Des souvenirs.

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Quand on essaie d’oublier, on réactive inévitablement ce qu’on cherche à oublier et dès lors on le réinstalle… Fonctionnement d’humain… 

Nous ne pouvons pas oublier volontairement. Mais nous pouvons laisser l’oubli s’installer.

La Vie n’a pas de temps. Elle est. Lorsque nous nous accrochons à des souvenirs joyeux ou lorsque nous souffrons de souvenirs douloureux, nous falsifions l'existence.

Il me plaît de représenter cette existence avec une balance à plateau.

Dans un plateau viennent s’accumuler les événements favorables, ceux qui nous comblent de bonheur.

À l’opposé se concentrent les événements douloureux.

L’individu dépense une énergie considérable pour tenter de maintenir l’équilibre.

Il en va des événements qui se sont réellement produits mais également de ceux qui entrent dans la dimension du fantasme.

Parfois, seuls les fantasmes parviennent à remplir le plateau des événements positifs…

On entre alors dans le domaine de l’illusion et de l'addiction. 

L'instant n'est plus que la projection vers l'après. 

Tout ça ne signifie pas qu’on doive abandonner tout projet mais il convient de ne pas y apporter autre chose que la réalité.

Il en est de même avec les souvenirs.

Ils n’ont aucune autre existence que celle qu’on veut bien leur accorder.

Si on parvient à laisser l’oubli s’installer et non à vouloir qu’il s'installe, on entre dans la voie du Milieu. L’acceptation.  

Pas question de laisser-aller ou d’abandon. Il s’agit d’une voie éminemment difficile et qui réclame une totale exigence. En Occident, l’acceptation, ou le lâcher-prise, sont des notions négatives.

Totale incompréhension de ce qu’elles représentent.

L’individu qui souhaite se libérer de l’alternance des deux plateaux de la balance, de ce gaspillage énergétique constant, de cette accumulation d’illusions, se doit d’œuvrer en pleine conscience.

Il ne doit jamais l’oublier. C’est la seule chose existentielle qui mérite de ne pas l’être.

Qu’en est-il du pardon ?

Est-ce que je dois me pardonner d’avoir été inconscient de tout pendant si longtemps ? Il ne servirait à rien en tout cas que je me le reproche. Ça serait de nouveau un ancrage dans le Temps. Ce que j’ai été n’est plus, ce que je serai n’existe pas. Le pardon porte en lui une attache au passé. Étant donné que ce passé n’a aucune réalité dans l'instant, il m’est inutile de m’inquiéter sur un éventuel pardon à m’accorder. A vouloir pardonner, je réactive un événement comme quelque chose d'actuel.

De plus, les erreurs que j’ai commises m’ont amené là où je suis. Elles ont participé à mon chemin, elles l’ont balisé. Il serait injuste de les renier, de les maudire, de les conspuer ou de vouloir me pardonner mes fautes, tout comme il serait inutile d’honorer indéfiniment les réussites. Au risque d’entretenir de nouveau l'instabilité de la balance.

Il n'y a rien de faux, rien de juste, rien de mal, rien de bien. Pas dans la réalité des choses. Elles sont ce qu'elles sont. Ensuite, elles passent par le filtre de ma conscience (ou de mon inconscient) et deviennent autre chose que le réel. Elle deviennent simplement « humaines ».

J'ai oublié beaucoup de choses de ma vie, beaucoup de souvenirs ont disparu où sont tombés si loin qu'ils ne sauraient remonter à la lumière. Je n'ai rien essayé pour que ce processus se fasse. Je l'ai juste laissé faire. 

La dernière crise avec mes hernies discales m'a rappelé à quel point la réactivation des souvenirs peut devenir redoutablement néfaste.

De la même façon, la réactivation des souvenirs sereins peut devenir une force morale. Mais au risque de subir le contre-coup inverse. L'illusion de la pensée est éphémère et plus l'illusion a été nourrie, plus sa fin sera douloureuse.

Il ne s'agit donc pas de vouloir lutter contre l'émergence des souvenirs. Il s'agit d'être conscient de ce qu'ils sont et de leurs effets. Il s'agit d'observer ces effets et de les corriger par une pleine conscience bienveillante.

Oui, je peux avoir peur quand je repense aux opérations. Mais ce qui a été inévitable à un moment ne l'est pas nécessairement plus tard.

Oui, je peux être optimiste quand je repense à mes guérisons et mes retrouvailles avec la montagne. Mais ce qui a été possible à une époque ne l'est peut-être plus.

Ce qui existe est là, maintenant. Et il est vain et même néfaste de vouloir réguler l'instant par le filtre du passé, tout comme de vouloir projeter cet instant dans un avenir rêvé.

La vie ne se rêve pas.

Elle s'éprouve.

 

"Agir dans le non-agir".

J'ai mis très longtemps à réaliser pleinement ce que cette expression pouvait signifier pour moi. Je ne dis pas que mon interprétation est universelle. Elle me convient et c'est suffisant.

Il est par conséquent aussi essentiel d'examiner les pensées que les émotions. "Qu'est-ce qui se passe en moi en ce moment ? "

Il ne s'agit pas d'analyser avec méfiance mais juste d'observer. La méfiance créerait un état d'inquiétude et donc de résistance ce qui ajouterait à l'émotion une part néfaste, un système de parasites qui s'entretient et transforme l'émotion elle-même.

Il serait absurde que j'observe un phénomène que mon observation elle-même transforme...

Il convient juste de laisser s'étendre cette émotion comme si elle était un visiteur de passage. Elle n'est pas moi mais un élément rapporté, événementiel, provisoire. Si je m'identifie à elle, si je la considère comme une part de moi, je ne suis plus observateur mais dépendant d'elle. Je et elle se mêlent. Et je ne suis plus.

Le problème vient de la charge énergétique diffusée par cette émotion, par cette pensée corporelle, par ce ruissellement de colère ou de joie. La fréquence vibratoire de l'émotion lorsque celle-ci prend le pas sur l'observation amplifie la pensée et le phénomène interne se renforce.

Le mental adore ces situations. Il y trouve un terreau favorable à son expansion. Les pensées se nourrissent des émotions et les émotions fabriquent de nouvelles pensées. Le mental va même s'efforcer d'entretenir cette anarchie intérieure en multipliant les pensées, soit pour résister aux émotions, soit pour les amplifier.

La résistance aux émotions, lorsqu'elles se révèlent désagréables, n'est pas une issue. Elle génère de nouvelles pensées émotionnelles. Ce chaos interdit toute observation. L'individu n'est plus qu'un flot d'excroissances instrumentalisées. En luttant contre ces émotions mortifères, il en génère d’autres…

La paix est exclue de ce champ de bataille.

La pensée est d'ordre intellectuel et l'émotion d'ordre physique. Lorsque les deux entités agissent de concert, et que la conscience en est bannie, l'individu est en sommeil. Il rêve son existence et ne contrôle rien. À celui-là, tout arrive mais il ne fait rien. Il est sans cesse en réaction. Il réagit mais n'agit pas. Pour agir, il faut être dans le non-agir. C'est là tout le paradoxe.

Le non-agir est un état d'observation neutre. Le fait de ne pas générer de résistances conduira l'émotion à s'éteindre d'elle-même. Elle ne sera pas niée pour autant mais elle ne trouvera pas d'ancrage dans le mental. Parce que ça n'est pas le mental qui l'observe mais la conscience. Il ne s'agira dès lors qu'une bougie qui finira par épuiser sa réserve de cire...

Ce qui importe, c'est d'œuvrer au silence intérieur. Imaginez que la bougie s'est éteinte. Vous êtes dans le noir mais cette obscurité est une lumière intérieure. Vous décidez vous-mêmes des éblouissements et de leur durée.

Lorsque je suis ému par la beauté des montagnes, lorsque je suis dans ce silence intérieur, rien ne vient s'interposer. Je laisse l'émotion s'étendre et je l'honore. L'instant le plus beau n'est pas l'euphorie mais le retour à la paix. Car c'est dans le silence qui suit que la conscience se révèle. Je suis celui qui a rétabli l'obscurité lumineuse. Aucune lutte intestine, juste l'observation.

Si je cherchais à amplifier cette émotion réjouissante, si je cherchais à l'associer à des pensées discursives, à la prolonger par des raisonnements, des exagérations, des embrasements inventés, je me conditionnerais à vivre la même illusion lorsqu'une émotion néfaste jaillira dans une autre situation.

Il n'y a pas de choix à opérer. Ça serait l'établissement d'un mensonge. Si je m'abandonne à l'euphorie des émotions joyeuses, je m'abandonne symétriquement et simultanément au désastre des émotions douloureuses. 

On se retrouve de nouveau dans l'image de la balance et des deux plateaux. Je ne peux pas consciemment désirer remplir le plateau des bonheurs et vider celui des malheurs. C'est une tricherie irréalisable. 

Je peux par contre tenter de m'installer au milieu de la balance et apprendre à observer les déséquilibres, l'alternance des situations favorables ou défavorables, sans jamais mêler ma conscience aux pensées émotionnelles qui accompagnent ces troubles de l'existence. 

Et c’est là que naîtra la joie d’être soi, une joie bien plus vaste qu’une émotion éphémère.

 

 

 

 

 

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