Laurent Testot : collapsologue

"Le coronavirus n'est pas un énorme danger comparé à ce qui nous menace dans le futur."

 

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Laurent Testot étudie l’évolution de notre civilisation via le prisme scientifique.

Essayiste français, conférencier, journaliste, dans son dernier ouvrage, il livre un diagnostic de l’état d’urgence de notre monde. " Collapsus, Changer ou disparaître ?

Le vrai bilan sur notre planète " s’appuie sur l’analyse d’une quarantaine de spécialistes de tous horizons. Le livre détaille les périls et les défis qui nous attendent et que certains ont anticipés sous le terme "d’effondrement global de la civilisation".

Cet effondrement, selon les scientifiques de l’ouvrage, c’est la convergence de toutes les crises : climatiques, écologiques, biologiques et économiques.

Pour Laurent Testot, "cette crise montre bien la fragilité de nos sociétés interconnectées, il suffit par exemple que la Chine entre en récession économique à cause des mesures qu’elle prend contre ce coronavirus pour que nous ayons des problèmes en approvisionnement de médicaments en Europe, puisque la Chine fournit la plupart des substances actives des médicaments. Indirectement, des gens sont mis en péril, car on sait soigner des maladies mais les circuits d’approvisionnement, pour des raisons d’optimisation économique sont tous situés en Chine.

Ce virus montre qu’a trop être interconnecté, sans circuit de substitution de production, on est hautement dépendant d’un seul pays". Pour l’essayiste note aussi que cette crise du coronavirus "est le meilleur acteur de la lutte contre le réchauffement climatique puisqu’il a forcé le monde à respecter l’accord de Paris, il a réduit de 25% les émissions de gaz à effet de serre en Chine en février dernier, ce qui équivaut à 6% de réduction au niveau mondial et cela, ce sont les objectifs à atteindre dans l’accord de Paris. Malheureusement, je rigole car on compresse juste le ressort et cela repartira de plus belle après".

Pour Laurent Testot "on a des enseignements de ces anciennes épidémies, comme vouloir éviter la panique en censurant l’information, comme on l’a fait pour l’épidémie de grippe espagnole, ne sert qu’à minimiser le nombre de morts et à aggraver le bilan sanitaire. On sait aussi que les populations pauvres payent systématiquement le plus lourd tribut, car elles ont une hygiène plus précaire et une moins bonne information…".

"Tout le monde est mortel, y compris les civilisations et qu’on se refuse à le penser, on escamote jusqu’à la mort des poulets, on ne veut pas voir leur mort dans les abattoirs. Le catastrophisme, c’est ce qui interviendra si on n’intervient pas politiquement pour changer les trajectoires de nos sociétés" réagit notre invité avant de compléter son analyse "cela fait 40 ans qu’on nous promet le développement durable, et pourtant on n’a rien changé, toujours 80% d’énergie fossile et 20% d’énergie renouvelable. 

Cela n’a pas changé en 40 ans, on a juste augmenté le volume de toutes ces énergies consommées. Quant au développement durable, on voit ce que cela vaut. Nous n’avons jamais eu autant d’objets obsolescents entre les mains, on n’est obligé de changer de smartphone tous les 4 ans pour rester à la pointe… de nos jours l'alarmisme est malheureusement la seule façon de saisir l’urgence".

Pour Laurent Testot "en tout état de cause, la décroissance serait probablement la meilleure solution, mais sera sans doute inapplicable tant qu’on n’aura pas vidé de sa charge émotionnelle notre discours reposant sur la croissance et postulant que la croissance est l’alpha et l’oméga de notre monde. Or, la croissance tel qu’elle est pratiquée aujourd’hui, va nous tuer. Il faut qu’on réforme profondément cette croissance avec des équipes pluridisciplinaires qui proposent des solutions, avec des états qui les appliquent et contrôlent les firmes dans la mise en œuvre de ces politiques. Si on laisse faire, nous sommes sur une pente qui lentement, mais sûrement, nous amène vers l’apocalypse du manque de ressources et ce d’ici quelques décennies à peine".

"J’espère me tromper, mais tous m’indiquent dans une analyse pluridisciplinaire des éléments que nous nous dirigeons vers des moments de très grandes tensions simplement car les ressources sont en train de se raréfier à vue d’œil et que nous en extrayions trop" complète l'auteur. 

 

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