Blog

  • Un autre concert

    J'imagine un autre concert, une symphonie unifiée, des milliers d'écrans répartis sur la planète et des millions de personnes, tournées non pas vers l'écran et l'orchestre mais vers l'océan, les montagnes, les forêts, les immensités naturelles, tous unis dans un chant empli d'amour et de reconnaissance. Des millions de cœur diffusant leur amour pour la Terre. Que cette énergie commune ne soit pas un hommage à la musique elle-même mais que la musique et les voix toutes réunies clament l'attachement viscéral à la vie.

     

     

     

     

  • Le plus beau film de tous les temps

     

    Ce texte est tiré de l'ouvrage, "LA TERRE S'ÉVEILLE" de Peter RUSSEL, un livre que je lis et relis depuis des années. Sans jamais m'en lasser.

    516ersohzkl

    "Le Big Bang par lequel commence le film, dure à peine un cent millionième de seconde. L'Univers se refroidit rapidement et après ving-cinq minutes environ des atomes stables se forment. Aucun autre changement significatif n'apparaît durent le reste de la première journée, pas plus que pendant le reste du mois de janvier : tout ce que vous voyez rts un nuage de gaz qui s'étaned. Vers février et mars, les nuages gazeux commencent lentement à se condenser en amas de galaxies et d'étoiles. Alors que les semaines et les mois passent, des étoiles explosent occasionnellement en supernovae et de nouvelles étoiles se condensent à partir de leurs débris. Notre propre soleil et système solaire se forment finalement vers le début du mois de septembre.

    Une fois la Terre formée, les choses commencent à aller un peu plus vite et les molécules complexes commencent à prendre forme. En deux semaines, vers le début octobre, les algues simples et les bactéries apparaissent. Puis vient une accalmie relative pendant que la bactérie évolue lentement, développe la photosynthèse une semaine plus tard puis une atmosphère d'oxygène après cinq autre semaines, début novemre. En une autre semaine, des cellules complexes avec des nucléons bien définis évoluent, rendant possible la reproduction sexuée. Ce stade accompli, l'évolution s'accélère à nouveau. Nous sommes maintenant à la fin novembre et plus grande partie du film a été visionnée. Pourtant l'évolution de la vie vient seulement de commencer.

    Les premiers orgnaismes multicellulaires simples apparaissent vers le début décembre et les premiers vertébrés rampent hors de la mer et émergent sur le sol environ une semaine après. Les dinosaures gouvernent le territoire durant la plus grande partie de la dernière semaine du film, du 24 au 30 décembre.

    Nos plus anciens ancêtres simiesques ont leur entrée vers le milieu du dernier jour, mais ils ne se mettent pas debout avant 11 heures du soir.

    Maintenant, après 365 jours et nuits de ilm, nous arrivons à l'un des développements les plus fascinants. le langage humain commence à se manifester une minute et demie avant minuit. Dans les 30 dernières secondes, l'agriculture débute.

    La révolution industrielle prend place à la dernière demi-seconde et la deuxième guerre mondiale a lieu un vingtième de seconde avant minuit. Nous sommes maintenant à la dernière image, le dernier centimètre de centaines de milliers de kilomètres de pellicule. Le reste de l'histoire moderne se passe en un éclair, un cent millionième de seconde, pas plus long que celui avec lequel le film a débuté. L'évolution continue à accélérer et cette fulgurante accélération ne donne aucun signe de fléchissement."

     

    Aucun signe de fléchissement mais une direction qui ne plaide plus pour le maintien de la vie. Cette évolution, sous la gouvernance mortifère de l'humanité, se dirige-t-elle vers une transformation radicale dont nous n'avons qu'une vague idée ?

    Un monde à + 3 degrés n'est pas viable pour tous. Et la vitesse avec laquelle nous avançons, au regard de la durée du film, est absolument sidérante.

    Nous, humains, sommes en train de brûler la pellicule.

     

     

    https://clg-voltaire-sannois.ac-versailles.fr/spip.php?article384

    L’IPBES, la plateforme scientifique mondiale sur la biodiversité, a publié le 6 mai un rapport historique et très alarmant concernant l’état de la biodiversité dans le monde.

    Il aura fallu 3 ans de travail, 15 000 références scientifiques et gouvernementales épluchées et synthétisées par 355 experts de 50 pays, pour produire le rapport 2019 de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).
    A ce jour, il s’agit de l’analyse scientifique la plus aboutie sur l’état du vivant sur notre planète.

    Il est à souligner que pour la première fois, à cette échelle, ce rapport s’appuie aussi sur les savoirs autochtones et locaux, et aborde en particulier les questions concernant les peuples autochtones et les communautés locales : on ne parle donc pas seulement d’écosystèmes mais également de socio-écosystèmes.

    "Les trois quarts de l’environnement terrestre et environ les deux tiers du milieu marin ont été significativement altérés par l’action humaine. En moyenne, ces tendances ont été moins graves ou évitées dans les zones qui appartiennent à ou sont gérées par des peuples autochtones et des communautés locales. A titre exemple, l’humanité a détruit 85 % des zones humides par rapport à l’ère préindustrielle.
    Les causes du déclin de la biodiversité sont connues depuis des décennies et on peut les citer : déforestation, industries extractives, destruction des habitats, industrialisation de l’agriculture, utilisation massive de pesticides, dégradation des sols, surpêche, surpopulation humaine, changement climatique, déchets plastiques, étalement urbain, espèces envahissantes apportées par nos échanges (+ 70 % : depuis 1970), agrocarburants, surconsommation et soutien à tout prix de la croissance économique : jamais l’impact de l’Homme sur la planète n’a été si fort et généralisé.
    Les principaux facteurs indirects comprennent l’augmentation de la population et de la consommation par habitant ; l’innovation technologique, dont les dommages causés à la nature ont diminué dans certains cas tandis qu’ils ont augmenté dans d’autres ; et, de manière critique, les questions de gouvernance et de responsabilité."

  • Le choléra

    Cholera

     

    L'idée de placer une épidémie de choléra dans la quadrilogie en cours remonte à 2022. Et depuis, les populations et régions du monde concernées par cette maladie ne cessent de s'étendre. C'est une étude scientifique d'un couple scientifiques, les Zettler, qui m'avait alerté.

    La "plastisphère" est le nom qu'ils ont donné à la prolifération de virus sur les amas de plastique flottant dans les océans, les fleuves, les rivières et toutes les zones urbaines comportant des zones humides.

     

    "Plastisphère" (cliquer sur le lien)

    Dans l'article ci-dessous, le choléra n'est que la résultante de conditions d'hygiène insuffisantes, un approvisionnement en eau inexistant ou dégradé.

    Malgré le fait qu'il s'agisse d'une pathologie connue, la guérison n'est pas certaine.

    Qu'en serait-il si de cette "plastisphère" émergeait une mutation du vibrio choleare ?

    Non, je ne suis pas un catastrophiste. J'essaie d'anticiper les problèmes avant qu'ils surgissent. Avant le coronavirus, j'avais publié ici divers articles sur le risque des zoonoses. Ce qui me sidère, c'est l'indifférence d'une majeure partie de l'humanité envers les études scientifiques...

     

     

    Choléra : les pays touchés par l'épidémie en 2024

     

    Plus de 140 000 cas de choléra ont été recensés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis début 2024. Plus de 700 000 cas avaient été signalés en 2023.

     

    Article rédigé par franceinfo

    Radio France

    Publié le 09/05/2024 18:28

    Temps de lecture : 2 min

     

    L'épidémie mortelle de choléra est en train de flamber, s'inquiète l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Elle touche désormais un territoire français, Mayotte, où un enfant de 3 ans est mort de cette maladie mercredi 8 mai. Les Comores, îles voisines de l'archipel français au large de l'Afrique, sont durement touchées par le choléra, comme d'autres pays, principalement africains. Franceinfo dresse l'état des lieux de l'étendue de l'épidémie dans le monde.

    Selon l’OMS (en anglais), 24 pays ont enregistré de nouveaux cas de choléra depuis le début de l'année 2024. 141 900 cas ont été enregistrés, dont 25 000 pour le seul mois de mars dernier. On décompte plus de 1 700 morts depuis le début de l'année. Les pays les plus touchés par l'épidémie sont les Comores, archipel voisin de Mayotte, la République démocratique du Congo, l'Éthiopie, le Mozambique, la Somalie, la Zambie et le Zimbabwe. Et c'est l'Afghanistan qui compte le plus grand nombre de cas signalés : 33 300.

    à lire aussi Choléra à Mayotte : on vous explique où en est l'épidémie qui a fait un premier mort

    Selon les chiffres de l'OMS, plus de 700 000 cas avaient été recensés en 2023, contre 473 000 l'année précédente. Et depuis le début de l'année 2024, les contaminations n'ont pas ralenti. "La situation n'a fait qu'empirer", a déclaré le docteur Philippe Barboza, chargé du choléra et des maladies diarrhéiques à l'OMS. Depuis janvier 2023, l'agence onusienne a classé la résurgence de la maladie en catégorie 3 des urgences, soit son niveau le plus élevé.

    En 2022, l'OMS avait déjà observé une accélération de la pandémie de choléra, avec un doublement du nombre de cas recensés et une augmentation du nombre de pays signalant des cas, passant de 35 en 2021 à 44 en 2022. Et l'OMS avait observé des "flambées de grande ampleur" (plus de 10 000 cas dans un pays donné) dans sept pays sur deux continents (Afghanistan, Cameroun, Malawi, Nigeria,
    Syrie, République démocratique du Congo et Somalie).

    Vaccins et prévention

    Le choléra se développe dans des environnements où l'assainissement de l'eau n'est pas garanti. Car c'est une maladie qui provient d'une bactérie transmise par de l'eau ou des aliments contaminés. Dans environ un quart des cas, elle peut être fatale en provoquant une forme aiguë de diarrhée et des vomissements, entraînant la mort en un à trois jours. Sa propagation s'aggrave à cause du réchauffement climatique, s'alarme l'OMS qui pointe aussi le manque de moyens pour lutter contre la maladie.

    Face à la recrudescence des infections dans le monde, les vaccins disponibles sont insuffisants. Pour surmonter cette pénurie, L'OMS ne recommande plus qu'une dose de vaccin au lieu de deux. Elle a aussi approuvé, le 19 avril dernier, une version simplifiée d'un vaccin oral contre le choléra, ce qui devrait permettre d'augmenter la production totale de ces sérums. De vastes campagnes de dépistage sont aussi organisées dans les pays touchés. Mais pour l’OMS, "l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène sont les seules solutions durables et à long terme pour mettre fin à l’épidémie de choléra et prévenir d’autres épidémies".

     

    TOUS, SAUF ELLE

    CHAPITRE 59

    C’est à l’hôpital de Bangkok que fut répertorié le premier cas. Une femme prise de vomissements et de vertiges, des douleurs aiguës dans le ventre, une violente diarrhée, une déshydratation foudroyante. Elle fut admise aux urgences puis placée en réanimation suite à des difficultés respiratoires critiques. Elle mourut le lendemain.

    L’autopsie et des analyses poussées révélèrent un probable empoisonnement par une bactérie : le vibrion.

    Le deuxième cas fut enregistré la semaine suivante, un lundi.

    Deux autres le mercredi.

    Dix, dans le week-end.

    Le dimanche soir, le responsable du laboratoire d’analyses médicales, diligenté par le gouvernement thaïlandais, appela un numéro d’urgence mis à sa disposition.

    « Vibrio choleare O139, Monsieur le Ministre mais avec quelques singularités, une évolution inattendue et particulièrement agressive. Nous en sommes certains et c’est pour cela que je me permets de vous déranger. »

    Le lendemain, les hautes sphères de l'OMS furent alertées.

    Deux jours plus tard, la même alerte sanitaire fut envoyée par les Philippines.

    Puis par le Bangladesh.

    Puis l'Inde.

    Et tout le monde se mit à attendre le pays suivant.

    En quelques jours, des réunions ministérielles, dans tous les États concernés, permirent aux scientifiques d’expliquer le concept de plastisphère, un terme initié en 2003 par deux chercheurs, le couple Zettler. La dégradation du plastique dans les océans avait engendré l’apparition de bactéries exclusives et une contamination inconnue jusque-là. Ces bactéries nées de cette pollution par les plastiques avaient abouti à une transformation du vibrio choleare et cette évolution paraissait redoutablement dangereuse pour l’humain.

    On assistait, semble-t-il, maintenant, à une propagation fulgurante de la bactérie et probablement à un renforcement brutal de sa dangerosité.

    Aucun scientifique ne pouvait présager d'un possible traitement à court terme. Il fallait lancer de nombreuses études immédiatement.

    Il ne restait que l'alerte sanitaire et les mesures d'hygiène et de sécurité alimentaire.

    Et la gestion de crise, autrement dit, de la panique.

    Le choléra... Sous une forme mutante.

    Tous les politiciens connaissaient l'impact dévastateur d'un mouvement de masse sur la croissance. La peur serait plus néfaste sur l'économie que le nombre de morts lui-même.

    L'OMS demanda aux pays touchés de ne plus consommer de crustacés et rappela les mesures élémentaires d'hygiène : boire de l'eau en bouteille ou utiliser des systèmes performants de filtration, se laver les mains, manger des aliments bien cuits.

    Autant dire l'impensable pour des millions d'individus.

     

     

  • Sombres archives

     

    En fait, depuis quelque temps, je compile les articles et les études scientifiques comme une sorte d'archives. Pour que lorsque vraiment, tout le monde aura compris que la planète a basculé dans une voie sans retour, personne ne puisse dire "Ah, mince, je ne savais pas que c'était si grave."

    Oui, je sais, c'est dérisoire et ça ne règlera rien. Mais je les entends déjà tous ces individus inconscients qui un jour viendront se plaindre. Et, à la limite, je me demande si ça n'est pas ce qui m'énerve le plus.

    Quand à la dernière phrase de l'article, je la considère comme une note humoristique involontaire...

     

    Sandy Godt sur LinkedIn.

    Extraits :

    La planète se dirige vers un réchauffement d’au moins 2,5°C avec des résultats désastreux pour l’humanité, selon un sondage mené auprès de centaines de scientifiques

    Près de 80 % des personnes interrogées, toutes membres du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), qui fait autorité, prévoient un réchauffement climatique d'au moins 2,5 °C, tandis que près de la moitié prévoient au moins 3 °C (5,4 °F). Seulement 6 % pensaient que la limite internationalement convenue de 1,5 °C (2,7 °F) serait respectée.

    De nombreux scientifiques envisagent un avenir « semi-dystopique », marqué par des famines, des conflits et des migrations massives, provoqués par des vagues de chaleur, des incendies de forêt, des inondations et des tempêtes d’une intensité et d’une fréquence bien supérieures à celles qui ont déjà frappé.

    De nombreux experts ont déclaré qu’ils se sentaient désespérés, furieux et effrayés par l’inaction des gouvernements malgré les preuves scientifiques claires fournies.

    "Je pense que nous nous dirigeons vers des perturbations sociétales majeures au cours des cinq prochaines années", a déclaré Gretta Pecl, de l'Université de Tasmanie. « [Les autorités] seront submergées par des événements extrêmes après l’autre, la production alimentaire sera perturbée. Je ne pouvais pas ressentir un plus grand désespoir face à l’avenir.

    Le Guardian a contacté tous les auteurs principaux ou éditeurs joignables des rapports du GIEC depuis 2018. Près de la moitié ont répondu, 380 sur 843. Les rapports du GIEC sont la référence en matière d'évaluation du changement climatique, approuvés par tous les gouvernements et produits par des experts en sciences physiques et sociales. Les résultats montrent que bon nombre des personnes les plus compétentes de la planète s’attendent à des ravages climatiques dans les décennies à venir.

    La crise climatique cause déjà de profonds dégâts aux vies et aux moyens de subsistance à travers le monde, avec seulement 1,2°C (2,16°F) de réchauffement climatique en moyenne au cours des quatre dernières années. Jesse Keenan, de l'Université de Tulane aux États-Unis, a déclaré : « Ce n'est que le début : attachez votre ceinture. »

    Nathalie Hilmi, du Centre Scientifique de Monaco, qui s'attend à une hausse de 3°C, est du même avis : "Nous ne pouvons pas rester en dessous de 1,5°C."

    Les experts ont déclaré que des préparatifs massifs pour protéger les populations des pires catastrophes climatiques à venir étaient désormais essentiels. Leticia Cotrim da Cunha, de l'Université d'État de Rio de Janeiro, a déclaré : « Je suis extrêmement inquiète du coût en vies humaines. »

    L’objectif de 1,5 °C a été choisi pour éviter le pire de la crise climatique et a été considéré comme une étoile directrice importante pour les négociations internationales. Les politiques climatiques actuelles signifient que le monde est sur la bonne voie pour atteindre environ 2,7°C , et l'enquête du Guardian montre que peu d'experts du GIEC s'attendent à ce que le monde prenne les mesures considérables nécessaires pour réduire ce chiffre.

    Les jeunes scientifiques étaient plus pessimistes, avec 52 % des personnes interrogées de moins de 50 ans s'attendant à une augmentation d'au moins 3 °C, contre 38 % des plus de 50 ans. Les femmes scientifiques étaient également plus pessimistes que les hommes scientifiques, 49 % d'entre elles pensant que la température mondiale augmenterait d'au moins 3 °C. 3C, contre 38 %. Il y avait peu de différences entre les scientifiques des différents continents.

    Dipak Dasgupta, de l’Institut de l’énergie et des ressources de New Delhi, a déclaré : « Si le monde, aussi incroyablement riche soit-il, reste les bras croisés et fait peu pour remédier au sort des pauvres, nous finirons tous par perdre. »

    Environ un quart des experts du GIEC qui ont répondu pensaient que la hausse de la température mondiale serait limitée à 2°C ou moins, mais ils ont néanmoins tempéré leurs espoirs.

    "Je suis convaincu que nous avons toutes les solutions nécessaires pour atteindre une trajectoire de 1,5°C et que nous les mettrons en œuvre dans les 20 prochaines années", a déclaré Henry Neufeldt, du Centre climatique de Copenhague de l'ONU. "Mais je crains que nos actions n'arrivent trop tard et que nous franchissions un ou plusieurs points de bascule ."

    Lisa Schipper, de l'Université de Bonn en Allemagne, a déclaré : « Ma seule source d'espoir est le fait qu'en tant qu'éducatrice, je peux voir la prochaine génération être si intelligente et comprendre la politique. »

  • Musique : Eric Prydz

     Un morceau que j'écoute à chaque fois que je cours ou que je fais du vélo.

    Aujourd'hui, c'était en creusant une tranchée. C'est beaucoup moins réjouissant mais je devais le faire. J'ai appris au fil des années, une fois que je sais quel travail je dois réaliser, à ne me concentrer que sur ce que je fais et pas sur ce qui reste à faire. Parfois, je regarde ce qui est fini, je jette un oeil sur la suite mais je sais que l'essentiel du travail intérieur, c'est de rester appliqué sur le geste en cours.

    Il n'en reste pas moins que la musique est un accompagnement fort utile.

    Je suis toujours fasciné par la puissance de la musique, cette capacité à alimenter l'énergie intérieure.

    Je sais bien que les goûts sont différents et heureusement mais j'imagine que la puissance des effets reste le point commun pour tous et toutes, qu'il s'agisse de l'énergie ou de la sérénité, de la joie ou de l'apaisement, du bonheur ou de la mélancolie.

     

  • "En finir avec l'espoir"

    Un texte que je trouve remarquable de justesse et auquel j'adhère intégralement. Si je n'avais encore autant de choses à écrire ou à partager, je voudrais que ce texte soit le dernier de ce blog. Cet article m'a rappelé un de mes textes puique l'espoir a été un thème qui m'a beaucoup occupé l'esprit :

    L'espoir, le désespoir. (cliquez pour l'article entier)

    Espérer une solution politique est juste risible tout autant que nos actes individuels n'y changeront rien. Nous sommes entrés dans des lois physiques qui n'ont que faire de nos agitations humaines. On peut juste dire que si les premières alertes lancées dans les années 1970 avaient été écoutées et si des décisions radicales avaient été prises, ces lois physiques n'en seraient pas là. L'image, peut-être la plus parlante, est celle qui concerne l'inertie d'un pétrolier lancé à pleine vitesse. Même si le commandant donne l'ordre d'inverser le sens de l'hélice en demandant une marche-arrière de toute urgence, le navire continuera à avancer encore un certain temps.

    Les lois physiques sont lancées à pleine vitesse dans une direction néfaste et nos agitations, aussi radicales soient-elles (ce qui n'arrivera pas d'ailleurs, pas volontairement en tout cas), n'auraient d'effets que dans un temps lointain, très lointain. Nous avons mis beaucoup trop longtemps à réagir. Si tant est qu'on puisse considérer que les mesurettes prises soient de vraies réactions... Lol, comme disent les d'jeuns.

    Il ne nous reste qu'à agir, individuellement, pour notre propre dignité.

    Je garde à l'esprit une question qui me paraît essentielle : Que pense la vie de mes actes ? Et je m'ajuste au moins pire car je sais que mon existence aura de toute façon un impact

     

    "Espérer ou faire ce qu’il faut. Pas nécessairement pour « sauver la planète ou l’avenir de l’Humanité ». Mais pour rester droit et faire ce qui est juste, indépendamment d’un résultat que nous ne maîtrisons pas, ou plus. Ne serait-ce que pour trouver du sens à nos vies et leur conserver un minimum de dignité."

     

    En finir avec l’espoir

     

    Jean-Marc Gancille

    Jean-Marc Gancille

    ·

    Follow

    8 min read

    ·

    Aug 20, 2021

    https://medium.com/@jeanmarcgancille/en-finir-avec-lespoir-6578ce331cc4

    Crédit : Sylvain Demercastel — Planet Blow Production

    Les faits parviennent rarement à convaincre les gens qu’ils peuvent avoir tort. Le plus souvent ils contribuent paradoxalement à les conforter dans leurs croyances afin de maintenir intacte leur vision du monde au prix de contorsions intellectuelles spectaculaires et d’arrangements étonnants avec la réalité.

    En matière d’écologie, ce constat ne s’applique pas uniquement aux climato-sceptiques, aux pourfendeurs de la décroissance, aux carnivores invétérés, aux lecteurs du Figaro, du Point ou de Valeurs actuelles. Il concerne également une large majorité de citoyens et singulièrement de militants de l’écologie qui préfèrent ne pas avoir à affronter trop frontalement des preuves factuelles qui pourraient remettre en question leurs illusions.

    Il se pourrait bien que la pensée magique soit finalement le dénominateur commun entre les « boomers » conservateurs, le grand public et les représentants d’une certaine écologie devenue mainstream, réunis dans une propension similaire à occulter la réalité crue pour continuer à se mentir.

    Bien évidemment, les ressorts qui fondent cette réaction au réel chez les uns et chez les autres sont diamétralement opposés. Alors que les premiers refusent obstinément les conclusions scientifiques, rejettent systématiquement la faute sur d’autres qu’eux-mêmes et se vautrent dans une post-vérité parfois délirante pour justifier leur mode de vie, les autres catégories ont une tendance inversement proportionnelle à transcender leur angoisse d’un avenir menaçant en surinvestissant en permanence des discours et des stratégies « solutionnistes ». Quand bien même leur efficacité est objectivement nulle.

    Le fait est que nous n’avons jamais autant détruit la planète que depuis que nous prétendons la « sauver ». La détérioration de l’environnement s’amplifie, des espèces disparaissent à une vitesse effarante, la température augmente et le climat se dérègle, les ressources s’amenuisent, la démographie explose et les tensions entre nations s’intensifient. Quand bien même nous « agissons », toutes les courbes ou presque suivent imperturbablement les trajectoires les plus inquiétantes, franchissent allègrement des limites autrefois considérées comme lointaines et dessinent invariablement les contours de plus en plus net d’un monde condamné à court terme à la guerre et l’inhabitabilité. Comme le disait le respectable physicien australien Graham Turner, successeur de Dennis Meadows en tant que rédacteur coordonnateur de la nouvelle version 2012 du célèbre rapport « Halte à la croissance ? » initialement publié par le Club de Rome en 1972 : « tout se déroule comme prévu pour que survienne le désastre ».

    Cela fait environ 50 ans qu’on parle de résistance, de développement durable, d’initiatives locales, de luttes, d’écologie politique, de désobéissance civile, de consomm’action, de responsabilité sociale des entreprises, de justice environnementale, de pétitions et de boycott… mais rien n’y fait : ni le mirage de la transition énergétique, ni la fable des alternatives, ni la chimère de la prise de conscience, ni le trompe-l’œil du soulèvement de la jeunesse, ni l’inaltérable rêve d’un retour à la terre, ni la belle histoire des petits gestes, ni le mythe de la non-violence, ni l’imposture des marches, ni la tromperie de la conscientisation des élites, ni le mensonge de la neutralité carbone, ni l’artifice de la démocratie participative, ni la supercherie du sursaut collapso, ni le leurre d’une rébellion, et encore moins le baratin d’une reconnexion à la nature. À l’évidence, ces faux espoirs ont tous été logiquement déçus, par définition. Dernier en date : le déferlement d’une vague verte dans les grandes villes, censée tout emporter. Il est plus probable que ce soit l’effondrement démocratique en cours qui emporte tout, et en premier lieu les promesses d’un grand soir vert métropolitain.

    Quoique factuel, ce bilan sévère sur l’illusion des croyances vertes n’est évidemment pas facile à intégrer et à admettre. Foutu pour foutu à quoi bon agir ? L’objection la plus courante consiste effectivement à minorer le vertige existentiel que provoquent des faits et des données désespérantes et à les balayer d’un revers de main en y opposant l’argument ultime : la force de la volonté, si bien résumée dans la fameuse phrase de Margaret Mead fétichisée à outrance dans la communauté écolo : « Ne doutez jamais qu’un petit groupe de personnes peuvent changer le monde. En fait, c’est toujours ainsi que le monde a changé. »

    Mais cette ultime duperie, qui flatte l’égo au passage, évacue malheureusement l’essentiel : la nécessité absolue de pouvoir compter sur des circonstances opportunes pour que cette volonté advienne. Et c’est là que le bât blesse. Si la société ne bascule pas, si la transition n’opère pas, si le changement de paradigme tant attendu n’a pas lieu, c’est que les conditions favorables à ces ruptures ne sont tout simplement pas réunies pour que cela se produise. Tant que les circonstances propices ne sont pas présentes, aucune chance que le changement puisse opérer. La volonté ne peut rien à elle seule, sauf à se raconter des histoires.

    Comme le rappelle Vincent Mignerot, « il est trop tard… depuis toujours parce que nos espoirs et nos croyances ne réécrivent ni les lois de la thermodynamique, ni le principe d’évolution, ni le principe d’humanité. » Nous sommes effectivement soumis à des invariants physiques, des relations avec les autres vivants et des principes qui régissent le monde dans lequel nous nous débattons sur lesquels nous n’avons aucune prise, si ce n’est infinitésimale.

    Que pouvons-nous par exemple aujourd’hui face à l’inertie du système Terre ? La trajectoire d’un monde à +3 à 5° à l’horizon 2100 (voire de 5 à 8° supplémentaires pour le 22ème siècle) est confirmée par les climatologues et surtout par les observations dynamiques sur le terrain. Nous n’y pouvons rien. Tout simplement parce qu’il existe un décalage de 40 à 80 ans entre la production des gaz à effet de serre et leurs effets sur le réchauffement. En d’autres termes le futur est déjà écrit pour 2100 quand bien même nous stopperions absolument tout activité productive. Sans même parler des boucles de rétroaction positive qui se sont enclenchées, comme la libération de gigantesques quantités de méthane du pergélisol dégelé par le réchauffement ou la saturation du stockage de CO2 dans les forêts tropicales, qui noircissent encore davantage le tableau.

    Dans ce contexte, faire tout notre possible pour que les générations futures ne subissent pas une planète en surchauffe est une raison généreuse de continuer à se battre mais contrevient totalement à la psychologie humaine. Renoncer à des ressources perçues comme vitales aujourd’hui pour le bénéfice hypothétique d’autrui dans un futur indéterminé est une attitude altruiste qui n’est constatée absolument nulle part dans le monde. Et pour cause ! Nos modèles de sociétés productivistes et consuméristes mondialisées sont parvenus à développer une propagande marchande qui a ancré dans les esprits l’idée du bonheur par le confort matériel et le moindre effort. Au prix d’une exploitation boulimique des hydrocarbures (générant le réchauffement) et de toutes les sources d’énergie disponibles (dégradant l’environnement). Qui est prêt à renoncer aux 400 esclaves énergétiques qui permettent à l’homme moderne de s’alimenter, se soigner, se chauffer, se déplacer, se défendre… ? Personne. Et surtout pas ceux dont les ressources ont été historiquement spoliées par l’occident pour y parvenir et qui aspirent à un légitime rattrapage de niveau de vie.

    Convertir 8 milliards d’humains à une sobriété volontaire, voilà l’impératif vital. Il supposerait que tous les pays soient alignés et en phase pour enclencher ce processus simultanément afin de prévenir le risque que ceux qui se soustrairaient à ces contraintes collectives en retirent un avantage compétitif sur les autres et puisse les soumettre. Totalement illusoire. Soyons sérieux : peut-on de toute façon attendre des gouvernements et des Etats qu’ils s’engagent au nom de la lutte contre le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité comme le veut la supplique militante ? C’est être absolument naïf sur la nature du Pouvoir et les fondements mêmes de la civilisation qu’il construit patiemment depuis 12000 ans au moins, selon des logiques de rapports de forces externes et de domination interne immuables. Comme l’écrivait Freud, « la civilisation est quelque chose d’imposé à une majorité récalcitrante par une minorité ayant compris comment s’approprier les moyens de puissance et de coercition. » Imaginer que L’Etat soit au service de l’intérêt général est une fable savamment entretenue pour alimenter l’espoir des masses. Le pire c’est que les gouvernements successifs y parviennent globalement bien (enfin, de moins en moins quand même) en maniant le mensonge à la perfection à coup d’oxymores : développement durable, énergie verte, croissance soutenable, industrie propre… faisant fi des lois physiques qui régissent cette planète.

    Nous persistons collectivement dans l’illusion que ce modèle de société puisse être soutenable quand bien même tout nous démontre qu’il est inégalitaire et destructeur, pire : suicidaire. Notre civilisation s’est forgée par sédimentation depuis des millénaires de couches successives d’infrastructures physiques (villes, réseaux de transports et de communication, organisation spatiale…) et de représentations mentales (idéologie du progrès, bienfait de la technique, anthropocentrisme…). Et certains voudraient croire que la volonté militante de quelques uns, ultra-minoritaires par ailleurs, puisse y changer quoi que ce soit à court terme ? Margaret Mead, sors de ce corps ! Ce que nous voyons se dérouler sous nos yeux est objectivement l’exact inverse : maintenir « quoi qu’il en coûte » ce modèle prédateur jusqu’à l’absurde. Comme le dit très justement l’anthropologue James C. Scott « La civilisation n’est qu’une course sans espoir visant à trouver des remèdes aux maux qu’elle génère. »

    Alors, ne nous reste-t-il plus rien à espérer ? Non. Et le changement commence par là. Si « l’espoir est la laisse de la soumission » comme disait à juste titre Raoul Vaneigem, il nous faut désormais troquer l’espoir contre le courage. L’espoir nous maintient enchaînés au système, lequel prétend faussement et continuellement qu’il peut changer, qu’il va changer. Il entretient le mythe de la technologie salvatrice comme celui, risible, de la conscientisation des élites… qu’il protège en alimentant la foi dans la résolution non-violente des conflits, en dépit de l’histoire des luttes.

    L’espoir nous éloigne du présent en faisant miroiter un futur imaginaire qui surviendrait dans l’attente fiévreuse d’on ne sait quel alignement mystérieux de planètes. Nous en guettons vainement l’augure dans chaque lueur d’altérité, perpétuant sa quête vaine et amplifiant ses vertus anesthésiantes.

    Il faut relire Jacques Ellul pour qui « l’espoir est la malédiction de l’homme. Car l’homme ne fait rien tant qu’il croit qu’il peut y avoir une issue qui lui sera donnée. Tant que, dans une situation terrible, il s’imagine qu’il y a une porte de sortie, il ne fait rien pour changer la situation. »

    En confiant notre sort à l’espoir nous abdiquons notre propre pouvoir sur le présent. On peut en effet espérer que ce système mortifère prenne fin ou agir pour qu’il s’effondre, ici et tout de suite. On peut espérer que le déclin de la biodiversité cesse ou s’impliquer dans la conservation des animaux, sans attendre, en commençant par arrêter de les manger. On peut espérer que les gens réalisent l’indécence de l’exploitation des autres vivants ou s’engager, maintenant, résolument, pour qu’elle soit un jour abolie. Etc.

    Espérer ou faire ce qu’il faut. Pas nécessairement pour « sauver la planète ou l’avenir de l’Humanité ». Mais pour rester droit et faire ce qui est juste, indépendamment d’un résultat que nous ne maîtrisons pas, ou plus. Ne serait-ce que pour trouver du sens à nos vies et leur conserver un minimum de dignité.

    Illusions Vertes

    Jean-Marc Gancille

    Written by Jean-Marc Gancille

    17 Followers

    Ecologiste et animaliste, Jean-Marc Gancille travaille au sein d'une ONG scientifique française de conservation des cétacés dans l'océan indien.

  • La force du silence

    Bien évidemment que je plussoie intégralement ces propos.

    Je pense que le silence dans lequel nous vivons, Nathalie et moi, serait perçu comme anxiogène par beaucoup. J'ai un peu écrit ici sur le silence et beaucoup dans mes romans :

    L'amour du silence.

    Le silence

    La lumière du silence

    Ce silence.

    Le silence de l'amour (spiritualité)

     

     

    Spiritualité

    La force du silence : Contre la dictature du bruit

     

    https://revue-acropolis.com/la-force-du-silence-contre-la-dictature-du-bruit-2/

    il y a 2 semaines

    200 5 minutes de lecture

    https://www.buzzsprout.com/293021/14787108-la-force-du-silence-contre-la-dictature-du-bruit

     L’humanité doit entrer dans une forme de résistance.
    Que deviendra notre monde s’il ne recherche pas des espaces de silence ?
    Le repos intérieur et l’harmonie ne peuvent découler que du silence. Sans lui, la vie n’existe pas.
    Les plus grands mystères du monde naissent et se déploient dans le silence. 
    Cardinal Robert SARAH

    Pouvons-nous nous épanouir sans le silence ?

    Cette réflexion philosophique est inspirée de l’ouvrage du Cardinal Robert Sarah, La Force du Silence (1), sur la nécessité absolue pour l’homme de retrouver le chemin du silence, qui, seul, peut nous mener à l’essentiel de l’Être.

    Le silence contre le bruit du monde

    « De tant être en contact avec des éléments artificiels, nous avons perdu la capacité de chercher une finalité aux choses et, ce qui est dramatique, c’est que nous avons perdu la possibilité de trouver aussi une finalité à notre propre vie », disait le fondateur de Nouvelle Acropole, Jorge Angel Livraga.
    L’artificiel, le fait de vivre à la surface nous décroche de nos finalités, de notre profondeur et de nos racines métaphysiques. Mais revenir à l’essentiel est particulièrement difficile dans le monde très agité à l’intérieur duquel nous vivons.

    Une pratique de la profondeur

    Ce qui rend difficile ce contact, entre la surface et la profondeur, c’est le fait d’avoir du mal à trouver le chemin entre le moi personnel, agité par les circonstances, et ce que la tradition orientale appelle le Soi ou le moi profond. La pratique et l’expérience du silence sont utiles et nécessaires pour relier les deux. Ceci demande de commencer à calmer le moi personnel uniquement centré sur lui-même, pour pouvoir l’ouvrir, par le silence, à quelque chose d’autre, qui est déjà en nous. Cette autre chose est de l’ordre de la présence. Un aphorisme oriental dit que « Le vrai silence n’est pas l’absence de bruit mais la présence de l’être ». « Je suis en moi ou je suis en Dieu, il n’y a pas de milieu. »

    Le silence ne s’oppose pas au bruit mais à la parole

    « Si la parole caractérise l’homme, c’est le silence qui le définit, parce que la parole ne prend de sens qu’en fonction de ce silence », écrit le Cardinal Robert Sarah.

    Dans la nature il y a toujours du bruit : les oiseaux, le vent, les arbres, la mer. On ne peut pas imposer le silence à la nature pas plus qu’à ceux qui nous entourent. Nous devons également faire attention au bruit de notre propre pensée. L’opposé du silence c’est le bavardage, la parole non authentique, la parole inutile, qui n’est pas précédée d’un silence, qui ne vient pas du vide à l’intérieur de nous-même mais du trop-plein qui est à la surface. Cette parole ne peut être empreinte de la profondeur, de la lumière, de la sagesse.

    Philosopher, c’est parler à partir du silence puisque la pensée elle-même naît du silence. C’est partager un dialogue basé sur l’intimité du lien que nous avons avec notre propre âme. Ceci permet d’habiter les mots et leur signification pour leur redonner toute leur profondeur, pour entrer en compréhension avec les enseignements.

    Le bavardage, ne vient pas du vide à l’intérieur de nous-même mais du trop-plein
    qui est à la surface

    Faire silence pour nous rapprocher de l’autre

    Ce qui nous intéresse, en tant que philosophe, c’est de nous servir du silence pour entrer en relation non seulement avec nous-même mais aussi avec les autres. C’est de parvenir au silence intérieur qui permet d’écouter une autre voix, celle de la sagesse, celle de l’âme, la nôtre et celle de l’autre.

    « Le silence de la vie quotidienne est une condition indispensable pour vivre avec les autres. Sans la capacité du silence, l’homme n’est pas capable d’entendre son propre entourage, de l’aimer et de le comprendre. La charité naît du silence. Elle procède d’un cœur silencieux capable d’écouter, d’entendre et d’accueillir. Le silence est une condition de l’altérité et une nécessité pour se comprendre soi-même. Sans silence, il n’y a ni repos, ni sérénité, ni vie intérieure. Le silence et la paix battent d’un seul cœur »écrit le Cardinal Robert Sarah.

    La pratique du silence

    Dans l’Antiquité, le sage est celui qui est capable de faire silence c’est-à-dire de faire taire ses passions et ses jugements. Sénèque disait : « À quoi bon le silence entre les quartiers si à l’intérieur de nous grondent les passions ».

    Pour cela nous cherchons à renforcer notre propre densité intérieure, notre maîtrise de nous-même par la pratique de la philosophie. Pour pouvoir réagir différemment aux contrariétés de nos vies quotidiennes et aux difficultés de notre monde et agir utilement, il faut savoir accueillir la réalité du monde avec notre profondeur et pas avec notre surface. Quand on est à fleur de peau, énervé, écorché vif, on ne peut que réagir instinctivement, en général par la révolte ou par un sentiment d’impuissance.

    Notre pratique en tant qu’école de philosophie c’est donc d’apprendre à cesser de réagir pour agir. Cela implique avoir une réflexion plus profonde sur le monde, sur nous-même, sur les événements en essayant de percevoir ce qu’il y a derrière l’agitation extérieure.

    Garder la centralité

    Il s’agit d’accueillir la réalité extérieure dans notre espace intérieur. Cela implique une capacité d’auto limitation, de se retenir mentalement, de ne pas précipiter son jugement. Les philosophes antiques parlaient également de l’ataraxie, c’est-à-dire d’une tranquillité de l’âme qui vient de la modération et du fait de pouvoir se situer avec équanimité par rapport aux choses : pas de projections, pas de critiques, pas d’attentes, pas d’anxiété. Devenir plus conscient de ce qui dépend de l’autre et de ce qui dépend de moi. Ce qui dépend de moi c’est de pouvoir garder ma propre centralité. Au centre de nous il y a le silence. Celui qui apprivoise le silence réagit de manière moins passionnelle, il est moins emporté par les circonstances.

    L’art de la solitude

    Si je sais rester en silence, j’apprends à garder distance par rapport à mes réactions aux événements et aux autres, je garde ma solitude. La solitude ne dépend pas du fait d’être seul ou avec les autres, la solitude est un état de conscience dans lequel on n’oublie pas la présence de son être intérieur. C’est pour cela que nous cherchons à renforcer notre propre densité intérieure, notre maîtrise de nous-même pour parvenir au silence intérieur c’est-à-dire au silence qui permet d’écouter une autre voix, celle de la sagesse, celle de l’âme, la nôtre et celle de l’autre.

    « Le silence est la plus grande liberté de l’homme. Aucune dictature, aucune guerre, aucune barbarie ne peut lui enlever ce trésor divin », dit le Cardinal Robert Sarah

    (1) Cardinal Robert Sarah avec Nicolas DIAT, La Force du silence, Éditions Fayard,  2016, 378 pages, 21,90 €

    Françoise BÉCHET
    Philosophe, formatrice à Nouvelle Acropole

    © Nouvelle Acropole
    La revue Acropolis est le journal d’information de
    Nouvelle Acropole 

  • Tripalium

    Un correctif ou un supplément à l'article précédent sur l'éthymologie du mot travail. J'ai ajouté quelques-uns des commentaires mais ils sont bien plus nombreux et forts intéressants. A voir sur le site.

     

     

    Tripalium, une étymologie populaire… mais fausse

     

    https://www.penserletravailautrement.fr/mf/2016/09/tripalium.html

     

    11/09/2016

    Le mot « travail » viendrait du bas-latin « tripalium », qui était le nom d’un instrument de torture constitué de trois pieux. Cette étymologie rencontre, chaque fois qu’elle est citée, un franc succès auprès de ses auditeurs. Trepalium est même devenu le titre d’une récente série française de science-fiction dans laquelle, dans une ville éponyme, la minorité qui travaille est séparée par un immense mur d’une majorité de sans-emploi.

    Mais cette étymologie, communément admise, est fausse ou, à tout le moins, fort douteuse, ce que ne laisse pas supposer l’assurance avec laquelle elle est maintenant reprise [1].

    L’instrument existe bel et bien et son nom aussi. Le Concile d’Auxerre a ainsi promulgué en 590 que : « Non licet Presbytero, nec Diacono, ad Trepalium, ubi rei torquentur, stare » (Il ne convient ni au prêtre, ni au diacre de se tenir auprès du trepalium, où on est torturé pour une affaire [2]). En revanche, rien ne permet d’établir le passage de ce nom au verbe de l’ancien français « travaillier », à partir duquel a été formé le mot « travail ». Il supposerait un dérivé intermédiaire « tripaliare » qui n’est pas attesté, et une transformation insolite du [i] bref en [a]. « L’éthymon tripalium est une chimère » déclare le linguiste André Eskénazy dans une étude publiée en 2008, à l'issue d'une recherche de 18 mois [3].

    D’où vient alors ce mot « travail » ? Plusieurs hypothèses existent qui peut-être se croisent.

    Emile Littré et Michel Bréal, deux linguistes du XIX° siècle, proposaient un autre éthymon, le latin «trabs » qui, au sens propre, signifie « poutre » et dans des sens figurés : « arbre élevé », « navire », « toit », « machine de guerre », « massue », etc., bref des choses qui utilisent ou renvoient à la forme d’une poutre. Comme « trabs » a donné « entraver », l’idée de contrainte y est bien présente mais sans la violence du tripalium. Cette étymologie pourrait également expliquer la dénomination de « travail » donné aux instruments de contention des chevaux (voir l’illustration qui figure dans mon article « le travail est-il seulement un instrument de torture ? »).

    On trouve dans les mots «travail » de plusieurs langues indo-européennes, une racine consonantique commune : R-B, comme le montre le tableau ci-dessous :

    Langue

    Mot « travail »

    Allemand

    aRBeit

    Espagnol

    tRaBajo

    Français

    tRaVail

    Latin

    laBoR

    Russe

    RaBot

    On peut donc supposer que cette racine indoeuropéenne, née bien avant l’instrument de torture mérovingien, ait donné en français, par des évolutions dont on ne connait pas le parcours, le mot « travail ».

    Dans une étude de 1984 sur les mots espagnols médiévaux «trabajo » (travail) et « trabajar » (travailler), Marie-France Delport indique qu’ils signifient une tension ou une dynamique portée par un agent, orientée vers un but, et qui rencontre une résistance, un obstacle [4]. Elle y propose de rapprocher le préfixe –tra du latin trans- qui exprime l’idée de passage d’un état à un autre.

    Enfin, il semble que le mot anglais «travel » (voyager) provienne du vieux français. Si tel est bien le cas, il y aurait une source commune à chercher entre travailler et travel, avec une bifurcation conduisant d’un côté vers le travail et de l’autre vers le voyage, peut-être autour de l’idée d’un but et d’un effort pour l’atteindre ?

    Ces quatre hypothèses sont intéressantes. Elles ouvrent sur des significations du travail moins réductrices que le tripalium, mais aucune d’entre elle n’a de chance de le supplanter médiatiquement car elles n’entrent pas en résonance avec le regard que porte majoritairement la société sur le travail d’aujourd’hui.

    Mais ce succès d’estime ne lui donne pas raison pour autant. Cette foi dans l’origine doloriste du mot travail s’expose en effet à deux critiques, une en mineur, l’autre en majeur.

    D’abord, elle a l’air d’accorder au sens ancien, un pouvoir de vérité qu’il n’a pas. Chaque époque, chaque société forge les mots qui lui conviennent pour rendre compte de sa réalité sociale. En quoi le moyen-âge français, d’où est né le mot « travail » du fait de choix qui ont été les siens, serait-il le mieux placé pour nous confirmer une leçon sur le travail, alors que les activités productives qui existaient à cette époque et les conditions dans lesquelles elles étaient réalisées ne ressemblaient en rien aux nôtres ? Que connaissent d’ailleurs de ces conditions ceux qui aujourd’hui accordent crédit à cette étymologie ?

    Mais là n’est pas le plus grave, car cette croyance est au fond naïve et sans conséquence. En revanche, lorsqu’on considère que la souffrance est une propriété du travail – la preuve : tripalium –, on laisse entendre qu’il y a là une fatalité, et qu’il n’y a donc rien à y faire, ce qui est faux. C’est pour combattre ce fatalisme qu’il est très important de toujours rappeler le caractère indissolublement anthropologique et social du travail. Pour cela, nul n’est besoin d’étymologie, mais de philosophie et de bon sens. Le travail est la manière propre dont s’organise notre espèce, dans la nature, pour y survivre, vivre et bien vivre. Il n’est donc pas un problème en soi, mais une solution. Ce qui est un problème, c’est la manière dont il est concrètement conçu, par qui et à quelle fin. Même aujourd’hui, où le travail semble avoir si mauvaise réputation, chacun sait que tout le monde n’est pas égal face à lui. Certains s’y épanouissent pendant que d’autres, plus nombreux, le subissent, voire s’y éteignent. Le problème, ce n’est donc pas le travail en soi qui n’existe pas, ce sont les conditions dans lesquelles chacun d’entre nous est amené à exercer le sien. C’est cela qu’il faudrait changer. C’est évidemment possible puisque, si le travail est un attribut de notre espèce, il est de la responsabilité de chaque société humaine de le concevoir, comme elle le peut et le veut. Sa réalité, individuelle et collective, est une construction sociale, et peut donc faire l’objet d’une profonde rénovation, voire d’une autre construction.

    [1] Cet article doit beaucoup à deux bloguistes hébergés par Médiapart, Jean-Luce Morlie (article du 28/09/2011) et Flebas (article du 24/03/2016).

    [2] Avec mes remerciements à Laurent, l’ami latiniste à qui je dois cette traduction. André Eskénazy, linguiste enseignant à Paris X, précise qu’ici trepalium est le nom de la pièce où l’on torture et non pas celui de l’instrument (référence en note [3]).

    [3] André Eskanazy, « L’étymologie de « travail » », Romania, 2008, tome 126, n° 3-4, pages 296-372. Citation p 307.

    [4] Marie-France Delport, « Trabajo – trabajar(se) : étude lexico-syntaxique », Cahiers de linguistique hispanique médiévale, n° 9, 1984, pages 99-162. Voir page 133.

    Rédigé par dans Nouvelles réflexions Commentaires (32)

    Commentaires

    Flux Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.

    Charles

    il y a tellement de fausses étymologies chez Littré, Ménage et consorts que ce n'est guère étonnant. Quand on lit que le cric vient de St Criq il y a de quoi rigoler ou pleurer. Paresse viendrait de pirgitia par 5 changements mais pas du grec paresis qui signifie paresse. le vieux mot français coite (lit) ne viendrait pas du grec coite qui signifie lit....

    Rédigé par : Charles | 13/03/2019 à 16:17

    greg

    Merci pour cet article.

    Ce qui est est surprenant, c'est que si étymologiquement travail ne vient pas de tripalium, beaucoup de personne (la grande majorité ?) ne semble vraiment pas surpris d’associer le travail à un instrument de torture...

    Vous le dite vous même : "[par] le travail [les] plus nombreux, le subissent, voire s’y éteignent".

    Ce qui est intéressant, ce serait la suite. Au delà des visions philosophiques abstraites : comment concrètement faire en sorte que le travail ne soit pas vécue comme une torture ?

    Rédigé par : greg | 07/04/2020 à 10:30