Cinéma, photographie, sport, littérature, ...Et le viol.

C'est effroyable. 

Quelques recherches et tous les milieux y passent. Dès qu'il y a des hommes "tout-puissants", leurs perversités sont couvertes, des pressions sont excercées, des silences sont imposés.

C'est effroyable.

Qu'on se souvienne de David Hamilton qui s'est suicidé. Combien d'autres dans ce milieu ?

Polanski n'est pas tout seul, bien entendu. Weinstein vient d'être condamné mais combien de personnes connaissaient tout de ses viols dans le milieu ? Combien auraient pu le dénoncer depuis très longtemps et se sont tus parce que Weinstein était tout-puissant.

Gabriel Matzneff et son éditeur : ... "les enquêteurs s'intéressent aussi à Christian Giudicelli, son éditeur chez Gallimard, aussi son compagnon de voyage aux Philippines. Dans ses livres, Gabriel Matzneff racontait son attirance pour le tourisme sexuel avec de jeunes garçons en Asie."

Dans le sport, les révélations s'enchaînent.

Si la justice n'est pas d'une sévérité totale, exemplaire, impitoyable, rien ne s'arrêtera.

INTERVIEW. Après les accusations de viol dans le patinage, les révélations de Gwendal Peizerat

L'ancienne championne de patinage Sarah Abitbol a dénoncé des viols et des agressions sexuelles de son entraîneur Gilles Beyer. Le lyonnais Gwendal Peizerat accuse le président de la Fédération Française des Sports de Glace, Didier Gailhaguet d'avoir "couvert" les agissements de Gilles Beyer. Photo d'archives. / © L. Vadam / MaxPPP L'ancienne championne de patinage Sarah Abitbol a dénoncé des viols et des agressions sexuelles de son entraîneur Gilles Beyer. Le lyonnais Gwendal Peizerat accuse le président de la Fédération Française des Sports de Glace, Didier Gailhaguet d'avoir "couvert" les agissements de Gilles Beyer. Photo d'archives. / © L. Vadam / MaxPPP

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L'ancienne championne française de patinage Sarah Abitbol a accusé son entraîneur, Gilles Beyer, de viols. Le lyonnais Gwendal Peizerat accuse, lui, le Président de la Fédération Française de Sports sur Glace, Didier Gailhaguet, d'avoir couvert les agissements de Gilles Beyer.

Par Renaud Gardette, avec Valérie Benais et Laure Crozat 

L'ancienne patineuse Sarah Abitbol (deux fois médaillée d'argent aux Championnats d'Europe) a révélé avoir été violée, entre ses 15 et 17 ans, par son entraîneur Gilles Beyer.
 

Les accusations de Gwendal Peizerat

Une pétition est aujourd'hui en ligne pour réclamer la démission de Dider Gailhaguet, signée notamment par Gwendal Peizerat. L'ancien champion du monde en 2000 est aujourd'hui entraîneur à Lyon. Il nous a accordé une interview exclusive.

Gwendal Peizerat accuse Didier Gailhaguet d'avoir couvert Gilles Beyer, l'entraîneur de Sarah Abitbol. Il décrit un président de Fédération aux pratiques dictatoriales.

 

"C'est un quasi-inceste"

Gwendal Peizerat: "Le fait que Sarah, Anne-Line Rolland, Hélène Godard parlent aujourd'hui, c'est très courageux de leur part. Apprendre ce qui est arrivé à Sarah (Abitbol), c'est un peu comme si j'apprenais que ma petite soeur était violée par mon oncle! Ce qu'a fait son entraîneur, c'est un quasi-inceste. Moi j'étais avec mon entraîneuse à Lyon depuis l'âge de 4 ans (Muriel Boucher Zazoui). C'est ma deuxième maman! La proximité est énorme. Pour Sarah, ça devait être impossible de parler de ça.
 

"La peur domine"

Gwendal Peizerat: "Didier Gaillhaguet est là depuis 20 ans. Il a déjà démissionné. On est dans un système où la peur, les représailles dominent la façon de manager. Celui qui est accusé par Sarah (Gilles Beyer) a été lui aussi licencié par l'Etat. On lui a retiré son poste de cadre ! Didier Gaillhaguet a réussi à revenir à la Fédération, grâce aux clubs qui ont voté pour lui, donc légitimement. Et il a choisi son bureau exécutif: il a mis Gilles Beyer, alors que les ministres de l'époque avaient demandé qu'il ne soit plus en contact avec des jeunes, de par les accusations contre lui et les soupçons de maltraitance. Chacun se protège. C'est très malsain, lourd et pesant."
 

"Il agit comme un dictateur"

Gwendal Peizerat: "On a un président qui fait tremper les gens qui sont autour de lui, soit dans des affaires pas très jolies, soit dans des trucs où ils profitent du système. Après çà ils n'oseront plus jamais rien dire contre lui parce qu'ils lui doivent telles ou telles positions, tel ou tel avantage. Il agit comme un dictateur au sein de la Fédération. Les gens ont peur de dire les choses. Didier Gailhaguet, il en a vu des ministres qui ont tenté de le faire tomber. Beaucoup. Il confond la personne et la fonction. Il est le président tout puissant, qui a tous les pouvoirs sur les juges, les entraîneurs, les patineurs, les bobbeurs, les lugeurs, les patineurs de vitesse, et tous ont un jour un témoignage pour dire : soit vous suivez la ligne imposée, soit vous allez subir brimades, représailles et frustration." 
 

"Gilles Beyer était à proximité de Sarah"

Gwendal Peizerat: "Didier Gailhaguet a vu et a très bien compris ce qui avait été dit par la Ministre des Sports Marie-Georges Buffet, quand Gilles Beyer a été évincé de son poste de cadre national pour des problèmes avec des jeunes. Et lui a choisi de passer outre et de le mettre à une position où il était responsable de la tournée des équipes de France: c'est une trentaine de galas sur un mois. On passe notre temps dans les bus ensemble, dans les mêmes hôtels. Il était à côté de nous. Il était avec Sarah. Il était à proximité de Sarah tout le temps."
 

"Il connaît les numéros de chambre"

Gwendal Peizerat: "En 2011, Gilles Beyer a été choisi par Didier Gailhaguet pour être Team Leader d'une équipe junior qui partait aux championnats du monde en Corée du Sud. Ils sont loin de leur famille, dans un pays étranger, dans le même hôtel pendant une semaine. Il avait tous pouvoirs. Il connaît les numéros de chambre. C'est lui qui organise tout. Il n'a pas forcément fait quelque chose à ce moment-là. Mais on savait très bien ce qu'il avait fait avant. Et ce qu'il était capable de faire. Moi je demande une prise de conscience globale, de l'Etat et du Comité Olympique, et une prise de conscience des licenciés et des présidents de clubs. Il faut mettre à plat la Fédération et repartir sur des bases saines.


En 2014 Gwendal Peizerat s'était présenté contre Didier Gailhaguet aux élections pour la présidence de la Fédération Française des Sports de Glace, sans succès. Il envisage de renouveler cette candidature lors des prochaines élections. 

 

La ministre dénonce un dysfonctionnement général

La ministre des Sports Roxana Maracineanu a demandé à Didier Gailhaguet de démissionner, après un entretien avec lui à Paris lundi 3 février.

"Un dysfonctionnement général existe au sein de la Fédération française des sports de glace (...). Au regard des révélations et des témoignages que j'ai pu recueillir, Didier Gailhaguet ne peut se dédouaner de sa responsabilité morale et personnelle, je lui ai donc demandé d'assumer toutes ses responsabilités et de démissionner du poste de président de la Fédération française des sports de glace", a expliqué Roxana Maracineanu.

 

Une enquête ouverte


Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour viols et agressions sexuelles sur mineurs après les accusations de l'ancienne championne de patinage Sarah Abitbol contre son ex-entraîneur Gilles Beyer. L'affaire est née de la publication d'un livre témoignage de celle qui fut dix fois championne de France de patinage artistique en couple, multimédaillée européenne et mondiale en couple. Elle y dénonce des faits qui se seraient produits entre 1990 à 1992, une période en principe couverte par la prescription, alors qu'elle était âgée de 15 à 17 ans. 

Dans un communiqué, le procureur de la République de Paris Rémy Heitz a précisé que les investigations, confiées à la brigade des mineurs, "s'attacheront à identifier toutes autres victimes ayant pu subir, dans le contexte décrit, des infractions de même nature", au-delà des faits évoqués dans cet ouvrage.

Gilles Beyer, 62 ans, a reconnu, dans une déclaration écrite à l'AFP, "des relations intimes" et "inappropriées" avec Sarah Abitbol, lui présentant des "excuses". L'ancienne championne les a aussitôt refusées.
 
Au début des années 2000, sur la base d'un signalement de parents, Gilles Beyer avait fait l'objet d'une enquête judiciaire qui n'a pas abouti, puis d'une enquête administrative, qui a conduit le ministère des Sports à mettre fin à ses fonctions de cadre d'Etat, le 31 mars 2001. Malgré cette mise à l'écart, Gilles Beyer a poursuivi sa carrière au sein du club parisien des Français volants, présidé par son frère Alain, jusqu'à son éviction vendredi, et a effectué plusieurs mandats au bureau exécutif de la Fédération française des sports de glace (FFSG) jusqu'en 2018.

D'autres anciennes patineuses ont émis des accusations similaires contre M. Beyer et d'autres entraîneurs. Hélène Godard a accusé ainsi, dans le quotidien sportif L'Equipe et l'hebdomadaire L'Obs, Gilles Beyer d'avoir eu des rapports sexuels avec elle, alors qu'elle avait 13 et 14 ans. Anne Bruneteaux et Béatrice Dumur ont accusé elles un autre ancien entraîneur, Michel Lotz, d'avoir abusé d'elles dans les années 1980 alors qu'elles avaient 13 ans.

Après les scandales qui ont éclaboussé notamment le monde du cinéma et le milieu littéraire, cette affaire a plongé la FFSG et son insubmersible président Didier Gailhaguet dans la tourmente. La ministre des Sports a reçu M. Gailhaguet, à la tête de la FFSG depuis 1998, à l'exception de la période 2004-2007, pour qu'il s'explique notamment sur le maintien en poste, dans les années 2000 de Gilles Beyer, malgré les soupçons qui pesaient déjà sur lui. Elle a également demandé sa démission, mais le patron de la fédération, âgé de 66 ans, a éludé les questions sur son avenir, promettant de faire des révélations au cours d'une conférence de presse mercredi 5 février.

 

Violences sexuelles dans le sport : l'ancienne skieuse Claudine Emonet accuse son entraîneur de l'époque d'agressions

 

Claudine Emonet lors de la descente de Val d'Isère le 13 décembre 1986. / © France 3 Claudine Emonet lors de la descente de Val d'Isère le 13 décembre 1986. / © France 3

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La libération de la paroles des victimes de violences sexuelles dans le sport s'est propagée au monde du ski. Le plus grand défi pour les victimes : briser l'omertà et faire bouger les consciences, pour que ces actes ne se reproduisent plus.

Par TH 

Après le patinage, après l'escalade, c'est au tour du ski d'allonger la liste des domaines sportifs contaminés par des cas violences sexuelles. Les révélations de la patineuse Sarah Abitbol, qui accuse son ancien entraîneur de l'avoir violé alors qu'elle n'avait que 15 ans, ont ouvert une brèche dans le monde du sport.

Son témoignage a notamment encouragé l'ancienne skieuse Claudine Emonet à dénoncer des cas de harcèlement dans le milieu compétitif. Dans un post Facebook, elle a décidé de témoigner contre son ancien entraîneur, qu'elle accuse d'agressions sexuelles. Sur elle, mais aussi sur "plusieurs de mes coéquipières". Des faits qui se seraient déroulés à cheval sur les décennies 1970 et 1980. 

 
"J’étais tout juste majeure au moment de ces agressions, mais certaines les ont subies alors qu’elles étaient encore mineures", écrit-elle. Cet homme s'est selon elle comporté "comme un gourou manipulateur, abusant de son pouvoir, de son emprise, agressant, harcelant, menaçant, et enfin, brimant et maltraitant psychologiquement lorsque ses assauts étaient repoussés".

 

"Nous, les victimes, on prend pour perpète, et pour lui tout va bien"


Des agressions répétées, qui ont pu avoir des répercussions psychologiques lourdes sur Claudine Emonet et ses jeunes coéquipières de l'époque. L'ancienne skieuse a choisi de ne pas s'exprimer devant nos caméras, mais a accordé 
un entretien au Parisien (article réservé aux abonnés).

"Il m'a pourri ma vie. Nous, les victimes, on en prend pour perpète, on souffre, et pour lui, pour eux, les mecs (les agresseurs), tout va bien", s'indigne-t-elle dans le quotidien. Elle choisit par ailleurs de ne pas nommer son agresseur, par peur d'un procès en diffamation.

Claudine Emonet précise que "les paroles fortes de Jean-Claude Killy " l'ont encouragée à rompre le silence. "Le harcèlement sexuel dans le sport, c'est pire que le dopage", 
disait-il ainsi en 2018 au Figaro.

Il qualifiait alors ces actes de "phénomène très répandu" et "sur lequel tout le monde ferme les yeux", dénonçant "des autorités indignes qui brisent [les] carrière et [les] rêves" des jeunes. En tant qu'ancien skieur alpin, investi dans plusieurs associations de ski, Jean-Claude Killy et ses déclarations avaient déjà de quoi interroger.

 

Enfin une réaction des institutions


Aujourd'hui, Claudine Emonet dit vouloir aider les victimes "à porter ce fardeau. C'est un énorme fléau. Le monde du ski doit se rendre compte que ce problème existe, qu'il n'est pas épargné", continue-t-elle dans Le Parisien.

De son côté, le président de la Fédération française de ski Michel Vion a affirmé, toujours 
au Parisien, avoir découvert l'affaire "en lisant le témoignage". "Les faits, inadmissibles, se sont déroulés il y a plus de 40 ans, poursuit le président de la FFS. Mais ne nous réfugions pas derrière la prescription. Il est important que la parole se libère".
 

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