L'amour divin
- Par Thierry LEDRU
- Le 25/11/2017
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Si le hasard reste « la force » nourrissant l’évolution de la vie, nous devons admettre l’idée que nous sommes en pleine errance au regard de l’humanité et qu’il est dès lors impossible d’anticiper sur la suite puisque rien d’intelligent ne la soutient. Et qu’on ne vienne pas opposer à ce constat l’intelligence humaine au regard de l’état de la planète…
Si on prend à l’inverse en considération que l’extraordinaire complexité du vivant ne peut avoir émergé du néant par un enchaînement hasardeux, c’est qu’il existe une « intelligence créatrice. »
« Dieu » : peu importe le nom qu’on lui donne dès lors qu'on parvient à s'extraire de toutes les nuisances commises en son nom par les hommes.
Là où l'éventualité divine se charge pour moi d’une puissance phénoménale, c’est que cette intelligence détenait le pouvoir d’imaginer ce qui n’existait pas encore…
Nous, humains, dotés semble-t-il d’une intelligence supérieure, nous n’inventons rien, fondamentalement parlant : nous usons des connaissances passées pour contribuer à l’évolution de ces connaissances. Rien de ce qui germe dans nos esprits ne vient de rien…
Dieu, pour sa part, aurait donc inventé la vie sans aucune base de comparaison, sans données établies, sans cadres de références, sans structures initiales. Il n’y avait rien d’autre que Dieu et Dieu aurait élaboré l’idée de la vie.
C’est comme si nous, humains, nous parvenions à concevoir ce qui n’existe pas encore et dont même l’idée ne peut être connue.
Non seulement le phénomène vivant est infiniment stupéfiant mais l’idée même de ce phénomène l’est plus encore.
Essayez donc pendant quelques instants de concevoir ce qui n’existe pas et vous tomberez inévitablement sur une connaissance antérieure, qu’elle soit intellectuelle ou matérielle. Il ne s’agira donc pas d’une « invention » mais d’une « continuité », d’un prolongement, d’une suite, d’un raisonnement empli des données acquises. La physique quantique qui peut paraître intégralement nouvelle n’est jamais qu’une « bifurcation » ou l’élaboration d’une voie parallèle à une connaissance antérieure. Sans la physique, les mathématiques et toute l'intelligence humaine contenue dans des milliers d'années d'études et de réflexions, rien n'aurait été possible. Notre présent découle inévitablement de notre passé.
Rien de présent ne jaillit de rien.
D’autre part, les humains qui adhèrent à l’idée d’un Dieu créateur doivent concevoir le fait que cette création concerne l’Univers entier et non pas seulement notre planète bleue ou alors, il faudrait accorder à ce Dieu une unique existence terrestre et au reste de l’Univers un tohu-bohu totalement chaotique. Mais l’Univers n’est nullement chaotique. Il est structuré.
Dieu en devient dès lors l’architecte et notre système solaire n’est qu’une infime parcelle du chantier.
Dieu serait donc une énergie diluée dans l’ensemble de sa création car on ne peut pas concevoir au regard de nos connaissances en physique que la complexité de l’Univers soit un désordre hasardeux et notre planète bleue un refuge pour un Dieu égaré dans l’immensité cosmique.
J’imagine donc la vie terrestre comme une expérimentation parmi des milliards d’autres.
Dans cette expérience, l’humanité dispose d’un libre arbitre absolu, intégral, non pas par indifférence divine mais par curiosité.
Nous sommes une expérience et si nos comportements en viennent à porter atteinte à l’intégralité de la vie, ça n’a aucune importance au regard de Dieu et de l’immensité incommensurable de l’univers.
Il m’est impossible d'autre part d’imaginer que les humains aient pu échapper à l’ordonnancement d’un créateur.
Bien entendu que les références à Prométhée ou à Frankenstein surgissent mais elles ne me satisfont pas. Un Dieu, créateur de l’univers, ne peut voir une de ses créatures échapper à son intention ou alors c’est qu’il faudrait admettre une faille et une indépendance acquise ce qui serait totalement présomptueux… C’est donc que l’intention divine est neutre.
Dieu observe juste l’expérience.
Qu’en est-il d’ailleurs de cette observation ? Doit-on imaginer un Dieu observant l’univers à partir d’un endroit précis, dirigeant sa longue-vue dans des directions précises et tenant un cahier journal ?...
« Deus sive natura » écrivait Spinoza et c’est ce à quoi j’adhère.
Dieu serait donc partout puisqu’il est l’énergie de toutes choses existantes, de la pierre inerte au noir sidéral puisque ce « noir » est quelque chose… Ce qui revient donc à admettre l’idée que Dieu est en nous…
Et là, les choses prennent une force immense.
Je ne suis pas un individu issu d’un hasard facétieux observant une vie complexe et variée mais une entité insérée elle-même dans une expérimentation divine. Une entité bénéficiant d’une totale liberté d’agir : d’un comportement destructeur à celui d’un individu aimant et protecteur, responsable et intelligent. Non pas une intelligence égotique mais une conscience reconnaissante et emplie d’humilité, responsable également de la pérennité de cette création terrestre, de cette expérimentation en cours.
Il existerait donc en toute création une présence commune : Dieu ou le flux vital ou n’importe quel autre nom, peu importe encore une fois.
C’est ce que j’appelle « la vie en moi ». Non pas mon existence en tant qu’individu inséré dans une histoire personnelle mais une entité mue par une énergie commune à tout ce qui est : de la fleur à l’amibe en passant par la baleine bleue, de l’atmosphère à la terre du potager, de la pluie et de chaque flocon de neige.
Dieu est en moi comme il est en toutes choses.
Et lorsque j’éprouve cette présence, lorsqu’elle m’enflamme de sa puissance, je me relie à toutes choses. Je suis partout et non plus uniquement dans cette enveloppe provisoire. Là, ce petit rouge-gorge qui chante, il est animé, intérieurement, par la même énergie que moi. Rien entre lui et moi ne diffère sur ce point. Nous sommes unis par un flux commun. Cet arbre que j'ai tronçonné hier, je me suis donc appliqué à lui dire la raison de mes actes. Oh, bien sûr que certains individus ne verraient dans mes paroles que les élucubrations d'un esprit malade. Peu m'importe. Je n'agis qu'en fonction de mes convictions et non en m'interrogeant sur le jugement d'autrui.
Et ce qui m'importe plus que tout, c'est de plonger autant que possible dans cette dimension de l'énergie commune, de la présence divine en toutes choses.
Et lorsque je me glisse contre le corps de la femme que j’aime, je rencontre là aussi la présence de Dieu, l’énergie aimante qui vibre en nous. C’est là que la beauté infinie et lumineuse de l’amour se révèle. L’amour partagé est un hommage à la création. Et dans nos étreintes et chaque instant de notre vie commune, il me plaît d’éprouver en moi le bonheur de Dieu à cette réjouissance.
La femme que j'aime est par conséquent la représentation idéale dont mon âme avait besoin pour aller vers Dieu, dans l'espace merveilleux de l'amour humain.
Et j'honore la vie pour ce cadeau divin.
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