Du haut de cette pyramide...

 

De la préhistoire à nos jours, l'humain a considérablement progressé. Personne n'irait le nier.

Le problème, désormais, est de comprendre pour quelles raisons et à partir de quel seuil, les progrès qui étaient nécessaires ont été dépassés par des progrès qui non seulement n'avaient pas de raisons fondamentales d'être développés mais qui de surcroît ont contribué à une involution dont nous voyons aujourd'hui les effets. 

Je pense bien entendu à la pyramide de Maslow.

Du haut de cette pyramide, des milliers de siècles sont à nos pieds. Et l'humanité ne s'est toujours pas dressée au sommet. 

Les besoins que tout individu cherche à satisfaire par ordre de priorité.

1.Survie : besoins physiologiques : faim, soif, sommeil, …

2.Sécurité : besoins de sécurité : protection morale et physique…

3.Socialisation : besoins de socialisation : amitié, affection, échange…

4.Estime : besoins d’estime : respect de soi, considération, prestige…

5.Accomplissement : besoins d’accomplissement : réalisation personnelle…

 

Le véritable problème de la planète ne vient pas des ressources disponibles mais des ressources existentielles. Cette exploration-là n'en est qu'à ses balbutiements et la catalepsie que nous connaissons entretient le pillage des ressources et l'inégalité dans la distribution de ces ressources.

Le monde occidental profite à outrance de ses avancées technologiques et de son aveuglement existentiel pour piller le reste du monde et nourrir dans les pays émergents le désir de parvenir à ce soi-disant bien être matériel.

Bien entendu que la situation des pays occidentaux est préférable à celle des populations confrontées à la misère, à la famine, à la soif, aux maladies...

Je sais très bien que je vis infiniment mieux que la plupart de millions d'humains. Ce que je conteste, c'est l'imposition forcenée du paradigme matérialiste sur les populations indigènes qui ont établi depuis des millénaires un équilibre particulier avec la nature.

La vision du monde prédominante repose sur l'exploitation des ressources naturelles et la soumision des ethnies qui vivent dans les territoires concernés. Les Conquistadors justifiaient la colonisation par l'évangélisation. L'enrichissement restait la motivation première. Aujourd'hui, le fonctionnement est le même. La colonisation n'a jamais cessé. Les justifications religieuses n'ont plus cours. Elles ont été remplacés par le sacro saint progrès...Progrès dans l'exploitation effrénée des ressources. Les ethnies n'y gagnent rien. Il suffit de regarder les populations déracinées qui hantent les bidonvilles de toutes les mégapoles de la planète.

C'est un fonctionnement court-termiste. le Moi exige l'accomplissement de ses intentions matérielles. Il n'y a aucune visée existentielle, aucune philosophie, aucune unité. Nous fonctionnons dans un registre essentiellement individualiste, ce que j'appelais la "pulsion de mort". Même l'idée de nation est une abberation dès lors qu'elle prend le pas sur l'humanité. C'est une valeur qui contribue essentiellement à l'extension du Moi. Il ne s'agit pas de créer une unité planétaire mais de contribuer à la formation d'un Moi national. Le Moi français contre le Moi chinois, arabe, asiatique, un jour peut-être le moi extraterrestre. On reste dans le conflit d'intérêt.

Quand je tente de me projeter dans l'avenir, je ne parviens pas à voir la moindre éclaircie. La paradigme ayant institué la vision dualiste de l'existence des egos ne laisse paraître aucune faiblesse.

La conclusion s'impose d'elle-même. Rien ne se fera volontairement.

La rupture surviendra lorsque l'équilibre sera rompu, lorsque l'exploitation aura atteint un seuil limite et que le système s'effondrera de lui-même.

Si je reprends la pyramide de Maslow, le dernier étage est à mon sens celui qui explique le désastre en cours :

5.Accomplissement : besoins d’accomplissement : réalisation personnelle…

" Réalisation personnelle"

Mais si elle est personnelle, elle n'est encore qu'au service de l'ego et donc à l'opposé de l'universalité et donc contraire à toute notion de sauvegarde de la vie.

Effectivement, les besoins fondamentaux ont été assouvis (oui, je sais, pour des millions de personnes, ça n'est pas le cas, il y a quelques jours j'ai donné un duvet de montagne à un SDF qui crevait de froid, plus une veste polaire et des chaussettes) Juste là, à deux kilomètres de chez moi. Il est évident que pour lui le besoin existentiel ne contient pas les mêmes données que celles que je cherche à explorer. 

Considérons, malgré tout, au vu de la masse monétaire en circulation dans les pays occidentaux et la quantité de marchandises achetées chaque jour, que les besoins fondamentaux sont assouvis pour des centaines de millions de personnes. Pour quelles raisons, malgré cet accomplissement matériel et psychologique, une part gigantesque de ces individus ne franchit pas le dernier palier ?

"La matrice" répondrait le Néo de Matrix. Ah oui, le "système", le fameux système. Le formatage, le conditionnement, l'éducation, la socialisation.

Je me souviens d'un débat-philo avec mes élèves de CM2, une discussion sur la notion de manque et de besoin. Et finalement, tout est là et c'est effrayant. Nous avons été éduqués à souffrir de manque qui ne sont aucunement des besoins. Et ces manques deviennent des désirs si puissants que nous finissons par nous persuader qu'il s'agit de besoins.

Le désir puis le manque.

Le manque, le besoin, le désir.

Besoins matériels. (spiritualité)

Besoins physiques et psychologiques. (spiritualité)

Le manque et le désir.

 

Et alors, donc, quelles solutions ? 

Il y en a deux :

1) une évolution spirituelle qui contribuera à mener les humains vers l'idée fondamentale de la décroissance : "Je suis riche des biens dont je sais me passer" Louis Vigée

ou

2) l'épuisement des ressources vitales et par conséquent les conflits dévastateurs qui réduiront l'espèce humaine à sa portion congrue.

Pour l'instant, au vu de la lenteur de cette évolution spirituelle, j'opte pour la deuxième. 

 

 

 

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