Enseignement et salaire.
- Par Thierry LEDRU
- Le 19/11/2017
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En général, quand un enseignant aborde avec un interlocuteur le problème de la faiblesse de son salaire, il a droit en retour, sur un ton ironique, voire acerbe le nombre de jours de congé. Alors, premièrement, sur l'ensemble de ma carrière, si mes heures de travail à domicile avaient réellement été prises en compte dans mon salaire, je ne serais pas à compter ce qui reste le 15 du mois. Deuxièmement, que les gouvernants prennent le risque de réduire le nombre de jours de congé (c'est à dire de "remise en état") du personnel et la crise de recrutement dans l'enseignement atteindra des sommets...
Quand je lis le classement des pays de l'OCDE et que je vois où on se situe...Misère... Et le pire dans tout ça, c'est qu'une partie de la population ne réalise pas que leurs enfants sont également concernés...
Ocde : Les enseignants français parmi les moins considérés
Si les enseignants français sont parmi les plus jeunes des pays de l'OCDE c'est que le métier attire encore. Pourtant, dans Regards sur l'éducation 2015, l'OCDE souligne les écarts de carrière entre les enseignants français et leurs collègues des autres pays.
Mais pas de progrès coté paye des profs
La situation des enseignants français s'écarte de celle des autres pays développés. "En France, les enseignants du primaire et du secondaire ont des salaires statutaires nettement inférieurs à la moyenne de pays de l’OCDE", affirme l'OCDE. Les chiffres parlent d'eux mêmes. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, le salaire statutaire (c’est-à-dire primes et paiement des heures supplémentaires non inclus) des enseignants ayant au moins 15 ans d’exercice à leur actif s’établissait en 2013 à 38 653 $ (contre 33 500 $ en France) dans l’enseignement préprimaire, à 41 245 $ (contre 33 500 $ en France) dans l’enseignement primaire, à 42 825 $ (contre 36 589 $ en France) dans le premier cycle de l’enseignement secondaire (collège) , et à 44 600 $ (contre 36 897 $ en France) dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire (lycée). Cette moyenne Ocde se construit avec des pays moins riches comme le Mexique, la Slovaquie ou la Pologne par exemple.
La crise économique a détérioré les revenus des enseignants en général. Parfois de façon très brutale comme au Portugal. En France le revenu a baissé entre 2010 et 2012 selon l'Ocde.
Travailler plus pour gagner moins ?
La seule façon dont les enseignants peuvent espérer améliorer leur sort c'est en accumulant les heures supplémentaires et les primes. Le cas de l'ISOE et de l'ISAE est bien connu : la prime du secondaire est trois fois plus élevée que celle du primaire, ce qui creuse l'écart. Les heures supplémentaires l'augmentent aussi. Au final les enseignants du second degré se rapprochent des moyennes Ocde. Pas ceux du premier degré.
Or les enseignants du premier degré travaillent nettement plus que leurs collègues du second degré et que les professeurs des écoles des autres pays. "Il n’y a qu’en France et en Turquie où les enseignants donnent 30 % d’heures de cours de plus par an dans l’enseignement primaire qu’au collège", écrit l'Ocde. "En France, les enseignants du primaire sont 924 heures devant les élèves par an, soit 152 heures de plus que la moyenne de l’OCDE, qui s’établit à 772 heures et 276 heures de plus par rapport aux enseignants certifiés qui exercent dans le secondaire en France". L'année dernière l'Ocde avait dénoncé l'écart entre le primaire et le secondaire en France. Cela n'a pas changé.
La taille des classes est aussi plus forte en France que dans l'Ocde : 23 élèves par calsse au primaire contre 21 dans l'Ocde, 25 au collège contre 24. Or plus les classes sont chargées, moins de temps est consacré à l'enseignement souligne l'OCDE.
L'éducation en mal d'innovation
"En France, seulement 24 % des enseignants au collège ayant pris part à l’enquête TALIS ont déclaré que leurs élèves utilisaient souvent les TIC dans le cadre de leurs projets ou de leur travail scolaire", note l'Ocde, contre 40% en moyenne dans l'Ocde. De tous les pays de l'Ocde c'est en France que les diplômés désignent le moins souvent le secteur éducatif comme innovant. Vous comprenez qu'on tienne au Forum des enseignants innovants.. (4-5 décembre Paris).
François Jarraud
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