«Nous mettons en péril notre avenir» : 15.000 scientifiques alertent sur l'état de la planète
- Par Le figaro.fr
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Dans un appel publié par la revue Bioscience et relayé en français par Le Monde, 15.000 scientifiques de 184 pays soulignent l'état alarmant des indicateurs de l'état de la planète et appellent à agir concrètement contre «une souffrance généralisée et une perte catastrophique de biodiversité».
Nous avons un «impératif moral» à agir sans tarder contre le «péril» qui menace l'avenir de notre planète sur le plan écologique. Ce constat alarmiste est celui de 15.000 scientifiques indépendants, signataires d'un «Avertissement à l'humanité»publié lundi dans la revue scientifique Bioscence .
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Les scientifiques, originaires de 184 pays différents, entendent interpeller spécialistes, décideurs et grand public. Il s'inscrivent pour cela dans la lignée d'un premier appel, publié en 1992 et signé par plus de 1700 scientifiques. Ces personnalités reconnues alertaient alors sur le «changement profond dans notre gestion de la Terre» qu'il était «indispensable d'opérer» pour la préserver.
Vingt-cinq ans plus tard, les 15.000 signataires de ce nouvel état des lieux, publié en français dans Le Monde , jugent qu'il est temps de «se remémorer» les mises en garde de leurs aînés et «d'évaluer les réponses que l'humanité a apportées» à cet appel. Depuis 1992, «non seulement l'humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d'entre eux se sont considérablement aggravés», regrettent les scientifiques, parmi lesquels figurent des biologistes, physiciens, chimistes ou encore spécialistes du climat. Ils s'appuient, pour ce constat, sur les indicateurs utilisés en 1992 -ressources en eau, déforestation, hausse des températures...- et mis à jour avec les données récentes.
Pointant les conséquences de l'augmentation du volume des gaz à effet de serre, de la déforestation et de la production agricole, les signataires soulignent par ailleurs qu'un «phénomène d'extinction de masse» est en cours, qui pourrait déboucher sur la disparition de plusieurs formes de vie. «L'humanité se voit aujourd'hui adresser une seconde mise en garde», résume le texte. «Nous mettons en péril notre avenir» en ne prenant pas conscience de certaines problématiques, à commencer par «notre consommation matérielle intense» et la croissance démographique mondiale «rapide et continue», ou encore l'échec à enrayer la pollution et à protéger les habitats naturels. «L'humanité omet de prendre les mesures urgentes indispensables pour préserver notre biosphère en danger», résume le texte.
Mêler les actions individuelles à une pression sur les pouvoirs politiques
«Les responsables politiques étant sensibles aux pressions, les scientifiques, les personnalités médiatiques et les citoyens ordinaires doivent exiger de leurs gouvernements qu'ils prennent des mesures immédiates», affirment les signataires, invitant à mettre en place «une pression de la société civile» et des campagnes rôdées fondée sur «des preuves, un leadership politique et une solide compréhension des instruments politiques, des marchés et d'autres facteurs».
Outre la nécessaire action des politiques, «il est également temps de réexaminer nos comportements individuels», que ce soit «en limitant notre propre reproduction» ou «en diminuant drastiquement notre consommation par tête de combustibles fossiles, de viande et d'autres ressources». Pour les scientifiques, «il s'agit là d'un impératif moral vis-à-vis des générations actuelles et futures des êtres humains et des autres formes de vie.»
Des preuves existantes d'une action possible
Pour les scientifiques, plusieurs éléments montrent que «nous sommes capables d'opérer des changements positifs quand nous agissons avec détermination». La diminution rapide des substances néfastes pour la couche d'ozone, la lutte contre la famine et l'extrême pauvreté, ainsi que la baisse du taux de fécondité dan plusieurs zones ou du rythme de la déforestation, sont autant de signes que «nous avons beaucoup appris».
Ces avancées «loin d'être satisfaisantes» doivent déboucher sur de nouvelles mesures. Le texte liste ainsi plusieurs exemples de «mesures efficaces et diversifiées que l'humanité pourrait prendre». Parmi elles, protéger ou «ré-ensauvager» des régions afin de préserver la diversité des habitats et des espèces et «rétablir des processus écologiques», réduire le gaspillage alimentaire, privilégier une alimentation d'origine végétale, consommer des énergies «vertes» en diminuant la part des combustibles fossiles, développer des technologies vertes, ou encore aborder la question de la taille de la population humaine.
À l'image du constat, la conclusion est sans concession: «Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l'échec, et le temps presse.» Afin d'«éviter une souffrance généralisée et une perte catastrophique de biodiversité», nos pratiques doivent changer, insistent les signataires. Et selon eux, cela passe par une prise de conscience: celle que «la Terre, avec toute la vie qu'elle recèle, est notre seul foyer».