"L'Esprit de l’athéisme" (spiritualité)
- Par Thierry LEDRU
- Le 27/02/2016
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Cercle De Philosophie Fondamentale10 juillet 2014, 11:25 ·
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Peut-on se passer de religion? Dieu existe-t-il? Les athées sont-ils condamnés à vivre sans spiritualité? Autant de questions décisives en plein "choc des civilisations" et "retour du religieux". André Comte-Sponville y répond avec la clarté et l'allégresse d'un grand philosophe mais aussi d'un "honnête homme", loin des ressentiments et des haines cristallisés par certains. Pour lui, la spiritualité est trop fondamentale pour qu'on l'abandonne aux intégristes de tous bords. De même que la laïcité est trop précieuse pour être confisquée par les antireligieux les plus frénétiques. Aussi est-il urgent de retrouver une spiritualité sans Dieu, sans dogmes, sans Église, qui nous prémunisse autant du fanatisme que du nihilisme. André Comte-Sponville pense que le XXIe siècle sera spirituel et laïque ou ne sera pas. Il nous explique comment. Passionnant.
Extrait de l'avant-propos :
Le retour de la religion a pris, ces dernières années, une dimension spectaculaire, parfois inquiétante. On pense d'abord aux pays musulmans. Mais tout indique que l'Occident, dans des formes certes différentes, n'est pas à l'abri du phénomène. Retour de la spiritualité ? On ne pourrait que s'en féliciter. Retour de la foi ? Ce ne serait pas un problème. Mais le dogmatisme revient avec, trop souvent, et l'obscurantisme, et l'intégrisme, et le fanatisme parfois. On aurait tort de leur abandonner le terrain. Le combat pour les Lumières continue, il a rarement été aussi urgent, et c'est un combat pour la liberté.
Un combat contre la religion ? Ce serait se tromper d'adversaire. Mais pour la tolérance, pour la laïcité, pour la liberté de croyance et d'incroyance. L'esprit n'appartient à personne. La liberté non plus.
J'ai été élevé dans le christianisme. Je n'en garde ni amertume ni colère, bien au contraire. Je dois à cette religion, donc aussi à cette Eglise (en l'occurrence la catholique), une part essentielle de ce que je suis, ou de ce que j'essaie d'être. Ma morale, depuis mes années pieuses, n'a guère changé. Ma sensibilité non plus. Même ma façon d'être athée reste marquée par cette foi de mon enfance et de mon adolescence. Pourquoi devrais-je en avoir honte ? Pourquoi devrais-je, même, m'en étonner ? C'est mon histoire, ou plutôt c'est la nôtre. Que serait l'Occident sans le christianisme ? Que serait le monde sans ses dieux ? Être athée, ce n'est pas une raison pour être amnésique. L'humanité est une : la religion en fait partie, l'irréligion aussi, et ni l'une ni l'autre n'y suffisent. --Ce texte fait référence à l'édition Broché .
Un mot de l'auteur
Pourquoi ai-je écrit ce livre ? Au fond, pour trois raisons. La première est que depuis très longtemps, je m'intéresse à la spiritualité, et je voulais montrer que pour les athées, cette spiritualité est importante aussi. Autrement dit, on aurait tort de penser que la spiritualité est réservée aux croyants. Les athées n'ont pas moins d'esprit que les autres. Pourquoi auraient-ils moins de vie spirituelle ? La deuxième raison est que je voulais combattre ce retour du fondamentalisme, de l'intégrisme, de l'obscurantisme, du fanatisme. Troisième raison : je voulais montrer que l'on pouvait combattre ce fanatisme sans tomber dans la haine anti-religieuse. Je voulais montrer qu'être athée, ce n'était pas avoir la haine de la religion, que c'était simplement vivre autrement sa spiritualité et que, de ce point de vue, le conflit n'oppose pas du tout les croyants et les incroyants. Le conflit oppose les esprits libres, ouverts, tolérants d'un côté, qu'ils croient ou pas en Dieu, et les esprits dogmatiques ou fanatiques de l'autre. Pour ce faire, je traite trois chapitres dans ce livre. Le premier s'intitule : «peut-on se passer de religion ?». Le second s'appelle : «Dieu existe-t-il ?», et j'explique pourquoi, pour ma part, je n'y crois pas, quels sont les principaux arguments en faveur de l'athéisme. Enfin, le troisième et dernier chapitre répond à la question : quelle spiritualité pour les athées ? Voilà, bonne lecture, au revoir et à bientôt.
André Comte-Sponville --Ce texte fait référence à l'édition Broché .
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