Blog
-
L'écologie n'est pas punitive
- Par Thierry LEDRU
- Le 30/10/2024
- 0 commentaire
Mais l'absence de conscience écologique induit des sanctions terribles.
Je lis encore et encore des commentaires sur les réseaux sociaux qui affirment que des inondations ont déjà eu lieu et patati et patata.
Bon, si on prend en considération les données suivantes, en faisant une règle de 3, on peut avoir une idée de ce qui est en route : 5-6 degrés en 100 000 ans vs. 1,5 à 4 degrés en 150-200 ans. Ça donne une idée de la suite...
"Au vu des derniers épisodes météorologiques, il est bon de rappeler certaines études sur les crues paléologiques en période de réchauffement climatique.
il y a 56 millions d'années a eu lieu un réchauffement rapide (100'000 ans) de 5°C ou 6 °C, le PETM.
Des mégacrues ont eu lieu : Les lits de certains fleuves ont débordés de 10 à 14 fois leur normale.
Ces observations dépassent largement (d'un facteur 2 ou 3) les prévisions des modèles climatiques sur les augmentations de pluviométrie.
Je cite l'étude :
"Quelles sont les implications de ces résultats pour l'avenir ? Les simulations de modèles et les observations suggèrent que le réchauffement climatique anthropique entraînera des changements prononcés dans l'hydrologie mondiale. Plus précisément, on s'attend à des changements dans la saisonnalité et à une augmentation de l'occurrence et de l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, mais l'ampleur des changements reste incertaine. Les arguments théoriques indiquent que les précipitations extrêmes devraient être proportionnelles à la capacité de rétention d'eau de l'atmosphère ( 7 % par degré de réchauffement)
Bien que cette prédiction soit confirmée par les données mondiales sur les précipitations quotidiennes maximales annuelles, les précipitations extrêmes infraquotidiennes (horaires) semblent s'en écarter, certaines régions présentant proportionnalité moindre, tandis que d'autres avec une proportionnalité beaucoup plus importante
Nos résultats suggèrent des précipitations extrêmes pendant le PETM et confirment donc la probabilité que le réchauffement climatique actuel puisse intensifier les précipitations extrêmes et les inondations associées à des taux plus élevés, peut-être imprévisibles, que ceux prévus par les modèles de circulation générale."
Adrien Couzinier
source document en Anglais
https://www.nature.com/articles/s41598-018-31076-3?fbclid=IwY2xjawGPRrpleHRuA2FlbQIxMQABHTIdbIIs2f1rKhusbwz0jqEePdgjNnhZe7jB8ejAbJVgReKd2-hY5j8rpQ_aem_VDxmY-TXI4KeHpnBbACdaw
Publié le 30 octobre 2024
Une photo prise à Picanya, près de Valence, dans l'est de l'Espagne, le 30 octobre 2024, montre des voitures entassées dans une rue après des inondations. Jose Jordan / AFP
Ce sont littéralement des torrents d’eau qui ont déferlé sur la région de Valence en Espagne dans la nuit du mardi 29 octobre en raison de pluies soudaines et extrêmement violentes intensifiées par le changement climatique. Le bilan provisoire fait état d’au moins 51 décès.
Au moins 51 personnes ont péri dans de dramatiques inondations qui ont dévasté mardi 29 octobre au soir le sud-est de l’Espagne, selon un bilan provisoire. “Le chiffre provisoire de personnes décédées (est) de 51”, ont annoncé les services d’urgence dans un message posté sur X.
La région était pratiquement coupée du reste du pays, certains villages étant inaccessibles, ont indiqué les services de secours. Dans la nuit, le président du gouvernement régional de la communauté de Valence, Carlos Monzón, avait indiqué que plusieurs corps avaient été retrouvés. “Nous faisons face à une situation sans précédent, que personne n’a encore jamais vue”, avait-il ajouté. Rien ne laissait toutefois prévoir un tel nombre de victimes, qui fait de ces inondations les plus dramatiques en Espagne depuis août 1996.
Les autorités avaient indiqué mardi que sept personnes étaient portées disparues, dont une à L’Alcudia, dans la région de Valence, et six à Letur, dans la province voisine d’Albacete (région de Castille-La Manche), où une crue soudaine avait envahi les rues, emporté des voitures et inondé des bâtiments. Les services d’urgence, appuyés par des drones, ont travaillé toute la nuit pour rechercher les six disparus à Letur, a déclaré à la télévision publique TVE la déléguée du gouvernement central en Castille-La Manche, Milagros Tolon. “La priorité est de retrouver les personnes disparues”, a-t-elle ajouté.
Armée spécialisée dans les opérations de sauvetage
La police de la ville de L’Alcudia a, pour sa part, déclaré être à la recherche d’un chauffeur de camion porté disparu depuis mardi après-midi. Les autorités ont demandé à tous les habitants de la région de ne pas essayer de se déplacer par la route. Le gouvernement central a mis en place une cellule de crise, qui s’est réunie pour la première fois mardi soir, et a envoyé dans la région de Valence une unité de l’armée spécialisée dans les opérations de sauvetage. Cette cellule de crise devait se réunir de nouveau mercredi à midi sous la présidence du Premier ministre Pedro Sánchez, de retour d’une visite officielle en Inde.
La mairie de Valence a annoncé que toutes les écoles resteraient fermées mercredi, de même que les jardins publics, et que tous les événements sportifs étaient annulés. Douze vols qui devaient atterrir à l’aéroport de Valence (est) ont été détournés vers d’autres villes d’Espagne en raison des fortes pluies et des vents violents, a indiqué l’opérateur aéroportuaire espagnol Aena. Dix autres vols qui devaient partir ou arriver à l’aéroport ont été annulés.
Déraillement d’un TGV
L’opérateur national d’infrastructures ferroviaires Adif avait suspendu mardi soir les trains à grande vitesse entre Madrid et Valence en raison des effets de la tempête sur les principaux points du réseau ferroviaire. Un train à grande vitesse transportant 276 passagers avait d’ailleurs déraillé dans la région méridionale d’Andalousie, mais personne n’avait été blessé, selon le gouvernement régional. Les services d’urgence ont secouru des dizaines de personnes à Alora, en Andalousie, certains par hélicoptère, après le débordement d’une rivière.
L’agence météorologique nationale Aemet avait déclaré une alerte rouge dans la région de Valence et le deuxième niveau d’alerte le plus élevé dans certaines parties de l’Andalousie, prévenant que les pluies allaient se poursuivre au moins jusqu’à jeudi. De nombreuses routes ont été coupées dans les deux régions en raison des inondations. La région de Valence et la côte méditerranéenne espagnole en général subissent régulièrement, en automne, le phénomène météorologique de la “gota fria” (la “goutte froide”), une dépression isolée en haute altitude qui provoque des pluies soudaines et extrêmement violentes, parfois pendant plusieurs jours. Les scientifiques avertissent que les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les vagues de chaleur et les tempêtes sont à la fois de plus en plus fréquents, de plus en plus longs et de plus en plus intenses en raison du changement climatique. ■
-
L'autoroute de la pluie.
- Par Thierry LEDRU
- Le 28/10/2024
- 0 commentaire
Parmi nos 200 plantations, on a planté cinq paulownias sur notre terrain et leur croissance est impressionnante. Moins que les robiniers faux acacias mais ils n'en sont pas loin. Dans cinq ans, ils seront immenses.
Ils veulent planter 10 millions d’arbres du pays basque au massif central pour réguler la pluie
« Nous visons une continuité de 40 à 80 arbres par hectare sur une zone délimitée au sud par le Piémont Pyrénéen, au nord par la Montagne Noire, la Garonne à l’ouest et le partage des eaux à l’est, afin de créer de l’ombre, refroidir les sols, accueillir la biodiversité et condenser de l’eau. Cela représente près de 260 000 hectares. »
Texte: Liza TourmanPhotographie: Mordolff28 octobre 2024
Si, à la place de dégrader toujours plus impunément le climat, nous mettions à contribution l’inventivité du Vivant pour pérenniser ses cycles, assurer l’équilibre de nos écosystèmes et ainsi contribuer à la sauvegarde de notre planète ? C’est l’objectif que se sont donnés Cédric Cabrol (chimiste), Roméo Teyssier Dumont (gestion de projet) et Joris Dedieu avec leur projet « L’autoroute de pluie », lequel prône une agroforesterie d’urgence. En phase d’expérimentation, Cédric Cabrol nous en explique le concept.
Une agroforesterie d’urgence
L’autoroute de la pluie est un projet en gestation qui plaide en faveur d’une agroforesterie d’urgence. Les trois associés sont partis du constat que la simplification des paysages, l’érosion, l’artificialisation, la dévégétalisation etc. avaient fait perdre aux sols leur capacité à infiltrer, condenser et stocker l’eau. Même si l’idée d’augmenter les pluies en développant la végétalisation n’est pas neuve, le concept d’agroforesterie d’urgence, l’est. L’autoroute de la pluie est un projet qui vise à adapter nos paysages pour augmenter la connectivité climatique, générer de la fraîcheur et de l’humidité.
« Nous visons une continuité de 40 à 80 arbres par hectare sur une zone délimitée au sud par le Piémont Pyrénéen, au nord par la Montagne Noire, la Garonne à l’ouest et le partage des eaux à l’est, afin de créer de l’ombre, refroidir les sols, accueillir la biodiversité et condenser de l’eau. Cela représente près de 260 000 hectares soit, sans tenir compte de l’existant, environ 10 millions d’arbres à planter » explique Cédric pour La Relève et la Peste.
Ils se sont inspirés du peuple Dogon au Mali qui plantent 40 arbres à l’hectare en utilisant majoritairement l’espèce Faidherbia Albida. Cette densité leur permet de constater des rendements de culture supérieurs de 40% par rapport aux parcelles dépourvues d’arbres. Pour Cédric, le choix de l’arbre est crucial. Le paulownia est, selon lui, une essence idéale pour l’agroforesterie d’urgence et le contexte climatique. Cependant, dans les terrains trop humides, d’autres espèces sont préférables, comme par exemple le peuplier.
« Le paulownia possède plusieurs stratégies intéressantes, notamment dû à un mode de photosynthèse hybride. Il peut à la fois saturer au printemps, c’est-à-dire saturer l’atmosphère en vapeur d’eau et, comme un cactus, utiliser très peu d’eau lorsqu’elle devient un GES en été. Le gros intérêt est de faire rapidement de l’ombre pour capter la rosée sur les sous-couverts et directement sur le paulownia. Ses feuilles sont très efficaces pour cela. Condenser de la vapeur d’eau : c’est aussi éliminer du GES » nous explique Cédric.
Pour améliorer le climat, Cédric aimerait créer des corridors avec ces systèmes agroforestiers. Les arbres capteraient la rosée et provoqueraient une pluviométrie invisible. De l’eau qui ne tombe pas du ciel mais que l’on capte. Faire de l’ombre, c’est perdre 5 à 10°C soit autant que pour un gain de 1000 m d’altitude.
L’autoroute de la pluie : un corridor d’arbres
Alors que les continents représentent une surface équivalant à 40% des surfaces des océans, seuls 10% des volumes d’eau qu’ils évaporent arrivent à venir y alimenter les pluies. Pour Cédric, la cause principale est le manque de conductivité pour amener l’eau dans les territoires. L’autoroute de la pluie, à l’image du bocage normand ou breton, serait un “supraconducteur” pour améliorer la diffusion de l’humidité dans le continent. Cela marchera avec la captation de rosée sur les substrats ou directement sur le paulownia. A court terme, la plantation d’arbres offre la possibilité de faire une préparation de sol.
« L’idée de l’autoroute de la pluie est de relier la porte d’entrée du climat frais humide régulier, c’est-à-dire le climat océanique, qui serait le climat du pays basque et de le relier avec le château de la France qui est le massif central. Ma vision c’est que la transition agroécologique est compliquée au regard de l’urgence. J’ai essayé de trouver quelque chose de plus simple et accessible où l’on dit que l’on ne plante qu’un arbre et après l’idée est d’amener les gens là-dedans mais par étape. On commence par se mettre en sécurité avec une agroforesterie d’urgence. »
Cédric travaille sur la démonstration de faisabilité. Avec son frère, ils ont lancé vingt hectares d’agroforesterie d’urgence sur leur exploitation. Pour le moment, leur succès est mitigé. Dans leur pépinière, ils ont des paulownias de 3m30, planté en 2023, malgré une gelée qui a remis à zéro les arbres. Le gel leur a fait perdre 2.5 mètres de potentiel de croissance en pépinière et en plein champ. Actuellement, ils font 1m50 pour les plus grands, sans que l’eau n’apparaisse limitante. Cependant, les objectifs restent atteignables.
Avec le scientifique Jean-Pierre Sarthou, Cédric et ses compères ont ouvert une thèse en partenariat avec Météo France pour voir quel est l’impact de la dégradation des sols sur le climat. Actuellement, Cédric a eu une quarantaine d’heures de discussions avec 35 climatologues. Il est intervenu dans un colloque scientifique pour proposer une vision d’agro-éco-climatologie qui mélange plusieurs sciences.
Le paulownia, l’arbre couteau suisse
Le paulownia est un arbre pré-pionnier qui précède la forêt. Dans les nombreux avantages qu’on lui attribue, le paulownia a une croissance rapide, résiste à des hautes températures (jusqu’à 55° en serre), sa photosynthèse fonctionne jusqu’à 35/38°. Il est endomycorhizien, c’est-à-dire qu’il ne va pas venir concurrencer les cultures mais plutôt leur donner du sucre pendant les phases caniculaires.
« Il va jouer le rôle d’ascenseur hydrique. Il nous permet d’humidifier et de capter la rosée. Il remonte les minéraux. Il est comestible pour le bétail, la teneur en protéine est de 22 %. D’un point de vue économique, il rapporte de l’argent à court terme. » s’amuse Cédric auprès de La Relève et la Peste
Dans un contexte changeant, si l’on considère que cette essence va améliorer la captation de la rosée et ainsi augmenter la pluviométrie, il peut être intéressant de constater qu’il modifie l’écosystème pour participer à sa résilience.
« Pour moi, cette modification est positive. Il y a aussi le rôle des pollens hydrophiles qui peuvent participer à la saison des pluies ou la dissiper. J’ai tendance à penser que le paulownia est un arbre qui va amener la pluie grâce à son pollen ».
La pollinisation hydrophile consiste en un transfert à la surface de l’eau ou sous l’eau des pollens. Sa reproduction est assurée par l’eau. Ainsi, le pollen hydrophile permet de condenser la vapeur d’eau et de former la goutte de pluie. On parle de noyau de condensation. Et pour les détracteurs du projet ou ceux du paulownia qui argumentent que ce dernier peut être invasif. Cédric répond :
« Si l’on avait des modifications du climat qui ne convenaient pas, on serait capables de remodeler le dispositif et de l’ajuster le temps que les autres se mettent à niveau. Mais, il faut songer que le Paulownia ne se développe aujourd’hui que sur les concassés SNCF et trottoirs. Il a trop besoin de lumière pour résister à quelques brins d’herbes. »
En tant qu’arbre pionnier, le paulownia a donc une durée de vie limitée et pourrait être remplacé par des arbres endémiques qui auront bénéficié de sa protection.
« A terme, l’idéal est bien sûr de planter des espèces natives. On dit que le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Planter le paulownia permet de faire comme si on en avait compris la pertinence. A nous, de comprendre la pertinence de planter des graines ou de laisser la nature les planter au pied de ces arbres. »
Les prochaines étapes sont de réussir à faire une preuve de concept d’ici à l’an prochain. Passer de 20 hectares à 30 ou 40.
Un autre monde est possible. Tout comme vivre en harmonie avec le reste du Vivant. Notre équipe de journalistes œuvre partout en France et en Europe pour mettre en lumière celles et ceux qui incarnent leur utopie. Nous vous offrons au quotidien des articles en accès libre car nous estimons que l’information doit être gratuite à tou.te.s. Si vous souhaitez nous soutenir, la vente de nos livres financent notre liberté.
Liza Tour
-
Le parti d'en rire
- Par Thierry LEDRU
- Le 27/10/2024
- 0 commentaire
Paroles de la chanson Le Parti D'en Rire par Chansons Enfantines
Oui
Notre parti
Parti d'en rire
Oui
C'est le parti
De tous ceux qui n'ont pas pris de parti
Notre parti
Parti d'en rire
Oui
C'est le parti
De tous ceux qui n'ont pas pris de parti
Sans parti pris nous avons pris le parti
De prendre la tête d'un parti
Qui soit un peu comme un parti
Un parti placé au dessus des partisEn bref, un parti, oui
Qui puisse protéger la patrie
De tous les autres partis
Et ceci
Jusqu'à ce qu'une bonne partie
Soit partie
Et que l'autre partie
C'est parti
Ait compris
Qu'il faut être en partie
Répartis
Tous en seul parti
Notre parti
Nous avons placé nos idéaux
Bien plus haut
Que le plus haut
Des idéauxEt nous ferons de notre mieux
Cré vindieu de vindieu de vindieu
Pour que ce qui ne va pas aille encore mieux
Oui pour vivre heureux
Prenons le parti d'en rire
Seules la joie et la gaieté peuvent nous sauver du pire
La franche gaieté
La saine gaieté
La bonne gaieté des familles
Nos buts sont déjà fixés:
Réconcilier les oeufs brouillés
Faire que le veau d'or puisse se coucher
Apprendre aux chandelles à se moucher
Aux lampes-pigeons à roucouler
Amnistier les portes condamnées
A l'exception des portes-manteaux(tiens ça rime pas, ah oui je sais:)
C'est pour ça qu'y peuvent s'accrocher
Exiger que tous les volcans
Soient ramonés une fois par an
Simplifier les lignes d'autobus
En supprimant les terminus
Et pour prouver qu'on n'est pas chiches
Faire beurrer tous les hommes-sandwichs
Voilà quel est notre programme
Voilà le programme
Demandez le programme
On le trouve partout
Je le fais cent sous
Mais... pas d'hérésie!
- Notre parti- Parti d'en rire, oui
- Non!
- Si!
- Crétin!
- Pauvre type!
- Abruti!
Et voici... ce qu'est notre parti
Oui! -
TERRE SANS HOMMES : Ange
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/10/2024
- 0 commentaire
Je n'avais pas écrit depuis des semaines, des mois peut-être. Je ne sais plus.
Je sais que ça ne me sert plus à rien de me forcer à m'asseoir devant l'ordinateur et d'écrire quelques lignes. J'ai beaucoup changé ma façon de travailler. D'ailleurs, je ne parle même plus de "travail".
Je n'écris que lorsque ça devient nécessaire, lorsque tout est là et qu'il faut que je le pose devant moi, que je le vois en lettres, en mots, en lignes, en chapitres. Que ça ne soit plus seulement que des images, que le film dans ma tête réclame lui-même de s'extraire de cette enceinte, comme s'il n'avait plus de place.
C'est ce qui vient de se passer pour Ange. Un nouveau personnage qui est apparu de façon fugace il y a quelque temps et pour lequel je n'avais encore rien écrit. Comme si cette femme devait d'abord prendre forme, qu'elle se matérialise, qu'elle se construise, dans le secret de mes pensées et de mes rêves.
Ce qui suit, je l'ai écrit hier et ce soir. J'écris uniquement le soir. Parfois, la nuit.
Je sais que ça devra être repris, affiné, précisé mais l'essentiel est fait.
Maintenant, Ange est entrée dans le livre.
TERRE SANS HOMMES
« Je m'appelle Ange...Je m'appelle Ange... Le cri est parti, c'est vide dans ma tête mais je sais que je m'appelle Ange. C'est bien. Je n'ai pas tout perdu. »
Elle marchait dans l'herbe détrempée et parfois elle avait l'impression que la terre cherchait à l'absorber. Elle entendait des succions, des baisers aimants et elle se réjouissait de ces câlins répétés. Elle avait pris de la boue et s'en était couvert le visage et maintenant que la terre avait séché, elle s'amusait à tendre et détendre la peau de son visage pour en sentir l'étreinte. Des volutes d'haleine d'arbres s'enroulaient autour d'elle et elle écoutait attentivement toutes leurs paroles parfumées.
Depuis que le cri s'était éteint, elle sentait en elle un sourire d'enfant, une sorte de joie figée, l'impression d'être ouverte à tout, comme un antre qui n'aurait plus d'enceintes, une bulle sans paroi, un placenta sans membrane. Elle s'amusait des images.
Parfois, elle caressait son fusil dont elle avait oublié le nom du modèle tout comme ceux des deux pistolets rangés dans des ceintures, en travers de sa poitrine, elle aimait le poids du métal, elle aimait le poids du sac sur son dos, la fatigue de ses épaules, elle aimait tout ce que son corps délivrait, non pas que ça soit nouveau pour elle mais juste parce que le cri s'était éteint et qu'il lui était délicieux de se sentir revivre.
Elle marchait hors du temps passé et elle ne cherchait pas à le retrouver, à reconstruire son existence, à rétablir le chemin parcouru. Seuls les pas devant elle l'attiraient. Elle éprouvait cette paix étrange qui enlace celui qui vient de frôler la mort, non pas dans une fraction de seconde mais pendant des jours et des nuits et des milliers d'heures et des milliards de secondes sans que jamais le moindre répit ne soit accordé.
Le cri dans sa tête était parti et c'était comme s'il avait avalé son existence, comme s'il s'était évaporé après avoir phagocyté la totalité de ses souvenirs. Le cri avait asséché sa mémoire, comme une éponge abandonnée sous un soleil cuisant, toute l'eau disparue, des alvéoles vides, la matière craquelée. L'horreur du cri l'avait déshydratée jusque dans les circonvolutions de son cerveau.
Et maintenant, depuis la veille, elle marchait dans les marais, le long de canaux aux eaux sombres, sous les frondaisons, sur des chemins enherbés où elle distinguait les passages d'animaux, hier soir, elle avait surpris un chevreuil et bien qu'il ne lui restait plus grand-chose à manger dans son sac, elle n'avait pas utilisé son fusil. Elle ne voulait plus tuer. C'était comme le dégoût d'un trop-plein.
« Je m'appelle Ange... Je le sais. J'aime bien. »
Lui revenaient en brides fugaces des images de chaos, explosions, cris, courses tendues, des armes qui balayent l'espace devant elle, des flashs qui la laissaient démunie, dans une incompréhension lourde.
« Je m'appelle Ange mais je ne sais pas ce que j'ai fait. »
Depuis que son nom lui était revenu, depuis que le cri s'était tu et avait laissé de la place, des souvenirs remontaient. Elle ne les désirait pas, elle aurait même voulu les repousser, qu'ils retombent dans leurs abysses.
L'éponge de sa mémoire n'avait pas tout perdu. À moins que la mémoire ne soit pas contenue dans la boîte crânienne et que son corps, désormais apaisé, déversait dans le cerveau tout ce qu'il contenait. La mémoire cérébrale ne serait qu'un contenant. L'idée l'amusa et elle s'étonna de l'étrangeté de cette intuition.
Elle enregistrait chaque pas dans l'herbe comme ceux d'un nouveau-né qui se construit, elle regardait les arbres et leurs branches nues, les feuilles pourrissant en tapis colorés, elle franchit un ruisseau sans chercher de gué, l'eau froide remplissant ses Rangers et elle s'en réjouit. Le monde, autour d'elle, n'était que végétation, le silence d'un ciel plombé, comme un océan gris suspendu, immobile, silencieux, un couvercle au-delà duquel elle devinait parfois la clarté laiteuse d'un soleil d'automne.
Elle avait passé beaucoup de temps, le dos appuyé contre le tronc d'un arbre immense et elle avait deviné le cheminement ralenti de la sève. Ces moments-là lui importaient bien davantage que la quête fébrile d'une mémoire dévorée. Le cri l'avait consumée mais elle avait survécu. Et l'instant restait la seule certitude d'être toujours là.
La nuit passée, elle avait dormi dans une cabane de pêcheur, ça sentait le poisson, au bord d'un bras d'eau serpentant sous les branches nues, une chouette avait raconté chacun de ses vols, chaque plongeon sur les rongeurs imprudents, chaque appel vers un congénère.
Elle était seule et elle ne voulait pas de congénère. Elle en avait tué beaucoup. Et elle savait qu'elle pourrait recommencer. Elle n'avait aucun visage sur ces morts, juste des silhouettes affolées, des gens armés qui cherchaient à l'abattre, elle s'était enfuie, elle avait appartenu à un groupe mais elle était partie, le cri dans sa tête l'avait condamnée à la solitude, c'est elle qui avait décidé de laisser ses hommes, c'était la règle, elle ne devait pas les contaminer, elle était la chef. Elle avait pris un des 4X4, elle avait chargé de la nourriture, de l'eau, des armes, des munitions, du matériel de survie et elle était partie et elle avait roulé pour s'éloigner des zones habitées, la certitude en elle que seule les arbres pourraient la sauver de la folie dans son crâne. Elle se souvenait vaguement avoir suivi la côte, elle se souvenait d'une explosion gigantesque, une raffinerie, c'était sa mission, Donges, elle retrouvait ce nom, la raffinerie de Donges, des roquettes, elle avait tiré des roquettes, puis le cri l'avait envahie, les souvenirs revenaient dans le désordre, comme si elle devait reconstruire un puzzle, alors elle avait longé la côte, des gens avaient voulu l'arrêter et ils étaient morts parce qu'elle refusait de s'arrêter et qu'ils ne savaient pas qu'elle pouvait tuer n'importe qui.
Elle suspendit son pas au moment où elle allait déposer sa lourde chaussure sur un escargot, une coquille volumineuse à peine visible dans l'herbe drue. Elle se baissa et le prit délicatement pour le poser dans la paume de sa main. L'animal, aussitôt rentré à l'abri, attendit quelques instants avant de ressortir une tête prudente, puis deux yeux observèrent la situation, deux petits ronds noirs perchés à la pointe des fines tentacules. Elle approcha l'animal de ses yeux, émerveillé par les corpuscules couvrant le corps gluant.
« Il ne reste plus grand-monde pour te faire du mal mais tu dois quand même rester prudent, » murmura-t-elle en le déposant dans l'herbe.
Oui, elle devinait des souvenirs, elle ne pouvait le nier, elle avait tué des humains, elle avait fait la guerre, elle savait utiliser des armes, elle devinait également que son corps était une arme, qu'elle avait appris tout ce qu'un soldat doit connaître. Mais elle ne se souvenait pas des raisons de cette guerre, pour quel camp elle se battait, ni contre qui. Puis le cri était entré dans sa tête et elle se souvenait que ça l'avait brisée, anéantie, broyée, éparpillée, déstructurée, elle ne pensait même pas que c'était possible d'être aussi torturée intérieurement et de ne pas en mourir sur le champ. Elle avait quitté la zone des combats, sans la moindre idée de la suite. Combien de temps pouvait-elle résister avant de se tirer une balle dans la tête pour que le cri se taise ? Elle avait roulé jusqu'à ce que la voiture s'arrête, réservoir vide alors elle avait pris son sac, toute la nourriture dans le coffre et ses armes et ses cartouches, elle pouvait porter trente kilos, elle avait plus de résistance qu'un homme, d'ailleurs elle était plus qu'un homme puisqu'elle était une femme que personne ne pouvait contraindre.
-
Cédric Vilani sur le rapport Meadows.
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/10/2024
- 0 commentaire
On ne peut dire que ce monsieur est un allumé du bulbe qui délire... Donc, il est important de l'écouter.
En 1972 c'est un coup de tonnerre quand Dennis et Donella Meadows, et leurs collaborateurs, rendent public le rapport que le Club de Rome leur a commandé. Cible d'attaques de tout genre, taxés d'obscurantisme, ils croyaient au contraire en la capacité de la science pour mettre nos activités en équations. Un demi-siècle plus tard, que dire de leurs conclusions et de leurs méthodes ?
Cédric VILLANI
Cédric VILLANI, mathématicien (médaille Fields 2010), professeur à l’Université Claude Bernard Lyon 1, membre de l’Académie des sciences. Très engagé en médiation scientifique (Théorème vivant, Un Mathématicien aux métallos, Les Rêveurs lunaires...), député sortant de l’Essonne, président de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques au cours du mandat écoulé.
-
Situation de crise
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/10/2024
- 0 commentaire
Donc, tout ce que les scientifiques ont annoncé depuis cinquante ans n'ayant pas été écouté et aucune décision d'anticipation n'ayant été prise, nous allons désormais entrer dans la période de crise, une crise à laquelle nous allons devoir nous adapter.
Mais si au lieu de vouloir adapter la nature à nos exigences de consommation, nous avions changé notre fonctionnement, à l'échelle planétaire, nous n'aurions pas à nous adapter maintenant aux effets que nous avons nous-mêmes générés.
D'autre part, quand je repense aux attaques, aux moqueries et au déni dont les survivalistes ou citoyens prévoyants sont victimes depuis des lustres, je réalise à quel point les gouvernements, quels qu'ils soient, où que ce soit, ne sont jamais capables d'anticiper et de comprendre ce qui ne fonctionne pas, ce qui doit être modifié, ce qui doit être planifié. Il est si facile d'attaquer ceux qui ont compris, qu'il s'agisse des citoyens prévoyants ou des scientifiques. Alors, maintenant, nos politiciens vont chercher à se faire passer pour des protecteurs par des annonces qui seront de toute façon annihilées par la puissance des marchés financiers qui eux continueront à vouloir bétonner, consommer, exploiter, construire, soutenir la croissance, celle qui nous mène au gouffre.
Intempéries : "Nous devons développer une culture du risque", insiste la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher
Un plan national d'adaptation au changement climatique va être présenté vendredi par le Premier ministre. Il va être "soumis à la concertation pendant deux mois" avant d'être déroulé, précise Agnès Pannier-Runacher.
Article rédigé parfranceinfo
Radio France
Publié le 24/10/2024 09:02
Temps de lecture : 1min
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, le 24 octobre sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
"Nous devons développer une culture du risque", insiste jeudi 24 octobre sur franceinfo la ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, Agnès Pannier-Runacher, alors qu'un plan national d'adaptation au changement climatique va être présenté vendredi par le Premier ministre Michel Barnier, avec des mesures pour les particuliers et les collectivités locales. Un plan qui sera, selon la ministre, "l'enjeu de l'année 2025".
:à lire aussiChangement climatique : Oxfam dénonce le manque de mesure d'adaptation face au réchauffement en France
Un plan pour "regarder si on va faire face à de nouveaux virus et comment on se prémunit, comment on organise le travail, comment on organise le temps dans les écoles, comment on protège les personnes âgées dans les Ehpad, comment on construit mieux et comment on adapte nos constructions pour faire face à des épisodes de grande chaleur ou à l'inverse d'inondations", détaille la ministre. Selon elle, les inondations que la France a connu lors du mois d'octobre sont "la conséquence du dérèglement climatique, il va falloir s'y habituer, ils vont se répéter et donc c'est une culture du risque que nous devons développer".
En terme de calendrier, ce plan sera "soumis à la concertation pour deux mois, de façon à recueillir le point de vue des parties prenantes, de faire éventuellement bouger certains éléments". Puis, après cette concertation de deux mois et de "la synthèse que nous ferons des remontées qui nous seront faites, on le déroulera".
-
Vider ma rage
- Par Thierry LEDRU
- Le 23/10/2024
- 0 commentaire
J'avais besoin d'aller à la déchèterie pour vider la remorque. Et encore une fois, il y avait une file d'attente. La disposition des containers est absolument désastreuse. Deux voitures engagées suffisent à bloquer toutes les autres.
Et encore une fois, je me suis retrouvé au milieu de la file. Et comme d'habitude, je suis donc sorti de la voiture et j'ai commencé à faire des allers-retours jusqu'aux différents containers avec tous les encombrants que j'avais.
Je ne compte plus le nombre de fois où je passe à côté de voitures dont le moteur tourne toujours alors que personne ne peut avancer. Et que pour une raison que j'ignore le conducteur n'a pas l'idée de couper le moteur. Cette fois, c'était un 4X4, un vieux 4X4, avec une fumée bien noire et à l'intérieur, un homme à casquette, grosse barbe, massif. Après être passé trois fois près de lui, je me suis arrêté, la vitre était ouverte, il fumait une cigarette. Je lui ai demandé sur un ton aimable s'il lui serait possible d'éteindre son moteur étant donné qu'il n'était pas prêt de pouvoir avancer.
"Ben pourquoi ? m'a-t-il demandé, étonné.
-Parce que ça pollue, tout simplement.
"Ah, un écolo ! a-t-il lancé. Eh bien, moi, j'en ai rien à foutre de polluer l'atmosphère. C'est des conneries tout ça."
Que faire ?
Ma première idée a été de lui prendre la tête et de la fracasser contre sa portière puis j'ai sorti le cran d'arrêt que j'ai toujours sur moi et je le lui ai planté dans le bras.
Non, c'est faux, je ne l'ai pas fait. Je l'ai juste regardé et je suis parti. Parce que je sais ce dont je pourrais être capable.
Je suis rentré à la maison et j'ai pris mon vélo et je suis allé vider ma rage.
-
Rien à foutre
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/10/2024
- 0 commentaire
Il y a plus de vingt ans qu'on a jeté la télévision. Mais on a chacun un ordinateur portable et on y regarde, uniquement en replay pour virer les publicités, des jeux de réflexion, SLAM, notamment.
Je suis effaré par le nombre de candidats qui annoncent sans aucun problème que s'ils gagnent suffisamment, ils s'offriront une croisière dans les Caraïbes, un séjour aux îles Seychelles, un safari au Kenya, des vacances à Bali etc etc...
Après moi, le déluge.
Rien à faire des effets de mes actes, j'ai gagné du pognon, j'en profite et j'emmerde les autres.
Il y a des jours où j'aimerais que tous ces gens disparaissent. J'en suis même arrivé à ne plus ressentir la moindre compassion quand un avion de ligne s'écrase ou qu'un paquebot de croisière s'échoue ou coule. La première fois, c'était pour le naufrage du Costa Concordia.
Rien à foutre. Clair et net.