Début de l'esquisse d'une éventuelle réflexion...
- Par Thierry LEDRU
- Le 04/07/2012
- 0 commentaire
Actualité > France
Le coup d’envoi de la grande concertation sur l’école promise par le gouvernement, et qui devrait durer jusqu’en septembre, sera donné jeudi 5 juillet à la Sorbonne, à Paris.
Destinée à préparer la loi d’orientation qui sera soumise au Parlement à l’automne, cette démarche mobilisera les syndicats, les parents d’élèves, les chercheurs, les associations et les collectivités territoriales.
Des personnalités du monde éducatif nous ont livré leurs réflexions sur quatre des principaux thèmes inscrits au menu : les rythmes scolaires, la formation des enseignants, les missions des professeurs et l’éducation prioritaire.
Jean-Jacques Hazan : « Cinq journées allégées »
Président de la fédération de parents d’élèves FCPE
« Tout le monde s’accorde à dire que le rythme idéal est basé sur une succession de sept semaines de cours et de deux semaines de vacances. Il est temps d’appliquer ce principe. Cela passe par une légère réduction des vacances d’été, mais aussi par une remise en cause du zonage.
S’agissant du retour à la semaine des cinq jours en primaire dès la rentrée 2013, il faut sans doute, comme l’envisage le ministre Vincent Peillon, laisser les territoires décider s’il y a lieu de prévoir les cours supplémentaires le mercredi ou bien le samedi.
Il y a fort à parier que le choix se portera le plus souvent sur le mercredi. Dans ce cas, nous préconisons de répartir la classe sur cinq journées de durée égale, avec, pour chacune d’elles, un emploi du temps allégé : moyennant un accueil progressif, les apprentissages débuteraient plus tard et on ménagerait une pause méridienne de 2 h 30.
Cela implique de renforcer les liens entre l’école et les acteurs du périscolaire, les collectivités territoriales comme les associations. »
Patrick Demougin : « Des écoles supérieures du professorat »
Président de la Conférence des directeurs d’Instituts universitaires de formation des maîtres ( IUFM)
« Si la réforme de la mastérisation, intervenue en 2010, a produit des effets néfastes, il n’est pas souhaitable de revenir à la situation antérieure. En caricaturant un peu l’ancien système, on a souvent parlé d’une année de bachotage, centrée sur les disciplines, jusqu’au concours, suivie d’une année de surmenage, l’essentiel de la formation professionnelle étant concentré sur un an.
On a aussi critiqué l’ambiguïté des IUFM, qui n’étaient ni totalement universitaires ni parfaitement professionnels. Mais ces instituts présentaient l’avantage de faire collaborer des enseignants-chercheurs, des professeurs des premier et second degrés et des tuteurs présents sur le terrain.
Ils mettaient aussi en œuvre une alternance qui permettait aux jeunes professeurs d’être accompagnés au moment de leur entrée dans le métier. Il faut donc s’appuyer sur ces points forts pour bâtir les écoles supérieures du professorat et de l’éducation promises par François Hollande.
Ces structures doivent selon moi avoir pour mission de former les futurs enseignants dans le cadre d’un master. Elles doivent aussi embrasser tout le continuum de la formation, de la licence à la formation continue, sans exclure le doctorat, pour pouvoir se nourrir de la recherche en éducation. »
Sébastien Sihr : « Redéfinir la mission des enseignants »
Secrétaire général du SNUipp, principal syndicat du primaire
« En 2008, le rapport Pochard sur le métier d’enseignant montrait que les professeurs des écoles, dont le temps de service est de 27 heures hebdomadaires (24 heures d’enseignement, 2 heures de soutien personnalisé, 1 heure consacrée au travail en équipe), travaillent en réalité 43 heures par semaine. La préparation des cours, les corrections, les rencontres avec les parents sont autant de tâches essentielles qui ne sont pas prises en compte.
Il faut donc redéfinir la mission des enseignants, quitte à revoir les statuts de 2008 (NDLR : l’équivalent de ceux de 1950, qui régissent, dans le secondaire, les obligations de service des professeurs) . Pour mieux tenir compte de la complexité du métier, on pourrait envisager de réduire la durée du temps de service en classe en supprimant les heures consacrées au soutien personnalisé, dont l’efficacité est contestée, et en réintégrant ce dernier au sein du cours.
Pour cela, on pourrait notamment s’appuyer sur le principe du “plus de maîtres que de classes” qui devrait être appliqué dans les établissements qui en ont le plus besoin, grâce au recrutement, dès septembre, de 1 000 professeurs des écoles supplémentaires. »
Marie Duru-Bellat : « Repenser le ciblage des aides dans l’éducation prioritaire »
Professeur de sociologie à Sciences-Po Paris
« Créée au début des années 1980, la politique d’ éducation prioritaire affiche un bilan assez décevant. L’un de ses principaux défauts est d’avoir dilué les moyens : aujourd’hui, environ un collégien sur cinq est scolarisé dans une zone d’éducation prioritaire (ZEP).
Il faut par conséquent revoir le ciblage, en se demandant s’il faut continuer à concentrer les moyens sur certaines zones ou plutôt, comme beaucoup le réclament, attribuer les aides à des élèves, quels que soient leurs lieux de résidence et de scolarisation.
Cette deuxième option permettrait de ne plus stigmatiser certains établissements avec l’étiquette ZEP mais elle aurait peut-être pour effet de renoncer à la lutte contre les inégalités entre territoires.
Il faut en tout cas avoir conscience que les principaux leviers d’action utilisés jusqu’ici – primes incitatives pour les enseignants qui vont enseigner dans ces zones et réduction de la taille des classes, avec en général deux élèves de moins que la moyenne nationale – ont été peu efficaces.
Si l’on veut des résultats, il faut réduire plus significativement la taille des classes en CP, notamment, au moment où se font les apprentissages fondamentaux. »
Ajouter un commentaire