Education nationale : handicap et AVS
- Par Thierry LEDRU
- Le 13/10/2018
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Un témoignage pour commencer : c'était en 2016 et aujourd'hui, c'est encore pire.
Caroline Richard, très en colère.
28 septembre 2016
A mon tour aujourd’hui de crier ma colère et mon indignation.
Je suis Caroline Richard, maman de deux enfants « différents », deux jumeaux debientôt 6 ans, Arthur et Antoine qui souffrent du syndrome de Prader-Willi, une maladie extrêmement grave et complexe. La liste des symptômes est très longue et contient notamment des troubles du comportement, des retards d’apprentissage, des déficits hormonaux sévères et une absence totale de satiété.
Mais je ne suis pas là aujourd’hui pour vous parler de cette maladie rare.
Je suis là pour crier ma colère et mon indignation.
Chaque jour j’affiche la bonne humeur et le sourire de rigueur de la maman qui contrôle tout, qui assure et qui aide au mieux ses enfants « différents » envers et contre tout. Comme beaucoup.
Pourtant aujourd’hui, j’ai entendu la mauvaise nouvelle de trop.
Aujourd’hui, la maîtresse de mon Arthur m’annonce que son AVS (que nous avons eu tant de mal à avoir) ne sera plus là à partir du lundi 3 octobre. Elle part faire une formation pour trouver un bon boulot plus stable....
Nous sommes mercredi 28 septembre. Plus que deux jours d’école avec AVS, puis, plus rien.
Evidemment !
A leur recrutement les AVS savent qu’elles n’auront qu’un CDD de deux ans non renouvelable. On leur annonce d’ailleurs dès le départ : « Surtout, si vous trouvez un autre travail : prenez-le ! ». Comment espérer que nos enfants « différents » soient aidés et guidés dans de telles conditions ?
« Qu’à cela ne tienne ! », me direz-vous : « recrutons donc une nouvelle AVS ! ».
Ahhhhh, si seulement c’était aussi simple !!! Et bien non… L’inspection académique a décidé que les recrutements d’AVS seraient gelés jusqu’en janvier. Donc pas de recrutement, pas d’AVS pour aider Arthur à apprendre et à se sentir un peu moins « différent ».
Arthur a BESOIN de son AVS 20 heures par semaine.
Sans son AVS, Arthur ne tient pas en place, il ne travaille pas, il ne se concentre pas, il ne comprend pas les consignes, bref, il ne progresse pas.
Sans son AVS, Arthur reste des minutes entières dans la cour de récré à regarder à travers les grilles, dehors, sans rien faire.
Sans son AVS, Arthur n’arrive pas à aller vers les autres, à communiquer.
Sans son AVS, Arthur qui entame sa 4ème année de maternelle, ne pourra sûrement pas aller en CP dans un an car les acquis ne seront pas suffisamment solides.
« Et la maîtresse dans tout ça ? », me direz-vous ? Et bien la maîtresse gère tant bien que mal l’apprentissage des 29 autres élèves de la classe qui demandent eux aussi un peu d’attention…
Alors, me voilà repartie à l’assaut de Madame l’Administration.
- Mail à l’enseignant référent.
- Appel à la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) qui me dit après 5 essais et 5 fois 5 minutes de musique de fond (c’est très long 5 mn quand on attend…) « Nous, on fait la notification, madame, mais ensuite on ne peut plus rien pour vous, appelez donc l’inspection académique ! »
- Appel à l’inspection qui sonne, sonne, sonne inlassablement jusqu’à vous raccrocher au nez puisque personne ne répond.
Une nouvelle bataille à affronter.
Ne jamais rien lâcher. Mais malheureusement, parfois, c’est le corps et le cœur qui lâchent.
Si seulement, ces personnes pouvaient se mettre un tout petit peu à notre place…
Je vous demande aujourd’hui une faveur : pouvez-vous partager ce message ?
Je ne sais pas si cela pourra nous aider en quoi que ce soit mais UN PETIT PARTAGE ce n’est rien à côté de la lutte acharnée que mon Arthur mène chaque jour pour avancer, grandir et apprendre, comme ses petits camarades d’école.
J’aimerais aussi que soit pointée du doigt la dure réalité que doivent affronter les enfants « différents » et leurs parents. Car même si la loi de 2005 a fait beaucoup avancer les choses, elle est encore bien loin de donner une aide satisfaisante dans nos situations si complexes et difficiles à gérer.
Merci à vous pour votre écoute et vos partages ❤
Nous dépendons de l'académie de "Paris-Creteil-Versailles"
Ce qui vient de se passer à l'Assemblée nationale à propos des AVS :
Elèves handicapés: une proposition de loi LR retoquée
- Par Le Figaro.fr avec AFP
- Mis à jour
- Publié
L'Assemblée nationale a retoqué aujourd'hui une proposition de loi LR pour "l'inclusion des élèves en situation de handicap", le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer mettant en avant "le chemin" déjà pris par le gouvernement et une concertation à venir.
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"Personne ne peut décemment regarder dans les yeux ces familles, ces enfants, ces adolescents, ces accompagnants et leur dire que l'urgence est ailleurs", a plaidé Aurélien Pradié, qui défendait ce texte dans le cadre d'une "niche parlementaire" LR. L'élu du Lot a rappelé que "le nombre d'élèves (en situation de handicap) accueillis est passé d'environ 100.000 en 2006 à (...) 340.000 en 2018", de nombreux élèves étant restés sans solution d'accompagnement à la rentrée. Sa proposition de loi prévoyait notamment un statut unique "d'accompagnant à l'inclusion scolaire", mieux rémunéré, pour les auxiliaires de vie scolaire (AVS) ou les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH). Elle visait aussi à "décloisonner" l'accompagnement entre scolaire et périscolaire.
Anticipant le rejet de son texte, Aurélien Pradié a fustigé le "mépris" des députés LREM, le chef de file du groupe Christian Jacob dénonçant aussi la volonté de la majorité de "fermer le ban". Jean-Michel Blanquer a observé que le texte comportait "bien entendu des éléments intéressants" sur cette "priorité gouvernementale", mais a refusé d'être "caricaturé comme quelqu'un qui ne voit pas les difficultés actuelles et les pistes d'amélioration". Il a notamment souligné qu'à la rentrée 2018, "20.000 élèves de plus que l'an dernier" avaient été accueillis, observant aussi que le statut unique prôné par Aurélien Pradié est "très précisément la feuille de route que nous nous sommes fixée".
Les LR ont vu "une trahison" dans le rejet du texte avant l'examen de ses articles, par 70 voix contre 54. Des élus d'autres groupes se sont aussi dits "attristés", François Ruffin (LFI) lançant aux "marcheurs" que ce vote leur collerait "à la peau comme une infamie".
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