ou roman historique ?

     

     

    Je l'ai déjà écrit ici : je n'écris pas assez vite au regard de l'évolution et de l'accroissement effrayant des phénomènes climatiques d'ampleur. 

    On a tous entendu parler de la tempête Boris, vaste comme la France mais les medias ne s'y intéressent déjà plus. Elles n'ont d'ailleurs quasiment pas relayé les informations sur les déluges qui se sont abatuus sur le Sahara et les centaines de morts, et les dégâts considérables.

    Il est clair de toute façon que si les médias voulaient détailler les phénomènes météorologiques et le dérèglement climatique sur l'ensemble de la planète, elles ne feraient quasiment plus que ça. Il faudrait créer une chaîne dédiée...

    Il n'en reste pas moins qu'à la vitesse où ça va, cette quadrilogie en cours d'écriture pourrait bien à la place d'une anticipation devenir une fresque historique. Par contre, il est certain que dans ce cas-là, elle ne serait pas publiée étant donné qu'il n'y aurait plus grand-monde et certainement pas les structures éditoriales et que les lecteurs survivants auraient bien autre chose à aire que de prendre un livre...

    Comme je connais bien la vallée du Grésivaudan, j'ai imaginé une tempête Boris s'abattant sur les Alpes :

     

    LE DESERT DES BARBARES

     

     

    Le soleil avait réchauffé l'atmosphère quand ils aperçurent la croix du sommet, le plateau sommital en pente douce, des nuées évanescentes dérivaient en altitude, une brise légère jouait à animer les dentelles, les sommets de Belledonne flamboyaient, les neiges automnales comme des parures scintillantes.

    Dans les derniers mètres avant d'atteindre le bord de la falaise et de découvrir la vallée entière, Théo s'arrêta. Laure dans ses pas.

    « Sur cet itinéraire, avant que le monde ne parte en vrille, je rencontrais toujours des randonneurs. Pas des dizaines mais quelques-uns. Aujourd'hui, j'ai l'impression de vivre dans un monde parallèle, une autre dimension, le monde d'en bas et le monde d'en haut.

    - Oui, Théo, mais ce ressenti est influencé par notre statut d'être humain.

    - Qu'est-ce que tu veux dire ?

    - Les phénomènes naturels nous impressionnent par rapport aux dégâts qu'ils provoquent sur l'humanité mais est-ce que nous réagissions réellement lorsque la beauté de la création ne nous portait pas préjudice, lorsque la quiétude nous entourait ? On se pâmait devant un beau paysage, un beau coucher de soleil, un champ de fleurs mais sans en être bouleversés, sans que ces spectacles ne déclenchent une rupture radicale dans le simple ébahissement épisodique. On a vécu comme des enfants gâtés, incapables de réellement prendre conscience … je ne sais pas comment l'exprimer ... On vivait à côté de la nature et maintenant qu'elle nous secoue, on ne voit d'elle que sa puissance destructrice. Parce que c'est notre monde parallèle qu'elle bouleverse … Désolé. Je ne sais pas comment l'expliquer.

    - Si, je comprends, Laure. Nous n'avons pas témoigné de notre reconnaissance, pas à la hauteur du cadeau inestimable de la création et maintenant, nous ne voyons que les dérèglements qu'elle nous impose.

    - Il m'est arrivé de me demander quelle était la probabilité que la vie se développe sur la Terre. Je ne sais pas si un scientifique a déjà répondu à cette question mais j'imagine que c'est absolument bluffant, déconcertant, au-delà du concevable. Et il en est de même avec moi. Pourquoi moi et pas une autre combinaison entre l'ovule et le spermatozoïde ? Je suis une miraculée et nous le sommes tous. Sur une planète qui est elle-même une énigme scientifique et pour l'instant la seule connue. Et il faudrait pourtant que je sois atterrée, dévastée, désespérée, par les événements dramatiques auxquels nous assistons ? Non, je m'y refuse, non par obstination ou par déni mais parce que la vie est infiniment plus puissante que tous les désastres.

    - C'est le monde humain qui est parti en vrille, Laure, pas la nature. Ou alors, il faudrait accepter l'idée que la nature accompagne le mouvement, qu'elle nous imite, peut-être même qu'elle pense nous aider, qu'elle participe délibérément au nettoyage.

    - Oui, Théo, on l'a déjà évoqué et l'enchaînement des phénomènes plaide pour cette hypothèse.

    - Alors, si c'est bien le cas, nous devons changer de regard. Nous devons changer, intérieurement. Le problème, ça n'est pas la nature, c'est nous. »

    Il lui tendit la main, la paume vers le ciel.

    "L'homme est capable du meilleur comme du pire, mais c'est vraiment dans le pire qu'il est le meilleur.  C'est Grégoire Lacroix qui a écrit ça, il y a longtemps. Il nous reste donc à inverser la tendance. »

    Elle serra la main de Théo et ils avancèrent jusqu'au bord de la falaise.

    La vallée du Grésivaudan, noyée sous les eaux. D'une extrémité à l'autre. Des flots immobiles, terreux, marrons, gorgés de dépôts, les toits des maisons comme des écueils éparpillés, l'autoroute invisible, le lit de l'Isère totalement effacé.

    Théo posa son sac et sortit les jumelles. Sidéré. Un lac immense. Les immeubles de Meylan, Grenoble, Saint Martin d'Hères, émergeant des flots comme des amas de phares éteints. Domène, Le Versoud, Villard-Bonnot, englouties. Lorsqu'il porta son observation vers le sud-est, il atteignit Vizille. Il n'en restait rien. Une immense traînée de roches titanesques à l'entrée de la vallée de la Romanche, un mur gigantesque, plusieurs mètres de haut, des blocs colossaux, comme une montagne réduite en miettes, fragmentée, broyée, le déversoir d'une lame de fond s'étendant sur plusieurs centaines de mètres. Il comprit immédiatement. Le barrage de Gavet avait cédé, l'eau avait ravagé les gorges, Séchilienne, Livet, tous les villages balayés. Un tsunami dans les montagnes. Des millions de mètres cubes d'eau déboulant dans le couloir étroit des gorges. Le cours de l'Isère désormais barré par cette digue, un amas de roches, de blocs de béton, les maisons, les usines, les routes, les forêts, des centaines de milliers d'arbres, un conglomérat empli de cadavres. L'eau s'accumulait. Il distinguait le courant boueux de la Romanche descendant des montagnes et alimentant cette mer intérieure. La quantité de débris flottant n'était pas dénombrable. De chaque côté de la vallée, l'eau s'était établie sur les flancs, ligne horizontale au bord de laquelle, quelques hameaux perchés surplombaient les flots.

    Jamais, il n'aurait imaginé pareille catastrophe.

    Il baissa les jumelles et se tourna vers Laure.

    Elle était debout, immobile, le visage impassible.

    Le regard lointain.

    Levé vers les cimes.

    Elle tendit un bras pour désigner un point précis.

    Théo balaya le ciel, scruta l'horizon et ses yeux le trouvèrent.

    Un rapace tournoyait. De longues arabesques, sans aucun battement d'ailes, léger comme une plume dans le vent mais avec une parfaite maîtrise de son vol. Des cris aigus, prolongés et qui emplissaient le silence.

    Théo regarda Laure.

    Elle souriait.

    « S'aligner sur la résonance. »

    Elle se souvenait de cette expression qui l'avait troublée. Elle en comprenait désormais le sens.

  • L'incohérence

     

    J'avais conseillé une personne de ma connaissance dans une histoire de coupe rase illégale, à laquelle le Maire de la ville s'opposait mais qu'il ne parvenait pas à empêcher. 

    Il s'agissait d'une très belle forêt que beaucoup de personnes parcouraient sur de jolis chemins. 

    Cette personne était vraiment remontée et elle avait pris contact avec un journaliste local. 

    Je ne connais pas la fin de l'histoire car je n'ai plus de contact avec cette personne. J'ai "coupé le fil" le jour où j'ai vu sur FB qu'elle faisait un voyage au Népal...

    L'incohérence m'est insupportable. 

    Défendre une forêt près de chez soi et prendre l'avion pour du tourisme, c'est inconcevable mais c'est très révélateur de la très petite conscience du problème planétaire et c'est tout aussi révélateur quant au fait que beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes ne regardent la nature qu'à travers le filtre de leur propre intérêt. 

    Tout comme les gens qui critiquent les chasseurs parce qu'ils se sentent en danger quand ils vont en forêt mais qui achètent du poulet d'élevage ou de la viande dont ils ne connaissent aucunement l'effroyable histoire. 
    Les chasseurs, au moins, mangent ce qu'ils tuent. Non, je ne cautionne pas la chasse. Je dis juste qu'on ne peut pas les critiquer quand on mange de la viande industrielle. On marche beaucoup et on court dans les forêts et dans la Creuse, ça chasse fort. On n'a jamais eu de problèmes de comportement avec les chasseurs et on les a toujours trouvés très prudents. Ils se téléphonent entre eux pour signaler notre présence et on se salue cordialement. Qu'il y ait des "abrutis", c'est certain mais on en trouve partout, dans tous les secteurs de la société... Pas plus, pas moins...

    Environ 3,2 millions d’animaux issus d’élevages sont, chaque jour, abattus en France pour l’alimentation humaine. Parmi eux, 68 % sont des poulets. Je n'ai pas vérifié si le calcul était juste mais ça représente environ 400 animaux abattus à chaque battement de notre coeur.

    Il arrive un moment où l'incohérence est tellement gigantesque qu'on ne la voit plus. L'éducation nous y habitue dès l'enfance.

     

  • "Don't look up"

     

    On vit vraiment le scénario du ffilm  "Don't look up"

    Oui, je sais, ce blog est devenu une toute petite vitrine d'un immense désastre. 

    "Ce n'est pas la fin. Ce n'est même pas le commencement de la fin. Mais, c'est peut-être la fin du commencement." Winston Churchill

     

    De quoi d'autre pourrais-je bien parler ?

    Aujourd'hui, je considère ce blog comme des archives. Je ne sais pas combien d'années il me reste à vivre mais je tiens à compiler les données sur l'évolution des phénomènes extrêmes. Je paye 40 euros par an pour que rien ne se perde et que le moteur de recherche me permette de retrouver ce que je veux. Il m'arrive, parfois, de ressortir un ancien article lorsque, dans un échange sur les réseaux sociaux, un interlocuteur me dise "qu'on ne savait pas"...

    Nous savons ce qui se passe et nous savons même vers quoi nous allons. Il n'empêche que des millions de gens continuent à prendre l'avion pour des voyages touristiques, à s'offrir des croisières, à rouler en SUV, à consommer à outrance, à manger des animaux d'élevage, à consommer de l'huile de palme parce qu'ils s'en fichent de la déforestation et des orangs-outans.

    "Don't look up". Ne levez pas la tête.

    Les négationnistes, ne sortez pas de votre déni. Profitez du temps qu'il vous reste et de tout ce qui vous est accessible. Ne pensez pas aux enfants qui ne savent rien encore du monde qu'on leur laisse. Ne vous remettez pas en question, continuez à crier au complot, à cracher sur les scientifiques, à huer les climatologues, à médire sur les lanceurs d'alerte. De toute façon, comme vous le dites, c'est trop tard, il faut se servir avant que ça s'arrête. 

    Je ne crois aucunement à la transition verte, aux voitures  électriques, au nucléaire décarbonné, au tri sélectif, etc etc...

    Il n'y a qu'une seule solution et elle ne sera jamais appliquée : la décroissance à marche forcée, une décroissance planétaire. Je rêve au final de ce que j'écris dans la quadrilogie en cours : l'effondrement. Plusieurs scénarios sont envisageables. Il suffirait d'un élément déclencheur et les dominos tomberaient les uns après les autres. Bien sûr que tout le monde en souffrirait. Sauf la planète.

    Le covid a été un échec. J'en arrive désormais à le regretter. 

     

    Sortie le 4 sept. 2024 #climat #canicule #giec

    16 143 vues • Sortie le 4 sept. 2024 • #climat #canicule #giec

    Tout au long des derniers mois, ce fut une véritable litanie : des records de température battus aux quatre coins du monde. L'Espagne, l'Australie, le Japon ou certaines provinces de Chine ont tous connu en 2024 le mois d'août le plus chaud de leur histoire. Et la liste continue de s'allonger, avec une nouvelle alerte à la canicule en Californie, sans oublier les vagues de chaleur exceptionnellement sévères qui ont frappé ces derniers mois de nombreuses régions d'Afrique, notamment l'ouest et le centre du continent. Pour en parler, notre invité Jean Jouzel, climatologue et ancien membre du Giec.

     

     

    Les catastrophes naturelles se sont multipliées durant les douze mois les plus chauds jamais enregistrés

     

    Article rédigé parfranceinfo

    France Télévisions

    Publié le 05/06/2024 16:30

    Temps de lecture : 7 minUn berger est assis sur une terre aride à Ouled Essi Masseoud, au Maroc, le 6 mars 2024. (FADEL SENNA / AFP)

    Un berger est assis sur une terre aride à Ouled Essi Masseoud, au Maroc, le 6 mars 2024. (FADEL SENNA / AFP)

    Sous l'effet des émissions de gaz à effet de serre dues à l'activité humaine, les températures n'ont jamais été aussi élevées sur Terre. Sécheresses, feux de forêt, pluies torrentielles... Les conséquences ont été nombreuses.

    En publiant son dernier rapport, mercredi 5 juin, l'observatoire européen Copernicus confirme que le mois de mai qui s'achève a été le mois de mai le plus chaud jamais enregistré à l'échelle mondiale, depuis le début des mesures. C'est aussi le douzième mois consécutif à établir un nouveau record des températures moyennes sur le globe. La série de records témoigne d'une année rythmée par une fuite en avant climatique, expliquée par la croissance continue des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines, ainsi que par l'influence passagère du phénomène naturel El Niño. Les douze mois écoulés ont ainsi vu s'aggraver des phénomènes de sécheresses, d'inondations ou de chaleurs en plusieurs régions du monde. 

    Des incendies dévastateurs

    Dès le 1er juin 2023, la saison des feux de forêt au Canada s'ouvre dans un contexte de températures records et de sécheresse généralisée. Ce jour-là, la foudre allume 120 incendies, selon les autorités canadiennes.

    Des images aériennes d'un incendie au Québec (Canada), le 29 juin 2023. (GENEVIEVE POIRIER / SOCIETE DE PROTECTION DES FORETS / AFP)

    Des images aériennes d'un incendie au Québec (Canada), le 29 juin 2023. (GENEVIEVE POIRIER / SOCIETE DE PROTECTION DES FORETS / AFP)

    Sur la côté est des Etats-Unis, les New-Yorkais suffoquent dans le brouillard de fumée en provenance du voisin québécois.

    La fumée des incendies canadiens a atteint les Etats-Unis, et enveloppe l'Empire State Building, à New York, le 7 juin 2023. (DAVID DEE DELGADO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

    La fumée des incendies canadiens a atteint les Etats-Unis, et enveloppe l'Empire State Building, à New York, le 7 juin 2023. (DAVID DEE DELGADO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

    Trois mois plus tard, plus de 6 132 incendies ont ravagé 16,5 millions d'hectares, soit plus du double du précédent record établi en 1989. Car "contrairement aux années précédentes", les feux de cette saison, "la plus destructrice jamais enregistrée", "s'étendaient de la côte ouest aux provinces atlantiques, en passant par le nord", résument les autorités.

    Ce même été, des feux ravagent aussi le pourtour méditerranéen, soumis à des températures caniculaires, jusqu'à 47,6°C le 24 juillet à Catane, en Sicile. Italie, Grèce, Espagne, France, Algérie, Tunisie, Croatie... Les flammes font des dizaines de victimes. 

    Des témoins impuissants assistent à la destruction par les flammes du village de Gennadi, sur l'île de Rhodes (Grèce), le 25 juillet 2023. (ANGELOS TZORTZINIS / AFP)

    Des témoins impuissants assistent à la destruction par les flammes du village de Gennadi, sur l'île de Rhodes (Grèce), le 25 juillet 2023. (ANGELOS TZORTZINIS / AFP)

    Dans l'hémisphère sud, l'été austral s'accompagne aussi de canicules et de sécheresses. Dès le mois de novembre, le Brésil et la Bolivie suffoquent sous des températures meurtrières, qui entraînent incendies de forêts et des fermetures d'écoles. En février, près de 3 000 feux brûlent toujours à travers l'Amazonie, marquant un nouveau record pour la région. Après la Colombie et l'Argentine, le Chili connaît début février sa "plus grande tragédie" depuis le tremblement de terre de 2010, quand un incendie titanesque provoque la mort de 122 personnes dans la région touristique de Valparaiso.

    Des maisons ravagées par les feux de forêt au Chili, le 8 février 2024. (JAVIER TORRES / AFP)

    Des maisons ravagées par les feux de forêt au Chili, le 8 février 2024. (JAVIER TORRES / AFP)

    Sans attendre le printemps, sécheresse et chaleur menacent à nouveau dans l'hémisphère nord, comme aux Etats-Unis, où un incendie précoce se déclare en février dans le Texas, ou en Espagne, où ce mois d'avril affiche des températures autour de 30°C, propices à un premier départ de feu.

    Des chaleurs extrêmes

    La chaleur a pesé sur le quotidien de nombreux habitants de la planète au cours de ces douze derniers mois. Dans l'hémisphère nord, l'Inde, la Chine, le Vietnam et la Thaïlande sont les premiers pays à enregistrer des centaines de décès liés à la canicule, à l'orée de l'été 2023. "Depuis 1951, Pékin a connu onze jours où les températures ont été supérieures à 40°C, dont cinq au cours des deux dernières semaines", écrit CNN le 7 juillet.

    Une femme s'abrite sous un masque pour se protéger des fortes températures, à Pékin (Chine), le 16 juin 2023. (WANG ZHAO / AFP)

    Une femme s'abrite sous un masque pour se protéger des fortes températures, à Pékin (Chine), le 16 juin 2023. (WANG ZHAO / AFP)

    Dans la capitale chinoise, la chaleur et le recours massif à la climatisation mettent à mal les installations électriques, tandis qu'à l'autre bout du monde, une partie du sud des Etats-Unis, du sud de l'Europe et de l'Afrique du Nord dépassent déjà régulièrement les 40°C.

    En Europe, les records absolus de températures tombent les uns après les autres, tandis qu'il faut monter à 5 298 mètres d'altitude, dans les Alpes suisses, pour trouver la limite du "0°C" : un record. En octobre, des arbres fleurissent, s'étonnent des agriculteurs, mais dans le même temps, les coraux se meurent dans presque tous les océans de la planète, touchés par une canicule sous-marine hors norme.

    Une biologiste marine documente le blanchiment de la Grande Barrière de corail, au large de l'Australie, le 5 avril 2024. (DAVID GRAY / AFP)

    Une biologiste marine documente le blanchiment de la Grande Barrière de corail, au large de l'Australie, le 5 avril 2024. (DAVID GRAY / AFP)

    Mer ou montagne, le réchauffement climatique n'a guère de préférence. L'absence de neige entraîne l'annulation d'épreuves et l'aménagement d'une piste sur un glacier, à Zermatt (Suisse), où se déroule en novembre une étape de la Coupe du monde de ski alpin. Pour les Mondiaux de biathlon, quelques mois plus tard, en République tchèque, la neige naturelle est, là encore, portée disparue. Nous sommes en février et les Alpes battent un nouveau record : leur plus faible surface d'enneigement en cette saison (moins de 40%).

    Installation de mousse isolante pour éviter que le glacier du Rhône ne fonde davantage, le 24 août 2023. (FABRICE COFFRINI / AFP)

    Installation de mousse isolante pour éviter que le glacier du Rhône ne fonde davantage, le 24 août 2023. (FABRICE COFFRINI / AFP)

    Et alors que l'hémisphère nord fond, les pays du sud étouffent. Des canicules meurtrières s'abattent à nouveau sur le Brésil et sur le nord du continent africain, le Sahel et une partie de l'ouest du continent. 

    Un berger est assis sur une terre aride à Ouled Essi Masseoud, au Maroc, le 6 mars 2024. (FADEL SENNA / AFP)

    Un berger est assis sur une terre aride à Ouled Essi Masseoud, au Maroc, le 6 mars 2024. (FADEL SENNA / AFP)

    Enfin, en Asie, les chaleurs qui précèdent habituellement la mousson, au printemps, atteignent des valeurs inédites. A Bangkok, les Thaïlandais décrivent "l'agonie" de ces mois d'avril et de mai, marqués par des fermetures d'écoles et autres confinements climatiques. En Inde, une vague de chaleur humide fait grimper le mercure à plus de 45°C dans plusieurs grandes villes et entraîne la mort de dizaines de personnes.

    Des inondations meurtrières

    Le réchauffement climatique n'entraîne pas que la sécheresse. Dans plusieurs régions du monde, les épisodes de chaleurs exceptionnels de ces derniers mois ont été suivis d'inondations dévastatrices. Ainsi, fin juillet, Pékin se relève à peine d'une canicule inédite que le printemps lui apporte un typhon en provenance des Philippines. En 40 heures, 170 mm de précipitations tombent sur la capitale, qui vit son plus fort déluge depuis 140 ans. Les intempéries provoquent l'évacuation d'environ 127 000 personnes (et 847 400 autres dans le Hebei voisin) et font au moins 147 morts.

    La rivière Yongding déborde à Pékin (Chine), le 3 août 2023. (STRINGER / IMAGINECHINA / AFP)

    La rivière Yongding déborde à Pékin (Chine), le 3 août 2023. (STRINGER / IMAGINECHINA / AFP)

    Espagne, Grèce, Turquie... Les pays du pourtour méditerranéen, malmenés tout l'été par la chaleur, voient aussi arriver, en septembre, des pluies torrentielles et des inondations sur une partie de l'Europe. La tempête Daniel s'abat sur la ville côtière de Derna, en Libye. Sous la pression de l'eau, deux barrages cèdent, provoquant la destruction immédiate d'une partie de la ville de 100 000 habitants, dont 30 000 sont contraints d'évacuer.

    La ville de Derna (Libye) après les inondations provoquées par la tempête Daniel, le 18 septembre 2023. (HALIL FIDAN / ANADOLU AGENCY / AFP)

    La ville de Derna (Libye) après les inondations provoquées par la tempête Daniel, le 18 septembre 2023. (HALIL FIDAN / ANADOLU AGENCY / AFP)

    Tandis qu'à l'automne, une partie de l'Amazone est à sec et que, par manque d'eau, le canal de Panama doit revoir à la baisse le nombre de bateaux qui y transite, l'ouragan Otis apporte des pluies diluviennes sur le Mexique, plusieurs milliers de km plus au nord. "Imprévisible", le monstre balaie la station balnéaire d'Acapulco, tandis qu'en Europe, les tempêtes se multiplient. Ciaran, Domingos... Les alertes orange et rouge aux risques de pluie-inondation et vagues-submersion rythment le quotidien de milliers de Français.

    Une place inondée à Arques, dans le Pas-de-Calais, le 4 janvier 2024. (AMEER ALHALBI / ANADOLU / AFP)

    Une place inondée à Arques, dans le Pas-de-Calais, le 4 janvier 2024. (AMEER ALHALBI / ANADOLU / AFP)

    Dans le Pas-de-Calais, où les sols sont gorgés d'eau, les précipitations ininterrompues causent des inondations historiques et paralysent des villes entières pendant de longues semaines. Plus au nord, les îles britanniques connaissent l'hiver le plus pluvieux jamais enregistré. 

    La corne de l'Afrique et le Moyen-Orient, régions volontiers associées aux fortes chaleurs et aux conditions sèches, souffrent elles aussi de précipitations exceptionnelles. En Tanzanie, où la saison des pluies est boostée par le phénomène El Niño, des glissements de terrain font au moins 155 morts. Quarante-cinq autres personnes meurent au Kenya.

    Les inondations en Somalie, le 15 novembre 2023. (ABUUKAR MOHAMED MUHIDIN / ANADOLU)

    Les inondations en Somalie, le 15 novembre 2023. (ABUUKAR MOHAMED MUHIDIN / ANADOLU)

    En avril, des pluies torrentielles font une victime à Dubaï et détruisent des infrastructures routières. A Oman, le bilan s'élève à 18 morts.

    Au Brésil, les inondations succèdent aussi à la sécheresse dans l'Etat du Rio Grande del Sul, au cœur de l'Amazonie. Les crues, rendues deux fois plus probables par le réchauffement climatique, poussent 600 000 personnes à quitter leur domicile.

    Les rues inondées de Porto Alegre au Brésil, à la suite d'inondations, le 6 mai 2024. (CARLOS FABAL / AFP)

    Les rues inondées de Porto Alegre au Brésil, à la suite d'inondations, le 6 mai 2024. (CARLOS FABAL / AFP)

    Le Bangladesh est frappé par le cyclone Remal, l'un des plus longs de l'histoire du pays. Accompagné de vents violents et de fortes vagues, il provoque inondations et glissements de terrain.

     

  • Points de bascule et boucles de rétroaction

     

     

    L'amnésie environnementale

    Points de bascule et boucles de rétroaction

     

    https://www.rivaje.fr/blog/points-de-bascule-et-boucles-de-retroaction?

     

    Feb 2023

    “Il est indéniable que le système terrestre semble à bout de forces, il semble perdre son aptitude physique à encaisser et à atténuer les pressions, le stress et la pollution que nous lui imposons.” 

    C’est le propos terrible que fait Johan Rockström dans Le Grand Livre du Climat (Kero, Calmann Levy).

    L’aptitude physique que le système terrestre a désormais de plus en plus de mal à encaisser et dont Johan Rockström parle, c’est en d’autres termes ce qu’on appelle les points de bascule, ou points de non-retour. 

    Selon la définition du Giec, un point de bascule est un seuil “au-delà duquel un système se réorganise, souvent brutalement et/ou de manière irréversible"

    Lorsqu’ils sont franchis, ce sont des systèmes entiers qui sont bouleversés, et des réactions en chaîne qui s’orchestrent en modifiant toujours plus rapidement les conditions du climat. Ce sont les boucles de rétroaction. 

    Zoom sur ces phénomènes qui emballent le climat. 

    Des points de non retour à ne pas dépasser

    Les points de bascule du système terrestre sont des points d’équilibre qui régulent le climat et la biodiversité, nécessaires aux conditions d’habitabilité de la Terre telles que nous les connaissons. Si leurs seuils sont franchis, ce sont des systèmes entiers qui disparaissent.   

    Ces points d’équilibres joue un rôle majeur sur le bon fonctionnement du système Terre puisqu’ils nous rendent, à nous êtres humains, des services nécessaires à nos conditions d’existence (en nous permettant de nous alimenter ou d’avoir accès à de l’eau potable), mais aussi grâce à leur forte capacité à absorber les tensions faites sur le système Terre (comme le réchauffement climatique conséquence de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre ou la déforestation).

    Mais tout a des limites. Ces systèmes ne peuvent pas tout encaisser indéfiniment, et au bout d’un moment, comme n’importe quelle pression exercée sur quelque chose, ça pète. 

    Et c’est exactement ce qu’il risque de se passer si on ne stoppe pas nos pressions sur les systèmes terrestres en tension, ils basculeront définitivement vers des états nouveaux dont leurs propriétés changeront radicalement. 

    Mais concrètement, comment ça fonctionne ?

    Comment se représenter un point de bascule ?

    Prenons une autre définition pour tenter de mieux comprendre comment ces équilibres fonctionnent. 

    Toujours dans Le Grand Livre du Climat, Johan Rockström définit un seuil de rupture comme “un stade à partir duquel une petite altération suffit à faire brutalement basculer certains éléments du climat et des écosystèmes dans un état radicalement et irréversiblement modifié”.

    C’est par exemple, lorsqu’une faible hausse des températures à l’échelle du monde entraîne la transformation d’une forêt tropicale en savane aride (c’est d’ailleurs exactement le scénario qui est en train de se dessiner pour la forêt amazonienne). 

    Et ces transformations, lorsqu'elles ont lieu, entraînent ce que l’on appelle des boucles de rétroaction. On y revient juste après. 

    Pour bien comprendre ce qu’on entend par franchissement d’un point de bascule, on peut se référer à un schéma très bien expliqué issu du Grand Livre du Climat. 

    Le Grand Livre du Climat, Johan Rockström, page 36

    Sur les schémas de 1 à 2, tout va bien, on voit que le système absorbe les tensions exercées sur lui-même, il ne change pas d'État.  

    Sur les schémas de 2 à 3, les tensions sur les systèmes commencent à s’intensifier, ils tiennent le coup, mais il ne faut pas aller plus loin.

    Sur les schémas 4 à 5b, le point de bascule est atteint. Les systèmes ont trop été mis sous pression, et on cédé, on assiste alors à un changement irréversible de ce système.

    Comme le souligne Carbon Brief dans une analogie, “un point de basculement, c'est un peu comme lorsque vous finissez par retirer la mauvaise brique d'une tour au Jenga. Tout s'effondre !”

    Pour résumer, deux choses sont à retenir 

    Atteindre un point de non-retour revient à enclencher une nouvelle machinerie biophysique, qui pousse un système vers un nouvel état. 

    Les points de bascule ne sont pas forcément brusques. Si on franchit un point de bascule aujourd’hui ou demain, le plein impact pourrait n’être visible que des centaines ou des milliers d’années plus tard.

    16 points de bascule aujourd'hui identifiés

    En 2008, une série de points de bascule climatiques potentiels étaient identifiés. 

    Alors que les politiciens et même certains scientifiques avaient du mal à croire que ces seuils puissent un jour être atteints, c’est avec effroi que même pas 15 années plus tard, de nombreux chercheurs publient dans la revue Science un bien triste constat : cinq points de bascule pourraient être franchis au niveau de réchauffement actuel, et rendraient possible la disparition des glaciers de montagne, le déplacement des forêts boréales et la perte de glace dans la mer de Barents. 

    Les points de bascule du climat, Reporterre

    Les chercheurs du Stockholm Resilience Centre poussent un cri d’alerte à travers cette étude.

    “Cette étude fournit un solide soutien scientifique à l’objectif plus ambitieux de 1,5 °C de l’Accord de Paris, qui minimiserait la probabilité de déclencher des points de bascule climatique. Cependant, plusieurs points de bascule sont encore possibles ou même probables à ce niveau, faisant probablement de 1 °C une limite plus sûre. Sachant que les politiques actuelles nous placent sur la trajectoire dangereuse de 2,6 °C.”

    Les interactions entre les points de bascule, Les Echos Planète

    Le dépassement des seuils de ces points de bascule entraînera des conséquences encore plus néfastes pour le climat, illustrées par les boucles de rétroaction, dont le rôle ne permettrait plus d’atténuer et rafraîchir le climat, mais bien d’accélérer son emballement. 

    Boucles de rétroaction et emballement du climat

    Parfois conséquences du dépassement des seuils des points de ruptures, on définit une boucle de rétroaction comme des phénomènes climatiques entraînant des réactions en chaînes qui s’autoalimentent et s’amplifient au fur et à mesure qu’elles évoluent.

    On considère qu’une boucle de rétroaction climatique peut alors soit dérégler le climat et amplifier les perturbations induites par le changement climatique, on parlera alors de boucle de rétroaction positive, soit équilibrer ou atténuer l’effet du changement climatique, on parlera alors de boucle de rétroaction négative. 

    Pour vulgariser, on parle de boucle de rétroaction lorsque les conséquences du changement climatique sur un système entraînent des conséquences encore plus importantes sur celui-ci. 

    Bon dis comme ça, ça peut sembler assez flou, c’est vrai. 

    Prenons quelques exemples pour y voir plus clair ! 

    NB : Dans un esprit de rigueur sur les informations apportées, les scientifiques des différentes études et articles que nous avons stipulent que les dynamiques complexes détaillées ci-dessous et leurs fonctionnements précis sont à l’avant-garde scientifique et ne sont pas encore tous attestés. Mais suscitant l’inquiétude, ils est nécessaire de les évoquer.

    La fonte de la banquise

    Au niveau des pôles, le réchauffement climatique accélère la fonte de la banquise. Jusque là rien de nouveau. 

    Sauf que la banquise joue un rôle immense dans l’atténuation du réchauffement climatique grâce à son albédo très élevé.

    L’albéQUOI ? 

    La banquise est blanche et réfléchit l’énergie solaire (de 80% à 90% des rayons solaires). C’est un peu comme quand vous portez un t-shirt blanc en été à la place d’un t-shirt noir, normalement vous avez moins chaud. Pour la banquise c’est pareil, elle réfléchit l’énergie solaire et inhibe donc le réchauffement au sol. C’est ça que l’on appelle l’albédo. 

    Revenons à notre boucle de rétroaction. 

    Si la banquise fond à cause de l’augmentation des températures, sa surface va rétrécir, et donc les rayons du soleil seront moins réfléchis. 

    S’ils sont moins réfléchis, ils pénètrent directement dans les océans, et les océans, c’est sombre ! Repensez à votre t-shirt de tout à l’heure, si vous portez un t-shirt noir en plein soleil, vous avez plus chaud !

    Et si la chaleur n'est pas renvoyée, elle est plus captée, donc le réchauffement au sol augmente. 

    On est sur une belle boucle de rétroaction :  

    Augmentation des températures → Fonte de la banquise → Les rayons du soleil sont moins réfléchis → Les températures augmentent encore plus. 

    La boucle est bouclée. 

    Les feux de forêts : l'exemple de la forêt amazonienne

    On l’a vu, le réchauffement mondial accélère la fonte des glaces aux pôles (la calotte du Groenland et les glaces de mer arctiques). 

    Ce phénomène de fonte entraîne un ralentissement de la circulation méridienne de retournement Atlantique qui se répercute sur la mousson en Amérique du Sud.

    La circulation méridienne de retournement Atlantique c’est ce qu’on appelle la circulation thermohaline (dont le Gulf Stream fait partie), il s’agit des grands courants marins de profondeurs, on y reviendra dans un prochain article. 

    La mousson étant perturbée, cela entraîne une augmentation des sécheresses en Amazonie et donc des incendies dont les émissions brutales de CO2 viennent se réinjecter dans l’atmosphère. 

    En brûlant, les arbres relâchent d’énormes quantités de CO2 dans l’atmosphère qui viendra s’accumuler dans celle-ci. Cette accumulation de CO2 viendra augmenter l’effet de serre et l’augmentation des températures qui causera l’assèchement croissant des zones, qui aura pour conséquence l’augmentation des incendies. Et ainsi de suite. 

    La boucle est bouclée, une nouvelle fois, c’est effrayant. 

    La fonte du pergélisol (ou Permafrost)

    Les sols de Sibérie et du Nord du Canada sont des sols qui restent gelés en permanence tout au long de l’année, et ça depuis des centaines de milliers d’années. 

    Avec le réchauffement climatique, ces sols que l’on connaît sous le nom de pergélisol (ou permafrost), sont soumis à rudes épreuves et menaces de dégeler. 

    Sauf que dans ces sols, un gaz à effet de serre réside, un gaz dont le potentiel de réchauffement global est d’environ 30 fois supérieur à celui du CO2 : le méthane. 

    En fondant à cause du réchauffement climatique, ce gaz serait alors libéré. 

    Sa libération viendrait charger l’atmosphère de nouveaux gaz au pouvoir réchauffant dévastateur, accélérant alors le réchauffement climatique global. 

    La boucle est de nouveau bouclée, et ça fait froid dans le dos.

    Les points de bascule et les boucles de rétroaction sont des phénomènes et des états très complexes largement étudiés par la sphère scientifique.

    Plus les recherches avancent, plus on se rend compte qu’il est absolument fondamental de comprendre les interactions entre les systèmes terrestres et leurs boucles de rétroaction, et ceci afin d'évaluer les risques qui se manifesteront si nous poussons la planète trop loin.

    Pour aller plus loin

    Le Grand Livre du Climat, Greta Thunberg, Éditions Calmann Levy, 2022

    Allas de l'Anthropocène, François Gemenne, Aleksandar Rankovic et Atelier de cartographie de Sciences Po, Éditions Presses de Sciences Po, 2021

    Feb 2023

    Thibaut Gabrillargues

  • Goutte froide

    Actualités Météo

    Goutte froide : qu'est-ce que ce phénomène, responsable du mauvais temps ?

    La Chaîne Météo

    Par La Chaîne Météo
    mis à jour le 21/05/24 à 18h02

    La goutte froide désigne une situation spécifique, dans laquelle une bulle d'air frais vient s'isoler (en se décrochant comme une « goutte » de sa base) au sein d'une masse d'air plus chaude. Cette situation génère des conflits de masses d'air aboutissant à de fortes précipitations, des orages, et à un temps très changeant. Comment ce phénomène fait-il pour perturber la météo ?

    Consulter la météo de votre ville

    Qu'est-ce qu'une goutte froide ?

    0 of 1 minute, 38 secondsVolume 0%

    Quand nous nous trouvons sous l’influence ou à proximité d’une goutte froide ou dans son champ d’action, la météo se dégrade et amène des conditions fortement pluvieuses, très orageuses et parfois durables. Elles compliquent également la prévision des météorologues en raison de leur évolution souvent assez aléatoire.

    Explication de la goutte froide

    © La Chaîne Météo

    Notre météorologie est conditionnée par ce qui se passe au niveau moyen de la mer, avec les centres d'action : dépressions et anticyclones. La présence d'une dépression apporte un temps dégradé, pluvieux, orageux et parfois venteux. À l’inverse, l’anticyclone nous apporte généralement le beau temps et nous protège de ces conditions agitées.

    © La Chaîne Météo

    Mais notre météo est aussi conditionnée par ce qui se passe dans les couches verticales de notre atmosphère, c’est-à-dire en altitude. La goutte froide appartient à ces phénomènes météo d’altitude qui influencent le temps. C'est une poche d’air froid à environ 5 400 mètres au-dessus de nos têtes. Sa présence entraîne généralement un conflit de masses d’air entre la surface du sol et ce qu’il se passe en altitude. Cette situation se traduit par une instabilité importante avec des pluies et des orages sur la zone concernée. Dans l'illustration ci-dessus, la température de la goutte froide en altitude est d'environ -18°C, ce qui est suffisamment froid pour entrainer une forte instabilité et des orages de grêle. Ses dimensions sont très variables : elle peut couvrir de larges zones (un millier de kilomètres) ou, au contraire, une zone très réduite.

    Elle rend les prévisions météo difficiles en raison de son déplacement très chaotique. Elle peut parfois stagner plusieurs jours sur une même zone, provoquant des orages à répétition, des pluies continues, des inondations et des crues, avec parfois le passage de certaines cours d'eau en alerte orange ou rouge.

    De violentes chutes de grêle, des précipitations potentiellement intenses

    Grêle © La Chaîne Météo

    Les orages qui se développent et sont provoqués par la proximité d'une goutte froide sont souvent porteurs de grêle. L'air froid en altitude produit la formation de cristaux de glace qui s'agglomèrent et forment ainsi les grêlons qui retombent au sol sous leur propre poids. Bien que les orages restent souvent isolés, ils provoquent des phénomènes localement dévastateurs comme des chutes de grêle, accompagnées également de puissantes rafales liées à l'orage lui-même.

    Dans d'autres cas, le blocage d'une goutte froide peut entraîner la persistance de fortes précipitations sur plusieurs heures et augmenter le risque d'intempéries et inondations, comme ce fut le cas en juillet 2021 en Belgique et en Allemagne.

    On voit ce que ça donne en ce moment dans l'Europe de l'Est : 

     

    La dépression Boris sème la dévastation en Europe centrale et orientale

     

    Article rédigé parfranceinfo

    France Télévisions

    Publié le 15/09/2024 12:47Mis à jour le 16/09/2024 16:10

    Temps de lecture : 1 min

    Les images impressionnantes montrent des quartiers entiers inondés, des rues submergées, ainsi que des habitants avec de l'eau jusqu'aux aisselles, en Roumanie ou encore en République tchèque.

    Pluies torrentielles, inondations spectaculaires et meurtrières, évacuations par milliers... La dépression Boris continue de frapper l'Europe centrale et orientale, lundi 16 septembre. En Pologne, "nous avons quatre décès sur les terrains touchés par la catastrophe", a déclaré la police locale. En République tchèque, la police a compté un mort et sept disparus. En Roumanie, sept personnes ont péri, selon les secours. En Autriche, un pompier a perdu la vie lors d'une intervention.

    Face à cette situation critique, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a annulé lundi ses "obligations internationales", "en raison des conditions météorologiques extrêmes", alors qu'il est attendu mercredi devant le Parlement européen. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a pour sa part annoncé une aide immédiate d'un milliard de zlotys, soit 235 millions d'euros, aux régions polonaises sinistrées par la tempête Boris.

    Le niveau de l'eau sous ce panneau de basket, à Bad Schandau (Saxe, Allemagne) donne une idée de l'impressionnante montée de l'Elbe, le 16 septembre 2024. (JAN WOITAS / DPA / AFP)

    Le niveau de l'eau sous ce panneau de basket, à Bad Schandau (Saxe, Allemagne) donne une idée de l'impressionnante montée de l'Elbe, le 16 septembre 2024.(JAN WOITAS / DPA / AFP)

    "Fermé aujourd'hui à cause des préparatifs face aux inondations", est-il écrit sur ce panneau d'un restaurant à Rathen (Saxe, Allemagne). Dans cette localité, le niveau de l'eau continue à monter, le 16 septembre 2024. (JAN WOITAS / AP / SIPA)

    "Fermé aujourd'hui à cause des préparatifs face aux inondations", est-il écrit sur ce panneau d'un restaurant à Rathen (Saxe, Allemagne). Dans cette localité, le niveau de l'eau continue à monter, le 16 septembre 2024.(JAN WOITAS / AP / SIPA)

    Vue du pont Carola à Dresde (Saxe, Allemagne) qui s'est partiellement effondré, à cause des pluies torrentielles de la dépression Boris, le 16 septembre 2024. (ROBERT MICHAEL / DPA / AFP)

    Vue du pont Carola à Dresde (Saxe, Allemagne) qui s'est partiellement effondré, à cause des pluies torrentielles de la dépression Boris, le 16 septembre 2024.(ROBERT MICHAEL / DPA / AFP)

    Les quais de l'Elbe sous l'eau, à Dresde (Saxe, Allemagne), le 16 septembre 2024. (ROBERT MICHAEL / DPA / AFP)

    Les quais de l'Elbe sous l'eau, à Dresde (Saxe, Allemagne), le 16 septembre 2024.(ROBERT MICHAEL / DPA / AFP)

    Un homme face à une rue transformée en torrent par les pluies extrêmes de la dépression Boris, à Opava (République tchèque), le 15 septembre 2024. (MICHAL CIZEK / AFP)

    Un homme face à une rue transformée en torrent par les pluies extrêmes de la dépression Boris, à Opava (République tchèque), le 15 septembre 2024.(MICHAL CIZEK / AFP)

    Un homme s'aventurant dans l'eau après les inondations à Opava (République tchèque) se retrouve avec de l'eau jusqu'à la poitrine, le 15 septembre 2024. (JAROSLAV OZANA / AP / SIPA)

    Un homme s'aventurant dans l'eau après les inondations à Opava (République tchèque) se retrouve avec de l'eau jusqu'à la poitrine, le 15 septembre 2024.(JAROSLAV OZANA / AP / SIPA)

    Un camion municipal bloqué par l'eau au milieu de la chaussée, à Jelenia Gora (Pologne), le 15 septembre 2024. (KACPER LOCH / EAST NEWS / SIPA)

    Un camion municipal bloqué par l'eau au milieu de la chaussée, à Jelenia Gora (Pologne), le 15 septembre 2024.(KACPER LOCH / EAST NEWS / SIPA)

    Des personnes face à des débris et des déchets charriés par les inondations, à Jesenik (République tchèque), le 15 septembre 2024. (LUKAS KABON / ANADOLU / AFP)

    Des personnes face à des débris et des déchets charriés par les inondations, à Jesenik (République tchèque), le 15 septembre 2024.(LUKAS KABON / ANADOLU / AFP)

    Ces membres des équipes de secours ont sauvé un chien des eaux, à Jesenik (République tchèque), le 15 septembre 2024. (LUKAS KABON / ANADOLU / AFP)

    Ces membres des équipes de secours ont sauvé un chien des eaux, à Jesenik (République tchèque), le 15 septembre 2024.(LUKAS KABON / ANADOLU / AFP)

    Dans la région de Galati, dans le sud-est de la Roumanie, 5 000 foyers sont touchés par les inondations, comme ici le 14 septembre, dans le village de Slobozia Conachi. (DANIEL MIHAILESCU / AFP)

    Dans la région de Galati, dans le sud-est de la Roumanie, 5 000 foyers sont touchés par les inondations, comme ici le 14 septembre, dans le village de Slobozia Conachi.(DANIEL MIHAILESCU / AFP)

    A Pechea (Roumanie), des habitants nettoient le sol de l'église du village, touchée par les inondations, le 15 septembre 2024. (DANIEL MIHAILESCU / AFP)

    A Pechea (Roumanie), des habitants nettoient le sol de l'église du village, touchée par les inondations, le 15 septembre 2024.(DANIEL MIHAILESCU / AFP)

    Les pompiers tentent de limiter les dégâts causés par les inondations qui touchent la ville de Glucholazy (Pologne), en distribuant des sacs de sable, le 14 septembre 2024. (SERGEI GAPON / AFP)

    Les pompiers tentent de limiter les dégâts causés par les inondations qui touchent la ville de Glucholazy (Pologne), en distribuant des sacs de sable, le 14 septembre 2024.(SERGEI GAPON / AFP)

    Le centre-ville de Glucholazy (Pologne) est inondé, le 15 septembre 2024. (SERGEI GAPON / AFP)

    Le centre-ville de Glucholazy (Pologne) est inondé, le 15 septembre 2024.(SERGEI GAPON / AFP)

    Des passants dans une rue de Klodzko, dans le sud-est de la Pologne, le 15 septembre 2024. (MACIEJ KULCZYNSKI / EPA / MAXPPP)

    Des passants dans une rue de Klodzko, dans le sud-est de la Pologne, le 15 septembre 2024.(MACIEJ KULCZYNSKI / EPA / MAXPPP)

    Les champs de Neukirchen an der Enknach (Autriche) sont envahis par les eaux, le 14 septembre 2024. (DANIEL SCHARINGER / APA / AFP)

    Les champs de Neukirchen an der Enknach (Autriche) sont envahis par les eaux, le 14 septembre 2024.(DANIEL SCHARINGER / APA / AFP)

    Le village de Lipova-lazne (République tchèque) subit une crue de sa rivière gonflée par les pluies qui s'abattent sur le pays, le 15 septembre 2024. (MARTIN DIVISEK / MAXPPP)

    Le village de Lipova-lazne (République tchèque) subit une crue de sa rivière gonflée par les pluies qui s'abattent sur le pays, le 15 septembre 2024.(MARTIN DIVISEK / MAXPPP)

    A Prague, les pompiers tchèques ont installé des barrières anti-inondation le long de la Vltava, le 13 septembre 2024, en prévision des intempéries. (MARTIN DIVISEK / EPA / MAXPPP)

    A Prague, les pompiers tchèques ont installé des barrières anti-inondation le long de la Vltava, le 13 septembre 2024, en prévision des intempéries.(MARTIN DIVISEK / EPA / MAXPPP)

    Une ligne du métro de Vienne, la capitale autrichienne, a été partiellement fermée le 15 septembre 2024, le réseau étant menacé par la crue de la rivière Vienne et du canal du Danube. (TOBIAS STEINMAURER / APA / AFP)

    Une ligne du métro de Vienne, la capitale autrichienne, a été partiellement fermée le 15 septembre 2024, le réseau étant menacé par la crue de la rivière Vienne et du canal du Danube.(TOBIAS STEINMAURER / APA / AFP)

    En Bavière (Allemagne), la rivière Inn menace la commune de Passau, le 14 septembre 2024. (ARMIN WEIGEL / DPA / AFP)

    En Bavière (Allemagne), la rivière Inn menace la commune de Passau, le 14 septembre 2024.(ARMIN WEIGEL / DPA / AFP)

  • Un déluge

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    A ceux qui pensent que tout va bien et que le froid de ces jours prouvent que nous ne vivons pas de réchauffement climatique :

    « Tous les éléments convergent vers une catastrophe climatique majeure ce week-end sur une surface incroyablement étendue de la Pologne à la Croatie sur 7 pays. Les potentiels dégâts agricoles sont vastes : maïs, tournesol, vigne, arboriculture, sorgho, bâtiments d'élevage inondés (...) et risquent d'être incroyablement étendus dans les basses plaines agricoles et reliefs de Prague à Bratislava en passant par Vienne.

    Il devrait tomber entre 100 et 300+mm de pluie sur ces zones densément peuplées entourées d'importantes plaines agricoles.

    Pourquoi ? Une goutte froide va puiser son énergie dans la méditerranée surchauffée avant de remonter et stationner sur l'Europe Centrale. Les valeurs d'eau précipitable sont folles.

    Une catastrophe est imminente. Elle fera sûrement la une des infos ces prochains jours ». Serge ZAKA

  • "Anaïs" sur France Info

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    Deux anciens articles : (cliquez sur le titre)

     

    "Anaïs s'en va-t-en guerre" (cinéma)

    Anaïs et Marion

     

     

    "Anaïs, 2 chapitres" : l'histoire d'une jeune agricultrice prête à tout pour lancer son exploitation de plantes aromatiques

     

    Avec ce documentaire, la réalisatrice Marion Gervais saisit une tranche de vie et dresse un beau portrait de femme.

    Article rédigé parLaurence Houot

    France Télévisions - Rédaction Culture

    Publié le 11/09/2024 06:00

    Temps de lecture : 5 min"Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    En 2012, Marion Gervais avait filmé Anaïs, une jeune agricultrice de 24 ans, pleine de passion et de détermination. Dans ce premier documentaire de 46 minutes, Anaïs s'en va-t-en guerre, sorti en 2014, la réalisatrice suivait la jeune femme dans son combat pour s'installer en Bretagne, contre vents et marées, entre une administration tatillonne et un milieu agricole misogyne. Dix ans plus tard, la réalisatrice revient nous donner des nouvelles de cette jeune femme passionnée par son métier, la culture des plantes aromatiques, qui cette fois "s'en va-t-aimer". Ces deux temps forts sont rassemblés dans Anaïs, 2 chapitres, à voir au cinéma le 11 septembre 2024.

    Quand le film s'ouvre, Anaïs est accroupie dans ses plantations et elle arrache rageusement les mauvaises herbes en pestant contre l'administration. "Désherber", comme elle le dira plus tard, ça la "détend". La jeune femme vit dans une caravane, sans eau et sans électricité. Elle rêve de lancer sa production de plantes aromatiques. Et pour ça, elle va devoir faire avec les contraintes administratives, les remarques sexistes du monde agricole ("une jolie fille n'a rien à faire dans les champs") et le climat breton. "Aussi, quelle idée de vouloir faire des tisanes en Bretagne...", s'amuse la jeune femme. 

    Anaïs a besoin d'une réserve d'eau et de financement pour investir dans un séchoir pour ses plantes, mais elle se heurte à la bureaucratie. Pleine de doutes mais jamais complètement découragée, la jeune femme écoute patiemment (même si elle n'en pense pas moins) les conseils des uns et des autres. Puis elle trouve une petite maison et un bout de terre où faire pousser ses plantes. L'aventure peut commencer.

    "Je suis sûre que j'irai au bout"

    "Ce qui me fait peur, c'est de ne pas y arriver, déclare la jeune femme, toujours en action, parce que si je n'y arrive pas, je ne sais pas ce que je ferai de ma vie". Anaïs travaille 12 heures par jour, et ne tire quasiment pas de salaire de son travail. Qu'à cela ne tienne, elle ne lâche rien :"Je préfère bosser 60 heures par semaine dans mon champ que 35 heures à l'usine", déclare-t-elle en souriant.

    Elle laboure, sème, cueille, tout ça seule, et à la main. Et elle s'accroche, les mots de certains lui apportant parfois du réconfort, notamment ceux du chef étoilé Roellinger installé à Cancale, connu pour sa cuisine herbacée. "Si vos plantes sont belles, c'est peut-être parce que vous y avez apporté un soin particulier", lui dit-il.

    Avec son corps filiforme de danseuse et ses mains de paysanne, Anaïs travaille inlassablement sur ses terres, comme dans une chorégraphie, portée par un mélange de force et de grâce.

    Quand le premier chapitre se referme, il reste encore du travail mais rien ne semble pouvoir arrêter la jeune femme, qui au fil des semaines et des rencontres a trouvé une forme de confiance. "Je ne suis pas du tout sûre que ça va marcher, mais je suis sûre que j'irai au bout", assure-t-elle.

    "À deux, ça change tout"

    Dix ans plus tard, chapitre 2, on retrouve Anaïs, même fougue, même langage fleuri, une pointe de gravité en plus dans le regard, elle est toujours près du sol, à arracher de l'herbe avec une main pendant que l'autre tient le téléphone. Au bout du fil, les services de la préfecture. Elle a trouvé une nouvelle raison de pester contre l'administration : il lui faut obtenir un visa pour son mari Seydou, originaire du Sénégal, avec qui elle désire ardemment partager son petit paradis de plantes odoriférantes, qu'elle "traite comme des princesses".

    Ce second chapitre est exclusivement consacré à l'amour. On aura très peu de détails sur l'évolution de l'exploitation et la vente des tisanes d'Anaïs, si ce n'est par ce qui est montré à l'image, et tout indique que le projet a bien prospéré.

    "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    Sur cette question de l'amour, en revanche, la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Une fois les tracasseries administratives réglées et Seydou installé avec Anaïs, les choses ne vont pas de soi. Si Seydou fait sa part du travail dans les champs et à la maison, il a du mal à s'adapter, et la tension monte entre Anaïs et son mari.

    Mais comme dans le chapitre 1, Anaïs n'est pas prête à lâcher. Peu à peu Seydou s'acclimate et le couple trouve ses marques. "Le quotidien est le même, mais à deux, et ça change tout", lâche Anaïs, pendant qu'une nouvelle pousse grandit dans son ventre.

    Le temps qui passe

    Construit en deux parties, comme l'indique le titre, le film dresse avant tout le portrait d'une femme qui, comme elle le dit elle-même, "ne fait rien comme les autres gens". Une femme déterminée, à fleur de peau, intransigeante, capable de transformer sa colère en énergie pour faire vivre ses rêves.

    Dans une mise en scène sobre et pudique, la caméra reste accrochée à son personnage, le film scandé par des plans qui reviennent à intervalles réguliers, comme pour marquer le temps qui passe : les pas d'Anaïs dans les herbes, ou encore ce plan fixe de la jeune agricultrice, de dos, le regard tourné vers l'horizon, qui peu à peu s'élargit.

    "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    Témoin d'une belle tranche de vie, ce film est traversé par toutes sortes de questionnements sur la société, du travail à la féminité, en passant par l'amour, l'immigration et la tolérance.

    Anaïs, 2 chapitres est aussi pénétré par des questions plus intimes, propres à la personnalité extraordinaire d'Anaïs, qui nous fait partager aussi bien sa passion que ses convictions, ses doutes et son extraordinaire force de vie, et aussi celle de Seydou, son amoureux avec son parcours chaotique, et ses silences qui en disent long.

    Affiche du film "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    Affiche du film "Anaïs, 2 chapitres", de Marion Gervais, sortie le 11 septembre 2024. (LA VINGT-CINQUIEME HEURE)

    La Fiche

    Genre : Documentaire
    Réalisateur : Marion Gervais
    Pays : France
    Durée : 1h 44min
    Sortie : 11 septembre 2024
    Distributeur : La Vingt-Cinquième Heure Distribution
    Synopsis : Anaïs, 24 ans, s'installe comme agricultrice en Bretagne. Rien ne l'arrête. Ni l'administration, ni les professeurs misogynes, ni le tracteur en panne, ni les caprices du temps... 10 ans plus tard, Anaïs est maintenant mariée avec un jeune Sénégalais, Seydou. La dure loi des frontières compliquant tout, ils vont devoir se relever les manches... Ensemble.

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  • Une justice à deux vitesses

     

    Deux millions d'amende, c'est sans doute la somme engrangée par Nestlé dans une matinée... C'est juste lamentable au regard de la tromperie et des conséquences sur l'environnement.

    Nestlé Waters va payer une amende de 2 millions d'euros et échapper à un procès

     

    L'entreprise possède les marques Vittel, Perrier, Contrex, Hépar et San Pellegrino.

    Article rédigé parfranceinfo avec AFP

    France Télévisions

    Publié le 10/09/2024 21:11Mis à jour le 10/09/2024 21:13

    Temps de lecture : 1 minL’usine d’embouteillage de Nestlé Waters, à Contrexéville (Vosges), en France, le 23 mai 2023. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

    L’usine d’embouteillage de Nestlé Waters, à Contrexéville (Vosges), en France, le 23 mai 2023. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

    Nestlé Waters n'ira pas devant les tribunaux. Le groupe, qui était visée par deux enquêtes préliminaires pour des forages illégaux et pour tromperie, va payer une amende de 2 millions d'euros après avoir conclu mardi 10 septembre une convention judiciaire d'intérêt public (CJIP) avec le parquet d'Epinal.

    à lire aussi : Scandale des eaux Nestlé : pourquoi le groupe pourrait échapper à un procès

    L'entreprise qui possède les marques Vittel, Perrier, Contrex, Hépar et San Pellegrino doit s'acquitter de cette amende dans un délai de trois mois, a précisé le procureur d'Epinal Frédéric Nahon dans un communiqué, en annonçant la conclusion de cette CJIP, "la plus importante en matière environnementale signée à ce jour en France".

    Quelque 516 800 euros pour des associations de défense de l'environnement

    La filiale du groupe suisse Nestlé s'est également engagée à "la réparation de l'impact écologique par la mise en place d'un ambitieux plan de renaturation et de restauration" de deux cours d'eau, le Petit-Vair et le Vair, et à la restauration de zones humides situées sur le territoire de Vittel et de Contrexéville. Ce plan représente un investissement de 1,1 million d'euros, et doit être mis en oeuvre sous la supervision de l'Office français de la biodiversité pendant deux ans.

    La société va en outre indemniser plusieurs associations de défense de l'environnement à hauteur de 516 800 euros au total. La conclusion de cette CJIP intervient à la suite de deux enquêtes préliminaires. La première portait sur des forages exploités sans autorisation et la seconde pour tromperie, en raison de l'utilisation de traitements non autorisés - reconnue par Nestlé - pour ses eaux minérales, en l'occurrence le traitement par ultraviolets et des filtres à charbon actif.

    Voir les 57 commentaires

  • James Lovelock, docteur catastrophe

    Je pense avoir tout lu de cet auteur, ce qui a été traduit, et maintenant, je lis la thèse d'un chercheur du CNRS le concernant et principalement sur l'hypothèse GAÏA. 

     

    Gaïa, Terre vivante - Sébastien DutreuilLire un extrait

    Gaïa, Terre vivante
    Histoire d'une nouvelle conception de la Terre

     

    Sébastien Dutreuil

     

    Qui est Gaïa ? Une proposition scientifique ou un nouveau rapport spirituel, philosophique et politique à la nature ? Gaïa est la divinité grecque qui a surgi après Chaos pour engendrer le monde. Mais c'est aussi le nom que James Lovelock, chimiste et ingénieur anglais, et Lynn Margulis, microbiologiste américaine, ont donné dans les années 1970 à l'hypothèse d'une régulation de l'habitabilité de la Terre par les êtres vivants. Cette figure clivante a généré des débats passionnés dans les sciences, en philosophie, dans la littérature écologiste.
    Les critiques la résument à l'idée d'un altruisme biologique global, invalidé par la sélection naturelle et dont il ne resterait que de vaines élucubrations New Age. Lovelock estime quant à lui que l'ensemble de ses réflexions spéculatives sur la Vie et la Terre, élaborées depuis le laboratoire construit dans son garage au fond de la campagne anglaise, est à même de transformer les sciences et la conception moderne de la Nature.
    Aucun de ces récits n'est satisfaisant. Ils ne permettent pas de restituer l'immense influence de Gaïa sur les sciences de l'environnement, de la constitution des sciences du système terre au concept d'Anthropocène. Ils masquent les enjeux philosophiques et politiques les plus importants de Gaïa. Cette enquête historique et philosophique cartographie les controverses et propose un nouveau récit. Gaïa est une nouvelle conception de la Terre, un cadre pour penser les pollutions de l'environnement global (climat, ozone, insecticides, pluies acides, etc.). Malgré les réticences qui subsistent à l'évocation du nom de Gaïa, nous pouvons enfin saisir l'influence profonde qu'elle a eue sur les savoirs, les philosophies et les politiques contemporaines de la Terre.

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    Version numérique : 18.99 €

     



    https://www.lemonde.fr/planete/article/2006/02/10/james-lovelock-docteur-catastrophe_739990_3244.html?fbclid=IwY2xjawFJLmlleHRuA2FlbQIxMQABHVyFdFi0raAvoW1f5ROKGiHowkNW2xCBsgOYv1b7rug_IIjT7voei1Fywg_aem_hayjUgqWRY21_WxIqnNmEg

    James Lovelock, docteur catastrophe

    La civilisation va disparaître en raison du réchauffement climatique. C'est un scientifique de très haut niveau qui le dit. Dans son dernier livre, "La Revanche de Gaia", il pourfend les illusions du développement durable.

    Par Hervé Kempf

    Publié le 10 février 2006 à 13h41, modifié le 10 février 2006 à 13h41

    Vraiment, des milliards de gens vont mourir du fait du changement climatique ?" "Oui. Avec le réchauffement, la plus grande partie de la surface du globe va se transformer en désert. Les survivants se grouperont autour de l'Arctique. Mais la place manquera pour tout le monde, alors il y aura des guerres, des populaces déchaînées, des seigneurs de la guerre. Ce n'est pas la Terre qui est menacée, mais la civilisation."

    Le ton est des plus tranquilles, et l'on converse dans l'ambiance sereine d'un cabinet de travail au coeur d'un cottage du Devon plus britannique que nature. D'ailleurs, l'aimable grand-père s'étonne lui-même de sa prophétie : "Je suis un homme joyeux, je n'aime pas les histoires de catastrophes. C'est ce qui rend celle-ci si étrange." Il n'en doute pas : un seuil a été franchi, une machine irréversible est en marche, le réchauffement va s'emballer, atteignant 8 °C en un siècle — un niveau insupportable pour la planète et les hommes qui y vivent. Quand aura lieu la crise ? Avant 2050.

    On voudrait bien ne pas l'entendre, se complaire dans l'idée que les choses sont en train de s'arranger, que Kyoto avance, que le développement durable modifie peu à peu la donne, que le vilain Bush va quitter la scène. Sauf qu'il est difficile de négliger un des savants les plus rayonnants des dernières décennies : James Lovelock a peut-être des idées fantaisistes, mais c'est une fantaisie qui a fait de lui, au minimum un très grand scientifique, et peut-être l'inventeur d'une théorie qui pourrait le placer dans la lignée des Newton, Maxwell ou Darwin...

    Mais qui est-il ? Surprise : en France, il est totalement ignoré. Au mieux aura-t-on entendu parler de l'hypothèse Gaia, une théorie bizarre et un peu suspecte. En Angleterre, c'est un chéri des médias. Il est célèbre en Allemagne, populaire au Japon, traduit en Espagne. La France est-elle trop étroitement cartésienne ou, plus simplement, provinciale ? Peu importe. Sir Lovelock, qui a inventé divers instruments toujours utilisés aujourd'hui, compte plus de 200 articles scientifiques à son actif, est membre de la Royal Society (l'équivalent de l'Académie des sciences française, en plus chic), a accumulé distinctions et titres dont l'énumération remplirait la moitié de cette page. A 86 ans, tout en contemplant avec sérénité la perspective de la mort — "à notre époque, il est immoral de vouloir vivre au-delà de cent ans" —, il parle comme s'il lui restait sa vie à vivre.

    D'ailleurs, il aime bien les tournants. Vers 40 ans, raconte-t-il, "j'avais un job très sûr, presque aucune contrainte, un très bon salaire selon les standards de l'époque. Je me voyais aller tranquillement vers la retraite — ça m'horrifiait. Heureusement, j'ai reçu une lettre de la Nasa qui m'invitait à venir concevoir des instruments qui seraient posés sur Mars ou Vénus. Cela m'a donné une excuse honorable pour quitter un employeur parfait."

    Le docteur en médecine travaillait depuis 1941 au Medical Research Council de Londres, côtoyant des hommes comme Archer Martin, Prix Nobel de chimie en 1952. James avait notamment étudié le rhume et inventé divers dispositifs, dont l'un, le détecteur par capture d'électrons, s'est imposé comme un classique des instruments de laboratoire. Il n'hésitait pas à payer de sa personne : étudiant les brûlures pendant la guerre, il se brûlait le bras, avec des collègues, plutôt que de sacrifier des lapins innocents. "Au bout d'une semaine, je pouvais mettre une cigarette sur mon bras sans rien sentir. Mais j'étais quand même trop malade, j'ai arrêté ça."

    Le voilà donc en 1961 entre Houston et Los Angeles. Il étudie des dispositifs permettant de prélever du sol de Mars afin d'observer si l'on y trouve des traces de vie. Mais le biologiste ingénieur propose une solution différente : "Il fallait analyser la composition de l'atmosphère sur Mars. Mon argument était que, s'il y avait de la vie sur Mars, elle influerait sur l'atmosphère, celle-ci étant à la fois matériau de la vie et réceptacle de ses rejets. L'atmosphère serait transformée, ce que révélerait l'analyse."

    Il conçoit des expériences à cette fin, et commence à faire germer l'idée qui va le rendre célèbre : "Il est apparu que l'atmosphère de Mars était complètement équilibrée, et qu'il n'y avait pas de vie. Or, sur la Terre, il y a une atmosphère extraordinaire, avec un gaz très réactif, l'oxygène : elle devrait être très instable, mais elle reste pourtant toujours au même niveau, favorable à la vie. Vous pouvez en déduire que quelque chose doit la réguler pour qu'il reste constant." L'hypothèse que la Terre constitue un ensemble vivant autorégulé naît. Elle prend le nom de "Gaia" — la Terre mère, dans la mythologie grecque —, suggéré par son ami William Golding, qui recevra le prix Nobel de littérature en 1983.

    Après ces années 1960, le développement de la théorie Gaia va occuper l'essentiel de la vie de Lovelock, qui subsiste confortablement en tant que scientifique indépendant, consultant pour des organisations comme la Nasa ou la société Shell. En 2001, plusieurs sociétés savantes internationales (Diversitas, IGBP, etc.) endossent la théorie, déclarant que "le système Terre se comporte comme un système unitaire autorégulé constitué des composants physiques, chimiques, biologiques et humains". L'ancien quaker — il a abandonné la foi en 1951, devenant agnostique — prend bien garde à ne pas se laisser entraîner dans une interprétation spiritualiste de sa théorie. Mais il précise qu'"en privé" il considère "l'espèce humaine comme le système nerveux de Gaia".

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    Ce système nerveux se transforme en empoisonneur, affirme Lovelock dans The Revenge of Gaia (La Revanche de Gaia), qui paraît en Grande-Bretagne ces jours-ci chez Penguin. "Cela me rappelle 1938 : les gens, les politiciens, tout le monde savait que la guerre arrivait, mais personne n'agissait de manière sensée. Notre situation est similaire : le désastre peut survenir soudainement."

    Il pourfend les illusions du développement durable ou des éoliennes, appelle à la décroissance des consommations matérielles, à une "retraite" de l'économisme — et constate l'inertie des sociétés industrielles. La catastrophe est à la porte et nous ne faisons rien. Mais, au fond, on dirait que cet homme gai et dont le parcours est un tissu d'imagination et d'indépendance peine à croire à sa prophétie. "La vie est si excitante."

    Hervé Kempf

  • Les leaders de la pensée verte.

     

     

    Et pan... Ils me fatiguent tous ces "leaders" de la pensée verte qui au final se révèlent de sacrés hypocrites. Et ils sont nombreux.

    Une lette de Nicolas Casaux à Cyril Dion.

     

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    Nicolas Casaux

     

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    LETTRE À CYRIL DION

    Cher Cyril, dans une interview parue hier sur le site de Libération, au sujet de l’écologie, tu déplores le fait que le système « intègre les critiques sans réellement poser le problème en disant qu’on va faire de la croissance verte, du développement durable, de l’écologie “pragmatique”. Qu’on va trouver des solutions technologiques et faire de l’hydrogène vert. Et que cela va nous permettre de continuer comme si de rien n’était. Sans se poser la bonne question. Celle du modèle économique. De la remise en cause de la croissance. Produire moins. »

    D’un côté, cher Cyril, tu as bien raison. La « croissance verte », le « développement durable », les solutions technologiques, tout ça relève de la mystification. Il n’existe pas de version « verte » ou « durable » du capitalisme industriel. Toutes les industries, y compris les industries de production de technologies ou d’énergies dites « vertes », « propres », impliquent des dégradations du monde naturel. L’alternative qui se présente à nous consiste à sortir du mode de vie industriel ou à continuer de ravager la planète jusqu’à une catastrophe ultime, pour nous comme pour toute la vie sur Terre.

    Mais d’un autre côté, cher Cyril, cela me pose question. Je m’explique :

    1. Ton amie Isabelle Delannoy, qui a publié, dans la collection que tu gères chez Actes Sud, un livre (L’Économie symbiotique) que tu as élogieusement préfacé et que tu cites souvent, y compris dans tes propres livres, s’est spécialisée dans la promotion du « développement durable », d’une « nouvelle croissance économique » et de « solutions technologiques ». Une interview qu’elle a accordée à Salesforce France est même intitulée « Comment concilier DÉVELOPPEMENT durable et RENTABILITÉ économique ? » Delannoy fait aussi, dans tout ça, la promotion de « l’hydrogène vert » et de « flottes de véhicules à hydrogène ».

    Dans la même collection, chez Actes Sud, tu as fait publier une traduction du livre Drawdown : Comment inverser le cours du réchauffement planétaire de l’états-unien Paul Hawken. Ce livre, tu l’as aussi préfacé, là encore élogieusement. Je me permets de te citer : « J’espère donc que cet ouvrage constituera une véritable feuille de route dont se saisiront les élus, les chefs d’entreprise et chacun d’entre nous. »

    Hawken est pourtant célèbre pour sa promotion de ce qu’il appelle un « capitalisme naturel » et de la « croissance verte ». Il est mondialement connu comme un des principaux théoriciens du capitalisme vert. Son livre est un concentré de « solutions technologiques », qu’il présente comme susceptibles de « contribuer à la croissance économique ». Évidemment, parmi celles-ci, on retrouve l’hydrogène vert, mais aussi la géo-ingénierie (« épandre de la poussière de silicate sur la terre (et les mers) pour capter le dioxyde de carbone », « reproduire la photosynthèse naturelle dans une feuille artificielle » ou mettre en place « une nouvelle industrie durable de captage et de stockage de milliards de tonnes de dioxyde de carbone prélevés directement dans l’atmosphère », etc.), les « autoroutes intelligentes », les avions alimentés par des biocarburants, les camions tout électriques, un « système d’automatisation des bâtiments (BAS) », qui constituerait « le cerveau d’un bâtiment » : « équipés de capteurs, les bâtiments BAS scrutent et rééquilibrent en permanence pour une efficacité et une efficience maximales. Les lumières s’éteignent lorsqu’il n’y a personne, par exemple, et les fenêtres s’ouvrent pour améliorer la qualité et la température de l’air. Un système classique indique aux gestionnaires de bâtiments les mesures à prendre, comme le tableau de bord d’une voiture ; les bâtiments dotés de systèmes automatisés agissent eux-mêmes, comme une voiture autonome. » Et puis la « téléprésence » : « la téléprésence prend désormais vie de diverses manières et dans des contextes variés. Des entreprises et des écoles aux hôpitaux et aux musées, l’interaction virtuelle ouvre de nouvelles possibilités. À l’aide d’un robot de téléprésence mobile, un chirurgien peut donner son avis sur une intervention rare en temps réel, sans se déplacer d’Austin à Amman. Réunis dans des salles de conférence de téléprésence à Sydney et à Singapour, des cadres peuvent débattre d’une éventuelle acquisition sans prendre le moindre vol. Les entreprises qui ont adopté la téléprésence avec enthousiasme constatent qu’il n’est pas possible de réduire tous les déplacements, mais que beaucoup le peuvent. Au-delà de la réduction des émissions de carbone, la téléprésence offre de nombreux autres avantages : des économies de coûts grâce aux voyages évités, bien sûr, mais aussi des horaires moins éprouvants pour les employés, des réunions à distance plus productives, la possibilité de prendre des décisions plus rapidement et une meilleure connexion interpersonnelle entre les pays. » Etc.

    Hawken figure en outre dans la dernière série de documentaires que tu as réalisée, intitulée Un monde nouveau, coproduite par Arte, le fonds d’investissement Mirova, l’entreprise Akuo Energy (qui développe des projets industriels de production d’énergies dites « renouvelables » dans de nombreux pays), Ushuaïa TV, France info, etc.

    Autrement dit, tes ami·es et toi faites inlassablement, et depuis des années, la promotion de tout ce que tu prétends déplorer dans l’interview que tu as donnée à Libé.

    J’aimerais donc comprendre : réalises-tu à quel point tu es hypocrite ? Fais-tu exprès de promouvoir tout et son contraire ? Te moques-tu de nous délibérément ?

    2. Dans l’interview susmentionnée, comme à ton habitude, ces temps-ci, tu te plains. Tu laisses entendre que tu en as marre, que tu es fatigué, que la vie est dure. Que ta vie est dure. Tu te plains aussi du fait - ô monde cruel - que malgré tous les documentaires que tu réalises, malgré tous tes discours, le monde ne va toujours pas bien. Mais, bon sang, comment que ça se fait ?! Tu prétends que cela fait « cinquante ans » que des gens comme toi disent ce qui ne va pas et ce qu’il faudrait faire dans les médias.

    Seulement, vois-tu, ainsi que cette lettre en témoigne, cela fait au moins aussi longtemps que des gens comme moi s’efforcent de souligner les erreurs (pour rester poli) et les contradictions qui minent les perspectives comme la tienne. Mais pour diverses raisons relativement faciles à deviner, et contrairement à toi, les nôtres n’ont pas voix au chapitre, ne sont pas invité·es sur les plateaux télé ou à la radio, leurs travaux ne sont pas financés par France Télévisions, sponsorisés par l’AFD, Orange, Konbini, L’OBS, la Banque postale, UGC ou Mirova.

    J’en viens à ma question : t’arrive-t-il de te demander si, si rien ne change malgré la diffusion mass-médiatique, depuis plusieurs décennies déjà, de discours comme le tien, c’est peut-être parce que vos idées sont largement à côté de la plaque ? (Face à l’immuabilité de la trajectoire du capitalisme industriel et à son incapacité à se verdir, à devenir écologique, propre, les gens comme toi, l’air exaspéré, paraissent décontenancés, surpris. Comme si, au vu de la situation, nous aurions pu ou dû nous attendre à autre chose. Alors qu’en fait, non.)

    (N'hésitez pas à m'aider à partager cette lettre. Avec un peu de chance, il tombera dessus, et, qui sait, y répondra.)



  • Article 122-1 du code pénal

     

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    Article 122-1 du code pénal sur l'irresponsabilité : "N'est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes."

     

    Nous en sommes là.

    Combien d'individus sont encore pourvus de discernement au regard de l'impact humain sur la planète?

    Combien sont encore capables de s'extraire du fonctionnement matérialiste et individualiste ?

    Combien sont conscients que la continuité de l'exploitation immodérée des ressources pour rassasier des besoins secondaires conduit l'humanité toute entière à une situation qui relèvera de l'invivable ?

    Combien sont suffisamment empathiques pour prendre en considération les générations à venir ? 

    Combien sont donc encore pourvus d'un discernement compatible avec la vie ?

    La révolution industrielle suit son cours, nourrie par une folie collective. 

     

    Crise climatique : la Chine a connu son mois d'août le plus chaud de l'histoire dans plusieurs provinces

     

    "La plupart des régions de Chine ont connu un été plus chaud que les années précédentes", a souligné le service météorologique national dans un article publié dimanche.

    Article rédigé parfranceinfo avec AFP

    France Télévisions

    Publié le 02/09/2024 14:41Mis à jour le 02/09/2024 15:20

    Temps de lecture : 2 minA Shanghai, en Chine, des personnes se protègent du soleil avec des parapluies, le 6 août 2024, en pleine canicule. (CFOTO / NURPHOTO / AFP)

    A Shanghai, en Chine, des personnes se protègent du soleil avec des parapluies, le 6 août 2024, en pleine canicule. (CFOTO / NURPHOTO / AFP)

    Une grande partie de l'hémisphère nord est frappée en cette fin d'été par des vagues de chaleur particulièrement fortes, de l'Europe à l'Asie. Comme au Japon, où les services météorologiques ont annoncé que le mois d'août avait été le plus chaud enregistré dans le pays, les autorités chinoises font état, lundi 2 septembre, de températures exceptionnelles. En août, les températures moyennes de l'air ont été les plus élevées depuis le début des relevés à Shanghai, ainsi que dans six provinces (le Jiangsu et le Shandong à l'est du pays, le Hebei (nord), le Hainan (sud), le Jilin et le Liaoning (nord-est), ainsi que dans la région du Xinjiang (nord-ouest), liste le portail d'information du service météorologique national.

    Cinq autres provinces ont connu le deuxième plus chaud mois d'août de leur histoire, et sept autres le troisième plus chaud. "La plupart des régions de Chine ont connu un été plus chaud que les années précédentes", a souligné le service météorologique national dans son article publié dimanche.

    En juillet, la température moyenne au niveau national avait connu son niveau le plus élevé, 23,21°C, contre 23,17°C lors du précédent record de 2017.

    Des extrêmes climatiques plus fréquents et intenses 

    Plusieurs grandes villes, comme Shanghai, Hangzhou (est) et Chongqing (sud-ouest), ont également connu un plus grand nombre de "journées à fortes températures" (généralement lorsque le mercure dépasse les 35°C) qu'au cours de n'importe quel autre mois d'août depuis le début des relevés.

    La Chine connaît un été marqué par des événements climatiques extrêmes et des températures localement inhabituelles, des types de phénomènes exacerbés par le changement climatique selon des scientifiques.

    Le géant asiatique est le plus important émetteur mondial, en valeur absolue, de gaz à effet de serre contribuant à ce changement climatique. Il a promis d'arriver à un pic d'émissions d'ici 2030 et d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2060.

    Depuis le XIXe siècle, la température moyenne de la Terre s'est réchauffée de 1,1°C. Les scientifiques ont établi avec certitude que cette hausse est due aux activités humaines, consommatrices d'énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Ce réchauffement, inédit par sa rapidité, menace l'avenir de nos sociétés et la biodiversité. Mais des solutions – énergies renouvelables, sobriété, diminution de la consommation de viande – existent. Découvrez nos réponses à vos questions sur la crise climatique.

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