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  • Le trilemme de Rodrick

    Le trilemme de Rodrick

    Wikipedia

     « La démocratie, la souveraineté nationale et une intégration économique poussée sont mutuellement incompatibles : il est possible de combiner deux des trois possibilités, mais il n’est jamais possible d’avoir les trois simultanément et entièrement. »5

    La thèse peut donc se résumer donc de la manière suivante : une société ne peut pas avoir à la fois un régime démocratique, accepter une large ouverture à la mondialisation et conserver sa souveraineté nationale. Il est nécessaire de choisir entre ces trois pôles et une communauté politique doit choisir deux pôles parmi ces trois dimensions6.

    Une fois ces trois alternatives définies Dani Rodrik en déduit nécessairement trois régimes institutionnels possibles :

    L’option du « fédéralisme global » : ce régime combine institutions démocratiques et ouverture internationale de l’économie mais renonce alors à l’indépendance vis-à-vis du reste du monde. Un exemple donné par Rodrik lui-même est l’Union européenne.

    Une deuxième option est appelée « camisole dorée » par Rodrik (golden straightjacket en anglais) en référence à la thèse, controversée, du journaliste Thomas Friedman selon lequel un pays devrait accepter de sacrifier sa souveraineté démocratique au bénéfice d’institutions internationales pour parvenir à la prospérité économique7. Ce paradigme peut être incarnée par la Chine contemporaine, ouverte économiquement et intégré à la mondialisation avec un État développé et souverain au prix de l’absence d’institutions démocratiques.

    Enfin la troisième option est celle du « compromis de Bretton Woods ». Elle renvoie à l’idée qu’avant l’ère de libéralisation qui succède à la fin de l’étalon or les pays étaient relativement moins intégrés économiquement.

     

     

     

    "On ne change pas un système en place en s’y opposant’’, disait Einstein, ‘’mais en créant un nouveau système qui rende le précédent obsolète’’.

    Bon, tout le problème est là en fait. Nous n'avons pas la possibilité de changer le système politique, nous le subissons mais il est par contre possible de s'extraire, au mieux, de ce système et c'est là qu'entre en scène la simplicité volontaire, le retrait, la décroissance choisie puisque tout cela revient à ne pas alimenter, en tout cas le moins possible, le système économique qui maintient en place le système politique.

     

    Arnaud RIOU

    C’est le moment de faire votre choix… Je vous écoute…

    Le serveur attend que l’homme visiblement mal à l’aise se décide.

    Il tourne les pages d’un menu qui ne semble pas lui convenir, se gratte la tête...

    - C’est tout ce que vous avez dans votre menu ?’

    - Si je puis me permettre, je vous conseille la tête de veau. Elle est appréciée…

    - Oui j’ai vu, mais, non, ça ne va pas le faire…

    - Alors prenez les pieds de porc

    - Ça ne sera pas possible non plus

    L’homme est mal à l’aise

    - Vous n’avez vraiment que ces deux plats dans votre carte ?

    - On peut vous préparer un magret de canard dans son jus, une entrecôte paysanne et même des cuisses de grenouille si vous préférez

    - C’est que je suis végétarien…

    - Ah ! et bien, prenez le poulet aux épinards Vous mangez bien du poulet ?

    - Non, je suis végétarien, je ne mange pas d’animaux

    Le visage du serveur se crispe

    - Orientez-vous sur un poisson, Une sole meunière, une truite aux amandes… Non ? Vous ne mangez pas non plus de poisson ?

    - Pas d’animaux, non…

    - Des moules, des bulots ?

    - Non, ni crevettes, ni coquillages, animal à plume, à poil, à coquille, à sabot !

    - Alors vous êtes végétalien… Pas végétarien précise le serveur satisfait

    - Oui, si vous préférez… Je ne mange pas d’animaux quoi…

    Le silence devient pesant…

    C’est l’heure du choix

    Soudain le regard du client s’éclaire !

    - Ah j’ai trouvé ! l’assiette vegan ! Je n’avais pas vu

    Émincé de carottes sur son lit de riz sauvage, brocolis et cake aux olives... Avec une soupe au butternet, c’est parfait ça !

    Pourquoi ne me l’avez-vous pas proposé ?

    - Nous l’avons arrêté dimanche dernier… Les clients n’en voulaient pas… Bon… Vous choisissez quoi ? J’ai bien entendu que vous êtes végétarien. Mais qu’est-ce que je vous sers ? Tête de veau ou pieds de cochon ?

    Un classique de la manipulation est de nous faire croire que nous avons le choix à un endroit où nous ne l’avons pas.

    Mais nous nous manipulons nous-même en perdant de vue notre propre pouvoir et en oubliant la force de notre véritable souveraineté.

    La démocratie ne se manifeste pas qu’un jour tous les cinq ans. C’est un processus qui se gagne jour après jour. Quant à la liberté, C’est un sentiment qui s’acquiert de l’intérieur. C’est une force, une conscience. Elle disparaît d’elle-même lorsque nous perdons le goût de ce qui vraiment nous anime sur cette terre.

    Lorsque nous abandonnons notre souveraineté en termes d’écologie, d’alimentation, d’éducation, de culture, de lieu de vie, d’activité professionnelle, lorsque nous laissons d’autres choisir pour nous ce que nous devons manger, comment nous devons nous soigner, pour qui nous devons voter, nos systèmes s’épuisent et naissent des simulacres de démocratie. Les lobbys, les personnalités politiques, les centres de pouvoir parallèles se réjouissent de cette souveraineté oubliée.

    Le fait que les candidats au premier tour, mais aussi les chanteurs, les joueurs de foot, ou autres célébrités nous transmettent leurs consignes de vote en dit long sur ce que nous avons perdu au fil du temps en termes de démocratie, de souveraineté et de liberté.

    Au moment de faire un choix, nous sommes généralement animés par deux élans :

    L’amour, et la peur

    Plus notre cœur est ouvert, moins nous avons peur. Notre choix est assumé, lumineux, inspirant.

    Plus nous sommes dans la peur, plus notre cœur se ferme.

    Le choix de l’amour est un choix souverain, nous adoptons un modèle de vie, une façon de décider, de nous soigner, de consommer, à partir de nos valeurs. Le choix de la peur est un choix perdant. Nous choisissons par dépit un plat, un lieu de vie, des études, un candidat aux élections.

    Lorsque nous choisissons par la peur, nous perdons progressivement notre souveraineté, mais aussi notre foi, notre enthousiasme et notre propre raison de vivre.

    On peut faire un choix la trouille au ventre, parce que son horizon nous fait rêver. Le sportif qui se lance dans un nouveau défi, l’entrepreneur qui décide de se mettre à son compte ont souvent peur d’échouer. Mais ils assument leur choix car celui-ci correspond à leur vocation et à leur philosophie.

    Lorsque nous assumons pleinement nos choix, notre vie est plus sereine. Il n’y a plus de ‘’on doit’’ ‘’il faut’’ Il n’y a plus de ‘’corvées’’ de ‘’tâches’’ qu’il ‘’faut faire’’. Les choix sont naturels et sans effort. Nous comprenons la loi de causalité, chaque cause produit un effet et chaque effet vient d’une cause. Si nous souhaitons vivre dans une maison bien rangée, nous comprenons le sens de faire le ménage le matin. Si nous voulons nous maintenir en bonne santé, nous trouverons la motivation de soigner notre alimentation, de faire de l’exercice... Nous savons pourquoi nous avons choisi. Nous sortons alors de la posture de victime. C’est l’œuvre d’une vie.

    La période sanitaire nous a interrogé sur le moteur de nos choix, plus qu’aucune autre période de ces dernières décennies.

    Qu’est ce qui a animé tant d’entre nous à se faire vacciner ? Un véritable choix souverain, un petit arrangement, ou la peur, de perdre son travail, de ne plus pouvoir sortir. Lorsque ces choix - qui n’en sont pas - sont trop nombreux, nous perdons notre lumière. Lorsque nous générons de vrais choix vertueux, ils nous pacifient. Lorsque nous choisissons par dépit un choix qui n'en est pas un, nous ne gagnons pas en sérénité. Nous attendons que l'autre fasse les mêmes choix que nous, nous nous agaçons qu'il ne sache pas choisir, qu'il hésite. Ce processus de choix par dépit entretient tant de conflits dans les cercles familiaux et professionnels.

    Sommes-nous conscients, que notre choix est souverain, lorsque nous commandons un livre chez le libraire du coin plutôt que chez Amazon ? Sommes-nous conscient que nous votons avec notre carte bleue toute l'année ? Sommes-nous conscients que chaque acte aussi anodin soit il a des répercussions sur l’économie, sur l’écologie, sur notre environnement ?

    Certains choix sont des dilemmes, (deux options incompatibles – Je ne veux pas me faire vacciner, mais j’ai besoin de mon pass pour voyager) d’autres sont des trilemmes. Nous n’avons pas deux options, mais trois, dont l’une est incompatible avec les deux autres.

    Beaucoup ressentent ce trilemme à l’approche des élections.

    - Je ne veux pas repartir cinq ans avec ce président sortant

    - Je ne veux pas voter pour cette candidate

    - Je ne veux pas ignorer mon droit de vote durement acquis

    Un trilemme est une impasse qui met en avant la fragilité de tout un système qui montre son incohérence. Ce n’est pas alors choisir le moins pire qui est tant important pour sortir ce ce trilemme, que la prise de conscience de ce qui l’a généré.

    L’économiste Dani Rodrik s’est illustré en mettant en avant le trilemme qui porte désormais son nom, le Trilemme de Rodrik. Selon lui, la mondialisation nécessaire à l’évolution de l’économie, la souveraineté nationale et la démocratie forment un trilemme et sont donc incompatibles.

    Il faut alors sacrifier l’un des piliers du triangle : la mondialisation, la souveraineté nationale, ou la démocratie.

    Ces dernières années, l’Europe a privilégié une économie fédératrice. Une monnaie unique, des lois votées à Bruxelles pour réglementer nos quotas hexagonaux. Elle a, du coup, fragilisé notre souveraineté nationale et notre démocratie.

    La Chine a résolu à sa façon son trilemme de Rodrik en privilégiant une mondialisation sans complexe et une gouvernance supranationale. Elle a pour cela clairement éradiqué la démocratie en imposant le crédit social. C’est ce qu’on appelle la camisole dorée.

    Résoudre un trilemme, ce n’est pas tirer à la courte paille laquelle des options nous allons finalement choisir, celle qui serait la moins pire. Car en agissant ainsi, un autre trilemme plus insoluble encore se représentera. Nous avons besoin de méditer en profondeur sur le système qui a généré ce trilemme. Un système obsolète, pervers et décadent. Nous avons besoin de retrouver la congruence de chacun de nos actes.

    ‘’On ne change pas un système en place en s’y opposant’’, disait Einstein, ‘’mais en créant un nouveau système qui rende le précédent obsolète’’. C’est donc jour après jour, que nous pouvons restaurer un système vertueux dans lequel chacun soit souverain, libre, conscient et solidaire. Un système qui intègre l’écologie, grande absente de ce scrutin, mais aussi l’écologie relationnelle, la conscience du tout et de chaque partie du tout.

    Puisse cette période chaotique nous rappeler chacun à notre souveraineté et vocation, celle d’être un véritable gardien d’une humanité tellement fragilisée par des siècles d’égoïsme, d’ignorance et de violence.

    Texte : Arnaud RIOU

  • LE DÉSERT DES BARBARES (4)

    Dans le cas d'un monde en chaos, (les raisons pour cela sont nombreuses), se pose la question de la capacité et même de la volonté de survivre. Il ne s'agit pas d'une catastrophe localisée comme l'humanité en a déjà connue mais d'un désastre planétaire. Voir s'effondrer la totalité du monde connu, l'ensemble de ses repères, l'idée même d'une amélioration à venir, cela relève d'un défi monumental. L'humanité, depuis les temps les plus anciens, s'est construite à travers un combat quotidien, "the struggle for life", et chaque génération a vu croître sa sécurité, son confort, son espérance de vie. Il a fallu beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps et cela n'est pas vrai partout sur la planète. Les différences sont considérables et parfois même effroyables. Il n'en reste pas moins que le développement des sociétés modernes a atteint un niveau critique au regard des lourdes menaces qui pèsent sur la planète. Et il est fou de penser que nous ne sommes pas concernés. Cette inconscience s'explique justement par le niveau de vie des sociétés modernes. Nous vivons hors sol. Dépendants sur le plan alimentaire, au niveau de l'eau, au niveau énergétique, entassés dans des zones urbaines où la nuit elle-même n'existe plus. Pétrole et électricité. Nous avons bâti notre monde moderne là-dessus. 

    Qu'en sera-t-il si cette humanité toute entière bascule dans une dévastation totale, dans un laps de temps très court ? Qui sera susceptible de s'en sortir ? Qui en aura envie ? 

     

    "Entre la civilisation et la barbarie, il y a cinq repas." Winston Churchill.

     

    LE DESERT DES  BARBARES

    "Théo et Laure avaient présenté le désert des Barbares à Yves et Lisette. Tous les deux impressionnés par les installations. Ils finirent d’aménager l’extension pour qu’ils se sentent au mieux, dans leur intimité. Personne ne savait combien de temps cette cohabitation durerait. Théo avait insisté pour que Yves et Lisette se sentent libres d’arranger l’intérieur à leur idée.

    C’est le soir même que Théo reçut un message d’Alec.

     

    Message général. Éruption solaire majeure. Perturbations totales de l’ensemble du réseau électrique. Fin des communications dans quelques heures. Sans aucune possibilité d’estimer une date de reprise. Vous allez pouvoir juger de la qualité de votre préparation. Je vous l’ai déjà dit. Maintenant, nous avons tous une certitude : il ne restera que les meilleurs. Ceux qui avaient prévu tout ce qui était prévisible et qui sont prêts à affronter ce qui ne l’était pas. Le Hum s’étend à une vitesse effroyable. L’épidémie de choléra tout autant. Des guerres civiles et des conflits frontaliers partout sur la planète, des zones entières dont nous n’avons plus aucune nouvelle, deux centrales nucléaires ont connu des destructions majeures aux États-Unis, Tchernobyl en plus puissant. Dernier évènement la nuit dernière, l’explosion gigantesque d’un volcan Islandais, avec un séisme destructeur, les projections de cendres peuvent avoir un effet provisoire sur la météo, les incendies en cours depuis plusieurs jours à New York sont passés hors de contrôle, des millions d’Américains fuient les villes, l’armée chinoise a envahi Taïwan et Hong Kong, Israël a bombardé Téhéran, l’armée russe est entrée en Pologne. Les pays les plus belliqueux trouvent encore le moyen de balancer des bombes. La folie humaine n’a jamais eu de limites. Prenez soin de vous et, si nécessaire, tuez les autres. »

     

    Fin du message.

    La dernière phrase. Jamais Alec n’avait parlé en ces termes.

    Lisette se mit à pleurer.

    « Je ne veux pas vivre dans ce cauchemar. Yves, je ne veux pas vivre ça !

    - Calme-toi, Lisette, oublie tout ça. Nous sommes à l’abri ici. Le reste du monde ne nous trouvera pas.

    - Mais c’est pas ça le problème ! cria Lisette en se tenant la tête des deux mains. Tu ne comprends pas. C’est insupportable pour moi. C’est quoi cette volonté de survivre ? Être le plus fort, le plus malin, le plus résistant ? Mais on parle de milliards de morts, des milliards, est-ce que vous avez conscience de ça ? Ce monde va devenir un gigantesque charnier et vous, tout ce que vous voulez, c’est rester en vie. Mais moi, ça ne m’intéresse pas, je n’ai pas envie d’assister à ce cauchemar, je ne veux pas y être mêlée, je ne veux même pas en entendre parler, je ne veux plus y penser. Je ne veux plus rien savoir. Je ne veux pas que des hommes soient tués pour que je sois sauvée. Je préfère être morte. C’est moins douloureux. »

    Yves enlaça sa femme qui éclata en sanglots.

    « Comment tu vois la suite, Théo, demanda Laure lorsqu’ils eurent rejoint leur chambre.

    - Sur le plan organisationnel, ça devrait aller. On est autonome en électricité et en eau potable. On a de la bouffe pour des mois. Il faudra chasser pour compléter. On a des armes, mon 4X4 et du carburant. Par contre, on ne saura plus rien de ce qui se passe dans le monde. Aucune idée de la propagation du choléra et du Hum. Donc, à partir d’aujourd’hui, plus personne ne doit entrer sur notre territoire. Tirs à vue. Pas de discussions. Qui que ce soit.

    - Et les Balthuzar ?

    - Demain, j’irai les voir mais je pense que la réponse sera toujours la même. L’électricité, ils s’en cognent. Ils ont un poêle à bois et des bougies. Des vrais paysans, de ceux qui vivent à l’ancienne et ils ont l’eau du puits. Ils ne partiront pas.

    - Mais il y a autre chose qui t’inquiète.

    - Je ne peux rien te cacher, divine sorcière chamanique, répondit Théo en posant un baiser sur le front de Laure. C’est Lisette. Je ne suis pas certain qu’elle tienne.

    - C’est l’état du monde qui la ronge.

    - Oui. Elle fait partie des gens qui ne peuvent pas accepter un tel bouleversement. Ils n’ont plus de repères. Soit ils en deviennent fous et dangereux pour les autres, soit ils en deviennent dangereux pour eux-mêmes.

    - Je m’occuperai d’elle. Elle aime le jardinage, ça lui fera du bien. Il y a de quoi faire tous les jours.

    - Oui, ça l’aidera peut-être. »

    Silence. Théo pensait. Beaucoup, énormément, constamment. Laure le sentait. Elle entendait en elle le vacarme des pensées. Elle en devinait les raisons. Il avait préparé le chaos en pensant à ce dont il aurait besoin. Désormais, ils étaient quatre. Et l’anxiété de Lisette menaçait la sérénité nécessaire, la cohésion et la lucidité du groupe. Comment Yves allait-il pouvoir gérer l’état de sa femme ?

    Ils se couchèrent et s’enlacèrent.

    « Est-ce que tu as une interprétation des phénomènes naturels sur la planète ? Le choléra, le Hum, et maintenant l’éruption solaire.

    - Tu oublies l’éruption volcanique en Islande, ajouta Théo. Avec un risque sur le climat. Un nuage de cendres, ça peut couvrir une partie de l’Europe. C’est déjà arrivé.

    - Oui, les avions n’avaient plus le droit de voler, je m’en souviens. Mais ça n’avait pas duré très longtemps. Ça peut vraiment perturber le climat ?

    - Tout dépendra de la durée de l’éruption et de la quantité de cendres projetées dans l’atmosphère. L’éruption du Krakatoa en Indonésie, en 1883, je crois bien, ça a projeté tellement de cendres dans l’atmosphère que la température de la planète entière a diminué et le temps a été déréglé pendant plusieurs années. Il ne faudrait pas que d’autres volcans s’y mettent. Je sais que ça arrive parfois. Mais, cette fois, on n’en saura rien.

    - Donc, on pourrait avoir un hiver très froid ?

    - Par exemple. Le rayonnement solaire est atténué par les cendres, tu vois, c’est comme un voile.

    - Et tu en penses quoi de tous ces phénomènes ?

    - Je n’en ai aucune idée. À quoi tu penses, en fait ? Tu te dis que c’est lié aux comportements de l’humanité, un truc comme ça ?

    - Oui, c’est ça. Pourquoi est-ce que ça arrive maintenant ?

    - Les hommes sont fous et la Terre part en vrille ? C’est ça ton idée ? Pour un esprit cartésien, ça ne tient pas debout. Mais les esprits cartésiens nous ont conduit au désastre alors je me dis que tout est possible et qu’il faudrait peut-être changer notre façon de voir les choses. J’aimerais bien savoir ce qu’il en pense ton Figueras.

    - Oui, moi aussi. »

    Figueras. Tim.

    Les deux hommes qui occupaient les pensées de Laure lorsqu’elle s’endormait.

    Figueras, dont elle rêvait parfois.

    Tim dont elle avait rêvé la nuit précédente.

    Un évènement pour elle.

    Elle posa les mains sur son ventre. Deux jours que cette pointe était apparue sur le flanc. Une chaleur mouvante, comme des bulles alternant les plongées et les remontées, une agitation pétillante.

    Tim dont elle n’aurait plus de nouvelles mais qu’elle sentait plus proche que jamais. Elle imagina qu’il pensait à elle.

    Elle s’appliqua à maintenir les mains sur la zone. Elle devinait des ondes, comme un massage profond.

    Elle se remémora les sorties en montagne avec son petit frère. Des souvenirs joyeux. Ils étaient proches à cette époque. Elle prenait soin de lui, elle l’entraînait dans ses aventures en forêt, il apprenait vite, elle en était parfois un peu jalouse et souvent très fière.

    Elle se concentra encore et elle guida la lumière.

  • Les cerisiers du Japon

     

    Bon, très franchement, si les cerisiers japonais ne fleurissent plus, personnellement, ça ne me pose pas de problème. Il y en a un dans la propriété qu'on a acheté et l'an prochain, on va le couper à un mètre de la base pour le greffer en couronne avec un cerisier à fruits.

    Les arbres d'ornements n'ont pas d'intérêt. Tout comme les jardins d'ornement et les pelouses de terrain de golf. Cette époque-là n'aurait jamais dû exister et si ce genre de jardin disparaît pour être remplacé par des jardins nourriciers, tant mieux.

    Les pommiers, les cerisiers, les pêchers, les abricotiers et tous les autres arbres nourriciers, lorsqu'ils sont en fleurs, c'est magnifique et c'est la promesse d'un cadeau inestimable. Le cerisier du Japon qu'on a ici est en fleurs et dans quinze jours, il n'y aura plus rien. 

    Ce que je trouve consternant dans cet article, c'est la dernière réflexion : les Japonais vont réaliser la gravité du dérèglement climatique le jour où leurs cerisiers ne fleuriront plus. C'est en fait un exemple flagrant de ce que j'avais développé dans l'article contenant le haïku de Kobayashi Issa :

    "Nous marchons sur le toit de l'enfer en ce monde et nous regardons les fleurs."

    Je sais que mes propos peuvent paraître exagérés, que c'est de l'extrémisme végétal :) Mais comme je l'ai déjà dit, premièrement, ça ne me pose aucun problème d'être considéré comme un extrémiste et deuxièmement, je pense que seul l'extrémisme porte en lui les conditions d'un changement radical de paradigme. J'ajoute, pour ne pas créer de malentendu, que je ne parle pas de l'extrême droite. Celle-là, je la conspue tout autant que l'autre cafard. Je parle d'un extrémisme de décroissance utile, de simplicité volontaire, de retour à la nature, une nature au service de l'homme et l'humanité au service de la nature. 

     

    DESCRIPTION

    Origine : Les Japonais, qui cultivent le cerisier à fleurs depuis des millénaires ont créé d’innombrables variétés. Ils apprécient sa floraison luxuriante qui annonce l’arrivée du printemps et lui consacrent chaque année depuis l’ère Heian (794-1185) une fête très populaire appelée Hanami. Aucun pays ne possède autant de cerisiers à fleurs que le Japon où ils sont considérés comme une richesse nationale. Aujourd’hui, les sites célèbres sont classés et protégés par la loi japonaise.

    Principales caractéristiques : Arbre ornemental à port évasé, très large et très étalé dont les branches, légèrement arquées, au feuillage vert clair, se développent à l’horizontale. Il donne au printemps des bouquets de 2 à 3 fleurs simples ou doubles d’un blanc neige ou rose qui ne donnent pas de fruit comestible mais diffusent un agréable parfum d’amande et d’aubépine.

    Période de floraison : Fin mars à mi-avril.

    Rusticité : Résistant au froid, cet arbre décoratif s’adapte pratiquement à tous les climats.

     

    Au Japon, les cerisiers en fleurs sont menacés : "Si le réchauffement climatique continue, ils ne fleuriront plus"

     

    Au Japon, les scientifiques s'inquiètent pour l'avenir des "sakura", ces cerisiers dont l'on guette rituellement la floraison au printemps. Entre les phénomènes météo exceptionnels et la hausse des températures, ils fleurissent plus tôt et pourraient bien ne plus fleurir du tout.

    Karyn Nishimura - franceinfo

    Radio France

    Publié le 17/04/2022 17:01

     Temps de lecture : 2 min.

    Des cerisiers en fleur à Tokyo, au Japon. Image d'illustration. (KAZUHIRO NOGI / AFP)

    Des cerisiers en fleur à Tokyo, au Japon. Image d'illustration. (KAZUHIRO NOGI / AFP)

    C'est le trésor naturel et éphémère du Japon. Les sakura, ces cerisiers en fleurs sous lesquels les Japonais font la fête chaque année, pourraient bien finir par ne plus fleurir. Au cause : le changement climatique qui accélère leur floraison et les fait souffrir, alertent les scientifiques. Une situation qui inquiète nombre de Japonais, pour qui l'observation de la floraison, le hanami, se célèbre à chaque printemps. 

    Les sakura sont tellement ancrés dans la culture et l’imaginaire japonais que même les robots domestiques les célèbrent. Pourtant, à cause de l’humain, la saison des cerisiers en fleurs n’est déjà plus ce qu’elle était il y a cinquante ans. Elle ne suit plus le même calendrier explique Yoshie Nakamura, de l’agence de météo privée Weathernews. 

    "Le début de la floraison des cerisiers est de plus en plus précoce. Dans les années 1960, elle commençait en moyenne vers le 30 mars. Mais dans les années 2010, c’était vers le 22 mars, plus d’une semaine plus tôt."

    Yoshie Nakamura 

    à franceinfo

    Mais ce n’est pas qu’un changement calendaire, c’est pire. Si les hivers froids disparaissent, les fleurs disparaîtront aussi. "Pour que les cerisiers fleurissent, il faut que le bourgeon qui deviendra fleur connaisse une vraie période de basses températures hivernales qui le sorte de son sommeil" explique Yoshie Nakamura, qui ajoute que "si à cause du changement climatique ce critère de froid n’est pas bien rempli, et qu’à l’avenir les températures hivernales augmentent encore, les cerisiers risquent de ne pas fleurir."

    Déjà plus de floraison dans certaines régions

    Et selon les scientifiques ce n’est qu’un début. "L’absence de floraison ou une floraison partielle pourrait se voir sur l’île de Kyushu, au sud. D’ores et déjà, plus au sud encore, à Okinawa, la variété des cerisiers yoshino ne fleurit pas et nous pensons que la région concernée par ce phénomène risque de s’étendre plus au nord."

    À la télévision japonaise, les météorologues commencent à tirer la sonnette d’alarme. On peut par exemple entendre "si le réchauffement climatique continue, les cerisiers ne fleuriront plus complètement ou ne fleuriront plus du tout". Ou encore : "C’est trop triste que le changement climatique ait aussi ce genre de conséquences".

    Des effets plus tragiques encore menacent le Japon, mais les sakura sont sacrés dans le pays. D'ailleurs, "la passion des Japonais pour les cerisiers en fleurs est telle que si davantage de personnes comprennent que non seulement ils fleuriront plus tôt mais qu’ils risquent de ne pas fleurir du tout, la prise de conscience des Japonais vis-à-vis du changement climatique pourrait s’accentuer". Et le temps presse.

     

  • Sécheresse en 2022

    On est en avril et les articles sur le manque d'eau fleurissent.

    Mais sinon, tout va bien. L'écologie n'est absolument pas une priorité. On verra ça plus tard...

    De notre côté on vient d'installer la cinquième citerne de 1000 litres en récupération d'eau de pluie.

    L'épisode suivant, c'est une citerne souple de 10 000 litres.

     

    Une dizaine de départements déjà en alerte pour la sécheresse, "un phénomène de plus en plus fréquent" selon un spécialiste

     

    Une dizaine de département français sont déjà en alerte sécheresse précoce. Un phénomène qui, en raison du changement climatique, va devenir de moins en moins rare.

    Article rédigé par

    franceinfo

    Radio France

    Publié le 16/04/2022 15:36

     Temps de lecture : 2 min.

    La rivière du Doubs totalement asséchée à Villiers-Le-Lac, en 2020. Image d'illustration. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

    La rivière du Doubs totalement asséchée à Villiers-Le-Lac, en 2020. Image d'illustration. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

    "Ce type de phénomène apparaît de plus en plus fréquemment", a commenté sur franceinfo Alain Dupuy, professeur d'hydrologie à l'Institut national polytechnique de Bordeaux, alors qu'une dizaine de départements en France se trouve déjà en situation d'alerte pour la sécheresse. 

    >> Sécheresse : "Je crois qu'on n'a pas compris ce qui arrive devant nous", alerte une hydrologue

    "C'est une situation héritée de l'hiver et de l'automne dernier", a-t-il expliqué, alors que les situations sont très diverses sur l'ensemble du territoire français. La région Provence-Alpes-Côte-d'Azur est la plus touchée actuellement par ce phénomène de sécheresse. Les professionnels et les particuliers sont incités à faire des économies d'eau.

    franceinfo : Dans les départements touchés, on retrouve la Vienne, l'Ain, la Drôme, les Alpes-Maritimes, mais la région Paca est la plus concernée. Pourquoi ?

    Alain Dupuy : C'est la région qui a cumulé deux effets en même temps. D'abord un déficit hydrique marqué en début d'hiver, suite à l'été dernier qui a été très sec et ensuite une période de précipitations bien moindres que d'habitude. Il en résulte donc un déficit hydrique en ce début de printemps qui est très important, car la végétation est en débourrage, elle est en train de démarrer. Autrement dit, même s'il y avait des précipitations actuellement, elles seront captées par la végétation et n'iraient pas dans le sol ou le sous-sol. Ça risque donc d'être compliqué pour la suite, pour l'été et l'automne qui arrive.

    On a des déficits jusqu'à plus de 50% par rapport à la normale aujourd'hui ?

    Oui, mais la situation est très hétérogène sur le territoire. C'est vraiment ce qu'on appelle les masses d'eau, soit superficielles, soit souterraines. Ce sont des éléments de fonctionnement du système en surface ou en sous-terrain qui sont touchés. Et chaque situation sera différente, on ne peut pas homogénéiser au niveau des régions.

    Est-ce que ces périodes de sécheresse précoces vont être de plus en plus fréquentes ?

    Malheureusement, cela va devenir de moins en moins rare parce que la tendance du changement climatique nous fait avancer vers des systèmes où on aura une concentration relative des précipitations en hiver et ensuite un arrêt des précipitations tôt dans le printemps. Les premiers signaux qui nous sont remontés sur l'analyse des données montrent qu'on a ce type de phénomène de plus en plus fréquemment. D'autant plus que c'est quelque chose qui se cumule d'une année sur l'autre, notamment pour les nappes de surface dites phréatiques. C'est moins vrai pour les nappes plus profondes, mais si le déficit hydrique continue à s'accumuler, on va vers des gestions territorialisées de crise, il faut le dire.

    Est-ce que la situation est rattrapable d'ici l'été ?

    Avec le début du débourrage de la végétation, le boom végétal, on estime qu'une fois que la végétation est partie, elle capture la majorité des flux des précipitations, sauf à avoir des événements extrêmes très marqués et très concentrés. Mais malheureusement, la végétation est partie, donc les cultures vont capturer le maximum d'eau. Ensuite, on n'a que les résidus pour le ruissellement et pour la recharge des nappes. Donc ce sera difficilement rattrapable.

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  • Au service de l'humanité

     

    Un travail remarquable, essentiel.

    Le bonheur aussi pour nous parce que c'est ce que Nathalie essaie de faire en échangeant des graines par la poste. Elle récolte, elle partage, et elle reçoit d'autres graines qu'elle expérimente. Et les résultats sont parfois fascinants. L'idée, c'est bien entendu de garder des graines des plantes les plus résistantes et les plus généreuses pour nous. On n'achète pas de graines. Nathalie garde celles des plants les plus vigoureux, les plus résistants à la canicule, principalement. Il est clair également qu'il faut privilégier les plants à floraison tardive. On l'a encore vu cette année. Monsanto et autre firmes du même genre n'ont aucune utilité. Tout est dans la nature. 

     

    Alimentation : il conserve des graines pour éviter une famine mondiale

     

    Publié le 16/04/2022 à 08h00

    Écrit par Yannick Kusy (@yannkusy) Propos recueillis par Alain Fauritte

    Stéphane Crozat dirige le CRBA : "Depuis que je suis tout petit, il y a deux choses qui m'intéressent : c'est l'histoire et les plantes"

    Stéphane Crozat dirige le CRBA : "Depuis que je suis tout petit, il y a deux choses qui m'intéressent : c'est l'histoire et les plantes" • © Yannick Kusy

    Lyon

    Rhône

    Auvergne-Rhône-Alpes

    Ethnobotaniste et historien d'art des jardins, Stéphane Crozat dirige le Centre de ressources botanique appliquée (CRBA), situé près de Lyon. Un organisme, créé en 2008, qui travaille sur l'avenir de notre alimentation à partir de ce qui subsiste : un immense patrimoine naturel en danger.

    Ce CRBA est basé à Charly, près de Lyon, au sein de la ferme Melchior, en référence à Melchior Philibert. “Un riche marchand lyonnais du 17e siècle qui a construit cette maison des champs... Une villa de plaisance, en fait, mais qui est aussi un domaine agricole.” précise Stéphane.

    Le CRB s’est installé en 2019 dans ce lieu idéal de travail. “C'est un endroit vraiment important pour nous parce qu’on à la fois une mission de conservation, d'études de variétés anciennes... et c'est aussi un domaine historique. Au CRBA, il y a une partie où on travaille sur les jardins historiques, sur l'archéologie des jardins, la restauration des jardins. Cela permettait de tout rassembler dans un seul et même endroit”

    Grâce au CRBA, les graines sont conservées et observées dans leur diversité

    Grâce au CRBA, les graines sont conservées et observées dans leur diversité • © france tv

    La vocation de ce Centre est multiple. “ Au tout début, c'était vraiment d’étudier notre patrimoine horticole agricole lyonnais. Dans la seconde moitié du 19e siècle, il y avait vraiment la création de dizaines de milliers de variétés de fruits, légumes, fleurs de céréales. On a voulu les retrouver et les conserver.”

    Puis les choses ont progressé. “On a aussi voulu valoriser ces variétés. Qu'est-ce qu'on en fait ? A quoi elles servent ? Et du coup, on a créé une station d'expérimentation agronomique. Et puis on a aussi créé une ferme dans laquelle on étudie ces variétés, aussi bien lyonnaises que des variétés qui viennent d’un petit peu partout dans le monde entier.”

    Dans la seconde moitié du 19e siècle, il y avait vraiment la création de dizaines de milliers de variétés de fruits, légumes, fleurs de céréales. On a voulu les retrouver et les conserver

    Il y a quelques années, Stéphane a rappelé, dans un ouvrage intitulé “fleurs, fruits, légumes l'épopée lyonnaise” que Lyon a été le centre du monde en matière d'horticulture jusqu'à la Première Guerre mondiale. “Absolument. C'était vraiment très important. 70% des roses mondiales, dans la seconde moitié du 19e siècle, viennent de cette région. Ce n'est pas anecdotique mais c'est aussi des dizaines de milliers de variétés de fleurs, des céréales, des légumes, des fruits... Par exemple, on a listé à peu près 300 variétés de pommes, de poires de prunes, de pêches, etc... créés dans la région. On en a déjà retrouvé à peu près 120” détaille l’expert.

    Lyon était donc le centre du monde à cette époque-là. “Cela commence au 16è siècle, en fait. Toute cette histoire où Lyon est vraiment un grand carrefour - on le dit encore aujourd'hui...la confluence-. Grâce à ces gens qui viennent de toute l'Europe pour construire cette ville, comme les italiens, les flamands, les Allemands, les Espagnols... Chacun arrive avec ses graines, ses artistes, ses architectes, enfin tous ces savoirs européens.” Il donne des exemples : “La fameuse gastronomie lyonnaise est internationale au départ. Elle vient de cette période et les végétaux qui vont avec. Pour pouvoir cuisiner, manger, on a eu besoin de ces végétaux.”

    Confrontés aux défis du dérèglement climatique

    Aujourd'hui, le défi qui s’annonce consiste à d'adapter nos cultures au changement climatique. “On ne sait pas très bien où on va. C'est vrai qu'on parle souvent de réchauffement climatique mais, on le voit concrètement dans notre quotidien, ce n'est pas que du chaud. C'est vraiment un dérèglement climatique ” s’inquiète Stéphane Crozat. "Si on prend, par exemple, l'hiver... on a eu un hiver très doux, les végétaux ont démarré très tôt puis, on a vécu un gros coup de gel et hop, voilà le problème.”

    La question est de trouver comment s’adapter à l’avenir. “Pour des fruitiers, ça peut consister à choisir des variétés tardives. On va chercher, notamment, pour les légumes ou les céréales, des végétaux dont les variétés vont avoir un cycle le plus court possible. Il y a de plus en plus d'aléas. De la grêle, de la sécheresse, les inondations, etc... Il faut passer entre les gouttes, si j'ose dire, et du coup on va devoir chercher les variétés qui s'adaptent ” répond le spécialiste.

    Croiser génétiquement les espèces ou laisser faire la nature

    S’adapter passera-t-il par des modifications génétiques ou des croisements d’espèces ? ”Ce n'est pas du tout caricatural. Il faut vraiment prendre conscience du fait qu’aujourd'hui il y a ces deux tendances au niveau mondial. Il y a ceux qui pensent que les croisements génétiques, la création variétale, les OGM notamment, vont permettre de nous nourrir et vont révolutionner le monde. Et puis il y a ceux -dont nous sommes- qui pensent plutôt qu’il y a déjà les ressources. On peut continuer de créer des variétés évidemment. Après, c’est toujours un problème de technique. Qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on met, etc.…”

    Il esquisse quelques pistes. “De toute façon quand on crée une nouvelle variété, la ressource vient de quelque part. Cela vient de végétaux qui existaient déjà. On va chercher les qualités chez des végétaux plus anciens. D'où l'intérêt de les connaître et de les conserver. Et, éventuellement, on peut en créer pour un certain nombre de raisons, et notamment pour essayer de de s'adapter”

    Depuis 10 000 ans que l'agriculture existe, l'homme a toujours sélectionné les meilleures variétés

    L’une des options consisterait à donner tous les pouvoirs à des multinationales, telles que Bayer ou Monsanto, qui auraient, de fait, une mainmise sur l'alimentation de la planète. L’autre possibilité se résume à faire confiance à la nature et au savoir-faire de l'homme qui, lui, peut produire des plantes qui feront face aux aléas climatiques. "Dites-vous que, depuis 10 000 ans que l'agriculture existe, l'homme a toujours sélectionné les meilleures variétés, celles qui lui convenaient le mieux. Et tout ça était dans la main des paysans.” rappelle Stéphane. “A partir du 20e siècle, c'est la standardisation, et l'industrialisation. Donc on a enlevé ça des mains des agriculteurs pour le confier à des multinationales. Aujourd'hui, peut-être qu'il va falloir rendre ces variétés aux agriculteurs tout simplement.”

    Anticiper un risque de pandémie sur le végétal

    De nos jours, 15 espèces de plantes fournissent 90% des ressources alimentaires de la planète. Ce qui signifie que, si elles s'adaptent difficilement à l'évolution du climat, les problèmes commencent. “Oui et c'est, potentiellement, des risques de famine. Regardez : le riz, le maïs, la pomme de terre, le blé, le soja, voilà... on a à peu près fait le tour, déjà, de ce qui nourrit l'immense majorité de la population. On a standardisé de plus en plus. Donc on a diminué le nombre de variétés. Imaginez une pandémie du végétal...”

    Comment s'y préparer ? “C'est l'importance même de la conservation de cette biodiversité, de son entretien, de son utilisation quotidienne dans vos assiettes. Plus vous avez de diversité et plus vous avez de solutions possibles. Plus vous avez de possibilités de vous adapter.”

    On voit effectivement des variétés de pastèques, de melons, etc.… qui poussent par 50 degrés

    On peut trouver des plantes qui s'adapteront à ces changements climatiques dans l'immense richesse des végétaux qui existent encore, où qui ont existé sur la planète. On trouve, par exemple, en Arménie, des melons et des pastèques qui poussent dans des températures de 50 degrés. “Certaines de nos variétés locales vont s'adapter, mais d'autres pas. Au-delà, on va faire comme les gens ont toujours fait. Je disais tout à l'heure qu’au 16ème siècle, les gens amenaient leurs végétaux de partout et que c'est comme ça qu'ils ont créé les variétés locales. Il faut continuer ce mouvement.”

    Ce qui implique des recherches sur le terrain “ On conduit des expéditions botaniques où on va chercher ces végétaux dans des régions spécifiques. On est allés, par exemple, dans une des stations de l'institut Vavilov, de Saint-Pétersbourg, qui est la plus ancienne banque de semences mondiale, au Daguestan. Là-bas, l'amplitude thermique, c'est moins -20 à +53 degrés. Et on voit effectivement des variétés de pastèques, de melons, etc.… qui poussent par 50 degrés. Ici, on n'a pas du tout ce type de variétés là. Donc on les introduit, on les étudie, et on voit ce que ça donne.”

    Nikolaï Vavilov, botaniste et généticien russe

    Nikolaï Vavilov, botaniste et généticien russe • © france tv

    L’Institut Vavilov doit son nom à Nikolaï Vavilov, botaniste et généticien russe qui a effectué 115 expéditions dans 64 pays du monde pour constituer une collection extraordinaire. Elle constitue aujourd’hui la 4ème banque de semences du monde. "Déjà, dans les années 1920/1930, Nicolas Vavilov, qui est un des pères de la génétique mondiale, a eu cette idée. Il fallait identifier ce qu'on appelle les centres de primo-domestication des plantes. C'est à dire l'endroit où l'homme a domestiqué, pour la première fois, le blé, le soja, le maïs, la pomme de terre. Lors de ses expéditions, il est allé collecter ces variétés parce qu’il avait conscience, déjà, que, à l'état sauvage, les plantes résistent à tout. Elles n'ont pas de maladie. On ne les traite pas et elle se débrouillent toute seules. Elles résistent à leur environnement.”

    Vavilov est donc allé chercher cette diversité. “Il s'est dit que c’était la clé pour nourrir son pays, à l'époque. Alors il est allé chercher ces variétés un peu partout et elles existent encore effectivement. 80% ne sont là que parce qu'elles ont été collectées avant la seconde guerre mondiale. Soit avant l'industrialisation de l'agriculture. Et avant que quiconque ne se mette à créer ces banques de semences au monde” raconte le spécialiste.

    L'immense héritage de Vavilov

    Ces semences très anciennes peuvent toujours être utilisées. “Bien sûr. Elles sont multipliées régulièrement. Mais elles sont aussi conservées de différentes manières. En congélation, par exemple, vous pouvez garder les graines entre 50 et 70 ans. Si on reprend l'exemple de l'institut Vavilov, il y a aussi la cryogénisation à l’azote liquide (-196°) qui permet de conserver des pollens ou des greffons pour des durées beaucoup plus longues encore. Cela permet les avoir et de les ressortir en cas de besoin” explique Stéphane Crozat.

    Pour l'anecdote, Vavilov, qui voulait sauver les hommes de la faim, est finalement décédé au Goulag, sous Staline, en 1943. Son institut est toujours dans une situation fragile Elle comprend 12 stations dans le monde et une seule hors de Russie. C’est celle dirigée par Stéphane. "L'idée, c'était vraiment de s'inspirer de ces stations et du travail de Vavilov en Russie. Aujourd'hui à Lyon, on va étudier nos variétés, les caractériser, déterminer si elles sont grandes, petites, résistantes aux maladies, à la sécheresse... Si elles ont bon goût ou de bonnes qualités nutritionnelles.”

    Les critères pris en compte sont ceux de l'industrie et de la transformation. Jamais l'agriculteur seul, ou le consommateur. Jamais vous et moi.

    La mission ne s’arrête pas là. "On fait cette sélection de façon participative avec l'ensemble des utilisateurs. Le consommateur, bien sûr, des chefs cuisiniers, des transformateurs, etc. Il faut savoir que la plupart des variétés que vous trouvez dans vos supermarchés aujourd'hui ont été créées par les grands semenciers dont on parlait tout à l'heure. Et les critères pris en compte sont ceux de l'industrie et de la transformation. Jamais l'agriculteur seul, ou le consommateur. Jamais vous et moi.”

    Ce qui signifie que l’on privilégie la facilité à les conserver ou les transporter et pas prioritairement leur qualité gustative. “Donc on cherche à vraiment développer ça. Donc on va faire une sélection avec les gens qui les utilisent. On va les tester, les goûter. Faire un travail sur des variétés qui, finalement, ne plaisent pas aux consommateurs, c'est un peu dommage. Et, enfin, on fait des analyses des qualités nutritionnelles, en laboratoire, pour voir, par exemple, les taux de vitamines, de protéines, etc. Quelles sont les variétés qui développent le plus d'intérêt.”

    Il précise : “Vous savez aujourd'hui que, par exemple pour les protéines, on va devoir de plus en plus se passer ldes protéines animales parce que c'est très consommateur d'eau, c'est polluant etc. On va chercher ces protéines dans les végétaux donc on fait des analyses pour savoir quelles sont les variétés qui ont le plus de protéines.”

    durée de la vidéo : 01min 27

    Stéphane Crozat répond à la question fort minable • ©france tv

    Le parcours de Stéphane Croizat parle pour lui et explique sans doute ses convictions. Lycée agricole de Brioude, licence d'histoire de l'art et d'archéologie à Clermont-Ferrand, maîtrise de langues “histoire civilisation du monde entier” option archéologie, école d'architecture option jardin botanique et paysage à Versailles... Stéphane est passé par le CNRS où il était chargé d'études.

    Un profil impressionnant, empreint de modestie. “Je ne sais pas... Depuis que je suis tout petit, il y a deux choses qui m'intéressent : c'est l'histoire et les plantes. J’ai toujours suivi ma passion et, petit à petit, je suis allé vers ces différents domaines. Je me suis rendu compte que je pouvais rassembler tout ça dans l’ethnobotanique. A partir de ça, une fois qu'on a commencé à retrouver ces végétaux, on s'est dit que ce n’était pas possible de les laisser s'en aller. On a donc créé le CRBA.” résume-t-il simplement.

    Chacun peut cultiver sa variété de semences

    D'une passion, Stéphane a donc créé un organisme qui est en train de rendre service à la population, et qui nous sauvera peut-être un jour de la famine. Il propose également aux particuliers d'adopter des graines pour les faire pousser "C’est une démarche participative. On travaille sur du vivant. Et donc il faut continuer à le faire vivre. L'objectif, c'est de faire connaître ce travail, d'expliquer à chacun. Et chacun peut faire des choses. Notamment, si vous avez un jardin, vous pouvez nous aider à multiplier ces variétés. On vous confie une variété -pas plus parce que sinon ça peut être un peu compliqué- vous cultivez ces graines... on vous forme et les graines sont ensuite données gratuitement. Et ensuite les gens nous rendent ces graines. Cela nous permet d'en distribuer à d'autres et aussi aux agriculteurs.” Avec Cette initiative, chacun peut ainsi planter sa petite graine... et c'est comme cela qu'on fait des grandes forêts.

    REPLAY : Voir ou revoir l'intégralité de cette émission

  • KUNDALINI :l'avis d'un lecteur

     

    ou d'une lectrice. 

     

    Kundalini web 1

     

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    5,0 sur 5 étoiles délicieux !!!

    Commenté en France le 22 février 2022

    Achat vérifié

    A lire..que d’enseignements ! Merci pour nous emmener au profondeur de l’Amour.
    Un nectar succulent merci et encore merci monsieur.

     

  • Un choix qui n'en est pas un

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    Tout le monde comprendra de quoi il s'agit.

    Et c'est effrayant d'imaginer que quoi que l'on décide désormais, il ne s'agira pas d'un choix par conviction mais par dépit. En tout cas, pour ma part.

    Tout aussi effrayant de constater à quel point, la problématique écologique est renvoyée au second plan, voire même bien plus loin. Alors que tout va dépendre de nos décisions, non pas dans les cent ans à venir mais, là, maintenant. 

    Il est évident qu'il faudra attendre que la situation environnementale devienne fortement chaotique et que cela impacte la majorité de la population pour que la prise de conscience survienne. Maintenant, il est tout aussi évident que des décisions politiques majeures ne peuvent être assumées que par un seul pays, ni deux, ni trois. C'est à l'ensemble des gouvernements du monde de franchir le pas. Parce que sinon, on se heurtera toujours à la compétitivité, la rentabilité, la croissance, le PIB, au pouvoir d'achat etc etc...et pire encore à la carrière politique de tous les cafards.

  • Mouton résilient : ITW de Barnabé Chaillot

    Barnabé Chaillot

     

    par 

    17/08/2021

    Barnabé Chaillot se consacre depuis plus de 10 ans à la recherche et la promotion de l'autonomie énergétique, hydrique et alimentaire. Il est spécialisé dans la création, l'expérimentation et la diffusion de petits systèmes autoconstruits, simples et accessibles au plus grand nombre.

    De l'alimentation solaire, en passant par un rocket-stove, faire sa farine maison, ou boire et se laver à l'eau de pluie, etc. Toutes ses vidéos suivent une démarche scientifique : De l'idée, au prototype, aux tests, en passant par les problèmes et leurs résolutions, ses tutos sont très didactiques, accessibles et filmés dans la bonne humeur.

    Dans cette interview, Barnabé nous en dit plus sur son autonomie en eau et l'évolution de sa réflexion sur le sujet de l'eau de pluie. 

     

    INTERVIEW DE BARNABÉ CHAILLOT 

     

    Bonjour Barnabé, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?

    "Je suis bricoleur du dimanche à temps plein. Je fais des vidéos et des tutos. J’essaye de faire des choses reproductibles et qui nous poussent vers toujours plus de liberté, d’autonomie et donc de résilience. Je partage mes expériences notamment sur YouTube."

    Pourquoi cette passion pour le partage de tes expériences ?

    "Cela a commencé par bricoler une éolienne. Quand j’ai vu que je n’avais pas assez de vent chez moi, au lieu de la démonter et la recycler, un ami m’a conseillé de filmer ma démarche, mes erreurs et de suivre l’évolution du projet. De l’inspiration à la conception en passant par les nombreux obstacles et adaptations. Cette vidéo à beaucoup plus et ce concept de faire voir la démarche dans son ensemble est devenu la ligne éditoriale de ma chaine YouTube."

    Es-Tu 100% Autonome En Eau ?

    "L’autonomie, c’est toujours pareil. Est-ce que tout le monde est 100% autonome pour se déplacer sans pétrole ? Oui bien sûr, car nous avons tous des jambes. En revanche, est-ce que l’on ne se déplace qu’avec nos jambes ? La réponse est non. Dans le cas de l’eau, c’est pareil dans mon cas. J’ai 10 fois plus d’eau de pluie que ce dont j’ai besoin, mais j’achète quand même de l’eau de ville."

    Pourquoi ce choix ?

    "Si demain il n’y a plus d’eau du réseau, je serai 100% autonome. En fait, je suis autonome, mais je n’en tiens pas compte. Nous avons un WC sec, mais on n’y va jamais car nous avons de l’eau de pluie pour alimenter la chasse d’eau.

    Au début, j’utilisais un petit chauffe-eau électrique de 10L que l’on allumait 20 minutes avant de prendre notre douche et que l’on arrêtait juste après (c’est le temps qu’il faut pour chauffer les 10L). Une fois refroidie, cela représente une douche de 20L.

    Largement suffisant pour se laver. L’avantage de ce système est d’être doublement économique. J’ai calculé qu’allumer 4 fois le chauffe-eau de 10L consommé moins que notre gros chauffe-eau standard. Aussi, on utilise moins d’eau sous la douche, car une fois la réserve d’eau chaude partie, l’eau commence rapidement à se refroidir, c’est le signal qu’il faut vite se rincer avant de n’avoir que de l’eau froide.

    Désormais, comme pour le WC sec, nous préférons le confort de chauffe-eau standard alimenter à l’eau de ville. C’est quand même plus pratique, car c’est plus rapide pour tout le monde au quotidien."

    Peux-tu expliquer ton système ?

    "J’ai simplement un petit pan de toiture de 70m² (sur les 200m² totaux) qui se jette dans une cuve en plastique de 3500L équipée d’un préfiltre. L’eau est aspirée via une crépine flottante par une pompe et un surpresseur me permet d’alimenter toute la maison dans un réseau de tuyaux secondaire.

    Le robinet de cuisine est lui toujours raccordé à l’eau de ville, ainsi que l’eau chaude. Cela pour éviter de devoir installer un second chauffe-eau. Ainsi tout le réseau d’eau chaude est branché à l’eau de ville.

    Nous sommes 4 et nous consommons 2.5m3 d’eau de pluie par mois et environs 2m3 d’eau de ville."

    As-tu déjà étais en pénurie d'eau de pluie ?

    "Oui, 2 fois de suite pendant 1 semaine. Une fois, ils avaient annoncé de la pluie, j’ai donc vidé ma cuve pour remplir mes réserves pour le jardin et il n’a pas plu.

    Mais cela reste rare par chez moi (Grenoble) qu’il ne pleuve pas pendant 1 mois et demi. Si cela devait se repérer, je commencerais par dévier plus de toiture dans ma cuve (je n’ai actuellement que 70m² de surface qui alimentent ma cuve)."

    J’ai vu dans une de tes vidéos que tu possèdes un filtre à gravité, tu peux m’en parler ?

    "Oui, j’ai un filtre à gravité de type Berkey / Bekerfeld avec des cartouches céramiques / charbon actif. C’est un système génial totalement passif. Je l’ai surtout quand je reçois du monde, pour ne pas les obliger à boire de l’eau de pluie non filtrée. 

    C’est également un système de secours s’il fallait boire tous les jours, boire de l’eau de pluie avec des gens sensibles qui ont mal au ventre ou autre. On pourrait passer sur ce système sans problème."

    As-tu un système pour contrôler le niveau de ta cuve ?

    "Oui, j’ai un système avec un radar de recul de voiture. Ça coute 15 euros. Cela fonctionne via un radar phonique qui bip et me donne une idée du niveau de l’eau selon le bip.

    Mais au final, je ne regarde pas souvent, car comme il pleut souvent, je sais que j’ai assez d’eau."

    Comment filtres-tu ton eau ?

    "Au début, j’avais mis une série de filtres (filtre lavable puis filtre à sédiment de 10 microns). Un jour au moment du nettoyage, j’ai remarqué que les filtres sentaient fortement la vase. J’ai considéré qu’à cet endroit, cette concentration de vase n’était pas nécessaire. Ça ne me plaisait pas. J’ai alors décidé de retirer mes filtres.

    À la base, l’eau n’était pas pour les besoins potables. Puis, on a commencé à se brosser les dents avec. Peu après, j’ai appris que mon fiston avait décidé de s’acclimater à l’eau de pluie. Il en buvait une demi-gorgée tous les jours. Il n’a pas été malade.

    Aujourd’hui on en boit sans se soucier de quoi que ce soit, il ne nous est rien arrivé jusqu’à présent. L’eau n’a pas le gout particulier. J’aime beaucoup dire que notre eau n’est pas potable et c’est très dangereux, car les oiseaux chient sur notre toit ;)"

    Comment s’est faite cette transition dans la famille ?

    "Au début seul la salle du bain du bas, la douche, les WC et la machine à laver étaient raccordés à l’eau de pluie. L’expérience étant concluante, nous avons ensuite passé toutes les canalisations d’eau froide à l’eau de pluie. Tout le monde a très bien accepté l’arrivée de l’eau de pluie dans la maison, surtout les enfants."

    Pourquoi ce choix de l’autonomie ?

    " La liberté. Je ne veux pas dépendre de qui que ce soit ou quoi que ce soit. Je veux être libre de choisir ou non d’être dépendant. Je désirais une source d’eau au cas où le réseau tombe en panne ou si un jour je ne gagne plus d’argent, j’aimerais pouvoir ne vivre de quasiment rien.

    Cette liberté et cette résilience me permettent de ne pas trembler s’il n’y a plus d’eau de ville."

    Qu’en pensent ton entourage et les gens de ta démarche d’autonomie en général ?

    " Comme tout le monde, ils trouvent intéressant d’en entendre parler. Tout le monde est curieux est intéressé si je dis que je fais 200kg de pommes de terre, que je suis autonome en noix, que je fais mon huile, mes chaussures, mais quand il s’agit de passer des heures dans le jardin à ramasser les récoltes, faire des conserves, etc., il n’y a plus personne."

    Si je te dis résilience ?

    « Disons simplement que quand l’extérieur se modifie, toi tu peux rester pareil et regarder les autres s’affoler. »

    Que penses-tu du survivalisme ?

    « Je trouve que la démarche est très bonne et permet d'ouvrir les consciences. En revanche, c’est un sentiment qui peut vite devenir destructeur et angoissant. Le fond est le même (que l’autonomie), mais avec souvent un peu plus de peur.

    La peur d’être submergé par un changement extérieur. S’il devait y avoir un gros changement extérieur, je ne pense pas que l’on puisse s’y préparer de toute façon. Tenir 3 semaines de plus que les autres, à quoi bon ? Aussi en ce qui con-cerne l’effondrement probable dont on entend parler régulièrement, il est possible que cela mettre énormément de temps, sur plusieurs générations.

    Quant au fait de stocker, si rien ne se passe, cela peut générer beaucoup de gaspillage.

    Un gros stock de bouteilles en plastoc ou des boites des conserves, pour moi, c’est de la mal bouffe. Si on parle de haricot sec, ou si possible de cuve d’eau de pluie, OK. Mais stocker de la mal bouffe, ça ne me va pas.

    Si je suis au fond survivaliste, je préfère me qualifier d’autonomiste. »

    Quelle est ta vision du futur ?

    « Je suis assez pessimiste. Tout se modifie et se dégrade. Les animaux, la faune, la flore, les in-sectes, les oiseaux, la biodiversité, les semences potagères… tout se dégrade, on bétonne, on goudronne et dans le même temps, on se déconnecte.

    Plus personne ne sait décortiquer du sarrasin. Plus personne ne sait moudre du blé, potabiliser de l’eau ou savoir que l’on peut boire de l’eau de pluie. Le pétrole, tout le monde sait que ce n’est pas éternel et à côté de ça, le risque nucléaire est bien là. Même si le risque est faible, statistiquement ce n'est qu'une question de temps avant le prochain accident.

    Je pense que le progrès est le problème. Trouver une solution en inventant une solution technique qui, globalement et de manière assez objective, est plus complexe que le problème déjà présent ne peut pas fonctionner.

    Pour ne pas trop prendre de bois, on a trouvé du charbon, puis du pétrole puis du nucléaire et maintenant on fait du lithium. Or chaque solution est pire que la précédente. On pense que le progrès va amener une solution alors que pour moi le progrès, c’est le problème. »

    Si tu avais un conseil à donner aux lecteurs de ce livre, quel serait-il ?

    « C’est dommage de ne pas utiliser ce qui tombe sur le toit. Cette eau plus ou moins propre permet déjà de faire énormément de chose. Aussi, il ne faut pas avoir peur de l’eau de pluie et des normes. Mon conseil donc, mettez une cuve sous la gouttière, buvez un peu d’eau, faites des tisanes, regardez si vous n’êtes pas malade, testez. »

    Un mot sur les bactéries ?

    « C’est un sujet consensuel. Il y a des bactéries partout. Dans beaucoup de pays, les gens ne boivent que de l’eau de pluie et tout va bien.

    Les bactéries dans l’eau ne sont peut-être pas le plus gros danger et pourtant on n’entend parler que de ça. Où sont par exemple les analyses sur les néonicotinoïdes ? Ou sur l’aluminium ? On sait tous que l’aluminium cause la maladie l’Alzheimer et pourtant, dans les usines de potabilisation d’eau de ville, une pratique courante est d’utiliser des sels d’aluminium dans le processus du traitement (pour faire floculer les particules). Si l’on en met trop, cela se retrouve dans l’eau au robinet, mais personne n’en parle. Pas de débat, pas d’analyse, pas de problèmes.

    Aussi, quand une analyse de l’eau de ville dépasse les critères, le préfet fait un arrêté pour autoriser la distribution de l’eau malgré le fait qu’elle est dépassée les seuils. Peu de gens savent que parfois l’eau est dégueulasse, mais elle est quand même vendue. Ils ne vont pas couper l’eau de toute façon, et on ne reçoit pas de texto pour nous en informer. » 

    Ton opinion sur les normes ?

    « Il ne faut pas se fier aux normes qu’on nous donne. Pour se protéger, ceux qui nous vendent l’eau ont fait des normes qui nous contraignent. Si je regardais ce qui se trouve sur la pomme de mon jardin, et que je la faisais analyser, on me dirait : impropre à la vente.

    Effectivement, les entreprises se doivent de bien gérer leur stock pour éviter tout problème dans le cadre de la vente.

    Hors cadre de vente, dans mon potager, il me suffit de manger ma pomme et tout va bien. Pour l’eau, c'est pareil. Pour vendre une eau, il faut des critères de malade, mais pour la consommer, on s’en fiche complètement. Mais cette notion est loin d’être grand public. »

    Que penses-tu des normes sur la qualité de l’eau du robinet qui changent régulièrement ?

    « Il faut le voir comme ça : d’abord on analyse l’eau, puis on adapte la norme aux résultats pour que l’eau soit juste en dessous de la limite. Ce n’est pas la norme qui est faite en premier (cf. la distinction entre norme réglementaire et norme sanitaire).

    C'est pareil dans l'industrie automobile. Ce n'est pas la nouvelle norme de pollution qui force les constructeurs à développer un nouveau moteur moins polluant. D'abord ils créent un moteur et s'il est moins polluant que les autres, il devient la nouvelle norme. »

    Merci Barnabé et à bientôt.

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