blog

  • "JUSQU'AU BOUT" : commentaire d'un lecteur

    Un commentaire d'un lecteur pour "JUSQU'AU BOUT."

    Toujours très touché d'un retour de lecture, détaillé, sans être exhaustif, intriguant sans spoiler.

    Que du bonheur.

     

    https://philippe-renaissance.com/jusquau-bout/

    Philippe Renaissance

    L’auteur

    Romans

    Nouvelles

    Lectures

    Blog

    Contact

    Jusqu’au bout

    Post published:11 mars 2023

    Post comments:0 commentaire

    Thierry Ledru

    J’ai lu le roman Jusqu’au bout de Thierry Ledru et moi qui m’attendais à « vivre » les affres quotidiennes d’un jeune instituteur de campagne dans une commune rurale des Côtes-d’Armor en Bretagne, j’ai une cousine qui exerce ce beau métier et qui m’en a beaucoup parlé, eh bien je dois avouer que le récit m’a pris par surprise. Alors certes, la petite classe est bien décrite, les enfants, au nombre de huit, sont tous très attachants, et Pierre fait de son mieux pour leur enseigner le programme prévu par l’Éducation nationale. Mais, et c’est là tout l’intérêt de la chose à mon sens, Pierre est un rebelle né. Pour lui le seul véritable intérêt de son métier consiste à éveiller les enfants en allant au-delà de ce programme obligatoire, leur donner les outils pour penser librement, leur enseigner la nature en théorie et en pratique, et surtout les défendre contre vents et marées contre certains parents qui jugent que l’école n’est pas si indispensable que cela et que les travaux à la ferme priment avant toute chose.

    L’auteur a su donner à Pierre un caractère trempé. C’est un jeune homme entier qui n’hésite pas à agir en donnant de sa personne, même à l’encontre de la loi et d’une morale qu’il réprouve. Quand je dis agir, cela va bien au-delà de l’enseignant qui se met debout sur une table pour faire comprendre un changement de point de vue. L’homme a des convictions et pour lui le monde se divise en deux catégories : ceux qui veulent le bien des enfants et leur émancipation et les autres. Pour les autres, il leur réservera un traitement assez spécial.

    A contrario, pour sa vie amoureuse, ses convictions sont beaucoup moins arrêtées. Pierre se cherche, s’estimant floué par une première relation sérieuse avec qui il compte mettre beaucoup de distance. Dès lors il butine de fleur en fleur et à leur contact, se calme progressivement jusqu’à trouver les personnes avec qui il partage une entière communauté de vues.

    Va-t-il s’assagir ? Rentrer dans le rang et obéir à la machine administrative ? Aura-t-il un comportement apaisé vis-à-vis des parents en général et d’un certain Miossec en particulier, la terreur des parents d’élèves qui tente de les monter contre lui ?

    Vous le saurez en lisant Jusqu’au bout, jusqu’au bout… Et surtout chers lecteurs, gardez en mémoire que ce roman n’est pas une étude sociologique ayant pour cadre l’Éducation nationale. C’est avant tout l’histoire d’une vie qui se cherche, se révolte, réalise de belles choses, en commet de moins belles. Pour Pierre l’enseignement n’est pas un long fleuve tranquille, mais plutôt un torrent aussi furieux que dangereux.

    Alors, installez-vous du mieux possible et laissez-vous emporter par cette histoire. Attention, ça va remuer !

     

     

     

  • L'argent public des coupes rases

     

    Il est grand temps que tout le monde prenne conscience des mensonges au niveau de l'Etat et de l'avenir plus que sombre des forêts.

    5 932 vues • 16 mars 2022

    Notre enquête sur le plan de relance du gouvernement, présenté comme un plan d'adaptation des forêts au changement climatique, montre qu'il sert en réalité surtout à rendre service aux industriels de la filière bois.

    Dans 87% des cas, les opérations financées sont des coupes rases.

    La grande majorité des projets permet de planter des monocultures.

    L'arbre le plus planté est le douglas, mal adapté au changement climatique mais parfait pour l'industrialisation de la gestion forestière.

    Nous vous emmenons en Auvergne, dans le Livradois, pour vous montrer un projet mené par la CFBL (Coopérative Forestière Bourgogne Limousin). Une forêt saine et prometteuse y est coupée à ras, pour être replacée par une plantation, principalement de douglas. Cette vidéo aborde aussi quelques notions de sylviculture à couvert continu, grâce à la gestionnaire forestier indépendante Virginie Monatte, qui présente ici l'alternative à la coupe rase. Pour en savoir plus, voici le lien vers notre rapport complet sur le plan de relance, chiffré et sourcé

    : https://www.canopee-asso.org/wp-conte...

     

  • Les coupes rases : massacres à la tronçonneuse.

     

    La pétition à signer est dans le descriptif de la vidéo.

    Pour signer notre pétition qui demande que PEFC protège mieux les forêts : https://www.canopee-asso.org/pour-un-...

    COUPE RASE AU BOIS DU CHAT : LE DIALOGUE EST INCONTOURNABLE

     

     02 mars 2023 | Bruno Doucet | Mise à jour le 09 mars 2023

    Le Bois du Chat (Corrèze) pourrait être rasé. Deux fois déjà, les bûcherons sont venus sur place – mais ils ont été accueillis avec bienveillance par les habitantes et habitants de la zone, qui ont empêché la coupe. Pour l’instant, le Bois du Chat est sauvé.

    Mais cette forêt de feuillus (chênes, hêtres), en Natura 2000, pourrait être entièrement détruite dans les semaines qui viennent et remplacée par une plantation de résineux. Et il ne s’agit pas d’un cas isolé. Cet exemple montre que les règles de gestion sylvicole de Nouvelle Aquitaine (SRGS) doivent évoluer, et interdire la transformation de forêts diversifiées en monocultures.

    Alors que cette coupe pose plusieurs questions intéressantes sur la gestion sylvicole de demain, certains acteurs de la filière s’obstinent et annoncent : « Il n’est pas acceptable que des phénomènes d’opposition se développent, sous quelque forme que ce soit ».

    Les habitantes et habitants bloquent la coupe

    Corrèze, lundi 13 février, 6 heures du matin : des habitantes et habitants se sont réunis devant le Bois du Chat et ont fait chauffer une grande thermos de café. Des croissants ont été étalés sur une table, qui porte l’inscription “La coupe rase n’est plus à la mode”. Les bûcherons étaient attendus à tout moment pour raser l’une des dernières précieuses forêts feuillues de la région. Et en effet : les bûcherons ont débarqué… et ont immédiatement été accueillis avec bienveillance par les habitantes et habitants. 
    La discussion s’est engagée, et nous avons rapidement compris que les bûcherons étaient eux-mêmes attristés de devoir raser entièrement cette forêt. Les bûcherons ne pouvant pas travailler si des personnes se trouvaient sur la parcelle, ils ont négocié un report du chantier avec leur chef : ils ont plié bagage sous les applaudissements.

    Deux semaines plus tard, la société d’exploitation, Argil, est revenue avec de nouveaux bûcherons. De nouveau, les habitantes et habitants étaient sur place pour les accueillir calmement : seuls trois arbres ont été coupés avant que la police n’interrompe le chantier pour éviter que des habitantes ou habitants soient blessés par des arbres coupés.

    « C’est le moment de s’écouter et de réfléchir ensemble »

    La coupe rase programmée et son blocage par les habitantes et habitants font beaucoup parler : le ton commence à monter.

    Le collectif d’habitantes et d’habitants est entièrement ouvert au dialogue et pacifique. Mais dans le même temps, le préfet de Corrèze considère qu’il existe des « risques de trouble à l’ordre public et à la sécurité des personnes et des biens aux abords du chantier ». Il a interdit le stationnement de véhicules aux abords du bois et établi un lien indirect entre l’action non-violente du collectif de défense du Bois du Chat et une « mouvance d’ultragauche violente » : cet amalgame accroit les tensions.

    Dans la foulée de la réaction du préfet de Corrèze, le Syndicat des Exploitants Forestiers, Scieurs et Industriels du Limousin (SEFSIL) a lancé un « appel à toute la filière bois pour venir apporter son soutien physiquement le lundi 6 mars. » En réponse à cet appel, le collectif de défense du Bois du Chat a rédigé un courrier aux adhérents du SEFSIL, dans lequel il indique que « c’est le moment de s’écouter et de réfléchir ensemble à la mise en œuvre d’une mesure emblématique tournée vers l’avenir et le dialogue. »

    « Même 5 minutes de discussion, c’est trop ! »

    Le dialogue et le débat public sont essentiels pour apaiser les tensions et intégrer les attentes sociétales à la gestion forestière.

    C’est pourquoi une table ronde a été proposée le lundi 6 mars au SEFSIL, à l’occasion de la manifestation de la filière aux abords du bois. Une délégation composée de plusieurs élus locaux, de la députée et Présidente de la mission d’information parlementaire sur l’adaptation des forêts au changement climatique Catherine Couturier, du Comité de Défense du Bois du Chat et de Canopée a proposé un dialogue aux manifestants. Celui-ci a été refusé, mais le principe d’une table ronde future n’a pas été écarté. Canopée invite la filière à un débat public, comme celui qui avait été organisé avec le Syndicat des Sylviculteurs du Sud-Ouest, dans le Massif des Landes de Gascogne. Ce débat avait permis d’évoluer et d’améliorer très largement les relations entre forestiers et société.

    « Il n’est pas acceptable que des phénomènes d’opposition se développent, sous quelque forme que ce soit »

    Jean Patrick Puygrenier, administrateur de Fransylva, le syndicat des propriétaires forestiers privés, considère que la contestation de la coupe rase au Bois du Chat n’a pas lieu d’être. Pourtant, selon la députée Catherine Couturier, ce type de conflit peut permettre de faire avancer les réflexions sur les sujets forestiers, et, à terme, la loi.

    Ainsi, plusieurs personnalités politiques soutiennent le Comityé de Défense du Bosi du Chat. Parmi elles : Manon Meunier, députée de Haute Vienne, Marie Pochon, députée de la Drôme, Nicolas Thierry, Député de Gironde ou encore Marie Toussaint, Eurodéputée. Plus largement, dans une tribune parue le vendredi 03 mars, des dizaines d’élus locaux, nationaux et européens, ainsi que des associations et des personnalités s’associent à la demande de dialogue autour du Bois du Chat. De son côté, l’Eurodéputé et vice-président du groupe des Verts au Parlement Européen, Philippe Lamberts, a rédigé une question écrite à la Commission Européenne pour l’alerter sur la situation.

    En un mot : la coupe du Bois du Chat soulève des interrogations de fond et dépasse la sphère locale.

    Le Schéma Régional de Gestion Sylvicole (SRGS) de Nouvelle Aquitaine doit évoluer

    Si une forêt privée fait plus de 25 hectares, le propriétaire doit prévoir à l’avance les coupes qu’il va réaliser dans sa forêt, et les répertorier dans un document qui s’appelle le Plan Simple de Gestion (PSG). Ce plan de gestion doit alors être approuvé par une institution, qui s’appelle le Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF). Le CRPF approuve les plans de gestion s’ils sont conformes aux règles de gestion de chaque région. Ces règles, ce sont les fameux Schémas Régionaux de Gestion Sylvicole (SRGS). En résumé, les SRGS listent ce que l’on peut, doit ou ne peut pas faire en forêt quand on est propriétaire privé.

    Les Schémas Régionaux de Gestion Sylvicole sont en train d’être révisés, pour la première fois depuis 17 ans. Nous avons analysé le projet de SRGS de Nouvelle-Aquitaine, et il est encore largement insuffisant. Par exemple, ce projet de SRGS autoriserait une coupe telle que celle du Bois du Chat.

    Dans l’état actuel, le SRGS de Nouvelle Aquitaine autorise les coupes rases dans des forêts feuillues ou diversifiées pour les transformer en plantations de monoculture.

    Pourtant, la France s’est engagée à modifier ces SRGS pour tenir ses engagement sur la biodiversité et le climat :

    La France a promis de faire évoluer les règles en forêt

    La France s’est engagée à mettre fin à l’érosion de la biodiversité, (Convention sur le Diversité Biologique), et à maintenir ou augmenter le puits de carbone en forêt (article 5 de l’Accord de Paris). 
    Pour concrétiser ces engagements, elle a promis d’intégrer « les critères (…) de préservation de services écosystémiques (dont eau et biodiversité) dans les documents encadrant la gestion forestière dans les forêts” d’ici 2021 (action 3.1 de la 
    feuille de route sur l’adaptation des forêts au changement climatique)

    Mais nous sommes en 2023, et la promesse de la France n’a pas été tenue.

    La révision des Schémas Régionaux de Sylvicole, qui est en cours, est l’occasion parfaite pour valider enfin cette promesse.

    La coupe du Bois du Chat est-elle vraiment légale ?

    Si le Schéma Régional de Gestion Sylvicole de Nouvelle Aquitaine n’interdit pas, en principe, les coupes rases dans des forêts feuillues ou diversifiées pour les transformer en plantations de monoculture, il introduit tout de même quelques conditions. Celles-ci pourraient ne pas avoir été respectées :

    Selon nos informations, le peuplement du Bois du Chat est déclaré dans le Plan Simple de Gestion comme étant « un taillis », c’est à dire qu’il serait constitué d’arbres issus de rejets de souches préalablement coupées. Le SRGS de Nouvelle Aquitaine n’introduit aucune condition pour les coupes rases dans les taillis. Mais il semblerait que le bois du Chat ne soit pas un taillis, mais bien une futaie ou un taillis sous futaie : c’est à dire que des arbres seraient issus directement de graines. Dans ce cas, la coupe rase n’est possible que si le peuplement est « arrivé à maturité », ce qui semble ne pas être le cas. Un gestionnaire forestier professionnel vérifiera prochainement ces informations afin de les attester.

    Les parcelles menacées de coupe rase sont situées en zone Natura 2000 (directive oiseaux). En fonction de la nature du peuplement (qui sera déterminée par le gestionnaire forestier lors de son expertise), les coupes peuvent être interdites.

    Informations complémentaires

    La coupe menace 6 hectares de forêt feuillue, en majorité chênes et hêtres. Il s’agit des parcelles AI (i) 0195, 0045 et 0193 au lieu-dit La Chapelle, sur la commune de Tarnac (19170).

    La forêt est située en zone Natura 2000 (directive oiseaux).

    Après la coupe rase, la forêt devrait être replantée en résineux.

    La société exploitante s’appelle Argil, une filiale du groupe Bois et Dérivés.

    La société Argil est certifiée PEFC.

    Le Parc Naturel Régional de Millevaches a proposé plusieurs dizaines de milliers d’euros à la propriétaire de la forêt pour laisser vieillir ses arbres et éviter la coupe rase ; mais elle a refusé.

  • "La source noire" : vidéo de présentation

     

    Je l'ai relu encore une fois et je suis toujours aussi fasciné, émerveillé, enthousiasmé. C'est un livre magnifique qui se lit comme un roman. On y rencontre Elizabeth Kübler Ross, Kenneth Ring, Raymond Moody, Stanislas Groff, Michaël Sabom, Russel Noyes, tous médecins, psychiatres, biologistes, cardiologues etc... des pointures dans leur domaine et tous se trouvent confrontés à une énigme qui les entraîne dans des recherches pointues, cadrées, vérifiées, tous aussi subjugués par leurs découvertes. Tout un réseau de chercheurs qui s'entraident, partagent leurs données, explorent la dimension de la conscience à travers les expériences de mort approchée. (NDE near death experience).

    J'avais trente-huit ans la première fois que j'ai lu cet ouvrage. Je sortais d'une période très douloureuse et dont l'issue est restée incertaine un bon moment : deuxième hernie discale, paralysie de la jambe gauche, des douleurs à vouloir mourir, une opération improbable qu'aucun chirurgien ne voulait tenter, le nerf sciatique englobé dans une fibrose consécutive de ma première opération à vingt-quatre ans. Finalement, un chirurgien, devant mon état, s'est engagé, après avoir prévenu ma femme que la paralysie de la jambe pouvait être définitive.

    Je n'ai pas été en état de mort approchée mais j'ai connu suffisamment de moments "étranges" pour devoir m'intéresser de près aux états de conscience modifiée. Ca n'était d'ailleurs qu'une première approche mais je ne pouvais pas le savoir à l'époque. Tout recommencera à quarante-quatre ans...Et je relirai de nouveau ce livre, puis encore un peu plus tard et de nouveau aujourd'hui.

    Je sais que le Professeur Charbonnier a repris toutes ces recherches en France et j'ai lu également ses ouvrages. Mais sur un plan de l'écriture, du déroulement, de la présentation des faits, de l'enchaînement de l'histoire, je n'ai jamais rien lu dans ce domaine d'aussi extraordinaire que ce livre. 

    J'ai trouvé hier soir cette vidéo qui présente l'histoire.   

     

     

     

     

  • Habitat léger

    Quand il s'agit d'assécher des zones humides pour construire des zones commerciales, il n'y a pas de souci, tout est validé.

    Ou le Tony Parker qui veut construire un ensemble immobilier de luxe sur le plateau du Vercors et relancer le ski avec moults aménagements pour capter l'eau, pas de problème.

     

    "À croire qu’on est des criminels !".

    La maison en terre et paille d’Amalia et Harald, condamnée à être détruite par la justice

     

    Publié le 02/03/2023 à 12h31

    Écrit par Maylen Villaverde

    La cabane en terre et paille d'Amalia et Harald fait 40m² au sol

    La cabane en terre et paille d'Amalia et Harald fait 40m² au sol • © La tanière du Val de Landeleau

    Bretagne

    Régions

    En 2019, Amalia et Harald achètent un terrain à Landeleau dans le Finistère, sur lequel ils construisent une maison en terre et paille, sans prise au sol. Cet habitat léger, écologique et biodégradable, est le projet de leur nouvelle vie. En octobre la justice les a condamnés à détruire leur maison. Cette affaire interroge sur la place qui est donnée dans notre société aux nouvelles façons d'habiter.

    C’est le projet de leur vie. Originaire d’Isère, Amalia et Harald ont tout quitté pour venir construire leur rêve en Bretagne. En 2019, ils ont un coup de cœur pour un terrain situé sur la commune de Landeleau dans le Finistère.

    Ces 5 hectares se situent sur une ancienne carrière d'ardoise et appartiennent à une zone Natura 2000. C’est là que le couple veut bâtir son écohabitat léger et autonome, pour développer leur projet de vie en harmonie avec la nature.

    Pendant plus d'un an, ils vivent sous une toile de tente. Le temps de nettoyer, préparer le terrain et enfin bâtir leur habitation.

    Un habitat neutre et autonome

    Harald et Amalia "aspirent à une vie des plus simples" et au plus près de la nature. Leur projet d’éco-lieu, baptisé, la Tanière du val de Landeleau, en est la concrétisation.

    Pour leur maison, le couple a pris soin de choisir des matériaux naturels, locaux, tous biodégradables comme le bois, la pierre, la terre, la paille ou la chaux pour les enduits. Aussi, ils n’ont pas posé de dalle, ni réalisé de fondation en dur pour ne pas abîmer les sols.

    L'intérieur de la maison

    L'intérieur de la maison • © Marie Guerre

    Pour l’eau, ils ont installé un bassin de récupération d’eau de pluie qu’ils filtrent, et les eaux usées, elles, sont envoyées dans un bassin de phytoépuration. Les toilettes sont évidemment sèches. Quant à l’électricité, le couple se contente d’une batterie rechargée par un panneau solaire.

    La lumière des bougies et les lampes solaires leur suffisent.  Leur maison est, au final, totalement biodégradable et sans impact sur leur environnement. Pour autant elle reste un endroit douillet et chaleureux.

    Le retour de la biodiversité

    A l’extérieur de la maison la philosophie reste la même. Le couple a tout pensé pour avoir un impact positif sur la biodiversité. Il a privilégié la permaculture pour son jardin, les arbres plantés sont des essences exclusivement locales, et des zones de friche ont été laissées en l’état pour les oiseaux.

    Le jardin de la tanière d'Amalia et Harald

    Le jardin de la tanière d'Amalia et Harald • © La tanière du Val de Landeleau

    Ces amoureux de la nature ne pouvaient se passer des animaux. Trois chiens, des poules, des moutons, des chèvres et des oies les accompagnent aussi sur cette aventure.

    L’intérêt écologique de leur lieu de vie a été confirmé par le chargé de mission Natura 2000 qui a estimé que leur tanière n'avait pas d'impact négatif sur la biodiversité mais qu'au contraire, leurs actions permettraient de la valoriser.

    Du rêve au cauchemar

    La Tanière du val de Landeleau semble tenir toutes ses promesses écologiques. Mais Amalia et Harald sont tombés sur un os, qu’ils n’avaient pas anticipé. N’ayant pas d’emprise sur le sol, ni de fondation en dur, leur maison peut être considérée comme un "habitat léger". Selon les textes de loi, elle relèverait alors de la loi Alur, qui dispense les propriétaires de permis de construire.

    Sauf que. Sauf que, la loi exige toute de même, une délibération du conseil municipal pour être en conformité avec le réglement national de l'urbanisme. Une décision communale que les porteurs de projet n'ont jamais obtenue.

    "Deux mois après notre arrivée, le maire en poste en 2019, est venu nous voir sur notre terrain pour nous dire de foutre le camp et que si on ne dégageait pas il porterait plainte contre nous. Nous n’avons même pas pu lui expliquer quel était notre projet. Il a ensuite raconté au conseil municipal qu’on était des punks à chiens, un peu zonards et que notre terrain allait finir en ZAD" se souvient, amère, Amalia.

    Michel Salaün déposera effectivement plainte en décembre 2019. Le couple de nouveaux arrivants est donc convoqué par la gendarmerie et interrogés séparément pendant deux heures. Ils ont bon espoir que les relations s’améliorent avec la nouvelle équipe municipale qui arrive en juin 2020. "Nous les avons tous invités à venir visiter le lieu, mais personne ne nous a répondu et personne n’est venu" raconte la protagoniste.

    Condamnés à détruire leur maison

    Le 13 avril 2021 Amalia et Harald sont convoqués devant le délégué du procureur qui leur confirme qu’une simple validation du conseil municipal suffirait à les mettre en conformité avec le droit. Ils ont alors 6 mois pour régulariser leur situation.

    Mais malgré un rendez-vous, plusieurs mails et appels téléphoniques, le maire de Landeleau ne fournira jamais ladite lettre et continue de leur réclamer un permis de construire.

    En septembre 2022 les deux porteurs de projet se retrouvent devant le tribunal correctionnel de Quimper. La sentence tombe : ils ont jusqu’au 15 avril 2023 pour remettre le terrain dans son état initial. Après cette date ils seront redevables de 200 euros d’astreinte par jour.

    "C’est totalement démesuré. À croire qu’on est des criminels " s’indigne Amalia. "Je comprends qu’on ne puisse pas autoriser n’importe quoi, mais quand il y a des gens qui ont envie de faire quelque chose de bien, pourquoi les condamner ? On nous bassine à longueur de temps sur la nécessité d’une vie plus sobre en eau et électricité. Nous, on est autonomes, et on nous oblige à détruire notre maison, ça n’a pas de sens !".

    Le couple a fait appel de la décision mais il n’est pas suspensif. Désabusés les deux propriétaires ont lancé une pétition de soutien en ligne. Elle totalise, fin février 2023, plus de 8 700 signatures.

    Quitte à tout perdre ils ont également décidé de médiatiser leur affaire : "c’est notre dernier espoir. Il faut que les sachent la maltraitance et la discrimination dont on peut être victime" explique Amalia.

    Le maire et la loi Alur

    Joint par téléphone, le maire de Landeleau se défend d'avoir empêché le projet. "On prête trop de pouvoir aux maires. Je ne peux pas donner de courrier d'autorisation. C'est la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer NDLR) et la justice qui ont jugé que le projet ne relevait pas de la loi Alur. Les porteurs du projet ont eu une mauvaise information" se justifie le maire qui conclut "si j'avais pu, je l'aurais fait ".

    Le maire est l'autorité compétente en matière d'urbanisme

    Préfecture du Finistère

    Contactée par mail pour connaître le rôle et la position de la DDTM dans ce dossier, la préfecture du Finistère s'est contentée de répondre "le maire est l'autorité compétente en matière d'urbanisme".

    Les maires ne sont souvent pas au courant qu'ils ont la possibilité de régulariser les projets de construction d'habitats légers

    Paul Lacoste, association HALEM



    L'association HALEM (Association d'Habitant⋅e⋅s de Logements Éphémères ou Mobiles) accompagne de nombreux porteurs de projets d'habitats légers. Paul Lacoste, responsable du suivi juridique de l'association a notamment conseillé Amalia et Harald pendant plus d'un an. Selon lui "le délégué du procureur entrevoyait une possibilité de régularisation du projet mais le maire n'a pas répondu à ses sollicitations. Si le maire avait dit "on entame une procédure de régularisation", le délégué du procureur aurait classé le dossier".

    Paul Lacoste rappelle l'esprit de la loi Alur : "la loi Alur est un ensemble de dispositions qui ont été votées pour dissiper un flou juridique autour de l'habitat léger et mobile, et éviter la judiciarisation des projets qui peuvent opposer les porteurs et les collectivités".

    Dans un document destiné aux porteurs de projet, l'association explique : "Pour sortir du dilemme juridique sur le besoin ou non d’un permis de construire, le gouvernement autorise les documents d’urbanisme à définir les terrains où les résidences mobiles ou démontables, constituant l’habitat permanent de leurs utilisateurs, peuvent être installées. Il suffit de soumettre ces terrains à un régime de déclaration préalable ou de permis d’aménager."  Il faut, pour cela, démontrer la réversibilité de l'habitat, préciser les conditions de raccordement, garantir la sécurité.

    Dans la réalité "les maires ne sont souvent pas au courant qu'ils ont la possibilité de régulariser les projets de construction d'habitats légers, par une simple délibération au conseil municipal" résume Paul Lacoste.

    L'association HALEM constate qu'aujourd'hui 95% des habitats légers sont hors la loi en France.

    Dans le Vercors, le projet immobilier de Tony Parker met toute une montagne en ébullition

     

    Un conflit autour de deux projets d’hôtels, dont l’un est porté par l’ancienne star du basket, révèle les tensions dans les stations, en pleine interrogation sur leur modèle de développement post-ski alpin.

    Par Jessica Gourdon(Villard-de-Lans (Isère), envoyée spéciale) 

    Publié le 13 janvier 2023 à 05h30, mis à jour le 13 janvier 2023 à 05h30 

    Temps deLecture 6 min.

     Read in English

    Ajouter à vos sélections

    Partager

    Article réservé aux abonnés

    Les pistes de ski alpin de Villard-de-Lans (Isère) dans le massif du Vercors, à environ 1 400 mètres d'altitude qui sont fermées et parcourues par des randonneurs, le 29 décembre 2022.

    Les pistes de ski alpin de Villard-de-Lans (Isère) dans le massif du Vercors, à environ 1 400 mètres d'altitude qui sont fermées et parcourues par des randonneurs, le 29 décembre 2022. FRANCOIS HENRY/REA

    Quand il pense à ces « week-ends d’hiver bénis », où la neige, le froid et le soleil sont au rendez-vous, ces « journées magnifiques » pleines de skieurs sur les pistes, Guillaume Ruel ne peut retenir une certaine amertume. « C’est tellement dur ! Tellement dur d’imaginer autre chose… », confie le directeur de la Société des remontées mécaniques de Villard-de-Lans et Corrençon (Isère), deux stations de ski familiales de moyenne montagne.

    Lire aussi Article réservé à nos abonnés En montagne, le débat est ouvert sur un avenir sans neige et sans ski

    A cette altitude, les effets du changement climatique sont déjà perceptibles, et ne feront que s’accentuer. Une neige moins stable, des saisons plus courtes, une météo plus imprévisible, un fonctionnement des canons à neige plus aléatoire… Ces vacances de Noël sans neige en ont été l’illustration. Pour compenser ces incertitudes, la « transition » est inéluctable. « Et en même temps, on sait que rien ne sera jamais aussi rentable que le ski alpin », poursuit ce trentenaire, skieur passionné et enfant du pays.

    Voilà la problématique qui bouscule ces stations de moyenne montagne, ultra-dépendantes de l’économie du ski. Ce dilemme, qui affecte tous les massifs, se matérialise avec force dans ces deux villages du Vercors, confrontés à des choix cruciaux pour leur avenir.

    Deux clans se dessinent : d’un côté, ceux qui veulent continuer à miser sur le ski alpin tant que cela est encore possible, aidés par les canons à neige, tout en développant des activités estivales et de nouveaux équipements. De l’autre, ceux qui veulent renoncer au tourisme comme pilier souverain du territoire, et privilégier le développement d’un autre type d’économie, plus locale, plus adaptable – quitte à y greffer des activités de tourisme à faible intensité.

    Lire aussi Article réservé à nos abonnés En montagne, l’Etat finance une transition à pas comptés

    Deux directions, deux visions de la croissance (ou de la décroissance) et, dans cette nouvelle bataille du Vercors, une ancienne star, qui place ces deux stations de montagne sous les projecteurs : Tony Parker, qui a racheté pour 9 millions d’euros la Société des remontées mécaniques de Villard-de-Lans et Corrençon (SEVLC) en 2019. Jusque-là, il n’était jamais monté sur des skis.

    Si l’ex-basketteur des Spurs de San Antonio, dont la fortune est estimée à plus de 200 millions d’euros, a placé des billes dans cette société, c’est aussi parce que le site lui donnait la possibilité de bâtir un ensemble hôtelier, sur un terrain constructible au pied des télécabines. Ce futur « resort » à 96 millions d’euros (900 lits, 21 000 mètres carrés), qui occuperait la place d’un parking, est devenu le symbole d’une nouvelle contestation.

    Il vous reste 75.5% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

  • Salon de l'agriculture

     

    "Quand je les vois, je n'ai plus envie de les manger !" : paroles de visiteurs au salon de l'agriculture de Paris

     

    Publié le 02/03/2023 à 16h41

    Écrit par Martial Codet-Boisse

    Tornade, magnifique cul noir du Limousin - 02/03/23 -

    Tornade, magnifique cul noir du Limousin - 02/03/23 - • © FTV - Martial Codet-Boisse

    Haute-Vienne

    Nouvelle-Aquitaine

    Creuse

    Corrèze

    Qu'ils soient de Paris ou d'ailleurs en France, des milliers de personnes se bousculent chaque jour dans les allées du 59e SIA. Le Limousin a amené son lot d'animaux exceptionnels. Réactions de visiteurs...

    Tornade est un porc cul noir issu du Gaec Lorgue de Bellac, en Haute-Vienne. Un regard expressif. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne laisse pas les visiteurs indifférents.

    Tornade, un porc cul-noir du Limousin au regard qui frise - 02/03/23 -

    Tornade, un porc cul-noir du Limousin au regard qui frise - 02/03/23 - • © FTV - Martial Codet-Boisse

    Bernard Rolland est resté plusieurs minutes devant le box. D'origine aveyronnaise, il habite Paris :

    "Quand je vois un animal comme ça, j'ai envie d'entrer dans l'enclos. Cela me ramène 60 ans en arrière quand j'allais chez mes grands-parents à la ferme. Quand je pouvais, j'entrai dans la porcherie pour admirer les cochons. Vous savez, les gens de la ville ne sont pas assez en contact avec la nature."

    Petits et grands se sont empressés pour admirer Royale, femelle cul noir et ses sept petits - 02/03/23 -

    Petits et grands se sont empressés pour admirer Royale, femelle cul noir et ses sept petits - 02/03/23 - • © FTV - Martial Codet-Boisse

    Quand je les vois, je n'ai plus envie de manger de porc. C'est toute la différence entre le supermarché et le monde réel.

    Patrick Guillemin, visiteur du salon

    Royale, femelle cul noir et ses sept petits du domaine de Bourdelas à Sereilhac, ont ému le public.

    "Ils sont vraiment très touchants, notamment lorsqu'ils tètent leur maman, s'enthousiasme Muriel Guiériot, habitante de Compiègne. Mais je pense aussi aux éleveurs. Cela me choque qu'ils ne soient pas assez reconnus, qu'ils ne puissent pas vivre correctement de leur métier."

    Des moutons anglais du Limousin primés 

    Les moutons Southdown d'Alexandre Pagnaud de Sainte-Anne-Saint-Priest en Haute-Vienne - 02/03/23 -

    Les moutons Southdown d'Alexandre Pagnaud de Sainte-Anne-Saint-Priest en Haute-Vienne - 02/03/23 - • © FTV - Martial Codet-Boisse

    Alexandre Pagnaud a décidé en 2001 d'élever des Southdown dans son exploitation de Sainte-Anne-Saint-Priest en Haute-Vienne. Des moutons de race anglaise reconnus par les professionnels. Pendant le salon, Alexandre a reçu un premier prix pour la qualité de la laine de ses ovins.

    "Ils sont bien montés, bien en chair, avec une belle gueule ! s'exclame Jean-Pierre Lamedée, venu en famille de Seine-et-Marne. On dirait qu'ils ont une fourrure. C'est original ces petites boucles sur la tête, ça change des moutons français."

    Onyx, roi de 2023

    Onyx, taureau champion du concours général agricole 2023 - 02/03/23 -

    Onyx, taureau champion du concours général agricole 2023 - 02/03/23 - • © FTV - Martial Codet-Boisse

    Lors du concours général de la race bovine Limousine de ce jeudi 2 mars, Onyx, un taureau du GAEC creusois Lebourg, a reçu une des récompenses les plus convoitées en devenant champion de l'édition 2023. Un taureau qui n'a pas laissé de marbre les visiteurs, notamment Laura et Martine Chabaud, oléicultrices de Camargue :

    "C'est clair que c'est très impressionnant ! On ne le pensait pas si énorme ! Chez nous, en Camargue, on a aussi des taureaux, mais ils sont moins lourds. Ils sont lestes et vifs !"

    Autre émoi dans les travées du Hall 1 : deux jeunes femmes, Elise et Laure, craquent pour Plume, une vache suitée du GAEC Lasternas de Dordogne. Avec son veau, Plume a été primée au concours général agricole.

    Le petit veau de Plume, vache suitée qui concourrait au Salon de l'agriculture de Paris - 02/03/23 -

    Le petit veau de Plume, vache suitée qui concourrait au Salon de l'agriculture de Paris - 02/03/23 - • © FTV - Martial Codet-Boisse

    "Elle est trop belle avec son petit veau et représente bien la race Limousine qui est la plus belle race de France ! Bon, on est un peu chauvins, on est du Limousin, de Saint-Yrieix !, éclatent de rire Laure et Elise.

  • Agriculture et élevage : impact environnemental

    Salon de l'agriculture :

    quel est l'impact de l'alimentation sur l'environnement (et comment le réduire) ?

     

    Article rédigé par

    Thomas Baïetto - Brice Le Borgne

    France Télévisions

    Publié le 28/02/2023 06:06

     Temps de lecture : 10 min.

    L'alimentation et l'agriculture sont l'une des causes des crises environnementales. (ASTRID AMADEU / FRANCEINFO)

    L'alimentation et l'agriculture sont l'une des causes des crises environnementales. (ASTRID AMADEU / FRANCEINFO)

    A l'occasion du Salon de l'agriculture, qui se tient à Paris jusqu'au 5 mars, franceinfo fait le point sur le lien entre la façon de se nourrir et les crises écologiques.

    Réchauffement climatiquedestruction de la biodiversitépollutions diverses... Notre assiette est au carrefour des crises environnementales. Le système agricole et la pêche, qui permettent de la remplir au quotidien, sont à la fois l'une des principales causes de ces bouleversements et leurs premières victimes, comme le montrent les sécheresses de ces dernières années ou l'effondrement de certains stocks de poissons. C'est aussi de là qu'une bonne partie des solutions émergeront.

    >> Banane ou steak ? Poulet ou fromage ? Café ou jus d'orange ? Devinez lesquels de ces aliments ont le plus d'impact sur le climat

    A l'occasion du Salon international de l'agriculture, qui s'est ouvert samedi 25 février à Paris, franceinfo vous explique comment notre alimentation grignote l'environnement et suggère des pistes pour améliorer la situation.

    Quelles sont les conséquences de notre alimentation sur le climat et la biodiversité ?

    C'est le sujet qui fâche. Notre alimentation, via l'agriculture et la pêche, joue un rôle central dans la destruction de notre environnement. L'agriculture fait partie des principaux secteurs émetteurs de gaz à effet de serre (GES), ces fameux gaz qui réchauffent notre climat. Elle est aussi, de loin, la première cause de déforestation (près de 90% selon la FAO*, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agiculture. En Amazonie, la forêt est coupée pour installer des cultures ou faire pâturer des bovins. Les élevages de ruminants et les rizières rejettent du méthane, un puissant gaz à effet de serre. Et les engrais azotés dégagent du protoxyde d'azote, un autre GES.

    Au niveau mondial*, l'agriculture pèse 18,4% des émissions, c'est moins que l'industrie (29,4%) mais davantage que les transports (16,2%). En France, elle représente 19% de nos émissions, à égalité avec l'industrie.

    Ce que nous mangeons est également relié à toutes les principales causes de disparition de la biodiversité : le changement d'usage des sols, avec la déforestation ; l'exploitation directe, avec la pêche, le réchauffement climatique ; les pollutions, avec les pesticides ou les nitrates, et les espèces invasives. Directeur de recherche à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), Michel Duru décrit un cercle vicieux provoqué par la simplification de notre alimentation, qui ne repose plus que sur une poignée de cultures, comme le blé ou le maïs. "Le fait qu'un tout petit nombre d'espèces, comme les céréales, soient cultivées sur de grandes surfaces conduit à un effondrement de la biodiversité dans les paysages, explique-t-il. Il n'y a plus le gîte et le couvert pour les ennemis naturels des ravageurs de ces cultures et le sol s'appauvrit". Cette situation conduit les agriculteurs à "utiliser davantage d'engrais et de pesticides", deux éléments qui vont à leur tour aggraver la perte de biodiversité.

    L'impact de l'agriculture ne se résume cependant pas à ces dégâts. Les prairies permanentes, utilisées pour certaines formes d'élevages, stockent du carbone, comme les forêts. Avec les prairies temporaires, elles constituent également "des zones refuges pour beaucoup d'espèces végétales et animales", relève Michel Duru.

    Quels sont les aliments qui réchauffent le plus le climat ?

    Produits locaux, circuits courts… Depuis des années, l'accent est mis sur l'importance de manger local. Au point de donner une image trompeuse du problème. "Lorsqu'on parle des impacts environnementaux des aliments, le transport et l'emballage sont très surestimés dans la conscience collective", observe Audrey Rimbaud, l'une des pilotes du projet Agribalyse, une base de données qui analyse les conséquences de nos aliments sur l'environnement.

    En réalité, pour lutter contre le réchauffement climatique, la provenance d'un aliment compte moins que sa nature, animale ou végétale. En règle générale, la viande, les produits laitiers ou les œufs ont un impact nettement plus fort que les légumes, fruits et légumineuses. Dit autrement, votre kilo de bananes peut faire plusieurs fois le tour de la planète en avion avant d'être plus nocif pour le climat que la côte de bœuf bien de chez nous. Les seuls aliments végétaux qui réchauffent plus le climat que certaines viandes, comme le poulet, sont le café et le chocolat, deux moteurs importants de déforestation.

    Cela ne veut pas dire qu'il faudrait abandonner le "local" et le "de saison". Ces deux critères redeviennent pertinents pour comparer deux produits de même type – des tomates par exemple. "Les produits qui ont le meilleur bilan, de loin, sont végétaux, de saison et locaux", résume Christian Couturier, expert et président de l'association Solagro.

    Et pour l'environnement en général ?

    L'environnement ne se résume pas au climat. Le projet Agribalyse, porté par l'Agence de la transition écologique (Ademe) et l'Inrae, propose un score unique pour chaque aliment, fondé sur 16 indicateurs – les émissions de GES, mais aussi l'acidification des sols, l'épuisement des ressources en eau ou les pesticides. "Il est important d'être prudent dans l'utilisation des indicateurs. Ce sont aujourd'hui les meilleures données disponibles, mais elles sont en constante évolution, toutes les dimensions n'étant pas encore bien prises en compte", met en garde Audrey Rimbaud, ingénieure à l'Ademe. A l'heure actuelle, deux sujets ne sont pas encore bien intégrés dans le score unique : la biodiversité et le stockage carbone dans les sols.

    La prise en compte de ces indicateurs ne bouleverse pas radicalement le classement des aliments les plus polluants. Elle devrait toutefois permettre, avec l'intégration de la biodiversité, de distinguer les pratiques agricoles. Si l'on s'en tient au seul critère du climat, l'agriculture biologique et conventionnelle ont un impact comparable. La non-utilisation, en bio, d'intrants, produits des énergies fossiles, est compensée par un rendement plus faible et une consommation d'espace plus importante. Mais l'agriculture biologique, qui n'utilise ni engrais azotés, ni pesticides de synthèse, est "très positive en termes de biodiversité", constate Michel Duru, même si son impact, via le labour notamment, n'est pas nul. Elle contribue également à restaurer la qualité de l'air – les engrais azotés polluent l'air, notamment en Bretagne – ou de l'eau – les pesticides rendent l'eau non potable dans certaines régions.

    Pourquoi la viande et les produits laitiers ont-ils un impact si fort ?

    La première raison est assez simple : il est souvent moins polluant de cultiver des céréales directement pour l'alimentation humaine que de les utiliser pour nourrir des animaux, qui serviront ensuite à approvisionner des humains. Cette étape se traduit par des consommations de ressources (eau, énergie) supplémentaires.

    La seconde raison sonne comme une blague : les rots des ruminants (vaches, moutons, chèvres), qui dégagent un puissant gaz à effet de serre. "Parce que les ruminants émettent du méthane lors de la digestion, on peut avoir une différence qui peut aller de 1 à 30 entre des produits végétaux et des produits issus de ruminants", détaille Carine Barbier, chercheuse au Centre international de recherche sur l'environnement et le développement (Cired) et coordinatrice de l'étude Simulation prospective du système alimentaire et de son empreinte carbone. Cela explique pourquoi le poulet et le porc, qui ne ruminent pas, affichent un impact moindre et pourquoi les produits laitiers, qui proviennent des ruminants, figurent en haut de la liste.

    En matière de climat, cette réalité est valable quel que soit le type d'élevage : intensif, en bâtiment, avec une alimentation majoritairement à base de céréales, ou extensif, avec une alimentation majoritairement à l'herbe. Alimentées en céréales, les vaches d'élevage intensif sont en effet plus productives que celles nourries à l'herbe et émettent donc moins de méthane par litre de lait ou kilo de viande. A l'inverse, les secondes se nourrissent principalement avec un aliment, l'herbe, qui émet moins de gaz à effet de serre lors de sa production que le soja (déforestation) ou le maïs (engrais). Ces deux éléments s'équilibrent.

    Entre ces deux types d'élevage, "le gain est assez limité en termes de gaz à effet de serre, à production de viande et de lait identique", confirme Carine Barbier. Cela ne signifie pas pour autant que l'impact environnemental de ces deux méthodes est identique. "Un élevage extensif permet de moins recourir à des aliments issus de cultures (céréales, oléoprotéagineux) qui, en agriculture conventionnelle, mobilisent des engrais, des produits phytosanitaires et parfois de l'irrigation. Ce mode d'élevage est bénéfique pour la biodiversité et la fertilité naturelle des sols et limite la consommation d'eau. Il favorise également le bien-être animal", complète l'économiste.

    Comment améliorer la situation ?

    Réduire les conséquences environnementales de l'alimentation suppose "des changements radicaux", estime Michel Duru. "Ce n'est pas une adaptation de l'agriculture qu'il faut, mais une transformation, voire une bifurcation", martèle l'agronome de l'Inrae.

    •  En mangeant moins de viande, de produits laitiers et de produits transformés. Il n'existe pas aujourd'hui de scénario de lutte contre le réchauffement climatique qui fasse l'économie d'une diminution, dans les pays développés, de la consommation de viande et produits laitiers. En France, les scénarios de l'Ademe pour la neutralité carbone en 2050 (PDF, page 14) tablent sur une diminution entre 10 et 70% de la consommation de viande.

    Cette diminution, qui ne signifie pas que tout le monde doive devenir végétarien ou vegan, passe par une augmentation de notre consommation de légumineuses – des protéines végétales – comme les lentilles, les haricots blancs ou les pois chiches, mais pas seulement. "Il faut savoir qu'on consomme presque deux fois plus de protéines que nos besoins nutritionnels. On peut donc réduire de 40% notre consommation de protéines animales sans même chercher à les substituer par des protéines végétales", précise Carine Barbier.

    Enfin, les produits ultra-transformés – sodas, soupes à réhydrater, nuggets… – sont à la fois mauvais pour la santé et pour l'environnement, puisqu'ils favorisent une agriculture standardisée et simplifiée, nocive pour la biodiversité.

    • En privilégiant les produits locaux et de saison. Entre deux produits semblables, leur provenance et la saison restent des critères de choix importants. Selon la base de données Agribalyse, le kilo de haricots verts importé par avion a un impact presque quinze fois supérieur (6,51 kg éqCO2, contre 0,45 kg éqCO2) aux haricots français. Toujours selon la même source, cultiver des tomates hors saison en France produit plus de deux fois plus de gaz à effet de serre que des fruits de saison. La raison est simple : le chauffage des serres se fait au gaz, une énergie fossile.

    • En réduisant le gaspillage alimentaire. Dans ses scénarios, l'Ademe table également sur une réduction des pertes et des gaspillages de 50%, tout au long de la chaîne de production.

    • En responsabilisant les industriels et en informant les consommateurs. Ce changement de régime n'est pas qu'une question individuelle. Chercheuse en nutrition comportementale à l'Inrae, Lucile Marty regrette que l'accent soit aujourd'hui surtout mis sur le consommateur : "Cela déresponsabilise les industriels, qui se disent 'Tant que les consommateurs le mangent, on le produit'". Or, "ce qu'on mange est en grande partie déterminé par ce qu'on nous propose", rappelle-t-elle. Cette réalité est valable dans les cantines, les restaurants et les supermarchés.

    Changer l'offre, en proposant des repas et produits végétariens par exemple, aurait donc "beaucoup d'effets". Mais, "pour que ce changement soit accepté, il faut une information du consommateur", poursuit Lucile Marty. Dans une étude publiée en janvier 2023*, la chercheuse et ses collègues ont démontré l'intérêt d'un affichage environnemental sur les produits, similaire au Nutri-Score. Un tel affichage est d'ailleurs prévu par la loi Climat et résilience et devrait être mis en place dans les prochaines années, sur la base du projet Agribalyse.

    • En allant vers de nouvelles méthodes agricoles, avec moins de pesticides et d'engrais. Cette transition passe également par des "changements considérables dans l'agro-industrie", expose Michel Duru. Trois des quatre scénarios de transition de l'Ademe passent par une augmentation importante des surfaces cultivées en agriculture biologique, entre 30% et 70% du total. Selon l'agronome, cette transition implique une diversification des cultures. "Les travaux scientifiques montrent que pour réduire les pesticides, il faut s'éloigner le plus possible de la monoculture", explique-t-il, en citant également l'intérêt de l'agriculture de conservation des sols. 

    • En accompagnant les agriculteurs. Cette transition ne peut se faire sans un important dispositif d'accompagnement des agriculteurs, une profession aujourd'hui très fragile économiquement et socialement. Carine Barbier, du Cired, relève par exemple la baisse actuelle du nombre d'élevages bovins laitiers pour des raisons économiques. "Dans nos scénarios, les cheptels de vaches laitières ne baissent pas d'autant", souligne-t-elle. 

    • En changeant de politiques publiques. Tous ces changements sont loin d'être engagés en France et en Europe. "Nos politiques publiques ne sont pas la hauteur, résume Carine Barbier. La politique agricole commune a une responsabilité énorme, c'est un levier pour réorienter et accompagner cette transition."

    * Les liens suivis d'un astérisque renvoient vers des sites ou contenus en anglais.

    Voir les commentaires

     

  • "Qui aurait pu prévoir ?"

    https://www.lejdd.fr/lmnr/var/jdd/public/media/image/2022/07/19/10/qu-est-ce-qu-une-secheresse.jpg?VersionId=My4wMbdyqa4adKqLzOG3ZjbAIxDN7tz3

     

     

    "Qui aurait pu prévoir cette crise climatique ? a dit Monseigneur en évoquant la canicule et les incendies de l'été 2022.

    C'est clair que c'est un sujet dont on parle tellement peu qu'il n'a pas pu en être averti... Je n'ai pas remis ici tous les liens qui renvoient à ce problème majeur et ça n'est évidemment qu'une infime partie de tout ce qui est disponible sur la Toile. Des centaines d'études et d'articles. 

     

    Le marché de l'eau

    Coca cola contre l'eau.

    L'eau

    L'eau de la Terre (Nature)

    L'eau des WC

    L'eau et l'élevage intensif

    L'eau et la conscience

    Mise au point sur l'eau 

    Le prix de l'eau

    L'eau sur Terre

    Nestlé et l'eau

    Du problème de l'eau

    L'avenir de l'eau

    Cotation de l'eau en bourse

    Climat : Le problème de l'eau.

    Sciences et vie : la guerre de l'eau

    La bataille de l'eau

    Sécheresse en 2017

    Sécheresse en 2019

    Sécheresse en 2022

    Sécheresse encore et toujours.

    Sécheresse, élevage, jachères.

    Incendies et climat.

    Climat : Le problème de l'eau.

    Climat : l'heure du constat

    Climat : l'heure du constat (2)

    Climat : l'heure du constat (3)

    Climat : un constat de plus.

    Climat et apprentis sorciers.

    Climat : toujours plus chaud

    Climat : dernier rappel.

     

    Sécheresse : comment la France peut-elle se préparer à affronter un (possible) nouvel été à sec ?

    Article rédigé par

    https://www.francetvinfo.fr/meteo/secheresse/secheresse-comment-la-france-peut-elle-se-preparer-a-affronter-un-possible-nouvel-ete-a-sec_5674991.html

    Marie-Adélaïde Scigacz

    France Télévisions

    Publié le 27/02/2023 06:01Mis à jour le 27/02/2023 08:05

     Temps de lecture : 8 min.

    Une rivière à sec à Flassans-sur-Issole, dans le Var, le 21 février 2023. (NICOLAS TUCAT / AFP)

    Une rivière à sec à Flassans-sur-Issole, dans le Var, le 21 février 2023. (NICOLAS TUCAT / AFP)

    Faute de pluie et face au faible niveau des nappes phréatiques dans certaines régions, la sécheresse pourrait de nouveau frapper à l'été 2023, poussant les territoires et leurs habitants à s'adapter à marche forcée.

    Des restrictions précoces pour éviter le pire ? "Anticipez !" demande le ministre de la Transition écologique aux préfets, dans un entretien au JDD paru dimanche 26 février. Avant de les recevoir au ministère, Christophe Béchu affirme qu'il leur tiendra "à chaque fois le même message" : "Prenez les mesures qui permettent dès à présent de faire des économies d'eau."

    Si l'été 2022 a mis au jour les vulnérabilités de nombreux territoires face au manque d'eau, la sécheresse hivernale fait craindre de nouvelles difficultés à venir, accentuées et répétées sous l'effet du changement climatique. Pour s'y préparer, le ministre Christophe Béchu et sa secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Bérangère Couillard, présenteront bientôt un "plan sécheresse". Mais comment agir dès maintenant, pour ne pas revivre en 2023 les galères de l'été précédent ?

    En adaptant (en attendant de transformer) l'agriculture

    En France, l'agriculture représente 45% de la consommation d'eau, et jusqu'à 80% en plein été. "C'est en modernisant les systèmes agricoles, en les rendant plus performants, que l'on réalise les économies les plus importantes", assure Hélène Michaux, directrice du département du programme et des interventions de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse. Micro-irrigation et goutte à goutte plutôt que pulvérisateurs, instruments aidant les agriculteurs à optimiser leur usage de l'eau… Des solutions techniques existent, à condition de pouvoir se les offrir.

     

    France 3

    Dans le contexte du changement climatique, ces investissements offrent "une forme de couverture contre le risque, puisque l'agriculteur sera en capacité de maintenir ses rendements, même durant les années très sèches", souligne Arnaud Reynaud, directeur de recherche à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae). Reste une question pour les exploitants, selon lui : "Est-ce que les bénéfices que je vais en retirer vont couvrir cet investissement parfois très important ?"

    L'office FranceAgriMer a ouvert, le 13 février, un guichet doté d'un budget de 20 millions d'euros visant à financer des matériels de lutte contre les aléas climatiques (document PDF) réservé aux agriculteurs assurés contre le risque climatique. La création d'une autre enveloppe de 20 millions d'euros a été actée le 9 février, "pour la protection contre la sécheresse", à destination de toutes les exploitations. Mais il est "difficile de savoir l'impact de ces nouvelles mesures sur les comportements sur le terrain", souligne Arnaud Reynaud.

    L'approche réglementaire via les arrêtés préfectoraux ayant montré ses limites et les variations sensibles du prix de l'eau n'ayant pas d'effets significatifs, cet expert suggère une autre incitation : la comparaison. Co-auteur d'une étude menée sur les coteaux de Gascogne, Arnaud Reynaud a observé l'effet sur les comportements d'"une sorte de [compteur] Linky de l'eau", permettant de confronter la consommation des agriculteurs à celle de leurs voisins. Une "troisième voie" peu coûteuse et rapide à mettre en place.

    Enfin, le ministre de l'Agriculture a souligné mercredi que 60 nouveaux projets d'ouvrages hydrauliques à vocation agricole seraient "mis en service" d'ici à juin. Mais ces ouvrages, dont les controversées bassines, rencontrent de vives protestations locales. Elles se révèlent une solution à court terme qui "va dans le sens inverse" du besoin d'adaptation, selon le chercheur. "Le fait de disposer de stockages supplémentaires maintient les agriculteurs dans des cultures à fort niveau d'irrigation", explique-t-il.

    En intervenant en urgence sur les failles du réseau 

    C'est aussi dans les zones rurales que l'on retrouve l'essentiel des quelque 700 communes qui ont connu des difficultés d'approvisionnement à l'été 2022. Dans les Monts d'Arrée, à Berrien (Finistère), la galère a duré cinq mois. La sécheresse a révélé que le forage utilisé pour alimenter la commune n'était plus assez profond. Ces réseaux d'eau anciens, sous-dimensionnés et parfois peu entretenus, sont un chantier urgent, explique Guillaume Dolques, spécialiste de l'adaptation au changement climatique, à l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE). "Sachant qu'une canalisation est remplacée en moyenne tous les 160 ans, l'urgence est d'investir massivement dans la rénovation", insiste-t-il, alors qu'en moyenne 20% de l'eau potable s'échappe des tuyaux via des fuites.

     

    FRANCE 2

    A Berrien, pour "être prêts d'ici juillet prochain", le maire a lancé en février "des travaux pour la pose d'une canalisation entre la source de Scrignac et le château d'eau", ainsi qu'un projet de nouveau forage, cofinancé en partie par l'Etat et l'agence de l'eau Loire-Bretagne. A l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, Hélène Michaux confirme que l'épisode de 2022 a conduit davantage de collectivités à solliciter des aides pour sécuriser l'arrivée de cette précieuse ressource jusqu'aux robinets.

    Grâce à une rallonge de 17 millions obtenue en 2023, l'Agence a "lancé début janvier un appel à projets de 20 millions d'euros visant à sécuriser l'alimentation en eau potable des collectivités", explique-t-elle. "Réduction des fuites, réhabilitation des réservoirs d'eau potable vétustes, mise en place d'interconnexions en zones rurales, où des communes peuvent se retrouver très vulnérables..." Les moyens mis en œuvre sont nombreux, et déployés en situation d'urgence, énumère la spécialiste.

    "L'Etat procède par à-coups", regrette Guillaume Dolques, co-auteur d'une étude sur le rôle des collectivités en matière d'adaptation. "A court terme, on estime qu'il faut sanctuariser les moyens des agences de l'eau (...), et sortir de la logique d'enveloppes annuelles au profit d'investissements à long terme, pour être prêts à ce que sera le climat dans 10, 20, 30 ans", met-il en garde.

    En attendant, start-ups et entreprises du secteur développent des outils de plus en plus performants pour traquer les fuites. Sous la capitale, 3 000 capteurs acoustiques repèrent la moindre faille.

     

    "Ces nouvelles technologies vont nous permettre de cibler les travaux, avec moins d'impact pour les riverains puisque l'on va intervenir au plus près de la fuite ou de la conduite défectueuse", détaillait en janvier à France 2 le responsable du Syndicat des eaux d'Île-de-France.

    En accélérant le déploiement de la réutilisation des eaux usées traitées

    En Espagne, 14% des ressources en eau proviennent déjà du recyclage des eaux usées. Ce taux atteint 8% en Italie, contre moins de 1% en France. Pour combler ce retard, le ministre de la Transition écologique et le ministre de l'Agriculture ont mis en avant un décret à venir faisant sauter des "freins réglementaires". "La législation va changer pour assouplir et clarifier un certain nombre de choses", a abondé Marc Fesneau, invité de France 2, vendredi matin.

    La réutilisation des eaux usées traitées s'effectue en effet dans le cadre strict de la réglementation sanitaire. Il est ainsi peu probable que ces systèmes soient utilisés à grande échelle en cas de sécheresse à l'été 2023, ce qui n'empêche pas des acteurs du secteur de s'y préparer.

     

    France 3 Provence-Alpes

    A Sainte-Maxime (Var), le golf est déjà arrosé avec des eaux usées traitées. En juillet, Véolia annonçait l'installation de nouveaux équipements sur 30 sites. Dans un premier temps, "l'eau recyclée remplacera l'eau potable nécessaire au fonctionnement et à l'entretien des stations d'épuration" faisait savoir le groupe, avant que son utilisation ne soit "étendue à certains usages industriels et agricoles, comme l'irrigation ou le nettoyage de voiries, permettant aux collectivités, aux agriculteurs et aux industriels de diminuer la consommation d'eau potable."

     

    France 2

    Selon le baromètre annuel Kantar/CIEAU, "Les Français et l'eau", publié en décembre 2022, les Français adhèrent largement au principe : 80% des personnes interrogées se déclarent prêtes à consommer des fruits et légumes arrosés grâce à ce type de ressource.

    En encourageant la sobriété, à tous les niveaux

    L'été 2022 a marqué les esprits. Selon ce même baromètre, ils étaient 92% à faire attention à leur consommation d'eau à la rentrée, contre 87% au printemps. Aujourd'hui, 69% d'entre eux sont convaincus qu'ils manqueront d'eau à l'avenir, contre 32% il y a 25 ans. Les personnes interrogées soutiennent massivement des solutions impliquant plus de sobriété : 79% admettent devoir modifier leurs habitudes et 66% se prononcent en faveur d'une réglementation qui limiterait les consommations. Les trois quarts souhaitent être aidés grâce à un compteur d'eau "intelligent" qui les alerterait en cas de dépassement d'un certain seuil. "Nous consommons 150 litres d'eau par personne et jour", rappelait encore Christophe Béchu, fin janvier. Pour diminuer cette consommation, le gouvernement envisage "une forme d'Ecowatt [du nom du dispositif d'information et d'alerte chargé de prévenir les Français en cas de tension du réseau électrique] de l'eau, sur lequel on trouvera l'état des tensions dans le secteur où on se trouve."

    Contrainte ou choisie, cette sobriété est déjà à l'œuvre dans le Var, où plus de la moitié des communes font face à un niveau plus ou moins élevé de contraintes. Vendredi, Saint-Zacharie et Riboux étaient placées au niveau "sécheresse alerte renforcée" par la préfecture du département. Interdiction d'arroser les pelouses, les terrains de sport et les jardins potagers en journée, interdiction de laver sa voiture ou de remplir sa piscine… Saint-Zacharie envisage désormais "d'équiper les bâtiments communaux de citernes et d'inciter les gens à faire de même, pour récupérer l'eau de pluie", a confié mercredi Raymond Merlo, élu en charge de l'Environnement, cité par l'AFP.

    Ce levier reste "une goutte d'eau" en matière d'économie. "Il faut le faire, mais même si chacun réduit de moitié son utilisation d'eau, cela ne résoudra en rien la problématique", déplore Cécile Argentin, présidente de France nature environnement en Midi-Pyrénées, auprès de France 3 Occitanie.

    Hélène Michaux insiste d'ailleurs sur la variété des solutions collectives, de l'entretien des zones humides aux efforts des villes. "De plus en plus de villes sollicitent des aides pour désimperméabiliser les sols et permettre d'y réinfiltrer l'eau de pluie". Alors que le Giec prévoit entre 10 et 40% de baisse du niveau des cours d'eau à l'horizon 2050, la préservation des milieux aquatiques, de leur biodiversité et de leur rôle dans le grand cycle de l'eau est également une priorité. 

    Voir les commentaires

     

    Un article qui émane de la page du Sénat. Un comble.

    Accueil>Politique

    https://www.publicsenat.fr/article/politique/secheresse-plus-le-rechauffement-global-sera-important-plus-la-frequence-des

    Partage

    FacebookTwitterEmail

    Sécheresse : « Plus le réchauffement global sera important, plus la fréquence des événements de ce type augmentera »

    Secheresse

    Alors que dix départements touchés par la sécheresse ont dépassé le seuil d’alerte, Magali Reghezza-Zitt, maître de conférences en géographie et co-directrice du Centre de formation sur l’environnement et la société de l’ENS alerte : ces épisodes de sécheresse seront de plus en plus récurrents dans les prochaines années.

    LE 09 MAI 2022

    Par Juliette Bezat

    5mn

    Si la France n’est pas un pays du Sahara, loin sans faut, la question de l’eau y est toutefois de plus en plus inquiétante. Les nappes phréatiques, réservoirs naturels d’eau et principale source d’eau potable en France, ont atteint des niveaux historiquement bas pour la saison. En cause, un hiver trop sec marqué par des déficits pluviométriques de 30 à 40 % - atteignant jusqu’à 80 % dans la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Avec un été annoncé « chaud, voire très chaud », ces réservoirs censés alimenter les cours d’eau lorsqu’il ne pleut pas risquent d’être asséchés plus tôt que les autres années.

    Pour Magali Reghezza-Zitt, maître de conférences en géographie, au déficit pluviométrique s’ajoute un déficit du manteau neigeux : « On est dans le deuxième plus faible manteau neigeux depuis 1959. » Par conséquent, « les cours d’eau ne seront pas alimentés par la fonte des neiges ». Cette absence de précipitations a des conséquences immédiates sur la recharge des nappes phréatiques qui va elle-même avoir une importance sur les cours d’eau.

    Parmi les 15 départements touchés par la sécheresse, le Maine-et-Loire, la Vienne, les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime, la Charente, l’Ain, la Drôme, les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse ont dépassé le seuil d’alerte : « Aussi tôt dans l’année, c’est unique » réagit Magali Reghezza-Zitt. Selon Météo-France, cet épisode de chaleur est en effet « remarquable par sa précocité, sa durabilité et son étendue géographique. »

    Les récoltes françaises menacées par la sécheresse

    Les cultures céréalières sont particulièrement menacées par la sécheresse. Magali Reghezza-Zitt rappelle que ce déficit pluviométrique « intervient au moment où les cultures sont montées en rendement, au moment où elles sont en train de croître ». En d’autres termes, l’épisode de sécheresse intervient au stade du grossissement du grain, là où sans eau, l’engrais nécessaire reste au sol et ne peut pas monter dans la tige. Ainsi, la géographe estime que trois-quarts de l’orge et la moitié du blé seraient concernés par les pertes de rendement liées à la sécheresse.

    La géographe précise que cette sécheresse touche les bassins de production céréaliers en France mais aussi en Pologne et en Allemagne : « C’est donc un problème qui touche toute l’Europe. »

    Ces extrêmes sécheresses vont augmenter dans les prochaines années

    Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indique que le risque d’extrême sécheresse va augmenter dans les prochaines années. Il compte parmi les quatre risques majeurs pour l’Europe, avec les vagues de chaleur, la remontée du niveau marin et les épisodes de pluie intense.

    Les préconisations du GIEC sont alarmantes : plus le réchauffement global sera important, plus la fréquence des événements de ce type augmentera. Magali Reghezza-Zitt explique : « Chaque dixième de degré compte : sur une vague de chaleur ou des épisodes caniculaires – différents des sécheresses –, on sait qu’une canicule comme celle de 2019 a aujourd’hui une chance sur cinquante de se produire ; à +1.5C° degré, c’est une chance sur dix et à +2 C°, c’est une chance sur 4. »

    « Dans dix ans, on aura des hivers de plus en plus courts, des printemps de plus en plus précoces et des étés de plus en plus longs. »

    La chercheuse estime que ces épisodes de sécheresse de plus en plus récurrents auront quatre types de conséquences.

    Une première sur l’agriculture, qui a déjà souffert en janvier avec les gelées tardives sur les bourgeons précoces : « Dans dix ans, on aura des hivers de plus en plus courts, des printemps de plus en plus précoces et des étés de plus en plus longs. » Les prix agricoles vont donc augmenter, avec des répercussions sur le pouvoir d’achat.

    Mais aussi un impact majeur sur les forêts, qui sont « un puits de carbone naturel pour la France ». Elle explique : « Les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre que la France s’est fixée ne pourront pas être atteints si les forêts vont mal. » Elle évoque une troisième conséquence sur les sols argileux et donc sur les bâtiments privés et publics (écoles, hôpitaux publics, patrimoine historique…) « ce qui implique des travaux et donc de prévoir un accompagnement des assurances ou des indemnités pour couvrir ces frais ».

    Et enfin, la sécheresse impactera évidemment l’approvisionnement en eau et donc tous les secteurs, au-delà de l’agriculture : industrie, énergie, tourisme, activités quotidiennes, transfert d’eau (pour lesquels on n’a pas les infrastructures à l’échelle nationale).

    « Dans les années qui viennent, les Français vont connaître une probable baisse de leur pouvoir d’achat. »

    La géographe explique que le réchauffement climatique – combiné à la guerre en Ukraine -, impacte les cultures agricoles, les rendements des agriculteurs et réduit la production. Tout cela a donc des conséquences directes sur le pouvoir d’achat des Français : « On n’est plus dans une guéguerre entre scientifiques : on se rend compte que le réchauffement climatique a un impact sur le pouvoir d’achat. Dans les années qui viennent, les Français vont avoir une probable baisse du pouvoir d’achat. »

    Tous les secteurs sont concernés par la sécheresse : « On a besoin de planification écologique »

    Pour Magali Reghezza-Zitt, l’adaptation au réchauffement climatique n’est pas seulement un problème écologique : « Les ministères de la santé, de l’éducation, de l’agriculture, des transports, de l’industrie, de l’énergie, et évidemment Bercy : tous sont concernés. » Elle prend pour exemple la canicule de l’été 2019 : « Si un été sur quatre, il y a une canicule comme celle de 2019, cela signifie qu’on ne peut pas faire passer des examens, par exemple, car on ne peut pas tout faire climatiser. » Elle conclut : « Il faut vraiment adapter et repenser toute notre vie collective : il y a des conséquences majeures sur la santé publique, la sécurité sociale, l’emploi. Quand on observe ce qui s’est passé l’été dernier au Canada, on se rend compte que ces événements impliquent un ensemble de dysfonctionnements : restaurants fermés, chantiers en arrêt, impact sur le tourisme… »

    Repenser notre vie collective, c’est aussi réfléchir au rôle et à la formation des forces de sécurité civile face à ces périodes de sécheresse récurrentes : « Cette sécheresse, qui peut se combiner aux vagues de chaleur, fait que le risque d’incendies augmente, y compris dans le nord de la France. On peut tout à fait imaginer des feux comme en Californie (en 2018). Il y aura donc des répercussions sur les forces de sécurité civile, sur le rôle et la formation des militaires. » La chercheuse fait état d’un passage de 7 jours de canicule par an à 23 jours en 2030 « C’est demain ! On a besoin de plans d’adaptation beaucoup plus robustes, c’est pour ça qu’on a besoin de planification écologique. »

    Emmanuel Macron a annoncé vouloir faire de son futur mandat un « quinquennat écologique » ; pour preuve, le chef du prochain gouvernement sera ainsi chargé de « la planification écologique ». Si certains voient là un effet d’annonce, sans nul doute la question cruciale de l’eau devra-t-elle être une priorité de son agenda. C’est là une attente forte des agriculteurs comme des associations et, d’une manière générale, un sujet de plus en plus crucial pour les citoyens.

    Publié le : 09/05/2022 à 18:49 - Mis à jour le : 09/05/2022 à 18:49

    Crédits photo principale : PATRICK GELY/SIPA

     

     

     

     

  • Mise au point sur l'eau

     

    Accueil 

    Actualités

    https://www.iledefrance-gif.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/peut-desormais-relier-la-secheresse-de-2022-aux-activites-humaines

    On peut désormais relier la sécheresse de 2022 aux activités humaines

     

    17 février 2023

    RÉSULTAT SCIENTIFIQUE TERRE ET ENVIRONNEMENT

    Le rôle du changement climatique d’origine anthropique dans l'aggravation des épisodes de sécheresse a souvent été évoqué dans le débat public, mais ce lien n’avait pas été étudié jusqu'à présent. Une nouvelle étude, impliquant des scientifiques du CNRS (voir encadré), a mis en évidence que le changement climatique lié aux activités humaines contribue à la survenue d’épisodes de sécheresse prolongés comme celui qui a affecté l'Europe de l'Ouest et la région méditerranéenne en 2022. 

    Cette étude aborde la question de l’impact du changement climatique anthropique sur la survenue d’épisodes de sécheresse en appliquant la méthode des analogues de circulation, où on recherche dans les archives météorologiques pour la période 1836-2021 des conditions atmosphériques passées similaires. En comparant les sécheresses des périodes antérieures au réchauffement climatique (1836-1915) avec les plus récentes (1942-2021), et en excluant la variabilité interannuelle et interdécennale en tant que facteurs possibles, l’équipe de recherche a pu identifier la contribution du changement climatique anthropique.

    La sécheresse de 2022 a été associée à une anomalie anticyclonique persistante sur l'Europe de l'Ouest. Les analogues de circulation de la période 1942-2021 présentent d’une manière générale des anomalies anticycloniques plus étendues et plus intenses qui causent des températures plus élevées à la surface, par rapport à celles de 1836-1915. Or ces caractéristiques exacerbent la sécheresse en augmentant la zone affectée et en intensifiant le dessèchement des sols par l'évapotranspiration.

    Les résultats de cette étude soulignent l'importance de poursuivre les efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atténuer les effets du changement climatique. 

    Laboratoire CNRS impliqué

    Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE) / OVSQ / IPSL

    Tutelles :  CNRS / CEA / UVSQ

    Pour en savoir plus

    Davide Faranda, Salvatore Pascale, Burak Bulut. Persistent anticyclonic conditions and climate change exacerbated the exceptional 2022 European-Mediterranean drought. Environmental Research Letters, 2023.  

    Référence image : article sur le site du LSCE

    Lire l'actualité sur le site internet de l'Institut national des sciences de l'Univers du CNRS (INSU)

    www.insu.cnrs.fr

     

    Peut être une image de 2 personnes et texte

     

    "Qui aurait pu prédire la crise climatique ?" : la petite phrase d'Emmanuel Macron agace les scientifiques

     

    Lors de ses vœux aux Français samedi soir, le chef de l'Etat a laissé entendre que le réchauffement climatique, dont les "effets spectaculaires" ont été bien visibles en France en 2022, était un événement inattendu. Le premier rapport du Giec sur le sujet date pourtant de 1990.

    Article rédigé par

    Thomas Baïetto

    France Télévisions

    Publié le 02/01/2023 12:24Mis à jour le 02/01/2023 17:41

     Temps de lecture : 3 min.

    Le président de la République, Emmanuel Macron, le 31 décembre 2022 à l'Elysée. (JULIEN DE ROSA / AFP)

    Le président de la République, Emmanuel Macron, le 31 décembre 2022 à l'Elysée. (JULIEN DE ROSA / AFP)

    C'est une petite phrase qui ne passe pas. Lors de ses vœux aux Français pour l'année 2023, le président de la République, Emmanuel Macron, a laissé entendre que personne n'avait prévu le changement climatique, dont les "effets spectaculaires" ont été particulièrement visibles en France en 2022 (incendies, vague de chaleur, sécheressesurmortalité...). Reprenant le fil des "inimaginables défis" qui ont marqué l'année écoulée, il a évoqué la guerre en Ukraine, puis lancé lors de son allocution : "Qui aurait pu prédire la vague d'inflation ainsi déclenchée ? Ou la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ?"

    Les scientifiques, qui alertent précisément sur ces risques depuis des décennies, n'ont pas apprécié. Au téléphone, Jean Jouzel ne masque pas sa déception. Cette figure de la climatologie française, qui a soutenu Anne Hidalgo lors de la présidentielle 2022, se souvient très bien d'une réunion à l'Elysée en septembre 2013 pour présenter les conclusions du cinquième rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). Dans la salle, François Hollande, président, et son secrétaire général adjoint, un certain Emmanuel Macron. "Cela fait dix ans quand même, je ne comprends pas qu'il ait pu dire ça", regrette-t-il.

    "J'aurais pu parier que, pendant son mandat, il y aurait au moins une année d'événements extrêmes. La surprise, ce serait qu'une année comme 2022 n'existe pas."

    Jean Jouzel, climatologue 

    à franceinfo

    Gonéri Le Cozannet, géologue et co-auteur du dernier rapport du Giec, a, lui, "ri jaune" en découvrant les propos du chef de l'Etat dimanche sur les réseaux sociaux.

    "Un des arguments de l'inaction"

    "Au début, j'ai cru que c'était sorti de son contexte. J'ai regardé et j'ai trouvé ça assez stupéfiant. Il y a déjà eu six rapports du Giec, 27 COP, des alertes dans les années 1970 et 1980... On ne peut pas dire qu'on ne l'avait pas prévu", commente-t-il. Le géologue voit dans cette sortie présidentielle une maladresse de communication – le discours a été relu et enregistré – révélatrice : "Que personne n'ait relevé cette phrase, cela montre que les enjeux ne sont pas compris".

    Un avis partagé par Magali Reghezza-Zitt, géographe et membre du Haut Conseil pour le climat (HCC), créé en 2018 par Emmanuel Macron. "C'est un discours qui rate le sens de l'histoire. Il aurait pu être tenu dans les années 1980, pas en 2022", observe-t-elle.

    Elle voit dans le président de la République un "symbole de cette classe dirigeante, économique et politique, tous bords confondus, qui n'a pas pris la mesure du problème". La géographe identifie également un "discours de capitulation" face au réchauffement climatique. "Il reprend un des arguments de l'inaction [le "on ne savait pas"], comme s'il anticipait que c'était perdu et qu'il commençait à se dédouaner avant même d'avoir essayé" de régler le problème. 

    Dire en 2022 qu'on ne savait pas, c'est simplement une 'fake news'.

    Magali Reghezza-Zitt, membre du Haut Conseil pour le climat 

    à franceinfo

    En 2022, la France n'a quasiment pas réduit ses émissions de gaz à effet de serre, moteur du réchauffement climatique.

    Un premier rapport dès 1990

    D'autres scientifiques ont réagi sur Twitter. Valérie Masson-Delmotte, climatologue et coprésidente du groupe de travail 1 du Giec, a cité la phrase présidentielle, en l'accompagnant d'un message de mai 2022 où elle listait les principaux risques de ce réchauffement en Europe. Ces dernières années, elle est venue plusieurs fois à l'Elysée (voir ici et ) pour expliquer le problème.

    Christophe Cassou, climatologue et auteur du dernier rapport du Giec publié en 2022, propose pour sa part d'en envoyer un exemplaire au président de la République.

    Le premier rapport du Giec, l'institution de référence sur le sujet, date de 1990. Si les connaissances ont progressé depuis, on pouvait déjà y lire (PDF, en anglais) que la consommation d'énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) et la déforestation par l'homme augmentait l'effet de serre et réchauffait notre planète. Les scientifiques y parlaient déjà (PDF, en anglais) de sécheresse, de vague de chaleur et de feux de forêts.

    Chaque rapport publié depuis est venu confirmer ces connaissances. "Ce qui se produit aujourd'hui, c'est ce que nous avions anticipé", confirme Jean Jouzel, qui a participé aux premiers rapports. Contacté par franceinfo, l'Elysée n'avait pas encore réagi au moment de la publication de cet article.

    :

     

    Peut être une image de texte qui dit ’État des nappes d'eau souterraine (source: BRGM) 100% 90% 80% Très haut Haut Modérément haut 70% 60% 50% Comparable à la normale 40% 30% 20% Modérement bas 10% 0% Bas Janvier 22 Très bas Janvier 23’

  • "Le mythe de la suprématie humaine"

     

     

    Accueil/Livres/Le Mythe de la suprématie humaine (Derrick Jensen)

     

    Le Mythe de la suprématie humaine (Derrick Jensen)

     

    € 20,00

    Je le précommande (livraison début mars 2023)

    Dans ce livre iconoclaste, le philosophe écologiste Derrick Jensen s’en prend à la croyance quasi universelle en une hiérarchie naturelle au sommet de laquelle trôneraient les êtres humains. Selon lui, cette croyance, qu’il nomme « suprémacisme humain », se trouve au fondement du ravage contemporain de la vie sur Terre, entamé il y a plusieurs millénaires avec l’essor des premières civilisations.

      

    Ajouter au panier

    Éditions LIBRE

    Description

     

    Dans ce livre iconoclaste, le philosophe écologiste Derrick Jensen s’en prend à la croyance quasi universelle en une hiérarchie naturelle au sommet de laquelle trôneraient les êtres humains. Selon lui, cette croyance, qu’il nomme « suprémacisme humain », se trouve au fondement du ravage contemporain de la vie sur Terre, entamé il y a plusieurs millénaires avec l’essor des premières civilisations.

    Afin de mettre en lumière l’inanité du suprémacisme humain, Jensen explore les étonnantes et complexes réalités de la vie non humaine que nous avons nonchalamment tendance à ignorer, des cultures au sein des communautés de porcs et de chiens de prairie à l’utilisation créative d’outils par les éléphants et les poissons, en passant par la perspicacité des chenilles et des champignons. Il souligne également l’incapacité de l’establishment scientifique et des institutions dominantes en général (médias, gouvernements, etc.) à examiner sérieusement les questions morales et éthiques liées à la place de l’humanité au sein du vivant, et soutient qu’un changement radical de vision du monde est nécessaire (mais non suffisant) pour libérer la Terre de l’empire d’une culture mortifère.

     

     


    https://www.cairn.info/revue-pour-2016-3-page-81.htm

     

    2016/3

    Contre la suprématie des hommes

    Comment l’antispécisme récuse-t-il la domestication animale

    Marianne Celka

    Dans Pour 2016/3 (N° 231), pages 81 à 88

    format_quote Citer ou exporter Ajouter à une liste Suivre cette revue

    Article

    Plan

    Bibliographie

    Auteur

    Sur un sujet proche

    file_downloadTélécharger

    1Le spécisme se définit comme étant ce que le racisme et le sexisme sont respectivement à la race et au sexe, c’est-à-dire la non-prise en compte des intérêts de certains aux bénéfices d’autres. Le terme s’est récemment institutionnalisé dans l’Hexagone (accompagné d’autres occurrences nouvelles comme véganisme et végan) en faisant son entrée dans les dictionnaires, mais lorsqu’il est précisé par les auteurs animalistes, le spécisme se conçoit comme une discrimination qui « prétexte des différences, réelles ou imaginaires mais sans rapport avec ce qu’elles sont censées justifier », à savoir la domination (physique et morale) des hommes sur les animaux. En ce sens l’antispécisme soutient que « pour la même raison que l’on refuse le racisme et le sexisme, ou les autres discriminations arbitraires entre humains, il faut refuser le spécisme qui est la discrimination fondée sur l’appartenance des individus à d’autres espèces que l’humanité » [1][1]Voir le site francophone dédié à la critique antispéciste :…. Le spécisme serait donc une idéologie du mépris que rien ne justifie et qui, en réalité, ne serait qu’une émanation de la loi du plus fort. Si l’antispécisme connaît aujourd’hui une importante vitalité et participe désormais – sans toujours dire son nom – aux discussions politiques classiques, il devient nécessaire d’en saisir la critique et d’en comprendre les enjeux.

    L’antispécisme : une critique politique de la « suprématie des hommes »

    2Bien que le néologisme soit initié par le cercle d’Oxford en 1970 avec les mots du philosophe Richard D. Ryder, il était déjà en germe aux prémices du mouvement pour la libération animale dont les racines sont plus anciennes. Le rejet de spécisme se trouve déjà en creux dans l’écologie profonde ou deep ecology des Transcendantalistes de la seconde moitié du XIXe ou encore chez Henry Salt dès 1914 lorsqu’il pose cette question : « toutes les vies valent-elles d’êtres vécues ? » [2][2]Pour la pensée animaliste d’Henry Salt, voir Regan T., Singer…, soulignant ainsi l’intolérable condition animale à l’ère industrielle. Ce n’est qu’à partir des penseurs animalistes de la seconde moitié du XXe que le discours antispéciste se précise et en même temps se clive entre diverses postures parfois antagonistes.

    Principes et contradictions

    3La question antispéciste ne fait pas consensus et en son sein il est nécessaire de distinguer deux types au moins de positions : celle dite « réformiste » et celle dite « radicale ». La première vise à l’amélioration des conditions de vie des animaux dans le cadre de la Déclaration Universelle des Droits de l’animal (1978) alors que la seconde conteste radicalement la possession et les traitements des animaux dans les sociétés humaines. Ces deux directions sont également appelées, welfarisme et abolitionnisme. Lorsque l’abolitionnisme s’oppose au fait d’exploiter les animaux de manière générale et absolue, le welfarisme lui, s’oppose à la manière dont les animaux sont exploités tout en acceptant dans une certaine mesure qu’ils le soient [3][3]Voir Jeangène-Vilmer J.-B., 2011, L’éthique animale, Paris,….

    4Le welfarisme est le plus souvent une posture utilitariste telle que prônée par l’auteur d’« Animal liberation » Peter Singer. Pour lui, l’égalité animale se fonde sur « l’égalité de considération des intérêts » et non sur l’égalité des droits. Ainsi il considère qu’il existe des différences intrinsèques entre hommes, entre animaux et entre animaux humains et non-humains. Lorsque nous prenons en compte l’égale considération des intérêts, alors « les animaux non-humains, les nourrissons humains et les débiles mentaux humains sont dans la même catégorie » [4][4]Peter Singer, L’égalité animale expliquée aux humain-es, trad.…. Dans cette perspective, ôter la vie à un être dont la capacité mentale est inférieure au niveau nécessaire à la conception d’un avenir et de projets n’engendre pas les mêmes conséquences morales que la mise à mort d’un être qui en aurait les capacités. L’égale considération des intérêts proposée par Singer se déploie ainsi comme un système assumé d’analogies et de raisonnements par l’absurde qui doivent selon les cas conduire notre agir et c’est en cela qu’il se démarque profondément de l’abolitionnisme.

    5La posture abolitionniste représentée notamment par Tom Regan et Gary Francione, se donne pour objectif de lutter pour l’abolition de toutes les activités dans lesquelles il est fait usage de l’animal. La distinction entre welfaristes et abolitionnistes est toutefois ambiguë et complexe puisqu’elle engendre plusieurs antagonismes. En effet, il existe des abolitionnistes anti-welfaristes et des abolitionnistes welfaristes, les premiers militant contre le fait d’améliorer les conditions de vie et d’exploitation des animaux tandis que les seconds au contraire considèrent que l’amélioration des conditions est un premier pas nécessaire afin qu’advienne plus tardivement l’abolition définitive de l’exploitation animale. Francione est le chef de file du courant abolitionniste anti-welfaristes, et lorsqu’il les nomme « néo-welfaristes », il marque à leur égard un désaccord profond et fondamental. Lui-même se présente comme un promoteur de la « politique du pire » ou encore de la « prise d’otage », c’est-à-dire qu’il s’agit de laisser les animaux existant à ce jour à leur « triste » sort afin qu’ensuite on ne puisse plus voir naître aucun animal dans les conditions d’une suprématie humaine.

    Droits des animaux et Théorie des Droits des animaux

    6Le développement croissant de la question animale s’est étoffé, au cours des dernières années, de nombreuses critiques internes qui visent la conceptualisation crédible de ce qui pourrait guider l’institutionnalisation de nouvelles manières d’être et d’agir avec les animaux. Les ouvrages sur le sujet se multiplient et ambitionnent de donner des pistes de réflexion qui sont aussi des pistes politiques pour la reconfiguration du statut des animaux, que ce soit dans la nature ou dans le cadre d’une société civile. L’ambiguïté et les contradictions de la critique antispéciste ont été fort bien discutées par les auteurs du récent ouvrage Zoopolis (2016), Will Kymlicka et Sue Donaldson, eux-mêmes penseurs de la Théorie des Droits des Animaux (TDA) qui tente de compléter et d’améliorer les préceptes des Droits des Animaux (DA). Ils ont su faire la démonstration des limites théoriques et pratiques des deux courants majeurs de l’antispécisme, l’utilitarisme hédoniste de Singer et l’abolitionnisme de Francione, ce dernier niant par principe – et cela constitue la critique la plus saillante – l’inextricabilité des relations hommes-animaux que ce soit dans le cadre d’une « suprématie humaine » ou non, rappelant à juste titre que depuis que les hommes se sont réunis en communautés, les animaux ont toujours entretenu des relations de proximité et de réciprocité avec eux.

    7Pour leur part, les auteurs de Zoopolis proposent de nouvelles perspectives dans la considération des intérêts des animaux à vivre une vie sans violence tout en considérant le postulat selon lequel il n’y a pas de sociétés humaines sans animaux. Ainsi, ils suggèrent trois nouvelles catégories animales : sauvages (sujets de leur propre souveraineté territoriale), domestiques citoyens (dont nous avons, en tant que nous les avons façonnés et rendu dépendants, la responsabilité) et liminaires résidents (qui ne sont pas domestiqués mais qui vivent dans les sociétés humaines). Là aussi, les trois catégories posent un nombre non négligeable de contradictions et de limites à la fois théoriques et pragmatiques sans que les auteurs ne puissent encore y pallier mais la pertinence du propos réside toutefois dans l’idée selon laquelle les hommes et les animaux ne peuvent qu’entretenir des relations de réciprocité dans ce que d’aucuns ont pu nommer des « communautés hybrides » [5][5]Voir le colloque intitulé « domestication et communautés…. Bien que l’antispécisme ne se reconnaisse pas en tant que critique du capitalisme industriel et financier, préférant s’inscrire dans une critique plus profonde de la « suprématie des hommes » sur les animaux, il semble incontournable de comprendre comment la cadence de ce capitalisme ainsi que les effets qu’il engendre sur la condition animale (élevage intensif et cadence des abattages) constitue un moteur essentiel pour le jaillissement d’un ressentiment collectif à l’endroit de l’exploitation des animaux.

    Domestication et sensibilité animaliste

    8L’accélération ininterrompue du productivisme relatif à l’exploitation industrielle des animaux doit être comprise comme le contexte historique, économique et social à partir duquel les critiques de la condition animale se sont renouvelées. Ce contexte moderne de l’exploitation animale est dominé par l’idéologie du progrès faisant des sciences et des techniques le moyen d’une constante amélioration des environnements humains. La zootechnie correspond à cet ensemble technoscientifique visant le perfectionnement de la production dans le domaine de l’élevage. Elle s’est mise en place de manière connexe à l’industrialisation et à l’apparition des chaînes de montage, participant de facto à une dynamique générale au cœur des processus de production et accompagnant ainsi la rationalisation du monde occidental. La viande en particulier, produite à la chaîne, participe de ce que Max Weber nommait la démagification du monde, qui est aussi un élan vers la réification des êtres humains et non-humains. À partir de là, il est clair que la société moderne est devenue en quelque sorte « zoophagique », dans le sens d’une propension jamais atteinte dans la consommation carnée perçue et vécue comme indice de progrès, et le débit des abattages selon les modalités des chaînes de production n’a de sens qu’en relation avec l’intensification du rythme de la vie sociale métropolitaine [6][6]Pour ce qui concerne l’accélération du rythme de la vie sociale….

    Domestication et exploitation

    9On peut faire remonter les racines de la sensibilité animaliste jusqu’à la philosophie antique dont certains penseurs professaient déjà les vertus morales et physiques d’un végétarisme éthique. Plus près, les Transcendantalistes ont enrichi cette sensibilité des philosophies hindouistes et bouddhistes sans pour autant se défaire d’un certain attachement à la morale chrétienne notamment protestante. Aujourd’hui, l’animalisme que nous connaissons ne peut pas se comprendre sans la prise en compte de la déliquescence du mythe moderne du progrès. Il y a, depuis les transcendantalistes R. W. Emerson et D. H. Thoreau, une dimension critique forte érigée à l’encontre du modèle technique et industriel d’exploitation des ressources, à l’encontre de l’adage cartésien aussi qui prétendait que l’homme pouvait se rendre « comme maître et possesseur de la nature ». Cette critique s’est cristallisée à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale au moment où la société de consommation est devenue d’avantage consumériste. Le renouveau de la sensibilité animaliste doit se comprendre en opposition avec ce consumérisme de la chair animale caractéristique des cinquante dernières années.

    10La critique politique et rationaliste antispéciste devient hypercritique lorsque le véganisme s’instaure comme le seul mode de vie exempt de toute souffrance animale, lorsqu’elle déborde les cadres du strictement rationnel et que, dès lors, elle propose une relecture de l’histoire des hommes en société produisant amalgames et confusions, en particulier à l’endroit de la domestication, de l’élevage et de l’exploitation. C’est que cette critique, devenue hypercritique (nourrie par moult références politiques, historiques, scientifiques, parascientifiques, religieuses, etc.), repose sur une vision binaire du monde (bien/mal, faste/néfaste, sauvage/civilisé [7][7]Celka M., 2009, « L’homme de la condition postmoderne dans son…), sur une vision eschatologique aussi considérant que nous vivons depuis l’origine des sociétés dans le péché de l’entre dévoration des espèces, l’une des conséquences terribles de la Chute et de l’éviction de l’Éden primordial [8][8]Celka M., 2012, « Veganisme et idéologie du pathos », in Les…. C’est donc à partir d’une ambition sotériologique que l’animalisme reconfigure les questions relatives à la souillure (Mary Douglas) faisant de la viande le symbole du péché. La relecture de l’histoire par la sensibilité animaliste en vient à rejeter la notion même de domestication animale perçue comme le terreau de notre domination et comme l’erreur première, primordiale, à partir de laquelle se sont multipliés les actes néfastes à l’égard des animaux. L’exploitation industrielle de la condition animale (entendons ici élevages concentrationnaires et abattages à la chaîne) a été une manière rationaliste, et un temps perçue comme progressiste, de faire de l’élevage (élevage intensif, de même que les cultures intensives) mais dès que les croyances en ce mythe du progrès se sont essoufflées, la pensée radicale animaliste, pourrait-on dire, « a jeté le bébé avec l’eau du bain » en récusant l’ensemble historique de nos réciprocités domestiques avec les animaux, sans plus jamais admettre que « l’élevage et les animaux d’élevage participent de la construction de nos sociétés » [9][9]Porcher J., 2004, Bien-être animal et travail en élevage,… et qu’il y a nécessairement participation de l’animal dans le processus de domestication.

    Meat Is Murder [10][10]Deuxième titre de l’album éponyme des Smiths dont les paroles…, le tabou de la viande

    11Il serait erroné de discuter du développement de la domestication et de l’élevage vers une exploitation industrielle des ressources, en particulier pour ce qui concerne la viande, sans soulever le processus plus général dans lequel il s’inscrit. Ce processus a été largement discuté par Norbert Elias [11][11]Elias N., 2011 (1939), La dynamique de l’Occident, Paris,…, il s’agit de la constante aseptisation des mœurs et donc aussi (et surtout) de notre rapport à la chair. Lorsqu’il montre cette subtile instauration de la pudeur dans les relations sociales, la manière dont celle-là pénètre les sphères publiques et intimes de l’homme occidental, il nous indique le déploiement d’une sensibilité qui s’exacerbe. Du point de vue de la commensalité (et cela est un indice fort pour les mœurs en général), la découpe de la viande qui était jusqu’alors opérée ostensiblement à table au milieu des convives, s’est, à ce moment historique, déplacée vers les coulisses. De la même manière, la mise en exil de l’abattage et de la découpe des carcasses coïncident avec ce changement de la sensibilité qui, selon Noélie Vialles, « ne veut plus voir la mise à mort ni reconnaître dans la viande quelque rapport avec l’animal mort » [12][12]Vialles N., 1987, Le sang et la chair : les abattoirs des pays…. La viande devient de moins en moins animale et se transforme en un objet exsangue.

    12Il est crucial de comprendre ce processus pour ensuite saisir la manière dont les images dévoilées par les associations de type L214 heurtent la sensibilité collective. Elles font force de persuasion et de dissuasion par l’obscénité dont elles font preuve. Une obscénité qui trahit ce processus de civilisation dont les rouages visaient à mettre un voile sur les aspérités les plus grotesques, tragiques et bestiales de notre condition humaine. En révélant la brutalité qui se cache derrière les portes des abattoirs pourtant aseptisés, ces images-choc témoignent de l’animalité de cette viande que nous avions soigneusement faite chose et dont l’origine animale devient dès lors comme un tabou. C’est en effet le grand tabou de la chair et du sang qui est comme jeté aux visages de ceux qui regardent ces images. Elles confrontent notre sensibilité à la cruauté de la mort que le processus industriel avait repoussé aux marges de la société. Obscénité aussi de cette mort industrielle des animaux – dont le récit du progrès se tarit toujours davantage – qui ne fait plus sens et exige d’en renégocier l’utilité, la moralité et les modalités d’exercice.

    Conclusions

    13Suivant l’irréductible processus de civilisation – en tant qu’il est la dynamique de l’Occident [13][13]Elias N., op. cit. – les critiques antispécistes rejettent toujours plus loin cette animalité qui nous tient. Lorsqu’il est question de considérer l’abattage des animaux comme un meurtre, c’est là une manière de perfectionner l’humanité en se dégageant du tragique charnel de la condition de mortel, destin commun qui unit les hommes et les animaux. Dans le cadre d’une renégociation sociétale de nos manières d’être et d’agir avec les animaux, plusieurs directions se mettent en place. Les propositions antispécistes, notamment dans ce qu’elles ont d’abolitionniste, considèrent dans leur grande majorité qu’il serait préférable de ne plus entretenir de relations réciproques avec les animaux (au nom de l’émancipation de tous les sujets « sentients ») afin de se doter d’un mode de vie certifié « sans cruauté » (c’est le sens du veganisme) permettant tout à la fois aux animaux de vivre libérés de notre domination et de nous délivrer nous-mêmes en retour de nos « instincts » les plus bas. En ce sens, le discours antispéciste (au-delà des contradictions et des antagonismes internes), reprend à son compte, et selon ses propres modalités, les contours du mythe de l’« exception humaine » dans la mesure où seuls les animaux-humains seraient capables de faire justice à tous les animaux humains et non-humains en proposant des modalités de l’expérience plus justes que la nature ne le permet puisqu’elle autorise qu’un animal en mange un autre.

    14Cependant, en rejetant la domestication dans les arcanes d’une prétendue domination destructrice, en considérant qu’elle est le péché que les hommes ont commis et qu’elle n’est que le fait de la soif de violence des hommes à l’égard des autres, les discours antispécistes négligent la réciprocité intrinsèque qui en est, en réalité, la condition sine qua non. De plus, domestiquer l’environnement, les plantes, les animaux, a constitué pour les hommes les cadres de leur propre domestication. Cela est une seule et même chose et nous pouvons nous poser la question de savoir ce qu’il adviendrait d’une société qui refuse le principe même de domestication, que deviendrait une société qui, au nom l’émancipation de la cruauté humaine et animale, se détournerait des interactions réciproques entre les hommes et les animaux. Il devient évident qu’aujourd’hui les limites du tolérable et de la justice se redessinent selon les exigences d’une sensibilité contemporaine et selon les moteurs aussi de pensées radicales ; toutefois, il nous faut être attentifs aux conséquences d’une bonne volonté qui pourrait bien, in fine, se retourner contre une humanité retranchée de toute animalité.

    Notes

    [1]

     

  • Vol de nuit

    J'ai écrit ce texte en 2013.

    Il s'est passé beaucoup de choses depuis. 

    Des événements qui contribuent à nourrir cette interrogation :  Qui étais-je ?

    La nuit dernière, j'ai rêvé que je volais. J'étais au-dessus des montagnes, je sentais l'air sur moi, je possédais une vision d'une puissance incroyable, j'ai vu des fleurs alors que je planais à des centaines de mètres du sol, j'ai passé des cols enneigés et je voyais des hardes de chamois. Il n'y avait aucune émotion sinon une parfaite tranquillité.

    Puis j'ai passé une ligne de crêtes entre deux sommets et j'ai plongé vers une vallée verdoyante, une rivière coulait en son milieu, des forêts immenses, des prairies, des champs de fleurs et puis j'ai vu une femme qui marchait dans l'herbe et je suis descendu vers elle. Je me suis posé devant elle. Et à cet instant, je suis redevenu un homme. Elle est venue vers moi, je n'ai pas vu son visage ou je ne m'en souviens pas.

    Elle m'a dit  :"Il n'y a plus personne."

    Et je me suis réveillé.

    Je ne compte plus les rêves dans lesquels je vole. Comment est-il possible de ressentir une situation aussi improbable avec une telle acuité. Je sens le mouvement de mes ailes et leurs effets sur le vol, je contrôle parfaitement mes trajectoires et je dispose d'une vue aussi large que précise, une capacité à englober la totalité des horizons tout autant que les éléments les plus infimes.

    Un rêve ancien...

    On a passé l'été à courir les montagnes dans tous les sens en vivant dans notre petit fourgon. Toujours cachés dans les forêts, sur les pistes, dans les chemins. Jamais de camping, jamais à côté de quelqu'un d'autre, une recherche constante de solitude. Au bord d'un torrent où on se baigne, au bord d'un lac ou au fond des bois. Levés à sept heures, parfois plus tôt, six, sept parfois dix heures de marche, 2000 mètres de délivelée, des sommets isolés, une solitude parfois stupéfiante, une journée entière sans rencontrer une seule personne mais des bouquetins,  des chamois, des marmottes, des aigles, des vautours et le silence de l'altitude ou le vent, cette lumière si particulière, cette lente dispersion des pensées anarchiques, un cheminement intérieur qui ramène à l'essentiel, l'effacement des manques, l'élaboration scrupuleuse des besoins essentiels, de l'eau, un peu de nourriture et beaucoup d'attention...

    Peut-être est-ce l'explication de ce rêve qui est revenu. Comme un retour aux sources, à une vie ancienne et les valeurs qui me concernent le plus profondément.

    Je sais qu'il s'agissait de moi et pourtant je voyais le personnage, très précisément. Un vieil homme, un teint basané, comme un Indien, debout, nu. Dans une grotte taillée, comme une kiva indienne. Une lumière violette autour de lui-moi. Une aura très douce. Devant lui-moi se tenait allongé, en apesanteur, une femme nue, elle aussi. Totalement détendue, les bras le long du corps. Je la massais puis je l'ai pénétrée, doucement, longuement et je savais qu'il n'y avait rien de sexuel dans cet acte mais une volonté de guérison...

    J'étais un chaman.

    Le corps de la femme s'est auréloée d'une lumière violette, similaire à celle qui émanait de moi. Mon sexe agissait comme un diffuseur d'énergie et cette énergie se diffusait dans le corps de la femme. Il n'y avait aucune parole, aucun bruit, aucune interférence, la grotte embaumait l'espace d'une paix ineffable puis mes mains se sont posées sur son ventre et l'ont massé dans un mouvement circulaire. Son ventre était dur, comme marqué par d'anciens traumatismes, strié de cicatrices fossilisées. Lentement, ces marques se sont effacées, comme absorbées par les tissus. La lumière violette continuait à grandir autour de lui-moi puis elle a illuminé l'intérieur du ventre de la femme.

    Je n'éprouvais aucune émotion, aucun plaisir, aucune intention, aucune volonté. Rien. je faisais juste ce que je devais faire.

    Je n'ai distingué à la fin que cette lumière.

    Je me suis réveillé.

    Qui étais-je ?

    J'ai eu ce sentiment étrange, sur un des nombreux chemins de montagne où nous avons marché que j'étais déjà venu là. Une certitude, une évidence. Comme si je reposais mes pas dans des empreintes mémorisées dans la pierre.

    Il y a quelques années, après avoir regardé un documentaire sur l'hypnose, j'ai proposé à mon plus jeune garçon de tenter l'expérience...

    Il m'a fallu cinq minutes pour qu'il soit totalement dans un état "second". Ma femme était là. Nous nous sommes regardés, interloqués.

    J'ai "réveillé" mon garçon et nous n'avons jamais recommencé.

    Je ne compte plus les occasions pendant lesquelles, j'observe parfois dans le regard de certains interlocuteurs une étrange absence au bout de quelques instants, comme s'ils n'étaient plus vraiment là. Je n'ai jamais aimé cela. 

    Qu'est-ce que ce rêve essayait de me dire ?

    J'ai rêvé, lorsque j'étais cloué au lit, avec mes hernies discales d'auras bleutées qui me parlaient, comme des paroles d'anges qui me susurraient d'avoir confiance...

    "Tu n'es pas au fil des âges un amalgame de verbes d'actions conjugués à tous les temps humains mais juste le verbe être nourri par la Vie divine de l'instant présent".

    Qu'on ne vienne pas me dire qu'il puisse s'agir de paroles communes à nos rêves habituels...

    Je ne suis pourtant pas monté à huit mille mètres cet été...Je n'ai pas consommé de champignons hallucinogènes.

    Je ne pense pas être fou...

    Qui étais-je ?

  • La protéodie ou les effets de la musique sur les plantes.

    Des études passionnantes.

     

     

    Les effets de la musique sur les plantes

     

    http://esev.e-monsite.com/pages/les-effets-de-la-musique-sur-les-plantes.html

    Rites ou croyances, jusqu'à la fin du Moyen Age en Europe, les hommes utilisaient des rituels agraires accompagnés de musique et de chants pour aider la germination et la pousse des récoltes. Carl Linné, un botaniste suédois du XVIIIème siècle, énonce des hypothèses sur les rythmes auxquels semblent obéir les plantes. Aujourd’hui dans quelques tribus indiennes d’Amérique et d’Afrique, ces rituels sont encore utilisés. Les aborigènes d’Australie quant à eux, utilisent des chants pour faire pousser leurs plants de tomates. Bien que ces rituels soient souvent des actes religieux on peut se demander si ces chants ont vraiment un impact sur les plantes. Si certains scientifiques ne croient pas à cette théorie, des entreprises n’hésitent toutefois pas à la mettre en pratique. Ainsi, au Japon, la société Gomei-kaisha Takada a déposé un brevet en 1991 sur l’utilisation de certaines musiques pour améliorer la fermentation des levures employées pour la fabrication des sauces soja.

    5.1 Quelques expériences

    Pour commencer, nous avons recensé, ci-dessous quelques expériences réalisées à travers le monde par des scientifiques pour démontrer que la musique avait un effet sur les plantes.

    Marcel Vogel  (chercheur en chimie aux laboratoires de recherche d’IBM à San José, Californie) a entrepris des expériences musicales sur les plantes, et avec des morceaux tels que Nuits dans les jardins d’Espagne de De Falla, il a constaté  des oscillations rythmées de leur part.

    Mrs. Dorohy Rettallack au Collège Buell Temple à Denvers, dans le Colorado a avancé que l'écoute de Bach ou de Ravi Shankar influençait favorablement les cultures. Elle va même jusqu'à prétendre que cette influence varie en fonction du type de musique. Ainsi le rock aurait un effet négatif sur les plantes. Celles-ci ploieraient avant de se mettre à dépérir puis à mourir. En 1969, la chercheuse fit des expériences pour prouver cette hypothèse en testant plusieurs sortes de musiques sur plusieurs types de plantes (maïs, pétunias, courges, etc.). Dans son livre : The sound of music and plants, elle présente ses expériences et ses conclusions sur cette théorie.

    Première expérience : Dans cette expérience la chercheuse mit dans trois chambres différentes des plantes et leur fit écouter la même tonalité mais avec des durées différentes. Dans la première pièce, elle la fit écouter 8 heures de cette tonalité, dans la deuxième pièce elle fit écouter pendant trois heures avec des pauses, dans la troisième pièce elle ne fit rien écouter. Les plantes de la première pièce sont mortes au bout de quatorze jours. Les plantes de la deuxième, ont poussé et sont plus saines que celles de la troisième pièce. Cette expérience a montré que le son avait un effet sur les plantes et que quand elles étaient mises en présence de musique avec des pauses elles poussaient mieux qu’avec une tonalité en continu ou sans tonalité.

    Deuxième expérience : La chercheuse mit un premier groupe de plantes dans une pièce branchée à une radio locale de rock et dans une autre pièce un autre groupe branché à une radio de musique classique. Elle fit écouter à chaque groupe trois heures de musique.

    Les plantes écoutant de la musique rock ont grandi au début mais sont devenus anormalement hautes, avec des feuilles plus petites que les autres plantes, elles consommaient plus d’eau et leurs tiges se dirigeaient à l’opposé du poste de radio. Certaines plantes sont même mortes. A l’inverse les plantes soumises à de la musique classique étaient plus saines et leurs tiges se dirigeaient vers le poste de radio. De plus, ces plantes présentaient des racines plus grosses et plus longues que celles de l’autre groupe.

    Cette expérience semble démontrer que la musique a bien un effet sur les plantes et que cet effet peut être positif ou négatif en fonction du type de musique.

    Troisième expérience : en rapport avec les anciens rituels agraires, Mrs Retallack fit une expérience avec un groupe de plantes, qui «écouta» de la musique indienne d’Amérique du nord, un deuxième groupe qui «écouta» la musique de Bach avec un orgue et un troisième groupe qui « n’écouta » aucune musique. Les plantes ont mieux poussées avec la musique indienne qu’avec la musique de Bach. Ces dernières ont mieux poussé que celles qui n’avaient pas de musique. Aucune des deux musiques n’a tué les plantes. Cette expérience peut montrer que les rituels agraires avaient bien un effet sur les plantations.

    Expérience réalisée à Paris où l'air est très pollué, par Joël Sternheimer.

    Des algues microscopiques ont été placées dans un petit bac avec de l'eau. Pendant dix jours, dix minutes par jour, on leur a passé́ une musique stimulant plusieurs protéines de photosynthèse, processus par lequel les algues fixent le CO2 de l'air, gardent le carbone pour se développer et rejettent de l'oxygène. En quelques jours, on pouvait observer la formation des bulles d'oxygène. Au final, on a pu mesurer un dégagement d'oxygène seize fois supérieur chez les algues qui avaient reçu de la musique par rapport aux algues témoins.

    Cela ouvre des perspectives pour lutter contre la pollution de l'air en stimulant la photosynthèse des plantes qui poussent dans les villes.

    ​5.2 Explications théoriques

    En 1992, Joël Sternheimer, professeur à l’université européenne de la recherche, s’est intéressé aux effets de la musique sur les plantes, dépose le brevet du « Procédé de régulation épigénétique de la synthèse protéique » qui permettrait d’expliquer, entre autre, l’influence de la musique, ici appelé protéodie, sur des organismes vivants.

    Il affirme : « une mélodie spécifique peut stimuler ouf inhiber la synthèse d’une protéine au sein d’un organisme », et que « chaque protéine peut être caractérisée par sa musique, qui est une vision de la protéine à une autre échelle ».

    Joël Sternheimer est soutenu en cela par Jean Marie Pelt, le célèbre scientifique qui pense que Joël Sternheimer nous donne peut-être la clef, ou l’une des clefs des effets de la musique sur les plantes. Il déclare : « lorsque les plantes « écoutent » la mélodie appropriée, les ondes acoustiques sont transformées « microphoniquement » en ondes électromagnétiques elles-mêmes sources « d’ondes échelle » et elles se mettent à produire la protéine spécifique à cette mélodie ».

    En 1996, Joël Sternheimer, a fait au Sénégal des expériences sur des plants de tomates. Il a étudié l’effet de la musique sur la protéine TAS 14 (protéine de résistance de la tomate à la sécheresse). Cette protéine aide les plants à résister à la sécheresse. Pour cela Sternheimer a passé trois minutes par jours de la musique aux plants de tomates pour stimuler la TAS 14. Il a de plus, placé des plants « témoins » élevés dans des conditions normales.

     Les résultats obtenus sont remarquables. Les plants soumis à l’écoute de la musique eurent une croissance nettement supérieure. Les pieds de tomates faisaient en moyenne 1.70 mètres, les tomates étaient plus grosses et parfois même éclatées à cause d’un excès d’eau alors que ces plantes avaient en réalité consommé moins d’eau par rapport aux autres plants, cultivés avec un arrosage selon l’habitude de la région.

    Plants de tomates n'ayant pas reçu la protéodie

    Plants de tomates ayant reçu la protéodie

    5.2.1 La protéodie

    Comment une musique, appelée ici  protéodie, peut-elle influencer la croissance des plantes et donc intervenir sur l’auxine (hormone de croissance indispensable au développement des plantes) ?

    Tout d’abord, la protéodie intervient sur la synthèse des protéines mais ne les crée pas. De même elle ne crée pas d’auxine. Effectivement, la protéodie est une musique et une musique reste une onde sonore. Une onde sonore ne crée pas d’élément biologique, il faut donc se pencher sur la synthèse des protéines.

     

    Lors de la synthèse d’une  protéine, lorsque les acides aminés s’accrochent au ribosome, leur perte de liberté et leur stabilisation provoquent au niveau de la fixation, un comportement non plus « particulaire » mais ondulatoire. C’est là que les recherches de Joël Sternheimer interviennent. Il traduit  ce comportement ondulatoire en une « onde d’échelle », c'est-à-dire qu'elle relie entre elles des échelles différentes - ici l'échelle de chaque acide aminé à l'échelle de la protéine en formation. Cette onde d’échelle a été ensuite transposée par M. Sternheimer dans des fréquences audibles par l’homme en les convertissant en notes de musique. Effectivement, chaque acide aminé, lorsqu’il s’accroche au ribosome, émet un comportement ondulatoire différent, donc une onde d’échelle différente, et donc une fréquence audible différente. Les recherches de Joël Sternheimer l’ont donc amené à créer un code universel de notes, chacune correspondant à l’un des 20 acides aminés.

    En fonction de la complexité de la composition des protéines, qui peuvent regrouper aussi bien une dizaine d'acides aminés que des centaines, on obtient une véritable mélodie, une partition variant donc d'une dizaine à plusieurs centaines de notes.

    Sternheimer a constaté que lorsqu’on joue l’enchaînement dans le domaine audible des fréquences des acides aminés d’une protéine, on observe une augmentation de la synthèse de cette protéine. La séquence des sons spécifiques à la synthèse ou à l’inhibition d’une protéine est appelée Protéodie. Pour inhiber une protéine, c'est-à-dire freiner sa fabrication, il suffit d'avoir la mélodie "symétriquement opposée". Très schématiquement, si la mélodie qui stimule est dans les "graves ", celle qui inhibera sera dans les "aiguës ". Chaque acide aminé possédant son équivalent en note stimulante et en note inhibitrice, on disposera de deux décodages, deux mélodies pour chaque protéine.

     

    5.2.2 Tempo, volume sonore et temps d'exposition

    D’autres expériences ont pu démontrer que le temps d’exposition, le volume sonore et le tempo avaient également une importance sur le développement des plantes.

    5.2.2.1 Temps d'exposition

    Le temps d’exposition quotidienne de la plante à la protéodie à une grande importance sur son efficacité. En effet, une trop longue exposition entraîne une forte concentration de la protéine synthétisée et aura  l’effet inverse à celui attendu. La protéine sera alors inhiber pour retrouver une concentration normale.

    Le temps d’exposition idéal semble être de 5 minutes par jour. 

    5.2.2.2 Volume sonore

    Le volume sonore a également une influence sur l’efficacité d’une protéodie. Plus le volume sonore est fort, plus la protéodie est efficace.

    5.2.2.3 Tempo

    Le tempo idéal est de 120 noires par minute. En effet, il s’agit d’un tempo « moyen ». Un tempo trop lent ou trop rapide semble néfaste à la croissance de la plante.

    5.2.3 Pour aller plus loin: la génodique

    La Génodique est la science développée à partir de l'étude des Protéodies. Actuellement, environ 1200 protéodies ont été décodées en 20 ans par Joël Sternheimer, correspondant à la stimulation ou l’inhibition de protéines. Au vu de la connaissance que l’on a aujourd’hui, le génome humain contient quelques 25 000 gènes, soit plus encore de protéines, sans compter les virus, les bactéries, l’ensemble des règnes animal et végétal, avec lesquels un dialogue peut s’établir. Le travail se poursuit donc vers le développement de nouveaux décodages, ainsi que la documentation des effets des protéodies (effets bénéfiques, ressentis, statistiques et fréquences d’affinités sur la population, …).

    5.3 Perspectives des effets de la musique sur les plantes

    Ces recherches et ces expériences offrent des alternatives douces à l'utilisation de traitements chimiques sur cultures et aux plantes transgéniques, technologies onéreuses pour les pays du tiers monde et potentiellement nocives.

    L’utilisation de la musique ouvre des perspectives pour lutter contre la pollution de l'air en stimulant la photosynthèse des plantes qui poussent dans les villes.

    D'autres expériences doivent encore être réalisées sur une plus grande échelle en diffusant la TAS 14, mais aussi d'autres musiques moléculaires pouvant notamment influer sur le goût des aliments ou sur leur conservation.

    Même si de nombreux scientifiques sont encore sceptiques quant aux effets de la musique sur les plantes, les recherches, en particulier celles de Joël Sternheimer semblent offrir des voies de réponse à beaucoup de maux de notre époque et un champ d'application énorme, notamment dans les pays en voie de développement. Elles permettraient d'accroitre les potentiels de certaines cultures sans pour cela jouer aux apprentis sorciers.

    Amélioration des qualités gustatives et de conservation des avocats grâce à l’inhibition de l'expression de la Polygalacturonas d'avocat : à gauche les avocats « musicaux », et à droite les avocats témoins.

     

     

  • "La source noire" de Patrice Van Eersel

     

    Enième lecture de ce livre qui se lit comme un roman bien qu'il s'agisse d'une enquête, d'un documentaire.

    Bien évidemment que de me replonger dans cet ouvrage est lié à la situation actuelle de mes parents et des multiples questionnements qui s'imposent.

    Tout cela a-t-il un sens ? Comment le vivre au mieux ou au moins pire, comment les accompagner vers cette fin ?

    A chaque fois que je vais les voir, je leur prends les mains, je les enlace, je les embrasse, je leur parle, je tente de faire remonter des souvenirs joyeux, et si possible de les faire rire. Je sais qu'ils ne se souviendront de rien dix minutes après mais l'instant n'est-il pas la seule réalité qui compte ? Ou même la seule et unique réalité, tout le reste, tout ce qui émane de notre mémoire n'étant qu'un film virtuel, une illusion proposée par notre cortex mais qui au final nous éloigne de l'instant, nous en prive, et nous conduit même à nous leurrer.

    Sommes-nous les victimes de notre propre potentiel au point de nous alourdir ?

    Mais alors, cette perte de mémoire chez mes parents ne serait-il pas une remise à niveau, une réinitialisation du cerveau identique à celle du nouveau-né qui n'a aucun souvenir et vit l'instant dans son intégralité ?

    Le grand âge est-il un retour à la source ? 

     

    "Je demeure incrédule : le meilleur moment de leur vie aurait été celui de leur quasi-mort ? C’est inconcevable. Je suis contraint, je l’avoue, d’arrêter ma lecture toutes les cinq minutes et de me frotter les yeux. Est-ce un rêve ? Suis-je bien en reportage aux Etats-Unis, en train de lire un ouvrage scientifique ? Je me pince. Mais je ne rêve pas."

     

    La source noire : Révélations aux portes de la mort

     

    INFOSCRITIQUES (10)CITATIONS (11)FORUM

    La source noire : Révélations aux portes de la mort par Van Eersel
    AJOUTER À MES LIVRES

     

    LIRE UN EXTRAIT

    EAN : 9782253041924
    445 pages

    LE LIVRE DE POCHE (01/06/1987) AUTRES EDITIONS

    ★★★★★

    ★★★★★

    4.01/5   96 NOTES

    RÉSUMÉ EDITEURRÉSUMÉ MEMBRES

    HISTORIQUEMODIFIERLIRE

    De la mort, nous avons tout oublié, tout ce que notre culture avait érigé en sagesse. Même la science est devenue ignorante. Tellement que des savants tirent la sonnette d'alarme. Il faut, disent-ils, réhabiliter l'agonie, écouter les mourants, étudier ce passage aussi capital que la naissance. Psychiatres, cardiologues, chirurgiens, biologistes et physiciens, dans les laboratoires les plus sophistiqués des Etats-Unis, d'Europe, mais encore en Inde et partout dans l... >Voir plus


    Contributeurs : 
    lafilleauxchaussures

    AJOUTER UNE CITATION

    AJOUTER UNE CRITIQUE

    ÉTIQUETTESAJOUTER DES ÉTIQUETTES

                                           

    nalaimo

    nalaimo

    ★★★★★

    ★★★★★

    04 septembre 2012

    Ce livre m'a fait l'effet d'un coup de poing.

    Ce qu'il propose, sans l'annoncer, c'est une véritable révolution de la manière de concevoir la vie de l'homme et sa place dans l'univers.

    Par le biais de ses recherches autour des expériences de morts imminentes, l'auteur amène à prendre conscience de la pauvreté de nos savoirs et de nos perceptions, de la force de certains dogmes scientifiques, du potentiel incroyable des recherches sur les NDE et sur la conscience,...

    Le propos est soutenu par des considérations scientifiques modernes et des références pluridisciplinaires scrupuleuses qui m'ont poussées plusieurs fois à arrêter ma lecture pour me dire "mais comment est il possible que l'on ne m'ait jamais parlé de ça ?"

    Comment, par exemple, admettre que les scientifiques quantiques fassent un lien aussi net entre leurs découvertes et la nécessité d'une vie spirituelle ? Stade incroyable où la science vient définitivement remplacer la religion pour se ramener à elle...

    La légereté avec laquelle l'auteur vous amène sur des sujets aussi sensible que la mort, la vie après la mort et la structure de notre réalité est un vrai plaisir...

    Ma critique n'est sans doute pas très bien construite, mais je désirais absolument faire part de cette lecture qui pour moi change vraiment beaucoup de choses.


    Lire la suite

    Commenter  J’apprécie         210

    tolbiac

    tolbiac

    ★★★★★

    ★★★★★

    21 septembre 2015

    Voilà un documentaire pas du tout branché new-age. Pas barré du tout. La recherche journalistique amène le narrateur, qui est journaliste à se poser des questions, qui sont, (ça tombe bien), aussi les notre. Comment voir autrement notre univers ? Qu'est-ce que c'est que ces histoires de morts revenus d'ailleurs ? Comme ça se produit, d'où ça pourrait venir ? du cerveau ? Et qu'en est-il des cas d'enfants qui ne sont pas encore influencé par leur univers, par la pensée d'une culture ou d'une autre ? Qu'en est-il de la foi, du matérialisme ? Concrètement qu'est-ce qu'une EMI et que se passe-t-il avant, pendant, après ?
    Un livre qui remue nos convictions, qui questionne, qui donne à réfléchir, à partir du moment ou on accepte l'idée et qu'on n'est pas arcbouté sur des positions scientifiques qui réfutent ces milliers de cas et qui font passer ça pour une overdose dans une période de stresse terminal.
    Très intéressant et une lecture facile, par prise de temps, ni anxiogène malgré le sujet.

     


    Lire la suite

    Commenter  J’apprécie         110

    Tatooa

    Tatooa

    ★★★★★

    ★★★★★

    29 mars 2014

    Une enquête sur les "near death experiments" très documentée et convaincante, même pour les dubitatifs. Disons qu'il y a de quoi se poser quelques questions intéressantes ! :op
    Pour ma part, quelques expériences personnelles m'avaient déjà convaincue de l'existence "d'autre chose" que le visible, mais cela fait du bien de lire les expériences d'autres gens.

    Commenter  J’apprécie         150

    Christian_Attard

    Christian_Attard

    ★★★★★

    ★★★★★

    04 février 2018

    Voici, un livre essentiel pour qui veut tenter de comprendre ce qui se passe à l'approche de la mort et même après.
    Un livre que j'ai racheté pour l'avoir souvent prêté et une fois ne plus l'avoir récupéré.
    Il s'agit d'un enquête réalisée essentiellement aux Etats-Unis et auprès de personnes ayant parfois rejoint cet autre monde, ici évoqué.
    Des chercheurs comme 
    Raymond MoodyElizabeth Kubler-Ross, Michael Sabom, Kenneth Ring... nous dévoilent ici leur découvertes, leurs analyses des phénomènes d'approche de la mort.
    Expériences quantifiées, soupesées psychologiquement et statistiquement...
    On comprend l'universalité des perceptions, leur antiquité aussi. On peut ne pas y croire mais cette masse de témoignage fait sens et la profonde emprunte de ces visions péri-mortem ébranle les certitudes matérialistes les plus ancrées.


    Lire la suite

    Commenter  J’apprécie         70

    Kareban

    Kareban

    ★★★★★

    ★★★★★

    18 juillet 2017

    Un très bel ouvrage qui recense notamment les travaux d'Elizabeth Kübler Ross, aujourd'hui de moins en moins citée dans les milieux universitaires car l'approche des expériences de mort imminente chez les patients en soins palliatifs dérange.
    Les recherches sur le sujet si populaires il y a vingt ans se voient enfouies sous une chape de plomb.

    Commenter  J’apprécie         71

    CITATIONS ET EXTRAITS (11) Voir plusAJOUTER UNE CITATION

    Tatooa

    Tatooa

    29 mars 2014

    Je demeure incrédule : le meilleur moment de leur vie aurait été celui de leur quasi-mort ? C’est inconcevable. Je suis contraint, je l’avoue, d’arrêter ma lecture toutes les cinq minutes et de me frotter les yeux. Est-ce un rêve ? Suis-je bien en reportage aux Etats-Unis, en train de lire un ouvrage scientifique ? Je me pince. Mais je ne rêve pas.

    Commenter  J’apprécie         110

    Tatooa

    Tatooa

    19 avril 2014

    Partout la nouvelle circule : il y a une femme peu ordinaire, une psychiatre (Ndr : E. Kübler-Ross), qui parle de la mort avec les mourants et qui prétend qu’il ne faut priver personne de la sienne, que la souffrance demeure une épreuve à adoucir, mais que la mort peut se métamorphoser en initiation et les mourants en professeurs de vie

    Commenter  J’apprécie         80

    Danieljean

    Danieljean

    26 décembre 2015

    ...j’étais parti aux États-Unis pour faire une enquête sur les NDE
    [expériences de mort imminente].

    J’étais tenaillé par une grande angoisse de la mort depuis l’âge de 17 ans.
    En arrivant là-bas, à ma grande surprise, j’ai découvert le champ des soins palliatifs.
    Si, avant mon départ, on m’avait dit qu’il existait des accompagnants de fin de vie,
    j’aurais pensé que c’étaient des fous furieux...
    ou des croyants.

    Commenter  J’apprécie         60

    Danieljean

    Danieljean

    26 décembre 2015

    La rencontre avec ma femme avait contribué à m’apaiser un peu,
    ainsi que certaines retrouvailles avec la nature.
    Mais grâce à ces accompagnantes de fin de vie,
    je me suis rendu compte que la mort n’est morbide
    que si on l’occulte.

    Et j’ai guéri de mon angoisse.

    Commenter  J’apprécie         80

    rkhettaoui

    rkhettaoui

    04 août 2017

    Quand une personne va mourir, son énergie vitale baisse, ses sens s'affaiblissent, ses rapports avec l'extérieur s'amenuisent et c'est un peu comme si l'on fermait progressivement les volets d'une maison. Enfermée à l'intérieur, la conscience ne perçoit plus rien du monde. En revanche, elle aperçoit son propre reflet dans les vitres aux volets fermés et s'imagine que c'est le monde. Evidemment, la conscience se trompe. Elle se monte un cinéma.

  • Personnes vulnérables

    Il y a plusieurs années déjà que mes parents ont basculé dans la catégorie des personnes vulnérables.

    Un discernement insuffisant, une confiance aveugle, un manque de lucidité. 

    Leur état cognitif ne leur permettait plus de ressentir les situations, de se méfier des bonimenteurs et ils sont légions. D'autant plus envers les personnes âgées, des proies idéales.

    Mes parents vivaient en Bretagne et j'habitais encore en Savoie quand les choses ont commencé à aller mal. 

    Même si j'allais les voir tous les ans, deux ou trois séjours de deux à trois semaines et que je leur téléphonais tous les dimanches soirs, il arrivait toujours des événements que je découvrais trop tard. Ils détestaient que je m'occupe de leur vie, que je les "surveille" comme ils disaient. 

    L'achat d'un mobilhome, quatre mille euros au-dessus de sa valeur réelle. Ils s'en sont servis deux semaines en deux ans avec un coût de trois mille euros par an pour l'emplacement. Un mobilhome vendu par un "ami" voisin. 

    La signature d'un contrat pour une mutuelle alors qu'ils en avaient déjà une. Six mois de procédure pour que je parvienne à faire annuler ce contrat. Signé lors d'un passage d'un "commercial" au domicile.

    Réfection totale du crépis de leur maison après le passage d'un "expert" qui leur a affirmé que la maison était attaquée par la mérule. Traitement de toute la charpente et remplacement de toute l'isolation des combles. Cette maison n'en avait absolument pas besoin. J'ai fini, après avoir découvert tout ça, par tomber sur le diagnostic fait pour l'achat. Tout était impeccable. Deux ans plus tard, il était impossible que de tels dégâts aient eu lieu. 

    Achat et construction d'une véranda avec un surcoût injustifié en fin de construction malgré la signature d'un devis. 

    Achat d'une voiture alors qu'ils avaient chacun un certificat  médical attestant de leur incapacité à conduire. Le vendeur ne leur a même pas fait essayer la voiture. Une vente deux mille euros au-dessus de l'argus. Menace de procédure judiciaire pour finir par récupérer 90 % de la somme. 

    Je ne compte plus en dix ans les situations dans lesquelles ils ont été grugés. 

    Il fallait que je les questionne à chaque appel pour savoir s'ils n'étaient pas encore tombés dans un piège commercial. Des panneaux solaires, une nouvelle cuisine, une nouvelle chaudière au fuel, trois tentatives d'arnaques que j'ai pu stopper à temps. 

    Et puis sont apparus des problèmes bien plus graves encore : la prise anarchique de médicaments. Leurs troubles de la mémoire : ils pouvaient prendre un médicament deux, trois fois de suite, croyant l'avoir oublié. Mon père hospitalisé pour avoir bu dans la même journée cinq sachets de movicol. Il s'est "vidé" et déshydraté, en pleine canicule. Délire et perte de conscience partielle.

    Sachant qu'ils prenaient des médicaments pour des troubles cardiaques, ça ne pouvait plus durer comme ça. J'ai mis en place un passage quotidien d'infirmiers et infirmères à domicile. 

    Puis est venu le problème des repas. Ma mère ne parvenait plus à cuisiner et mon père ne l'a jamais fait. Je me souviens d'une tarte aux oignons, ni la pâte ni les oignons n'étaient cuits. J'ai mis en place un portage de repas à domicile.

    Et puis est venu le problème de la propreté. Les troubles de la vue. Ils ne voyaient plus l'état de la maison, ni même celui de leurs vêtements. J'ai mis en place l'entretien de la maison et du linge deux fois par semaine. 

    Ma mère n'utilisait plus la machine à laver, elle ne savait plus s'en servir. Mon père non plus. Le linge "lavé" à la main dans une bassine.

    Puis ils ont commencé à se perdre dans le quartier, une promenade d'un kilomètre et ils ne trouvaient plus le chemin de la maison. Les gendarmes ou des voisins les ramenaient. Et parfois, l'un d'entre eux partait tout seul, sans même prévenir l'autre, sans téléphone portable, sans le carnet que je leur avais fait avec leur identité, leur groupe sanguin, la liste des médicaments qu'ils prenaient, mon téléphone.

    Des années de dégradation continuelle.

    Et de personnes vulnérables ils sont passés à celui de personnes en danger.

    Et j'ai réalisé un jour que j'étais devenu le parent de mes parents.

    Le médecin de famille, les infirmières, les personnes qui livraient les repas, le kiné qui a suivi ma mère après la deuxième opération pour une prothèse de hanche, tout le monde me disait la même chose : "Ils ne peuvent plus rester dans leur maison."

    Et c'était terrifiant parce que je savais qu'ils ne voudraient pas partir. Les problèmes de santé se sont multipliés.

    Chaque coup de  téléphone me faisait craindre le pire. 

    Lorsque le scandale Orpéa a éclaté, j'ai lu sur les réseaux sociaux de nombreux commentaires virulents contre les enfants qui placent leurs parents dans une maison de retraite, un ehpad, une structure d'accueil. C'est tellement facile quand on n'a aucune idée de ce que ça signifie de devoir s'occuper de ses parents, seul, à mille kilomètres de chez eux.

    On a déménagé dans la Creuse il y a deux ans et j'ai fini par trouver une structure à quarante kilomètres. La dernière année où ils étaient en Bretagne, j'ai fait huit séjours de deux semaines avec eux. Je gère la totalité des démarches administratives depuis cinq ans. 

    Je sais ce que j'ai fait pour eux, je sais ce que je fais encore, je sais ce que je ferai jusqu'à leur mort.

    Et pourtant, j'ai des bouffées de culpabilité. 

    Dans le village de Bessans et la vallée de la Haute Maurienne en général, on voit des maisons à trois étages, des bâtisses imposantes. Autrefois, les "vieux" vivaient en bas, les enfants devenus adultes étaient au premier étage et les jeunes enfants tout en haut. Les anciens s'occupaient du jardin, ils gardaient les enfants, ils cuisinaient, ils bricolaient, ils vivaient jusqu'au bout, chez eux. La maison passait de génération en génération. Aujourd'hui, pour posséder une maison de cette dimension, il faut en avoir hérité ou avoir un salaire de ministre. Mais même si ça avait été mon cas, je n'aurais pas voulu de mes parents à côté de moi et Nathalie. C'est sans doute cette constatation qui alimente la culpabilité.

    L'histoire familiale est complexe.

    Chacun fait comme il peut, au regard de ce qu'il porte. 

     

     

  • Acharnement médical

    Mes parents sont en fin de parcours. 

    AVC pour chacun d'entre eux, il y a quatre ans pour ma mère, trois ans pour mon père.

    Troubles cognitifs spatio-temporels majeurs et qui se sont considérablement aggravés, mois après mois.

    Dégénérescence sénile.

    Mon père est quasiment aveugle, glaucome sur chaque oeil. 

    Ma mère est atteinte par la dégénrescence maculaire, elle ne peut plus lire.

    Leur mémoire s'efface. Ils ne se souviennent plus de mon frère décédé, ni de son fils, ni de mes enfants, ni du prénom de ma femme.

    Ils se souviennent encore de moi. Je les vois une fois par semaine. J'ai réussi à trouver une place dans une résidence à quarante km de la maison. Je n'ai plus à faire 500 km pour aller passer du temps avec eux. 

    Si je m'en vais et que je reviens dix minutes après, ils se réjouissent de me revoir en ayant totalement oublié que je viens juste de les quitter. Ils sont heureux dans l'instant. Juste quand je suis là.

    La résidence est la plus renommée de tout le département, à juste titre, et j'admire infiniment le personnel. Des femmes dévouées, attentives, énergiques, toujours pleine d'entrain, une joie communicative, des animatrices qui redoublent d'inventivité. Beaucoup de résidents sont en fauteuil roulant. Certains ne communiquent plus du tout. Quand ils ne sont plus là, c'est qu'ils ont été hospitalisés ou qu'ils sont morts.

    Dans les trois dernières semaines, mon père est tombé deux fois, la nuit, en voulant aller aux toilettes. Perte de conscience, saignement important à la tête, points de suture, hospitalisation, de multiples examens.

    Dans la même période, ma mère est tombée et s'est fracturée le fémur. Opération lourde, avec une broche. Elle doit restée alitée encore trois semaines. Le personnel médical doit la sédater et l'immobiliser par des sangles ventrales parce qu'elle ne comprend pas qu'elle doive rester allongée. Elle ne parvient pas à parler tellement elle est "shootée".

    Mon père a 87 ans, ma mère 86.

    Depuis plus de dix ans, ils sont traités chmiquement pour des pathologies cardiaques. Sans ces traitements, ils seraient morts. A la suite de leur AVC, je leur ai fait remplir le formulaire des directives anticipées qui s'opposent à l'acharnement thérapeutique. Ils étaient encore suffisamment conscients à l'époque pour comprendre de quoi il s'agissait. 

    Mais aujourd'hui, quand je pars, je sais qu'ils pleurent tous les deux et j'ai suffisamment parlé avec eux pour savoir que plus rien ne les retient ici bas. Notre histoire familiale et la mort de mon frère à 39 ans a jeté une plaque de béton sur la question de la mort. Tout autant que pour la vieillesse. Mes parents ont été dans un déni absolu de leur dépérissement. Jusqu'à ce que ça leur tombe dessus. Ils adoraient marcher, c'était une habitude quotidienne avec celle de leur jardin et de leurs fleurs. 

    Je pense aujourd'hui que de les maintenir en vie, coûte que coûte, relève de l'acharnement médical. J'ai pris conscience de ça le jour où je me suis rendu compte que leur mort serait davantage un soulagement qu'un flot de tristesse. Non pas un soulagement pour moi mais pour eux.

    Les troubles de la mémoire sont dévastateurs sur l'individu. On n'imagine pas à quel point. Une personne âgée a toujours la possibilité de se réjouir des beaux souvenirs. Là, pour mes parents, il ne reste rien. Ils ne se souviennent pas de leur vie, de leur couple, des voyages, de leurs deux maisons. Ils ne se souviennent pas de mon frère. 

    J'ai demandé à mon père à quoi il pensait et il m' a répondu : " à rien" - Comment ça à rien ? - Ben non, j'ai plus rien."

    Effroyable.

    Un regard vide qui me fixait sans me voir.

    Quelques jours sans médicaments et son coeur s'arrêterait. Personne ne prendra cette décision. C'est impensable.

    C'est bien facile de se guausser d'avoir augmenté l'espérance de vie. Il aurait fallu se demander si ça en valait la peine, à tous prix, en toutes circonstances.

    Cette espérance de vie qui sert d'ailleurs d'argument pour le recul du départ à la retraite.

    La qualité de vie, voilà ce qui importe, voilà ce qui relève de l'humain avant de la confier à la médecine. La qualité de vie de mes parents, elle se limite à être en sécurité, accompagnés par un personnel compétent. C'est immense, énorme, magnifique, je ne dirai jamais le contraire. J'ai vu ces personnes âgées en Turquie et en Syrie, réfugiées sous des tentes. Mes parents sont nourris, chauffés, lavés, soignés, ils peuvent participer à des activités, à des groupes de paroles. Leur situation n'est pas dramatique.

    La question que je me pose aujourd'hui, c'est de savoir si elle a un sens.

    Je leur parle de la mort et de tout ce que j'ai lu sur le sujet. Je leur parle de ce que j'ai vécu. Et des quelques échanges que j'ai eus avec mon frère après sa longue période de coma, de ses souvenirs et des miens.

    Hier, je leur ai raconté des témoignages dans le livre "En route vers Oméga" de Kenneth Ring. Je leur ai lu aussi des passages de "La source noire" de Van Eersel. Et d'autres passages de "La vie après la vie" de Raymond Moody. Je ne sais pas ce qu'ils connaîtront le jour où ils mourront, personne ne peut le savoir mais il m'est toujours possible de leur apporter quelques visions moins cauchemardesques que celles qu'ils ont peut-être en tête. Je n'en sais rien puisqu'ils refusent d'en parler. Mais je sais pour m'occuper d'eux depuis de nombreuses années que la simple idée de la mort est une douleur profonde. 

    Il n'en est pas de même pour moi. J'ai déjà "voyagé" assez loin pour attendre l'inévitable exploration avec une très grande curiosité. 

  • Sauver tout ce qui vit

     

    Les sauveteurs, qu'ils soient professionnels ou pas, il faut les imaginer descendre dans les décombres, sous des dalles, au milieu des fers tordus, dans le chaos du béton, des gravats, de cette destruction effroyable. Comme dans toutes les catastrophes naturelles, la solidarité, l'entraide, le courage, la détermination, la volonté deviennent les maîtres mots, l'idée commune : sauver tout ce qui vit. L'humain dans ce qu'il a de plus puissant et de plus beau. 

    Mais qu'en restera-t-il dans quelque temps ? Peut-on espérer que cette solidarité reste ancrée à tout jamais ? Peut-on espérer que l'humain ne soit que cela, qu'il soit essentiellement nourri par tout l'amour qu'il porte ? 

    Encore une fois, l'actualité rejoint ce que j'écris. Le tome 4 de la tétralogie se concentre sur les survivants, sur les effets les plus profonds du traumatisme vécu. Que reste-t-il en soi lorsqu'on a connu le pire cauchemar ? Et faut-il donc que l'humain en arrive à de telles extrémités pour qu'émerge enfin l'amour de la vie, sans aucune restriction, de nationalités, de religions, de couleur de peau, et même au-delà de l'humain ? 

     

     

     

     

     

  • Logos : la raison du monde

     

     

    LOGOS

    Logos désigne le discours (textuel ou parlé). Par extension, logos désigne également la « rationalité, » l’intelligence, conséquente à la capacité à utiliser une langue.

    Dans la philosophie platonicienne, le logos est considéré comme la raison du monde.


    L’idée de Logos a été développée par Anaximandre, Pythagore, Thalès, Héraclite, Parménide, Anaxagore, Démocrite…

    Tous ont édicté une idée similaire : le réel est intelligible. Pour ces philosophes, l’Univers (le Tout) est un ensemble ordonné, le cosmos. Il est donc nécessairement organisé par une puissance de vie inconnue mais compréhensible (la Nature), selon des principes logiques (des lois), que nous pouvons comprendre par la pensée réfléchie, le Logos.

    L’idée de sagesse ne peut s’élever que si l’homme parvient à harmoniser l’ordre de sa vie à l’ordre de la Nature.

    « Il y a pour les Éveillés un monde unique et commun mais chacun des endormis se détourne dans un monde particulier. » Héraclite.

    Les Éveillés, ce sont ceux qui ont assimilé à la fois l’ordre de la pensée et l’ordre de la Nature.

    Ce qu’Héraclite nomme le Logos correspond au Dharma de Bouddha, au Tao de Lao Tseu, à la phusis (principe vital qui anime l’Univers) des Épicuriens, l’âme du monde des Stoïciens ou encore le Dieu de Spinoza (Deus sive Natura : Dieu, c'est-à-dire la Nature.)

    Il ne s’agit bien entendu pas de la Nature dans son sens d’environnement mais de la nature de la Nature. 

    Si nous voulons parvenir à la liberté par la sagesse, nous devons comprendre la nature de la Nature.

     

    « Rien n’est sans raison », disait Leibniz.

     

    Voilà le défi. Comprendre par la raison, la raison du Tout ou la nature de la Nature elle-même.

    C’est là que cette raison, aussi exceptionnelle soit-elle, m’interpelle et me trouble. La raison n’est pas seulement source de la logique, de l’entendement, des mathématiques, des sciences… Elle est aussi ce par quoi nous pouvons avoir accès à l’intuition. Non pas la générer elle-même mais parvenir à s’effacer pour que l’intuition surgisse. L’intuition a besoin pour se manifester de se sentir aimée et que la raison en accepte la flamboyance. C’est une osmose indispensable au risque que l’intuition ne jaillisse jamais ou qu’une fausse raison vienne l’affadir, la rationaliser, la clore dans un cadre reconnu.

     

    Il s’agit donc, à mon sens, de trouver cet équilibre entre la raison et la nature de la Nature en nous. C’est là le sens du Tout.

    La raison est à la source du bon sens. Elle n’est pas que raisonnement mais également résonance avec ce Tout.

     

    Nietzsche parle de la sagesse du corps comme une raison supérieure.

    « Il y a plus de raison dans ton corps que dans ta meilleure sagesse. »

     

    L’intuition est une pensée directe sans le passage par le raisonnement. Ne serait-ce pas la plus grande sagesse que d’y parvenir en toutes circonstances ? De parvenir à rester ancré dans la compréhension du réel en joignant la raison à cette perception directe, spontanée, immédiate, fulgurante…


     

    L’intuition est la captation directe du réel par la conscience alors que la raison explore longuement ce réel jusqu’à en faire « sa » réalité…

    Mais il est délicat de s’en tenir à cette intuition dès lors que s’y adjoint une raison non domptée, un catalogue de conditionnements jamais analysés. Car cette intuition peut n’être dès lors qu’une extension de cette raison falsifiée, une sorte d’enluminures, une hallucination.

    Il me semble indispensable pour atteindre cette sagesse d’établir au préalable un état de conscience absolument libre. Non pas qu’il soit possible de se défaire intégralement des données éducatives, des concepts issus de la société, de la morale, de l’autre… Mais il est possible d’en établir la liste, d’en identifier chaque paramètre, comme un archéologue.

    Je ne crois pas que l’intuition puisse être libre si la raison ne l’est pas.

    Connaître les errances intérieures permet d’œuvrer à la lucidité. C’est là que l’intuition peut naître.

    Je ne crois pas à un état de béatitude absolu, pas à mon niveau, je n’en ai pas le potentiel. Mais je peux me lancer sur la route. Raisonnablement et intuitivement, les deux entités associées dans un cheminement commun, une osmose constante.

    Qu’en est-il de cette intuition ?

    Elle contient à mon sens la nature de la Nature.

    « Quelle est la nature de ce problème ? »

    L’expression s’intéresse non pas au problème lui-même mais à sa source.

    Je voudrais comprendre la nature de la Nature…

    Quelle est sa source ?

    A-t-elle une intention ?

    La question de l’intelligence de la Nature ne se pose plus pour moi. C’est une évidence. Mais je n’en ai aucune preuve. Je n’ai pas un niveau de connaissances suffisant. C’est juste une intuition… Justement.

    Est-ce que la Nature elle-même éveille cette intuition en moi ou est-ce juste une imagination débridée, un désir qui prendrait forme, qui se persuaderait lui-même d’avoir raison. La raison… Dans ce simple exemple, on voit bien à quel point, il est déraisonnable de se croire maître de la raison.

    On peut trouver de multiples raisons aux errements de notre raison. Jusqu’à justifier les pires folies. L'histoire de l'humanité déborde de raisons folles. 

    Mais, voilà, je suis une énigme pour la science. Trois hernies discales, jambe gauche paralysée à plusieurs années d'intervalle. Une médium magnétiseuse. Quatre heures entre ses mains, entre ses mots. Je suis sorti en marchant, j’aurais pu rentrer chez moi à pied.

    Je portais l’âme de mon frère et mon dos n’en pouvait plus. Mon âme mortifiée coulait son mal être dans ma colonne, la pièce qui tient debout… Dans quelle dimension étais-je parti ? Qui est intervenu ? Qui a libéré l’âme de mon frère ? Comment cette entité a-t-elle fait entrer dans leur fourreau mes disques vertébraux ? Médicalement parlant, c’est impossible… 

    La Nature a une intention, une capacité d’intervention. Comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs ? De quel droit pourrions-nous considérer que l’entité créatrice n’a pas de pouvoir d’intervention ? La source de Tout n’aurait aucun pouvoir sur elle-même ?

    C’est absurde.

    Je ne crois pas que nous soyons lancés dans la vie sans intention. Il y a quelque chose à comprendre. La nature de la Nature. Quel est son projet ?

    La Vie a ouvert une brèche en moi. Une déchirure dans le voile qui couvrait ma conscience. Pourquoi ?

    J’ai l’intuition qu’il s’agissait de m’apprendre à user de ma raison, à en user pleinement, non pas dans les schémas archaïques des transmissions mais dans un cheminement individuel, épuré.

    J’ai eu l’intuition d’une vraie raison.

    Certains verront dans cette affirmation un ego démesuré, un esprit trop malmené pour pouvoir établir un raisonnement objectif.

    Que signifie donc cette injonction à être objectif ?

    « 1. Dont la réalité s'impose à l'esprit indépendamment de toute interprétation : S'en tenir à la réalité objective. 2. Qui ne fait pas intervenir d'éléments affectifs, de facteurs personnels dans ses jugements : Un témoin très objectif. »

    J'entends bien l'idée mais se pose alors la question de la réalité. La rémission de mes trois hernies par l'intermédiaire d'une médium magnétiseuse et le rétablissement quasi immédiat du fonctionnement de ma jambe gauche n'ont aucune réalité aux yeux de la médecine. C'est physiologiquement impossible. J'ai donc vécu une expérience qui n'entre pas dans la réalité si on limite cette réalité à la raison cartésienne.

    Alors, c'est qu'il existe une autre réalité ou plutôt, il existerait bien une réalité mais elle serait limitée à la vision humaine et il y aurait au-delà de cette enceinte de la raison un réel. Un réel dans lequel autre chose est possible. Et pour y accéder, il faudrait être dans un état d'abandon absolu, soit accidentellement et c'était mon cas, soit volontairement, par l'entremise de la méditation par exemple. Je relis en ce moment l'ouvrage de Kenneth Ring "En route vers Oméga". Une étude sur les expériences de mort approchée. Des phénomènes qui n'existent pas aux yeux de la raison médicale et qui concerne pourtant des millions de personnes, partout sur la planète et depuis bien longtemps.

    Non, le logos ne suffit pas, la raison n'explique pas tout, la logique n'est pas une vérité absolue, la réalité n'est pas le réel.

    La réalité et le réel.

    La réalité signifiante et le réel.

    La rationalité

     

    En route vers Oméga par Ring
    AJOUTER À MES LIVRES


    Anik Doussau (Traducteur)

    EAN : 9782753804678
    346 pages

    LES EDITIONS DU ROCHER (11/06/2009) AUTRES EDITIONS

    4/5   2 notes

    RÉSUMÉ EDITEURRÉSUMÉ MEMBRES

    HISTORIQUEMODIFIERLIRE


    Huit millions d'américains ont vécu une expérience de mort imminente : déclarée morte cliniquement, une personne revient pourtant à elle. Elle vit alors des phénomènes troublants, tels que des flottements hors du corps, apparition d'une lumière blanche ou encore défilé des images de sa vie. L'ouvrage évoque les différents témoignages de ces centaines de rescapés, revenus de loin... Pendant trois ans, le Dr Ring s'est consacré à la recherche du sens de ce phénomène particulier. Certaines personnes ont vécu des expériences extraordinairement profondes. Elles en ressortent complètement changées, comme si cette expérience de mort imminente réveillait de manière puissante le développement psychique. Les conclusions sont à la hauteur du travail d'enquête : incroyables. Les expériences de mort imminente signaleraient une évolution de conscience à laquelle toute l'humanité est promise. Elles annonceraient la nouvelle conscience humaine qui nous mène sur la route d'Oméga, l'objectif final de toute l'évolution humaine.

  • La violence faite aux animaux

    http://www.leslilasecologie.fr/2017/02/florence-burgat-l-institution-de-l-alimentation-carnee-reflete-un-desir-tres-profond-de-l-humanite.html

     

    Florence Burgat : « L’institution de l’alimentation carnée reflète un désir très profond de l’humanité »

     

    Pourquoi l’humanité met-elle à mort des animaux pour les manger ? Pourrait-elle s’en passer ? Comment et pourquoi ? La philosophe Florence Burgat réfléchit aux raisons de la violence faite aux animaux, guidée par le souci d’étendre leurs droits. Un bel entretien avec Florence Burgat, par Lorène Lavocat pour Reporterre le 2 février 2017.

    Lire aussi L'avis des bêtesPour un secrétariat d'État à la condition animale, et    Le véganisme est-il un humanisme ?... et aussi De nouvelles préconisations nutritionnelles... Pas d'usine, on cuisine !

    Florence Burgat : « L’institution de l’alimentation carnée reflète un désir très profond de l’humanité »

    Florence Burgat est philosophe, directeur de recherche à l’Inra, détachée aux Archives Husserl de Paris (ENS-CNRS). Ses recherches portent sur les approches phénoménologiques de la vie animale ; la condition animale dans les sociétés industrielles : le droit animalier (épistémologie juridique) ; l’anthropologie de l’humanité carnivore, à laquelle elle consacre son nouveau livre, L’humanité carnivore (Seuil).

    Reporterre - Comment en êtes-vous venue à vous intéresser à la cause animale ?

    Florence Burgat - Ce sont des images d’abattage que j’ai vues par hasard dans un film portant sur tout autre chose. En quelques instants, la viande a pris à mes yeux un sens totalement différent et je me suis mise à associer à cette chair inerte la réalité de son processus d’engendrement. J’ai alors pris une décision réfléchie : si je ne voulais pas participer à ce que je venais de voir, il était impératif de cesser de manger les animaux. J’ai compris que la viande n’avait aucune autonomie, qu’elle était la chair équarrie d’un animal tué — de trois millions d’animaux tués chaque jour en France, dans ses abattoirs.

    Par la suite, j’ai décidé de consacrer mon travail en philosophie à cette question. Ma première interrogation a été la suivante : comment expliquer qu’une société comme la nôtre, policée et tranquille, puisse comporter dans ses replis des lieux où l’on égorge des animaux pour les manger alors que les ressources alimentaires dont nous disposons nous en dispensent ? Comment expliquer que nous nous accommodons si bien de cette violence, que nous nous racontons qu’elle n’existe pas ? L’abattoir est une monstruosité au sens propre du terme, une anomalie, un vice, une difformité engendrée par l’humanité carnivore, un lieu où le mal se déploie et se répète en toute impunité.

    Qu’entendez-vous par autonome ?

    Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les animaux sont abattus et vendus dans la rue. Personne ne peut se raconter que la viande sur les étals n’a rien à voir avec les animaux dont elle provient. À partir de 1850 (et de la loi Grammont portant sur les mauvais traitements envers les animaux), les premiers abattoirs sont construits, pour des raisons d’hygiène, mais aussi pour soustraire aux yeux du public la mise à mort des animaux. Pour le législateur, la banalisation de la violence envers les animaux émousse en l’homme la disposition — c’est d’ailleurs ce que dit Kant — la plus utile à la moralité : la pitié ou la compassion. Autrement dit, s’habituer à la vue du sang, à la cruauté envers les animaux, c’est s’habituer à l’ouvrier qui tapera sa femme, ou à d’autres types de violence.

    En quelques décennies, l’abattage des animaux va donc être soustrait à la vue du public. Les consommateurs n’auront plus affaire aux bouchers qui vendaient les animaux qu’ils avaient tués, mais à des commerçants dont le rôle est cantonné à la vente. Bien d’autres éléments concourent au mécanisme psychologique de « l’oubli » de l’animal dans la viande. Mentionnons parmi eux les stratégies parfaitement maîtrisées du marketing et leurs slogans publicitaires, les images trompeuses qui illustrent les « produits animaux » ou encore les discours vantant les mérites nutritionnels, prétendument irremplaçables, de la viande.

    Longtemps, j’ai cru que cette occultation du processus de mise à mort expliquait la facilité avec laquelle nous mangeons de la viande sans penser que nous mangeons en vérité des animaux. Mais à présent, cette analyse me semble relever d’une courte vue. Nous n’ignorons en fait rien de cette vérité, et les animaux entiers ou reconnaissables dans les étals des bouchers sont là pour nous rappeler qu’il s’agit bien de cadavres d’animaux qui peu de temps auparavant étaient en vie comme nous souhaitons tous le rester ! La mauvaise foi ne doit pas être évincée de l’analyse, et moins encore l’ambivalence qui est au fondement de la vie psychique. « Nous savons bien, mais quand même », pour reprendre une formule chère aux psychanalystes…

    Frans Snyders. Étal de gibier, entre 1625 et 1635.

    Frans Snyders. Étal de gibier, entre 1625 et 1635.

    L’idée selon laquelle nul (ou presque) ne veut renoncer à l’alimentation carnée s’est confirmée au moment de la diffusion des images de L214. La médiatisation des vidéos faisant la lumière sur la mise à mort des animaux dans les abattoirs aurait dû, si nous étions vraiment dans « l’oubli » de cette généalogie, entraîner une réaction massive de rejet de cette viande, dont la vérité était révélée. Il n’en fut rien, même si le véganisme a le vent en poupe, comme on dit. En effet, de nouvelles stratégies surgissent, de nouveaux discours œuvrent à pérenniser la consommation de « viande », qu’il est pourtant désormais impossible de dissocier de la mise à mort des animaux.

    Dans mon livre L’Humanité carnivore, je montre en quoi l’institution de l’alimentation carnée reflète un désir très profond de l’humanité, qui n’est bien sûr pas à entendre comme l’agrégat des individus, mais comme une entité qui prend conscience d’elle-même en se pensant contre l’animalité. La manducation [Ensemble des actions mécaniques qui constituent l’acte de manger, NDLR] des animaux ne répond plus depuis longtemps à une nécessité ; l’enjeu est métaphysique et identitaire dans cette violence très singulière qui ne consiste pas simplement à tuer, mais à manger, c’est-à-dire à absorber, digérer, excréter.

    L’horreur que nous inspire le cannibalisme confirme la spécificité de la violence propre à la manducation qui suit une mise à mort. Les anthropologues ont en effet mis au jour un « cannibalisme de gourmandise », où des hommes mangent d’autres hommes « parce c’est bon ». Il peut être curieux de penser que le cannibalisme nous répugne plus que la torture, qui constitue une situation où l’autre continue à être tenu pour un sujet qui doit répondre à une question. La manducation, qui implique un processus de décomposition, ravale celui qui est ainsi traité à un rang qui ne peut être comparé à aucun autre. Quoi de plus absolu que la manducation pour affirmer une forme d’anéantissement d’autrui ?

    Et quelles sont les pistes de réponse que vous avez pu trouver pour expliquer l’attachement de l’humanité à la manducation des animaux ?

    Il n’y a pas une explication simple, d’une part, et l’on ne peut pas s’en tenir à l’Occident moderne et technicien, d’autre part, car c’est l’humanité tout entière qui est embarquée. C’est finalement à l’archéologie de la violence que la question de l’humanité confronte.

    La violence de la manducation, quand elle s’institue, serait consubstantielle au moment où l’humanité prend conscience d’elle-même comme d’une entité séparée des animaux ; c’est du moins ainsi que, métaphysiquement, elle se pense. Elle aurait pu se penser autrement, et le transhumanisme qui se prépare constitue peut-être une définition entièrement neuve de l’humanité. Il est frappant de constater que même les sociétés dites « continuistes », qui, ne posant pas de coupure radicale entre l’humain et les non-humains, qui considèrent les animaux comme leurs lointains parents, les tuent et les mangent. Les rituels de « pardon » ne sont que des mascarades.

    Frans Snyders. Nature morte avec fruits, gibier mort, légumes et singe, écureuil et chat vivants, avant 1657.

    Frans Snyders. Nature morte avec fruits, gibier mort, légumes et singe, écureuil et chat vivants, avant 1657.

    C’est dans le dernier chapitre de mon livre que je tente de montrer comment l’humanité pourrait changer de régime. Ce changement ne serait pas motivé par un sursaut moral ou éthique, mais pourrait être la réponse aux problèmes environnementaux et aux injustices causés par l’élevage. La végétalisation de l’alimentation pourrait s’imposer pour des questions de survie d’une humanité extraordinairement nombreuse. Si ce renversement advient, je pense que la cuisine végane, les viandes végétales, la viande in vitro [fabriquée à partir de cellules musculaires d’animaux] pourraient tout à fait continuer à occuper la place de la viande. Grâce à ces similicarnés, nous pourrions passer à un autre régime tout en pensant que nous mangeons toujours des animaux. Le marketing pourra en l’occurrence jouer un rôle déterminant, comme il joue actuellement un rôle déterminant dans l’édification de nos représentations de la viande que nous mangeons, en ménageant sciemment une distance avec les animaux dont elle provient. C’est lui qui forge de bout en bout nos représentations de la viande, de l’animal.

    Faites-vous une distinction entre différents types d’élevages, de chasses ? N’y a-t-il pas notamment une différence à faire entre un élevage industriel et un élevage paysan ?

    
Les pratiques d’élevage incriminées dans le contexte de l’industrialisation — la séparation des animaux, la contention, les pratiques de mutilation — sont aussi anciennes que l’élevage. Par exemple chez les Romains, pour que les volailles grossissent sans bouger, on les mettait dans des poteries, puis dans des petites cages. Le processus est le même, seulement, il s’aggrave. L’élevage d’antan faisait en petit ce que l’élevage industriel fait en grand. La sélection génétique des animaux était réalisée par bricolage empirique, aujourd’hui elle utilise les outils de la génétique. Mais fondamentalement, l’élevage industriel n’a rien inventé. La différence tient dans des moyens scientifiques et techniques qui permettent à l’industrie de l’élevage d’enrôler dans son entreprise un nombre considérable d’animaux.

    Antoine van Dyck et Frans Snyders. Chasse au sanglier, vers 1619.

    Antoine van Dyck et Frans Snyders. Chasse au sanglier, vers 1619.

    Pourrait-on imaginer créer un élevage qui respecte les animaux ?

    
Que signifie « respecter les animaux » ? Estimez-vous que faire naître dans le but d’engraisser rapidement un individu dans le but de le tuer pour le manger s’accommode avec le « respect ». Que respectez-vous dans un tel contexte, même si vous créez des conditions de vie convenables pour les animaux ? Le mot ne va pas. Je pense qu’il peut y avoir des règles du métier, une déontologie, un cahier des charges. Mais le respect, qui est un terme très fort, dont la connotation est d’abord morale, est incompatible avec le « meurtre avec préméditation » par lequel certains auteurs qualifient l’élevage pour la boucherie.

    Bien sûr, il peut y avoir des conditions de vie différentes d’un type d’élevage à l’autre, mais aussi d’un éleveur à l’autre. Mais si l’on respecte les animaux, par principe, on fait autre chose qu’un métier qui vit de la mort, qui plus est en bas âge, des animaux.

    Un collègue végétarien me rapportait une remarque qu’on lui avait faite : « Un animal qu’on aurait bien soigné, qui aurait eu une bonne vie, cela te gênerait-il de le manger ? » Sa réponse est d’après moi très intéressante : « En somme, tu me demandes si cela me gênerait de manger mon chat. »

    Pourquoi fondamentalement ne faut-il pas manger des animaux ?

    Dans la mesure où nous ne sommes plus les charognards que nous avons été durant le paléolithique, manger les animaux revient à les tuer, et à les tuer en masse, puisque l’humanité est carnivore. On a envie de retourner la question à l’envoyeur : pourquoi la boucherie est-elle une bonne chose et pour qui ? Nous ne sommes pas dans des situations de survie ou de légitime défense qui, seules, justifient à mes yeux la mise à mort.

    Dans deux précédents ouvrages de phénoménologie animale, j’ai montré que la vie animale est individuée, subjective. Contrairement à une vision contemporaine qui fait de l’animal un « simple vivant » et de l’homme un « existant », il faut convenir du fait que l’animal en face de moi est aussi un existant qui n’a qu’une vie à vivre, que son existence est singulière et que c’est la sienne. Aucune autre vie ne peut la remplacer. Voilà ce que l’éleveur de boucherie ne voit pas : il pense au mieux l’animal comme un élément d’un ensemble (le troupeau). La vie animale est elle aussi persévérance dans l’être.

    Et que faites-vous des relations de prédation : il y a bien des animaux qui mangent d’autres animaux…

    Certains animaux, les carnivores physiologiques, tuent d’autres animaux pour se nourrir, en effet. L’homme est un omnivore physiologique, qui peut donc adopter plusieurs régimes alimentaires. L’humanité n’a jamais été aussi libre qu’aujourd’hui pour choisir son régime. Et il n’est pas un prédateur comme un autre : il est armé de puissants artéfacts… Par ailleurs, il est curieux de voir que, s’agissant de l’alimentation carnée, l’interlocuteur qui la défend se plaît tout à coup à se présenter comme un « animal comme un autre », un vulgaire prédateur qui aurait lui aussi le droit naturel de tuer d’autres animaux. Alors que c’est évidemment en raison d’une position de surplomb, de supériorité sur le monde animal que nous avons institué un système dans lequel les animaux sont systématiquement les perdants, et l’homme le gagnant.

    Frans Snyders. Lion tuant un sanglier.

    Frans Snyders. Lion tuant un sanglier.

    Qu’en est-il des végétaux ?

    Les dissertations sur la vie végétale arrivent à un certain point de la conversation pour noyer le poisson, si l’on ose dire. Les plantes seraient elles aussi douées de sensibilité, etc. de sorte que les manger serait un geste aussi problématique que celui qui consiste à égorger un mammifère. L’argument manque de finesse et de discernement. La sensibilité ainsi entendue peut être une irritabilité, une réaction à une situation. Les plantes n’ont pas de soi, de vie personnelle, d’expérience en première personne.

    Je mentionne ici quelques-uns des critères phénoménologiques qu’il faut prendre en compte. L’animal vit sa vie en première personne, c’est lui qui est sujet de ses expériences. Qu’est-ce qui atteste dans le comportement de la plante cette autonomie, cette liberté, cette spontanéité, cette épreuve de la vie et de la mort qui sont ce qui rassemble dans un même ensemble ontologique humains et animaux ?

    Si nous devions établir des droits des végétaux, il faudrait fonder ces droits sur d’autres critères que ceux qui fondent les droits fondamentaux humains et ceux sur lesquels doivent de même être fondés ceux qu’il faut conférer aux animaux. Je veux parler du critère de la sensibilité : l’être sensible fait l’expérience de la douleur, précisons : de sa douleur.

    On voit quand même des avancées, il y a des évolutions juridiques… par exemple, l’animal a été reconnu comme un être sensible.

    Oui, vous avez raison. Des signes d’une évolution sont indéniables. La prise de conscience, comme on dit, précède toujours le changement dans les comportements et dans les pratiques. Le travail de déconstruction que nous faisons — les philosophes, les historiens, les juristes — joue un rôle déterminant dans la prise au sérieux d’un problème tourné en ridicule il y a encore très peu de temps. Dans les milieux universitaires, la question animale suscite beaucoup moins de la brutalité verbale et d’exclusion qu’il y a quinze ans. Quand j’ai commencé à travailler sur la « question animale », j’étais complètement isolée et mes amis à l’université jugeaient cette option de recherche suicidaire, du point de vue de la carrière. Je constate que plusieurs collègues ont modifié leur façon de penser et… leur façon de se nourrir. Une minorité, certes.

    Frans Snyders. Le Concert des oiseaux, vers 1630

    Frans Snyders. Le Concert des oiseaux, vers 1630

    Que pouvons-nous faire, chacun d’entre nous, pour la défense de la cause animale ?

    Bien des choses, selon ce qui nous touche le plus. Certains sont révoltés par la fourrure, d’autres par la corrida, d’autres encore par la chasse, d’autres par les abandons d’animaux dits de compagnie. Renoncer aux produits animaux constitue l’acte le plus important, et il est celui qui commande tous les autres. On n’a jamais vu un « végétarien éthique » être pour la fourrure, la corrida et les mauvais traitements envers les animaux ! C’est aussi l’acte le plus contraignant d’un point de vue moral en tout cas, le plus volontaire — tandis qu’être contre la chasse ou la corrida, voilà qui ne demande pas grand effort.

  • Séisme

     

    J'a lu tout ce que je trouvais et visionné tout ce qui était proposé. Ce séisme en Turquie et en Irak est évidemment effroyable. Les images sont sidérantes, les immeubles qui s'effondrent, des survivants sous les décombres, des enfants que les sauveteurs parviennent à extraire et qui n'ont plus de famille. Des traumatismes qui ne s'effaceront jamais.

    Et puis il y a tout ce qui concerne la survie et qui m'intéresse particulièrement, toute cette fragilité des zones urbaines, cette dépendance très lourde envers les réseaux alimentaires, l'eau potable, l'électricité, le carburant, et les conditions climatiques très dures en ce moment. Et tout cela me ramène à cette indispensable anticipation, cette recherche de l'autonomie, cette préparation au pire. Et aux mouvements de foule lorsque les forces de l'Etat sont insuffisantes et que les pillages deviennent le seul moyen de s'en sortir.

    J'ai lu énormément de documents traitant des catastrophes naturelles, de leurs effets dévastateurs et je suis encore une fois sidéré par cette inconscience des populations au regard de leur dépendance extrême et par cette confiance aveugle dans les gouvernements, où que ce soit.

    Je n'ose même pas imaginer ce qu'il en serait ici, en France.

    Je précise que je parle uniquement des zones urbaines et non des zones rurales. Je sais bien qu'il n'aurait servi à rien d'entasser de la nourriture pour trois mois dans un immeuble qui s'est effondré. Je veux juste mettre en avant le fait que les villes vivent en flux tendu et que l'arrêt de l'approvisionnement a des effets extrêmement rapides.

    Paris intra muros vit avec trois jours de réserves alimentaires. Trois jours et il n'y a plus rien.

    Dans les zones rurales, les gens, habituellement, ceux qui sont là depuis une ou deux générations, ne vivent pas comme ça. Ils savent que l'isolement peut avoir des conséquences dramatiques.

     

    C'est le but de la tétralogie en cours d'écriture.

    Que se passerait-il si un chaos planétaire survenait ?

    J'ai parfaitement conscience que ces quatre romans ne serviront à rien, qu'ils ne seront qu'une "fiction" parmi d'autres.

    Beaucoup d'ailleurs ricanent lorsque j'évoque la possibilité d'un chaos planétaire.

    Et j'espère pouvoir continuer à rire avec eux.

     

     

  • Ecouter la nature

    Ici, dans la Creuse, il nous arrive très souvent de nous arrêter de marcher ou de courir et d'écouter. Et très souvent, il n'y aucun bruit humain, absolument aucun. À croire que même les lignes aériennes ne survolent pas le département. De la même façon, il nous arrive, lorsque nous arrivons dans un endroit surplombant de ne voir aucune trace humaine, ni maisons, ni routes, ni lignes électriques. Rien que de la forêt, c'est à dire l'inverse de "rien". Une des raisons pour laquelle nous avons quitté la Savoie. Le silence n'y existe quasiment plus, même sur les sommets, la rumeur des vallées empoisonne les lieux et les lignes aériennes y pullulent. 

      

    Accueil

    Environnement

    Éco-acoustique : enregistrer les sons de la forêt pour y étudier la biodiversité

    ABONNEZ-VOUS

    À TOUTE L'INFO DURABLE !

    Je m'abonne à la Newsletter hebdomadaire

    Je m'abonne à la Newsletter quotidienne

    En vous abonnant, vous acceptez notre politique de confidentialité.

    ENVIRONNEMENT

    Éco-acoustique : enregistrer les sons de la forêt pour y étudier la biodiversité

    Jérôme Sueur, enseignant-chercheur au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris

    ©Frederic Sebe

    15/03/2020 - Mise à jour 22/05/2020

    Connaissez-vous l’éco-acoustique ? Cette méthode d’écoute de la nature a pour objectif de tirer des informations sur l’écologie des espèces animales via des enregistrements. Jérôme Sueur, enseignant-chercheur au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris, nous éclaire sur cette discipline.  

    L'éco-acoustique est un travail d'étude à partir d’enregistrements sonores : pouvez-vous m'expliquer en quoi cela consiste ? 

    Nous enregistrons de manière globale les environnements sonores naturels avec des équipements automatiques que nous plaçons dans une forêt, un désert ou en milieu marin. Nous obtenons alors des enregistrements compliqués, avec beaucoup de sons qui s’entremêlent, et nous essayons de tirer des informations, notamment sur la présence des espèces grâce à la reconnaissance automatique sonore. Nous avons une autre stratégie qui est de ne pas forcément chercher à savoir quelles sont les espèces présentes, mais juste de compter le nombre de sons différents dans un enregistrement. Nous essayons de mesurer la quantité de son dans les enregistrements en supposant que plus nous avons de sons, plus nous allons avoir un milieu riche en termes de biodiversité. Notre troisième stratégie est encore plus globale : nous essayons d’attribuer une valeur mathématique à un enregistrement via un indice acoustique qui représente la complexité et l’hétérogénéité sonore de l’enregistrement. Plus les valeurs vont monter, plus elles vont refléter une complexité sonore et potentiellement une complexité biologique et écologique. 

    Nous essayons de rechercher des sons rares, dus à des animaux de passage très discrets comme le lynx, le loup ou encore, dans le Jura, le grand tétra qui est un oiseau emblématique difficile à observer.

    En quoi le son est un outil efficace voire plus efficace que d’autres médiums pour étudier cette biodiversité ? 

    Le son possède pas mal d’avantages, nous pouvons enregistrer de manière assez facile sans être là. Nous installons des magnétophones dans des milieux et nous nous en allons. Les enregistreurs peuvent fonctionner de manière automatique comme nous le désirons, de manière continue, irrégulière, uniquement la nuit ou le jour... Ce qui crée un pouvoir d'échantillonnage assez important. Pendant que je vous parle, nous avons des enregistrements qui se font en forêt tropicale et dans le Jura : nous acquérons énormément d’observations sans être présents. Cela nous permet aussi d'étudier les échanges gazeux dans l’eau, la respiration des plantes par exemple… 

    Qu’est-ce que la respiration des plantes ?

    Les plantes ont une fonction de respiration et dégagent des bulles qui remontent à la surface et font des petits sons assez jolis avec des modulations de fréquence. Potentiellement, nous pouvons enregistrer ces sons et en sortir des informations sur la physiologie des plantes.

    Avez-vous fait des découvertes remarquables, insolites, surprenantes grâce à cette nouvelle science ? 

    L’idée est que nous arrivons à inscrire des données qui permettent de suivre les milieux, quels qu’ils soient. Nous n’avons pas découvert de sons extraordinaires pour le moment. Nous essayons de rechercher des sons rares, dus à des animaux de passage très discrets comme le lynx, le loup, ou encore, dans le Jura, le grand tétra qui est un oiseau emblématique difficile à observer, que nous ne devons pas déranger. Grâce à ces magnétophones et aux techniques de reconnaissances automatiques, nous espérons pouvoir suivre les populations de grands tétras que nous pourrons espionner. 

    Avez-vous une photographie globale de ce que fait le Muséum en matière d’éco-acoustique ? Combien êtes-vous à travailler sur le sujet, où sont vos spots d’enregistrement ? 

    Au Muséum, nous travaillons en éco-acoustique depuis une dizaine d’années. Nous avons développé une petite équipe de recherche avec quelques permanents et des doctorants, des post-doctorants et des étudiants en master. Nous menons plusieurs projets dans deux gros sites de référence : le Haut-Jura avec le parc naturel dans une forêt froide, la forêt du Risoux, qui est à la frontière avec la Suisse, et un autre site en parallèle en Guyane, complètement différent car c’est une forêt chaude. Dans ces deux projets, nous avons pour objectif de suivre les modifications possibles du paysage sonore au cours du temps, sur une quinzaine d’années. Des projets à long terme difficiles à mettre en place, car il faut prévoir le vieillissement du matériel des équipes de recherche et toutes les données cumulées sur le long terme qu’il va falloir étudier. 

    Tous ces environnements sonores sont fortement pollués par les activités humaines, notamment les transports...

    Il y a t-il un volet pédagogique pour les citoyens ? Entendre la nature peut-il être un levier d’engagement pour la transition écologique ?

    Nous n’avons pas vraiment d’activité de sensibilisation, même si nous le faisons en communiquant sur notre recherche. J’ai un étudiant en Guyane qui travaille sur la sensibilisation des jeunes à la diversité des paysages sonores. Il est certain qu’il est facile de sensibiliser le grand public en faisant découvrir ces paysages sonores, en titillant leurs tympans et en leur faisant prendre conscience de la diversité des sons que nous pouvons percevoir dans des milieux finalement accessibles. Il y a toute une diversité que nous essayons de rendre accessible, celle que nous retrouvons sous l’eau par exemple. Nous sommes parfois surpris lorsque nous mettons un hydrophone dans des zones humides même en région parisienne, il y a toute une diversité sonore qui est très peu décrite et connue, qui reste donc à analyser et à comprendre.

    Pouvons-nous, en ligne ou au Muséum, effectuer des voyages acoustiques pour se plonger en Guyane ou ailleurs ?

    Oui tout à fait. Le Muséum propose une sonothèque, des sondes de la nature avec un site en ligne où nous pouvons avoir accès à des dizaines de milliers d’enregistrements réalisés dans le monde entier où toutes les espèces chantent en même temps. Il y a aussi une très forte activité d’audio-naturalistes, des personnes qui vont enregistrer dans la nature sans avoir forcément de questionnements scientifiques mais plutôt un souci d’ordre esthétique. Nombreux sont les blogs où nous pouvons écouter leurs réalisations. Beaucoup d’artistes se saisissent aussi de ces matériaux qu’ils vont enregistrer eux-même directement et qui produisent des installations et créations sonores autour de la nature. 

    Avez-vous étudié la pollution sonore ?

    Tous ces environnements sonores sont fortement pollués par les activités humaines, notamment les transports, et participent au déséquilibre que nous pouvons observer dans la composition de ces paysages sonores. Il est très difficile d’enregistrer en métropole plus d’une minute sans avoir un bruit d’avion, c’était notamment le cas dans le Haut-Jura. Nous avons fait une analyse sur 1 an : sur les 140 000 fichiers que nous avons obtenus, il y en avait 75 % avec des bruits d’avion. Tous ces bruits impactent le comportement des animaux, le paysage sonore. Malheureusement, même les espaces naturels protégés sont impactés par des bruits d’origine humaine, notamment par le trafic aérien. 

    Une interview réalisée en partenariat avec France Inter : pour écouter la chronique Social Lab, c'est par ici :