"Séquoias" de Michel Moutot
- Par Thierry LEDRU
- Le 01/12/2019
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Séquoias
Michel Moutot
Prix Relay 2018
Milieu du XIXe siècle. Les frères Fleming, trois chasseurs de baleines, natifs de l’île de Nantucket, répondent à l’appel de l’or venu de la lointaine Californie, à l’autre bout des États-Unis d’Amérique.
À bord du Freedom, le navire dont ils ont hérité à la mort de leur père, Mercator, Nicholas et Michael forment leur équipage et mettent les voiles. Au terme d’une odyssée de six mois, de New York à Valparaíso, en passant par le cap Horn, les voici en vue de la terre promise. Mais le petit village assoupi dans la baie de San Francisco est devenu une cité grouillante où quelques chanceux descendus de la Sierra les poches pleines de pépites jouent leur fortune dans les tripots, tandis que d’autres se préparent à tenter l’aventure sur leurs traces. C’est le choix que fera Michael, le cadet. Mercator, lui, comprend rapidement que, loin de se tapir seulement dans les montagnes, la fortune est en réalité sous ses pieds, quitte à abattre la forêt de séquoias géants marquant l’entrée de la Porte d’Or.
Dans ce monde nouveau au cœur du Nouveau Monde, voici le roman d’une fratrie de baleiniers héroïques devenus chercheurs d’or, prêts à tout pour assouvir leur soif de conquête et de fortune, jusqu’à une ultime aventure, en mer de Béring.
Séquoias - Michel Moutot
RTL
"Un vrai bonheur de lecture. Une formidable aventure. "
Le Magazine littéraire
"Roman d'aventures mené tambour battant, Séquoias joue simultanément sur plusieurs tableaux: fresque historique solidement documentée sur les Etats-Unis de la première moitié du XIXe siècle, l'épopée de Michel Moutot mène parallèlement une réflexion sur les fondements d'une société qui conjure la moindre pénurie en réactivant le mythe d'une abondance illusoire. "
Marie Rogatien Le Figaro magazine
"Séquoias est plus qu'un roman historique à l'allure de saga littéraire, c'est une réflexion épique et habitée sur la création du Nouveau Monde. "
Anne Berthod La Vie
"La Vie aime: passionnément
Michel Moutot s'avère un chroniqueur épique et minutieux. Pour les amateurs de romans d'aventures et de grands espaces, ce livre est un bijou."
Puisque je n'écris plus, j'ai recommencé à lire...
Beaucoup.
Des romans et quelques ouvrages divers.
"Sequoias" de Michal Moutot va me rester longuement en tête. Un chef-d'oeuvre, pour moi.
Une puissance évocatrice qui relève du cinéma. Une écriture magnifique, un scénario qui génère une véritable addiction. Impossible de ne pas s'offrir une séance de lecture par jour.
Les commentaires sont élogieux. Et je n'imagine pas qu'il en soit autrement. Personnellement, il n'y a rien, absolument rien à retirer de ce livre. Je n'ai pas ressenti le moindre détachement, la moindre lassitude ou déception. De chapitre en chapitre, la soif de lire reste la même.
Au-delà de l'histoire elle-même, il m'est venu le souvenir d'un article que j'avais écrit il y a quelques temps.
"Nous ne nous appartenons pas, intérieurement. Il n’y a pas de paix en nous mais des désirs infinis, une volonté de marquer notre territoire, notre environnement, comme on établirait des clôtures, la sédentarisation est un mal spirituel et une source de profits immenses."
Dans le roman de Michel Moutot, on voit évoluer les hommes du 19 ème siècle, des hommes obnubilés par la ruée vers l'or. Qu'il s'agisse de la chasse à la baleine, des mines d'or du "Nouveau monde" ou de toutes les exploitations possibles associées aux besoins de cette masse humaine. La Nature est uniquement une source à exploiter. Les dégâts occasionnés n'ont strictement aucune importance. Ce qui compte, c'est la possession et la possibilité de s'extraire de la misère sociale, d'atteindre une place enviée et de la garder.
Les hommes s'unissent ou se combattent. La Nature n'est qu'une ressource. Quitte à en épuiser les gisements : l'extinction des baleines, l'appauvrissement inévitable des gisements d'or, la quête effrénée de nouveaux lieux, l'abattage des forêts pour construire les villes, les bateaux, faire tourner les machines à vapeur.
C'est effroyable et tous les peuples agissent de la même façon, avec la même folie destructrice et la même intelligence créatrice. Une intelligence qui n'a que faire du bon sens ou de la vision à long terme, de l'impact sur les générations à venir, de la perte des biens naturels quand il s'agit d'acquérir les biens matériels.
Tous agissent de la même façon.
Tous, sauf les Indiens.
Qui seront donc exterminés.
C'est à travers ce constat que m'est revenu en mémoire cette réflexion sur l'ontogenèse et la phylogenèse.
Où en sommes-nous aujourd'hui, au 21 ème siécle ?
Il y a une rupture. Une scission entre cette masse humaine qui ne voit dans la nature que son potentiel exploitable et ceux qui, désormais, voient prioritairement les effets dévastateurs. Les nouveaux "Indiens" en quelque sorte. Des humains qui prônent un retour à l'équilibre, non pas un nouvel âge préhistorique mais une adptation de l'homme à la nature. Et non plus l'inverse.
Il ne s'agit pas de perdre ce qui a été acquis. La vie des hommes au 19 ème siècle n'est pas enviable.
Il s'agit d'équilibrer notre niveau de vie avec la vie elle-même et que nos existences ne soient plus la cause première de la disparition de la vie.
Combien de temps faudra-t-il pour que cette ontogenèse individuelle devienne la phylogenèse nécessaire au maintien de la vie sur Terre, combien de temps pour que l'évolution de chaque homme puis de l'espèce humaine dans son entièreté ne vienne plus porter atteinte à l'évolution de la vie elle-même, pour que la "sauvagerie moderne" de chacun, nourrie par l'inconscience collective, héritée de nos ancêtres, se tourne vers un monde durable, riche de sa biodiversité et non plus pour l'enrichissement démesuré de certains humains tout autant que l'appauvrissement de ceux qui ne peuvent suivre le rythme...?
Je n'ai pas la réponse.
Ce qui est certain, c'est que l'effacement de cet inconscient collectif, de cet impact considérable au regard des "exemples" passés, tout cela prendra beaucoup de temps.
C'est là que l'éducation, l'enseignement, l'exemplarité des parents représentent une source immense de progrès. Ou pas.
Quant aux instances dirigeantes, je n'attends plus rien d'elles.
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