L'expérience et le bon sens
- Par Thierry LEDRU
- Le 13/08/2012
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"Rien dans notre intelligence qui ne soit passé par nos sens. "
Aristote.
De l'expérience vécue par nos sens, l'homme finit par composer une connaissance. L'homme préhistorique a bien dû essayer de tailler une pierre dure avec une pierre friable avant de comprendre qu'il lui fallait faire l'inverse. Chaque tentatitve, chaque expérience, les "échecs" comme les satisfactions constituent, à long terme, ce panel de connaissances qui continuera à évoluer au fil des générations.
Ces connaissances validées par de multiples expériences contribuent à l'éveil du "bon sens". C'est le bon sens de frapper une pierre tendre avec une pierre dure. Pas l'inverse. Le bon sens n'est pas une donnée innée, il se constitue par les sens, l'expérience, la transmission du savoir.
Faire usage de ce bon sens est une preuve d'intelligence.
Il convient pourtant d'être capable de remettre en cause ce bon sens s'il n'est plus qu'une tradition ancestrale, un conditionnement qui ne tiendrait pas compte des avancées de la connaissance. C'est faire preuve d'intelligence que de remettre le bon sens à l'épreuve du temps...
Là où le risque est grand, c'est lorsque l'individu ne parvient plus à juger de la pertinence des avancées de la connaissance.
L'invention de la bombe atomique était un non sens.
L'explosion de la dette des états est un non sens.
L'intelligence apparaît pourtant comme une donnée essentielle dans ces deux exemples. Il fallait être capable d'élaborer des pensées extrêmement complexes pour parvenir aux objectifs visés. Cette euphorie des spécialistes, quelque soit leur domaine, méprise le bon sens et porte aux nues cette "intelligence déshumanisée" dont le monde moderne regorge. C'est là que l'on peut parler de "société psycho-toxique". Lorsque l'intelligence prend le pas sur le bon sens. C'est comme si les individus sautaient une étape : les sens nourrissent l'expérience et les conclusions tirées des expériences développent l'intelligence, entraînant d'autres expériences et le développement de nouvelles connaissances...Mais le bon sens a été exclu de toute cette démarche sensorielle et cognitive.
"La raison nous trompe plus souvent que la nature".
Vauvenargues.
"A la source de toute connaissance, il y a une idée, une pensée, puis l'expérience vient confirmer l'idée".
Claude Bernard.
On trouve là les deux visions antagonistes : celle du bon sens attaché à la connaissance ancestrale de la nature et celle du scientifique qui ne tient compte que de l'intelligence.
Un exemple flagrant est celui des haies...L'agricultre intensive a orchestré le remembrement des bocages afin d'augmenter les surfaces cultivables et le rendement.
wikipédia
À l'époque contemporaine, le bocage est bouleversé. La haie, les talus et le réseau hydraulique de fossés et mares associés, trois éléments qui se complètent pour créer les bocages les plus riches et écologiquement les plus stables sont également menacés par les mêmes causes ; l'apparition des tracteurs et des grandes machines agricoles, et de parcelles de plus en plus grandes. Les haies, encombrantes, sont détruites par les agriculteurs ou lors des remembrements. On souhaite de larges passages, les chemins et fossés sont agrandis, mis en culture ou laissés à l'abandon. La haie perd son caractère juridique.
Dans les années 1860-1990, le bocage a régressé ou disparu sur une grande partie de son aire antérieure : on estime à 40 000 km les haies détruites dans le seul département du Finistère et 2 millions de km pour l'ensemble de la France, non sans conséquences.
La gestion de l'eau s'en est trouvée bouleversée. Les destructions sont soupçonnées d'être à l'origine d'inondations et de sécheresses plus fréquentes et exacerbées, de pullulations d'insectes dits « nuisibles », de dégradation des sols et pollution de l'eau par le ruissellement et l'érosion. Parfois, les seules haies conservées sont dirigées dans le sens des pentes. La reconstruction est localement subventionnée, par exemple par les mesures agroenvironnementales, permettant la restauration des écosystèmes particuliers qu'abritent les haies.
Si tout le génie dont les hommes font preuve pour réparer leur erreurs, ils l'employaient à ne pas les commettre, on gagnerait du temps...
C'est bien évidemment la course au profit qui en est responsable. Le bon sens n'y résiste pas... Imaginer que la nature est un champ d'expérimentations libre de droits et d'attention est une erreur effroyable. Là encore, les Peuples premiers ne s'y sont pas trompés. Les Indiens Kogis n'ont jamais eu le moindre problème d'exploitation des sols pour la bonne raison qu'ils ne "l'exploitent" pas, ils les préservent. Nous cherchons à en "tirer profit" alors qu'eux en profitent. La nuance est de taille. La course au profit est une exagération de ce qui est proposé par la nature.
L'extension du nombre contribue bien évidemment à cette dégradation de l'équilibre. L'UE apparaît là encore comme une excroissance néfaste. Les lois du marché sont devenues l'unique référence, l'objectif prioritaire au nom de la libre concurrence, de la liberté du choix, du bonheur des masses...Vaste mensonge. Seul le profit mène ce monde et le bon sens est devenu l'ennemi du profit.
L'avenir de l'humanité passera par la réduction des échanges, la simplification matérialiste des existences. Dans une société psycho-toxique, les citoyens sont des toxicomanes...
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