"Network"
- Par Thierry LEDRU
- Le 30/10/2021
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NETWORK, film de Sydney Lumet (1976)
Synopsis
Le réseau UBS est racheté par le conglomérat CCA. Franck Hackett décide alors de renvoyer Howard Beale, présentateur du journal télévisé depuis 20 ans et en perte d'audimat, malgré les protestations de Max Schumacher, rédacteur en chef. Lors de ses dernières émissions, Beale devient de plus en plus offensant, menaçant de se suicider et jurant en direct à la télévision. Flairant le bon coup médiatique, Diana Christensen, directrice des programmes, donne carte blanche à Beale. Lorsque Beale hurle à des millions de téléspectateurs de se rebeller contre le système, c'est le carton d'audience. Hackett décide alors de renvoyer Schumacher et donne les pleins pouvoirs à Christensen. Elle transforme alors l'émission de Beale en une idiotie commerciale où le présentateur, devenu totalement fou, crie des inepties populistes au public. Dans le même temps, elle crée une série documentaire tapageuse sur un groupe terroriste communiste. En parallèle, Schumacher quitte femme et enfants pour vivre avec Christensen.
Lors d'une émission, Beale révèle qu'UBS va être racheté par des Saoudiens et demande au public de s'en insurger. Il est donc convoqué par Arthur Jensen, propriétaire de CCA. À l'aide d'une mise en scène qui impressionne Beale, Jensen le convainc d'abandonner ses idées populistes et de propager un message pro-capitaliste et mondialiste. Beale s'exécute mais les audiences baissent. Dans le même temps, Schumacher décide de quitter Christensen, obsédée par ses objectifs d'audimat et incapable d'exprimer la moindre émotion. Elle envoie alors ses amis terroristes tuer Beale en pleine émission, pour relancer l'audimat. Beale devient alors le premier homme à avoir été assassiné parce qu'il ne faisait pas assez d'audience.
Il y a plusieurs passages qui m'avaient marqué à l'époque où j'ai vu ce film pour la première fois.
la scène de la colère
et
la scène du discours du financier.
J'y ai repensé plusieurs fois lorsque le mouvement des Gilets jaunes battait son plein.
J'y repense aujourd'hui après plus de deux ans de pandémie et des effets collatéraux majeurs sur le fonctionnement de la démocratie.
Qui est au pouvoir ?
La colère populaire a-t-elle une chance d'être entendue ?
Est-il même utile, finalement, d'être en colère lorsque les puissances dirigeantes ont un tel pouvoir ? N'est-ce pas une perte d'énergie ?
N'est-ce pas même davantage utile aux gouvernants étant donné que ces mouvements de contestation sont inéluctablement mis au service des contentions, des restrictions, des amendements, des décrets, des lois, des détournements, des mensonges, des promesses oubliées, des contradictions niées. Il devient impossible dans le flot de paroles "pipoliticiennes" de retrouver un fil conducteur qui ne soit pas un jour rompu.
Ce chaos, qu'il soit volontaire ou pas, qu'il soit le reflet de la perversion ou du machiavélisme, ne mérite pas que l'on se mette en colère étant donné qu'il est impossible de lutter contre lui.
Il faudrait donc s'en extraire, lui tourner le dos, ne pas le nourrir de nos colères puisqu'il y puise sa propre énergie.
Historiquement parlant combien de mouvements de contestations populaires l'humanité a-t-elle connus, partout sur la planète ?
Combien sont-ils à être parvenus à leur fin ? Combien parmi ceux-là ont pu pérénniser les changements opérés ?
Les forces au pouvoir sont gigantesques, indestructibles. Et lorsqu'elles semblent avoir perdu une partie, elles réaparraissent inéluctablement.
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