Très à la mode, on parlent beaucoup des “fixateurs d’azote”, mais il n’est pas toujours évident de comprendre de quoi il s’agit précisément. Alors, chez ATMOSVERT on vous a préparé un dossier complet !
Après la lecture de notre article, vous serez incollable sur le sujet et vous saurez pourquoi elles sont essentielles au jardinier comme en permaculture !
Au programme :
- Le rôle de l'azote...
- Un cercle vertueux
- Quand le cycle est mis en péril
- Des plantes "magiques"
- Comment fonctionnent-elles ?
- Les avantages au jardin et en permaculture
- Alors, concrétement, on fait quoi ??
LE RÔLE DE L'AZOTE
L’azote est un élément essentiel pour les plantes mais il est également vital pour les humains comme pour les animaux, car il entre pour tous dans la synthèse des protéines. Base de nos métabolismes et de la croissance des cellules, l’azote assure donc le développement du règne animal comme végétal ! Dans le cadre de nos potagers, vergers, haies, cultures et autres jardins-forêt, une présence qualitative en azote est d’autant plus déterminante, qu’au-delà de garantir des végétaux sains, il favorise une croissance démultipliée doublée d’un rendement accru.
UN CERCLE VERTUEUX
Toutefois l’azote est un élément complexe : car bien que constituant 78 à 80% de l’atmosphère que nous respirons, il n’est pas directement assimilable sous cette forme, ni pour nous, ni pour les plantes ou pour les animaux ! Nous devrions plutôt parler de “cycle de l’azote” car au-delà d’un composant chimique, c’est tout un écosystème interdépendant qui entre en jeu ! L’azote fonctionne en boucle fermée : contenu dans l’air, on parle “d’azote atmosphérique”, appelé plus précisément diazote (symbolisé N2). Mais comme nous l’avons vu, cette forme n’est pas utilisable telle quelle pour les humains, plantes ou animaux, il faudra auparavant l’intervention de micro-organismes. Et oui, car se sont des bactéries qui sont le chaînon essentiel de ce cycle !
En effet, lors de l’humification, la décomposition des matières organiques des végétaux, des humains et des animaux (les feuilles mortes, déjections, cadavres d’animaux… ) les bactéries vont tour à tour transformer ces matières azotées en amoniaque (NH4+) (ce qu’on appelle l’ammonification), puis en nitrites (NO2-)(qu’on nomme nitritation) puis enfin en nitrates (NO3-)(sous le nom de nitratation). A chaque étape c’est une famille différente de bactérie qui prend le relais (du genre Bacillus, Pseudomonas ou Clostridium pour l’ammonification, du genre Nitrosomas pour la nitritation, Nitrobacter pour la nitratation). Et c’est principalement la forme finale, les nitrates, qui est consommée par les plantes. L’azote nécessite donc beaucoup d’étapes, de temps et d’interventions pour être assimilable par les plantes !
Une grande partie est utilisée directement par les plantes, constituant leur apport principal, une autre petite partie est fixée dans l’humus (constituant les “réserves azotées” du sol qui seront libérées de façon lente lors de la minéralisation chaque année), enfin, une partie sera retransformée en azote gazeux, lors du procédé de dénitrification (à nouveau grâce à une famille de bactéries – encore une autre !) pour retourner dans l’atmosphère. La boucle est bouclée !
QUAND LE CYCLE EST MIS EN PÉRIL
Toutefois, cet ingénieux système est perpétuellement menacé avec l’intensification permanente de nos activités polluantes humaines. En effet, on observe deux problématiques majeures liées à l’agro-industrie : d’une part, le déversement annuel démesuré d’engrais chimique dans les cultures, qui sans parler du coût écologique de fabrication de l’azote chimique(nettement plus énergivore que sa version naturelle), engendrent d’immenses fuites d’azote dans l’environnement. D’autre part intervient l’élevage animal intensif (porcs et volailles particulièrement) qui entraînent pareillement de considérables excès d’azote que les sols n’arrivent pas à recycler.
Car les techniques agricoles conventionnelles, bien qu’ayant compris l’intérêt de l’azote sur la croissance et le rendement des plantes, ne prennent pas en compte que tout ce génie végétal réside dans le fait qu’il doit se dérouler perpétuellement à la juste dose. Aussi, tous les faramineux surplus que l’homme provoque viennent contaminer les sols, les eaux de surface et les nappes phréatiques, tout en créant également une pollution atmosphérique considérable dû aux émissions de protoxyde d’azote (gaz à effet de serre destructeur de la couche d’ozone). On estime par ailleurs que 70% des émissions de ce gaz destructeur (notons qu’il subsiste dans l’atmosphère environ 120 ans…) provient de l’agriculture, tout comme le fait qu’elle est responsable du dépassement de la norme de potabilité des eaux...
Nous nous retrouvons ainsi avec des problèmes écologiques mondiaux, tels que des marées vertes, l’eutrophisation des réserves d’eau potable, la formation de terres mortes semi désertiques, de cyanobactéries pullulantes dans les plans de baignade… Avec des conséquences graves sur la santé humaine, principalement sur les dérèglements thyroïdiens et cancers (dans le Finistère par exemple, région caractérisée par une concentration élevée de nitrates dûe aux élevages intensifs, l’incidence des cancers gastriques est deux fois plus élevée qu’à l’échelon national…).
Il est urgent de bien comprendre le fonctionnement du cycle naturel de l’azote et de le prendre en compte dans sa globalité : car respecté et soutenu dans son processus il nous assure également de très beaux rendements de façon naturelle, pérenne, autonome et bienfaisante pour tous !
DES PLANTES "MAGIQUES"
Heureusement en marge du processus classique, on peut trouver des végétaux particuliers qui fonctionnent différemment : ce sont nos fameux végétaux “fixateurs d’azote” ! De véritables “super héros” qui vont permettent de garantir l’intégrité du cycle à la fois en cas de défaillance des sols (pollution, perturbation…) et à la fois de booster les cultures alentours de façon douce et continue en diffusant de l’azote directement assimilable.
En effet, souvent pionnières, les “fixateurs d’azote” apparaissent naturellement au début de la succession écologique en zones abimées manquant fortement d’azote (sols pauvres, compacts, salins, pollués,…) et cela, dans tout les biotopes (prairies, lisières, forêts, dunes côtières, zones riveraines, toundra arctique …) stoppant ainsi le cercle vicieux de raréfaction des végétauxen cas de graves carences nutritives qui entraînent des sols nus inertes. En urgence, elles permettent de réhabiliter naturellement les sols dégradés et de lutter contre l’érosion, en préparant ainsi les terres à la base inhospitalières pour des espèces plus délicates, participant activement à la régénération des écosystèmes. Mais ce n’est pas tout ! Car les végétaux “fixateurs d’azote” vont également permettre d’apporter de l’azote aux plantationssans être dépendantes du cycle habituel. Magique on vous avez dit !
COMMENT FONCTIONNENT-ELLES ?
Comme nous l’avons vu, pour que le diazote soit assimilé il doit passer par de multiples étapes, demandant le concours de multiples familles de bactéries : un processus long et potentiellement précaire. Mais il existe deux autres bactéries d’un genre différent : Frankia et Rhizobium, qui ont aussi la particularité de fixer l’azote mais en version « simplifiée et accélérée ».
Toutefois, ces deux bactéries ne s’installent pas n’importe où : elle ont la particularité de vivre uniquement en relation symbiotique avec des plantes-hôtes spécifiques. En climat tempéré on peut majoritairement les regrouper en trois grands groupes : les Fabacées, les Elaeagnacées et une partie des Bétulacées.
C’est au niveau du système racinaire que cette relation symbiotique se joue : en premier lieu, la plante envoie un signal moléculaire de départ (par exemple, des flavonoïdes dans le cas des Fabacées) appelant les bactéries fixatrices d’azote correspondantes à sa variété, chaque espèce ayant uniquement un type de bactérie spécifique avec qui elle s’accorde. Ces dernières répondent en venant infecter la plante-hôte : les bactéries interagissent avec la plante de sorte à créer des excroissances sur les racines où les bactéries logeront (selon des processus différents s’il s’agit de genre Frankia ou Rhizobium). Ces excroissances allant de quelques millimètres à la taille d’une balle de tennis selon l’espèce, s’appellent des nodosités. C’est à l’intérieur que les bactéries réduiront l’azote gazeux en ammoniac (directement assimilable par la plante, celui-ci) via leur nitrogénase, un complexe enzymatique spécifique.
COMMENT EN TIRER AVANTAGE ?
Les végétaux “fixateurs d’azote” sont de grandes alliées pour le jardinier et le permaculteur! Ces plantes peuvent tout d’abord nous être très utiles pour nous aider à rééquilibrer nous aussi des sols abîmés par l’activité humaine, ce qui est souvent le cas quand on achète un terrain qui était dirigé en agriculture conventionnelle par exemple. Mais elles vont également nous être précieuses sur le long terme pour autonomiser nos cultures ! Ainsi intégrer des plantes “fixatrices d’azote” à bon escient permet d’avoir naturellement une bonne fertilité du sol, sans apport extérieur, en dose équilibrée et pérenne ! Car si cette relation symbiotique est bienfaisante pour le couple bactéries/plante-hôte, elle est également très profitable pour les végétaux plantés aux alentours de multiples façons : lors du renouvellement régulier des nodosités et au cycle dépérissement/croissance des racines de la plante-hôte, de l’azote assimilable est relargué dans le sol, accessible dès lors pour les plantes voisines. Par la suite, la chute des feuilles mortes entraînent la création d’une couverture végétale riche en azote, tout comme lors de la taille. Pour cette raison les “fixateurs d’azote” sont extrêmement adaptées à la taille têtard et au paillage façon “chop and drop” (on coupe et on laisse les tailles directement au sol), enrichissant très efficacement le sol !
ALORS, CONCRÈTEMENT, ON FAIT QUOI ?
On plante, on plante, on plante !
Pour garantir un apport autonome à vos plantations et une belle croissance, nous vous conseillons d’opter pour :
A choisir bien sûr de façon judicieuse selon votre projet, la strate, la taille, votre exposition… Et n’hésitez pas à panacher les espèces !
Évidemment, chez Atmosvert, on aime particulièrement les plantes “fixatrices d’azote”, c’est même une de nos spécialités ! Nous avons de nombreuses variétés, dont quelques chouchous. Voici une sélection des plantes phares de la pépinière :
Dans la famille des Fabacées
Les fabacées sont une très grande famille regroupant près de 20 000 espèces ! Elle est très appréciée et très utilisée pour l’homme comme pour les animaux, car c’est d’elle que nous vient les protéines végétales. En effet, cette famille est également connue sous le nom de… Légumineuses ! Haricot, pois, lentille, soja, arachide... Tous sont des fabacées ! Mais également la luzerne et autres trèfles, très répandu en fourrage animal et comme engrais végétal. Mais chez Atmosvert, ce qui nous intéresse ce sont les plantes pérennes ! Alors, nous avons déniché quelques trésors végétaux qui assureront une fertilisation autonome et perpétuelle dans vos plantations :
➡︎ L'Arbre à petits pois
Caragana arborescens
Cet arbuste de provenance de Sibérie est un sujet aux multiples talents, car il fixe l’azote, régénère les sols, est une source de fibre, reste assez petit en taille, nous offre une floraison jaune abondante et mellifère et la fait suivre par la production de fruits comestibles. La grande quantité de graines marron d’une taille inférieure aux petits pois se consomment exactement de la même manière et approchent leur goût (d’où le nom de l’arbre). Elle se font aussi presser pour fabriquer une huile de bonne qualité. Il est une plante compagne idéale pour l’installation de vos vergers et jardins !
Famille : Fabaceae ou Leguminosae
Type : arbuste
Exposition : soleil, mi-ombre, ombre
Type de sol : Forte préférence pour des sols riches et fraîches.
Résistance au froid : – 45°
Plantation : septembre à avril
Arrosage : Arrosage lors de la plantation et préfère un arrosage durant des étés chauds.
Entretien : aucun
Feuillage : caduc
Hauteur : 6m
Floraison : mai
Période de récolte : juillet à septembre
Intérêt : Cuisine, médicinal, huile, haie, fibre, teinture, biomasse, anti-érosion
Partie(s) comestible(s) : graines (pois)
➡︎ Le Févier d'Amérique
Gleditsia Triacanthos
Le févier d’Amérique est un arbre d’ornement, grâce à son port majestueux, mais aussi défensif, ses nombreuses épines, sauf la variété inerme ‘Inermis’, lui offrant une place de choix dans nos haies ou en tant que clôture naturelle. Son feuillage fin et délicat passera du vert au jaune a l’automne et offre des ombres très légères. Les fleurs en grappes mellifères formeront des gousses brunâtres à la pulpe sucrée et comestible. Arbre compagne comme fixateur d’azote par la microgénèse (fixation microscopique) et de forte vigueur, offrant en plus un bois d’une excellente qualité.
Famille : Fabaceae ou Leguminosae
Type : arbre
Exposition : soleil
Type de sol : S’adapte à toutes les conditions de sol sauf marécageux. Tolère la pollution extrême et exposition maritime.
Résistance au froid : – 35°
Plantation : septembre à avril
Arrosage : Arrosage lors de la plantation. Faible besoin par la suite.
Entretien : Accepte toute taille.
Feuillage : caduc
Hauteur : 20m
Floraison : juillet
Période de récolte : octobre à novembre
Intérêt : cuisine, mellifère, médicinal, odorant, haie,ornemental, bois d’ oeuvre, gomme, régénération des sols
Partie(s) comestible(s) : graines, intérieur de la gousse
➡︎ L' Arbre des pagodes
Sophora japonica
L’arbre des pagodes est utilisé comme arbre d’ornement ou comme arbre d’alignement, possédant une belle allure, un grand port arrondi et une floraison mellifère composé de panicules de fleurs blanc crème, qui sera éblouissante au bout de quelques années. Il possède la propriété de fixer l’azote, idéale pour accompagner d’autres plantes, tout en fournissant un bois destiné au chauffage ou à la fabrication de piquets. Arbre aux propriétés médicinales, cette espèce apprécie les sols riches, frais et profonds, mais son développement n’en sera pas retardé ou amoindri s’il est planté dans d’autres situations.
Famille : Fabaceae ou Leguminosae
Type : arbre
Exposition : soleil, mi-ombre
Type de sol : S’adapte à toute structure de sol même sec et déminéralisé.
Résistance au froid : – 35°
Plantation : septembre à avril
Arrosage : Arrosage lors de la plantation. Faible besoin par la suite
Entretien : Accepte toute taille après son enracinement.
Feuillage : caduc
Hauteur : 20m
Floraison : septembre
Période de récolte : septembre (fleurs), avril à octobre (feuilles)
Intérêt : Cuisine, médicinal, mellifère, arbre compagne, fixateur d’azote, teinture, bois d’oeuvre
Partie(s) comestible(s) : Feuilles, fleurs
➡︎ Le Baguenaudier
Colutea arborescens
Un petit et bel arbuste vigoureux produisant d’abondantes grappes de petites fleurs jaunes, suivies de curieuses gousses translucides et gonflées. Cet arbuste en une plante compagne, grâce à sa propriété de fixer l’azote, et offre une floraison ultra mellifère à tous les butineurs.
Sa croissance, vraiment très rapide, et sa forte adaptation dans tout type d’emplacement en fait un indispensable en jardin forêt et jardin ornemental.
Famille : Fabaceae ou Leguminoseae
Type : Arbuste
Exposition : soleil,mi-ombre
Type de sol : S’adapte à toute structure de sol.
Résistance au froid : – 35°
Plantation : septembre à avril
Arrosage : Arrosage lors de la plantation. Faible besoin par la suite
Entretien : Aucun entretien mais cette plante accepte toute taille.
Feuillage : caduc
Hauteur : 3,5m
Floraison : juin à septembre
Période de récolte : août à octobre (graines)
Intérêt : médicinale, haie brise vent, régénération des sols, fixation d’azote
Partie(s) comestible(s) :
➡︎ Le Robinier - Faux Acacia
Robinia pseudoacacia
Le robinier est un arbre d’ornement et de grande utilité, grâce à son port majestueux érigé, mais aussi défensif, ses nombreuses épines lui offrant une place de choix dans nos haies ou en tant que clôture naturelle. Importé dans nos régions, le robinier s’est intégré entre temps dans les milieux sauvages et se ressème facilement.
Son feuillage fin et délicat passera du vert au jaune a l’automne et offre des ombres très légères comme la plupart les légumineuses. Les excellentes fleurs blanches odorantes en grappes mellifères sont comestibles et se transforment formeront des gousses. Arbre compagne comme fixateur d’azote et de forte vigueur, offrant en plus un bois d’ une excellente qualité. Conseillé comme arbre dans les zones forestières car la coupe et la taille font réagir son système racinaire à drageonner.
Famille : Fabaceae ou Leguminosae
Type : arbre
Exposition : soleil
Type de sol : S’adapte à toutes les conditions de sol sauf marécageux. Tolère la pollution extrême et exposition maritime.
Résistance au froid : – 35°
Plantation : septembre à avril
Arrosage : Arrosage lors de la plantation. Faible besoin par la suite.
Entretien : Accepte toute taille.
Feuillage : caduc
Hauteur : 20m
Floraison : juillet
Période de récolte : octobre à novembre
Intérêt : cuisine, mellifère, médicinal, odorant, haie,ornemental, bois d’ oeuvre, gomme, régénération des sols
Partie(s) comestible(s) : graines, fleurs
➡︎ Le Lespédèze
Lespedeza thunbergii
Cet arbuste gracieux et rustique possède un feuillage vert-bleuté, virant au jaune en hiver. Une floraison tardive et généreuse offrira des grappes de fleurs tombantes aux couleurs pourpres, roses et rouges.
Une plante compagne (comme fixateur d’azote) inconnue alors que sa taille réduite la rend intégrable aux buttes, cultures potagères, petits vergers et massifs comestibles et florifères.