Les visons
- Par Thierry LEDRU
- Le 05/11/2020
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Effroyable. De quinze à dix-sept millions d'animaux abattus. Inimaginable ce que ça représente. Et tout ça pour des manteaux de fourrure. Il y a des jours où l'espèce humaine me révulse. Cette idée que la richesse de certains individus leur octroie le droit de vie et de mort, d'une vie en cage pour des millions d'animaux, pour finir dépecés.
Juste du dégoût.
J'en arrive à regretter que le covid ne choisisse pas ses cibles. Les scientifiques ont déjà expliqué le rôle considérablement important des zoonoses mais on est là devant une "zoonose importée". Il ne s'agit donc pas des hommes empiétant toujours plus loin dans les zones sauvages mais d'animaux sauvages volontairement introduits auprès de l'homme. Comme si ça ne suffisait pas, comme si la situation n'état pas déjà suffisamment désastreuse.
Aucune remise en question de ces élevages et du commerce qui en est fait. Je me souviens par contre très bien des critiques occidentales envers les marchés chinois où les animaux sauvages avaient été le vecteur déclencheur de l'épidémie. Les Chinois en ont pris plein la tête, des critiques acerbes de tous les pays moralisateurs.
On a d'ailleurs actuellement le même type de problème avec la grippe aviaire disséminée par les oiseaux migrateurs dans les élevages industriels de volailles de toutes sortes. Ce sont toujours les animaux qui sont accusés d'être une mance pour l'homme mais jamais les pratiques humaines de concentrations animales, qu'il s'agisse pour la consommation alimentaire ou pour d'autres usages.
Que les élevages d'oies destinées à la production de foie gras soient décimés par une grippe aviaire et que ça entraîne la faillite de ce marché ne me gênerait aucunement.
Dans l'article précédent, je parlais de la chasse. Je connais un chasseur, un passionné et j'ai longuement discuté avec lui. Pas un viandard mais un chasseur qui piste, qui marche des heures, qui dépèce et qui mange ce qu'il tue. J'ai du respect pour lui. Je comprends sa passion et lorsqu'il me dit que les mangeurs de viande qui se servent dans les magasins sont des hypocrites, j'adhère à ses propos. Les consommateurs n'achètent pas un animal mort, ils achètent une cuisse de poulet, une entrecôte, un faux-filet, un rôti...Juste une étiquette qui leur permet de nier la réalité. Le chasseur, lui, il assume. Ce chasseur avec lequel il m'arrive de discuter est contre l'agrainage des sangliers, contre les élevages de cochons-sangliers, contre la chasse à courre. Je vois par chez lui (Lozère) ou ici en Savoie les dégâts que les sangliers font dans les cultures. Ce chasseur-là n'est nullement opposé à la présence du loup dans les montagnes et les forêts pour participer à la régulation : "Lui aussi, le loup, c'est un chasseur, alors on se comprend."
Il y a un film inoubliable dont une partie évoque la chasse. "Voyage au bout de l'enfer" ou "The deer hunter".
Il n'y a pas un type de chasseurs. C'est comme pour tout. L'humain est très variable, même dans une pratique commune.
Covid-19 : on vous explique pourquoi le Danemark a décidé d'abattre 15 millions de visons
Les autorités sanitaires du pays ont constaté une mutation du Sars-CoV-2 chez ces petits mammifères élevés pour leur fourrure. Les animaux ont par ailleurs contaminé au moins 12 personnes au Danemark. Ce qui a entraîné la décision d'abattre la totalité des visons élevés dans le pays.
Entre 15 et 17 millions d'animaux vont être abattus dans les prochains jours pour des raisons sanitaires. Les visons, petits mammifères carnivores élevés pour leur fourrure, sont dans le viseur des autorités danoises. Ces dernières ont annoncé, mercredi 4 novembre, qu'elles allaient procéder à l'abattage de la totalité des visons élevés sur leur territoire, le pays étant le premier producteur mondial de fourrure de vison. Pour cause : cinq élevages ont été identifiés comme ayant été contaminés par une version mutée du Sars-CoV-2, le virus à l'origine de la pandémie de Covid-19.
Des élevages de visons "ont été détectés positifs au Sars-CoV-2 aux Pays-Bas depuis fin avril 2020 puis au Danemark mi-juin, en Espagne début juillet et aux Etats-Unis en août", note la plateforme d'épidémiosurveillance de santé animale ESA. "Par mesure de précaution et afin d’éviter toute mutation du virus Sars-CoV-2, les autorités néerlandaises, danoises puis espagnoles ont décidé d’abattre l’ensemble des visons des élevages concernés", rapporte-t-elle. Des dizaines de milliers de ces animaux ont ainsi été abattus aux Pays-Bas au cours de l'été. Les gouvernements ont promis des compensations aux éleveurs.
Pourquoi le Danemark s'inquiète-t-il du rôle des visons dans l'épidémie ?
Le lien entre les contaminations de ces animaux et les contaminations humaines inquiète les autorités sanitaires. Dans les 783 cas humains de Covid-19 détectés ces derniers jours dans la région de Jutland, qui concentre le plus grand nombre d'élevages, le traçage a permis d'identifier un élevage de visons comme étant l'origine de la contamination, explique l'autorité danoise de contrôle des maladies infectieuses. Douze personnes contaminées par la version mutée du virus observée chez ces animaux ont été identifiées. Ces cas humains ne sont toutefois plus porteurs du virus muté, rassurent les autorités sanitaires.
Si la principale voie de transmission du Sars-Cov-2 reste interhumaine, la piste de contaminations entre l'animal et l'homme continue d'être étudiée. Des études scientifiques sont en cours pour établir le rôle épidémiologique que peuvent jouer certains animaux, notamment les animaux sauvages en captivité (comme les visons), dans la diffusion du virus.
Selon l'Organisation mondiale de la santé, "dans quelques cas, les visons infectés par des humains ont transmis le virus à d'autres personnes" et ont donc joué un rôle de vecteur de contamination. "Ce sont les premiers cas rapportés de transmission de l'animal à l'homme", a précisé l'institution à l'AFP. Pour Kåre Mølbak, le responsable de l'autorité danoise de contrôle des maladies infectieuses,"le pire des scénarios est d'avoir une pandémie qui repart d'ici, au Danemark".
Le virus porté par les visons est-il différent de celui porté par l'homme ?
Le coronavirus identifié chez les visons par les autorités danoises diffère légèrement du Sars-Cov-2 observé chez l'être humain. Du moins de certaines souches du Sars-Cov-2 étudiées et connues. Comme tout virus, le Sars-Cov-2 est sujet aux mutations, expliquait en août Samira Fafi-Kremer, cheffe du laboratoire de virologie des hôpitaux universitaires de Strasbourg, à franceinfo. Ce "changement ponctuel au niveau de son génome" ne se traduit pas forcément par une aggravation des effets du virus ni de sa transmissibilité. "Plus de 13 000 de ces changements s'observent aujourd'hui dans les 100 000 Sars-CoV-2 séquencés à ce jour", rapportait en septembre le site The Conversation (article en anglais).
La mutation du virus observée chez les personnes qui ont été contaminées par des visons ne s'est pas traduite par des effets plus grave du Covid-19, assurent les autorités danoises. Mais, ce virus muté "ne réagit pas autant aux anticorps que le virus normal. Les anticorps ont toujours un effet, mais pas aussi efficace", a affirmé le ministre de la Santé, Magnus Heunicke. Ce qui préoccupe les autorités sanitaires : "Le virus muté via les visons peut créer le risque que le futur vaccin [contre le Covid-19] ne fonctionne pas comme il le doit", selon la Première ministre, Mette Frederiksen.
Pourquoi la propagation de cette mutation chez l'homme pourrait rendre un vaccin moins efficace ?
Selon le ministre de la Santé, "les recherches ont montré que les mutations pouvaient affecter les actuels candidats pour un vaccin contre le Covid-19". La moindre efficacité des anticorps humains observée avec le virus muté est "une menace pour le développement de vaccins contre le coronavirus", a-t-il affirmé. Si la version mutée du Sars-CoV-2 réagit moins bien aux anticorps et se répand dans la population humaine, cela pourrait représenter un danger pour la mise au point d'un vaccin contre le Covid-19. Car les chercheurs travaillent actuellement à son élaboration à partir des souches connues du Sars-Cov-2 et des anticorps qui peuvent le neutraliser.
Cette éventuelle "menace" est exagérée, estime toutefois François Balloux, professeur à l'University College de Londres et spécialiste de l'évolution des pathogènes. "Il y a des milliers de mutations du Sars-Cov-2 qui apparaissent constamment. Le fait que quelques-unes aient été observées chez les visons ne changera pas les souches en circulation chez l'homme. Si elles favorisaient la transmission du virus vers l'homme, [ces souches] auraient déjà une haute fréquence", écrit-il sur Twitter.
Par ailleurs, le danger que peut représenter ces mutations sur le futur vaccin n'est pas encore connu. Certains virus comme la grippe mutent considérablement d'une année sur l'autre et contournent ainsi l'efficacité des vaccins. Mais d'autres, comme la rougeole, évoluent avec le temps sans déjouer l'efficacité du vaccin.
D'autres animaux sont-ils susceptibles de propager des mutations chez l'homme ?
"Les animaux jouent un rôle mineur dans la pandémie, mais il est important de les étudier, car ils pourraient potentiellement être un réservoir du virus", explique Arjan Stegeman, spécialiste de la santé des animaux d'élevage à l'université d'Utrecht (Pays-Bas) dans une interview (article en anglais). Ce professeur a coréalisé une étude sur les cas de contaminations au Sars-Cov-2 dans les élevages de visons néerlandais en avril et mai 2020. Le fait que ce mammifère carnivore soit particulièrement sensible au Sars-CoV-2 ne l'a pas vraiment surpris car "le vison peut contracter la plupart des infections respiratoires qui touchent l'homme, et donc les transmettre également", explique-t-il. Par ailleurs, les conditions d'élevage favorisent la circulation de virus du fait de la proximité des animaux ou encore du manque d'aération.
Le Sars-CoV-2 peut infecter d'autres animaux, notamment les chats, les chiens, les tigres, les hamsters ou les macaques. Des études se poursuivent pour évaluer quels risques représentent d'autres types d'élevages, notamment d'animaux domestiques. "À ce jour, les résultats d'études expérimentales sur les infections suggèrent que les volailles et les porcs ne sont pas sensibles à l'infection par le Sars-CoV-2", précise l'Organisation mondiale de la santé animale. De même, il n'existe actuellement aucune preuve que les animaux de compagnie jouent un rôle épidémiologique dans la diffusion du coronavirus, rassure la plateforme d'épidémiosurveillance animale.
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