Agriculture syntropique

 

Agriculture syntropique, qu’est-ce que c’est ?

 

https://jardinerbioblog.com/2022/06/16/agriculture-syntropique-quest-ce-que-cest/

Après la permaculture je vous parle encore d’un truc de bobos écolos, non ?

Si la ferme du Bec-Hellouin est de la permaculture appliquée à grande échelle, la syntropie fait de même mais avec d’autres méthodes.

Des principes qui lui permettent d’accélérer les processus naturels en divisant le temps par 10, ça vous parle ? Moi ça m’a l’air immense mais – vous vous en doutez – ça reste abstrait !

En accélérant ainsi le temps, ce système exploite au mieux la lumière du soleil sur chaque plante et garde un maximum d’humidité au sein de l’écosystème.

Intrigant. Peut-on reboiser le désert ?

L’agriculture syntropique à l’initiative d’un homme

 

Oui tout commence toujours par un homme… C’est dingue…!

Ernst Götsch (Suisse) installé au Brésil y a acheté une ferme en 1984 : un vrai désert.

C’est truqué, non ? C’est photoshop ? Attends, je reconnais cette colline-là, non… ?

En près de 30 ans, le paysage est transfiguré. Pourtant, Ernst n’a fait que reproduire les stades successifs présents dans la nature. Sauf que, couplés avec l’intelligence humaine, il les a accélérés et a, du même coup, donné naissance à l’agriculture successionnelle, autrement dit : la syntropie.

Le principe de la syntropie dans la nature

Ha, nous y voilà enfin ! Comment ça fonctionne dans la nature tout ça ?

Tout d’abord, la nature est bien faite et elle tend à chaque fois à devenir une forêt (oui c’est sa petite marotte).

Sur la terre apparaissent d’abord :

des plantes pionnières (les mousses, les herbes…) : c’est la phase placenta.

des plantes à croissance plus lente (des arbustes comme des genêts par exemple) : c’est la phase secondaire.

puis des plantes qui occupent la forêt pendant des millénaires (les chênes dont les graines étaient protégées des prédateurs dans le roncier) : c’est la phase climax.

C’est Ernst Götsch qui a donné un nom à chacune de ces trois phases qui correspondent à des strates de végétation : la strate herbacée (la phase placenta), la strate arbustive (la secondaire) et la strate haute (le climax).

Voici un exemple de feuille de route de l’agriculteur syntropique.

Vous savez maintenant tout sur la succession des plantes dans l’écosystème.

Maintenant, sachez aussi qu’il y a trois stades d’évolution de la végétation dans la nature : la colonisation, l’accumulation et l’abondance.

La colonisation. C’est l’installation de la vie : ici pousse des plantes qui peuvent grandir en milieu hostile (peu de terre…).

L’accumulation. C’est un système peu diversifié avec des espèces qui produisent beaucoup de bois (lignine) et peu d’azote (les arbres et les plantes qui ont des petites feuilles). Cette accumulation de bois va engranger de la matière organique dans le sol. Au bout d’un moment, toutes ces réserves de matière organique, accumulée puis décomposée, seront disponibles en quantité pour les végétaux qui produiront enfin de l’azote.

L’abondance. C’est la phase suivante, l’efficacité de la photosynthèse va arriver à son maximum, les végétaux créent de grandes feuilles. Les grands herbivores apparaissent et viennent perturber le système. Le cycle recommence avec à chaque fois une augmentation de la fertilité du milieu.

C’est en étudiant ces stades qu’Ernst a déterminé l’importance de la taille.

L’agriculture syntropique

Ernst Göstch a trouvé une manière d’accélérer ce processus naturel pour aller plus rapidement vers un système d’abondance.

Ernst Götsch dans son exploitation

Le but d’Ernst sera de choisir d’implanter des végétaux (ou de semer) pour pouvoir occuper chacune des 4 strates végétatives : la strate herbacée, arbustive, la strate haute (canopée) et la strate émergente.

L’importance du mulch en agriculture syntropique

Mulch is never too much !

Autrement dit, il n’y a jamais trop de mulch quand on démarre en agriculture syntropique ! Le mulch c’est un paillage de bois broyés (ou coupés en fins morceaux). Et comment on produit du mulch ? En taillant un maximum (au début on a le droit de l’importer).

Agricultrice syntropique en pleine opération de taille. Admirez les résidus au sol.

Comment cultiver en syntropie ?

Tout d’abord, le stade de colonisation n’est pas à faire : nous arrivons sur un terrain qui est déjà dans le stade d’accumulation.

Vous choisissez une culture primaire, celle qui vous intéresse, que vous voulez ardemment récolter. Comme j’adore les framboisiers, on va dire que votre culture primaire ce sont les framboises.

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Bien. Maintenant vous allez exploiter l’ensemble des 4 strates avec d’autres cultures. Entre les framboisiers (strate arbustive) vous cultivez des légumes (ils joueront le rôle de la strate herbacée), mais aussi des arbres fruitiers (strate haute) et des arbres plus hauts qui constitueront la strate émergente (si vous n’avez pas la place, ce n’est pas grave vous pouvez oublier cette strate).

C’est tout ? Non ! Vous taillez au maximum vos arbres fruitiers, vous sursemez vos légumes pour en couper pas mal (en laissant les racines dans le sol) : tous les résidus de coupe seront taillés et laissés au sol. Ils apporteront énormément de carbone : le sucre lent du sol !

Pour les framboisiers, votre récolte primaire ? Vous les taillez normalement. La taille de toutes ces plantes alentours leur enverra l’information qu’il faut produire car ils risquent d’être taillés !

La syntropie questionne notre manière de jardiner : certes nous récolterons des légumes au milieu de nos framboises mais peu par rapport à ce qu’on a semé/planté. Certaines plantes n’auront été semées que dans le but de produire de la matière organique, sans leur donner le temps de grandir !

Pourquoi faut-il tailler ?

Ça vous questionne ? Moi aussi !

Pourquoi devons-nous à ce point intervenir et perturber nos plantations ? Nous provoquons fréquemment un rajeunissement du système (coupe de branches, taille des arbres, suppression d’individus…). Ce faisant, nous accélérons le processus qui se fait naturellement mais qui prend des décennies. Encore sceptiques ? Cette pratique a d’autres nombreux effets :

Elle maintient les arbres taillés à outrance dans un état de repousse permanente.

Via les racines et le réseau mycorhizien, les arbres informent les autres plantes de la situation : il faut produire !

Avec la taille, les arbres restent en état d’adolescence et n’entrent pas en sénescence (vous voyez les trognes ? Eh bien, ces arbres vivent plus longtemps que ceux qui sont rarement taillés).

Elle fait libérer aux arbres des hormones de croissance qui profitent à toutes les plantes.

Elle augmente la production de matière organique au sol (avec les résidus de taille) : les plantes puisent plus rapidement des minéraux dans le sol et repoussent plus vite : un cercle vertueux.

Elle est stratégique car elle permet de faciliter la croissance de nos espèces primaires en leur fournissant de la lumière.

Elle nous permet de maintenir la stratification du système.

Maintenant que vous savez ce que c’est l’agriculture syntropique, c’est bien joli mais vous n’avez pas envie de tester ça dans votre jardin (ou votre champ, chanceux que vous êtes) ? 

 

 

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Commentaires

  • Thierry Ledru
    • 1. Thierry Ledru Le 20/03/2024
    Bonjour Laurent
    C'est la première fois que je reçois un message d'aussi loin :)
    Je suis juste un particulier avec un terrain de 4700 m², potager, verger et un bout de forêt.
    Tout ce que j'ai appris sur la syntropie vient de ce livre et du site :
    https://joala.fr/le-livre/

    Sur youtube, elle met des vidéos très intéressantes également.

    https://www.youtube.com/watch?v=kFCDZZmZLPk&t=2784s&ab_channel=L%27ArchiPelle

    Les liens ne sont pas actifs, il faut les copier-coller.

    J'espère que ça vous sera utile
    Bonne continuation
    Thierry
  • LAURENT LAFLEUR
    • 2. LAURENT LAFLEUR Le 20/03/2024
    Bonjour ,
    Je suis éleveur sur une propriété de 150 Hectares et je souhaite sur une partie développer la syntropie !
    Je suis en Nouvelle-Calédonie , un climat sub tropical!
    J’ai un bout de terrain de 200 M2 que j’exploite sans intrant et sans traitement chimique . La nature est généreuse mais je l’entretien avec des déchets verts ou secs et du fumier de poules de mon exploitation.
    Mon jardin est composé d’arbustes et de plantes comme le Katouk , le moringa , le chou kanak , la baselle , le liseron d’eau , des bananiers figues pommes principalement , des papayers jaunes et rouges, des pimentiers , canne à sucre etc…
    Je souhaite suivre une formation en Syntropie et développer davantage mon terrain pour en faire une forêt comestible!
    Je n’ai pas d’eau en abondance mais mon captage m’assure 40 M3 d’eau par jour.

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