Mémoire...cellulaire...(1)

« Tout ce qui ne vient pas à la Conscience se retrouve sous forme de destin. »

Carl Gustav Jung

 

Ce texte a pour objectif de donner un aperçu de la sophrologie analysante mais il est inévitablement très incomplet au regard des interventions d'un professionnel. Ce n'est donc qu'une vue très succincte de tout ce qui peut être fait dans le cadre de cette thérapie.

Belanger1

 

 "La peur de mourir devrait être insignifiante au regard de la peur de ne pas avoir vécu selon son âme."

Yoann s’était assis à la terrasse du salon du thé. Il avait commandé un chocolat chaud et un croissant. La meilleure boulangerie de la région. Il aimait bien après une course en montagne venir se restaurer un peu avant de rentrer. Il connaissait bien la boulangère et ils avaient quelquefois échangé sur divers sujets.

« Alors, M. Pignon, c’est quoi en fait cette formation ?  

-La sophrologie analysante.

-Je ne sais pas du tout de quoi il s’agit.

-Et bien, Madame Pagnol, vous vous souvenez qu’autrefois, tous les photographes avaient une chambre noire pour développer les pellicules ?

-Oui, j’en ai même fait au lycée, on avait réussi à monter un labo avec des copines, c’était chouette.

-Et bien, la chambre noire, c’est notre inconscient, cette partie secrète en nous, là où se fixent tous les troubles, les souvenirs, les émotions et qui apparaissent parfois dans les rêves. Le problème des rêves, c’est qu’on n’a aucune emprise sur eux. Avec la sophrologie, on va permettre au patient de se relaxer, de se détendre, d’approcher de l’état de sommeil mais sans jamais dormir, comme s’il se plaçait à la frontière entre le sommeil et l’éveil. C’est la phase de méditation. Et lorsqu’il aura atteint ce niveau de conscience, on se servira de l’analyse pour l’amener à explorer ce que son inconscient aura enregistré et lui permettre de résoudre des conflits, des limites, des situations bloquées et qui posent problème. La sophrologie analysante agit donc comme le produit révélateur du photographe. La relaxation, c’est le moyen d’entrer dans la chambre noire de l’inconscient et l’analyse, c’est le moyen de révéler ce qui s’y  cache.

-Et vous réglez quels genres de problèmes alors ?

-Le thérapeute ne règle rien, c’est le patient qui le fait, c’est lui qui fait le travail. Le thérapeute n’est juste qu’un guide sur le chemin, un défricheur. Comme s’il parcourait avec son patient une jungle très dense et qu’il fallait juste l’aider à s’orienter mais l’objectif final, c’est que le patient parvienne à s’orienter, qu’il finisse par connaître les territoires intérieurs et qu’il puisse se débrouiller tout seul. L’objectif final, c’est avant tout l’autonomie du patient.

-Ah, c’est bien ça. Mais alors, moi par exemple, je ne sais pas si ça pourrait me concerner…Quand je vais chez le médecin, j’ai une idée de ce qui ne va pas mais je ne sais pas si ce que vous proposez me conviendrait.

-Il ne s’agit pas d’une médecine comme celle de votre généraliste. Il n’y aura pas d’ordonnance, pas de prise de médicaments. Vous êtes le médicament, tout autant que vous êtes le problème. Il faut imaginer que vous avez ingéré à divers moments de votre vie des aliments toxiques et qu’ils se sont cristallisés en vous. C’est à vous de les retrouver et de les traiter. Vous êtes l’antidote mais ces événements qui vous pèsent ne sont pas pour autant des poisons. Ils sont des opportunités de transformation, de compréhension, de progrès, vous avez su en retirer des ressources. En vous-même et par vous-même. Vos difficultés peuvent être positives finalement.

-Vous voulez dire que c’est bien que je n’aille pas bien ?

-Non, ça n’est pas bien, tout le monde souhaiterait n’avoir aucun problème mais le regard que vous allez porter sur vos difficultés représente déjà l’ouverture vers la guérison. La sophrologie analysante cherche à éveiller en vous le potentiel de guérison que vous portez. Et de le découvrir déclenche une transformation radicale de votre façon de considérer les problèmes qui vous touchent puisque vous décidez d’en assumer la responsabilité. Non pas que vous êtes inévitablement responsables des problèmes qui vous arrivent mais vous êtes responsables de la façon dont vous les interprétez et de ce que vous allez en faire.

-J’ai du mal à comprendre tout ça.

-Imaginez par exemple qu’un matin, vous trouviez que votre travail quotidien, ici, dans la boulangerie, vous pèse de plus en plus alors que jusque-là, il vous avait toujours satisfait. Vous pouvez mettre ça sur l’agencement du magasin, la décoration, l’emplacement, la clientèle, la crise économique, les taxes de l’État et toutes les raisons extérieures que vous pouvez énumérer. Mais peut-être s’agit-il d’un désaccord profond avec vous-même ou l’émergence soudaine d’un problème personnel que vous n’avez jamais résolu. Toutes ces contraintes extérieures vont réactiver cette ancienne difficulté. Si vous n’allez pas chercher en vous la source de cette épreuve, vous ne réglerez rien. Peut-être qu’en changeant l’agencement du magasin, vous allez vous sentir mieux quelques temps mais on peut craindre que ça ne dure pas.

-Mais c’est quoi ces problèmes que je n’ai pas résolus ?

-Je n’en sais rien. Mais nous en portons tous, vous comme moi, c’est inévitable. Soit nous décidons d’aller à leur rencontre, intérieurement, soit nous continuons à les subir.

-Vous savez, la semaine dernière, j’ai proposé à mon mari de changer l’agencement du magasin.

-Et bien voilà, formidable ! Demandez-vous par conséquent quelles sont les raisons de ce désir. Pourquoi ce changement vous semble-t-il aujourd’hui indispensable ? Est-ce uniquement un aspect pratique ou y a-t-il une raison cachée ?

-Mais quelles raisons par exemple ?

-Je n’ai pas de réponses. Elles sont en vous. Je peux juste vous aider à les trouver mais je n’ai pas à vous en fournir. Si je compare cette méthode au Vidal, le guide médical utilisé par votre médecin généraliste, et bien, je dirais que pour chacun d’entre nous, les pages sont remplies mais il faut apprendre à les déchiffrer, c’est notre propre livre secret, une espèce de grimoire. La sophrologie vous permettra de trouver ce livre en vous et d’en tourner les pages et l’analyse vous permettra de comprendre ce qui y est écrit.

-Je vais aller vous voir rapidement, je pense.

-Et bien, en attendant cette rencontre, je vais déjà vous acheter un pain aux céréales s’il vous plait. »

 

 

Une semaine plus tard. Nouvelle sortie en montagne. Un vent glacial qui lui avait donné envie d’un chocolat chaud avant de rentrer. Il entra dans la boulangerie et alla s’asseoir dans le salon de thé.

La boulangère laissa son employée et vint le rejoindre.

« Bonjour M Pignon!

-Bonjour Madame Pagnol. Vous permettez ?

-Mais bien sûr, asseyez-vous, vous êtes chez vous !

-Vous savez, j’ai beaucoup pensé à ce que vous m’avez dit la dernière fois et j’aimerais bien en savoir davantage. J’ai réfléchi à ces fameuses raisons qui me pousseraient à changer l’agencement de la boulangerie. Mais je ne vois pas vraiment, en fait. Je vois juste le plaisir de la nouveauté, sortir un peu de la routine. C’est peut-être la période de Noël qui me fait ça ! Et puis, c’est vrai aussi que j’ai parfois eu l’impression que les clients se plaignaient du manque de place. Quand il y a beaucoup de monde le dimanche matin, par exemple. Et puis, un nouveau décor, ça m’aiderait justement à supporter tout ça. Les réveils au petit matin, les exigences des clients, de voir passer des vacanciers et d’être toujours derrière mon comptoir. Et puis, je vois bien aussi que j’attends trop de mon mari. C’est lui qui décide de la fermeture, de la date des vacances, des nouveaux produits, les nouveaux pains, même les relations avec les commerciaux ou nos fournisseurs. J’aimerais bien prendre davantage de place mais je n’ose pas.

-Quand je vous écoute, je me dis qu’il pourrait s’agir de votre positionnement dans le triangle maudit.

-Le triangle maudit ? Plutôt inquiétant ça.

- C’est juste un schéma qui vous permet de vous situer dans les relations et dans l’image que vous avez de vous-même et que les autres vous renvoient et entretiennent. Imaginons par exemple, que votre situation professionnelle vous pèse, que votre relation avec les clients vous laisse insatisfaite, que votre temps libre vous semble insuffisant, que le temps passé avec votre mari ne vous comble pas et que tout ça réactive un fonctionnement ancien, un positionnement bien particulier. Peut-être celui de la victime. C'est-à-dire que vous êtes dans un schéma de pensées, de suppositions, d’interprétations, qui vient renforcer un vécu ancien, ou en tout cas une façon de voir votre vie. Votre travail devient une sorte de bourreau ou de persécuteur, votre mari joue le rôle de sauveur, et vous vous reconnaissez dans ce schéma, vous y êtes habituée, c’est quelque chose de rassurant même si ça ne vous apporte pas tout ce que vous espérez. C’est difficile parfois de sortir des habitudes, même si elles ne sont pas positives. Imaginons des graines dormantes en vous, elles sont là, elles attendent d’être arrosées, de recevoir de la chaleur, qu’on s’occupe d’elles et dès que c’est fait, elles jaillissent de terre. Dans les déserts, ces graines dormantes peuvent attendre pendant des années mais chez les humains, c’est parfois moins long. Notre problème, c’est la qualité des plantes qui germent….Certaines sont toxiques, elles empoisonnent notre vie. Pourtant, elles peuvent aussi devenir bénéfiques si vous apprenez à connaître leur origine, leur histoire, et à reconnaître en vous les fonctionnements qui les invitent à pousser.

-Ah oui, c’est cette fameuse idée que le mal est un bien.

-Oui, c’est très bien résumé. Mais ça n’est pas systématique ou immédiat. C’est vous qui pouvez faire du mal un bien, ce qui finalement élimine ces deux interprétations du réel. Il n’y a ni mal, ni bien, il n’y a que ce qui est et d’y appliquer une interprétation installe une alternance néfaste entre de soi-disant malheurs et de soi-disant bonheurs. Le triangle maudit, une fois que vous l’avez cerné, que vous reconnaissez votre positionnement, vos habitudes, vos fonctionnements, ce triangle maudit devient un triangle béni. La sophrologie analysante, vous pouvez la voir comme un jardinier : il retourne la terre, avec bienveillance et lucidité, il étudie le sol en profondeur, il enlève les mauvaises herbes qui étoufferaient les plantes les plus utiles mais il cherche également à comprendre les fonctionnements qui ont permis à ces mauvaises herbes de croître. Ces mauvaises herbes deviennent dès lors, non pas des adversaires, mais des opportunités de se connaître davantage. Il peut même s’en servir pour le compost et les utiliser pour la qualité des autres plantes. Les problèmes résolus deviennent donc des engrais.

-Alors, c’est un peu comme mon mari quand il essaie de confectionner une nouvelle pâtisserie. Il a besoin de rater plusieurs essais avant de trouver le modèle parfait.

-Exactement. En sophrologie analysante, il n’y a pas d’échecs définitifs dans un individu. Il n’y a que des tentatives avortées qui ont besoin d’être comprises pour tendre vers une naissance achevée.

-C’est bien, je trouve, d’amener les gens à regarder positivement les choses.

-De toute façon, si nous portons un regard négatif sur une situation, l’état d’esprit que ça va générer n’aidera en rien à une résolution. C’est comme fermer volontairement le rideau de la scène de théâtre en essayant de distinguer quelques paroles des acteurs. On n’y comprend plus rien très rapidement. Si nous tirons le rideau sur notre analyse et donc notre conscience, on ne peut pas se plaindre de la mauvaise qualité du scénario. Nous sommes les scénaristes, les réalisateurs, les acteurs, les décorateurs, les costumiers et les spectateurs. En plus, le scénario de notre vie vient se mêler à ceux et celles que nous croisons sur notre route. Ce qui fait de notre propre scénario, un amalgame avec toutes les histoires qui nous touchent et nous concernent. Il est évident qu’une telle complexité ne peut être comprise que dans un état de conscience le plus profond possible.

-Et bien, c’est passionnant tout ça, Mr Pignon.

-C’est la vie qui est passionnante surtout, Mme Pagnol. Et d’ailleurs, je reprendrai bien un beignet aux pommes ! »

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