Monsanto, Bayer, les députés, les juges, la FNSEA...

Le Roundup face à ses juges

90 min

Disponible du 11/08/2018 au 12/10/2018

Disponible en direct : oui

Prochaine diffusion le mercredi 15 août à 01h40

Ce programme est disponible en vidéo à la demande ou DVD.

À la lumière du procès symbolique de Monsanto tenu en 2016, Marie-Monique Robin expose l’ampleur du scandale sanitaire lié au Roundup, herbicide le plus vendu au monde. Un réquisitoire accablant, paroles de victimes et d'experts à l'appui.

C’est l’histoire d’une colère citoyenne, jusque-là quasi inaudible, et d’une lutte contre un écocide, ou crime contre l'environnement, commis en toute impunité par la firme championne des OGM. En octobre 2016, à La Haye, victimes et experts témoignent – une première – devant le Tribunal international Monsanto, au fil d’un édifiant procès symbolique contre le Roundup, l’herbicide le plus vendu au monde, et sa très toxique molécule active, le glyphosate. Cette année-là, quelque 800 000 tonnes de ce "tue-tout" (son surnom en espagnol) ou de ses génériques ont été déversées sur la planète. Si la multinationale a refusé de comparaître, les victimes ont raconté à la barre les conséquences de son épandage : malformations des enfants, cancers, maladies respiratoires ou rénales et destructions environnementales. Éclairé par des scientifiques, cet accablant réquisitoire révèle l’ampleur de ce scandale sanitaire, qu’illustrent des reportages bouleversants sur la tragédie en cours, de la France à l’Argentine en passant par les États-Unis et le Sri Lanka – premier pays à interdire le glyphosate. "Ce pulvérisateur nous a apporté la mort, alors qu’on voulait simplement gagner notre vie", lâche, amer, un riziculteur sri-lankais contaminé.

Lanceuse d’alerte
Presque dix ans après son enquête Le monde selon Monsanto, Marie-Monique Robin démontre, faisceau de preuves à l’appui, l’extrême nocivité du Roundup, à l’heure où l’Union européenne doit décider de prolonger ou non l’autorisation du glyphosate sur le marché. Déclaré en mars 2015 "cancérigène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), et reconnu comme tel par des études scientifiques secrètes commanditées par Monsanto, l’herbicide, omniprésent dans l’eau, l’air, la terre et les aliments, est aussi un perturbateur endocrinien, un antibiotique et un chélateur de métaux – il séquestre les minéraux. Face au silence coupable des agences de santé et à l’inertie des gouvernements, le film, à travers ce procès, montre également la mobilisation à l’œuvre de la société civile mondiale pour faire reconnaître l’écocide. L’enjeu ? La poursuite au pénal des multinationales dont les activités menacent la sûreté de la planète et la santé des hommes.

Réalisation :

Marie-Monique Robin

Pays :

France

Année :

2017

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Qui veut encore sauver le Roundup en Europe ?

Un comité d'experts des États membres de l'Union européenne doit se prononcer le 25 octobre sur l'autorisation du glyphosate en Europe. Cinq mois après qu’un tribunal citoyen a jugé Monsanto coupable du crime d’écocide, les "Monsanto Papers" portent un nouveau coup à la crédibilité de la multinationale. Des scientifiques ayant contribué aux expertises selon lesquelles le principe actif de son pesticide phare, le Roundup, ne serait pas cancérigène, auraient travaillé main dans la main avec le champion des herbicides et des OGM. Pourtant, de nombreux États soutiennent toujours la prolongation de la licence du glyphosate pour 10 ans… sur recommandation de la Commission européenne. La multinationale a-t-elle encore des chances de l’emporter?

Le glyphosate a encore ses défenseurs

Documentaire de Marie-Monique Robin, "Le Roundup face à ses juges"

"Tout ce dont vous avez besoin pour rester productifs, qu'il s'agisse de glyphosate ou d'investissements dans les nouvelles technologies, est-ce que vous continuerez à y avoir accès? Je m'engage à faire tout mon possible pour que cela soit le cas" :  s'exprimant il y a deux semaines lors des Farmers Weekly Awards, le secrétaire d’État à l’agriculture britannique Michael Gove a mis du baume au coeur des syndicats agricoles nationaux. Ceux-ci ont lancé une campagne sur les réseaux sous le hashtag #GlyphosateIsVital afin d'obtenir la prolongation de la licence d’autorisation du glyphosate pour 15 ans… soit cinq années de plus que ce que propose la Commission européenne.

Nul doute que le Royaume-Uni s'apprête à voter pour la prolongation de la licence du glyphosate. Et les Britanniques sont loin d’être isolés sur la question. Dans les faits, la majorité écrasante des États européens n’ont pas émis la moindre volonté de déroger au soutien qu’ils témoignaient à la proposition de la Commission européenne lors du précédent vote sur la question en 2016.

Ils maintiennent que le produit est sûr, faisant systématiquement référence aux études des agences sanitaires de l’Union européenne. Problème : le rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments de 2015 s’avère être en partie basé sur une copie de la demande de réautorisation de Monsanto en 2012, comme le révélaient le mois dernier les "Monsanto Papers".

Mais une majorité d'États ne suffit pas : la Commission européenne doit rassembler une majorité "qualifiée" afin de faire valider sa proposition. Soit seize Etats sur vingt-huit, représentants au moins 65 % de la population totale de l’UE. Dès lors, si l’on fait le calcul en termes de population, si la France, l’Italie et l’Allemagne ne se prononcent pas en faveur de la proposition de Bruxelles, celle-ci ne pourra être validée.

La France pour l'interdiction du Roundup… mais quand ?

Or la France a annoncé la couleur : elle votera contre la proposition de la Commission européenne. Tout en restant évasive quant à la date à laquelle elle souhaite interdire définitivement le produit. Si Nicolas Hulot s’est engagé à bannir le Roundup "d’ici la fin du quinquennat", le Premier ministre Édouard Philippe parle lui d’une transition "progressive et irréversible" d’ici à 5 ou 7 ans. Fidèle à sa conjonction de coordination préférée, le président Macron affirmait cette semaine qu’il ne souhaitait "ni procrastiner, ni stigmatiser" sur la question.

Les "swing states" en route vers l’abstention ?

Dans ce contexte, les voix de l’Italie et de l’Allemagne pourraient bien être décisives. La ministre de l’Environnement allemande Barbara Hendricks souhaite également voter contre, mais doit faire face à une forte opposition politique au sein du gouvernement.

Le ministre de l’Agriculture italien s’est également prononcé récemment pour l’interdiction de l’herbicide au sein de l’Union européenne. Mais à l’approche des élections générales sur la péninsule, le Parti démocrate redoute les "pertes politiques non nécessaires" que pourrait engendrer un affrontement sur le glyphosate avec les populistes du Mouvement 5 étoiles. Selon  Franziska Achterberg, qui milite pour l’interdiction du glyphosate à Bruxelles avec l’ONG Greenpeace, ces deux pays pourraient choisir la voie de l’abstention. Ce qui empêcherait Bruxelles de valider sa proposition.

Monsanto contre-attaque

Mais Monsanto n’a pas dit son dernier mot. À Bruxelles, les lobbyistes des syndicats agricoles ont encore un peu plus d’une semaine pour tenter de changer la donne, notamment à travers leur campagne #WithOrWithoutGlyphosate.

Plus inquiétant encore pour Martin Pigeon, de l’Observatoire européen des multinationales, Monsanto vient de se lancer dans une campagne de décrédibilisation de Christopher Portier, un scientifique en première ligne dans la valorisation des travaux du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui a émis un avis défavorable concernant le glyphosate. L’expert est accusé d’être lui-même à la merci de lobbys anti-glyphosate. Une allégation difficile à vérifier en huit jours, et qui ne remettrait de toute façon pas en question l’intégralité des recherches du CIRC puisque Christopher Portier n’était qu’un conseiller spécial externe du groupe de travail. 

Le rôle trouble des autorités européennes

Le rôle joué par les autorités européennes elles-mêmes est assez obscur. Malgré les révélations des Monsanto Papers, l’Autorité européenne de sécurité des aliments reste pour le moment campée sur ses positions. "(Nos) travaux d’évaluation du glyphosate ont été réalisés en parfaite adéquation avec (les réglementations européennes)", déclare un porte-parole de l’agence à ARTE.  

La Commission européenne se défend de chercher à influencer le vote des États membres. Mais un compte-rendu d’une réunion d’avril 2016 entre le Commissaire européen à la santé Vytenis Andriukaitis, et le Copa et le Cogeca, les lobbys des syndicats agricoles à Bruxelles, rendu public par l’Observatoire européen des multinationales, laisse interrogateur. D’après ce compte-rendu, la Commission européenne aurait rappelé aux syndicats agricoles leur "responsabilité" afin de convaincre les gouvernements concernés du bienfait de sa proposition.

D'après une source du groupe socialiste du Parlement européen, les eurodéputés devraient émettre leur avis concernant une résolution non contraignante visant à bannir le glyphosate du marché européen d'ici trois ans à Strasbourg, à la veille du scrutin décisif pour la Commission.

Alors que l’autorisation du glyphosate arrivait à échéance en juin 2016, les membres de l’Union européenne ne sont pas parvenus à un consensus pour interdire ou autoriser sa présence sur le marché européen. La Commission a alors prolongé temporairement son autorisation jusqu’au 31 décembre 2017 et présenté un ultimatum aux États membres pour qu’ils trouvent un compromis sur la question avant cette date butoire.

 

 

 

 

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