Covid et école

On vit une époque formidable...

Le problème des classes surchargées et des cantines bondées vient d'apparaître au grand jour. C'est vrai que ça n'avait pas été mentionné les années précédentes.

Merci au Covid.

Non, mais franchement.

On est donc face à un problème de "surpopulation" qui n'est pris en compte que parce qu'il pose un problème de santé publique. Par contre, lorsqu'il s'agit d'un problème de qualité de vie et d'enseignement, c'est totalement rejeté, nié, conspué par la classe politique. Depuis des années, les effectifs n'ont cessé d'augmenter.

J'avais 19 ans quand je suis devenu instituteur. Il y avait un maximum de vingt-cinq élèves par classe. Une moyenne de vingt élèves sur l'ensemble du territoire national. Les dix dernières années, j'ai eu jusqu'à 32 élèves de CM2. Au niveau de l'espace vital, c'était moins que dans un élevage industriel de cochons. Alors, les gastro, les rhumes et les maladies contagieuses, elles s'en donnaient à coeur joie. 

Je ne parlerai pas de la qualité de l'enseignement et des tensions entre élèves. Maintenir une cohésion dans un groupe aussi important et parvenir à maintenir à flot les élèves en difficulté, c'est comme vouloir attraper des gouttes d'eau en nageant au fond de la piscine. 

Mais là, maintenant, "grâce" au Covid, le problème de la surpopulation carcérale, non pardon, la surpopulation scolaire, éclate au grand jour. Il ne s'agit toujours pas d'envisager de créer des postes, de doubler le nombre de classes, de réhabiliter les petites écoles de campagne, les collèges et les lycées à taille humaine. Non, il s'agit juste de trouver un procédé permettant la "distanciation sociale". Voilà ce qu'on propose à nos jeunes. La distanciation sociale. Les barrières entre eux. Les masques sur leurs visages.

Bien entendu, on a pu assister au même phénomène avec l'hôpital public. La sphère politique nous assène à longueur de journée que le pays est dans une crise sanitaire majeure. Non, faux. C'est le système hospitalier qui est en crise. Parce que si les structures médicales n'avaient pas été réduites à peau de chagrin depuis des lustres, les médecins seraient en mesure d'accueillir les gens malades. C'est l'absence de lits et de personnels qui créent cette crise. 

Alors, bien entendu, les politiciens nous parlent d'urgence. Mais il faut comprendre que la situation d'urgence ne prend forme qu'à partir du moment où rien n'a été anticipé. C'est au Titanic qu'il faut se référer. Il n'y avait pas assez de bateaux de secours parce qu'il était impensable que ce gros machin coule après avoir heurté un glaçon. Non, pas un navire aussi beau. C'était impensable. 

On pourrait penser que personne n'avait imaginé pareille crise sanitaire, que personne ne l'avait évoquée plus tôt. Faux, encore une fois. Des dizaines de scientifiques avaient alerté sur les risques d'épidémie. C'est très facile d'en trouver la trace sur la Toile.

On peut d'ailleurs étendre le phénomène à toutes les alertes sur le réchauffement climatique. On peut être certain que c'est lorsque la situation deviendra catastrophique que les politiciens commenceront à instaurer des protocoles. Quand on aura dépassé le seuil de l'urgence. J'ai entendu aujourd'hui un scientifique expliquer que ça coûterait bien moins cher d'anticiper les effets du réchauffement climatique que de chercher à en gérer les effets dans dix ans. Dix ans, ça n'est pas loin. Et ce qu'il évoquait fait froid dans le dos ou donne des sueurs...Plutôt des sueurs d'ailleurs. Mais non, on va encore attendre que ça tourne vraiment mal. 

Il y a des jours où je me dis que cette espèce humaine ne mérite aucunement sa place. Elle est totalement inconsciente. Et elle se targue pourtant d'être la seule à avoir une conscience. 

C'est juste pitoyable. 

 

Face aux protestations de certains élèves et professeurs, qui jugeaient insuffisant le protocole sanitaire contre le Covid-19, Jean-Michel Blanquer a annoncé des mesures visant à favoriser les cours à distance.

Article rédigé par
David Pauget - franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour 
 Temps de lecture : 4 min.
Des élèves ont tenté de bloquer le lycée Turgot, Paris, le 3 novembre 2020. (NICOLAS PORTNOI / HANS LUCAS / AFP)

Des couloirs pleins à craquer, des cantines bondées... Depuis la rentrée des vacances de la Toussaint, en plein reconfinement pour lutter contre le coronavirus, ces images circulent sur les réseaux sociaux pour critiquer les conditions sanitaires dans certains collèges ou lycées, un peu partout en France. Une situation qui mobilise élèves, professeurs et personnel depuis le début de la semaine, et qui a poussé Jean-Michel Blanquer à annoncer, jeudi 5 novembre, des mesures pour faciliter le travail à distance.

Sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #BalanceTonProtocole, des dizaines de tweets dénoncent le dispositif mis en place pour cette rentrée, la première durant un confinement.

Le protocole actuel prévoit, entre autres, une distanciation d'un mètre, une aération et une désinfection plus fréquentes des locaux, ainsi qu’un brassage limité entre élèves. Ces consignes sont parfois difficilement applicables, comme le montrent les images.

Vers une "grève sanitaire" le 10 novembre

Toute la semaine, des élèves ont manifesté devant leurs établissements, mais seuls quelques-uns ont été perturbés par des blocages. "C'est difficile de dire exactement le nombre d'établissements concernés", indiquait jeudi le ministère de l'Education nationale, contacté par franceinfo

Les enseignants du lycée Angela Davis, à Saint-Denis, se sont pour leur part rassemblés jeudi devant la Direction des services départementaux de l'Education nationale de Seine-Saint-Denis pour demander un protocole renforcé. Ils réclament  "des demi-groupes, des récrés à l'air libre, un accès aux toilettes".

Dans un communiqué envoyé jeudi, le personnel du collège Romain Rolland à Sartrouville, dans les Yvelines, informe avoir exercé son droit de retrait. L'équipe éducative demande "le dédoublement des classes pour assurer une distanciation efficace", "des moyens matériels plus importants (lingettes, gel, masques)" et "le recrutement d'agents d'entretien".

"Les tensions montent dans les lycées : la crainte sanitaire a pris le dessus depuis le retour des vacances, car avoir encore aujourd'hui 35 élèves par classe dans nos établissements, ce n'est plus possible", expliquait jeudi Philippe Vincent, du SNPDEN (Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale), premier syndicat des chefs d'établissement. "Nous n'arrivons plus à ne pas brasser les groupes, à respecter les distances, à aérer les salles comme il le faudrait, nous avons atteint les limites", ajoutait-il, soulignant que "le port du masque ne suffit plus". Après les annonces de Jean-Michel Blanquer, il s'est dit "satisfait, car il va enfin y avoir un cadre national".

A l'appel du Snes-FSU, plusieurs syndicats ont toutefois prévu l'organisation d'une "grève sanitaire" pour le 10 novembre. Décidé avant l'annonce des nouvelles mesures par Jean-Michel Blanquer, ce mouvement pourrait être maintenu, comme l'a annoncé l'intersyndicale jeudi soir.

 

Reste à savoir, d'ici là, si la situation dans les établissements pourra réellement s'améliorer. Outre l'Education nationale, les collectivités locales mettent aussi des moyens. La région Ile-de-France a ainsi "recruté 240 agents depuis la rentrée de septembre" et mis en place "un système de partenariat qui permet aux lycées de faire appel à une agence d'intérim pour remplacer les effectifs absents", détaille-t-on à franceinfo. "On a aussi proposé à l'Education nationale de mettre à disposition 100 000 tests antigéniques qui pourraient être faits par les infirmières scolaires."

Interrogée sur ces tensions jeudi sur BFMTV-RMC, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a, elle, proposé au ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, que des lieux tels que "des bibliothèques, des théâtres, des gymnases" puissent être "mis à contribution (...) pour donner plus d'espace aux lycéens".

 

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