J'ai fait de mon mieux (suite)

Il y a bientôt dix ans que j'ai écrit ce texte.

Et aujourd'hui ? Quel bilan en faire ? Où en suis-je dans ce flot de questions au regard de l'actualité de la planète ? Lorsque j'étais instituteur, je considère que j'étais inséré dans la vie sociale étant donné que j'avais sous ma responsabilité le développement cognitif, philosophique, physique, émotionnel, affectif, psychologique de jeunes enfants. Aujourd'hui, je vis en retrait de la société, un retrait de plus en plus profond. J'ai quelques connaissances autour de moi mais aucun ami. Je passe toutes mes journées avec Nathalie. Nos trois enfants sont loin. Il nous arrive donc de ne voir personne pendant plusieurs jours, absolument personne. Par choix, parce que nous n'en éprouvons aucun besoin et que lorsque ça arrive, c'est uniquement pour des raisons précises, un artisan, un commerçant, un voisin, les contingences de la vie quotidienne. Je sais que cet effacement social va encore s'accentuer. J'en arrive même à éprouver une forme de rejet de l'humain. J'en connais les raisons : l'atteinte au Vivant que cette humanité génère.

Selon les chiffres, le nombre de personnes visitant des destinations écotouristiques à travers

le monde ont atteint les 152 millions en 2022. 

Cela représente une augmentation de 25% par rapport aux 122 millions d‘écotouristes enregistrés en 2016. 

En termes de dépenses, le marché mondial de l‘écotourisme atteindra près de 649 milliards de dollars en 2023, 

soit une augmentation de 3% par rapport aux 630 milliards de dollars en 2016. 

 

 

L'écotourisme par avion...Et il faudrait que j'aime l'humanité ? 

 

21 sept. 2022

La consommation mondiale de viande ne cesse de croître depuis des décennies. Comme le montre notre graphique basé sur les données de la Food and Agriculture Organization des Nations Unies (FAO), la production mondiale de viande a été multipliée par cinq depuis les années 1960.

Au cours des dernières années, on a pu observer de nombreuses évolutions dans l'agriculture mondiale. Les coûts de production de la viande ont notamment diminué en lien avec la hausse de la production d'aliments pour bétail, comme le soja ou le maïs, ce qui a permis d'augmenter l'offre dans de nombreux pays. C'est surtout dans les pays asiatiques très peuplés que la demande en viandes et produits carnés a fortement augmenté. Aujourd'hui, il est estimé que 43 % de la production mondiale est localisée en Asie.

Plus de 150 millions d’animaux sont tués chaque jour dans le monde pour se nourrir, rien que sur terre. Cela représente 56 milliards d’animaux terrestres tués chaque année. En incluant les poissons sauvages capturés et les poissons d’élevage, nous obtenons un total quotidien de près de 3 milliards d’animaux tués.

Rien qu’aux États-Unis, environ 9 milliards de poulets éclosent chaque année dans le seul but d’atteindre une taille comestible et de mourir pour la consommation humaine. La souffrance animale est la conséquence la plus directe de la consommation de viande, mais il y a aussi des conséquences involontaires de manger des animaux.

Entre 37 et 120 milliards de poissons sont tués chaque année dans les fermes commerciales, et 2,7 billions d’autres sont capturés et tués dans la nature. Dans les élevages industriels, les poissons n’ont pratiquement aucune protection. La vidéo de la première enquête à grande échelle sur la pisciculture intensive en Europe montre des poissons sortis des filets sans réfléchir et jetés dans des récipients en plastique, où ils s’asphyxient lentement. Certains d’entre eux ratent la poubelle et se battent à mort sur le sol.

 

150 millions d'animaux tués chaque jour. Et il faudrait que j'aime l'humanité ? 

 

Non, je ne l'aime pas. Et c'est définitif. Et son extinction ne me traumatiserait pas. Le charnier que ça représenterait serait dérisoire au regard de ceux qu'elle a déjà répandus. 

 

Par conséquent, pour en revenir à la question posée dans le texte suivant

Vaut-il mieux rester en dehors du chaos et montrer à l'humanité qu'une vie de recherche intérieure est possible et de cette façon, participer à l'éveil du monde, sans aucune intention mais par « contamination » ou doit-on s'impliquer dans la lutte partagée si on souhaite apporter sa contribution à cet éveil possible au risque de ne pas explorer en soi les gouffres les plus lointains ?

J'ai ma réponse : je me retire.

Ce blog restera le dernier lien avec les autres humains. 

 

"J'ai fait de mon mieux" (janvier 2014)

 

S'engager. Ou se retirer ?

Je vois bien depuis quelque temps à quel point certains problèmes de l'actualité m'interpellent, à quel point ils occupent mon esprit.

Est-ce que je dois me retirer de cette agitation si je souhaite explorer les questionnements existentiels qui m'attirent ? Cette exploration, hors du temps et de l'espace, ne devient-elle qu'une fuite égoïste?

J'imagine bien ces deux entités.

L'une est insérée dans la vie quotidienne et œuvre à l'analyse des phénomènes qui l'entourent et dans laquelle, elle se sent exister. Mais le risque est grand de disparaître partiellement dans ce chaos. Est-ce qu'il est possible de rester lucide quand l'implication pousse sans cesse l'individu à n'exister qu'au regard des phénomènes extérieurs ? L'équilibre entre le regard vers l'autre et le regard vers soi est-il réalisable ?

L'autre entité vit dans un espace clos, une dimension protégée par un refus de l'imbrication sociale. Je ne vis pas avec mon époque, je vis avec mon instant présent. Uniquement.

Mais que peut explorer en lui un individu qui n'a aucun regard extérieur ? De quoi son monde est-il fait ? Y a-t-il en nous une dimension pré existante que l'on se devrait de parcourir en tous sens avant de se tourner vers l'immensité environnante ?

Vaut-il mieux rester en dehors du chaos et montrer à l'humanité qu'une vie de recherche intérieure est possible et de cette façon, participer à l'éveil du monde, sans aucune intention mais par « contamination » ou doit-on s'impliquer dans la lutte partagée si on souhaite apporter sa contribution à cet éveil possible au risque de ne pas explorer en soi les gouffres les plus lointains ?

Le philosophe apporte-t-il quelque chose à l'Humanité s'il ne vit que dans un donjon ?

La présence du philosophe peut-elle représenter un axe de réflexion pour l'individu qui entendra ses paroles en passant au pied du donjon ?

Le philosophe qui œuvre uniquement à sa connaissance intérieure est-il encore un philosophe ?

Le philosophe qui est impliqué dans la vie sociale et qui se sert des phénomènes qu'il observe est-il encore en état de philosopher ?

Je ne suis pas philosophe. Loin de moi cette idée. Je ne suis qu'un individu qui aime réfléchir. Qui en a besoin. Pour s'autoriser ensuite à être en paix.

Il existe parfois des tourments qui durent. Cela ne signifie pas que la paix est définitivement perdue. Mais il m'est impossible de m'extraire de ce tourment en lui tournant le dos. Je sais de toute façon que si je le laisse dormir, il reviendra en force, revigoré par la trêve que je lui aurais accordé. Si je veux que le tourment disparaisse, je me dois de l'épuiser, sans répit, jusqu'à ce que la totalité des armures qui l'enveloppent tombe au sol, que le nœud du problème apparaisse en plein jour.

Si je tente de dépasser le temps qui m'est imparti, que je me projette plus loin que mon existence sociale, peut-on considérer que la vie d'un individu lui appartient intégralement ou y a-t-il en chacun une mission d'exploration à mener, un compte-rendu à faire, un partage de données à inscrire, une responsabilité envers l'humanité entière ?

Je vis grâce à l'apport de l'Humanité, je suis inséré dans une vie planétaire, je suis le bénéficiaire d'une Histoire millénaire. Est-ce que je peux me positionner en retrait, est-ce que j'ai le droit de me retirer de tout et de continuer malgré tout à profiter de l'énergie dépensée par mes semblables ? Tous mes semblables. Est-ce que l'indigène de Bornéo a le droit de lutter, en mon nom, les armes à la main, contre la disparition des forêts primaires puisqu'il œuvre à ma propre survie ? Mais moi, que puis-je faire pour lui ?

Si je tente d'identifier le degré d'imbrications de chaque individu de la planète, il se construit très rapidement des liens indéfectibles. J'imagine la planète comme un corps immense et chaque individu accroché à un bout de peau, ancré dans une infime parcelle de terre, puisant sans retenue tout ce qu'il est possible d'absorber, sans aucune interrogation sur l'épuisement éventuel des réserves de vie, sur le bien-être des autres individus attachés à leur territoire.

Le philosophe doit-il se libérer de ces attachements et du haut de son donjon en expliquer à la masse les fonctionnements ou doit-il se mêler à la foule pour autopsier directement dans la chair ?

L'alternance entre les plongées abyssales et les survols est-elle envisageable ?

Peut-on réellement s'impliquer et rester objectif ? 

J'aimerais que la mort soit un espace dans lequel il soit possible d'analyser son propre parcours, dans un état de paix absolue, avec un regard amusé et bienveillant. Comme un compte-rendu à établir et à transmettre à la Vie. Une âme détachée de son attachement corporel, une entité observatrice, sereine et émotionnellement apaisée.

"Voilà ce que j'ai fait. Je me suis souvent trompé, j'ai cherché à progresser et je sais qu'il restait encore du chemin à parcourir. Mais j’ai fait de mon mieux. "

 

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