D'anciens textes : manque, besoin, désir
- Par Thierry LEDRU
- Le 16/08/2022
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Finalement, on en est toujours au même point. Les questions sont toujours présentes et les réponses toujours aussi absentes. Il faudra bien pourtant qu'arrive ce moment où les réponses prendront forme, non pas dans une démarche urgentiste mais dans une réflexion sur le long terme. Et c'est bien cette projection qui manque cruellement à l'humanité, tout au moins dans les sociétés matérialistes. Le long terme implique des décisions immédiates mais le système politique qui veut que les gouvernants restent en poste ne peut pas s'engager dans des décisions immédiates qui impactent le présent pour préserver l'avenir car c'est LEUR présent qui serait condamné. Il n'est qu'à voir la façon dont réagissent les individus lorsqu'un gouvernement parle de restrictions. C'est un tollé général parce que personne ne veut admettre que sans ces restrictions immédiates, restrictions partielles et ciblées, ce sont des restrictions bien plus vastes qui finiront par s'imposer d'elles-mêmes.
L'eau par exemple. Ne pas laver sa voiture, ne pas arroser sa pelouse et ses parterres de fleurs, avec le réseau d'eau potable, ne pas changer l'eau de la piscine toutes les semaines, ne pas prendre de douche deux fois par jour, ne pas laisser couler l'eau du robinet pendant le brossage des dents...On pourrait penser que c'est acceptable, que ça ne relève pas d'un manque majeur. Et pourtant, combien le font ? Combien d'individus réalisent qu'un jour prochain, l'eau ne coulera plus du tout de leur robinet ? Se priver d'un peu pour ne pas tout perdre...
J'ai entendu aujourd'hui le "président des producteurs de légumes de France" dire que si les agriculteurs ne peuvent pas arroser comme ils l'entendent, la France n'atteindra jamais son autonomie alimentaire. Mais bon sang, quand donc vont-ils changer leurs méthodes ? Le besoin d'arrosage est uniquement la conséquence de ces méthodes de culture. Des méthodes archaïques issues de l'industrie pétrolière. Cet immobilisme est désespérant.
Quand je reprends mes archives et que je tape le mot "besoin" dans le moteur de recherche, je tombe sur des articles qui ont dix ans. Dix ans...Et rien n'a changé sur un plan étatique. Quelques individus changent, la masse continue sur sa lancée...
Besoins matériels.
Par Thierry LEDRU
Le 17/03/2012
Cette impression de "voir" une balance à plateaux. D'un côté les biens matériels et de l'autre les "nourritures spirituelles".
Cette crise économique a un intérêt. C'est de créer une impossibilité financière de courir après l'accumulation de biens matériels. Elle est par contre dramatique lorsqu'elle touche les biens vitaux.
Elle peut générer une rupture dans le paradigme éducatif. N'étant plus "guidé" par les besoins d'un être dérivé, nous éliminons les produits et services dont nous n'avons pas réellement besoin.
Phénomène surprenant, la "masse" de biens matériels pesant dans la balance s'allégeant continuellement, cette "énergie" qui n'est plus dépensée de façon frénétique se trouve disponible et se transfère "naturellement" dans le plateau des biens spirituels. Comme si la "qûete" devait se faire, comme si la Vie portait en elle-même une direction établie, un besoin irrépressible d'activer le potentiel intérieur.
Les sociétés matérialistes ont bâti leur expansion sur ce besoin vital d'explorer les potentiels. Les progrès technologiques sont les effets de cette énergie dépensée. J'ai lu il y a quelques jours qu'une petite fille avait été sauvée par des chirurgiens après avoir été opérée in vitro. Fabuleux progrès qui sauve une vie. Jamais, je ne critiquerai ce progrès, il est réel et nécessaire.
Quand je vois par contre, les files d'attente devant les magasins apple pour la sortie de l'ipad4, j'ai envie dy mettre le feu et de hurler sur ces gens.
Mais il y a aussi cette multitude de blogs, forums, livres, conférences sur l'exploration spirituelle. Un mouvement qu'il est impossible d'ignorer et de balayer d'un revers de main méprisant. Une certitude que cette population a consommé cette rupture matérialiste et cherche désormais à combler le vide sur le plateau de la balance.
Les désirs de biens matériels s'épuisent. Les nourritures spirituelles croissent.
Besoins physiques et psychologiques.
Par Thierry LEDRU
Le 21/08/2012
Depuis l'apparition de l'homme, les besoins physiques ont été une priorité vitale : se nourrir, se protéger, se réchauffer, se reproduire. Lorsque l'homme est enfin parvenu à maintenir la préservation de ces besoins essentiels, il a pu s'adonner à l'amélioration progressive de ces paramètres. Il n'était plus dans l'urgence mais dans la réflexion. L'objectif restait le même mais la cohésion, les échanges, les progrès des outils, le développement de l'intelligence, de l'observation, du partage, ont permis une évolution lente et pérenne.
Comme l'a démontré Abraham Maslow, nos besoins sont hiérarchisés. Lorsque les besoins qui se trouvent au bas de l'échelle sont assouvis, nous sommes libres de progresser vers des besoins plus élevés. C'est là qu'apparaissent les besoins psychologiques : l'identification, l'ego, la reconnaissance sociale, l'estiime de soi, le pouvoir, la sécurité matérielle, le contrôle de l'avenir etc...
Ces besoins psychologiques, dans des sociétés matériellement développées, sont devenus prioritaires. Les besoins primaires sont assurés. ( Pas pour tous...)
Il me semble que les besoins psychologiques se sont développés dans un registre similaire à ceux des besoins physiques. Une compétition pour survivre.
Tout s'est axé sur la possession matérielle.
"Pour être, j'ai besoin d'avoir..."
Mais on sait que "l'avoir" est à la source de la perte de "l'être." Etant donné que la possession matérielle peut être perdue ou qu'elle peut être dépassée par celle des congénères, il s'installe immanquablement la peur. Cette peur primale de l'homme qui tentait de survivre se perpétue finalement à travers les besoins psychologiques. Monumentale erreur.
Les besoins psychologiques auraient dû être assouvis à travers la démarche spirituelle, la connaissance de l'être et non la connaissance de l'avoir. Mais cette quête n'est pas intéressante d'un point de vue matériel étant donné qu'elle conduit les individus à une auto-satisfaction très simple, dénuée de toute recherche de possession. Je ne peux que me posséder moi-même...Et pour y parvenir, une vie entière me sera nécessaire.
Financièrement, c'était un désastre.
Je cherche donc à identifier "l'instant T" qui a vu l'homme basculer dans cette dimension matérialiste et si possible les instigateurs du désastre.
Car enfin, comment peut-on concevoir que l'espèce la plus évoluée d'un point de vue cérébral (encore faudrait-il savoir clairement quel est le degré de "connaissances" des dauphins, orques et autres mamifères marins...) puisse contribuer à la dégradation de la planète qui l'accueille ? Comment expliquer qu'une espèce aussi "évoluée", biologiquement, puisse être aussi immature, spirituellement ? De quand date cette rupture, ce virus interne, ce plantage dans l'évolution réelle ?
Toute forme de satisfaction psychologique est instable, éphémère, chaotique dès lors qu'elle est issue d'un fonctionnement qui n'a pas su se séparer clairement de l'assouvissement des besoins physiques. Vouloir atteindre la plénitude en amassant des données extérieures à soi est un leurre. L'impermanence génère la peur et aboutit irrémédiablement au renforcement des besoins psychologiques et donc aux besoins matériels. L'humanité est même parvenue à y perdre son "bon sens"...
Les besoins physiques, avec le temps, sont devenus des désirs. "Toujours plus " disait François de Closets.
Les besoins psychologiques ont bien entendu suivi la même voie. C'était inévitable puisqu'ils n'ont jamais été dissociés comme cela aurait dû être fait. Mais les Maîtres du marché ne s'en sont jamais plaints. La voie matérielle était bien plus accessible au grand nombre. Il n'était pas nécessaire d'y consacrer une vie entière. La masse y a vu le clinquant avant d'en percevoir les noirceurs...
Le conditionnement éducatif a engendré les armées de fidèles. Il leur restait à s'engager à leur tour dans ce "progrès".
"Je suis commercial, riche, marié, père, amant, supporter de foot, j'ai une villa sur la Côte d'Azur, j'ai même une Rollex et je n'ai pas encore cinquante ans : bref, j'ai réussi ma vie."
Une toute petite caricature...
J'ai une montre qui coûte vingt euros et elle donne l'heure, elle sonne et elle s'éclaire la nuit. Comme une Rollex.
Si on faisait la liste de tout ce qui a été inventé par l'homme et qui ne sert absolument à rien d'autre qu'à assouvir les besoins psychologiques matérialistes, une vie n'y suffirait pas, là aussi... Où est donc cette fameuse intelligence ? Epuisement des ressources naturelles pour assouvir des besoins pervers...Je n'y vois pas la marque d'une espèce évoluée.
Le manque, le besoin, le désir.
Par Thierry LEDRU
Le 11/12/2015
2 commentaires
Le manque crée un besoin et le désir de l'assouvir.
Je ne vois pas les besoins comme étant à la source de nos actes. Il n’y a pas de « besoin spontané » mais à priori la conscience d’un manque qui va générer un besoin et donc un désir.
« Je manque de sommeil et j’ai donc besoin d’aller dormir, je désire être au calme. »
« Je manque de contacts humains et j’ai donc besoin de voir du monde. Je désire aller là où je trouverai de la compagnie. »
« Je manque d’affection et j’ai donc besoin de tendresse. Je désire rencontrer un partenaire. »
« Je manque de reconnaissance et j’ai donc besoin d’être vue, entendue, écoutée, aimée…Je ne pourrai m’aimer que si je suis aimé et je désire donc prendre une place qui me fera exister aux yeux des autres et m’apportera la satisfaction personnelle d’être reconnue. »
Etc etc etc
On pourrait penser que le besoin précède le manque mais à mon avis, je ne peux pas prendre conscience d'un besoin de façon spontanée. Si je décide de mettre des chaussettes plus chaudes, c'est parce que mes pieds manquent de chaleur. Il n'y a rien sinon qui me pousserait vers ce désir de trouver des chaussettes plus épaisses. Il n'y a pas de besoins à priori. Ils sont nécessairement issus d'un manque.
Il me semble qu’une bonne partie de nos actes sont déterminés par ces états de manque et parfois même de souffrances. Il est donc indispensable d’établir en soi une hiérarchie immuable quant aux manques fondamentaux et aux besoins et désirs qu’ils éveillent. C’est dans cette autopsie spirituelle que peut s’instaurer une forme d’autonomie existentielle. L’individu qui a une parfaite connaissance de ses fonctionnements internes peut se libérer des attachements secondaires. Il arrive un moment où les désirs disparaissent, où les besoins sont tous rassasiés et où les manques sont comblés. Le seul désir qui soit alimenté, c’est de maintenir la plénitude atteinte et par conséquent de rester parfaitement appliqué à user de l’instant. Aucun regret, aucun espoir. Juste être là. Lucide, conscient, stable, observateur. Jusqu'à ce ce que disparaisse le désir de la plénitude lui-même puisque ce désir entrave la conscience de l'instant.
Quand on ne manque plus de rien, il n'y a plus de besoin, sinon celui que ça dure. Les désirs répondent par conséquent à des données essentielles.
Il convient donc d'établir la liste des manques fondamentaux et de vérifier si les besoins qui leur sont associés sont assouvis. C'est là que la Paix intérieure s'installe. Dans "la simplicité volontaire" et ça n'est pas simple à réaliser...
Si on repense aux travaux de Maslow, « le besoin de s’accomplir » représente le sommet de l’aspiration humaine. Mais ce « sommet » est devenu avec la société marchande une course à la puissance, à la possession et par conséquent à la consommation. Dans l’esprit de nombreux individus, il s’agit de « s’accomplir » dans l’échelle sociale et non dans la dimension spirituelle.
Pour faire un point personnel, il suffit de se poser cette question : « Quelle est mon idée du bonheur ? » Les réponses détermineront l’engagement dans la société marchande.
Tout le problème actuel et qui est à la source des problèmes de la planète entière, c’est que l’état de plénitude est incompatible avec la consommation et le maintien de la "croissance matérielle".
Un individu en paix ne consomme que l'essentiel et n'éprouve aucun manque. Il est donc indispensable pour les Maîtres financiers d'organiser la société de façon à ce que les individus éprouvent continuellement un manque, même si les données vitales sont déjà contentées. Sur ces manques, les Marchands induiront des besoins qui génèreront des désirs. Les Médias se chargeront de propager la façon d'assouvir ces désirs. Il suffit d’ouvrir un magazine « people »dans une salle d’attente ou de s’asseoir une journée entière devant la télévision ou d’allumer la radio et d’aller sur une chaîne « commerciale » La matraquage est constant…
Le monde occidental n'est qu'une machine à consommer, un système adorant la "croissance matérielle" et maudissant la "croissance spirituelle". Rien de bon n'est à attendre du sommet de cette Pyramide. C'est à chaque individu de choisir à quelle croissance il souhaite s'attacher...
Ce fonctionnement changera le jour où les adultes n'induiront plus ce schéma de pensées aux enfants...Donc, il faut que le nombre d'adultes "conscients" augmente et augmente encore et il arrivera un jour où le "nombre déclencheur" sera atteint et où le paradigme spirituel deviendra la norme...
De toute façon, c'est la seule solution pour que l'humanité survive. Car c'est dans la croissance spirituelle que se fera la décroissance matérielle. La COP21 et autres grandes messes des Papes de la finance ne sert qu'à imposer des restrictions dérisoires et bien souvent éphémères mais ces rencontres n'ont aucun impact philosophique. Les dirigeants iraient même jusqu’à dire que la croissance spirituelle est une atteinte à la liberté de consommer…
C'est là justement qu'il fallait laisser parler les "terroristes écologiques" qui sont dispersés à coups de lacrymogènes et de matraques. Ils ne viennent pas que pour dénoncer les malversations mais aussi pour présenter un autre fonctionnement.
Être capable d'anticiper, ça paraît fou mais les politiciens en sont incapables au-delà de la durée de leur mandat. La pression des Financiers qui contribuent à leurs élections est trop forte pour que leur ego carriériste s’y oppose. C’est le rêve de leur vie qui leur tend les bras. Le pouvoir….
Les indiens Kogis, de leur côté, ne prennent une décision collégiale qu'à partir du moment où ils sont certains que ça n'impactera pas négativement l'existence des deux prochaines générations...
Dans les pays "modernes", on se projette sur les prochaines élections mais pas plus loin. Il faut préserver la « croissance ».
Sur l'impact aux enfants, il n'est qu'à regarder la période de Noël....Il suffirait d'aller voir débarquer les porte containers venus d'Asie avec les millions de jouets en plastique...Plastique, pétrole, usines, pollutions, déchets....La consommation matérielle...Le formatage au "bonheur matérialiste"...
Une fois adultes, les jouets en plastique deviendront des voitures, la piscine dans le jardin ou des écrans plats, super plats, super plats arrondis, super arrondis dans les coins plats, super plats dans les angles arrondis, avec un son super dolby mega bass sound heavy clear et une télécommande reliée également au robot ménager qui va chercher la bière au frigo avec écran incorporé où apparaît la liste des victuailles disponibles etc etc etc etc...
Les Marchands trouvent toujours une dernière astuce « absolument indispensable », le "progrès" qui va changer leur vie….
Il n’y a évidemment aucun manque fondamental, ni par conséquent aucun besoin réel mais tout sera mis en place pour instiller malgré tout les désirs d’avoir…
On ne s'intéressera évidemment pas à la quête de "l'être"...
Les fêtes marchandes continuelles. Si vous calculez le temps de télévision quotidienne attaché à l’idée de consommation, c’est effrayant.
Il suffit de penser aux millions de sapins tronçonnés et qui finiront dans une benne à Noël. Acheter un sapin en pot avec racines et aller le replanter dans la forêt serait déjà un acte hautement symbolique....
Et les lendemains de fêtes aux repas pantagruéliques qui seront suivis de "régimes alimentaires". Sans parler des millions d'animaux abattus pour remplir les assiettes.
Et cette humanité se croit évoluée ? C'est consternant, pitoyable et infiniment destructeur.
Ils existent pourtant ces adultes conscients. C'est juste que la masse n'en entend pas beaucoup parler....Les Medias s'abstiennent de les présenter étant donné que ces médias travaillent prioritairement à la diffusion des désirs....Financiers, Politiciens, Marchands, Médias....Et face à ce gang, il reste les individus isolés qui se regroupent de plus en plus....Il y a beaucoup de monde chez les Colibiris....Un joli vol d'oiseaux qui ne bat pas des ailes pour aller aux Soldes....
Quand je vois par exemple, les restrictions « légales » qui se multiplient contre les individus « rebelles » qui décident de vivre dans un camion, dans une yourte mobile, un container aménagé ou une cabane au fond des bois, il faut comprendre qu’il s’agit essentiellement pour les Gouvernants financiers de casser ce mouvement de « dé-consommation » contraire à la « croissance ». Ces gens sont des dangers pour la société marchande. Il faut donc limiter leur extension.
Les « éco-villages » représentent une autre mise en forme de cette vie « dé-consommatrice ». C’est l’autonomie qui est visée par la communauté et bien entendu, c’est encore une fois incompatible avec les objectifs de la société marchande et les règles et les lois que les Gouvernants instaurent. C’est un défi gigantesque de développer une communauté de ce type, un travail colossal…
Et c’est bien pourtant vers là qu’il faudra se tourner.
Identifier les manques fondamentaux.
Analyser les besoins.
Autopsier les désirs.
Une fois ce travail achevé, chercher une existence compatible et s’y engager.
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