L'ortie
- Par Thierry LEDRU
- Le 01/06/2021
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Bruno Wisniewski
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L'ortie : thermomètre et pansement du sol
(post un peu long mais mais saura "piquer" votre curiosité, je l'espère!)
La répartition des plantes sauvages dans un environnement donné n'est pas due au seul hasard. Leur présence / absence est liée à de nombreux paramètres dont un, fondamental : la nature du sol. Prenons l'exemple de la grande ortie (Urtica dioïca). L'observateur attentif aura remarqué que même s'il s'agit d'une plante « banale », on ne la trouve pas dans tous les milieux.
Voici quelques éléments permettant de comprendre sa répartition et donc sa probabilité de présence dans un environnement (question souvent posée par les amateurs de soupes d'ortie!)
La présence de l'ortie est liée à celle de l'azote (les fameux nitrates des engrais chimiques). Retenons que là où il y a un excès d'azote, il y a généralement profusion d'orties. En gros, et pour faire simple, les orties poussent dans des sols pollués à l'azote. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on qualifie volontiers notre sauvageonne de "pointeur d'azote".
Ces excès d'azote dans l’environnement peuvent être naturels (liés à la décomposition de la matière organique qui s'accumule) ou d'origine anthropiques (liés aux activités humaines). C'est ce qui explique que les orties viennent assez facilement à proximité de nos tas de compost et des abords des fermes.
Mais qu'en est-il pour ces « champs d'orties » qui colonisent les berges de l'Isle par exemple ? D'où provient cette pollution à l'azote ?
Réponse : de nos pratiques agricoles (agriculture conventionnelle) et de l'incapacité de nos sols à retenir les nitrates...
La plupart des engrais azotés épandus dans un sol agricole finissent dans les nappes souterraines ou dans les cours d'eau par ruissellement. Et cela pour ne raison très simple qu'il faut dire et redire :
LES SEULS ÊTRES AU MONDE A SAVOIR FIXER L'AZOTE DANS UN SOL SONT : LES VERS DE TERRE....
Et c'est là que le « bas blesse », que la machine s'enraye selon le schéma suivant :
- retournement des sols,
- chute du taux de matière organique
- sol mis à nu
- chute des populations de lombric,
- les nitrates ne sont plus « collés » aux argiles (travail des vers de terre),
- les nitrates se retrouvent dans les cours d'eau,
- débordement des cours d'eau et dépôts massifs de nitrates sur les berges des rivières
- prolifération des orties (pour le plus grand bonheur des buveurs de soupes!)
Mais l'ortie ne se contente pas de pointer de ses racines nos pratiques dévastatrices. En même temps qu'elle indique un excès d'azote, elle répare la pathologie qui l'a favorisée. En gros, la présence de l'ortie nettoie le sol de son azote excédentaire.
Ortie : thermomètre et pansement du sol.
Mais la nature pourra-t-elle panser encore longtemps les plaies qu'on lui inflige ?
Rien n'est moins sûr !
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