L'obéissance d'esprit est toujours une faute (Alain)
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Par Étienne, mercredi 28 décembre 2011 à 08:56 - Propos sur le pouvoir - #177 - rss
Chers amis,
Vous savez comme j'aime Alain.
Ça s'aggrave
J'ai encore trouvé une perle : je pense que c'est un des meilleurs propos d'Alain. Il est magnifique, puissant, essentiel, 0% de MG, toutes les phrases comptent ; il y décrit même, peut-être, la vraie cause des causes des injustices sociales.
Mais lisez plutôt.
Le jugement politique et l'opinion commune
L’État est aisément neurasthénique. Mais qu'est-ce qu'un neurasthénique ? C'est un homme pensant, je veux dire instruit et fort attentif à ses opinions et à ses affections ; attentif en ce sens qu'il en est le spectateur. Et c'est en cela que consiste ce genre de folie, à constater ses propres opinions au lieu de les choisir et vouloir. Comme un homme qui, conduisant une automobile à un tournant, se demanderait : « Je suis curieux de savoir si je vais sauter dans le ravin. » Mais c'est justement son affaire de n'y point sauter. De même le neurasthénique se demande : « Est-ce que je serai gai ou triste aujourd'hui ? Est-ce que j'aurai de la volonté ou non ? Que vais-je choisir ? Je suis curieux de le savoir. » Mais il ne vient jamais à cette idée si simple de décréter au lieu d'attendre, pour les choses qui dépendent de lui.
Or ce genre de folie n'est jamais complet dans l'individu. Communément, dans les circonstances qui importent, il cesse d'attendre et se met à vouloir, résistant aux vices et aux crimes mieux qu'à la tristesse, et plutôt malheureux que méchant.
Cette maladie singulière me paraît au contraire propre à tout État ; et par là j'explique que ce grand corps soit toujours malheureux et souvent dangereux. Et voici pourquoi. Chacun a pu remarquer, au sujet des opinions communes, que chacun les subit et que personne ne les forme. Un citoyen, même avisé et énergique quand il n'a à conduire que son propre destin, en vient naturellement et par une espèce de sagesse à rechercher quelle est l'opinion dominante au sujet des affaires publiques. « Car, se dit-il, comme je n'ai ni la prétention ni le pouvoir de gouverner à moi tout seul, il faut que je m'attende à être conduit ; à faire ce qu'on fera, à penser ce qu'on pensera. » Remarquez, que tous raisonnent de même, et de bonne foi. Chacun a bien peut-être une opinion; mais c'est à peine s'il se la formule à lui-même ; il rougit à la seule pensée qu'il pourrait être seul de son avis.
Le voilà donc qui honnêtement écoute les orateurs, lit les journaux, enfin se met à la recherche de cet être fantastique que l'on appelle l'opinion publique. « La question n'est pas de savoir si je veux ou non faire la guerre, mais si le pays veut ou non faire la guerre. » Il interroge donc le pays. Et tous les citoyens interrogent le pays, au lieu de s'interroger eux-mêmes.
Les gouvernants font de même, et tout aussi naïvement. Car, sentant qu'ils ne peuvent rien tout seuls, ils veulent savoir où ce grand corps va les mener. El il est vrai que ce grand corps regarde à son tour vers le gouvernement, afin de savoir ce qu'il faut penser et vouloir. Par ce jeu, il n'est point de folle conception qui ne puisse quelque jour s'imposer à tous, sans que personne pourtant l'ait jamais formée de lui-même et par libre réflexion. Bref, les pensées mènent tout, et personne ne pense. D'où il résulte qu'un État formé d'hommes raisonnables peut penser et agir comme un fou. Et ce mal vient originairement de ce que personne n'ose former son opinion par lui-même ni la maintenir énergiquement, en lui d'abord, et devant les autres aussi.
Posons que j'ai des devoirs, et qu'il faudra que j'obéisse. Fort bien. Mais je veux obéir à une opinion réelle ; et, pour que l'opinion publique soit réelle, il faut d'abord que je forme une opinion réelle et que je l'exprime ; car si tous renoncent d'abord, d'où viendra l'opinion ? Ce raisonnement est bon à suivre, et fait voir que l'obéissance d'esprit est toujours une faute.
Alain (Émile Chartier), "Mars ou la guerre jugée" (1936).
Ce propos m'habite, depuis que je l'ai découvert : il revient tout seul dans ma tête, souvent ; je l'ai relu cent fois ; je sens qu'on touche à l'essentiel, tout proche de l'iségoria (totale liberté d'expression), mais sans se confondre avec elle ; il est comme son complément indispensable : NOUS DEVONS PENSER PAR NOUS-MÊMES, avec le courage d'être parfois seul à penser à notre façon. C'est un marqueur de la citoyenneté véritable.
Quand je cherche qui a cette qualité de courage (d'affronter, s'il le faut, en conscience, la réprobation générale), je pense d'abord à Maurice (Allais), dont je trouve la liberté de penser exemplaire, mais aussi à quelques militants encore bien vivants aujourd'hui. Cherchez : il n'y en a pas tant que ça, qui ne soient pas enfermés dans la chapelle d'un parti et d'une pensée quasi imposée par un groupe.
"Nous devons penser par nous-mêmes... OK, mais c'est déjà le cas, non ?" vous demandez-vous peut-être en votre for intérieur... Hum... Relisez Alain. Il a raison : nous cherchons toujours à savoir ce que pensent les autres, pour être sûr d'être en accord, en harmonie avec la société. Alors que, LOGIQUEMENT, c'est une nécessaire discipline que de s'interdire l'obéissance d'esprit. Une sorte d'hygiène démocratique de base.
D'un autre côté, cet impératif de penser librement est À COMBINER AVEC l'art de débattre, d'écouter l'autre en cherchant vraiment la vérité, autre formidable sujet de réflexion, lui aussi tout à fait central dans une démocratie véritable (dont les DÉBATS permanents sont le cœur battant), et que Montaigne étudie magistralement dans le chapitre 8 du livre 3 des Essais (ce chapitre, intitulé "L'art de converser", est une pure merveille). Mais ça, je vous en parlerai dans un prochain billet.
Je trouve ces sujets de réflexion inépuisables. Et passionnants.
Et vous ?
Étienne.
Émile Chartier, dit "Alain" (1868-1951)
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Commentaires
Je trouve la réflexion d'Alain très intéressante. Il met le doigt sur un sujet qui me semble aussi important aujourd’hui dans notre société ; le fait qu'on manque énormément de culture émotionnelle : le fait que ce système capitalisme nous coupe de nous-même et de nos émotions, qu il nous enferme dans le "faire" ("le plaisir de faire" au profit du "faire plaisir") plutôt que dans l'être" (et donc dans la pensée, cogito ergo sum pour citer Descartes). C'est en ce point que je rejoins les propos d'Alain qui nous incite à un changement intérieur pour un changement extérieur.
Encore merci pour tous ces textes et toutes ces explications qui nous ouvrent l'esprit pour mieux voir qui tirent nos ficelles.
Bonjour Étienne,
Merci pour ce trait d'esprit qui éclaire la journée, encore !
Je ne peux que préciser que c'est en effet ce que nous souhaitons aussi organiser, en parallèle du Plan C : la contribution de tous à définir les orientations claires du prochain gouvernement.
Dites : dans quel monde vous voulez vivre ? http://www.dqm3v.com/
à bientôt
JB
"Et ce mal vient originairement de ce que personne n'ose former son opinion par lui-même ni la maintenir énergiquement, en lui d'abord, et devant les autres aussi."
C'est, dit autrement, ce que je soutiens obstinément : que la priorité des priorités est bien l'organisation du débat public, ce qui permet de sortir de la non pensée du système, et, sur la base de la confrontation des idées de poser des choix politiques.
J'en déduis que la seule action importante à mener pour ceux qui, ici ou là, droite gauche centre ou autres, se prévalent de penser par eux mêmes, est de s'unir pour revendiquer de pouvoir confronter leurs idées au sein d'un espace public et politique aménagé à cet effet.
Mais las, ils sont pris dans le piège des partis ou celui de leurs egos et se contentent de notoriétés médiatiques, le net étant à cet égard un formidable outil.
Je partage aussi cette vision de la société. Ne pas se fondre dans la masse parce que c'est simple mais plutôt comprendre pourquoi nous sommes aujourd'hui arrivé a ce point aujourd'hui.
Est ce un point de non retour ? Je ne pense pas, mais quand alors allons nous arriver à y voir un début d’optimisme.
La quête intérieure en est une, mais à l’extérieur qui s'en occupe ? Suffit il d'aller dans la rue pour manifester notre mécontentement ? Quelles initiatives aboutissent au progrès ?
A rapprocher, pour s'enfoncer dans un puits sans fond de réflexion, de la petite phrase qu'on attribue je crois à Einstein (mais on lui en attribue tellement que le doute s'impose..) : "Mieux vaut se tromper avec les autres qu'avoir raison tout seul."
Et pour accompagner cette phrase d'Alain "Mais il ne vient jamais à cette idée si simple de décréter au lieu d'attendre, pour les choses qui dépendent de lui.",
celle, tellement percutante, de Sénèque (origine certifiée, cette fois-ci) : "Quand tu auras désappris à espérer, je t'apprendrai à vouloir."
''Il a raison : nous cherchons toujours à savoir ce que pensent les autres, pour être sûr d'être en accord, en harmonie avec la société"..."
NON, si Alain dit cela ainsi, il a tort ! ou alors, "nous" n'est et ne sera jamais moi : je milite dans un parti à partir d'un choix essentiel, "existentiel", absolument personnel, donc ni définitif ni exclusif: de même si j'ai eu le choix d'un métier, cela ne m'a pas transformé en stéréotype de ma profession, que j'aime !
J'ai choisi de me penser plutôt Breton que Turc ou Autrichien ou Italien ou Parisien, car j'avais ces choix.. ceci ne m'impose pas d'apprendre à parler breton et à boire du chouchen (excellent sur Tréguier...). Donc, je refuse tous les chapeaux ronds dont on prétend me coiffer "au nom de la pensée sublime d'Alain"... Ceci dit, OUI, c'est un penseur qui reste fort utile à condition de le confronter à des gens qui sont à des années-lumières de son monde... Par exemple Sartre : "Un homme qui adhère à tel syndicat, communiste ou révolutionnaire, veut des buts concrets(...) nous voulons la liberté pour la liberté et à travers chaque circonstance particulière"
Pensez par vous-mêmes est un titre qui fait écho pour moi...
http://www.amazon.fr/Malcolm-X-Pensez-par-vous-mêmes/dp/2748504690
Il y a un courage à penser par soi-même,
mais on ne pense jamais seul.
Paradoxe de la conscience, riche et fertile.
Desolé, je vais être hors sujet, mais ce site me donne la banane... Tout n'est pas perdu, vous en êtes la preuve. Vous n'avez rien à vendre, rien à y gagner... Chapeau citoyen.
Est-ce que la démocratie est nécessairement obéir à la pensée du plus grand nombre ?
Manipuler le plus grand nombre, c'est contrôler la démocratie et la transformer en oligarchie.
Comment préserver la plus grande liberté de chacun à penser par lui même, s'il y a une quelconque représentation ?
Je trouve très intéressant que l'interrogation sur "la cause des cause" et, en l’occurrence, celle des injustices sociales, se tourne enfin vers qui nous sommes.
C'est ce que j'ai exprimé lors d'un précédent message : Qu'est ce qui fait que l'être humain choisi plutôt son intérêt personnel que l'intérêt général ?
Est-ce que la cause des cause vient d'une constitution faussée, où est-ce parce que nous sommes (encore) majoritairement égoïstes ?
Nous interroger sur notre vouloir personnel et en débattre sur un blog, donc le soumettre à autrui, n'est ce pas retourner à l'erreur initiale ?....
Bonjour,
La force de cette pensée réside dans sa capacité à obéir à une honnêteté intellectuelle absolue... Je me rends compte alors que dans l'exercice de la pensée, de la raison, j'apprends tout juste à marcher. Il y a selon moi, un prérequis essentiel à l'autonomisation de la pensée : les outils nécessaires à cette pensée. De même que l'artisan doit en premier lieu s'imprégner du savoir faire de sa profession avant de devenir lui même créatif et source de progrès, il est primordial d'établir (ou protéger) dans nos société des institutions suffisamment désintéressées qu'elles n'auront pas de craintes à apprendre aux citoyens à penser...
L'éducation de nos enfants est une priorité au changement structurel que nous voulons appliquer à nos sociétés.
En effet l'éducation de nos enfants est une priorité , mais sur quel mode ? Si des pédagogues comme Decroly , Montésori , Freinet et Oury ( pour ne citer que les plus connus ) n'ont jamais servi de référence pour les différents ministères de l'Éducation Nationale, c'est que justement la pédagogie qu'ils proposaient avait pour but de faire des têtes bien faites plutôt que des têtes bien pleines !
Les propos d'Alain me donnent à penser que nous aurons bien du mal à réunir des citoyens autour d'un projet qui aurait pour but d'établir une nouvelle constitution, il faut bien entendu multiplier à l'envie tous les lieux de paroles politiques, mais comment faire pour que les gens comprennent que ce qu'ils pensent peut avoir une quelconque résonance ?
Probablement son meilleur livre...
Déjà à son époque, Alain "dérangeait", et on en n'entend guère parler...
Nous devons pensez par nous même ne pas tenir compte exprimer sa propre opinion, soit !
Que dites-vous de ce paradoxe :
je suis profondément attaché à des valeur humaniste.
Pourtant j'ai des pensées extrémistes, comme ré-ouvrir les bagnes pour y mettre les pédophiles, ressortir la guillotine mais uniquement pour les hommes politiques !
Qu'en dites-vous, gens bien pensant ?
Ça sort un peu des sentiers battus, dois-je le crier haut et fort ?
Bonjour Ndb,
Ce que vous décrivez relève plus des pulsions que de la raison à mon sens. Nul besoin de la guillotine pour les hommes politiques, juste d'une d'une constitution qui rendrait impossible tout abus de pouvoir.
Je rejoins le premier commentaire de stef : l'humain n'est actuellement pas complet parce que l'émotion n'est jamais prise en compte.
Or, qu'est-ce qui pousse l'individu à se conformer à la masse ? La peur. Cette émotion si générale, si puissante, si ancienne. L'humain a peur parce qu'il n'a pas appris à se connaître, il a juste appris à se fuir, à se nier.
Les émotions sont des marqueurs de notre personnalité, apprendre à les connaitre est un prélude obligatoire à :
- notre liberté retrouvée : liberté par rapport à toutes nos réactions incontrôlables qui sont le lot de l'humanité depuis trop longtemps, liberté par rapport à nos pensées qui sont gouvernées par nos émotions.
- notre prise de responsabilité véritable, responsabilité de nos émotions par la reconnaissance que c'est en nous que se situe la cause de celles-ci et non pas à l'extérieur, non pas chez les autres (gouvernement, parents, amis, etc...)
Suivre pour être suivi, obéir pour être obéi, serait-il possible que ces deux traits soient de même nature ?
Qu'est ce qui fait, en effet, ce besoin que nous ressentons tous de vouloir nous décharger, sur d'autres, quels qu'ils soient, de nos responsabilités d'être plutôt que d'être et rester responsable de ce que nous sommes, de corps comme d'esprit ?
Qu'est ce qui marque notre psyché à ce point pour que nous perpétuions, ainsi, de nos réflexes infantiles, même aux âges canoniques ?
Parce que n'est-ce donc faire injure à notre intelligence (cette grande œuvre de mère nature) que de se décharger de la sorte de nos prises de décisions ?
Cette obéissance prise au sens large fut rarement étudiée, et si ce n'est Milgram et ses fausses décharges électrique ou Adler et sa théorie du complexe d'infériorité plus, je l'espère, quelques autres que j'ignore, la psychologie comme la psychanalyse s'en fit très peu écho.
Étant donné que la politique est, d'abord et avant toutes choses affaires humaines, la pensée consciente et inconsciente y est naturellement au centre.
C’est toujours le même venin qui empoisonne la vie, c’est celui de prendre le vrai pour le faux ou inversement, le faux pour le vrai.
Et le faux c’est de penser abusivement que l’on pense par soi-même, oubliant qu’avant de penser par soi-même, aussi tant est qu’on le puisse un jour, penser, c’est la maladie la moins contagieuse comme dirait ce subtil Oscar Wilde, on se fait penser par les autres que l’on a intériorisés en soi et cela ça s’appelle la socialisation ma foi.
Souvent on se croit « libre » de penser ose-t-on dire avec outrecuidance, prétentieux que nous sommes tous, je m'inclus dans le lot bien sûr, alors qu’on est tout « occupé » de la pensée des autres, celle environnante du "on" odieux de l'opinion, la pire des connaissances, celle qui nous fait être et penser et émotionner ce que nous sommes supposés être, comme si l’être se posait comme ça, sans qu’il soit nécessaire d’aller le chercher ce bougre d’être! C’est qu’avant d’être on a besoin d’avoir…mais bon, ça, c’est encore une autre histoire.
Bref, pour revenir à nos moutons, des libres penseurs y’en a jamais eu autant que depuis qu’on nous serine les chants de la liberté sous tous les tons, sous tous les frontons, de la démo ceci, de la démo cela, et des plus libres que libres comme la lessive qui lave plus blanc que blanc, c’est du même acabit tout ça, alors qu’on est tout occupé à discourir de la pseudo-pensée qui ne veut pas faire de vague, qui veut être reconnue, qui s’attache à prévoir ses sécurités bien propres qui dépassent pas d’un fil, ses garde-fous, mais c’est oublier alors que la liberté ne peut voisiner que sur les terrains abrupts, escarpés de la solitude âpre où l’air se raréfie car il gagne en pureté, la liberté ne saurait se trouver dans le service à ceci ou à cela, à une obédience quelconque, elle est la sortie de la terre d’esclavage et tant qu’on sert l’apparence au détriment de l’essence, tant qu’on ne sort pas de cette servitude-là, on est dans le servage, dans la servitude, même si l’on croit qu’on pense par soi-même, et surtout, d'autant plus si l'on pense penser par soi-même oserais-je dire .
Je reviens au paradoxe dont je parlais au tout début, celui de la socialisation, disons que ce serait un peu comme notre abécédé la socialisation, mais qu’ensuite il nous revient d’écrire notre livre.
C’est le passage obligé que celui de l’alphabet, car sans lui c’est difficile de nous ouvrir à nous-même aux autres et donc au monde, mais c’est aussi, vacherie de vacherie, cette socialisation,le paradoxe essentiel de l’homme, nécessaire alphabet, qui nous ouvre dans un premier temps et cellui-là même qui nous enferme ensuite, ah, c’est pas facile d’être un homme, mais c’est beau justement et ça se mérite que diable !
Alors que faut-il faire ?
Et bien, il faut d’abord se savoir- ça-voir ( voir ça, la faiblesse de notre pensée première qui est d’abord de se faire penser par les autres, par une socio culture et tout le toutim) la voir pour ce qu’elle est, sans excès, sans réduction, et fort de cette faiblesse primordiale intégrée, vue, comme l’est notre abécédé, construire notre conscience petit à petit sur le décombre de nos chutes, de nos douleurs, les nôtres et celles de la communauté , c’est le vécu qui est seul à ne pas mentir tout le reste est mensonge à degrés divers et variés mais mensonge a minima.
Sur le terrain du vécu, oui, sur lui et rien que sur lui, le passer au crible de la réflexion, et voir au grès des fruits que portent les actes de ce vécu et les non-actes, le notre, celui des autres, voir si ça re-specte l’individu et la communauté et en fonction de cette boussole-là, le respect des deux instances individu-communauté, construire sa voie, notre voie, la voie de la justesse.
Pour moi, le chemin, le passage vers l’hypothétique libre pensée est là et nulle part ailleurs que là.
Cela veut dire que la voie n’est pas tracée, et sera toujours inédite, comme une balance qui marque trop ou trop peu, c’est sur ces trop peu ou ces pas assez, que se construit notre ligne de penser, c'est-à-dire que ce n’est pas nous qui pensons, nous ne faisons alors que lire les marqueurs du trop ou trop peu et essayons de construire le point d’équilibre entre les deux et pour les deux instances qui sont notre cible, enfin qui devraient l’être de mon petit point de vue de non libre penseuse ! sourire !
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