Libraires contre Amazon

Un article avec le point de vue d'une libraire ET les commentaires qui suivent.

Personnellement, je n'entre jamais dans une librairie. Prendre ma voiture, aller en ville, dépenser de l'essence, perdre mon temps dans des embouteillages...Non, merci.

Bon, de toute façon, je n'achète plus de livres :) Pas le temps de les lire.

Mais le débat est intéressant.


Loi anti-Amazon : une bonne nouvelle pour nous, libraires, mais aussi pour les lecteurs


26 réactions | 6503 lu

Temps de lecture Temps de lecture : 3 minutes

LE PLUS. Les députés viennent d'adopter une loi interdisant aux sites de vente sur internet tels qu'Amazon le cumul du rabais sur le prix du livre et de sa livraison gratuite. Si le texte est voté définitivement, ce rabais de 5% devra être déduit du tarif de la livraison. Une bonne nouvelle pour Fabienne Lafont, libraire en Charente-Maritime, qui espère que cela permettra de recréer du lien avec le client.

Édité et parrainé par Rozenn Le Carboulec

  • Deux femmes dans une librairie lors de la fête du livre le 22 mars 2013 (E.FEFERBERG/AFP)
  •  
  • L’adoption de cette loi par les députés est une très bonne chose pour les libraires, dans la mesure où notre métier est déjà bafoué. Même si je ne ressens les effets néfastes d’internet sur notre chiffre d'affaires que depuis trois ans, la vente en ligne est clairement pénalisante pour nos commerces.
  •  

Mais contrairement aux idées reçues et à ce qui est véhiculé par les médias, ce n’est pas tant la gratuité des frais de port qui nous porte préjudice. Cette gratuité, les clients l’ont chez moi. Quand ils commandent des livres, je ne répercute pas les frais d'envoi, excepté chez les petits éditeurs où notre marge est inférieure aux coûts postaux .

 

C'est la rapidité d'Amazon qui nous pénalise, pas ses prix

 

Ce qui nous pénalise, nous, libraires, est surtout la rapidité des sites internet comme Amazon. Bien qu’il arrive que l’on soit plus rapides en termes de réception que certains sites, nous sommes tributaires des délais incompressibles des éditeurs et des transporteurs, qui varient en fonction de la situation géographique de notre point de vente. Hachette sera par exemple très rapide et nous enverra des livres en 48 heures, tandis que d’autres mettront quasiment une semaine.

 

La plupart des gens ne sachant pas comment fonctionne l’édition et la distribution des ouvrages, il est normal que certains clients ne comprennent pas ces délais.

 

Mais cette réalité est à nuancer : je sais par expérience que l’on peut également perdre beaucoup de temps sur internet. Il m’arrive de chercher des livres épuisés sur Amazon et cela ne représente pas toujours un gain de temps, bien au contraire.

 

Recréer le lien entre les lecteurs et les libraires

 

Même si les prix pratiqués sur le net ne sont pas réellement la première chose qui nous pénalise, je suis très contente de ce premier pas vers l’interdiction de la livraison gratuite pour les sites de vente en ligne et vers la fin de cette concurrence déloyale. Les frais de port sont très chers – nous payons en moyenne cinq euros en passant par La Poste –, Amazon risque donc d’être désagréablement surpris.

 

Le lecteur paiera certes plus cher ses livres sur internet. Mais il ne sera pas pénalisé pour la bonne raison que cela permettra de recréer le lien, trop souvent perdu, entre le lecteur et le libraire. C’est une bonne chose pour lui : il va communiquer, apprécier de se faire conseiller, passer un moment convivial avec un commerçant. À condition qu’il en ait le temps. Mais il faut le prendre, le temps est aussi un choix.

 

Les résumés des livres sur internet ne reflètent pas forcément le contenu. De la même manière, un article élogieux sur un ouvrage ne vous assurera pas que ce même ouvrage vous plaira. Les libraires connaissent mieux les goûts des lecteurs que les critiques. Nous sommes là pour les orienter vers le livre correspondant le mieux à ce qu'ils recherchent à ce moment-là.

 

Les libraires ont un rôle à jouer dans la société

 

Dans notre métier, nous faisons beaucoup de psychologie. C’est pourquoi je le défends bec et ongles. Nous avons un rôle à jouer dans la société. On vend de l'information, de la culture, de la distraction, du bien-être, souvent du réconfort et de l'espoir.

 

Les gens se racontent lorsqu’ils viennent nous voir, ils ont besoin d’être écoutés, conseillés. Qu’ils veuillent un livre pour voyager, pour se changer les idées, pour rire, pour s’informer, ou qu’ils se renseignent pour un cadeau, ils apprécient d’avoir quelqu’un à qui en parler.

 

Le libraire connait sa clientèle. Comme un coiffeur ou un boulanger, il connait vos goûts. Quand un livre arrive, on sait d’emblée à qui il est susceptible de plaire. Je propose toujours des livres en fonction de ce que les gens me disent. Si au bout de 100 pages, le livre ne leur a pas plu, je leur propose de le rapporter afin de l’échanger contre un autre. C’est assez rare car on essaye de bien cibler, mais cela arrive parfois avec les nouveaux clients dont je ne cerne pas encore bien les goûts.

 

Il y a pléthore de livres, du merveilleux au très mauvais, ils sont appréhendés différemment en fonction de l'état d'esprit dans lequel on se trouve au moment de sa lecture. Un livre doit vous apporter beaucoup, quelque soit le type de plaisir, sinon vous perdez votre temps. C’est pourquoi les libraires sont importants. Nous sommes au cœur de la vie des gens. Quelque fois, un livre peut sauver la vie de quelqu’un, ou simplement le réconforter. Mais ce livre-là, ce n’est pas internet qui vous le conseillera."

Propos recueillis par Rozenn Le Carboulec

Vos réactions (26)

fred morel

fred morel a posté le 6-10-2013 à 05:12

C'est révoltant de lire un billet aussi ringard aujourd'hui. Le lecteur, il veut lire, pas faire des km, ni se ruiner, ni perdre son temps. Et ca me fait doucement rigoler le coup du "conseil". La plupart du temps quand on rentre dans une "librairie" de "passionnés", et que l'on est pas un "habitué/généreux client", on attend des heures et des heures pour avoir un "conseil". Et le pire c'est que ce "conseil" de "passionné" ne sera pas pertinent dans la grande majorité des cas, pour la bonne et simple raison que le "passionné" n'a pas autant de temps qu'il veut bien nous le faire croire, et qu'il n'a pas tout lu. Alors qu'il me suffit d'aller sur des databases de lecture, ou des milliers de "passionnés" anonymes donne un avis sur leurs lectures (myboox, etc). franchement, encore une honte pour les francais.

Eric Berenger

Eric Berenger a posté le 5-10-2013 à 22:00

C'est mort. A tous point de vue , les couts de l’écrit papier font que quel que soit l’agrément de la chose, la disparition ou au moins la marginalisation absolue sont programmées. Les couts de distribution, largement marques par la manipulation des invendus, les couts prohibitifs pour arriver finalement localement a un choix limite.
Le cout marginal d'une version électronique est nul. Quand a ce qui est d'avoir une vraie relation personnalisée avec les clients, vue la marge sur un titre, cela ne peut fonctionner que sur la base d'un bénévolat, pas d'un équilibre économique. Être libraire n'est plus vraiment une profession, mais presque une forme de militantisme. Un choix de vie personnel. Beaucoup de libraire ont du mal a se dégager un smic. C'est respectable. Jusqu'au stade ou ils demandent d'imposer des contraintes aux autres, et en particulier aux clients, pour leur permettre de continuer a vivre comme ils l'entendent. La suite, si ce n'est pas déjà le cas, ce sera la demande de subvention au nom de la "recréation du lien social, de la non marchandisation de la culture" et autres fadaises dont se servent ceux qui veulent faire financer leurs choix personnels par la société.

Syn Tagma

Syn Tagma a posté le 5-10-2013 à 18:30

Les libraires crient victoire trop vite, cette loi à mon avis ne permettra pas un renversement significatif de la situation... pour plusieurs raisons: la rapidité d'expédition, l'accessibilité et le vaste choix de livres et surtout le gain de temps pour le lecteur (il n'a pas à se déplacer en librairie - parfois éloignée de son domicile, sans oublier certains petits gains additionnels: essence, transport, etc)

Les libraires devraient au contraire suivre l'exemple d'Amazon (pour le concurrencer) et se créer des sites Internet avec actualisation en temps réel des livres disponibles, ristournes, etc...

Bref, une énième loi de plus sans intérêt et qui ne changera pas grand chose pour Amazon.

simali limasi

simali limasi a posté le 5-10-2013 à 16:08

pas une bonne nouvelle pour les libraires ni surtout, pour les éditeurs: il n'y a pas que des citadins.
J'habite à 50km de la première librairie et elle n'accorde pas les 5 % (cultura)!
une autre met plus de 8 jours à commander un livre qu'il faut ensuite aller chercher alors que je peux l'avoir en 3 jours sur amazon
il faut aussi que les libraires se réveillent
quand je vais en ville, j'en profite pour faire les courses que je ne fais pas encore sur le net: pas le temps de fouiller bien longtemps dans les bacs
de plus, tous les livres que j'ai déjà acheté sur amazon ne sont pas ou plus en librairie
je ne ferai pas 100 km pour acheter plus cher et bruler du carburant (tant mieux pour la planète)
je vais acheter une kindle et acheter ou partager des livres format numérique
pas d'autre solution

dommage

Agnès Morin

Agnès Morin a posté le 5-10-2013 à 15:18

chère Madame,
Vous devriez savoir qu'il n'existe pas de librairie dans toutes les communes de France.
En ce qui me concerne j'habite une commune de plus de 50 000 habitants en banlieue parisienne. En dehors d'un rayon de livres à Monoprix et un à Carrefour nous n'avons pas de librairie; Nous devons donc soit commander par internet, soit nous déplacer (voiture, train, bus...)
Exemple : Dans le cadre d'un café littéraire j'ai acquis par internet en collection poche "Le colonel Chabert" (1, 50 €) "Chatterton" (3 €) si j'avais du les acheter dans une librairie j'aurai du prendre le train pour Paris (environ 7 € aller-retour) sans être sûre de trouver chez le libraire choisi ces livres sans les commander d'où un nouveau trajet pour aller-retour les chercher ; A noter que les deux livres n'ont pas été acheté à la même époque.
Et vous voulez nous culpabiliser comme tous ces bobos parisiens qui se prennent pour nos élites parce que nous osons commander sur internet, de plus si ce n'est la FNAC on ose (quel scandale) sur une entreprise américaine ! Nous aimons lire mais nous n'avons pas de raison de payer plus cher que ceux qui ont la chance d'avoir une librairie près de chez eux. Nous allons donc devoir télécharger sur nos E.book et nos tablettes;;et adieu le plaisir de la lecture sur papier !
cordialement
une lectrice (plus de 50 livres par an)

Profil Demerde

Profil Demerde a posté le 5-10-2013 à 15:10

à lire l'article et les commentaires, on se rend compte tout simplement que cette loi ne changera pas grand chose pour les consommateurs , à part augmenter les prix des livres commandés sur internet.
- une bonne partie des livres commandés chez Amazon ne sont pas ou plus disponibles chez le libraire du coin ... donc le prix n'est pas le vrai problème.
- si il n'y a pas de librairie proche ou pratique d'accès , ça ne changera pas le problème
- le service rendu par le libraire ... aucun changement suite à cette loi.

la solution intelligente aurait été d'abroger la loi qui bloque le prix des livres et laisser faire le marché ..

Agnès Morin

Agnès Morin a posté le 5-10-2013 à 14:56

chère Madame,
Vous devriez savoir qu'il n'existe pas de librairie dans toutes les communes de France.
En ce qui me concerne j'habite une commune de plus de 50 000 habitants en banlieue parisienne. En dehors d'un rayon de livres à Monoprix et un à Carrefour nous n'avons pas de librairie; Nous devons donc soit commander par internet, soit nous déplacer (voiture, train, bus...)
Exemple : Dans le cadre d'un café littéraire j'ai acquis par internet en collection poche "Le colonel Chabert" (1, 50 €) "Chatterton" (3 €) si j'avais du les acheter dans une librairie j'aurai du prendre le train pour Paris (environ 7 € aller-retour) sans être sûre de trouver chez le libraire choisi ces livres sans les commander d'où un nouveau trajet pour aller-retour les chercher ; A noter que les deux livres n'ont pas été acheté à la même époque.
Et vous voulez nous culpabiliser comme tous ces bobos parisiens qui se prennent pour nos élites parce que nous osons commander sur internet, de plus si ce n'est la FNAC on ose (quel scandale) sur une entreprise américaine ! Nous aimons lire mais nous n'avons pas de raison de payer plus cher que ceux qui ont la chance d'avoir une librairie près de chez eux. Nous allons donc devoir télécharger sur nos E.book et nos tablettes;;et adieu le plaisir de la lecture sur papier !
cordialement
une lectrice (plus de 50 livres par an)

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