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Dersou Ouzala. |
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Le dernier lieu de repos de Dersu Uzala. |
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« Quand je demande à ceux que je rencontre de me parler d'eux- mêmes, je suis souvent attristée par la pauvreté de ma moisson.
On me répond: je suis médecin, je suis comptable...
j'ajoute doucement: vous me comprenez mal.
Je ne veux pas savoir quel rôle vous est confié cette saison au théâtre, mais qui vous êtes, ce qui vous habite, vous réjouit, vous saisit ?
Beaucoup persistent à ne pas me comprendre, habitués qu'ils sont à ne pas attribuer d'importance à la vie qui bouge doucement en eux.
On me dit: je suis médecin ou comptable mais rarement:
ce matin, quand j'allais pour écarter le rideau, je n'ai plus reconnu ma main...
ou encore: je suis redescendu tout à l'heure reprendre dans la poubelle les vieilles pantoufles que j'y avais jetées la veille; je crois que je les aime encore...ou je ne sais quoi de saugrenu, d'insensé, de vrai, de chaud comme un pain chaud que les enfants rapportent en courant du boulanger.
Qui sait encore que la vie est une petite musique presque imperceptible qui va casser, se lasser, cesser si on ne se penche pas vers elle ?
Les choses que nos contemporains semblent juger importantes déterminent l'exact périmètre de l'insignifiance: les actualités, les prix, les cours de la Bourse, les modes, le bruit de la fureur, les vanités individuelles.
Je ne veux savoir des êtres que je rencontre ni l'âge, ni le métier, ni la situation familiale; j'ose prétendre que tout cela m'est clair à la seule manière dont ils ont ôté leur manteau.
Ce que je veux savoir, c'est de quelle façon ils ont survécu au désespoir d'être séparé de l'Un par leur naissance, de quelle façon ils comblent le vide entre les grands rendez- vous de l'enfance, de la vieillesse et de la mort, et comment ils supportent de n'être pas tout sur cette terre.
Je ne veux pas les entendre parler de cette part convenue de la réalité, toujours la même, le petit monde interlope et maffieux: ce qu'une époque fait miroiter du ciel dans la flaque graisseuse de ses conventions !
Je veux savoir ce qu'ils perçoivent de l'immensité qui bruit autour d'eux.
Et j'ai souvent peur du refus féroce qui règne aujourd'hui, à sortir du périmètre assigné, à honorer l'immensité du monde créé..
Mais ce dont j'ai plus peur encore, c'est de ne pas assez aimer, de ne pas assez contaminer de ma passion de vivre ceux que je rencontre.»
Christiane Singer, "Les sept nuits de la Reine"
C'est un texte qui m'a longtemps interpellé et qui continue à le faire car se pose le problème de ce que je considère comme juste, par delà le droit.
Il n'est qu'à voir le conflit actuel entre le hammas et le gvt israélien. Chaque camp est persuadé d'agir de façon juste.
Il manque donc un élément crucial dans le texte de Thoreau.
Ce qui est juste pour moi ne doit pas porter atteinte à autrui.
Mais alors aussitôt se pose la question de la résistance quand elle est nécessaire et justifiée. Devons nous par exemple laisser faire les gouvernants et les financiers dévaster la planète où devons nous entrer en résistance quitte à enfreindre les lois?
Ceux et celles qui lisent ce blog depuis un certain temps savent que j'ai été consiodéré comme "rebelle" lorsque j'ai refusé d'obéir à la réforme du ministre Peillon. Et lorsque j'ai envoyé un dossier de 400 pages au ministre de l'époque, Mme Belkacem, sans respecter la voie hiérarchique, j'ai été convoqué devant l'inspecteur d'académie et sommé de suivre une thérapie chez une psychiatre, mis à demi-salaire, perdu mon poste dont j'étais titulaire, mon blog a été "surveillé" par les RG pendant plusieurs mois et en trois ans de "désobéissance civique", j'ai été convoqué huit fois en hôpital psychiatrique. Parce que ce que je pensais comme juste allait à l'encontre de "l'ordre". Au final, cette réforme a été annulée par le ministre Blanquer et j'ai donc fait mes deux dernières années de classe pour partir le premier jour où ma retraite m'était accordée. Je suis parti dans un sale état, psychologique et physique, mais si je n'avais pas été jusqu'au bout de mes convictions, ça aurait été bien pire...
https://reporterre.net/En-rebellion-pour-la-biodiversite-des-scientifiques-finissent-au-tribunal
Huit scientifiques et activistes ont été jugés le 30 novembre à Paris pour avoir occupé le Muséum national d’histoire naturelle en 2022. L’affaire a été mise en délibéré et le jugement sera rendu le 15 janvier.
Porte de Clichy, XVIIe arrondissement (Paris), reportage
C’était un hasard du calendrier. Le jeudi 30 novembre, jour de l’ouverture de la COP28 sur le climat à Dubaï, huit scientifiques et activistes étaient jugés au tribunal judiciaire de Paris. Leur tort : avoir alerté sur la crise écologique lors d’une conférence organisée sans autorisation en occupant le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) en avril 2022. L’issue de ce procès sera connue le 15 janvier, l’affaire ayant été mise en délibéré, tandis que le procureur a requis la relaxe.
« La coïncidence entre ces deux événements met en lumière le caractère révoltant de la situation actuelle, estime Kévin Jean, membre du collectif Scientifiques en rébellion. Alors que la COP est présidée par le dirigeant de l’une des principales compagnies pétrolières au monde et que l’État français a été condamné pour inaction climatique, ce sont les lanceurs et lanceuses d’alerte qui sont poursuivis. »
« Il n’y a pas eu d’effraction », observe la présidente
Les scientifiques étaient convoqués à 9 heures. Ils sont arrivés peu avant sur le parvis, accompagnés d’une vingtaine de soutiens. Le MNHN, qui avait déposé plainte, était lui absent : l’établissement de recherche et de diffusion de la culture scientifique naturaliste ne s’est pas constitué partie civile. D’après nos informations, l’affaire avait provoqué un malaise en son sein, plusieurs personnes travaillant sous sa tutelle ayant participé à l’action ou la soutenant.
Une trentaine de personnes avaient participé à l’action du 9 avril 2022. © Nnoman Cadoret / Reporterre
Les faits poursuivis, exposés par la présidente, se sont déroulés le soir du 9 avril 2022. En pleine campagne pour l’élection présidentielle, une trentaine de scientifiques et d’activistes membres d’Extinction rébellion étaient entrés dans la galerie de paléontologie et d’anatomie comparée du MNHN. « Il n’y a pas eu d’effraction, vous avez payé l’entrée, observe posément la magistrate. Vous êtes ensuite restés après la fermeture, a priori dans le calme, puisque nous n’avons pas établi de lien entre votre présence et d’éventuelles dégradations. »
Dans le musée, les occupants se sont installés au pied d’un squelette de mammouth, allégorie des risques existentiels qui pèsent sur l’espèce humaine et sur le vivant. Ils ont réalisé une douzaine de présentations sur la crise écologique. Il s’agissait de la première action organisée en France par le collectif Scientifiques en rébellion, issu de l’appel de 1 000 scientifiques à la désobéissance civile publié dans le journal Le Monde en février 2020.
« Ce soir-là, est-ce que vous aviez bien compris qu’on vous demandait de sortir ? » a demandé la présidente. « Non, personne ne nous a formellement demandé de sortir. Ni les vigiles, ni les policiers, ni le personnel du musée », a répondu David Nacass, un activiste, tandis que ses camarades choisissaient de garder le silence. Les occupants étaient ensuite partis de leur plein gré vers 20 h 30. Ils avaient néanmoins reçu, pour dix-huit d’entre eux, une amende de 300 euros.
Christophe Bonneuil, historien des sciences, s’est présenté en qualité de témoin. © Nnoman Cadoret / Reporterre
Ce procès était l’occasion, pour les huit « rebelles » qui contestaient cette amende, de défendre la légitimité de leur action au regard de l’urgence climatique et de la perspective de la sixième extinction de masse.
Elles et ils ont invoqué l’état de nécessité [1] dans une déclaration commune, lue à trois voix : « Il est temps que la justice française reconnaisse que des dangers actuels et imminents, démontrés par les travaux des scientifiques, pèsent sur l’habitabilité de notre planète. [...] Nous, scientifiques, avons pris notre part en faisant cette action », a notamment déclaré Isabelle Krebs, activiste à Extinction Rebellion. « Face aux dangers imminents posés par l’extinction des espèces et le réchauffement du climat, cette action était tout à fait nécessaire et proportionnée pour toucher un public différent », a appuyé l’avocat de ces derniers, Thomas Brédillard.
« Quand on est scientifique, c’est notre devoir d’envoyer des signaux d’alerte pour arrêter cette folie »
Quelques instants plus tôt, trois personnalités scientifiques s’étaient présentées en qualité de témoins. Christophe Bonneuil, historien des sciences, Fabrice Flipo, philosophe, mais aussi le biologiste Pierre-Henri Gouyon, professeur émérite au MNHN. Ce dernier a fait remarquer qu’il « témoignait contre [sa] propre institution ». « Actuellement, le monde vivant s’effondre à une vitesse faramineuse », a-t-il déploré, en pointant la responsabilité de l’agrochimie « qui empoisonne la Terre entière ». « Quand on est scientifique, a-t-il poursuivi, c’est notre devoir d’envoyer des signaux d’alerte pour arrêter cette folie. Les personnes que vous jugez aujourd’hui rendent un grand service à notre société. »
Une militante tient une pancarte indiquant « Des scientifiques en procès pour dire la vérité ». © Nnoman Cadoret / Reporterre
Mais la présidente et le procureur ne semblaient pas convaincus par le mode d’action employé. « Pourquoi utiliser des moyens à la limite de la légalité ? » a plusieurs fois demandé la présidente. Mais aussi : « Pourquoi ne pas faire autre chose, comme envahir le siège de médias ? » La question a été accueillie par des rires gênés et des regards inquiets dans les rangs de la presse. « Pourquoi ne pas sensibiliser les parlementaires ? » a embrayé le parquet. « Nous avons déjà tout essayé et nous continuons de tout essayer », a répondu le chercheur Tanguy Fardet. Également invité à se positionner, le philosophe Fabrice Flipo a estimé que « la réponse actuelle n’est pas à la hauteur, alors il faut aussi des actions qui créent l’évènement, qui fassent électrochoc ».
Malgré ces échanges, dans ses réquisitions, le procureur n’a pas retenu la notion d’état de nécessité. « Peu importe l’intention », a-t-il tranché. Il a toutefois requis la relaxe des prévenus, car il estime que l’infraction n’est « pas constituée » : « Je ne peux pas vous apporter la preuve que ces personnes avaient connaissance des horaires de fermeture de ce musée au public, a-t-il dit. À aucun moment elles n’auraient vu un panneau à l’entrée leur signalant les horaires et personne n’est venu leur signaler, alors le doute doit leur profiter. »
Un dénouement surprenant, accueilli par des murmures d’étonnement. L’affaire a été mise en délibéré au 15 janvier. Après l’audience, vers 11h15, les chercheurs ont déployé des banderoles sur lesquelles était inscrit : « Scientists on trial to say the truth » (scientifiques en procès pour dire la vérité) et « Réponse de l’État à l’urgence climatique : mettre les scientifiques en procès ! ».
"Une vibration moléculaire se produit lorsque les atomes d'une molécule sont dans un mouvement périodique pendant que la molécule dans son ensemble subit un mouvement de translation et de rotation. La fréquence du mouvement périodique est appelée fréquence de vibration. Une molécule non linéaire constituée de n atomes possède 3n-6 modes normaux de vibration, alors qu'une molécule linéaire n'en possède que 3n-5, puisque la rotation autour de son axe moléculaire ne peut être observée. Une molécule diatomique ne possède ainsi qu'un mode normal de vibration. Les modes normaux des molécules polyatomiques sont indépendants les uns des autres, chacun d'entre eux impliquant des vibrations simultanées des différentes parties de la molécule; Une vibration moléculaire est produite lorsque la molécule absorbe un quantum d'énergie, E, qui correspond à une vibration de fréquence, ν, selon la relation E=hν, où h est la constante de Planck. Une vibration fondamentale est excitée lorsqu'un tel quantum d'énergie est absorbé par la molécule dans son état fondamental. Lorsque deux quanta sont absorbés la première harmonique est excitée, et ainsi de suite pour les harmoniques suivantes."......
Non, je n'y comprends pas grand-chose mais ça me fascine et en même temps, ça me désole quelque peu parce que ces connaissances fabuleuses sont des ouvertures vers ce qui n'est pas visible, vers un mystère immense, celui de ce qui est, le réel, alors que moi, petit esprit limité, je ne perçois que ma réalité. Alors, parfois, je lis des documents que je ne comprends pas, juste pour revenir à cette conscience que ce que je perçois n'est qu'une infime partie de ce qui est. Je n'y ai pas accès par la réflexion, par manque de connaissances, mais il me semble que, parfois, je parviens à en percevoir quelques parfums, quelques touches de lumière, quelques effleurements, des moments fugaces mais intenses. Et c'est toujours lorsque je suis dans la nature. Dehors, dans le silence.
Peut-être aussi lorsque j'écris. Cet étrange état dans lequel la création littéraire semble ne pas m'appartenir mais venir d'un espace qui s'est ouvert. Est-ce moi qui suis parvenu à m'y insérer ou est-ce cet espace qui m'a englobé ? La question paraît absurde mais lorsque je lis le texte précédent, je me dis que la perception de la réalité n'est qu'une infime partie et que tout ce qui peut me paraître absurde n'est peut-être que la mise en lumière de mon ignorance.
J'avais 3 ans.
Et certains se rendaient déjà compte que ça tournait mal.
Et on sait où on en est maintenant.
Et on peut deviner où on va.
""Les bêtes sont merveilleuses parce qu’elles sont en contact direct avec la nature. Ce qui aurait, peut-être, pu sauver l’humanité, je crois, c’est peut-être la femme, parce qu’elle est encore en contact avec la nature. Elle échappe aux lois, aux imbécillité si émises par les anormaux. Mais elle n’a pas voix au chapitre.
Les animaux vont disparaître. Il n’en restera plus bientôt. J’avais une trentaine de nids d’hirondelles. L’année passée, j’ai eu deux nids d’hirondelles et pour la première fois j’ai ramassé une hirondelle qui était tombée de son nid, qui était si pauvrement alimentée ... Grâce aux progrès de la science, la science chimique qui assassine la Terre, qui assassine l’insecte, qui assassine l’oiseau, qui tue toute vie, qui assassine l’homme, on s’en apercevra peut-être trop tard.""
Michel SIMON - interview 1965
Léo le benjamin de la fratrie est dans cette situation.
Il a un doctorat en écologie.
Une situation totalement méconnue en France et qui relève de la "maltraitance" quand on pense au parcours scolaire, à l'engagement que ça demande pour au final se retrouver "intermittent".
https://www.cairn.info/revue-multitudes-2004-3-page-69.htm?
L'intermittent de la recherche, un chercheur d'emploi qui n'existe pas
Dans Multitudes 2004/3 (no 17), pages 69 à 74
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1En ces temps moroses pour le monde de la recherche, nous pouvons remarquer que les médias parlent peu des chercheurs en sciences humaines. Ils parlent encore moins d’une catégorie à part, car en quasiment inexistante aux yeux de tous : celle des chercheurs indépendants, ou bien encore des " hors statut " de l’économie de la connaissance. On les appelle parfois les post-doc, ou, quand ils n’ont pas passé leur thèse, des ingénieurs de recherches, des chargés de mission, et au bout du compte si l’on veut être rapide : des intellectuels précaires.
2Je vais partir d’une anecdote pour tenter une esquisse de généralisation. L’affaire commence simplement dans un bureau de l’Agence nationale pour l’emploi. Le chercheur au chômage qui témoigne ici a reçu une lettre l’informant que ses indemnités Assedic s’arrêteront dans deux mois, soit sept mois plus tôt que la date prévue. Monsieur X se retrouve, lors de cet entretien rituel, en présence d’une Madame B, qui d’emblée lui demande de présenter un CV. Pensant n’avoir plus grand-chose à attendre des services Assedic et ANPE, dont il se sent en quelque sorte exclu, Monsieur X n’a nullement pensé à apporter ce précieux document. L’entretien démarre donc mal, et s’amorce immédiatement sur une question cruciale. Madame B consulte sa base de donnée et dit : " Vous avez 32 ans et je vois que vous avez trois ans d’expérience ". Monsieur X rectifie. Il a derrière lui, en effet, un peu plus de trois ans de salariat, mais plus de dix ans d’expérience comme pigiste et chercheur en particulier. Madame B le reprend et lui explique qu’il ne peut pas avoir dix ans d’expérience puisqu’il est écrit sur son écran que Monsieur X a trois ans de salariat. S’engage dès ce moment un interminable dialogue de sourds. Monsieur X, pour expliquer la différence entre le " salariat " et la notion " d’expérience ", est forcé d’entrer dans le détail de ses activités, de leur nature, et des conditions de vie un peu singulières du travailleur intellectuel contemporain. Il raconte alors, par exemple, qu’en tant que travailleur du monde de la recherche, il a passé cette année de chômage, à chercher du travail en travaillant. C’est paradoxal, mais c’est ainsi. Il a écrit des articles, organisé des séminaires, donné des conférences un peu partout, coordonné des projets d’ouvrages collectifs, préparé la mise en place de projets institutionnels, passé beaucoup de temps à échanger et faire passer des idées dans des débats, des rencontres, bref à maintenir en vie ses réseaux. Tout cela est non seulement un travail habituel de participation aux diverses activités du monde de la recherche, mais encore et surtout un investissement nécessaire pour espérer décrocher de nouveaux contrats de recherche auprès d’un laboratoire, ou dans le cadre d’un appel d’offres ministériel. Monsieur X explique qu’il ne fut pas payé pour toutes ces choses, donc pas salarié, mais que tout ceci constitue néanmoins pour lui, pour ses pairs, de l’expérience.
Madame B fronce les sourcils et reformule à sa manière l’exposé qu’elle vient d’entendre. Monsieur X déclare donc avoir travaillé bénévolement, ce qui signifie qu’il n’a pas cherché de travail durant sa durée d’indemnisation, et ce qui est problématique au vu de son engagement contractuel vis-à-vis de l’ANPE et des Assedic. Et elle ajoute : " Mais je sais bien comment vous faites monsieur, vous travaillez la main à la main... ". Madame B va alors jusqu’à évoquer la possibilité d’un contrôle, et pour finir lui conseille doctement de chercher une autre voie professionnelle, et de faire au plus vite " un bilan de compétence ". Monsieur X aura beau rappeler qu’il travaille avec des chercheurs, des administrations publiques, et que dans ce monde, du moins à cette échelle, il n’existe pas de dessous de table et de travail au noir : quand l’entretien se termine le voilà en quelque sorte dans le collimateur de l’agent de l’ANPE. Le Monsieur X qui rentre chez lui est donc un profiteur, paresseux, malhonnête et suspect, un travailleur non qualifié à recycler au plus vite.
Cette histoire est tout à la fois ordinaire et extraordinaire. Qui peuvent bien être ces personnes connaissant sur le long terme des périodes de carence entre des contrats de recherche décrochés le plus souvent au prix d’efforts sans nom ? Elles n’existent pas ! Un chercheur en sciences sociales est soit un étudiant bénéficiant d’une allocation de recherche, soit un enseignant-chercheur titulaire, soit un docteur à la recherche d’un CDI dans un organisme de recherche comme le CNRS. Il ne peut exister de professionnel de la recherche ou de la connaissance qui ne soit pas titularisé ou titularisable et qui, pire encore, ne cherche pas ce genre de statut.
3Pourtant, le point de vue que nous aimerions esquisser ici, c’est que, dans les circonstances actuelles, la fonction d’intermittent de la recherche (IR) est peut-être plus primordiale et symptomatique qu’on ne le croit. Car les IR, de par le recul statutaire qui est le leur, ne sont rien de moins que des individus ayant pour rôle d’opérer dans les interstices des disciplines, des métiers et des domaines de recherche. L’IR est - par choix ou par obligation - un électron libre, un hybride, souvent engagé dans son activité. Il va traverser à ses risques et périls les disciplines des sciences humaines dont les cloisons demeurent en général soigneusement défendues. Il peut lui arriver non seulement de glisser du monde des " sciences dures " à celui des " sciences molles ", mais encore de connaître tous les statuts professionnels ayant peu ou prou un rapport avec la recherche, ou la production des connaissances. Pour le dire autrement, l’IR dès lors qu’il ne se sent pas prisonnier d’une chapelle, d’une discipline, d’une administration, d’un employeur, peut avoir pour fonction, au final, de défricher des horizons nouveaux, rabattant ainsi des objets, des enjeux, des connaissances, favorisant au passage les croisements nécessaires, permettant à des domaines de recherche entiers de se régénérer par de petites actions synergiques, échafaudant des passerelles entre le monde de la recherche académique et celui du secteur privé. Lorsqu’ils se sont aventurés assez loin dans leurs domaines de spécialisation, les IR commencent à intéresser les quelques rares têtes chercheuses regardant vers l’extérieur. Ils sont alors sollicités, et travaillent beaucoup - avec des crédits potentiels, probables, ou parfois payés, mais avec un temps requis vertigineux pour récupérer les salaires dus. Pour baigner presque complètement dans le monde non quantifiable des " externalités positives de la recherche ", les IR payent, comme tout indépendant, le prix de leur liberté. Ils le payent en ne possédant pas de statut officiel ou officialisable au vu des codes métiers disponibles, car en général un IR est aussi un intermittent du consulting et du journalisme, parfois du spectacle, et de pas mal d’autres métiers caractéristiques du tiers secteur ou de l’économie de la connaissance. Or une chose est sûre : les IR ne sont pas assez commerciaux pour être consultants, ni assez verticaux pour être enseignants-chercheurs dans une discipline donnée.
Sous cet aspect inadapté, l’IR pose donc au moins deux questions, celle des conditions d’existence d’un statut de chercheur indépendant, et celle du nécessaire dépassement du corporatisme et des verticalités de la connaissance. Quel statut social pour l’IR faut-il imaginer, dès lors que ce dernier va osciller sans cesse entre des contrats salariés dans le cadre de missions de recherches, des honoraires s’il est consultant, ou des droits d’auteurs, et qu’aucun de ces statuts ne lui permet vraiment de négocier dignement les périodes de carence entre les activités payées ? Car ces statuts sont parfois paradoxaux : les régimes sociaux imposent de faire des choix, et ne facilitent guère les agencements et les combinaisons imaginatives. Comment valoriser ces fameuses " zones floues " de l’activité de recherche, les préliminaires obligés à tout travail rémunéré dans le domaine de la recherche ? Car l’intermittent de la recherche, du consulting ou du journalisme ne peut abandonner du jour au lendemain les groupes de travail et les réseaux dans lesquels il se meut. Si bien qu’en faisant sa déclaration mensuelle, lorsqu’il est au chômage par exemple, il ne peut que se gratter la tête face à la question rituelle : " Avez-vous travaillé ce mois-ci ? ". Il doit répondre non, pour ne pas se voir couper ses indemnités, mais cette réponse n’a aucun sens pour lui car, évidemment, il ne cesse de travailler. La notion de chômage pour le travailleur de la connaissance est au fond absurde, car s’il y a bien un chômage du point de vue de la rentabilité et de la rémunération, il n’y a pas et ne peut y avoir de chômage de la pensée, de la recherche ou de la connaissance. Ces moments de carence perçus par les organismes sociaux comme des moments de " non activité ", et qui constituent tout au contraire des moments de contribution gratuite (ou rétribuées symboliquement) aux externalités positives de la recherche, indiquent que le travailleur de la connaissance n’est pas un intermittent comme on le croit. Il est à la rigueur un intermittent de la rémunération et du salariat, ce qui n’est pas nécessairement de sa faute, mais nullement un intermittent de l’expérience et des connaissances qu’il contribue à élaborer ou à découvrir. Car la connaissance - aujourd’hui surtout, face à l’effacement progressif des frontières entre les cultures, les disciplines, les champs, les métiers, les expertises - est bel et bien en mouvement perpétuel.
Si l’on se mettait pourtant à réfléchir à l’envers quelques instants, et que l’on se demandait quel statut trouver à des chercheurs dont le but serait d’innover vraiment, alors ne serait-on pas amené à retrouver les caractéristiques de ce fameux inadapté qu’est l’IR : l’indépendance, la transversalité nécessaire entre les disciplines et les objets, les compétences trans-sectorielles, la notion de prise de risque dans la démarche de tout processus d’innovation ? Pour clore l’anecdote : Monsieur X s’est vu proposer, quelques jours après son entretien, un stage de trois mois " pour apprendre à chercher du travail ". Au point que l’on peut en arriver à se demander si le système dans lequel il se meut ne préfère pas les " chercheurs d’emploi à temps complet ", à d’éventuels " employés de la recherche intermittents ".
Comment dès lors ne pas remarquer l’injustice de cette situation - pour l’IR évidemment, et pour le monde de la recherche tout entier ? Car tout ce qui vient d’être évoqué ici, ce sont les caractéristiques d’un travail d’intérêt général, que des centaines de milliers de personnes accomplissent chaque jour dans tous les domaines de l’activité de connaissance, et souvent hors statut officiel. Une fonction qui sera sans aucun doute nécessaire dans le monde de demain, du capitalisme cognitif et de son tiers secteur, mais qui à ce jour se lit comme une imposture, un manque de qualification, un bug dans le système, à éliminer au plus vite. Au-delà de ces statuts minoritaires qu’aucun syndicat suffisamment zélé et pourvu en moyens ne pourrait défendre à ce jour, les IR et les travailleurs hors statut de la connaissance, ne sont-ils pas au politique ce que les artistes et intermittents du spectacle sont au monde du travail tout entier ? À savoir ces fonctions " externes ", nécessaires à la régénération de l’écosystème de la connaissance en marche ? Des fonctions apportant par leurs postures horizontales, à tous les niveaux, des regards neutres vis-à-vis des dogmes et des chapelles. Dans ce sens, il serait bien utopique d’imaginer qu’une reconnaissance a posteriori soit accordée à leur apport à la recherche et à la société. En attendant, une chose est certaine : un chercheur qui a décidé de chercher vraiment, qu’il soit intermittent ou non, titulaire ou hors statut, ne peut le faire seulement pour lui seul. Il est par nécessité un ouvrier, malgré lui, de l’intérêt général en mouvement - d’un intérêt général qui doit se redécouvrir sans cesse dans une société en pleine mutation. Si ce chercheur horizontal, au regard des critères, des " codes métiers " et des régimes sociaux, n’a en effet pas de valeur, il faudra pourtant faire l’effort, un jour, de lui en trouver une dans un monde du travail qui, à l’heure des réseaux, de la globalisation et de l’expansion de l’économie de la connaissance, sera de plus en plus gagné par une intermittence de la rémunération associée à cette permanence inéluctable du travail de recherche. Ce refus de voir en face cette hybridation entre la discontinuité du salaire et la permanence du travail dans le domaine de la connaissance, mais aussi de la culture (et de biens d’autres secteurs sans doute), constitue un danger de plus en plus grand désormais pour le développement des capacités d’une société à se renouveler et tout simplement à survivre. La mesure de la valeur de ces externalités productives discrètes, étrangères aux périodes de rémunération, il faudra la travailler, la trouver, la prendre en compte, et la mettre au cœur de la définition de conventions collectives des travailleurs de la connaissance, des travailleurs intellectuels et des chercheurs. Il en va de la survie de ces quelques milliers de chercheurs précaires bien entendu - et de la survie de la recherche elle-même.
4Un chercheur-chercheur d’emploi, au fond, cela n’existe pas.
Magnifique photo de Instants Photos - Ténière Loïc
"Il y a pour moi cet aspect bouleversant de l'animal qui ne possède rien, sauf sa vie, que si souvent nous lui prenons. Il y a cette immense liberté de l'animal, vivant sans plus, sa réalité d'être, sans tout le faux que nous ajoutons à la sensation d'exister. C'est pourquoi la souffrance des animaux me touche à ce point."
"Marguerite Yourcenar"
Comment expliquer le fait que je m'assois devant l'ordinateur, que j'ouvre le dossier du roman en cours, que je n'ai aucune idée de ce que je vais écrire et qu'il suffise que je relise les dix dernières lignes écrites la veille pour que tout "s'allume"... ?
Comme si c'était déjà là, prêt à jaillir, que l'histoire a juste besoin que je vienne l'écrire.
C'est à se demander s'il s'agit bien de "création littéraire" tellement cette impression est forte que c'est l'histoire qui vient en moi et non moi qui vais la chercher...
Un film culte pour moi. Je l'ai vu lorsque j'étais adolescent et que je passais une bonne partie de mon temps à courir la nature, forêts et bords de mer, rochers, plages, marais, seul la plupart du temps ou avec mon chien. Je cherchais encore à l'époque ce que j'allais faire de mon existence. Guide de haute montagne faisait partie de la liste, instituteur également. J'ai pensé à un moment que de partir dans les forêts du Canada pour y vivre comme Dersou Ouzala me conviendrait mais j'étais incapable de tuer un animal, à part quelques poissons que je pêchais à cette époque. En outre, l'alpinisme et les montagnes restaient les plus fortes. Il fallait absolument que j'aille grimper sur les sommets des Alpes, je ne pouvais pas faire autrement.
C'est après avoir vu le film que j'ai cherché le livre et comme il n'était pas à la bibliothèque du village, je l'ai acheté. Je l'ai toujours. Un livre écrit par Vladimir Arséniev.
EAN : 9782857043461
313 pages
PYGMALION-GÉRARD WATELET (04/07/1997)
★★★★★
★★★★★
4.22/5 158 NOTES
Résumé :
En 1902, un officier du tsar, Vladimir Arséniev, explore aux confins de la Sibérie et de la Chine des régions restées encore impénétrables aux Européens. Une nuit, au coeur de la taïga sibérienne, il rencontre un vieux chasseur gold, Dersou Ouzala, qui devient son guide et son ami.
De connivence avec l'herbe et les étoiles, Dersou déchiffre avec une sagacité et une intuition prodigieuses tous les secrets de la nature. Il comprend, connaît et aime toutes les formes et manifestations de la vie. Il parle aux tigres et à la forêt, aux nuages et au soleil, au feu et à la nuit.
Au fil de passionnantes aventures et face à de multiples périls, au milieu d'une nature tour à tour splendide et terrifiante, se forge entre Dersou et l'officier, jusqu'à la mort, la plus bouleversante, la plus virile, la plus exaltante des amitiés.
https://brianmatthews60.blogspot.com/2013/11/dersu-uzala.html
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Dersou Ouzala. |
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Le dernier lieu de repos de Dersu Uzala. |
https://www.emancipation-animale.com/?
Le statut juridique des animaux - qui échoue à protéger efficacement leurs intérêts - doit évoluer. L’humanité ne peut plus les considérer uniquement à l’aune de ses usages et doit leur donner une véritable protection. Dans cette optique, la cause animale peut être vue comme un nouveau « mouvement de justice sociale ».
Au fil d'anecdotes personnelles et d'exemples de terrain, Charlotte Arnal fait vivre de façon très abordable les grands principes du droit animalier – une spécialité juridique en plein essor. Elle propose aussi plusieurs réformes très concrètes pour faire avancer les droits des animaux.
Très accessible, ce petit traité d'émancipation animale intéressera le monde politique et juridique, tout comme les militants qui souhaitent structurer une argumentation en faveur de mesures juridiques fortes pour consolider le statut des animaux dans nos sociétés.
Quand la cause animale devient un enjeu politique
État des lieux des droits des animaux
Classification des espèces ou l’intérêt de bien choisir sa réincarnation
Les catégories juridiques
Les lois protègent-elles (vraiment) les animaux ?
Réactualiser nos croyances, un impératif de justice ?
La position originelle : dominé ou dominant ?
L’animal nous appartient-il ?
Foutues croyances !
La sentience, l’ultime critère ?
Des propositions pour faire avancer les droits des animaux
Inscrire le droit de l’animal dans la Constitution - Interview Olivier Le Bot
Reconnaître à l’animal une personnalité juridique - Interview Jean-Pierre Marguénaud
Instaurer un ministère de la Condition animale - Interview Sue et Will Kymlicka
Conclusion – Des droits fondamentaux pour les animaux ?
Quelques textes de référence sur les droits des animaux
“À 37 ans, je décide d’intégrer la première promotion du diplôme universitaire de Droit animalier de la faculté de Toulon. Je vais enfin pouvoir répondre à la question qui me taraude depuis plusieurs mois. S’il est interdit dans notre droit « de faire souffrir ou de porter atteinte à la vie d’un animal sans nécessité » alors comment se fait-il qu’on ait le droit de tuer des poules pour en faire des nuggets, de capturer des pythons pour en faire des sacs, de tirer sur des grives pour son loisir du dimanche, de capturer des éléphants pour leur apprendre à faire des tours de piste ou de mettre à mort des vaches gestantes ?”
“J’ai toujours ressenti, au plus profond de mon âme, cette solidarité envers les animaux. J’ai pu me relier à leur destin tragique, à leur condition misérable, à leur soumission, à leur impuissance tout autant qu’à leur sensibilité, à leur immense intelligence ou à leur souveraineté. Est-ce une coïncidence si la cause animale est la cause sociale la plus féminine, avec 60 à 80 % de militantes, après la cause féministe elle-même ? Non. La solidarité entre le mouvement d’émancipation des femmes et la protection animale se construit par opposition à la société patriarcale.”
“Au fil de mes recherches, je suis troublée par les similarités entre les principes du droit animalier contemporain et les lois qui, par le passé, ont permis à nos sociétés occidentales de prospérer grâce à l’esclavage humain. Comme l’animal d’aujourd’hui, l’esclave d’hier est privé de personnalité juridique. Considéré comme un bien, il est la propriété d’un autre. Et quels droits peut-on bien revendiquer lorsqu’on ne s’appartient pas ?”
“Imaginons un exercice simple, basé sur la théorie de la justice du philosophe John Rawls, qui défend l’idée que si nous ignorions tout de nous-même, nous aurions tendance à imaginer une justice beaucoup plus équitable et favorable aux individus désavantagés. Il appelle cela « la position originelle ». Si le voile de l’ignorance était posé sur les conditions de votre naissance – le pays où vous avez vu le jour, la condition sociale de votre famille, votre sexe, votre état de santé et même… votre espèce –, quelle loi, quelle justice écririez-vous pour vous-même ?”
“Les dilemmes éthiques qui se pressent à notre porte nous invitent à nous poser de nouvelles questions et à dépasser nos contradictions : est-il possible de défendre efficacement les intérêts de ceux que nous exploitons ? À quel moment les intérêts des animaux prennent-ils le pas sur nos intérêts humains ? Si l’espèce n’est pas un critère moral suffisant pour attribuer des droits, que devrions-nous prendre en compte ? La souffrance (pathocentrisme) ? L’intelligence (cognitocentrisme) ? La capabilité ? La vulnérabilité ? La sentience ?”
Item 1 of 6
« En un texte très vivant, Charlotte Arnal parle à la première personne et s’adresse directement à son lecteur. Des encadrés éclairant les principales notions, des illustrations, des QR codes donnant accès à des sources, des textes de référence sur les droits des animaux en annexe, ou encore des entretiens instruisent sans jamais lasser.
De manière générale, selon une méthode qui caractérise la puissance de la démarche adoptée, Charlotte Arnal appelle à faire table rase de nos croyances et opinions pour penser par soi-même, la devise des Lumières.»
Philosophe, directrice de recherche à l’INRAE
« Avec cet ouvrage, Charlotte Arnal ne nous offre pas seulement le premier "droit animalier pour les nul.le.s", elle nous offre également un constat éclairé de l'actuel statut juridique des animaux dans notre pays. Elle réussit l'exploit de rendre accessible aux non-juristes ce droit si éparpillé et contradictoire, dans une lecture fluide et non-jargonnante.
En tant que formatrice sur la question animale, j'incite fortement mes stagiaires à lire cet ouvrage pour saisir rapidement (et de façon simple mais non simpliste) les enjeux du droit animalier. »
Formatrice-consultante sur la question animale et fondatrice de Drôle de Zèbre et d'Animal360.
Cet ouvrage documentaire est destiné au grand public, qui y trouvera tout ce qu’il faut savoir pour “mieux appréhender la question animale sous l’angle du droit”, mais il est aussi dédié à toutes celles et à tous ceux qui, par leurs actions désintéressées, “contribuent chaque jour à rendre notre monde plus juste”.
On y trouve notamment plusieurs propositions de réformes institutionnelles, toutes très argumentées, et en particulier le souhait que soit créé un ministère de la Condition animale. Seuls les imbéciles en souriront.
Chroniqueur. Editorialiste. Ancien directeur adjoint du Monde.
Ce livre est un support à l’échange, à la diffusion de connaissances et au débat d’idées sur la “question animale”. Ce sujet doit être posé, exposé, débattu par nos communautés, à l’échelle locale et globale. Ainsi commence l’appropriation, l’évolution et l’émergence de réponses fertiles.
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Titulaire d’un diplôme universitaire en droit animalier, Charlotte est une entrepreneuse sociale, militante de la cause animale & cheffe vegane. Après avoir fondé et dirigé pendant 10 ans une agence de communication et un tiers-lieu dédiés à la transition, elle se consacre désormais au lobbying pour les droits des animaux. En 2019, elle parcourt 1200 kilomètres à pied à la rencontre des français.e.s, pour mieux comprendre le sujet et plaider en faveur d’une entrée des animaux dans la Constitution française.
En ce moment, je lis un roman "Âmes animales" de Jose Rodrigues Dos Santos. A priori, il s'agit d'un thriller.
Bon, dans ce cas-là, "Martine à la plage", c'est aussi un thriller parce que franchement, c'est juste pitoyable comme scénario. C'est bien de vouloir transmettre des données dans un roman mais quand ça devient ni un roman, ni un documentaire avec des développements aussi bourratifs qu'une douzaine de crêpes complètes et que la psychologie des personnages relève d'un épisode de Benny Hill, c'est du gâchis.
Par contre, l'auteur a dû lire des quantités astronomiques d'enquêtes sur le monde animal et j'y apprends des choses fascinantes. Donc, je continue à le lire en sautant tout ce qui concerne "l'enquête" pour me concentrer sur les informations animales, l'éthologie, l'écologie, l'intelligence animale etc...:)
Je poste un commentaire venant du site Babelio. Un très bon résumé de ce que je pense.
https://www.babelio.com/livres/dos-Santos-mes-animales/1414522#!
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09 juillet 2022
Dans une note finale, José Rodrigues Dos Santos nous explique : “Le défi pour ce roman a consisté à tisser une histoire autour de la conscience animale, de l'intelligence et des émotions des animaux, une intrigue où les animaux seraient eux-mêmes à la fois le thème du livre et les protagonistes, mais d'une manière différente de celle qui est habituellement employée lorsque les animaux jouent un rôle dans une fiction… pour ce faire, j'ai choisi le roman policier, même s'il est évident pour moi que ce livre ne peut être décrit stricto sensu comme un policier.”
Cette note aurait peut-être dû être introductive, ou j'aurais dû la lire en préalable car l'intrigue policière est un peu une arnaque, prétexte à de longues digressions sur la cause animale, ses conditions de vie dans l'élevage extensif et la destruction de la planète que cet élevage produit.
Ceci dit, le propos est bien documenté, la démonstration est implacable et surprenante de la part de “l'un des plus grands auteurs de thrillers scientifiques en Europe, " dixit la quatrième de couverture.
Dès lors, ce qui était l'originalité de ce livre devient le thème principal qui nous capte. L'étude éthologique de l'auteur portugais est fouillée lorsqu'il nous parle des animaux, de leur intelligence, de leur langage, de leurs émotions, de leurs sentiments… en donnant la part belle aux primates.
Puis l'auteur nous parle de l'élevage industriel : des conditions “inanimales” d'élevage et d'abattage des vaches, des cochons, des poulets.
C'est quand il passe aux effets nocifs de l'élevage intensif que l'auteur martèle sa thèse :
“Mais combien de politiques parlent du problème de l'élevage industriel, qui contribue bien plus au réchauffement climatique que tous les moyens de transport de la planète réunis ? pour quelle raison les gouvernements nous encouragent à passer à la voiture électrique, en se donnant ainsi l'air de se préoccuper d'écologie pour capter les voix de l'électorat vert, mais continuent de subventionner massivement la production animale, finançant et encourageant par ce biais le croissance de l'activité humaine qui contribue le plus à la déforestation de la planète, à la consommation d'eau douce, à la pollution, à la fin de la biodiversité et aux émissions de gaz à effet de serre ?”
Pour bien asséner le message, l'auteur illustre ses propos avec force schémas : celui d'un steak d'un kilo qui a besoin de 13 000 litres d'eau pour être produit.
Celui de l'homme qui consomme 1,5 l d'eau par jour quand chaque animal d'élevage utilise en moyenne 150 litres en tenant compte de tous ses besoins.
Enfin le troisième dessin montre que chaque être humain qui mange de la viande dépense chaque année 1,5 millions de litres d'eau !
Ce livre est sensé être un thriller dont l'intrigue, nous dit David au pseudo de “TrueDuck”sur Babelio : “L'histoire se résume sur un timbre poste : le meurtre d'un soigneur d'animaux. Tout accuse la femme de Norhona. Elle s'enfuit face à la police. Son mari va tenter de prouver son innocence en... s'enfuyant aussi…”
Vous l'aurez compris, c'est la thèse de l'existence d' ”Âmes animales” qui m'a marqué, même si se faire administrer une leçon est parfois ressenti de manière dérangeante.
Il nous propose une bibliographie de cinq pages en fin d'ouvrage, malheureusement presque tout en anglais.
Je mesure parfois l'intérêt d'un livre à la durée qu'il vous habite, ce que j'appelle la caudalie littéraire, je ne pourrai pas me défaire d'ici tôt des images affreuses et des réflexions écologiques de ce livre.
Un livre à vous faire choisir un plat végétarien au restaurant comme le héros de ce livre qui prend “une petite salade”. Pour ma part, le Bibimbap sera au tofu ce soir.
Voici deux vidéos d'expériences dont l'auteur parle dans son roman.
Ré-impression d'un magnifique ouvrage.
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UGS : ChCatégories : JS Rossbach, Livres
CHAMANES, Les Chants de la Déesse est un Beau-Livre de contes illustrés qui rassemble à travers 136 pages les histoires de Femmes Chamanes de tous les âges, de la préhistoire à aujourd’hui.
Dans toutes les cultures du monde, les chamanes font le lien entre les êtres humains, la nature et les animaux. A travers ces récits, l’auteur et illustrateur Jean-Sébastien Rossbach veut avec ses mots comme avec ses peintures porter ce message : il est plus que jamais temps de protéger notre planète. Et comme il pense que l’avenir de celle-ci passe par les femmes, qui mieux que des figures féminines exemplaires pour incarner ce message d’espoir !
Un beau livre qui s’adresse aux lectrices et lecteurs attirés par le chamanisme ou la spiritualité liée à la Nature, sensibles aux problématiques écologiques, qui ont envie de rêver et de s’évader dans l’univers pictural et poétique auquel donne vie Jean-Sébastien Rossbach.
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De
Lundi 16 octobre 2023 à 14:54 - Mis à jour le lundi 16 octobre 2023 à 16:47
Par
Céline Pelosi est chercheuse à l'INRAE d'Avignon. Elle prouve que l'usage du glyphosate a des conséquences dévastatrices chez les vers de terre et donc sur la qualité des sols. Elle a signé une tribune dans Le Monde le 12 octobre dernier.
Les vers de terre sont présents © Radio France - © Photo Radio France / Christophe Noiseux
Céline Pelosi connaît tout des vers de terre et des bienfaits qu'ils apportent à notre sol. La chercheuse travaille à l'INRAE, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, à Agroparc à Avignon. Après avoir compilé de nombreuses études et en avoir mené elle-même, elle alerte sur ce que provoque une utilisation répétée du glyphosate sur les populations de vers de terre.
"Une application de glyphosate ne tuera pas nécessairement un ver de terre, explique Céline Pelosi avec beaucoup de pédagogie. C'est l'usage répété de cet herbicide qui va fatiguer les populations de vers, au fur et à mesure. Elles vont devenir de plus en plus basses. Et s'il n'y a plus de vers de terre, alors il y a moins de régulation des flux d'eau, moins de dégradations des matières organiques. Mais surtout, il y a moins de biodiversité. C'est un danger pour les agriculteurs puisque les vers de terre augmentent la croissance végétale".
Dans le détail, l'utilisation répétée du glyphosate provoque des retards de croissance, des défauts de reproduction et des changements de comportement. Le manque de vers de terre sur une parcelle agricole a lui deux conséquences : le rendement est plus faible et les plantes sont plus petites. Céline Pelosi souligne que c'est valable pour le glyphosate et pour tous les herbicides, pesticides ou insecticides.
La scientifique milite donc pour un changement de modèle agricole. "On voit bien tous les dommages que ça a sur la santé de l'homme et de l'environnement. Il faut sortir de tout ça, changer notre façon de faire et ne plus avoir recours aux produits chimiques". Céline Pelosi fait partie de ses scientifiques qui alertent sur la crise climatique ou l'effondrement de la biodiversité. Elle a notamment publié une tribune dans le Monde concernant les vers de terre, avec 16 autres spécialistes des sols. Mais elle regrette de ne pas être entendue par les décideurs. "A quoi ça sert, ce qu'on fait, s'interroge-t-elle ? Pourquoi faire de la recherche si ce n'est pas utilisé pour servir la cause de l'humanité ?"
Céline Pelosi conclut tout de même par une lueur d'espoir. Elle explique que lorsqu'on arrête d'utiliser du glyphosate sur une parcelle, par exemple pour se convertir en agriculture biologique, les vers de terre finissent par revenir. Ils mettent du temps, parfois cinq, 10 ou 15 ans, mais ils reviennent.
Dans la tétralogie en cours d'écriture, j'ai mis en scène trois couples vivant de cette façon.
témoignages
Publié le 28/10/2023 à 08h00 • Mis à jour le 28/10/2023 à 11h18
Écrit par Antoinette Grall
Petite pause photo pour les habitants de l'écolieu de Kervillé, en pleine récolte de leurs courges. Seuls, les deux enfants ne sont pas présents. • © Gérald Duda
Changer de vie, à plusieurs ! De plus en plus de citoyens tentent l'expérience. Face à une société qu'ils ne comprennent plus, ils décident d'habiter et de travailler ensemble. Au plus près de la nature, dans ce que l'on appelle des écolieux, ils développent des modes de consommation plus sobres qui tendent vers l’autosuffisance... Tous ces lieux sont différents, mais les motivations de leurs habitants se ressemblent. Témoignages. "J'avais besoin de me reconnecter à la nature", ils ont fait le choix de vivre ensemble, dans un écolieu.
En 2017, quatre couples d'amis décident d'inventer une vie communautaire plus riche de sens, plus sobre et plus solidaire. Ils ont l'opportunité d'acheter à un collectif d'artistes et à un agriculteur qui part à la retraite, un ensemble d'habitations, de hangars, et de terres. L'ensemble fusionne sur trois hectares. C'est ainsi que né l'écolieu de Kervillé à Beuzec-Cap-Sizun dans le Finistère. Le bas du lieu se compose de maisons individuelles privées construites autour d'une cour carrée où chaque foyer à son espace intime. Plus haut, le jardin, le potager, les vergers, les hangars transformés en salle d'activités, en atelier de bricolage et en buanderie forment leurs parties communes et publiques.
En bas de l'écolieu, se trouve l'espace privatif. Chaque foyer est propriétaire de sa résidence. Un chemin marque la frontière entre l'espace privé et l'espace public • © Gérald Duda
Au bout de deux ans, seul Cédric, le maçon, charpentier, vivait encore à Kervillé. L'échec des autres familles tenait de leur non-adhésion à ce nouveau mode de vie communautaire et aux difficultés de toute la vie privée qu'il faut réinventer. À partir de 2019, arrivent cinq nouveaux foyers qui ne se connaissaient pas et venaient de régions différentes. Deux familles quitteront l'aventure.
" Notre point commun est que nous venons tous de grandes villes. Aucun de nous n'est d'origine bretonne."
Gérald Duda
Parmi les familles qui sont restées, il y Gérald Duda et sa compagne. Las de leur vie urbaine et par conviction environnementale, il y a quatre ans, ils ont posé leurs valises à Kervillé. Lui, 44 ans, ancien responsable informatique et elle, professeure de yoga, décident d'expérimenter cette vie communautaire à la campagne." J'avais besoin de me reconnecter à la nature, de mettre mes mains dans la terre, de retrouver des arbres. J'avais cet appel " confie Gérald Duda. Le couple souhaitait ralentir son rythme et tisser des liens plus forts et respectueux avec la nature. La naissance de leur fils a accéléré leur choix.
"Nous voulions lui apporter une vie plus ouverte, plus libre."
Gérald Duda
Les paysages qu'offrent la nature de cette zone rurale apportent un apaisement, de la sereinité. • © Gérald Duda
À LIRE AUSSI : Vivre ensemble. Immersion à la Bigotière, un habitat partagé où douze quinquagénaires se la jouent collectif
"Les personnes qui arrivent en écolieux vivent un effondrement, souhaitent quitter le système capitaliste qu'ils jugent à bout de souffle et être acteurs du changement. Elles souhaitent enseigner à leur enfant la capacité à se débrouiller seul par des savoir-faire manuels, par le travail de la terre, de l'autoconstruction. Elles souhaitent développer leur empathie, leur donner des valeurs de coopération, de soin, une qualité d'écoute, de respect par l'exemple que donne leur gouvernance partagée" explique Julien Vey, Président et Co-fondateur de l'institut Supérieur de Design à Saint-Malo.
Cloé Vallée, la compagne de Gérald, ajoute : "depuis des années, j'étais convaincue par la décroissance. J'ai changé de métier, perdu en revenu et gagné en qualité de vie. Rejoindre un écolieu répondait à ma volonté d'aller plus loin, notamment au niveau de l'autonomie difficile à mettre en place en ville".
Les résidents de cette oasis nous rendent compte de ce qui marche, mais aussi de ce qui coince. Ils nous éclairent sur leur mode d’organisation, sur ce qui les rend heureux ou fiers dans cette aventure humaine, et nous font part de leurs questionnements sur leur avenir. • © Gérald Duda
Nicole et Jean-Paul Maillard eux, ont franchi le cap à l'heure de la retraite. "J'apprécie la forte énergie qui se dégage du groupe. Ce mode de vie est en accord avec mes idées : sobriété "heureuse", mutualisation des moyens, gouvernance partagée... Ce n'est pas pour autant la retraite paisible et tranquille à laquelle chacun peut aspirer" explique Jean-Paul.
"La vie en collectif nécessite de la disponibilité, de la recherche de compromis, de la prise de décisions consenties après de longs et riches échanges, ainsi qu'un travail sur soi."
Jean-Paul Maillard
Le professeur Julien Vey ajoute "La culture de la communauté n'est pas la nôtre et l'effort à faire pour y adhérer demande un lâcher-prise énorme. L'écolieu propose une alternative assez radicale à la manière dont on habite la terre. Intervient aussi, dans l'histoire de sa réussite, la question de la compatibilité des caractères, de l'entente entre les personnes. Pour nos sociétés tellement calculatrices, rendre service est une bonne voie pour se guérir."
"Vivre en écolieu reste un choc intellectuel, c'est une vraie réévaluation d'une manière de vivre".
Julien Vey
Président et Co-fondateur de l'institut Supérieur de Design à Saint-Malo
Finalement, témoigne ému Gérald Duda "on ne ressent pas un manque de notre vie d'avant. Nous avons même parfois du mal à nous la remémorer tellement la coupure est radicale."
"C'est le lieu qui nous a réunis. C'est difficile de trouver un endroit qui se prête à une vie communautaire, et qui coche tous ses besoins vitaux : habitats, puits, sources, arbres, terres… Ça devient des perles rares."
Gérald Duda
Beaucoup d' écolieux mettent aussi en place des jardins partagés, des systèmes d’économie et de récupération d’eau. Ils mettent en commun certaines ressources comme par exemple la buanderie, un four à pain, les outils, des vélos ou encore les voitures. Et surtout, ils n’hésitent pas à s’échanger des savoir-faire. L’idée est d’être le plus autonome possible. • © Gérald Duda
L'âge des habitants va de 6 à 62 ans. "La venue du couple de retraités apporte une cassure générationnelle, de la mixité à notre groupe de quarantenaires" déclare Gérald Duda.
Généralement, dans un couple, une personne garde son métier et l'autre se reconvertit vers un métier de l'autosuffisance pour exercer à mi-temps à l'écolieu.
" Ils sont complémentaires de leurs expériences passées et s'entraident pour avancer sur les objectifs communs. J'ai par exemple été missionné pour m'occuper du réseau pour que tout le monde dispose d'internet et de la wifi" raconte Gérald Duda.
Ils travaillent ensemble sur l'habitation de chacun. Sur cette photo, deux habitants travaillent sur le toit de la maison de Jean-Paul et Nicole. Le projet d'autonomie vient en soutien économique à la perte financière d'un emploi à plein temps. • © Gérald Duda
Gérald savait qu'en venant vivre dans ce lieu excentré, il serait obligé de ralentir ses dépenses. "Je travaille comme autoentrepreneur dans l'informatique, fais la saison estivale avec mon food-truck et me suis engagé comme pompier volontaire. Ces choix me permettent de dégager beaucoup de temps. Ma compagne continue son métier de professeur de yoga à Kervillé et chez les gens. L'été, elle dispense des cours sur la plage, pour elle, c'est un plus ! " expose Gérald Duda.
Pour garantir la pérennité du projet, il est indispensable de pouvoir consacrer du temps aux tâches collectives. Elles sont nombreuses? jardinage, récolte, entretien… • © Gérald Duda
"Le projet d'autonomie est important. Il vient en soutien à la perte de revenus induit par le choix de vivre en écolieu. Ils baptisent ainsi leur modèle économique "village"" expose Guillaume Faburel, géographe, enseignant à Lyon 2.
À Kervillé, l'autoconstruction répond à certaines règles éthiques : sobriété, efficience, durabilité... dans ce cadre, chaque propriétaire est libre du choix de ses travaux ou investissements pour sa résidence. "Les techniques low-tech offrent de nombreuses possibilités pour un même projet. Afin de choisir l'option la plus performante, le collectif échange beaucoup et valide le choix final" expose Gérald Duda.
"On pousse à chaque fois la réflexion au maximum en exploitant les compétences des uns et des autres."
Gérald Duda
" Nous utilisons au maximum des matériaux respirants, biosourcés, qui ont une forte capacité d'inertie pour réduire le plus possible notre consommation d'énergie" expose-t-il.
Les murs de la maison de Gérald Duda sont tapissés de chaux-chanvre, recouvert d'un enduit chaux-sable, le sol de tomettes couvre une dalle de pouzzolane. La réhabilitation, l'écoconstruction des habitats répondent au maximum à une éthique de durabilité, de sobriété. • © Gérald Duda
"Dans les écolieux, il y a un sentiment de bien-être attesté avec un bilan carbone deux à trois fois inférieur à nos vies urbaines accélérées".
Guillaume Faburel
Panneaux solaires, éolienne, la maison cherche sa plus grande autonomie énergétique. • © Gérald Duda
Un immense hangar d'environ 300 m² forme un grand atelier où les outils sont mis en commun. Tout autour, des box individuels de bricolage complètent cet ensemble. D'autres hangars permettent de stocker des matériaux.
Pour parfaire leurs connaissances et surtout s'ouvrir sur l'extérieur, de nombreuses conférences, évènements, animations sont proposées sur le site.
La vie au sein de l'écovillage est ponctuée de différents moments, individuels ou collectifs : des temps de travaux communs afin d'entretenir ou de faire évoluer le lieu, des petits évènements pour se retrouver tous ensemble autour d'un repas ou d'une animation, des grands évènements accueillant un public plus vaste. La notion d'ouverture sur l'extérieur et d'ancrage sur le territoire est très importante. • © Gérald Duda
Un des habitants installé comme maraîcher exerce son métier sur l'écolieu et diffuse son savoir. Objectif, préserver la biodiversité tout en ayant un bon rendement.
Leur priorité est de préserver la biodiversité tout en ayant un bon rendement. • © Gérald Duda
Quand on fait le bilan, raconte Gérald Duda "On se rend compte que l'on a fait des choix douloureux en quittant nos amis, notre famille, notre région. Mais certains instants nous font tout oublier. Nous partageons des moments incroyables avec les autres habitants de l'écolieu, avec notre voisinage, notre entourage extérieur. J'ai mis de côté mon ego, ma façon biaisée de penser les choses. L'expérience est incroyable, nous vivons la vie de village de nos anciens avec des moyens contemporains."
" Les écolieux lieux sont plus des brèches que des bulles. C'est un détour par le passé pour faire modernité. Ce n'est pas un retour en arrière."
Guillaume Faburel
"Je me vois finir ma vie ici, entouré des gens qui sont là, pour vivre dignement. Je pense plus largement que notre modèle de société est la clé qui permettra de résoudre tous les problèmes tels que la violence, la pauvreté, le racisme et toutes les difficultés liées au dérèglement climatique qui arrive" conclut Gérald Duda.
Le photographe allemand Daniel Biber a pris une scène étonnante, une nuée d’étourneaux formant elle-même un oiseau.
Le phénomène est plus connu sous le nom anglais murmuration mais est désigné agrégation en français. Cela définit un phénomène de rassemblement qui se produit lorsque plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’individus forment un incroyable nuage opaque dans le ciel.
Étourneaux sansonnet
Étourneau
Les oiseaux ne cessent de nous surprendre et les nuées d’oiseaux ne sont pas rares, surtout lors des grandes migrations vers le sud. Ils se donnent en spectacle dans le ciel, dans un ballet aérien parfaitement synchronisé. C’est le cas de l’étourneau qui est particulièrement sociable.
Les étourneaux vivent en groupe la majorité de l’année, excepté durant la période de reproduction où ils vivent plutôt en couple. La raison essentielle de ces regroupements serait la défense contre les prédateurs. Il s’agirait d’une stratégie de survie.
Selon les chercheurs, la formation de nuée permettrait de collecter plus efficacement l’information. L’ensemble du groupe bénéficie d’une information que chacun de ses membres fournit, mais à laquelle il n’aurait pas accès seul.
Ils fonctionneraient comme un seul organisme et seraient reliés entres eux, chacun réagissant au comportement de ses sept voisins les plus proches. Il n’y aurait aucun leader et la taille de la nuée n’aurait aucune incidence.
N’importe quel oiseau peut amorcer le changement de direction. Chaque oiseau réagit aux mouvements de ses voisins les plus proches et de manière quasi instantanée. Il se produit alors un effet d’ondes à travers la masse. Le mouvement devient progressif à l’échelle du groupe comme un effet domino pour une parfaite synchronisation.
Des chercheurs de l’université de Rome La Sapienza, dirigés par Andrea Cavagna, ont filmé les vols d’étourneaux et analysé leurs trajectoires en 3D. Ils ont démontré que ces nuées d’oiseaux forment des nappes vivantes qui se replient sur elles-mêmes, comme une feuille de papier souple.
Les chercheurs ont aussi mis en évidence deux types de réactions comportementales entre eux: l’attraction et l’alignement, qui fonctionnent comme des ressorts. Selon leur force et la façon dont elles se combinent, le groupe sera sensible à un infime changement de comportement. D’où un déplacement rapide et cohérent.
En formant une masse compacte, il devient plus difficile pour un rapace de les attaquer. Si un étourneau détecte un faucon, il part dans une direction et le groupe le suit. Le groupe développe un comportement de défense collective. Le rapace risquerait lui-même de se blesser en fonçant dans la nuée d’oiseaux en vol. Cette stratégie s’avère particulièrement ingénieuse et efficace. Mais, attention à ceux qui se retrouveront hors de la nuée! Ils deviendront alors des proies facilement atteignables.
Les étourneaux vocalisent par des sifflements et des gazouillis mais ils sont aussi de grands imitateurs vocaux. Ils peuvent imiter plusieurs autres espèces d’oiseaux. Jusqu’à 20 espèces différentes dont le Pluvier kildir, la Sturnelle des prés, la Buse à queue rousse, le Merle d’Amérique, le Pic flamboyant, et bien d’autres.
Des étourneaux ont déjà été à l’origine d’accidents aériens, comme lors du vol 375 d’Eastern air lines, qui s’est écrasé en 1960 à Boston, causant la mort de 62 personnes, après qu’une nuée d’étourneaux ait été aspirée dans ses réacteurs.
Bien qu’il y ait environ 200 millions d’étourneaux en Amérique du Nord, ce sont tous les descendants d’une centaine d’oiseaux (60 en 1890 et 40 en 1891) relâchés dans le Central Park de New-York, par une société littéraire qui souhaitait que l’on y retrouve toutes les espèces d’oiseaux mentionnées dans les œuvres de William Shakespeare.
Cet article-là, je l'avais complètement oublié. C'est un ami lecteur qui me l'a renvoyé. Il y avait un PDF à télécharger mais il ne fonctionne plus :( Jarwal avait été publié, il y a longtemps, mais la maison d'édtion a déposé le bilan quelques semaines après... Malversations dans les comptes, liquidation judiciaire...Hop, retour de Jarwal dans les tiroirs. Mais dans ma tête, il était toujours là et j'ai écrit trois autres tomes.
Au premier semestre 2024, mon éditrice actuelle, les éditions du 38, va publier le tome 1, avec une nouvelle couverture bien entendu.
POSTED BYNATHALIE DAMIDE
11 NOVEMBRE 2011
DANS POSTED ININFOS / INTERVIEWS
Auteur de JARWAL Le Lutin. Bien plus qu’un ouvrage parlant du Petit Peuple.
(DR Photo Nathalie Damide Baldji) Un article de : Nathalie Damide Baldji
Interview de Thierry Ledru
Auteur de Jarwal, le lutin, Thierry Ledru est enseignant et écrivain et pour l’un comme pour l’autre de ses métiers, qui sont aussi bien pour lui des vocations et des passions, il ne rentre pas dans le cadre.
Hors cadre donc, et d’autant plus attachant, cet auteur installé en Savoie nous ouvre son Univers emprunt de philosophie, de militantisme et d’amour de la vie.
L’Interview de l’auteur de JARWAL LE LUTIN , Thierry LEDRU
Télécharger le MP3
à découvrir aussi, Le QUI SUIS-JE de Thierry Ledru
Nom prénom ou l’inverse : Thierry LEDRU
Année de naissance : 1962
Lieu de naissance : QUIMPER
Lieu de vie : PRESLE
Situation de famille : marié, 3 enfants : Marine 22 ans, Rémi 20 ans, Léo 18ans
Signe(s) particulier(s): On me dit "solitaire". Au lycée, on m’appelait Maverick. (jeune veau qui s’isole du troupeau dès qu’il est sevré.)
J’aime : LA TERRE
Je n’aime pas : LES HOMMES QUI DÉTRUISENT LA TERRE
Mon dicton préféré : Ne t’invente pas des armées d’ennemis pour excuser tes propres faiblesses.
Ma recette de cuisine préférée : Les crêpes
Mon film ou/et dessin animé : Seul au monde / le roi et l’oiseau.
Si j’étais un super héros ou personnage de légende: Rahan
Ville ou campagne ? Campagne
Montagne ou mer ? Montagne
Café ou thé à la menthe ? Café
Mon animal préféré : J’aime tous les animaux.
Mon livre de chevet : "Se libérer du connu" de Krishnamurti.
Ma meilleure blague : Je suis nul en blague.
Dictée ou tables de multiplications? Dictée
Soupe ou bonbon ? Soupe au retour d’une course en montagne, en hiver.
123 soleil ou ballon prisonnier ? Ballon prisonnier.
Ma chanteuse/ou chanteur préféré ? Léo Ferré.
Mon Walt Disney préféré ? Le livre de la jungle.
https://jardinerbioblog.com/2019/02/08/nous-voulons-des-coquelicots/
C’est d’un appel à la résistance pour l’interdiction de tous les pesticides dont je vais vous parler dans cet article.
Figurez-vous qu’une amie m’a offert le manifeste Nous voulons des coquelicots écrit par Fabrice Nicolino (journaliste à Charlie Hebdo) et François Veillerette (enseignant) . Je suis tombée des nues en le lisant. D’une, parce que ce livre dénonce clairement la désinformation pratiquée par le lobby des pesticides (et nos politiques) mais aussi parce que je me suis rendue compte qu’il y a beaucoup moins d’insectes qu’avant. Tenez, par exemple sur les vitres de vos voitures, vous ne trouvez pas qu’il y a moins de moucherons à venir s’y écraser ? Les deux auteurs nous plongent également en 1875 où un scientifique n’avait qu’à soulever une pierre pour y trouver des grillons… Maintenant, et il n’y a que cent ans de différence, les petites bêtes sous les pierres sont quasi-rares. Cela mérite réflexion non?
D’ailleurs, nul besoin de revenir un siècle en arrière : rappelez-vous de votre enfance. Ne voyions-nous pas davantage d’oiseaux et d’insectes butineurs ? De guêpes prêtes à nous gâcher le pique-nique ? Plongez dans vos souvenirs (et dans les petits désagréments causés par les petites bêtes) et vous vous rendrez compte que vous ne pourrez pas troquer vos expériences de naguère contre celles d’aujourd’hui. Vous vous allongiez dans l’herbe et voilà t’y pas que vous aviez déjà une ou deux bestioles en train de vous courir sur le jean. Et les doryphores sur les plants de patates chez papy ? Disparus !
Il n’y a qu’une poignée d’années de différence et c’est déjà flagrant ! Mais que s’est-il passé ? Les pesticides bien sûr, la course à la productivité et l’urbanisation : où sont les abeilles ?
Les deux auteurs racontent comment, après la seconde guerre mondiale et la naissance du premier pesticide (le DDT), les lobbys ont su mentir éhontément à la population pour faire vendre leurs pesticides et comment ils ont réussi à faire pression sur les politiques pour qu’ils freinent au maximum les interdictions. Le pire : quand un pesticide est interdit (moi lectrice je me suis dit « ouf, ça y est, on est en sécurité ! ». Eh bien non !) c’est dix autres pesticides tous plus nocifs les uns que les autres qui arrivent sur le marché ! De plus, l’opacité scientifique dont font preuve les firmes qui commercialisent les pesticides (qu’elles appellent produits « phytosanitaires ». Oui ça fait plus propre, plus « médicament », voyez l’ironie) est aberrante. Elles payent des scientifiques pour qu’ils publient des rapports démontrant par a+b que leurs produits ne sont pas toxiques ! Et lorsque des scientifiques indépendants démontrent le contraire, tous les politiques – la justice même – prônent la diffamation et condamnent celui qui détenait la vérité.
S’informer des dangers de manipulation des produits phytosanitaires (ça fait envie !)
1945 : le DDT. C’est la poudre insecticide qu’on balançait sur les cultures et sur les juifs sortis des camps (cela a sauvé Primo Lévi du typhus). Or on sait maintenant que le DDT était cancérogène.
1945 : pulvérisation de DDT directement sur les baigneurs (ici un enfant) pour les « protéger » contre les moustiques.
1951 : le chlordécone. Commercialisé sous le nom de Kepone, il nuit à la reproduction et conduit à des maladies neurologiques. Quand est-il interdit ? Seulement en 1976 en Amérique et, avec le pouvoir des lobbys, en 1989 en France ! Pourquoi ? parce qu’on lui a trouvé un petit remplaçant. Ce pesticide utilisé massivement dans les bananeraies en Martinique et en Guadeloupe provoque encore aujourd’hui de nombreux cancers (de la prostate) au sein de la population.
Années 1960 : premiers épandages de l’« agent orange » sur la forêt vietnamienne. Il est constitué de deux herbicides (joyeux cocktail) les 2,4,5-T et le 2,4-D. Résultat ? 60 ans après, le poison épandu à cette époque a encore des répercussions sur les 3e voire 4e générations qui souffrent d’une quinzaine de pathologies souvent lourdes.
C’est en 1962 que paraît le livre de Rachel Carson Printemps silencieux (Silent spring) dans lequel cette biologiste de la mer y décrit un monde où même les oiseaux ont disparu tout simplement parce que « pour la première fois dans l’histoire du monde, l’homme vit au contact de produits toxiques, depuis sa conception jusqu’à sa mort ». Ces produits pénètrent dans l’intimité de nos cellules et provoquent des troubles qui diminuent notre durée de vie. Mais alors que faire ? Nous renseigner sur leur pouvoir et sur leur nature puisqu’ils restent dans le sol pendant des années et que nous finissons par les manger, les boire et les respirer. Bien sûr, cet appel à la vigilance sera spolié par les lobbys, parodié par Monsanto qui publiera L’année de la désolation inventant un scénario catastrophe pour discréditer l’ouvrage de Rachel Carson : le monde est ravagé par la famine, les maladies et les insectes parce que (sommes-nous bêtes ?) nous avons fait interdire les pesticides ! C’est le début de la désinformation.
Le glyphosate est mis sur le marché en 1975.
En 1992, le Gaucho (fameux néonicotinoïde qui tue nos abeilles) obtient une autorisation de mise sur le marché. C’est un insecticide systémique (c’est-à-dire qu’il est présent dans la sève de la plante). Or, les abeilles qui butinent les fleurs en ingèrent avec le pollen et en meurent, touchées au cœur de leur système nerveux. C’est en avril 2018 (c’était hier) que trois néonicotinoïdes sont interdits. On se dit que c’est bien enfin ? Non. Parce que deux autres font leur arrivée sur le marché et sont loin d’être interdits : le Closer et le Transform, tous deux à base de sulfoxaflor (néonicotinoïde).
Un apiculteur tenant dans ses mains les cadavres de ses abeilles.
En ce moment, on se bat contre le glyphosate (molécule appartenant à la firme Monsanto qui les met en vente sous le fameux roundup). Mais cette firme a réussi à faire freiner l’interdiction de son produit qui est sur le marché depuis au moins quarante ans (alors qu’on savait depuis le départ de sa mise sur le marché qu’il était nocif pour les êtres vivants). Pourquoi c’est si long ? Le principal syndicat des agriculteurs (la FNSEA) le présente comme indispensable pour garder une productivité et être compétitif sur le marché. De plus, Monsanto gagne du temps en faisant traîner ses procès ce qui lui permet d’engager un processus pour créer un nouveau pesticide avec une autre molécule que le glyphosate.
Pour preuve de la désinformation dont nous sommes victimes, regardez les publicités mensongères de l’époque pour vanter les mérites du roundup et prôner l’absence de danger pour l’environnement ! Or maintenant pour manipuler ce type de produit, il faut mettre une protection spéciale !
Publicité roundup : l’une avec un agriculteur qui en vante les mérites et la deuxième ci-dessous !
Les néonicotinoïdes tuent les abeilles et les apiculteurs sont en détresse :
Le DDT est encore présent dans des sédiments des cours d’eau (45 ans après son interdiction, imaginez sur les êtres vivants). Pour les autres produits, les politiques se gardent bien de demander des analyses mais on se doute bien qu’ils ne sont pas biodégradables.
Ne perdons pas espoir, les abeilles sont toujours là !
Si vous voulez poursuivre la réflexion vous pouvez aller voir le site de Fabrice Nicolino « Planète sans visa ». Il propose une réflexion sur l’actualité en adoptant une autre perspective : une autre façon de voir la même chose.
Le numéro spécial de Charlie Hebdo sur les pesticides.
Le précédent ouvrage écrit par ces deux mêmes auteurs : Pesticides. Révélations sur un scandale français. Ils y dénoncent le scandale des pesticides en France. Rappelons que malgré les différentes mesures censées limiter l’utilisation de pesticides, les vignes à champagne sont aspergées plus de 19 fois par an, c’est en moyenne 34 fois de suite sur les pommes et pas loin de 18 fois sur les pommes de terre (seulement 12 fois sur les tomates, réjouissons-nous)…
Le reportage sur arte Le roundup face à ses juges (sur le procès de Monsanto).
Envoyé spécial. Glyphosate, comment s’en sortir ? Ce reportage démontre que nous avons tous du glyphosate dans le sang, qu’il est responsable d’une épidémie d’infection rénale qui a touché le Sri Lanka obligeant le gouvernement à l’interdire : des milliers de paysans sont sous dialyse parce que leurs reins ne fonctionnent plus… Ils travaillaient dans des rizières et buvaient l’eau infestée de pesticides : personne ne leur avait dit que ce produit était dangereux. Normal, pour les firmes, il ne l’est pas et des scientifiques se sont fait graisser la patte pour prouver que le glyphosate est sans danger pour la santé.
Attention, restez critiques, ce n’est pas parce qu’une firme de pesticides est en procès (qu’ils vont perdre), qu’on sera débarrassés de tous les pesticides. Ce manifeste m’a montré que ces firmes cherchent à gagner du temps pour d’une part, écouler leurs produits et d’autre part, trouver une autre recette pour laquelle il faudra encore des années et des années de contre-expertises, de laboratoires non compromis par la firme pour démontrer que c’est bel et bien dangereux pour la santé !
Signez la pétition « Nous voulons des coquelicots » pour revoir fleurir nos champs et interdire l’usage des pesticides. Ces fleurs nourrissent les abeilles, produisent des graines qui nourrissent les oiseaux.
Cet appel ne consiste pas seulement à signer la pétition mais également à ce que chacun se révolte à sa façon contre l’utilisation des pesticides ! Ce peut être en semant des coquelicots, en accrochant un dessin de coquelicots au bas de sa fenêtre ou en se rejoignant au moins tous les mois pour une immense marche.
Pourquoi le coquelicot comme emblème ? « Parce que cette fleur est belle. (…) Les pesticides en ont tué des milliards de milliards. Le coquelicot est donc fragile, et rare désormais, sauf en quelques lieux épargnés. Mais il est aussi résistant, capable en une saison de libérer des dizaines de milliers de graines. Dans l’universel langage des fleurs, le coquelicot est à la fois consolation, passion ardente et fertilité. Que pourrait-on souhaiter de plus au monde ? » (Nous voulons des coquelicots, Fabrice Nicolino et François Veillerette).
https://jardinerbioblog.com/2022/06/16/agriculture-syntropique-quest-ce-que-cest/
Après la permaculture je vous parle encore d’un truc de bobos écolos, non ?
Si la ferme du Bec-Hellouin est de la permaculture appliquée à grande échelle, la syntropie fait de même mais avec d’autres méthodes.
Des principes qui lui permettent d’accélérer les processus naturels en divisant le temps par 10, ça vous parle ? Moi ça m’a l’air immense mais – vous vous en doutez – ça reste abstrait !
En accélérant ainsi le temps, ce système exploite au mieux la lumière du soleil sur chaque plante et garde un maximum d’humidité au sein de l’écosystème.
Intrigant. Peut-on reboiser le désert ?
Oui tout commence toujours par un homme… C’est dingue…!
Ernst Götsch (Suisse) installé au Brésil y a acheté une ferme en 1984 : un vrai désert.
C’est truqué, non ? C’est photoshop ? Attends, je reconnais cette colline-là, non… ?
En près de 30 ans, le paysage est transfiguré. Pourtant, Ernst n’a fait que reproduire les stades successifs présents dans la nature. Sauf que, couplés avec l’intelligence humaine, il les a accélérés et a, du même coup, donné naissance à l’agriculture successionnelle, autrement dit : la syntropie.
Ha, nous y voilà enfin ! Comment ça fonctionne dans la nature tout ça ?
Tout d’abord, la nature est bien faite et elle tend à chaque fois à devenir une forêt (oui c’est sa petite marotte).
Sur la terre apparaissent d’abord :
des plantes pionnières (les mousses, les herbes…) : c’est la phase placenta.
des plantes à croissance plus lente (des arbustes comme des genêts par exemple) : c’est la phase secondaire.
puis des plantes qui occupent la forêt pendant des millénaires (les chênes dont les graines étaient protégées des prédateurs dans le roncier) : c’est la phase climax.
C’est Ernst Götsch qui a donné un nom à chacune de ces trois phases qui correspondent à des strates de végétation : la strate herbacée (la phase placenta), la strate arbustive (la secondaire) et la strate haute (le climax).
Voici un exemple de feuille de route de l’agriculteur syntropique.
Vous savez maintenant tout sur la succession des plantes dans l’écosystème.
Maintenant, sachez aussi qu’il y a trois stades d’évolution de la végétation dans la nature : la colonisation, l’accumulation et l’abondance.
La colonisation. C’est l’installation de la vie : ici pousse des plantes qui peuvent grandir en milieu hostile (peu de terre…).
L’accumulation. C’est un système peu diversifié avec des espèces qui produisent beaucoup de bois (lignine) et peu d’azote (les arbres et les plantes qui ont des petites feuilles). Cette accumulation de bois va engranger de la matière organique dans le sol. Au bout d’un moment, toutes ces réserves de matière organique, accumulée puis décomposée, seront disponibles en quantité pour les végétaux qui produiront enfin de l’azote.
L’abondance. C’est la phase suivante, l’efficacité de la photosynthèse va arriver à son maximum, les végétaux créent de grandes feuilles. Les grands herbivores apparaissent et viennent perturber le système. Le cycle recommence avec à chaque fois une augmentation de la fertilité du milieu.
C’est en étudiant ces stades qu’Ernst a déterminé l’importance de la taille.
Ernst Göstch a trouvé une manière d’accélérer ce processus naturel pour aller plus rapidement vers un système d’abondance.
Ernst Götsch dans son exploitation
Le but d’Ernst sera de choisir d’implanter des végétaux (ou de semer) pour pouvoir occuper chacune des 4 strates végétatives : la strate herbacée, arbustive, la strate haute (canopée) et la strate émergente.
Mulch is never too much !
Autrement dit, il n’y a jamais trop de mulch quand on démarre en agriculture syntropique ! Le mulch c’est un paillage de bois broyés (ou coupés en fins morceaux). Et comment on produit du mulch ? En taillant un maximum (au début on a le droit de l’importer).
Agricultrice syntropique en pleine opération de taille. Admirez les résidus au sol.
Tout d’abord, le stade de colonisation n’est pas à faire : nous arrivons sur un terrain qui est déjà dans le stade d’accumulation.
Vous choisissez une culture primaire, celle qui vous intéresse, que vous voulez ardemment récolter. Comme j’adore les framboisiers, on va dire que votre culture primaire ce sont les framboises.
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Bien. Maintenant vous allez exploiter l’ensemble des 4 strates avec d’autres cultures. Entre les framboisiers (strate arbustive) vous cultivez des légumes (ils joueront le rôle de la strate herbacée), mais aussi des arbres fruitiers (strate haute) et des arbres plus hauts qui constitueront la strate émergente (si vous n’avez pas la place, ce n’est pas grave vous pouvez oublier cette strate).
C’est tout ? Non ! Vous taillez au maximum vos arbres fruitiers, vous sursemez vos légumes pour en couper pas mal (en laissant les racines dans le sol) : tous les résidus de coupe seront taillés et laissés au sol. Ils apporteront énormément de carbone : le sucre lent du sol !
Pour les framboisiers, votre récolte primaire ? Vous les taillez normalement. La taille de toutes ces plantes alentours leur enverra l’information qu’il faut produire car ils risquent d’être taillés !
La syntropie questionne notre manière de jardiner : certes nous récolterons des légumes au milieu de nos framboises mais peu par rapport à ce qu’on a semé/planté. Certaines plantes n’auront été semées que dans le but de produire de la matière organique, sans leur donner le temps de grandir !
Ça vous questionne ? Moi aussi !
Pourquoi devons-nous à ce point intervenir et perturber nos plantations ? Nous provoquons fréquemment un rajeunissement du système (coupe de branches, taille des arbres, suppression d’individus…). Ce faisant, nous accélérons le processus qui se fait naturellement mais qui prend des décennies. Encore sceptiques ? Cette pratique a d’autres nombreux effets :
Elle maintient les arbres taillés à outrance dans un état de repousse permanente.
Via les racines et le réseau mycorhizien, les arbres informent les autres plantes de la situation : il faut produire !
Avec la taille, les arbres restent en état d’adolescence et n’entrent pas en sénescence (vous voyez les trognes ? Eh bien, ces arbres vivent plus longtemps que ceux qui sont rarement taillés).
Elle fait libérer aux arbres des hormones de croissance qui profitent à toutes les plantes.
Elle augmente la production de matière organique au sol (avec les résidus de taille) : les plantes puisent plus rapidement des minéraux dans le sol et repoussent plus vite : un cercle vertueux.
Elle est stratégique car elle permet de faciliter la croissance de nos espèces primaires en leur fournissant de la lumière.
Elle nous permet de maintenir la stratification du système.
Maintenant que vous savez ce que c’est l’agriculture syntropique, c’est bien joli mais vous n’avez pas envie de tester ça dans votre jardin (ou votre champ, chanceux que vous êtes) ?
Je mets cet article ici car je trouve magnifique la photographie des 177 acteurs et actrices et que c'est un très bon exercice de mémoire. ^^
L'article est passionnant quand on aime le cinéma.
1 NOVEMBRE 2019 SYLVAIN LEFORT & FRED TEPER
https://plumesdecine.wordpress.com/2019/11/01/episode-9-duos-de-realisateurs-pour-177-acteurs/?
© Christopher Poulain
ACTEURS/PHOTOS
Venons-en à la photo des 177 acteurs du cinéma français dans le numéro du premier anniversaire de Studio, en février 1988. Qui en a eu l’idée ?
Jean-Pierre Lavoignat. Marc, bien sûr ! Il avait l’idée de cette photo qui réunirait tous les acteurs du cinéma français depuis un certain temps, un peu à l’image des photos que faisaient jadis les studios américains – sauf que pour eux c’était plus facile : les acteurs étaient sous contrat ! Il a même envisagé un moment l’organiser pour le lancement de Studio, il souhaitait que ce soit l’axe du film de pub de lancement. C’était trop compliqué à mettre sur pied, et on n’avait pas assez de temps. Il a relancé l’idée pour le premier anniversaire de Studio, sans être sûrs qu’on arriverait au bout.
Marc Esposito. Il fallait qu’ils soient tous disponibles le même jour à la même heure ! Ça ne pouvait donc être qu’un dimanche. Dès le mois de septembre 87, on a envoyé des lettres aux 20 acteurs les plus importants, en leur proposant des dates, on s’est décidé pour le jour qui avait été le plus souvent choisi. Ensuite, on a envoyé une lettre à tous les autres acteurs, en leur disant : »Le dimanche 10 janvier, à telle heure, à tel endroit, on fait une photo de tous les acteurs français réunis. Nous espérons que vous pourrez être parmi nous. » La bonne idée est venue de Christine Levreau, notre RP. Elle a proposé de monter un partenariat avec les taxis G7, qui appartenaient à Rousselet, le boss de Canal, notre actionnaire, afin qu’il y ait un taxi en bas du domicile de chacun des acteurs le même dimanche matin, à la même heure. Résultat : tous ceux qui avaient dit qu’ils viendraient sont venus, vu qu’un taxi les attendait en bas de chez eux !
JPL. Il y a quand même eu quelques défections de dernière minute : Christophe Lambert qui s’était blessé trois jours avant sur un tournage et était encore à l’hôpital, Sophie Marceau, qui était partie au Japon, Daniel Auteuil, pour je ne sais plus quelle raison…
ME. Ça, moi je m’en souviens ! Il vivait alors avec Emmanuelle Béart, qui avait refusé de venir parce qu’elle n’avait pas digéré je ne sais plus quel petit coup de griffe que j’avais écrit sur elle, et le matin de la photo, pendant qu’il se préparait, elle lui avait fait une scène pour qu’il ne vienne pas ! C’est lui qui te l’a raconté plus tard… Ce qui est drôle, c’est que quand le numéro est paru, Auteuil était l’invité de Drucker dans une émission, Drucker a montré la photo, en lui demandant pourquoi il n’y était pas. Et Auteuil a répondu : »Si si, j’y suis, cherchez bien… » Ah ah ah !
Il n’y a ni Belmondo, ni Delon…
JPL. Belmondo venait de finir les représentations de Kean, qu’il avait joué jusqu’à l’épuisement et il m’avait dit : »Rien au monde ne me fera rester à Paris. Donc, c’est une très bonne idée, mais ne comptez pas sur moi, je n’en peux plus, j’ai besoin de soleil ! » Si Belmondo était venu, c’est sûr que Delon serait venu aussi. Delon nous avait fait téléphoner quelques semaines avant pour nous dire qu’il ne pourrait pas être disponible car il avait un rendez-vous en Allemagne avec des businessmen japonais (!) et qu’il regrettait car c’était une belle idée. Marc m’avait dit : »C’est du pipeau ! » Je ne voulais pas le croire. Le jour de la photo – qui s’était éternisée ! – on débarque, Marc, moi et quatre ou cinq autres de l’équipe, à 3 heures de l’après-midi à la Brasserie de l’Alma, un des restos cinéma de l’époque, pour déjeuner. Je pousse la porte, et qui je vois assis fond de la salle ? Delon ! C’est moi qui ai détourné le regard, tellement j’avais honte… pour lui ! On est restés en froid pendant longtemps après cette histoire. Mais cela ne nous a pas empêchés, des années plus tard (en avril 96), de lui proposer de faire la couverture, avec Olivier Martinez (Delon avait failli jadis faire Le Hussard sur le toit, et Martinez venait de le tourner), d’un Spécial Cinéma français. Il avait été adorable pendant la séance photos. Mais on s’est refâchés dés la sortie du numéro, car il n’a pas apprécié que je lui annonce quelque temps avant la parution qu’on avait décidé, en chemin, de faire deux autres couvs pour ce numéro-événement : Béart et Binoche, alors considérées comme rivales, et la bande du Splendid réunie pour la première fois sur la même photo depuis une éternité. Et puis on s’est réconciliés à nouveau sur le tournage du Leconte, Une chance sur deux... Ensuite, on a enfin eu des rapports normaux. Et il a été très coopératif et très amical quand je me suis occupé de l’expo Romy Schneider. La photo des acteurs reste, pour moi, et je suis sûr que c’est pareil pour Marc, l’un des moments les plus forts de toutes ces années-là. 177 acteurs avaient donc répondu présents En plus, ce qui était génial, c’est qu’ils étaient très heureux d’être là. Ils ne voulaient plus partir ! Après la photo, ils étaient restés longtemps à papoter autour du buffet. Ils étaient détendus parce qu’ils étaient venus juste pour une photo : pas de remise de prix, pas de projo, pas de promo, juste une photo de famille… Il y a eu des moments magnifiques : Bernadette Lafont s’est précipitée sur Jean Marais pour lui dire qu’elle l’aimait depuis toujours, Noiret a déclaré la même chose à Denise Grey. Et Girardot… Elle nous avait d’abord dit non, elle nous avait même raccroché au nez quand on l’avait appelée pour la relancer ! Marc et moi lui avions écrit une lettre…
ME. … c’est dingue, le nombre de lettres qu’on a écrites pendant toutes ces années !
JPL. …pour lui dire à quel point elle nous avait fait aimer le cinéma quand on l’avait vue dans ses films des années 60-70. Elle est finalement venue, et est restée longtemps après à bavarder avec les uns et les autres. En partant, elle m’a dit : »Vous avez bien fait d’insister. Je croyais que le cinéma français ne m’aimait plus. J’ai eu la preuve du contraire. » Comme aux César quelques années plus tard, les pleurs en moins. Anouk Aimée, elle, ne répondait pas à nos lettres. Tous les deux, on l’a invitée à déjeuner au Prince de Galles, on lui a fait un énorme numéro de charme…
ME. Surtout toi ! Ah ah ah !
En plus de la photo d’équipe avec les 177 acteurs, il y a eu aussi celle-ci. Avec le petit chien de Juliette Binoche (et Leos Carax), tout conforme au dress code désiré pour la photo : noir et blanc
JPL. Elle nous a promis de venir. Et… elle n’est pas venue ! Charlotte Rampling nous avait dit oui. Mais le jour J, le taxi nous a appelés pour nous dire qu’il n’y avait personne devant son domicile. On lui a alors laissé un message sur son répondeur, elle n’a pas décroché mais elle est venue. Micheline Presle est arrivée la dernière car elle avait voulu venir avec sa propre voiture et s’était perdue ! Quand Deneuve est arrivée, je suis allé l’accueillir, et elle m’a demandé : »Philippe est là ? Et Yves ? Et Gérard ? – Ils sont là tous les trois. » Noiret, Montand et Depardieu étaient là, elle était rassurée, elle n’était pas la seule star… On avait passé des nuits à faire « le plan de table », en tenant compte de tas de paramètres : les jeunes, les vieux, les stars, les pas stars, les hommes, les femmes, ceux qui avaient eu une histoire entre eux, ceux qui ne s’aimaient pas…
Photo des 177 acteurs (avec Sylvie Gonthiez)
ME. C’était compliqué parce que, sur des gradins, ceux du premier rang en bas étaient beaucoup plus en évidence que ceux qui étaient tout en haut. On leur avait demandé d’être tous habillés en noir. Sous le noir, seul le blanc était accepté pour les chemises, écharpes, tee shirts. Ils avaient tous joué le jeu. Personne n’est arrivé avec une chemise rouge, en disant : »Désolé, j’ai oublié… »
JPL. A l’entrée du studio, on avait affiché le plan, avec tous les noms dans les cases, c’est comme ça qu’ils ont découvert où ils étaient placés, à côté de qui on les avait mis.
Photo des 177 acteurs – le placement
ME. J’avais continué de bosser sur ce plan toute la nuit, j’étais venu au studio sans avoir dormi, direct du bureau !
JPL. Je me souviens, Montand m’avait dit : »J’ai vu que je suis au cinquième rang. Qui tu as mis au premier, petit ? » Je lui ai dit : »Jean Marais, Charlotte Gainsbourg, Bernard Blier, Bernadette Lafont, Denise Grey, Christophe Malavoy, Thierry Frémont… » Il a compris qu’on n’avait pas fait un placement « hiérarchique », et il n’a fait aucun commentaire. L’idée qui a résolu tous les problèmes, c’est que comme tout le monde savait qu’on était très amis avec Depardieu, qui était au top, on l’avait placé très haut, donc très mal. Du coup, personne ne pouvait se plaindre.
ME. Ce qui est génial, surtout, c’est qu’on ait pu faire ce coup-là à Depardieu, sans qu’il le prenne mal. Beaucoup, à sa place, auraient mal réagi : »Quoi ? Je suis pote avec les boss, et ils me placent comme une merde ?! »
JPL. A l’époque, il tournait Camille Claudel. Il a la tête de Rodin sur la photo. Le lendemain de la photo, il a engueulé Adjani parce qu’elle n’était pas venue, qu’elle s’était privée d’un moment incroyable, que c’était un truc unique. Il y en a même d’autres qu’on n’avait pas invités, qui nous avaient appelés pour en être, on n’avait pas osé leur dire non.
Essai N°1 de couverture pour le numéro anniversaire de Studio dans lequel figurait la photo dite des 177 acteurs
Essai N°2 de couverture pour le numéro anniversaire de Studio dans lequel figurait la photo dite des 177 acteurs
RENCONTRES CINÉASTES
Pour Studio, vous organisiez des rencontres entre des cinéastes. Comment les organisiez-vous ? En fonction des affinités qu’avaient les réalisateurs les uns avec les autres ?
JPL. Des fois oui, des fois non. Il est sûr que faire se rencontrer Scorsese et Tavernier pour le n° 1, ce n’était pas le plus compliqué. Ils se connaissaient et s’appréciaient. Idem pour la rencontre Corneau-Eastwood au moment de Bird. Corneau était tellement généreux, il aimait le cinéma des autres, ce qui n’est pas le cas de tous les cinéastes, loin de là ! De fait, on l’a beaucoup mis à contribution ensuite : avec Jean-Jacques Annaud, avec Beineix et Zulawski, avec Stephen Frears, avec Tavernier. Une des rencontres qui m’a le plus marqué, c’est celle de George Miller et George Lucas. Cette année-là (1988), Miller est membre du jury à Cannes et Lucas y présente sa dernière production, Willow. Tout le monde nous dit : »Vous rêvez, vous ne les aurez pas ! ». En plus, ils ne se connaissaient pas. J’insiste. Finalement, leurs attachés de presse françaises nous ont soutenus et ont obtenu un OK pour 45/50 minutes d’entretien. On les rejoint, Christophe (d’Yvoire) et moi, à l’Hôtel du Cap. Au bout de 30 minutes, c’est comme si on n’était plus là. Ils parlent entre eux, comparent les mythes, évoquent les ouvrages de Joseph Campbell, le grand spécialiste américain de la mythologie. Leur dialogue a quasiment duré trois heures !
Georges Lucas Georges Miller Cannes 88 © C. d’Yvoire
Pourquoi ces rencontres se sont-elles arrêtées ?
JPL. Parce qu’on a épuisé un peu nos idées et aussi parce qu’on a eu de plus en plus de mal à trouver des metteurs en scène prêts à jouer le jeu.
ME. Bruno Dumont – Pascale Ferran, ça fait moins rêver ! Il y avait beaucoup de grands metteurs en scène à l’époque, ce qui n’est plus le cas.
Vous avez fait dialoguer Sautet avec Blier, Woody Allen avec Agnès Jaoui, Scorsese avec Kurosawa, Louis Malle avec Kieslowski, Coppola avec Lucas, Sidney Lumet avec Chouraqui, Tarantino avec Tony Scott, Sidney Pollack avec Lelouch…
ME. Tout ça, c’est Jean-Pierre. On n’aurait jamais essayé de faire cette série d’entretiens si Jean-Pierre n’avait pas été là, c’était pile un truc pour lui, il avait les deux qualités nécessaires pour y arriver : il est tenace, et tout le monde l’adore !
Martin Scorsese et Akira Kurozawa cannes 90 ©C d’Yvoire
JPL. En tout cas, c’était une idée à toi ! Scorsese-Kurosawa, ce n’était pas une interview de promo, mais presque. Ils étaient à Cannes ensemble pour la projection de Dreams, le film de Kurosawa dans lequel Scorsese, qui l’avait produit avec Lucas et Spielberg, jouait Van Gogh. C’était très frustrant, car Kurosawa ne parlait pas anglais, et Scorsese pas japonais. La traduction dans chacune des langues prenait un temps infini. Pour une heure d’entretien, on a eu 20 minutes de contenu. Mais ils ne l’ont fait que chez nous. Une rencontre qui a compté, parce qu’il est rigolo de jouer les instruments du destin, même si c’est vaniteux de dire ça, c’est celle de Brian De Palma avec Régis Wargnier au Festival de Deauville 1987. On avait d’abord proposé à Susan Seidelman, la réalisatrice de Recherche Susan désespérément, de le rencontrer. Elle s’était désistée deux jours avant. Il se trouve que j’avais croisé peu de temps auparavant Régis Wargnier, tout juste sorti du succès de La Femme de ma vie, et qu’il m’avait dit qu’il adorait De Palma. J’appelle donc Wargnier en catastrophe pour lui proposer de venir avec moi à Deauville le lendemain. Il accepte. Après la projection des Incorruptibles, vient le moment de l’interview. Il faut savoir qu’à l’époque, De Palma a une réputation terrifiante, notamment auprès des journalistes qu’il traite très mal. On lui présente Wargnier, il écoute d’une oreille distraite et dès les premières questions, il est odieux avec lui. Au bout d’un quart d’heure, Wargnier s’énerve et lui dit : »Vous n’avez pas le droit de me parler comme ça. Je suis cinéaste, j’aime votre travail, et je peux vous dire pourquoi et comment, dans votre film, vous avez fait tel ou tel plan ! » De Palma en est resté scotché ! Il est devenu tout miel et ne l’a plus quitté jusqu’au dimanche soir. Et ils sont devenus très amis. Ils sont même arrivés un soir bras dessus bras dessous à une fête de Studio ! De Palma a ensuite demandé à Wargnier de s’occuper d’une partie du casting des actrices pour Mission Impossible – et c’est Emmanuelle Béart qui a eu le rôle. Wargnier a présenté Patrick Doyle à De Palma qui lui a commandé la musique de L’Impasse... Et Wargnier a joué son propre rôle, le temps d’une scène avec Sandrine Bonnaire, dans Femme Fatale que De Palma a tourné à Cannes. Sans Studio, cela n’aurait sans doute pas existé. Il y a eu deux ou trois histoires du même ordre. Par exemple, c’est en voyant une photo de Binoche dans Studio que Kieslowski a eu envie de lui proposer Bleu. Pareil pour Vincent Perez : Nadine Trintignant a vu une photo de lui dans Studio et lui a proposé La Maison de Jade, sur lequel il a rencontré Jacqueline Bisset avec qui il est resté plusieurs années.
Autre rencontre qui a dû être mémorable : Godard-Balasko…
JPL. C’était inattendu et passionnant. Godard venait de faire Soigne ta droite, avec des acteurs qui n’avaient pas l’habitude d’être chez lui : Birkin, Lavanant, Villeret, Galabru, etc. Et Balasko venait de réaliser son deuxième film, Les Keufs, dans lequel elle avait donné un très beau rôle, celui d’un commissaire névrosé, à Jean-Pierre Léaud. C’est de là qu’est née l’idée de cette rencontre. Et Godard avait joué le jeu de manière incroyable, s’amusant même à faire le clown avec son écharpe. On n’était pas fous de cette période-là de Godard, mais il y avait quand même quelques films qu’on avait aimés : Sauve qui peut la vie, Passion… On avait même fait la couv de Première avec Johnny sur le tournage de Détective, avec Nathalie Baye et Claude Brasseur…
ME. Johnny ! Mon idole ! J’ai adoré l’après-midi que j’ai passée avec lui pour cette interview. Il s’était montré intelligent, subtil, très cinéphile, très pointu, tout comme j’étais sûr qu’il était.
Johnny Hallyday et Nathalie Baye sur le tournage du Neveu de Beethoven
JPL. J’ai toujours eu aussi beaucoup d’affection pour lui. Et sa passion pour le cinéma était vraiment touchante. L’un de mes plus beaux souvenirs avec Johnny, c’est lorsque je suis allé à Vienne avec Luc sur le tournage du Neveu de Beethoven, de Paul Morissey, le complice d’Andy Warhol (que j’avais trouvé, à ma grande surprise, réac à mort !) dans lequel tournaient Jane Birkin et Nathalie Baye. A l’époque, Johnny était donc avec Nathalie Baye et était venu passer le week-end sur le plateau. Ils avaient même accepté qu’on fasse une photo d’eux ensemble sur le plateau, lui en jean et blouson, elle en crinoline, et on l’avait publiée. Luc et moi, on devait rentrer le dimanche soir et il nous a demandé de repousser notre retour au lundi matin pour ne pas faire le voyage tout seul. On s’est donc retrouvés le lundi matin tous les trois à l’aéroport de Vienne. Je lui demande ce qu’il prépare. »Un album avec Michel Berger. » Et là, il sort de la poche de son blouson une feuille avec un texte écrit au crayon à papier et il commence à chanter : »Y a des flat cases qui traînent sur scène… » Les premiers mots de ce qui allait être Le Chanteur abandonné ! Et il nous a chanté la chanson en entier. En avant-avant-première, juste pour Luc et moi !
ME. J’en suis malade, d’avoir raté ça. En même temps, tant mieux : j’aurais chialé comme un abruti !
JPL. En plus, dans l’avion, il y avait Rudolph Noureev qui est venu parler avec lui. Tout cela me paraissait totalement irréel… Quant à Godard, on a retravaillé avec lui plusieurs fois ensuite. Notamment pour le numéro des 100 ans du cinéma, en mars 95.
Lettre de Jean-Luc Godard donnant son accord pour l’interview dans le numéro des 100 ans du cinéma.
Comment cela s’est-il passé ?
JPL. On avait décidé qu’il n’y aurait que deux très très longues interviews : Spielberg et Godard. Les deux opposés sur la carte du cinéma ! Les deux ont dit oui. J’ai donc interviewé Spielberg à Los Angeles avec Michel (Rebichon) qui était à l’époque le correspondant de Studio à Hollywood. Et Godard avec Christophe (d’Yvoire) à Rolle, en Suisse. Les privilèges du chef ! Ah ah ah ! La rencontre avec Spielberg a été simple et passionnante comme toujours. La rencontre avec Godard a été un moment rare. Il était brillant et attachant, il ne voulait plus nous laisser partir, il a changé lui-même notre billet de train pour qu’on prenne le dernier, et nous a fait visiter sa caverne d’apprenti sorcier avec tous ses ordinateurs sur lesquels il inventait ses Histoire(s) du cinéma, il a insisté pour un dernier verre au café en bas. Il avait l’air seul. Il le disait d’ailleurs. C’était touchant. Aujourd’hui, quand j’entends parler de Godard, c’est à cette après-midi là que je pense toujours. Et à son sourire enfantin et désarmant. Deux ans ou trois ans plus tard, quand Les Cahiers du cinéma ont publié Godard par Godard où étaient réunis ses « grands entretiens », ils nous ont appelés pour nous dire que Godard avait souhaité que cette interview y figure et ils nous demandaient l’autorisation de la publier. J’imagine leurs têtes quand Godard le leur a demandé !
ME. J’ignorais cette histoire, elle est magnifique !
JPL. Il nous est arrivé d’élargir ce principe des rencontres et de ne plus faire discuter ensemble deux metteurs en scène mais deux personnalités qu’on aimait. Juste pour notre plaisir, et… le leur ! Spike Lee nous avait dit qu’il aimerait rencontrer Béatrice Dalle, on a monté la rencontre. On savait Patrick Bruel fou du Cercle des poètes disparus, on lui a demandé d’interviewer Peter Weir pour nous… Caro et Jeunet étaient des fans absolus de Terry Gilliam, on a organisé leur dialogue. J’adorais les romans de Modiano et j’aimais beaucoup Jean-Marc Roberts, que j’avais rencontré à Première sur les tournages de Pierre Granier-Deferre dont il était le scénariste fidèle. La parution simultanée de deux de leurs livres a été l’occasion de les faire parler ensemble de cinéma juste pour nous. Un bonheur… C’était l’avantage de faire un journal où l’on décidait, seuls, ce qu’on allait y mettre. On en profitait pour rencontrer les gens qu’on aimait, même hors cinéma. Mais ce n’était pas valable que pour Marc et moi. Les autres aussi y trouvaient leur compte. Ne serait-ce que dans la rubrique « Invité » où des personnalités diverses parlaient de cinéma. Denis (Parent) a ainsi pu interviewer Alberto Moravia, Philippe Djian et Peter Gabriel, Michel (Rebichon), Rudoph Noureev, David Hockney, et… Boy George ! On pourrait continuer longtemps cette liste mais je ne vais pas vous faire le sommaire des sommaires !
SUR LE DIVAN
Dans les premiers Studio, il y a la rubrique Divan. Comment est-elle née ? Pourquoi ?
ME. On voulait faire une série d’interviews d’acteurs ou réalisateurs menées par un psychanalyste cinéphile. Mais on ne trouvait pas cette perle rare… Jean-Pierre me dit alors connaître une certaine Joëlle de Gravelaine, qui est certes astrologue mais qui est aussi une grande spécialiste, et éditrice, de sciences humaines, et que ça pourrait être intéressant de faire ces interviews avec elle, à partir de leur thème astral. A l’époque, je n’étais pas du tout branché astrologie, mais comme Jean-Pierre est mon ami, je lui ai fait confiance, on a tenté le coup, et j’ai bien fait, ses interviews avec Joëlle de Gravelaine étaient très intéressantes, originales, profondes… Moi je n’en ai fait que deux avec Joëlle : Depardieu et Huppert. La première, avec Huppert, j’avais laissé Joëlle dérouler tout son thème astral sans l’interrompre, et à la fin, Huppert lui a dit : »Il m’a fallu 10 ans de psychanalyse pour savoir tout ce que vous venez de me dire. » Là, j’ai été sûr que Jean-Pierre avait eu une bonne idée. Car Huppert, a priori, n’était pas la meilleure cliente pour une interview sur des bases d’astrologie.
JPL. Joëlle n’était pas vraiment cinéphile, elle ne connaissait pas bien les acteurs, mais elle les aimait. Elle arrivait »neutre », sans a priori cinéphile, c’était parfait. Joëlle mettait le doigt sur des trucs personnels, mais sans entrer dans l’intimité. Dans la rédaction du papier, on gommait au maximum toutes les références à l’astrologie. Cette rubrique, qu’on a appelée Divan, avant qu’Henri Chapier ne fasse son émission à la télé, n’a pu exister que parce qu’on avait fait Première avant. Si on n’avait pas créé des rapports de confiance avec les acteurs, je ne pense pas qu’ils auraient accepté de se prêter aussi facilement au jeu d’une interview à partir de leur thème astral. Le premier qui a accepté d’essuyer les plâtres pour le numéro 1, c’est Bernard Giraudeau avec qui on avait de très bons rapports, parce qu’on l’aimait depuis le début – on a sans doute été parmi les premiers à l’époque de Première à lui consacrer une couverture. En même temps, Giraudeau adorait les défis… Pour ceux à qui on a proposé ensuite de s’allonger sur notre Divan, c’était plus simple, ils pouvaient voir ce que ça donnait dans le journal. Comme c’était nous, comme c’était pour Studio, même ceux qui étaient très réticents, comme Michel Blanc par exemple, étaient partants. Ils ont tous dit oui. Depardieu et Huppert donc, mais aussi Deneuve, Bertolucci, Jeanne Moreau, John Malkovich, Serrault, Wim Wenders, Lelouch, Fellini… Joëlle m’avait d’ailleurs raconté que Fellini l’avait appelée plusieurs fois ensuite pour la consulter.
ME. Beaucoup d’acteurs et d’actrices vont voir des voyantes. Leur métier dépend du téléphone qui sonne, certains attendent des réponses depuis des mois.
JPL. On avait dès le lancement de Studio voulu imposer de nouveaux rendez-vous, de nouvelles rubriques. Il y avait le Divan, mais aussi le Portfolio d’un grand photographe de cinéma, et les sujets « Mémoire » où on parlait des stars du passé, parfois en ayant la chance de les rencontrer quand ils étaient encore vivants, en ressortant leurs plus belles photos. J’ai même interviewé Arletty ! Tout cela a été dés le début la marque de fabrique de Studio. Et on ne cessait de chercher de nouvelles idées. D’autant que Marc n’aime pas la routine, ni les choses trop bien installées. Il avait toujours besoin de se, de nous remettre en question. On a ainsi organisé plusieurs séminaires de réflexion d’où sont nés des rendez-vous qui sont vite devenus incontournables. Un dossier sur le prix des acteurs, par exemple, qu’on a été les premiers à faire et qui nous a valu deux ou trois lettres d’insultes de comédiens. Ou une rubrique comme « La Terre tourne », où l’on suivait les films, de l’annonce du projet jusqu’à leur sortie, et qui est vite devenue un must du journal. Gilles Jacob m’avait même dit qu’elle lui était très utile pour surveiller la progression des films « cannables ». Bien sûr de se retrouver tous ensemble dans les toboggans aquatiques de Center Park où se déroulaient ces séminaires resserrait l’équipe davantage encore ! Ah ah ah !
Photo d’équipe Maussane
Il y avait la chronique d’Alain Chabat et Dominique Farrugia, alias Bidibi et Banban, qui clôturait le journal…
ME. C’étaient des potes depuis leurs débuts, on avait plein d’amis communs, on faisait la fête à Cannes ensemble, je croisais souvent Dominique aux Bains douches, qui était ma troisième maison ! J’aimais l’idée que l’image de Studio soit associée à leur humour, à leurs personnages, à leur façon d’aimer le cinéma et d’en faire.
JPL. Il y a eu deux époques. Une première qu’ils ont arrêtée au bout d’un an et demi. Et puis, sous la pression de Marc, ils sont revenus.
Les Nuls au bureau
ME. Ces pleutres n’avaient pas osé me dire qu’ils voulaient arrêter, je l’ai découvert en lisant leur dernière chronique ! Je l’avais mal pris ! Après plusieurs mois de silence, je les ai invités à déjeuner au Prince de Galles, et je leur ai dit, très sérieusement, comme dans Le Parrain : »Je vais vous faire une proposition que vous ne pourrez pas refuser… » Ils se sont marrés ! Et ils sont revenus !
C’était quoi, la proposition ?
ME. Je leur ai dit : »Ok, vous êtes devenus des stars, la pige qu’on vous versait est devenue ridicule, et on ne peut pas vous payer plus. Mais on peut vous offrir à la fin de l’année chacun une belle voiture, pour nous c’est juste des pages de pub… » Ils sont donc revenus, les voyous ! Mais j’ai démissionné de Studio quelques mois plus tard, et ils n’ont jamais eu de voiture, ah ah ah !
Dominique Farrugia et Alain Chabat venant terminer ou plutôt écrire leur chronique au bureau.
JPL. Les temps avaient changé, les gestionnaires n’ont pas voulu que je tienne la promesse de Marc, et j’ai trouvé avec eux un autre arrangement, mais franchement je ne sais plus lequel… Malgré ça, et malgré leurs nombreuses activités, ils ont quand même tenu deux ans et demi. Lorsque Chabat et Farrugia débarquaient au bureau pour terminer (ou écrire !) leur chronique, c’était comme un ouragan qui anéantissait d’un coup tension et mauvaise humeur ! Le rire en cascades de Farrugia résonnait dans tout le journal… Difficile d’y résister ! D’ailleurs ils étaient irrésistibles, et on ne pouvait, on ne peut, qu’avoir de la tendresse pour eux. Quelques années plus tard, en 2002, on a voulu retrouver cet humour décalé et on a alors fait appel à leurs protégés, Les Robins des Bois qui, eux, composaient une sorte de lettre sous forme de patchwork où il y avait même des objets collés ! Je me souviens d’un pot de yaourt renversé, surmonté d’un petit drapeau français censé être le Fort Saganne ! Du coup, on était obligés de photographier leur page. Une véritable œuvre d’art brut ! Eux aussi ont tenu deux ans, puis ont chacun mené leur route ensuite.
Daniel Toscan du Plantier aussi a tenu une chronique, au début. Pas longtemps…
ME. Deux ou trois mois, si ma mémoire est bonne. On l’aimait bien, et on était ravis de sa chronique, mais ça a donné au Figaro l’idée de faire la même chose, et un jour, on a vu une chronique de Toscan dans Le Figaro Magazine, écrite dans le même esprit, parlant des mêmes choses. On était très en colère ! Le Fig Mag, à l’époque, puait grave, ils avaient une attitude très réac sur le sida, ils parlaient de ceux qui avaient le sida en disant les »sidaïques » ! Je l’ai appelé, pour lui dire que les deux magazines n’étaient pas compatibles, il m’a fait une réponse-pirouette à la Toscan, on a attendu la semaine d’après, il était toujours dans Le Fig Mag, alors je lui ai fait une lettre, pour lui dire que c’était fini avec Studio. Quelques mois plus tard, je tombe sur lui dans un cocktail, je vais le saluer, et il me présente aux gens qui étaient avec lui : »C’est lui qui m’a viré de Studio ! », et il s’est marré. On l’aimait beaucoup.
JPL. Toscan a toujours été bienveillant avec nous. Il faut dire qu’on aimait les mêmes gens : Depardieu, Huppert, Pialat… Des années plus tard, il se trouve que comme je suis très ami avec Mélita, elle m’a demandé d’être, avec Fanny Ardant, son témoin à son mariage avec Toscan. J’ai une très belle photo de Fanny Ardant et moi signant le registre à la mairie, on dirait que, nous aussi, on est en train de se marier ! On avait décidé de leur acheter un olivier comme cadeau de mariage. Quelque temps plus tard, je fais une interview d’elle et ensuite, pour la remercier, je lui envoie un petit mot avec un livre, sûr qu’elle allait l’aimer, mais pas sûr du tout qu’elle ne l’avait pas lu. Elle l’avait lu et m’avait répondu avec cette belle écriture penchée qui semble être celle d’un écrivain romantique : »C’est normal que nous aimions les mêmes livres puisque nous sommes attachés au même arbre. »
Propos recueillis par Sylvain Lefort & Fred Teper
Commander Mémoires d’un enfant du cinéma de Marc Esposito (Editions Robert Laffont) ici
« Vous savez mes amis, j’étais triste tout à l’heure. Et je vous remercie de ce délai que vous m’avez accordé, j’en avais besoin, il fallait que je laisse s’éteindre cette douleur. La disparition de Gwendoline est une souffrance qui rejaillit parfois et les émotions débordent, comme si elles sortaient de leur lit. Je sais que ça ne sert à rien mais il n’est pas toujours simple de maîtriser ses émotions.
-C’est la même chose pour moi, Jarwal, avoua Rémi. Parfois, je me mets en colère et après, quand je suis redevenu calme, je me dis que ça ne servait à rien.
-Si quelqu'un vous insulte, les enfants, si quelqu’un vous fait du mal, la colère que vous ressentez, elle n'est pas venue en vous depuis l'extérieur, ce ne sont pas les mots qui sont tombés en vous comme un chargement néfaste. Cette colère, c'est vous qui lui avez donné vie. C'est une incapacité à maîtriser ce qui se passe en vous. L'autre n'est pas responsable. Les émotions n'ont aucune existence si vous les ignorez. Si vous vous y abandonnez, c'est vous qui leur donnez vie. L'autre, d'ailleurs, est satisfait du mal que vous fabriquez en vous en imaginant qu'il en est l’auteur. Vous lui donnez la puissance dont il rêvait. Vous succombez à vous-mêmes. Et non à lui. Si par contre, vous décidez d'observer en vous ce qui survient, vous devenez le maître de vos émotions étant donné qu'au lieu de vous soumettre à leur puissance, vous vous placez au-dessus d'elles. C'est votre conscience qui analyse et qui vous apprend le contrôle. Cette conscience agit comme un Maître intérieur, il est là et il regarde, il s'amuse de cette agitation qui aimerait vous emporter et à laquelle vous ne succombez pas. La colère retombe comme un soufflé qui dégonfle. Votre agresseur s'en trouve d'ailleurs totalement ébahi, stupéfait, vous êtes là, vous le regardez avec un détachement qu'il ne comprend pas parce que ça n'est même pas lui que vous observez mais vous-même. Lui, il a disparu et ses paroles sont tombées dans un puits sans fond. Il n'y a plus de colère parce que votre observation intérieure a pris le pas sur cette émotion insignifiante et inutile. C’est vous que vous observez et pas lui. Et cette agression verbale devient un cadeau inestimable. Vous êtes le Maître intérieur. Mais ça n’est jamais aisé, même avec des centaines d’années d’expérience. Je connais un petit conte Zen qui en parle très bien :
« Si quelqu’un te tend un cadeau et que tu ne l’acceptes pas, à qui appartient le cadeau ? » demande le samouraï
- À celui qui a essayé de le donner, » répondit un de ces disciples
- Cela vaut aussi pour l’envie, la rage et les insultes, reprit le Maître. Lorsqu’elles ne sont pas acceptées, elles appartiennent toujours à celui qui les porte dans son cœur. »
-Je ne vais quand même pas remercier celui qui m’a mis en colère ? contesta Rémi.
-Et pourquoi pas ? rétorqua Jarwal. Étant donné qu’il te permet de mieux te connaître, tu peux lui en être reconnaissant.
-Ça risque d’être difficile quand même.
-Et je le comprends bien, Rémi. Moi-même, j’ai du mal à supporter la disparition de Gwendoline. Je continue à apprendre. Qu'en est-il maintenant si l'émotion propagée est de la joie ? Est-ce que je dois l'accueillir et la laisser m'emporter ou est-ce que je dois également l'observer ? Il convient pour ma part de la laisser s'étendre en sachant que l'autre n'en est pas responsable et que vous ne pourrez pas lui reprocher de l’abandonner. C'est vous qui avez laissé s'étendre cette joie. Pas l'autre. Un ami qui ne vous offre plus cette joie n'est pas responsable de votre déception. C'est encore vous. C'est votre façon de commenter la vie à travers vos émotions. Ça n'est pas la vie réelle mais ce que vous en faites, une image de la vie peinte par vos émotions. Vous pouvez en profiter tout en restant conscient qu'il ne s'agit que d'une illusion, un jeu éphémère, un moment de bonheur que vous vous accordez mais que l'autre n'a pas à entretenir sinon vous le prenez en otage de votre bonheur alors qu'il n'y est pour rien. La personne dont je dois me méfier, c'est celle qui me fait croire que le bonheur est durable, qui voudrait que cette joie ne disparaisse jamais. Et cette personne, c'est moi-même. Les autres ne sont pas responsables. C'est ce qu'on apprend de plus beau quand on aime.