Du mimétisme à la spécularité
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/11/2017
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Pour ce qui est du mimétisme, nul besoin de développer l'analyse. C'est d'une telle évidence...
La notion de spécularité va plus loin en considérant que la volonté seule inhérente à chaque individu ne suffit pas à rompre les barrières d'un système archaïque.
Si on applique cette notion à la dimension politique, il n'y a rien à attendre de l'ensemble des dirigeants.
Il s'agit donc pour chaque élément du peuple à avoir le courage de s'extraire du cadre.
On peut espérer qu'il existera un jour une sorte de "nombre déclencheur", une masse d'individus libérés, non seulement du mimétisme mais bien du jugement d'autrui.
La route est encore longue et le temps disponible de plus en plus réduit.
Tout cela, dans la dimension spirituelle, s'accorde avec la notion d'égrégore. Il est utile de ne pas le perdre de vue. Et il est de notre responsabilité d'épurer en nous les égrégores néfastes...
"Les modèles du monde que possède un individu, notamment son modèle de lui-même, sont issus des modèles du monde possédés par autrui, notamment du modèle qu'autrui a de lui. Le philosophe Jean-Louis Vullierme appelle cette interaction cognitive la "spécularité". Ce qui détermine les comportements d'un individu est donc le système des modèles que possède cet individu. Selon cette hypothèse, la volonté n'est donc pas une réalité première, mais une réalité dérivée de l'interaction spéculaire.
L'individu averti de l'effondrement du système dans lequel il évolue ne se demande pas s'il veut changer sa vie, mais seulement s'il le ferait au cas où un certain nombre d'autres le feraient aussi. Chacun étant placé dans la même situation que les autres, l'effondrement sera réduit non pas en fonction de la volonté de tous mais de leurs représentations croisées, c'est à dire en fonction des anticipations que chacun effectuera sur la capacité effective de ceux qui l'entourent à changer leurs vies.
Qu'en est-il du déni de l'effondrement à l'échelon des décideurs ? La dynamique spéculaire s'exerce encore inexorablement. La propagation des croyances en l'imminence de l'effondrement ne peut être que lente au sein d'un monde politique obsédé par la rivalité à tel point que même si tous les dirigeants du monde, comme sous l'effet d'une révélation, étaient soudain habités par cette appréciation d'un écroulement proche, ils commenceraient par se demander si leurs amis ou rivaux politiques partagent ou non cette croyance. Chacun saurait l'imminence de la catastrophe mais il ne saurait pas que les autres le savent. Guettant chacun le faux pas des autres, c'est à dire la divulgation publique de la force de leur croyance, aucun ne dévoilerait finalement celle-ci.
Connue de chacun, cette croyance ne serait cependant pas une connaissance commune puisqu'il s'agirait alors de bouleverser les politiques publiques en modifiant radicalement les modes de production et de consommation des sociétés industrialisées, ce qui supposerait que les citoyens eux-mêmes possèdent ce modèle du monde, la croyance d'un effondrement imminent, et en acceptant les conséquences en terme de modification radicale de leur mode de vie.
Le déni de l'effondrement n'est donc pas dans la tête de chacun en tant qu'il serait un être déraisonnable ou insuffisamment informé, c'est un effet de système qui émerge de la combinatoire spéculaire. Ainsi, faute d'essor rapide de multiples communautés de transitionneurs et d'objecteurs de conscience, l'effondrement en devient inévitable. Non parce que la connaissance scientifique de son advenue serait trop incertaine mais parce que la psychologie qui habite les humains ne leur permettra pas de prendre les bonnes décisions au bon moment. "
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