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  • Nuit de la lecture

    J'y suis :) 
    Venez participer à la nuit de la lecture.
    A la médiathèque Fabrice Melquiot. A partir de 17h.
    Lecture de textes, discussion avec des auteurs, dédicaces
    17h : Lectures de la classe de CM2 de Villard Sallet
    17h30 : Lectures de Maryse Troillard
    17h40 : Rencontre avec Adrien Cortès : lecture, échange, dédicaces
    18h35 : Lectures de Maryse Troillard
    18h45 : Rencontre avec Laurent Pocry : lecture, échange, dédicaces
    19h35 : Lectures de Maryse Troillard
    19h45 : Rencontre avec Thierry Ledru : lecture, échange, dédicaces
    20h : Session de lecture : comité de lecture, volontaires, ....
    Accessible à tous (adhérent et non adhérent). Gratuit.

    Contact :
    Médiathèque Fabrice Melquiot
    04 79 25 74 47

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  • Débat national : les 32 questions.

    Les 32 questions : 

     

    Emmanuel Macron lors de ses voeux aux Français, le 31 décembre 2018.
    Emmanuel Macron lors de ses voeux aux Français, le 31 décembre 2018. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

    Une longue missive, et beaucoup de points d'interrogation. Dans sa lettre ouverte publiée dimanche 12 janvier, Emmanuel Macron a choisi de cadrer le grand débat national qui doit s'ouvrir mardi pour deux mois, en posant toute une série de questions aux Français. Trente-deux, précisément, qui touchent aussi bien aux impôts qu'à l'immigration, aux services publics qu'à la démocratie participative, à la transition écologique qu'à la laïcité... Des questions "qui me semblent au cœur de nos interrogations", estime le chef de l'Etat.

    >> Découvrez la lettre ouverte d'Emmanuel Macron aux Français

    "Pour moi, il n'y a pas de questions interdites. Nous ne serons pas d'accord sur tout, c'est normal, c'est la démocratie. Mais au moins montrerons-nous que nous sommes un peuple qui n'a pas peur de parler, d'échanger, de débattre", espère le président de la République. 

    Voici la liste exhaustive de ses 32 questions posées aux Français. 

    Sur les impôts et les services publics

     

    1. Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace ?

    2. Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en priorité ?

    3. Quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire ?

    4. Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité ?

    5. A l'inverse, voyez-vous des besoins nouveaux de services publics et comment les financer ?

    6. Comment mieux organiser notre pacte social ? Quels objectifs définir en priorité ?

    Sur l'organisation de l'Etat et des collectivités publiques

    7. Y a-t-il trop d'échelons administratifs ou de niveaux de collectivités locales ?

    8. Faut-il renforcer la décentralisation et donner plus de pouvoir de décision et d'action au plus près des citoyens ? A quels niveaux et pour quels services ?

    9. Comment voudriez-vous que l'Etat soit organisé et comment peut-il améliorer son action ?

    10. Faut-il revoir le fonctionnement de l'administration et comment ?

    11. Comment l'Etat et les collectivités locales peuvent-ils s'améliorer pour mieux répondre aux défis de nos territoires les plus en difficulté et que proposez-vous ? 

    Sur la transition écologique

    12. Comment finance-t-on la transition écologique : par l'impôt, par les taxes et qui doit être concerné en priorité ?

    13. Comment rend-on les solutions concrètes accessibles à tous, par exemple pour remplacer sa vieille chaudière ou sa vieille voiture ?

    14. Quelles sont les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier ?

    15. Quelles sont les solutions pour se déplacer, se loger, se chauffer, se nourrir qui doivent être conçues plutôt au niveau local que national ?

    16. Quelles propositions concrètes feriez-vous pour accélérer notre transition environnementale ?

    17. Comment devons-nous garantir scientifiquement les choix que nous devons faire à l'égard de la biodiversité ?

    18. Comment faire partager ces choix à l'échelon européen et international pour que nos producteurs ne soient pas pénalisés par rapport à leurs concurrents étrangers ?

    Sur les institutions, la démocratie et la citoyenneté

    19. Faut-il reconnaître le vote blanc ?

    20. Faut-il rendre le vote obligatoire ?

    21. Quelle est la bonne dose de proportionnelle aux élections législatives pour une représentation plus juste de tous les projets politiques ?

    22. Faut-il, et dans quelles proportions, limiter le nombre de parlementaires ou autres catégories d'élus ?

    23. Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental (Cese), doivent-ils jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?

    24. Faut-il les transformer et comment ?

    25. Quelles évolutions souhaitez-vous pour rendre la participation citoyenne plus active, la démocratie plus participative ?

    26. Faut-il associer davantage et directement des citoyens non élus, par exemple tirés au sort, à la décision publique ?

    27. Faut-il accroître le recours aux référendums et qui doit en avoir l'initiative ?

    28. Que proposez-vous pour améliorer l'intégration dans notre Nation ?

    29. En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?

    30. Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?

    31. Comment renforcer les principes de la laïcité française, dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?

    32. Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?

  • Cornelius Castoriadis et l'insignifiance

    Ce texte date de 1998 et rien n'a changé. Ce qui montre à quel point le système étatique entretient cette "insignifiance." Dans tous les domaines.

    Mais il faudra que tout cela change. C'est inéluctable. Il ne s'agit même plus d'un choix mais d'une nécessité vitale.

    Le mouvement des "Gilets jaunes" est la matérialisation de ce temps où l'insignifiance ne peut plus suffire à contenir les colères.

     

     

    Août 1998, pages 22 et 23

    Contre le conformisme généralisé

    Stopper la montée de l’insignifiance

     

    Il manque la voix de Cornelius Castoriadis, ce dissident essentiel, en ces temps de « non-pensée ». Il n’a pas sombré dans le renoncement esthète, ni dans le cynisme ni dans cette apathie repue qui dit : « Tout se vaut, tout est vu, tout est vain. » Il dénonce une élite politique réduite à appliquer l’intégrisme néolibéral, mais souligne aussi la responsabilité du « citoyen » que la précarité désengage de l’activité civique. Silencieusement, s’est mise en place cette formidable régression : une non-pensée produisant cette non-société, ce racisme social. Jusqu’au bout Castoriadis a recherché une radicalité : « Je suis un révolutionnaire favorable à des changements radicaux, disait-il quelques semaines avant sa mort. Je ne pense pas que l’on puisse faire marcher d’une manière libre, égalitaire et juste le système français capitaliste tel qu’il est. »

    par Cornelius Castoriadis  

    Ce qui caractérise le monde contemporain ce sont, bien sûr, les crises, les contradictions, les oppositions, les fractures, mais ce qui me frappe surtout, c’est l’insignifiance. Prenons la querelle entre la droite et la gauche. Elle a perdu son sens. Les uns et les autres disent la même chose. Depuis 1983, les socialistes français ont fait une politique, puis M. Balladur a fait la même politique ; les socialistes sont revenus, ils ont fait, avec Pierre Bérégovoy, la même politique ; M. Balladur est revenu, il a fait la même politique ; M. Chirac a gagné l’élection de 1995 en disant : « Je vais faire autre chose » et il a fait la même politique.

    Les responsables politiques sont impuissants. La seule chose qu’ils peuvent faire, c’est suivre le courant, c’est-à-dire appliquer la politique ultralibérale à la mode. Les socialistes n’ont pas fait autre chose, une fois revenus au pouvoir. Ce ne sont pas des politiques, mais des politiciens au sens de micropoliticiens. Des gens qui chassent les suffrages par n’importe quel moyen. Ils n’ont aucun programme. Leur but est de rester au pouvoir ou de revenir au pouvoir, et pour cela ils sont capables de tout.

    Il y a un lien intrinsèque entre cette espèce de nullité de la politique, ce devenir nul de la politique et cette insignifiance dans les autres domaines, dans les arts, dans la philosophie ou dans la littérature. C’est cela l’esprit du temps. Tout conspire à étendre l’insignifiance.

    La politique est un métier bizarre. Parce qu’elle présuppose deux capacités qui n’ont aucun rapport intrinsèque. La première, c’est d’accéder au pouvoir. Si on n’accède pas au pouvoir, on peut avoir les meilleures idées du monde, cela ne sert à rien ; ce qui implique donc un art de l’accession au pouvoir. La seconde capacité, c’est, une fois qu’on est au pouvoir, de savoir gouverner.

    Rien ne garantit que quelqu’un qui sache gouverner sache pour autant accéder au pouvoir. Dans la monarchie absolue, pour accéder au pouvoir il fallait flatter le roi, être dans les bonnes grâces de Mme de Pompadour. Aujourd’hui dans notre « pseudo- démocratie », accéder au pouvoir signifie être télégénique, flairer l’opinion publique.

    Je dis « pseudo-démocratie » parce que j’ai toujours pensé que la démocratie dite représentative n’est pas une vraie démocratie. Jean-Jacques Rousseau le disait déjà : les Anglais croient qu’ils sont libres parce qu’ils élisent des représentants tous les cinq ans, mais ils sont libres un jour pendant cinq ans, le jour de l’élection, c’est tout. Non pas que l’élection soit pipée, non pas qu’on triche dans les urnes. Elle est pipée parce que les options sont définies d’avance. Personne n’a demandé au peuple sur quoi il veut voter. On lui dit : « Votez pour ou contre Maastricht ». Mais qui a fait Maastricht ? Ce n’est pas le peuple qui a élaboré ce traité.

    Il y a la merveilleuse phrase d’Aristote : « Qui est citoyen ? Est citoyen quelqu’un qui est capable de gouverner et d’être gouverné. » Il y a des millions de citoyens en France. Pourquoi ne seraient-ils pas capables de gouverner ? Parce que toute la vie politique vise précisément à le leur désapprendre, à les convaincre qu’il y a des experts à qui il faut confier les affaires. Il y a donc une contre-éducation politique. Alors que les gens devraient s’habituer à exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives, ils s’habituent à suivre ou à voter pour des options que d’autres leur présentent. Et comme les gens sont loin d’être idiots, le résultat, c’est qu’ils y croient de moins en moins et qu’ils deviennent cyniques.

    Dans les sociétés modernes, depuis les révolutions américaine (1776) et française (1789) jusqu’à la seconde guerre mondiale (1945) environ, il y avait un conflit social et politique vivant. Les gens s’opposaient, manifestaient pour des causes politiques. Les ouvriers faisaient grève, et pas toujours pour de petits intérêts corporatistes. Il y avait de grandes questions qui concernaient tous les salariés. Ces luttes ont marqué ces deux derniers siècles.

    On observe un recul de l’activité des gens. C’est un cercle vicieux. Plus les gens se retirent de l’activité, plus quelques bureaucrates, politiciens, soi-disant responsables, prennent le pas. Ils ont une bonne justification : « Je prends l’initiative parce que les gens ne font rien. » Et plus ils dominent, plus les gens se disent : « C’est pas la peine de s’en mêler, il y en a assez qui s’en occupent, et puis, de toute façon, on n’y peut rien. »

    La seconde raison, liée à la première, c’est la dissolution des grandes idéologies politiques, soit révolutionnaires, soit réformistes, qui voulaient vraiment changer des choses dans la société. Pour mille et une raisons, ces idéologies ont été déconsidérées, ont cessé de correspondre aux aspirations, à la situation de la société, à l’expérience historique. Il y a eu cet énorme événement qu’est l’effondrement de l’URSS en 1991 et du communisme. Une seule personne, parmi les politiciens — pour ne pas dire les politicards — de gauche, a-t-elle vraiment réfléchi sur ce qui s’est passé ? Pourquoi cela s’est- il passé et qui en a, comme on dit bêtement, tiré des leçons ? Alors qu’une évolution de ce type, d’abord dans sa première phase — l’accession à la monstruosité, le totalitarisme, le Goulag, etc. — et ensuite dans l’effondrement, méritait une réflexion très approfondie et une conclusion sur ce qu’un mouvement qui veut changer la société peut faire, doit faire, ne doit pas faire, ne peut pas faire. Rien !

    Et que font beaucoup d’intellectuels ? Ils ont ressorti le libéralisme pur et dur du début du XIXe siècle, qu’on avait combattu pendant cent cinquante ans, et qui aurait conduit la société à la catastrophe. Parce que, finalement, le vieux Marx n’avait pas entièrement tort. Si le capitalisme avait été laissé à lui-même, il se serait effondré cent fois. Il y aurait eu une crise de surproduction tous les ans. Pourquoi ne s’est-il pas effondré ? Parce que les travailleurs ont lutté, ont imposé des augmentations de salaire, ont créé d’énormes marchés de consommation interne. Ils ont imposé des réductions du temps de travail, ce qui a absorbé tout le chômage technologique. On s’étonne maintenant qu’il y ait du chômage. Mais depuis 1940 le temps de travail n’a pas diminué.

    Les libéraux nous disent : « Il faut faire confiance au marché. » Mais les économistes académiques eux-mêmes ont réfuté cela dès les années 30. Ces économistes n’étaient pas des révolutionnaires, ni des marxistes ! Ils ont montré que tout ce que racontent les libéraux sur les vertus du marché, qui garantirait la meilleure allocation possible des ressources, la distribution des revenus la plus équitable, ce sont des aberrations ! Tout cela a été démontré. Mais il y a cette grande offensive économico-politique des couches gouvernantes et dominantes qu’on peut symboliser par les noms de M. Reagan et de Mme Thatcher, et même de François Mitterrand ! Il a dit : « Bon, vous avez assez rigolé. Maintenant, on va vous licencier », on va éliminer la « mauvaise graisse », comme avait dit M. Juppé ! « Et puis vous verrez que le marché, à la longue, vous garantit le bien-être. » A la longue. En attendant, il y a 12,5 % de chômage officiel en France !

    La crise n’est pas une fatalité

    On a parlé d’une sorte de terrorisme de la pensée unique, c’est-à-dire une non-pensée. Elle est unique en ce sens qu’elle est la première pensée qui soit une non-pensée intégrale. Pensée unique libérale à laquelle nul n’ose s’opposer. Qu’était l’idéologie libérale à sa grande époque ? Vers 1850, c’était une grande idéologie parce qu’on croyait au progrès. Ces libéraux-là pensaient qu’avec le progrès il y aurait élévation du bien-être économique. Même quand on ne s’enrichissait pas, dans les classes exploitées, on allait vers moins de travail, vers des travaux moins pénibles : c’était le grand thème de l’époque. Benjamin Constant le dit : « Les ouvriers ne peuvent pas voter parce qu’ils sont abrutis par l’industrie [il le dit carrément, les gens étaient honnêtes à l’époque !], donc il faut un suffrage censitaire. »

    Par la suite, le temps de travail a diminué, il y a eu l’alphabétisation, l’éducation, des espèces de Lumières qui ne sont plus les Lumières subversives du XVIIIe siècle mais des Lumières qui se diffusent tout de même dans la société. La science se développe, l’humanité s’humanise, les sociétés se civilisent et petit à petit on arrivera à une société où il n’y aura pratiquement plus d’exploitation, où cette démocratie représentative tendra à devenir une vraie démocratie.

    Mais cela n’a pas marché ! Donc les gens ne croient plus à cette idée. Aujourd’hui ce qui domine, c’est la résignation ; même chez les représentants du libéralisme. Quel est le grand argument, en ce moment « C’est peut-être mauvais mais l’autre terme de l’alternative était pire. » Et c’est vrai que cela a glacé pas mal les gens. Ils se disent : « Si on bouge trop, on va vers un nouveau Goulag. » Voilà ce qu’il y a derrière cet épuisement idéologique et on n’en sortira que si vraiment il y a une résurgence d’une critique puissante du système. Et une renaissance de l’activité des gens, d’une participation des gens.

    Çà et là, on commence quand même à comprendre que la « crise » n’est pas une fatalité de la modernité à laquelle il faudrait se soumettre, « s’adapter » sous peine d’archaïsme. On sent frémir un regain d’activité civique. Alors se pose le problème du rôle des citoyens et de la compétence de chacun pour exercer les droits et les devoirs démocratiques dans le but — douce et belle utopie — de sortir du conformisme généralisé.

    Pour en sortir, faut-il s’inspirer de la démocratie athénienne ? Qui élisait-on à Athènes ? On n’élisait pas les magistrats. Ils étaient désignés par tirage au sort ou par rotation. Pour Aristote, souvenez-vous, un citoyen, c’est celui qui est capable de gouverner et d’être gouverné. Tout le monde est capable de gouverner, donc on tire au sort. La politique n’est pas une affaire de spécialiste. Il n’y a pas de science de la politique. Il y a une opinion, la doxa des Grecs, il n’y a pas d’épistémè (1).

    L’idée selon laquelle il n’y a pas de spécialiste de la politique et que les opinions se valent est la seule justification raisonnable du principe majoritaire. Donc, chez les Grecs, le peuple décide et les magistrats sont tirés au sort ou désignés par rotation. Pour les activités spécialisées — construction des chantiers navals, des temples, conduite de la guerre -, il faut des spécialistes. Ceux-là, on les élit. C’est cela, l’élection. Election veut dire « choix des meilleurs ». Là intervient l’éducation du peuple. On fait une première élection, on se trompe, on constate que, par exemple, Périclès est un déplorable stratège, eh bien on ne le réélit pas ou on le révoque.

    Mais il faut que la doxa soit cultivée. Et comment une doxa concernant le gouvernement peut-elle être cultivée ? En gouvernant. Donc la démocratie — c’est important — est une affaire d’éducation des citoyens, ce qui n’existe pas du tout aujourd’hui.

    « Se reposer ou être libre »

    Récemment, un magazine a publié une statistique indiquant que 60 % des députés, en France, avouent ne rien comprendre à l’économie. Des députés qui décident tout le temps ! En vérité, ces députés, comme les ministres, sont asservis à leurs techniciens. Ils ont leurs experts, mais ils ont aussi des préjugés ou des préférences. Si vous suivez de près le fonctionnement d’un gouvernement, d’une grande bureaucratie, vous voyez que ceux qui dirigent se fient aux experts, mais choisissent parmi eux ceux qui partagent leurs opinions. C’est un jeu complètement stupide et c’est ainsi que nous sommes gouvernés.

    Les institutions actuelles repoussent, éloignent, dissuadent les gens de participer aux affaires. Alors que la meilleure éducation en politique, c’est la participation active, ce qui implique une transformation des institutions qui permette et incite à cette participation.

    L’éducation devrait être beaucoup plus axée vers la chose commune. Il faudrait comprendre les mécanismes de l’économie, de la société, de la politique, etc. Les enfants s’ennuient en apprenant l’histoire alors que c’est passionnant. Il faudrait enseigner une véritable anatomie de la société contemporaine, comment elle est, comment elle fonctionne. Apprendre à se défendre des croyances, des idéologies.

    Aristote a dit : « L’homme est un animal qui désire le savoir. » C’est faux. L’homme est un animal qui désire la croyance, qui désire la certitude d’une croyance, d’où l’emprise des religions, des idéologies politiques. Dans le mouvement ouvrier, au départ, il y avait une attitude très critique. Prenez le deuxième couplet de L’Internationale, le chant de la Commune : « Il n’est pas de Sauveur suprême, ni Dieu — exit la religion — ni César, ni tribun » — exit Lénine !

    Aujourd’hui, même si une frange cherche toujours la foi, les gens sont devenus beaucoup plus critiques. C’est très important. La scientologie, les sectes, ou le fondamentalisme, c’est dans d’autres pays, pas chez nous, pas tellement. Les gens sont devenus beaucoup plus sceptiques. Ce qui les inhibe aussi pour agir.

    Périclès dans le discours aux Athéniens dit : « Nous sommes les seuls chez qui la réflexion n’inhibe pas l’action. » C’est admirable ! Il ajoute : « Les autres, ou bien ils ne réfléchissent pas et ils sont téméraires, ils commettent des absurdités, ou bien, en réfléchissant, ils arrivent à ne rien faire parce qu’ils se disent, il y a le discours et il y a le discours contraire. » Actuellement, on traverse une phase d’inhibition, c’est sûr. Chat échaudé craint l’eau froide. Il ne faut pas de grands discours, il faut des discours vrais.

    De toute façon il y a un irréductible désir. Si vous prenez les sociétés archaïques ou les sociétés traditionnelles, il n’y a pas un irréductible désir, un désir tel qu’il est transformé par la socialisation. Ces sociétés sont des sociétés de répétition. On dit par exemple : « Tu prendras une femme dans tel clan ou dans telle famille. Tu auras une femme dans ta vie. Si tu en as deux, ou deux hommes, ce sera en cachette, ce sera une transgression. Tu auras un statut social, ce sera ça et pas autre chose. »

    Or, aujourd’hui, il y a une libération dans tous les sens du terme par rapport aux contraintes de la socialisation des individus. On est entré dans une époque d’illimitation dans tous les domaines, et c’est en cela que nous avons le désir d’infini. Cette libération est en un sens une grande conquête. Il n’est pas question de revenir aux sociétés de répétition. Mais il faut aussi — et c’est un très grand thème — apprendre à s’autolimiter, individuellement et collectivement. La société capitaliste est une société qui court à l’abîme, à tous points de vue, car elle ne sait pas s’autolimiter. Et une société vraiment libre, une société autonome, doit savoir s’autolimiter, savoir qu’il y a des choses qu’on ne peut pas faire ou qu’il ne faut même pas essayer de faire ou qu’il ne faut pas désirer.

    Nous vivons sur cette planète que nous sommes en train de détruire, et quand je prononce cette phrase je songe aux merveilles, je pense à la mer Egée, je pense aux montagnes enneigées, je pense à la vue du Pacifique depuis un coin d’Australie, je pense à Bali, aux Indes, à la campagne française qu’on est en train de désertifier. Autant de merveilles en voie de démolition. Je pense que nous devrions être les jardiniers de cette planète. Il faudrait la cultiver. La cultiver comme elle est et pour elle-même. Et trouver notre vie, notre place relativement à cela. Voilà une énorme tâche. Et cela pourrait absorber une grande partie des loisirs des gens, libérés d’un travail stupide, productif, répétitif, etc. Or cela est très loin non seulement du système actuel mais de l’imagination dominante actuelle. L’imaginaire de notre époque, c’est celui de l’expansion illimitée, c’est l’accumulation de la camelote — une télé dans chaque chambre, un micro-ordinateur dans chaque chambre -, c’est cela qu’il faut détruire. Le système s’appuie sur cet imaginaire- là.

    La liberté, c’est très difficile. Parce qu’il est très facile de se laisser aller. L’homme est un animal paresseux. Il y a une phrase merveilleuse de Thucydide : « Il faut choisir : se reposer ou être libre. » Et Périclès dit aux Athéniens : « Si vous voulez être libres, il faut travailler. » Vous ne pouvez pas vous reposer. Vous ne pouvez pas vous asseoir devant la télé. Vous n’êtes pas libres quand vous êtes devant la télé. Vous croyez être libres en zappant comme un imbécile, vous n’êtes pas libres, c’est une fausse liberté. La liberté, c’est l’activité. Et la liberté, c’est une activité qui en même temps s’autolimite, c’est- à-dire sait qu’elle peut tout faire mais qu’elle ne doit pas tout faire. C’est cela le grand problème de la démocratie et de l’individualisme.

    Cornelius Castoriadis

    Philosophe, sociologue, historien, Cornelius Castoriadis fut aussi économiste et psychanalyste. « Un titan de la pensée, énorme, hors norme », a dit de lui Edgar Morin. Il est mort le 26 décembre 1997. Né en 1922 en Grèce, il s’installe à Paris en 1945, où il crée la revue Socialisme ou barbarie. En 1968, avec Edgar Morin et Claude Lefort, il publie Mai 68 : la brèche (Fayard, Paris). En 1975 paraît L’Institution imaginaire de la société (Seuil, Paris), sans doute son ouvrage le plus important. En 1978, il entreprend la série Les Carrefours du labyrinthe. C’est à la suite de la publication de La Montée de l’insignifiance (Seuil, Paris, 1996) qu’il accorda un entretien, en novembre 1996, à Daniel Mermet, producteur de l’émission « Là-bas si j’y suis » sur France-Inter, d’où est tiré ce texte.

  • Vinaigre des 4 voleurs

    Le Vinaigre

     




    L'histoire du vinaigre des 4 voleurs

     

    Le vinaigre des 4 voleurs s'obtient par une macération de plantes dans du vinaigre. Il s'agit d'une vieille recette de macérat vinaigré aux intéressantes propriétés pour la santé.

    La recette de ce vinaigre légendaire est née probablement lorsqu'une importante épidémie de peste ravagea la ville de Toulouse, touchée par la peste de 1628 à 1631, entraînant plus de 50.000 décès parmi la population. Selon les archives du Parlement de Toulouse, quatre brigands avaient trouvés une astuce pour détrousser les victimes et piller les maisons au mépris de toute contagion mortelle, sans contracter la terrible maladie. Lorsqu'ils furent arrêtés et jugés pour leurs méfaits à la fin de l'épidémie, ils livrèrent leur secret pour éviter le bûcher : ils avaient résisté à la peste grâce à un vinaigre dans lequel ils avaient fait macérer de l'ail frais : l'acetum antiseptum. Ils en buvaient et s'en frictionnaient le corps. Il semblerait que cette révélation n'empêcha pas leur pendaison. 

    Par la suite, l'idée fut reprise par d'autres voleurs qui détroussaient les pestiférés de la ville de Marseille lors de l'épidémie de 1720 et semblaient miraculeusement épargnés. Pris sur le fait, ils furent jugés, dévoilèrent le secret de leur apparente immunité et eurent la vie sauve. Leur recette fut affichée sur les murs de Marseille.

    Ce macérat au vinaigre blanc fut inscrit au Codex de la Pharmacopée française sous le nom de Vinaigre antiseptique dès 1748 et jusqu'en 1884 où il en disparut, et commercialisé en pharmacie pour usage externe pour ses propriétés antiseptiques naturelles. 

    Vous pouvez, vous aussi, confectionner cette solution antiseptique pour désinfecter, décontaminer et éviter la contagion lors d'épidémie. 

    Les recettes actuelles proposent une macération d'ail et diverses plantes aromatiques dans du vinaigre (généralement du 
    vinaigre de cidre) pendant une quinzaine de jours avant filtrage et mise en bouteille. 

    Conservez-le au frais à l'abri de la lumière.

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    Le vinaigre des 4 voleurs commercialisé

    La formulation du Codex de 1884 est considérablement modifiée dans les vinaigres des 4 voleurs, trouvés dans le commerce. Ces vinaigres, inspirés de la célèbre recette mais en version plus adaptée aux besoins actuels, sont à base de vinaigre de cidre, ils ne contient pas de Rue officinale car l'utilisation de celle-ci n'est pas anodine et comporte des effets secondaires importants. Certaines recettes ajoutent de nouveaux composants comme le shiitake, l'huile de graines de nigelle et le silicium... et remplace la macération de plantes par les huiles essentielles de ces plantes.
     

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    Faire soi-même son vinaigre des 4 voleurs

    Comment faire soi-même son vinaigre des 4 voleurs ? Vous trouverez des recettes presque similaires sur les sites suivants :

    La formulation du Codex de 1884 :

    www.01sante.com/xoops/modules/icontent/index.php?page=964

    La recette de Christine Prévost, de l'ouvrage : "Bienfaisant vinaigre" :

    www.jardiniers-artois.com/t1154-le-vinaigre

    D'autres variantes de cette recette légendaire :

    www.vinaigremalin.fr...miraculeux-vinaigre-des-4-voleurs
    www.biomelsante.com...quatres-voleurs-antiseptique-naturel
    www.100100plantes.com/article-36100840.html

    Le vinaigre des 4 voleurs en yaourtière

    Encore une variante : le vinaigre des 4 voleurs en yaourtière ! Au lieu de laisser macérer naturellement les plantes une dizaine de jours (méthode qui a ma préférence), certains sites proposent de placer les végétaux et le vinaigre dans le grand pot ou les petits pots d'une yaourtière et de faire fonctionner celle-ci une nuit pour obtenir un macérat très rapidement.

    Voir la méthode sur le site suivant :

    http://100100plantes.canalblog.com...14883548.html

    En savoir plus sur les yaourtières.

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    Propriétés et utilisations du
    vinaigre des 4 voleurs

    Ce vinaigre médicinal a de multiples propriétés et utilisations, pur ou dilué.

    • il est un puissant désinfectant,
    • il est naturellement antiseptique,
    • il décontamine et nettoie les blessures, la peau et les cheveux,
    • il favorise la cicatrisation des plaies,
    • il s'utilise pour le nettoyage des peaux acnéiques,
    • il peut également servir pour des frictions, des compresses,
    • il adoucit l'eau des bains et fait briller les cheveux,
    • il permet de se protéger de la contagion lors d'épidémie,
    • il est purifiant,
    • il combat l'acné juvénile, le feu de rasage et diverses irritations de la peau,
    • il sert d'anti-poux, et éliminer les poux et les lentes,
    • il apaise les démangeaisons des piqûres d'insectes,
    • il réduit les douleurs articulaires, grâce à ses vertus anti-inflammatoires,
    • il soigne les aphtes (utilisé dilué) et les inflammations de la gorge,
    • il a des vertus digestives,
    • il apaise les rhumatismes et les douleurs articulaires,
    • il participe au soulagement des maux de tête, utilisé dilué en compresse, posé sur le front et les tempes,
    • il s'utilise préventivement lors d'épidémies, il renforce l'immunité naturelle,
    • il est apaisant et adoucissant...

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    Autres vinaigres médicinaux

    Recettes, propriétés et utilisations d'autres vinaigres médicinaux :
    www.lemiroirauxessences.fr...vinaigres-medecinaux...
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  • Pollution intérieure.

    J'ai pouffé de rire en lisant ça. Et sans aucune gêne par rapport à la déception et aux désagréments des passagers. Mon empathie, je la donne aux poissons et aux mammifères marins qui ont à subir les pollutions de ces engins. Je ne comprends pas comment des gens peuvent encore s'accorder ce droit de polluer les océans. Qui ne le sait pas ? Qui n'en a jamais entendu parler ? Les gens qui prennent ces bateaux ne sont pas dans le besoin. On peut imaginer qu'ils ont la télévision, la radio, peut-être même qu'ils lisent un peu...Dans tous les cas, ils ont inévitablement entendu parler de la pollution de ces navires. Et pourtant, ils étaient là. Peut-être même qu'ils ont parlé de l'état de la planète avec leurs voisins de table. Avant de tomber malade.

     

    Je lis parfois que ce secteur économique donne des emplois à des milliers de personnes. Doit-on mettre tous ces gens au chômage ? L'argument massue...

    On peut aussi se demander pour quelle raison, des activités humaines dévastatrices pour la planète, n'ont pas été jugées comme inacceptables pour l'humanité elle-même et par conséquent abandonnés avant même d'être mises en place.

    La marchandisation de la vie n'a que faire de son maintien, en fait. Ce qui compte, c'est de toucher le pognon, là, tout de suite.

     

    "Et après moi, le déluge."

     

     

     

     

    Une croisière écourtée après une vaste épidémie de gastro sur un paquebot géant

     

    Près de 500 personnes sont malades à bord de l'"Oasis of the Seas". La compagnie Royal Caribbean a décidé d'avancer d'une journée le retour du navire en Floride.

    L\'\"Oasis of the Seas\" arrive dans le port de Southampton (Royaume-Uni), le 15 octobre 2014. 
    L'"Oasis of the Seas" arrive dans le port de Southampton (Royaume-Uni), le 15 octobre 2014.  (ADRIAN DENNIS / AFP)

    La croisière a fini de s'amuser. Environ 475 passagers et membres d'équipage du paquebot Oasis of the Seas sont tombés malades, victimes d'une épidémie de gastroentérite, indique CNN samedi 12 janvier. En conséquence, la compagnie Royal Caribbean a pris la décision de rentrer samedi en Floride (Etats-Unis), soit un jour plus tôt.

    Tout avait pourtant bien commencé à bord de ce paquebot géant pouvant accueillir plus de 6 000 passagers. Partis dimanche de Port Canaveral (Floride) pour un voyage de sept nuits à bord du navire, les touristes devaient notamment visiter Haïti, la Jamaïque et le Mexique. Mais l'arrivée de la maladie a modifié les plans du voyage.

    Excursions annulées

    Comme le détaille Le Parisien, les autorités jamaïquaines ont refusé d'accueillir sur leur île les passagers contaminés. Le bateau a alors navigué en direction de l’île de Cozumel (Mexique), mais là aussi, l'excursion a été annulée. Les passagers n'ont ensuite aperçu que les côtes de Cuba. La compagnie a alors décidé d'anticiper le retour de la croisière alors qu'une centaine de personnes sont toujours placées à l'isolement dans leurs chambres.

     

    Royal Caribbean a décidé de rembourser l'intégralité du voyage. La compagnie s'active désormais à rassurer les touristes ayant réservé pour les prochaines  croisières sur le paquebot. "Des mesures draconiennes sont prises pour s'assurer que le navire est nettoyé et désinfecté avant sa prochaine navigation", répond ainsi l'entreprise sur Twitter à un voyageur inquiet.

  • Pollution et dégénérescence

    MAIS COMMENT A-T-ON PU EN ARRIVER LA  ? ?

    Par quelle folie collective avons-nous pu croire que tout cela n'aurait aucune incidence ? 

    Et surtout, surtout, comment sortir de ce cauchemar ? Qui aura le courage d'annoncer au monde que la procréation doit être limitée à un enfant par couple, là, immédiatement, dans tous les pays industrialisés qui ne possèdent pas l'autonomie alimentaire : c'est à dire tous. Et qui l'écoutera ? Personne. Ou beaucoup trop peu. L'humanité est comme condamnée à croître et à impacter la vie de la planète au-delà du supportable. 

    Il n'y a pas d'issue volontaire. Tout le drame est là. Et plus les discussions, colloques, conférences, et autres bilevisées s'éternisent, plus la violence du choc final sera dévastateur.

    En fait, plus l'humanité freine à prendre des décisions planétaires, plus la course vers le ravin prend de la vitesse.

     

    En plus de nous rendre malades, la pollution de l'air va-t-elle nous rendre bêtes ?

     

    Selon une récente étude, la pollution de l'air aurait aussi des conséquences sur le cerveau. 

       
        (MAXPPP)

    #AlertePollution

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    Non seulement la pollution de l'air affecte nos poumons et notre cœur, mais elle pourrait aussi menacer notre intelligence.

    Une étude récente publiée en 2018 dans la revue PNAS a révélé que chez des personnes âgées vivant en Chine, une exposition de long terme à la pollution de l'air pouvait entraver les performances cognitives – comme la capacité à prêter attention, à se remémorer des connaissances passées ou à générer de nouvelles informations – dans le cadre de tests verbaux et mathématiques.

    À mesure que les personnes vieillissent, le lien entre pollution de l'air et déclin mental se renforce. L'étude a également montré que les hommes et les personnes les moins éduquées étaient particulièrement exposés, pour des raisons que l'on ne connaît pas encore.

    Nous avons aussi prouvé de manière convaincante que la pollution de l'air – et spécialement les particules les plus petites, invisibles à l'œil nu – endommagent le cerveau à la fois des humains et des animaux. La pollution liée à la circulation des véhicules est ainsi associée à la démence, au comportement délinquant chez les adolescents, et à un retard de développement du cerveau chez les enfants fréquentant des écoles très polluées.

    Une détérioration du cerveau

    Chez les animaux, les souris exposées à une pollution de l'air urbain pendant quatre mois ont montré un fonctionnement du cerveau réduit et des réponses inflammatoires dans les principales régions du cerveau. Cela signifie que les tissus de cette zone ont changé en réponse aux stimulations nocives induites par la pollution.

    Nous ne savons pas encore quels aspects de ce « cocktail » de particules polluantes – comme la taille, le nombre ou la composition des particules – contribuent le plus à cette détérioration du cerveau. On estime toutefois que les particules nanométriques seraient en cause.

    Ces particules présentent une taille 2 000 fois plus petite que le diamètre d'un cheveu humain et peuvent se déplacer dans le corps par le flux sanguinaprès avoir été inhalées. Elles pourraient même atteindre le cerveau directement via les nerfs olfactifs qui transmettent au cerveau des informations sur l'odeur. Cela laisserait les particules contourner la barrière hématoencéphalique, qui protège normalement le cerveau des éléments nocifs circulant dans le flux sanguin.

    Des symptômes typiques d'Alzheimer

    Des échantillons de cerveau prélevés post mortem sur des personnes exposées à des niveaux élevés de pollution de l'air, qui vivaient à Mexico City et à Manchester, affichent les symptômes typiques de la maladie d'Alzheimer. Cela inclut des amas de fragments de protéines anormales entre les cellules nerveuses, des inflammations, et une abondance de nanoparticules riches en métal (incluant fer, cuivre, nickel, platine et cobalt) dans le cerveau.

    La circulation routière est l'une des causes majeures de la pollution de l'air dans le monde.Tao55/Shutterstock

    Les nanoparticules riches en métal identifiées dans ces échantillons de cerveau sont similaires à celles que l'on trouve en général dans la pollution de l'air ambiant en ville ; celle-ci se forme lors de la combustion du pétrole et d'autres carburants, associée aux particules d'usure des freins et pneus. Ces nanoparticules toxiques sont souvent accompagnées d'autres composés dangereux, comme des hydrocarbones polyaromatiques qui se produisent naturellement dans les carburants fossiles et peuvent endommager les reins et le foie ou provoquer des cancers.

    Cellules endommagées

    Inhaler des nanoparticules de façon répétée pourrait avoir une série d'effets négatifs sur le cerveau, y compris une inflammation chronique des cellules nerveuses. Lorsque nous inhalons la pollution de l'air, cela peut activer les cellules immunitaires du cerveau.

    Respirer un air ambiant pollué pourrait ainsi activer de façon continue une réponse de destruction au sein des cellules immunitaires, entraînant la création plus fréquente de molécules dangereuses. Des niveaux élevés de telles molécules pourraient provoquer le dommage et la mort de cellules.

    La présence de fer trouvé dans la pollution de l'air pourrait accélérer ce processus. Des nanoparticules riches en fer (magnétite) peuvent augmenter la toxicité des protéines anormales trouvées dans la zone cérébrale. L'analyse post mortem de cerveaux issus de patients malades d'Alzheimer et de Parkinson montre ainsi que l'activation microgliale est commune aux maladies neurodégénératives.

    En dehors de la preuve que nous détenons déjà du lien entre pollution de l'air et démence, la dernière étude sur le lien entre pollution de l'air et intelligence en déclin démontre encore plus la nécessité de combattre la pollution de l'air. La combinaison de changements en termes de technologie de véhicules, régulation et politique fournirait des instruments pratiques pour diminuer de manière globale le fardeau que représente la pollution de l'air en matière de santé.

    Changer ses habitudes

    Toutefois, il existe des moyens de se protéger. Moins conduire, marcher davantage et faire du vélo peut avoir un impact positif sur la pollution. Si vous devez utiliser une voiture, conduire doucement sans accélérer ou freiner brutalement, et éviter de voyager pendant les heures de rush, peut diminuer les émissions. Garder les fenêtres fermées et recycler l'air dans la voiture pourrait également contribuer à diminuer l'exposition à la pollution pendant les embouteillages.

    Réduire l'usage des véhicules en marchant ou en faisant du vélo peut avoir un impact majeur sur les niveaux de pollution de l'air. Nick Starichenko/Shutterstock

    Les jeunes enfants comptent parmi les plus vulnérables car leurs cerveaux se développent encore. Beaucoup d'écoles se situent près de routes principales, réduire la pollution de l'air s'avère donc nécessaire. Planter certaines espèces d'arbres spécifiques qui capturent efficacement les particules le long des routes et autour des écoles pourrait aider.

    La pollution de l'air intérieur cause elle aussi des problèmes de santé, la ventilation apparaît donc nécessaire lorsque l'on cuisine. Les feux ouverts (à la fois dehors et à l'intérieur) constituent une source significative de pollution particulaire, les poêles à bois produisant un fort taux de particules fines. Utiliser un bois sec et adapté à la saison, ainsi qu'un poêle efficace et respectant l'écoconception s'impose donc pour ne pas polluer l'atmosphère autour de chez soi. Si vous résidez dans une maison ventilée du côté d'une route passante, utiliser les espaces de vie au dos de la maison ou à l'étage diminuera l'exposition quotidienne à la pollution.

    En fin de compte, ce qui est bénéfique à votre cœur l'est aussi pour votre cerveau. Stimuler son activité cérébrale, opter pour un bon régime alimentaire riche en antioxydants, et se maintenir actif et en bonne santé favorise la résilience de l'organisme.

    Puisque nous ne connaissons pas encore exactement les mécanismes par lesquels la pollution endommage nos cerveaux – ni comment ses effets pourraient être contrés – nous protéger exige de réduire ou d'éviter l'exposition à la pollution autant que possible.


    Traduit de l'anglais par Nolwenn Jaumouillé.

    Barbara Maher, Professor, Environmental science, Lancaster University

    Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l'article original.

  • C'est sans espoir

     

     

    "Le facteur principal de cette érosion est l'intensification de l’agriculture, à travers deux processus. Le premier est l’homogénéisation et la perte des habitats : la diminution des prairies, des haies, des petites mares, des petits murets, etc., qui sont des habitats capitaux pour la reproduction des espèces. Le deuxième processus est l’utilisation de ce que l’on appelle l’agrochimie : les engrais et les pesticides, avec à la fois les insecticides, mais aussi les herbicides qui en éliminant les plantes, éliminent par ricochet les insectes."

    C'est sans espoir pour la simple raison que la population continue à croître et que l'agriculture intensive restera prioritaire. Il y a beaucoup trop de populations urbaines dépendantes des "campagnes", beaucoup trop de gens dont l'idée même d'autonomie alimentaire est hors de portée, beaucoup trop de gens qui n'ont pas la possibilité d'échapper à cette vie sociale assistée. Les surfaces agricoles tout autant que les surfaces urbanisées continueront à s'étendre. C'est inéluctable. 

    Les oiseaux sont condamnés.

    Il n'y a qu'une seule solution : l'extinction ou la diminution drastique de l'humanité. Il est absurde et vain de penser que l'humanité serait capable de freiner volontairement son extension. 

    Il ne reste que l'extinction subie.

    Il est des jours où je la souhaite.

    Disparition des oiseaux : vers des printemps de plus en plus silencieux

     

    Par Hélène Combis

    Entretien |Environ un tiers des oiseaux ont disparu des campagnes ces vingt dernières années, selon les observations du CNRS et du Muséum d'histoire naturelle. Principal facteur de cette diminution progressive, mais néanmoins catastrophique ? L'agrochimie.

    Alouettes sur un fil électrique Alouettes sur un fil électrique• Crédits : Pixabay

    Des printemps sans chants d'oiseaux ? C'est malheureusement ce qui nous attend. Des études du CNRS et du Museum d'histoire naturelle révèlent combien la biodiversité a pris du plomb dans l'aile ces vingt dernières années : près d'un tiers des passereaux, notamment des oiseaux de plaine, ont disparu de nos campagnes. 

    Nous avons rencontré Vincent Bretagnolle, chercheur au Centre d’études biologiques de Chizé, dans les Deux-Sèvres, qui dépend du CNRS et de l'Université de La Rochelle, afin de dresser un état des lieux. Un entretien un peu alarmant. 

    Les oiseaux disparaissent des campagnes à vitesse grand V, selon les observations du CNRS et du Muséum. Comment l'avez-vous constaté et quelle est l'ampleur des dégâts ?

    On réalise des suivis à partir de points d’écoute : on comptabilise l’ensemble des oiseaux autour des ces localisations, qui sont les mêmes depuis vingt-quatre ans. Cela nous permet de quantifier les tendances au niveau des populations de l’ensemble des oiseaux qui habitent les plaines rurales, agricoles, notamment dans ce site d’études du sud du département des Deux-Sèvres, qui fait 450 kilomètres carrés. Nous avons constaté que l’ensemble du cortège des oiseaux de plaine a diminué, quelle que soit l’espèce, avec des vitesses différentes selon les espèces. L’espèce la plus abondante, l’alouette des champs, a par exemple diminué de 35% en l’espace d’un peu plus de vingt ans. Les dégâts sont encore plus spectaculaires pour d’autres espèces, comme les perdrix, qui ont diminué de 80 à 90% sur les vingt-trois dernières années.

    Combien disposez-vous de points d’écoute ?

    Il y en a 160. C’est un maillage assez serré. Un point d’écoute couvre dix hectares, avec un rayon de deux cents mètres autour de l’observateur. Celui-ci note pendant dix minutes la présence, détectée soit par le son, soit par la vue, de l’ensemble des individus sur ces parcelles en forme de disques. Ce qui nous permet d’obtenir des densités exactes. 

    Les observateurs sont des ornithologues confirmés : des étudiants en thèse, moi-même, ou des contractuels, qui changent tous les ans. Au total, il y a eu jusqu'à aujourd'hui plus de trente observateurs différents sur les 160 points d’étude.

    Quels sont les facteurs de cette extinction massive ?

    C’est une diminution lente et progressive, pas une extinction massive. Mais en fait, c'est tout aussi alarmant : plus du tiers des oiseaux ont disparu ces vingt cinq dernières années. Et c'est une diminution généralisée : on l’observe dans le sud des Deux-Sèvres, mais aussi dans les mêmes proportions à l’échelle nationale, et à l’échelle de l’Europe entière. 

    Le facteur principal de cette érosion est l'intensification de l’agriculture, à travers deux processus. Le premier est l’homogénéisation et la perte des habitats : la diminution des prairies, des haies, des petites mares, des petits murets, etc., qui sont des habitats capitaux pour la reproduction des espèces. Le deuxième processus est l’utilisation de ce que l’on appelle l’agrochimie : les engrais et les pesticides, avec à la fois les insecticides, mais aussi les herbicides qui en éliminant les plantes, éliminent par ricochet les insectes.

    Quels sont les risques pour l’écosystème ?

    Les effets sont directs et indirects. Dans les plaines agricoles, les oiseaux sont principalement insectivores, donc ce sont des prédateurs en bout de chaîne alimentaire qui ont un rôle primordial sur la régulation des espèces d’insectes. C’est un premier point qui aboutira à un déséquilibre et à un dysfonctionnement de l’écosystème. Le deuxième point est qu'évidemment les oiseaux ont aussi un rôle important dans l’imaginaire collectif. Un rôle culturel dans nos sociétés. Et la disparition des oiseaux dans les campagnes, avec des printemps qui seront à n’en pas douter de plus en plus silencieux, a des répercussions aussi sur l’affect et le socio-culturel des sociétés qui vivent dans ces milieux.

    Vous parliez de l’alouette des champs, quels autres oiseaux connus sont en train de s’éteindre ?

    La liste est innombrable. L’alouette des champs suit une autre espèce qui a diminué de façon tout à fait alarmante, qui est l’hirondelle de cheminée. Celle que l’on trouvait dans les étables autrefois, qui nichait au milieu des vaches. On estime qu’à l'échelle de l’Europe on a perdu plus de la moitié de la population européenne d’hirondelles de cheminée en l’espace de vingt-cinq ou trente ans. Elles ont diminué parce que les étables ont peu à peu disparu, en tout cas celles où elle pouvaient faire leur nid, leurs colonies. Et puis elles se nourrissent de petits insectes volants, mais il n’y en a pratiquement plus dans les campagnes. Et si l'on se tourne vers des espèces de taille plus importante : la perdrix grise, emblématique et patrimoniale - pour les chasseurs notamment - a enregistré un déclin absolument spectaculaire. On a même réussi l’exploit de la faire disparaître d’un pays entier : à l’état sauvage, elle s'est définitivement éteinte en Suisse, dans les années 2000. Elle fait aujourd’hui l’objet d’un programme de réintroduction. Enfin, des espèces encore plus emblématiques, comme l’outarde canepetière, qui sont très inféodées au milieu agricole, sont aujourd’hui au bord de l’extinction en France.

    Outarde canepetière Outarde canepetière• Crédits : Domaine public

    >>> A REDÉCOUVRIR : une sélection d'archives de France Culture vous propose d'entendre des artistes et anonymes passionnés raconter leur amour des oiseaux : Olivier Messiaen, Colette, Alfred Hitchcock, mais aussi imitateurs et chasseurs de chants.

    En tant qu'ornithologue, quel est votre état d’esprit ? Accablement, colère ?

    Il est empreint de réalisme. Ce déclin sans précédent à l’échelle de l’Europe va demander la mise en place de solutions très coûteuses. Elles devront imposer un tel changement au niveau des pratiques agricoles qu'elles ne seront pas mises en place en quelques semaines, ni en quelques mois. Mais en même temps je reste positif, parce que nous avons déjà des solutions : il existe des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, de la nature et des oiseaux. C’est tout le domaine de l’agroécologie notamment, qui peut remplacer l’agrochimie en utilisant la biodiversité. C’est ce que l’on appelle des solutions fondées sur la nature. Mais on a besoin d’un véritable changement de paradigme au niveau de l’agriculture. C’est indispensable, ne serait ce que pour l’agriculture même, qui ne peut pas se passer des oiseaux et des insectes.

    >> Dans le journal de 12h30 de ce 20 marsRomain Julliard, professeur au Muséum d'histoire naturelle, témoignait également au micro de Sandy Dauphin :

    C'est l'abandon des jachères il y a une dizaine d'années, c'est l'usage des néonicotinoïdes, notamment en céréale, cet insecticide qui prive les oiseaux de leurs ressources en insectes, c'est l'augmentation d'utilisation de nitrate pour garantir une teneur en gluten du blé, c'est un amendement, c'est un engrais, mais qui va homogénéiser encore plus la flore spontanée et donc réduire à nouveau les ressources pour les oiseaux...

     

     

     

     

     

  • Héritage de la guerre

    Faire confiance aux hommes ?

    Mais, oui, bien sûr...

    Je n'arrive pas à comprendre que des hommes, placés à des postes "élevés", puissent signer des autorisations de rejets en mer de munitions qui inévitablement, un jour, déverseront leurs poisons dans l'océan et contamineront toute la vie. 

    Je n'arrive pas à comprendre comment il est possible qu'un tel "secret défense" puisse continuer à être exercé alors que ce secret fait courir un risque majeur à des millions de personnes et à toute la vie océanique. 

    Et pendant ce temps-là, on essaie de faire en sorte d'arriver à la fin du mois avec de quoi acheter des pâtes et mettre du carburant dans le réservoir de la voiture pour aller "gagner" de quoi tenir le mois suivant.

    Ce monde humain est totalement dingue. 

     

     

     

    Munitions en mer. Des bombes à retardement

     

    image: https://www.letelegramme.fr/auteurs/images/didier_deniel.png

    Didier Deniel

    image: https://www.letelegramme.fr/images/2014/11/20/photo-stephane-jezequel_2155428.jpg

    Photo Stéphane Jézéquel
    Photo Stéphane Jézéquel

    Pendant des décennies, les armées française et britannique se sont débarrassées de milliers de tonnes d'explosifs déclassés en les jetant à l'eau. La Bretagne, notamment la mer d'Iroise et les environs de Groix, n'a pas été épargnée. Selon l'association Robin des Bois, la situation est critique, car ces bombes, mines, grenades et autres munitions, en se dégradant, rejettent quantité de polluants.
    L'inventaire des dépôts d'explosifs

    Depuis des décennies sommeillent, sous les eaux de la Manche et de l'Atlantique, des milliers et des milliers de tonnes d'explosifs et de munitions perdues lors des combats. Ou immergées volontairement par les armées au lieu d'être pétardées. Selon la commission internationale Ospar, de préservation du nord-est Atlantique, qui mène un programme visant à déterminer l'ampleur de ces immersions, 148 sites ont été recensés en Europe de l'Ouest. De 2004 à 2010, 1.879 découvertes de munitions ont été signalées. 58 % ont été retrouvées par des marins-pêcheurs et 29 % sur le littoral. En France, les immersions planifiées ont, officiellement, pris fin au début des années 90. Pour autant, en 1997, le 30 avril exactement, la gabare La Fidèle explosait au large de Cherbourg, faisant 5 morts et 17 blessés. Ce jour-là, le bateau transportait 1.400 grenades sous-marines déclassées pour le compte de DCN qui devaient exploser en immersion. Ce drame a lourdement marqué les esprits.

    image: https://www.letelegramme.fr/images/2014/11/20/munitions-en-mer-des-bombes-a-retardement_2156128_540x367p.jpg




    La Bretagne, qui concentre, à elle seule, de nombreux sites, est considérée comme une zone à risques. Notamment, entre Saint-Malo et les côtes anglaises, où 74 dépôts de munitions conventionnelles mais aussi chimiques (gaz moutarde ou ypérite) ont été recensés. À proximité d'Ouessant et de Groix, aussi, l'armée a jeté, de longues années durant, quantité d'explosifs. Nombreux sont ces engins, mais aussi ceux largués sur la poche de Lorient pendant la Seconde Guerre mondiale, qui reviennent à la surface dans les chaluts des bateaux de pêche. Ainsi, en 2007, un chalutier lorientais, l'Alcatraz, avait remonté trois gros obus de 280 mm, de 50 cm de long et pesant chacun 100 kg. Plus près de nous, on peut se demander quelle est l'origine de la munition qui a explosé début septembre sur une plage de Groix tuant un jeune homme qui bivouaquait. « C'est fréquent, commente un marin-pêcheur morbihannais. Quand je pêche à la coquille, j'en trouve régulièrement. Particulièrement dans la baie de Quiberon, en face du port. Pour moi, il s'agit de munitions que rejettent à la mer des collègues en rentrant à terre, au lieu de les déclarer comme on nous demande de le faire. Ce qui est long et fastidieux. »

    Pas d'inventaire des sites

     
     

    Pour mettre un terme à ces pratiques, l'association écologiste Robin des Bois, qui travaille depuis longtemps sur ce dossier, demande que les professionnels soient systématiquement indemnisés pour les inciter à collaborer avec les services de déminage. Robin des Bois plaide aussi pour que soit réalisé un inventaire synthétique des sites. « On se heurte à beaucoup d'obstacles, à une profonde inertie quand on demande des informations », commente Jacky Bonnemain, président de l'association.

    Dilution des polluants

     
     

    Les immersions volontaires ont souvent été effectuées à faible profondeur de 6 à 10 mètres. Selon Jacky Bonnemain, la pire fosse serait celle des Casquets, dans la Manche, où les marines française et britannique ont déversé quantité de choses, à plus de 100 mètres de profondeur. « Nous avons demandé à consulter les archives militaires à Cherbourg. On nous a répondu qu'il n'y avait plus rien. Que tout avait disparu. » Selon l'association, ce dépôt, comme bien d'autres, n'a jamais eu d'existence administrative. On y jetait des quantités de choses, d'une manière empirique. « Ce faisant, les militaires ont voulu préserver ces explosifs des vols et de leur possible utilisation clandestine. À l'époque, on pensait, naïvement, que l'eau allait faire barrière ». Plus le temps passe et plus ce dossier devient chaud. Car la situation ne peut qu'empirer. Les obus, grenades et autres explosifs se dégradent de plus en plus. Favorisant la dilution et la migration des polluants. Lors du Grenelle de la Mer, en 2008, devant toutes les parties prenantes, dont les ministères de la Défense et de l'Écologie, les autorités françaises s'étaient engagées à ce que des prélèvements soient effectués et des études menées sur les sites les plus importants. Et ce, pour voir dans quelle mesure l'environnement biologique et géologique en subissait les conséquences. Un engagement qui, malheureusement, n'a jamais été suivi d'effets...

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    BretagneMarine nationaleEnvironnementRobin des Boisdépôts de munitionsEN COMPLÉMENTDes opérations de nettoyage régulières

    Régulièrement, les démineurs de la Marine nationale interviennent sur les côtes atlantiques pour récupérer et désactiver des explosifs et munitions. Lors des tempêtes de l'hiver dernier, qui avaient considérablement remué les fonds marins, leur activité a été très soutenue : plus de 300 explosifs, échoués sur les plages, leur avaient été confiés. Rien qu'en rade de Brest, d'octobre 2012 à mars 2013, plus de 500 munitions ont été ramenées dans les dragues des bateaux qui pêchent la coquille ! La plupart de ces engins, qui ont été contre-minés, étaient des petits obus de 15 à 20 cm datant des deux guerres mondiales. En cas de découverte d'une munition sur l'estran, la préfecture maritime conseille de signaler, sans délai, la découverte au Cross ou au sémaphore concerné, voire la capitainerie d'un port. Il est recommandé de toujours considérer l'engin comme dangereux, de ne pas le manipuler, de ne pas donner de choc sur l'enveloppe, de faire un balisage résistant aux marées, de prendre des photos avec un objet pour en donner l'échelle. Et enfin de prendre un point GPS. En mer, il est demandé de se tenir éloigné des autres bateaux en cas de découverte et de ne pas pénétrer dans un port. Si l'engin est immergé, relever les coordonnées géographiques et baliser le point par une bouée. Régulièrement aussi, la Marine nationale organise des opérations de déminage dans les eaux françaises. La dernière en date a eu lieu du 30 octobre au 12 novembre. Elle a été menée par la force de guerre des mines de l'Otan, au large de Dieppe et de Saint-Valéry-en-Caux (76). Huit bâtiments chasseurs de mines (néerlandais, allemand, polonais, belge...), armés par 400 marins, dont le Pégase basé à Brest, ont pris part à cette opération placée sous le commandement d'un officier lituanien. Malgré des conditions météo peu favorables à l'utilisation des sonars, les plongeurs-démineurs ont repéré plusieurs centaines de munitions immergées. Dont sept mines très puissantes représentant l'équivalent de cinq tonnes de TNT. Des opérations de ce type ne pourraient pas être menées sur la Fosse des Casquets où, par une centaine de mètres de fond, Anglais et Belges ont immergé, jusque dans les années soixante, quantité de déchets radioactifs sur une décharge d'explosifs et de fûts de pesticide.


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