Responsabilités partagées
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2011
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Un malaise cette nuit en repensant à cet état des lieux au lycée et par là-même au collège.
Trop simpliste, un amalgame réducteur et mensonger.
Ils existent ces professeurs qui oeuvrent au bien être de leurs élèves, qui n'entrent pas en classe comme s'ils montaient au front, qui parviennent à établir un lien existentiel et non seulement frontal et conflictuel.
Mais que s'est-il passé à l'école maternelle et à l'école primaire pour ces élèves dont ils ont un jour la charge ?
Depuis combien d 'années déjà soufffrent-ils pour certains et certaines de jugements péremptoires et systématiquement transmis aux enseignants, classe après classe, comme s'il n'y avait aucune progresson possible, comme une condamnation à perpétuité. "Ne peut rien faire de mieux..."
Ca ne sera pas marqué dans le dossier scolaire (quoique...) mais ça sera vécu ainsi, jour après jour, à travers des humiliations répétées, des sanctions, des mises à l'écart, des réflexions assassines. Une accumulation sans fin.
Jusqu'à l'arrivée de l'adolescence où les forces intérieures ne seront plus contenues, où cette colère amassée comme une marée derrière une digue emportera tout sur son passage. Il y aura d'abord une brèche, une faille dans le mur et puis si rien n'est fait pour colmater l'ouvrage, si aucun adulte ne parvient à apaiser, à aimer, à comprendre, à entendre, à ressentir le drame qui couve, tout finira par céder.
Et il n'y aura plus jamais cette confiance indispensable pour grandir.
L'école élémentaire porte une part de ce drame. Il serait trop facile de se satisfaire de la soumission provisoire des enfants et de reporter la faute sur le secondaire. Nous sommes, instituteurs et institutrices, les ouvriers de cette plénitude ou de ce tsunami à venir.
Je ne parlerai pas du cadre de vie, celui de la campagne ou celui des banlieues, ni du cadre social, celui du fils de notaire ou celui du Rmiste, ni du cadre familial, celui du couple unifié et aimant ou celui de parents déchirés et haineux, je ne parlerai pas de l'image effroyablement déstabilisante d'un monde moderne n'ayant aucun ancrage, aucune ligne directrice sinon celui d'une folie consumériste et matérialiste, je ne parlerai pas des problèmes insolubles qui sont constamment jetés en pâture à des enfants ou des adolescents qui n'ont aucun pouvoir de changement, qui ne sont que les victimes impuissantes de ces images choisies intentionnellement par des adultes conspirateurs et cupides.
"Nous voulons des cerveaux vides et mous pour les emplir d'images qui rapportent. " Les propos, dans l'idée, à quelques mots près, de Patrick Le Lay, ancien PDG de TF1.
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=4S20kG2MoxI
Ces enfants puis ces adolescents seront un jour les adultes qui attaquent au sabre un commissariat, défenestrent leur compagne, étouffent leurs enfants, empoisonnent leur famille, exécutent, découpent, carbonisent, dévorent ou s'immolent dans une cour de lycée...
D'autres seront aimants, amants, attentionnés, respectueux, équilibrés, rieurs, lucides, conscients, ouverts, humains tout simplement.
Tout se jouera, ou en partie en tout cas, dans ce cadre étroit et douloureux ou magnifiquement ouvert des écoles, des collèges, des lycées...
C'est bien pour cela que ça n'est pas un métier, c'est bien plus...
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